La rumeur !


Les échos de la mort du grand Madara Uchiha résonnaient à travers toutes les Nations Élémentaires. L'une des figures éminentes de l'histoire des shinobi avait succombé, terrassée par son ami Hashirama Senju lors d'une confrontation légendaire à la Vallée de la Fin. Bien que les détails des enjeux politiques restassent voilés dans l'ombre, la perte de Madara ne pouvait être dissimulée par le pays du Feu.

Cette victoire consacra Hashirama Senju comme le guerrier shinobi le plus redoutable de tous les temps, éclipsant même la légende du Rikudô Sennin. Le clan Senju affirma son emprise sur le village de Konoha No Sato, tandis que les Uchiha se retrouvaient à la merci de leurs nouveaux dirigeants. La lutte acharnée de Madara, qui avait défini toute une vie, se réduisait désormais à une ombre lointaine face à la puissance d'Hashirama.

Orphelins de leur leader, les Uchiha se plièrent à la volonté des Senju. En guise de compromis, et pour éviter toute rébellion imminente, Konoha No Sato nomma le clan Uchiha responsable de la police du village, une décision approuvée par Tobirama Senju. Cette nomination visait à apaiser les tensions et à garantir que les Uchiha ne se sentent pas lésés dans l'ordre nouvellement établi.

Ainsi, Hashirama forgea une position de pouvoir incontestée pour le pays du Feu. De nombreux clans se rallièrent à Konoha, créant une alliance si robuste que même l'union des quatre autres grandes nations ne pouvait menacer sa stabilité. La reconnaissance de cette victoire se traduisit par le lancement d'un projet visant à honorer les deux illustres shinobi, symbolisé par la construction de deux statues monumentales à la Vallée de la Fin.

Cependant, depuis sa victoire, Hashirama Senju semblait altéré.

Certes, il avait sacrifié son ami d'enfance dans cette bataille finale, mais une étrangeté émanait désormais de lui. Sa force déclinait, comme s'il avait contracté une maladie insidieuse. Était-ce le combat avec Madara qui l'avait davantage affecté qu'il ne l'avait imaginé ? Avait-il subi une blessure lors de cette confrontation, un mal sournois le consumant lentement ? Ou peut-être était-ce le poids de sceller le démon renard à neuf queues en sa femme, Mito Uzumaki, qui l'avait vidé de son énergie ? Ou bien encore, une combinaison de ces éléments ?

Quelle que soit la cause, le résultat fut la disparition progressive d'Hashirama Senju, comme si l'homme avait été effacé de l'existence. Il n'avait laissé aucune trace, et même sa femme prétendait ignorer son emplacement. Mais était-ce là la vérité ? Nul ne le savait, et Konoha s'efforçait de dissimuler cette énigme.

Cependant, pour combien de temps ?

Au départ, ce n'était qu'une rumeur timide, mais toute rumeur tire sa substance d'une parcelle de vérité. Si cette rumeur se révélait exacte, elle bouleverserait l'équilibre des Nations Élémentaires. La perte de Madara Uchiha et d'Hashirama Senju rendrait Konoha vulnérable, ouvrant une porte à d'éventuelles menaces. Ainsi, les étendards de la paix furent repliés peu à peu, annonçant les prémices d'une guerre imminente.

Restait à confirmer si la rumeur persistante était vraie : Hashirama Senju, le dieu Shinobi, avait disparu.


Après vingt-neuf jours, les deux protagonistes n'en étaient toujours pas venus aux mains. Malgré leurs différends, tous deux s'efforçaient d'adopter une attitude civilisée, bien que la tâche fût ardue pour chacun. Sakura portait en elle la connaissance du futur, ses souvenirs revenant souvent à l'esprit lorsqu'elle croisait le regard de l'homme brun, tandis que Madara devait composer avec le défi d'accepter les ordres d'une femme, tout en tentant de percer le mystère qui l'entourait.

En ce jour ensoleillé au pays des rizières, Sakura avait installé Madara à l'extérieur, sur une table offrant un accès direct à son dos. Elle trempait actuellement ses mains dans un récipient d'eau chaude mélangée à diverses huiles. Une fois ses mains imprégnées de la mixture, elle les posa sur le dos du brun, ayant l'intention d'étendre le mélange.

— À quoi tout cela va-t-il servir ? se demanda Madara, perplexe quant à l'utilité de ce processus sur lui.

— À présent que la plupart de vos terminaisons nerveuses ont été rétablies, je dois les replacer précisément, expliqua Sakura tout en prodiguant un massage réconfortant sur le dos de Madara. À chaque passage de ses mains habiles, elle insufflait une fine couche de chakra curatif. Ne prêtez pas attention à mes gestes, laissez-vous emporter, cela facilitera le processus pour votre corps.

Madara suivit les conseils de la jeune femme et ferma les yeux, se plongeant dans la méditation de l'environnement qui l'entourait. En près d'un mois, il avait appris à reconnaître la sagesse de cette personne, même si reconnaître qu'une femme avait raison le frustrait au plus haut point. Cependant, il ne pouvait nier que sa bienfaitrice lui avait sauvé la vie, et tout ce qu'elle entreprenait frôlait le miracle.

Après une dizaine de minutes de massage, Madara se retrouvait au bord du sommeil, bercé par les mains expertes de Sakura.

Sur une table adjacente à Sakura reposaient des pierres de basalte, un encrier, un pinceau, et quelques serviettes. La jeune femme essuya délicatement ses mains avec l'une d'entre elles avant de saisir avec précaution l'une des pierres, accompagnée d'un pinceau. Avec une précision experte, elle traça un sceau de Fûinjutsu sur un côté de la pierre, le scellant habilement avec une infime pointe de chakra. Une fois le sceau solidement en place, elle plongea la pierre aux trois-quarts dans le liquide préalablement utilisé, prenant grand soin de ne pas altérer la formule. Ensuite, elle déposa la pierre délicatement sur le haut du dos de Madara.

La pointe de chakra exercée par Sakura, combinée à la sensation émergente au sommet de ses cervicales, tira doucement Madara de sa transe. Il fixa son regard sur la jeune femme, qui était à nouveau plongée dans l'écriture méticuleuse sur une autre pierre.

— Que faites-vous ? interrogea Madara avec une certaine incertitude, tandis qu'une chaleur intense se diffusait au niveau de ses cervicales.

— J'arrange ces pierres pour produire une chaleur constante. Cela permettra à vos muscles de se détendre au maximum, expliqua Sakura tout en continuant à tracer méticuleusement un symbole sur sa pierre. Elle plongea ensuite la pierre dans l'huile avant de la déposer juste en dessous de la première, et ainsi de suite. Une fois vos muscles totalement relâchés, certaines de vos terminaisons nerveuses reprendront leur place naturellement, puis je m'occuperai des plus tenaces.

Madara se sentait de plus en plus dérouté. À mesure qu'il approfondissait sa connaissance de cette femme, elle prenait des contours de plus en plus insaisissables. Il avait l'impression d'être un enfant perdu face à sa compréhension grandissante. À plusieurs reprises, il se surprit à se demander s'il avait succombé à la Vallée de la Fin, se demandant si tout ce qu'il vivait n'était qu'une création fantasmagorique de son esprit dans un au-delà céleste.

— Haruno-san...

— Oui, Uchiha-san ? répondit Sakura en déposant une nouvelle pierre sur le dos de son patient. Celle-ci était plus imposante que les précédentes, placée là où l'épée d'Hashirama avait infligé le plus de dégâts.

— Quel âge avez-vous ?

Cette question prit Sakura totalement au dépourvu. Il la posait comme s'il évoquait la météo, et elle ne s'attendait pas du tout à une telle demande. Jusqu'à présent, il avait cherché des informations sur ses origines, son nom, ses compétences, même sur la médecine, mais jamais sur quelque chose d'aussi... ordinaire.

— Vingt ans, répondit Sakura sans hésitation.

À vingt ans, avoir une telle maîtrise des connaissances était une jeunesse étonnante. Bien sûr, à l'époque, il était lui-même un virtuose, mais à un niveau plus martial. Ce qui impressionnait Madara chez elle, c'était la profondeur de son intellect, d'autant plus remarquable au milieu des guerres provinciales qui avaient marqué la majeure partie de sa vie. Une question surgit alors dans l'esprit de Madara : qui avait été le mentor qui avait façonné le reste de son expertise ? Il avait compris que sa mère lui avait transmis l'art de la médecine, mais qui donc l'avait guidée sur le chemin du shinobi ?

— Et vous, Uchiha-san ? osa demander Sakura en disposant l'une des dernières pierres sur le dos de son patient.

— Vingt-neuf ans, répondit Madara d'une voix lasse.

C'était un âge que beaucoup ne parvenaient pas à atteindre, en particulier dans le métier exigeant de shinobi.

— Uchiha-san... quelle est votre conception de la paix ? s'interrogea Sakura avec curiosité en posant la toute dernière pierre. Elle essuya ses mains avant de s'installer à côté de Madara. Il y a quinze jours, vous m'avez demandé quelle était ma vision de la paix. J'aimerais à présent entendre la vôtre.

Sa voix était empreinte de sincérité, révélant un véritable désir de comprendre sa perspective.

— La paix par la force.

Était-ce dû au début d'une confiance naissante en cette femme, ou bien à une détente momentanée ? Quelle qu'en soit la raison, Madara ressentit pour la première fois de sa vie une inclination à partager sa vision.

— L'essence même de l'humanité réside dans son besoin intrinsèque de balises, de limites. Sans un cadre bien défini, l'individu s'éparpille dans l'illusion de l'omnipotence, laissant libre cours à ses instincts les plus primaires. Il en découle une anarchie morale, un chaos autogéré. Ainsi, de mon point de vue, l'emploi de la force devient impératif, une démonstration tangible que tout écart sera confronté à des conséquences inévitables.

Une étrange parenthèse s'étira, trente secondes durant lesquelles Madara sembla tâtonner dans les méandres de son esprit.

— J'envisage l'idéal d'une seule entité nationale, dirigée par une figure centrale soutenue par un triumvirat et des conseillers subalternes. Cela assurerait une suprématie universelle, où chaque décision serait méticuleusement examinée et orchestrée dans l'intérêt commun. Pour moi, l'établissement d'un régime totalitaire s'impose pour prévenir l'auto-destruction mondiale, poursuivit Madara, dévoilant ainsi les contours de ses convictions les plus profondes.

Sakura garda le silence, choisissant la retenue plutôt que de risquer un commentaire qui aurait pu contrarier son interlocuteur. Ce n'était pas le moment pour des divergences d'opinions. Elle observa en silence, jugeant secrètement sa propre perspective plus saine que celle qui prônait l'assujettissement perpétuel de tous les peuples à un Genjutsu éternel.

Les minutes s'égrenèrent sans qu'aucune voix ne brise le silence, et la tension se lisait sur le visage de Madara, marqué par l'effusion de sueur suscitée par les émanations minérales environnantes.

— Restez calme, murmura Sakura en posant délicatement ses mains sur les reins de Madara.

Sous la pression délicate de ses doigts, le chakra vert de Sakura éclatait en lueurs vibrantes. Ses mains, expertes et habiles, naviguaient avec précision le long des vertèbres, rétablissant les liaisons dans une danse médicale minutieuse. Chaque point d'attardement était scruté, chaque articulation ajustée avec une attention méticuleuse, une concentration presque palpable dans l'air.

À chaque seconde qui s'écoulait, une pulsation discrète de chakra traversait le corps du brun, créant un murmure subtil en harmonie avec la réparation des liaisons les plus obstinées. Une heure durant, Sakura poursuivit son œuvre, un travail d'orfèvre au sein du corps du patient, jusqu'à ce que la fatigue commence à s'insinuer en elle.

La constante infusion de chakra, combinée à la concentration intense requise, provoquait une perle de sueur sur le front de Sakura. Étape par étape, elle retirait les pierres une à une, prenant soin de désactiver le sceau sur chacune avant de les plonger dans un seau d'eau.

— Je vais vous retourner, Uchiha-san, avertit Sakura, tout en passant une serviette sur le dos du chef de clan pour le débarrasser des vestiges de l'effort. Enveloppant son bras gauche d'une serviette, elle entreprit de le faire basculer doucement dans la position inverse, le replaçant soigneusement au centre de la table. Puis, avec une grâce déconcertante, elle monta elle-même sur la table, s'agenouillant au niveau des jambes du patient.

Posant ses mains expertes sur les cuisses du brun, elle le défia d'un regard énigmatique. 

—Je veux que vous tentiez de vous redresser, Uchiha-san.

La demande prit Madara au dépourvu, le poussant à tenter un redressement précipité. Une lueur d'espoir s'insinua alors qu'une portion de son corps répondait à ses ordres, le propulsant à mi-chemin avant de retomber inopinément sur le dos.

— Décrivez-moi la sensation.

— J'ai senti une partie de mon corps obéir. Mais à mi-chemin, malgré mes ordres répétés, c'était comme si cette partie n'existait plus, répondit Madara.

— Recommencez, ordonna Sakura d'un ton assuré, observant attentivement Madara reprendre l'exercice.

À mi-hauteur, il se figea à nouveau, cette fois Sakura intervenant en saisissant son épaule pour le guider dans la suite du mouvement.

— Voilà, vous êtes redressé... à présent, contractez votre ceinture abdominale et allongez-vous lentement. Je serai là pour vous retenir si vous perdez le contrôle.

Madara resserra sa ceinture abdominale, ressentant une légère piqûre au niveau de sa cicatrice. Incliné sans difficulté, une étrange résistance surgit soudain, et il perdit brusquement le contrôle. Fort heureusement, Sakura le retint fermement, le guidant jusqu'à la table.

— Bien... Il semble que des dégâts subsistent au niveau de vos vertèbres dorsales, annonça Sakura en descendant de la table. Mais c'est encourageant, vous avez presque retrouvé votre verticalité tout seul.

Le brun demeura silencieux, mais un sourire s'esquissa sur ses lèvres, persistant même lorsque Sakura l'enlaça une fois de plus, le guidant vers son lit. Puis, elle se dirigea vers l'intérieur pour le remettre à son aise.

— Avez-vous une préférence littéraire ce soir ? interrogea Sakura, constatant que le livre sur le cœur humain était à présent achevé.

— Oui, j'aimerais un ouvrage de votre plume, répliqua Madara sans détour.

— Moi ? s'étonna Sakura.

— Oui, vous.

Le brun ténébreux observa Sakura s'approcher de sa bibliothèque, en extirpant un livre à la couverture vert émeraude.

— Tenez, dit-elle en lui tendant le livre.

— "Comment devenir un Ninja Medic, Tome 1" par Sakura Haruno, lut Madara à haute voix avant de se plonger dans sa lecture.

Vous vous sentez investi de l'essence d'un ninja, mais êtes également déterminé à devenir le gardien des vies qui s'entremêlent sur votre chemin ? Alors, cette œuvre est conçue sur mesure pour vous. Vous vous percevez comme dépourvu d'une lignée distinguée, désireux uniquement de veiller sur vos êtres chers ? Vous êtes au bon endroit. Votre ambition est d'acquérir des compétences en premiers secours pour éclairer vos missions ? Poursuivez avidement votre lecture. Cependant, si vous vous trouvez être une personne dépourvue de perspicacité, une admiratrice passionnée incertaine de ses aspirations dans la vie, refermez immédiatement ce livre, car ce récit n'est pas taillé pour vous.

Exercer le métier de ninja est déjà ardu, mais être un ninja médical l'est d'autant plus. Vous serez invariablement la cible privilégiée sur le champ de bataille. La responsabilité vous incombera de vous protéger constamment tout en veillant sur vos camarades. Car, une fois décédé, votre utilité s'évanouira ! Il vous faudra travailler deux fois plus que vos pairs, que ce soit sur le plan intellectuel ou physique. Si vous espériez une tâche aisée, rester cloîtré dans la lecture de livres, abandonnez sur-le-champ toute prétention à devenir ninja médical !

Le monde, impitoyable et sans merci, n'accorde pas la moindre clémence, une simple distraction pouvant basculer le destin de quelqu'un entre vie et mort. Si le spectacle du sang, des organes exposés, des os brisés, ou des membres déchiquetés vous révulse, il est temps de refermer ce livre et de réfléchir à votre véritable vocation. Trouvez-vous mes paroles trop sévères ? Tant mieux. Car sur le champ de bataille, la vie elle-même ne fait preuve d'aucune clémence.

Je suis Haruno Sakura, le second plus éminent Ninja Médic que le monde ait jamais connu. Et si vous avez entre les mains ces lignes, peut-être que vous deviendrez le pivot entre la victoire et la défaite de votre nation.

Première leçon : Esquivez !

Les minutes s'étiraient, une séquence insaisissable où le temps semblait suspendu, se refusant à Madara. À travers les pages du livre qu'il tenait entre ses mains, il s'aventurait dans les méandres d'une facette insoupçonnée de la jeune femme. Une facette empreinte de résilience inébranlable, une dureté sans faille qui n'admettait pas la moindre concession à l'échec - un reflet, étrangement familier, de son propre être.

— Navré, Uchiha-san, mais il est temps de prendre repas, interrompit Sakura, déposant un plateau sur la table de chevet tout en retirant délicatement le livre de ses mains.

— De ce que j'ai lu, vous semblez plus implacable que votre mère, observa Madara, tandis qu'il suivait du regard la jeune femme ranger le livre sur son bureau.

— La guerre m'y a contrainte.

Sakura se dirigea vers un appareil qui semblait être une sculpture excentrique. Une boîte carrée en bois de chêne finement sculpté, sur laquelle reposait un cylindre métallique formant une fleur épanouie. Sur la boîte en bois, un disque noir était soigneusement positionné - un gramophone.

Sortant un disque noir de son emballage, Sakura le plaça sur l'appareil.

 — Que faites-vous ?

— Je mets de la musique pour me détendre. Ce que j'ai accompli cet après-midi m'a épuisée.

Après avoir tourné la manivelle du gramophone et déposé l'aiguille sur le disque, une mélodie délicate emplit la pièce, plongeant Madara dans un état d'égarement total.

—Co... Comment ?

—C'est un inventeur qui me l'a offert avant de rendre son dernier souffle... je ne saurais vous expliquer exactement comment cela fonctionne, répondit Sakura avant de s'approcher de Madara pour lui offrir de quoi se sustenter. La musique, d'une intensité mesurée, imprégnait subtilement la demeure. "Je pense que c'est le seul exemplaire au monde, un simple prototype, d'après ses dernières paroles avant sa disparition."

— C'est... révolutionnaire.

Alors qu'il savourait son repas composé de riz, de poisson et de légumes, Madara s'efforça de déchiffrer les mélopées émanant de l'instrumentarium. Les accords d'une harpe, les notes d'une guitare, le timbre mystérieux d'une corde inconnue, et... la voix enchanteresse d'une femme ?

— Comment a-t-il pu encapsuler le son des instruments et la voix de cette femme dans ce réceptacle ?

— Aucune idée, peut-être un Fûinjutsu, je n'ai jamais osé l'ouvrir, craignant de briser cet objet qui me tient tant à cœur, déclara Sakura en posant délicatement l'assiette de poisson vide sur le plateau. Souhaitez-vous prolonger votre veille ?

— Oui, j'aimerais écouter davantage.

Sakura regagna sa bibliothèque et choisit un livre : "L'histoire de Konoha et son premier Kage". Cela faisait deux jours qu'elle s'immergeait dans les arcanes du fonctionnement de Konoha à l'ère Sengoku. Le temps s'écoula, et Madara finit par s'assoupir au rythme apaisant de la musique.

Sakura s'apprêtait à le suivre dans le sommeil, mais fut intrigée par une phrase dans son ouvrage.

Un mois après l'épique bataille entre Uchiha Madara et Hashirama Senju, le premier Hokage avait disparu. On le soupçonnait d'être décédé, mais nul n'avait retrouvé son corps à l'époque ni de nos jours...

— Est-ce que le Zetsu Noir l'a éliminé dans l'ancienne chronologie ? J'ai besoin d'éclaircir ce mystère, murmura Sakura avant de se retirer pour la nuit.


— Hitomi-san, annonça Sakura d'une voix empreinte de gaieté. Après deux mois, des liens s'étaient tissés entre Hitomi et Sakura.

— Sakura-san ! Comment vas-tu ? se retourna Hitomi, manifestement ravie de voir la jeune femme rayonnante.

— Je vais bien, je t'en remercie, répondit Sakura, esquissant un léger sourire. Elle avait appris à apprécier les habitants de ce village. Et toi ? Ton mari et ton fils ne te causent pas trop de soucis ?

Un léger rire échappa à Hitomi à la question du médecin.

— Ahhh, ce n'est pas pire. Tu comprendras quand tu auras toi-même un enfant et un mari.

— Nah, ce n'est pas pour moi.

Elle ne le dirait pas, mais c'était l'un de ses rêves les plus chers. Elle avait longtemps aspiré à avoir un mari et des enfants à chérir. Cependant, l'homme qu'elle imaginait pour concrétiser ce rêve n'existait tout simplement plus.

— On verra, Sakura-san, on verra. Cela m'étonnerait qu'une femme aussi ravissante que toi ne parvienne pas à attirer un homme," charria Hitomi avec un clin d'œil, provoquant un léger rougissement chez l'intéressée. Sinon, es-tu venue au village pour une raison particulière ?

— Oui, Hitomi-san, j'aurais besoin de te demander un service.

C'était récemment arrivé, car malgré les visites répétées de Hitomi chez Sakura, aucune présence étrangère n'avait été détectée jusqu'alors.

— J'aurai besoin que tu te charges de la préparation des repas pour cette personne et que tu la nourrisses, expliqua Sakura, posant ses mains sur les épaules d'Hitomi. Toutefois, il y a quelques règles strictes à observer : enfreindre l'une d'entre elles pourrait mettre ta vie en péril.

Un sentiment d'appréhension s'empara soudainement de Hitomi, percevant la gravité de la demande de Sakura bien au-delà de ce qu'elle avait anticipé.

— Je t'écoute.

— Cette personne partage en quelque sorte ma nature. Elle possède le pouvoir d'user de ce que vous nommez des pouvoirs magiques. Actuellement alité et paralysé, je veille à son rétablissement. Elle est quelqu'un d'extrêmement précieux pour moi, mais également capable d'ôter la vie... ne t'inquiète pas, des mesures ont été prises pour te protéger de tout préjudice de sa part.

— Si elle compte autant pour toi, Sakura, je le ferai.

Un sourire chaleureux s'étira sur le visage de Sakura en réponse à cette assurance, bien que la gravité de la situation ne tarda pas à réimprégner ses traits.

— Une règle formelle : Ne le fixe jamais dans les yeux ! Jamais ! Cet individu détient le pouvoir de manipuler les esprits, d'infliger des maux, voire de causer la mort à quiconque aurait l'imprudence de croiser son regard, ordonna Sakura avec une sévérité palpable.

De l'appréhension teintait le regard d'Hitomi, consciente grâce à Sakura de l'existence des pouvoirs magiques. De surcroît, Sakura, habituellement sereine et bienveillante, arborait une gravité inhabituelle, renforçant la compréhension d'Hitomi quant à la portée sérieuse de la situation. Ces deux mois d'apprentissage lui avaient enseigné qu'on pouvait être grand malgré sa jeunesse.

— Ton unique tâche sera de lui préparer à manger. Dans ma cuisine, tu trouveras tout le nécessaire. J'ai déjà confectionné son déjeuner ; il te suffira de préparer le dîner d'aujourd'hui et le déjeuner de demain, précisa Sakura. Autre point, Hitomi-san, c'est un homme d'une beauté exceptionnelle.

À la description de son patient, Hitomi esquissa un sourire taquin envers Sakura.

— Est-ce là la raison pour laquelle tu veilles sur lui ? interrogea Hitomi d'un ton entendu.

— Non, Hitomi. Aussi séduisant soit-il, ce n'est pas la motivation première de mon assistance. Enfin, pour résumer, il est vraiment très séduisant, donc ne cède pas à ses requêtes. C'est un individu rompu à l'art du meurtre et à la manipulation des esprits pour parvenir à ses fins.

— Entendu.

— Je sais que je t'ai toujours dit de m'éviter le suffixe -sama, car nous sommes tous égaux. Mais pas avec cet homme ! Tu le nommeras Uchiha-sama !

C'était douloureux pour Sakura de solliciter ainsi une personne qu'elle tenait en haute estime, mais elle n'avait d'autre choix : elle devait se rendre à Konoha pour obtenir des réponses cruciales.

— Je m'en occuperai, Sakura-san.

— Lorsque tu le rencontreras, remets-lui cette lettre sans délai. S'il ose te faire le moindre mal, il aura affaire à moi, déclara Sakura en tendant un petit rouleau de parchemin scellé par du Fûinjutsu. Un simple influx de chakra suffirait à le déverrouiller.

— Une dernière chose, ajouta Sakura en ajustant son sac. C'est un homme fier, alors assure-toi de ne pas le faire se sentir diminué. Encore une fois, merci.

S'approchant d'Hitomi, Sakura l'enveloppa dans une étreinte. C'était la première fois qu'elle serrait quelqu'un contre elle depuis son retour dans le passé. Hitomi fut surprise, mais elle répondit à l'étreinte avec plaisir avant que Sakura ne lui adresse quelques mots à l'oreille.

— Je serai très prudente, Sakura-san. Prends soin de toi et reviens rapidement.

— Je n'y manquerai pas. Au revoir, dit Sakura avant de rompre l'étreinte et de disparaître en un éclair, laissant Hitomi bouche bée devant ses capacités. Une fois remise de sa surprise, elle se tourna vers son mari pour lui expliquer la requête de Sakura. 

Lorsque midi pointa son nez, Hitomi se dirigea vers la demeure de la jeune femme pour rencontrer cet Uchiha-sama. Après une quinzaine de minutes de marche éprouvante à travers un chemin abrupt, Hitomi arriva enfin devant la maison de son amie. Elle pénétra par la porte de la cuisine, une habitude à chaque visite. Déposant ses sandales sur le côté, elle se dirigea vers la table au centre de la cuisine. Les ingrédients étaient soigneusement disposés, accompagnés d'une feuille contenant des instructions. Hitomi ne savait pas lire, mais Sakura avait illustré les explications avec des dessins. Elle distingua un soleil accompagnant un bol de riz, de soupe et du poisson. Plus bas, une lune était représentée avec les mêmes éléments, mais cette fois avec une flèche indiquant les ingrédients présents sur la table.

Elle prit le plateau de nourriture encore fumant. Hitomi était certaine que Sakura était partie depuis des heures, alors comment les plats pouvaient-ils encore être chauds ? Elle se dirigea vers le salon en scrutant les environs à la recherche de quelqu'un.

— Qui es-tu ?! exigea une voix dure et froide.

Hitomi sursauta légèrement, mais tint bon avec le plateau. À l'écoute de cette voix, elle baissa rapidement les yeux.

— Bonjour Uchiha-sama, je me présente, je suis Hitomi. Sakura-san m'a demandé de prendre soin de vous aujourd'hui car elle a dû s'absenter, expliqua rapidement Hitomi, sentant son cœur battre à vive allure.

D'une certaine manière, Madara se sentait rassuré de savoir que rien n'était arrivé à la jeune femme. Depuis son réveil, il ne l'avait pas vue, elle n'avait pas accompli sa séance de méditation ni sa routine médicale, et il avait craint qu'il lui soit arrivé quelque chose.

— Elle m'a également demandé de vous remettre une lettre, Uchiha-sama, continua Hitomi, mais elle n'obtint aucune réponse du patient. Me permettez-vous de m'approcher, Uchiha-sama ?

— Approche.

Hitomi releva délicatement les yeux pour localiser l'homme, et sa première impression fut celle d'une beauté remarquable. Aucun homme n'avait captivé son regard de manière aussi envoûtante jusqu'à présent. Les termes employés par Sakura semblaient dérisoires pour décrire le charisme émanant de cet individu. Jamais elle n'avait contemplé une telle absence de graisse, mais plutôt une musculature sculptée. Une teinte rosée s'installa sur ses joues, témoignage de ses pensées intimes.

Déposant avec précaution le plateau chargé de victuailles sur la table de chevet, elle tendit la lettre au brun ténébreux tout en maintenant sa tête inclinée. D'une main valide, Madara s'empara du parchemin qu'il déverrouilla d'une infime quantité de chakra.

Uchiha-san,

Le devoir m'appelle à Hi No Kuni et je ne peux m'y soustraire. La personne devant vous est une amie, elle veillera sur vous en mon absence. Je vous prie d'être courtois, sachant qu'elle fait son possible pour nous assister.

Je devrais être de retour au plus tard dans deux jours. Si, pendant mon absence, vous lui infligez du tort ou si je découvre des traces de Genjutsu sur elle, attendez-vous à des conséquences !

Haruno Sakura

D'une main, Madara froissa le parchemin avant de le jeter négligemment sur la table de chevet. Son regard se posa enfin sur la nouvelle venue. La question surgit : comment devait-il se comporter en sa présence ? Fallait-il adopter le même attitude qu'avec toutes les femmes croisées, ou bien devait-il se montrer plus aimable, explorant ainsi une potentielle source d'informations sur Sakura Haruno ?

— Bonjour, articula Madara après un bref moment.

— Uchiha-sama, avez-vous faim ? interrogea Hitomi, ponctuant sa question d'un léger salut de tête en guise de salutation.

— Oui.

S'installant avec grâce sur le tabouret à proximité du lit, Hitomi empoigna le bol de soupe avant de présenter délicatement la cuillère aux lèvres de Madara. Ses yeux évitaient soigneusement les siens, la jeune femme se rappelant les avertissements de son amie : Il peut tuer d'un simple regard.

— Regarde-moi dans les yeux, demanda Madara d'un ton doux, mais il ne récolta qu'une inclination plus prononcée de la tête de la part de la jeune femme.

— Je vous prie de m'excuser, Uchiha-sama, mais Sakura-san m'a donné des consignes strictes.

— Lesquelles ?

— Ne jamais vous fixer du regard, ne jamais manquer de respect et prendre soin de vous, énuméra Hitomi en prenant cette fois-ci le bol de riz. Madara ne put s'empêcher de noter l'attention prévoyante et perspicace de Sakura.

— Que penses-tu de Haruno-san ? interrogea Madara d'une voix rassurante et agréable. Il percevait en elle une source potentielle d'informations sur son médecin, et il comptait bien en profiter.

— C'est une personne exceptionnelle, dotée d'un grand cœur, répondit Hitomi promptement.

— Elle réside ici depuis longtemps ? poursuivit Madara avant de savourer lentement sa portion de riz. Il s'efforçait visiblement pour qu'une deuxième femme consente à lui offrir de la nourriture de cette manière.

— Deux mois. Elle est arrivée chez nous complètement brisée, cherchant refuge pour reconstruire sa vie...

— Où exactement sommes-nous ?

— Aux confins du pays des rizières, à la frontière du pays du feu, déclara l'étrangère tout en tendant un morceau de saumon légèrement fumant. Cette fois-ci, ce n'était pas du poisson blanc, mais du saumon, et la variation de saveur fut grandement appréciée par Madara.

— A-t-elle mentionné ses intentions futures ?

— Elle avait des affaires à régler au pays du feu, mais elle ne m'en a pas dit plus. Et vous, Uchiha-sama... que pensez-vous de Sakura-san ? osa demander Hitomi.

Il ne répondit pas immédiatement, plongé dans ses pensées. Madara s'étonna lui-même de ne pas repousser brusquement cette femme frêle qui osait lui poser des questions. Serait-ce le fait qu'il fréquentait Haruno-san depuis un mois qui expliquait sa tolérance croissante ?

— C'est une personne... intéressante, concéda Madara.

— Vous semblez compter beaucoup pour elle.

— Que veux-tu dire par là ? interrogea Madara, soudainement très curieux. Il ne s'attendait pas à ce que sa présence soit aussi cruciale pour elle.

— Au début, quand Sakura-san est arrivée au village, elle incarnait une âme éteinte, dépourvue du goût de vivre. Il aura fallu beaucoup de temps avant que cette morosité ne cède, et les sourires de sa part demeuraient une rareté. Toutefois, au cours du dernier mois, une transformation s'est opérée dans son attitude. Une lueur de joie s'est insinuée en elle, comme si l'espoir, longtemps éclipsé, avait retrouvé sa place. Elle semble vous vouer un profond respect, du moins c'est ce que j'ai pu percevoir.

Intérieurement, Madara ressentit une surprise profonde, laissant place à une chaleur douce. Sakura Haruno, toujours professionnelle, impassible, forte, puissante, et insaisissable, avait érigé des barrières impénétrables. Il semblait que très peu de personnes avaient gagné son respect au fil de sa vie. D'une certaine manière, l'idée d'être potentiellement l'une de ces rares personnes réjouissait Madara.

— Que t'a-t-elle dit à mon sujet ?

— Elle n'a évoqué que vous ce matin, Uchiha-sama, répondit Hitomi en disposant la dernière assiette sur le plateau, puis elle posa ses mains sur ses jambes. Elle a mentionné que vous possédiez des pouvoirs magiques, tout comme elle, et que vous étiez quelqu'un d'extrêmement redoutable... mais simultanément, quelqu'un de très précieux à ses yeux.

— Y a-t-il autre chose ? demanda doucement Madara, portant le verre d'eau à ses lèvres.

— Non, se hâta de répondre Hitomi.

— Ne me mens pas, femme ! réprimanda Madara d'une voix sévère.

L'intonation de sa voix fit naître une soudaine appréhension chez Hitomi.

— Je m'excuse, Uchiha-sama, balbutia-t-elle rapidement en inclinant légèrement la tête. Elle a également mentionné que vous étiez d'une beauté exceptionnelle.

Il était indéniablement séduisant, et cette certitude lui était familière. Cependant, entendre ce compliment venant d'une tierce personne constituait toujours une source de satisfaction. Surtout lorsqu'on savait que cette reconnaissance émanait d'une personne habituellement très réservée.

— Apporte-moi une carafe d'eau, ainsi que le livre à la couverture verte qui repose sur le bureau là-bas. Ensuite, tu seras libre de partir, indiqua Madara en pointant du doigt le bureau de Sakura.

— À vos ordres, Uchiha-sama. Passez une agréable journée, et à ce soir, ajouta Hitomi en s'inclinant avant de se mettre à la tâche.

Ainsi, le cœur d'Hitomi débordant d'émotions, elle quitta la demeure de Sakura.

Hi No Kuni

Sakura se faufilait à travers la foule, se déplaçant avec la grâce d'une civile ordinaire en direction de l'entrée de Konoha No Sato. Drapée dans une robe brune et munie d'un panier en osier, elle dissimulait ses traits sous un long foulard gris, habilement noué autour de sa chevelure brune. Un Hengen avancé modifiait la teinte de ses cheveux et dissimulait son sceau frontal. Traversant le pays du Feu en franchissant les arbres avec une agilité remarquable, elle chemina le reste du voyage aux côtés d'une caravane, masquant sa véritable nature.

Le village de Konoha, à cette époque, n'arborait pas encore la grandeur qu'elle connaissait. Les murailles, bien que modestes comparées à celles de son époque, semblaient imprégner l'air d'une sécurité renforcée. Avec l'expérience forgée au fil des années, elle évalua la présence d'au moins dix personnes. Des flux constants entraient et sortaient, et une file d'attente, dans un sens ou dans l'autre, témoignait de la rigueur des contrôles.

Le temps s'étira jusqu'à ce que son tour arrive enfin.

— La raison de votre visite à Konoha No Sato ? interrogea un Shinobi assis derrière une table, un long rouleau de parchemin à portée de main. Il enregistrait méticuleusement les arrivées et leurs motifs.

— Je viens acheter des herbes médicinales. Mon père est malade, mais il est trop faible pour se déplacer lui-même, répondit Sakura d'une voix douce.

— D'où venez-vous ? poursuivit le Shinobi, arborant fièrement l'insigne du clan Uchiha sur sa tenue en lin.

— Shukuba, Shinobi-sama, indiqua Sakura en désignant un village situé à près de dix kilomètres au nord de Konoha No Sato.

— Votre nom ? insista l'Uchiha, griffonnant sur son parchemin. Mon collègue procédera à une fouille.

À peine les mots eurent-ils franchi ses lèvres qu'un autre individu s'approcha d'elle, sondant son corps à la recherche d'une arme dissimulée. Les mains de l'homme errèrent malheureusement un peu trop, et Sakura, piégée, se retrouva dans l'impossibilité d'agir sans éveiller les soupçons. Elle se crispa légèrement, dévoilant un rougissement sur son visage. Après tout, elle n'était supposée être qu'une simple femme de l'ère Sengoku.

— Sakura, Shinobi-sama.

— Rien à signaler, Izumi-san, déclara le soldat qui l'avait fouillée de manière brutale et inappropriée. Un désir ardent brûlait en Sakura, elle aurait tant aimé décocher un coup de poing chargé de chakra en plein visage de cet individu.

— Durée de votre séjour ? reprit Izumi Uchiha.

— La journée, tout au plus. Si je m'attarde trop, je partirai demain matin.

— Première fois à Konoha ?

— Oui, c'est vraiment magnifique, Shinobi-sama. Puis-je me permettre de demander qui est représenté sur la montagne ? interrogea poliment Sakura, arborant un large sourire. L'Uchiha tourna légèrement la tête vers ladite montagne pour observer le visage.

— Ah ! C'est notre Hokage : Hashirama Senju.

Un léger dégoût transparaissait dans sa voix, comme s'il n'était pas entièrement satisfait. Cela démontrait que même avec l'alliance des clans, des sentiments de rancœur persistaient.

— Il doit être quelqu'un d'exceptionnel pour figurer ainsi sur la pierre, commenta Sakura d'une voix impressionnée et innocente, jouant le rôle de la jeune fille naïve, facilement émerveillée par la moindre chose

— Était... il a disparu.

— Izumi ! réprimanda sévèrement un autre Shinobi qui semblait appartenir au clan Senju. Cependant, le mal était fait et Sakura avait obtenu la confirmation tant redoutée : Hashirama Senju avait disparu.

— Ha ! Pardonnez-moi, Shinobi-sama, pour cette question. Je ne voulais pas vous attirer d'ennuis, s'inclina profondément Sakura.

— Aucun problème. Passe un bon séjour à Konoha, jeune fille... Suivant !

— Merci, Shinobi-sama. Passez une agréable journée, et encore désolée.

Un sourire esquissa les lèvres de la jeune femme en contemplant son ancien village.

— Wouah, c'est magnifique... c'est tellement plus imposant que Shukuba.

Sakura percevait qu'elle était suivie, probablement à cause de la fuite d'informations par Izumi. Ainsi, elle continua de jouer le rôle de la jeune femme innocente vaquant à ses affaires.

— Excusez-moi, madame, pouvez-vous m'indiquer la direction du marché ? demanda Sakura à une vieille dame qui arrosait les fleurs de son balcon.

— Bonjour, mon enfant. Suivez la route principale en direction de la montagne, puis laissez-vous guider par le brouhaha.

— Je vous remercie infiniment, madame.

Le village s'étendait bien moins que dans ses souvenirs, ses murs ombragés par une profusion d'arbres majestueux. Bien que les étrangers non affiliés aux clans se montraient cordiaux et civilisés, solliciter l'aide d'un membre de l'un de ces clans était une entreprise risquée, synonyme de regards chargés d'hostilité.

Dans l'effervescence du marché, Sakura s'empara d'épices rares et d'une variété d'herbes médicinales, justifiant ses acquisitions auprès des gardiens du village. La journée défila rapidement, la forçant à chercher refuge dans une auberge, car un départ nocturne aurait soulevé des suspicions parmi les citadins ordinaires.

Après avoir inscrit un Fûinjutsu sur sa porte et sa fenêtre, alertant sur toute tentative d'intrusion, Sakura se laissa envahir par les pensées concernant son foyer. Comment Hitomi-san se débrouillait-elle avec Madara ? La patience de ce dernier serait-elle suffisante à l'égard d'elle ?

Pardon pour la confusion. Reprenons l'histoire dans le style de Timothy Zahn :

Il était presque trois heures de l'après-midi lorsque Sakura pénétra dans sa demeure. D'un geste assuré, elle déposa son fardeau sur la table de la pièce principale, le regard scrutant chaque recoin comme si elle était consciente de la moindre perturbation dans l'atmosphère.

S'installant avec précaution sur l'un des coussins, elle plaça un livre à portée de main, tandis que ses doigts s'affairaient avec agilité à déballer les herbes médicinales, formant un ballet synchronisé dans l'air. La pièce était emplie du doux murmure de la préparation d'un remède, une symphonie de compétence et de concentration.

Madara, observateur silencieux, envisagea de poser une question sur cette attitude inhabituelle. Mais avant qu'il ne puisse articuler le moindre mot, Sakura le fixa avec une intensité qui lui fit froid dans le dos. Elle fit le geste universel du silence.

Se retenant de poser des questions, Madara demeura muet, attentif à chaque mouvement de Sakura. Vêtue de façon traditionnelle, elle semblait être une étrangeté dans son propre environnement. Les sourcils de Madara se froncèrent légèrement lorsqu'il constata que son sceau frontal avait disparu, et ses cheveux, autrefois roses, étaient maintenant d'un brun profond.

Les secondes s'écoulèrent comme des gouttes de pluie lentes, devenant des minutes, jusqu'à ce qu'une silhouette apparaisse derrière Sakura, brandissant un poignard avec une intention meurtrière.

Son bras se leva, et le poignard s'enfonça cruellement au niveau du cœur de Sakura. Une éclaboussure de sang accompagna la trajectoire mortelle à travers sa cage thoracique.

Madara, confronté à cette scène macabre, se préparait à déchaîner son Dôjutsu, prêt à venger cette agression en éliminant l'intrus. Cependant, la Sakura poignardée se dissipa subitement dans un tourbillon de fumée.

— Kage Bunshin, murmura Madara, son étonnement teinté d'une pointe d'admiration.

Comment cette femme avait-elle connaissance de l'existence de ce Ninjutsu, jalousement gardé comme l'un des secrets les plus précieux du clan Senju ? Un frémissement de chakra familier l'alerta, et Sakura réapparut derrière l'intrus. Était-ce dû à la surprise, ou bien détenait-elle une rapidité dépassant celle du Shinobi en face d'elle ? Quoi qu'il en soit, elle eut le temps de désarmer son assaillant, de le plaquer au sol, avant de maîtriser ses bras. Ses genoux immobilisaient habilement les jambes de l'agresseur, une injection minutieuse de chakra neutralisant ses nerfs. La scène dévoilait une maîtrise impressionnante des arts ninja, confirmant que Sakura était bien plus qu'une simple guérisseuse.

— Pourquoi as-tu tenté de m'assassiner, Shinobi de la Feuille ? ordonna Sakura d'une voix aussi froide que l'acier, une froideur que Madara ne lui avait jamais connue auparavant. Le Shinobi de Konoha, dans une vaine tentative de se libérer, se débattait en vain.

— Inutile de lutter, tu es bien trop faible pour te mesurer à ma personne.

Sakura connaissait l'art de frapper là où ça faisait mal, et dans le cas présent, elle visait la fierté de cet homme. Maîtrisé en moins d'une seconde par une femme, il se retrouvait impuissant, ses bras maintenus avec une facilité déconcertante. Alors qu'elle faisait face au Shinobi, ses yeux reconnurent le garde de la porte : Izumi Uchiha.

— Réponds à ma question, Izumi Uchiha de la Feuille. Pourquoi m'as-tu suivi et tenté de me tuer ? exigea Sakura, dégainant un kunaï scellé accroché à son poignet. En tant que médecin, sache que je connais des points particulièrement douloureux qui feraient parler n'importe qui ! Soit tu réponds à mes questions, soit je trouverai les réponses moi-même.

Soudain, le Shinobi déploya sa carte maîtresse et activa son Dôjutsu. Deux Sharingan à trois tomoes remplacèrent ses yeux sombres. Sakura plongea volontairement son regard au plus profond de ces deux pupilles, défiant toute hésitation.

— Haruno-san ! s'écria Madara, pris de panique en voyant le Dôjutsu de son clan s'activer. À ses yeux, au moment où elle plongea son regard dans le Sharingan, son sort semblait scellé. Car dans le monde des shinobis, une règle immuable était gravée : si vous vouliez survivre, ne croisez jamais le regard d'un Uchiha.

— Libère-moi, salope ! ordonna le prisonnier, lançant son Genjutsu le plus puissant. Un sourire pervers s'étirait sur son visage tandis qu'il activait son Dôjutsu. Les secondes s'écoulaient, mais rien ne se passait. Sakura demeurait immobile, son regard inébranlable, si ce n'est pour devenir encore plus glacial. Elle rapprocha son visage du sien, pressant presque son front contre celui du Shinobi, plongeant plus profondément dans ses yeux.

— Est-ce tout ce que tu peux offrir ? Est-ce là le summum du Sharingan du prestigieux clan Uchiha ? Pathétique ! railla Sakura, prenant les deux Uchiha de la pièce au dépourvu. C'était la première fois de leur existence qu'ils voyaient quelqu'un résister aussi vigoureusement au Genjutsu d'un Sharingan à pleine maturité. Oh... tu sembles surpris.

Le sourire du Shinobi de la Feuille avait disparu, remplacé par un regard empreint de crainte en constatant que cette femme résistait à son Sharingan.

— Je répète ma question une dernière fois. Pourquoi as-tu tenté de me tuer ?! ordonna Sakura, utilisant sa force pour commencer à écraser ses poignets.

— Konoha m'a chargée de te surveiller. Dès que j'ai vu tes mouvements furtifs à trois kilomètres de nos remparts, j'ai compris que tu pourrais bien avoir dérobé des informations cruciales à notre village, admit le soldat, ses poignets prêts à se briser sous la pression.

— Malheureusement pour toi, tu es bien trop dangereux pour que je te laisse t'échapper. Adieu ! lança-t-elle, prête à enfoncer son kunaï dans le cœur de son adversaire. Cependant, son geste fut interrompu par une voix autoritaire qui résonna dans l'obscurité.

— Sakura, non !

C'était la voix de Madara. C'était la première fois qu'il utilisait son prénom, et cela déconcerta Sakura, bien que la prononciation fût empreinte de naturel.

— Pourquoi ? Vous savez aussi bien que moi que s'il retourne à Konoha, d'autres viendront. Et cela n'est pas une option, répliqua Sakura, fixant toujours sa victime.

Madara, impassible, ajouta d'un ton calme mais ferme : 

— Je suis d'accord, mais il reste un membre de mon clan.

— Madara-sama ! Vous... vous êtes en vie ?! s'exclama le ninja, soudain conscient de la présence de son chef de clan.

— Amenez-le, ordonna Madara.

—Si tu tentes quoique ce soit Uchiha, je te tue ! avertit Sakura d'une voix froide, redressant sa silhouette altière, le kunaï pointé dangereusement à la gorge de son prisonnier. Ils s'approchèrent tous deux, convergents vers Madara dans l'obscurité silencieuse.

— Madara-sama, implora le shinobi, un mélange de soulagement et de terreur déformant son visage à l'ombre. La vision de son chef de clan, bien vivant, avait éveillé en lui une gratitude sincère, mais la menace latente planant dans l'air déformait cette allégresse en anxiété mortelle.

Penchez-vous vers moi et détournez le regard, Haruno-san," demanda Madara avant que Sakura ne s'exécute. Elle tourna les yeux vers l'extérieur, anticipant les événements à venir. Une augmentation de chakra imprégna l'air, et Madara activa son Sharingan qui se métamorphosa en Mangekyô Sharingan.

"Tsukuyomi !" prononça le chef de clan en déclenchant l'une de ses techniques les plus puissantes. En raison de son état encore affaibli, une fine traînée de sang s'écoula de son œil gauche. "Retourne à Konoha et déclare que la personne que tu as suivie est une civile tout à fait ordinaire. Elle est retournée chez elle, et il n'y a rien à craindre d'elle. Oublie cet endroit ainsi que notre existence à tous les deux... maintenant va !" ordonna Madara en plongeant l'homme dans le Genjutsu redoutable du Mangekyô Sharingan.

Sakura relâcha l'emprise sur l'homme, retirant son kunai de sa gorge avant de dissiper elle-même le Henge qui camouflait son apparence. Ses cheveux roses apparurent, tout comme son sceau frontal.

— À vos ordres, Madara-sama, déclara l'homme d'une voix dénuée d'émotion, s'inclinant avant de se volatiliser en un éclair. Le silence retomba, laissant Sakura plongée dans sa contemplation extérieure.

— Désactivez votre Dôjutsu, Uchiha-san.

Bien qu'elle aurait pu défier Madara en le fixant avec son Mangekyô Sharingan, elle préféra taire cette capacité, la préservant jalousement pour le moment opportun.

— C'est bon, Haruno-san.

Sans délai, elle posa sa main sur l'œil de Madara, une lueur verdâtre émanant de ses doigts pour apaiser la douleur et réparer les dommages.

— Vous auriez dû me laisser le tuer plutôt que d'employer cette technique, lança Sakura, toujours en alerte. L'adrénaline continuait de pulsar dans ses veines, nécessitant quelques minutes pour retrouver son calme.

— Où est passé votre discours de tendre la main à son prochain Haruno-san ?

— Pas envers ceux qui me plantent un poignard dans le cœur, répliqua Sakura avant de se diriger vers la cuisine, récupérant un gant et un bol d'eau. Madara venait d'assister à une démonstration de la redoutable dangerosité de cette femme, qui avait maîtrisé avec aisance un membre éminent du clan Uchiha. Le comble, c'était que ce n'était pas n'importe quel Uchiha, mais l'un de ses anciens lieutenants.

— Je vous prie de m'excuser pour l'acte d'un membre de mon clan à votre encontre.

Sakura suspendit son geste de nettoyer la joue de son patient, légèrement ébahie par ce qu'elle venait d'entendre. Puis, doucement, un sourire sincère se dessina sur ses lèvres. C'était la première fois qu'elle offrait un sourire authentique à Madara, ou du moins le premier qui lui était destiné.

— Pourquoi souriez-vous ?

— Je n'aurais jamais imaginé voir un jour le grand Madara Uchiha s'excuser envers une femme.

— Hn ! s'indigna Madara, légèrement vexé par cette remarque.

— Ah, ne boudez pas, Uchiha-san, rassura Sakura, le sourire toujours présent. Elle reprit son geste et acheva d'essuyer le sang sur la joue.

— Vous devriez sourire plus souvent, Haruno-san, cela vous va bien, complimenta Madara en plongeant son regard dans celui de la jeune femme.

Ce qui avait motivé le grand Madara à prononcer de tels mots restait un mystère. Était-ce le spectacle de sa démonstration de force face à l'un des membres les plus éminents de son propre clan, renommé comme l'un des meilleurs ? Ou bien était-ce dû aux échanges avec Hitomi, qui lui faisaient percevoir Sakura sous un angle inédit ?

Pour la deuxième fois ce jour-là, Sakura se trouva sidérée. Madara venait de lui glisser subtilement un compliment sur sa beauté. La jeune femme baissa les yeux vers sa tâche, légèrement embarrassée, une teinte rosée colorant délicatement ses joues.

— Je vous en suis reconnaissante, Uchiha-san.


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