Justice !
Plus d'une semaine s'était écoulée depuis le carnage qu'avait fait subir Sakura au contingent en provenance de Konoha. Les funérailles des villageois innocents avaient été organisées et toute la citée avait porté le deuil durant plusieurs jours. La colère de Sakura ainsi que son chagrin s'étaient peu à peu apaisées au fil des jours et elle était de moins en moins déterminée à réduire en cendres son ancien village.
Bien évidemment, elle ne leur pardonnait pas leurs actes mais elle était plutôt en quête de justice. D'une manière ou d'une autre, elle voulait que justice soit rendue et si possible sans violence.
Cependant, elle n'avait pas changé d'avis sur un point crucial : Hiruzen Sarutobi devait répondre de ses actes. Elle savait que le Jônin, marqué de son sceau explosif, avait probablement déjà semé la destruction à Konoha, ou ne tarderait pas à le faire. Elle ne regrettait rien. C'était sa manière d'envoyer un message clair à l'Hokage : on ne s'attaque pas impunément à son pays sans en subir les conséquences. Le monde fonctionnait ainsi, à l'ère Sengoku comme à l'époque qu'elle avait quittée : œil pour œil.
C'est pour cette raison qu'ils avaient convoqué le conseil militaire afin d'annoncer leur départ pour le village caché de la Feuille, bien décidés à régler leurs comptes.
— Se rendre à Konoha, c'est révéler au monde l'existence d'Heiwa, que..., s'étonna Suzuki, interrompu par Sakura.
— Oui, et il est plus que temps que les Nations Élémentaires sachent que Ta No Kuni n'est pas à sous-estimer ! répliqua-t-elle avec assurance.
— Mais... cela signifie que vous comptez annoncer le retour de Madara ? demanda Suzuki, hésitant.
— Exactement, répondit Madara, les bras croisés.
— Et il n'est pas le seul à avoir survécu à leur trahison ! ajouta Ashina, son regard glacé.
— Mais que comptez-vous faire une fois là-bas ? s'enquit Suzuki.
— La guerre ! répondirent Ashina et Madara, leurs voix résonnant en parfaite harmonie, laissant peu de place au doute sur leurs intentions.
— Réclamer justice, ajouta Sakura après un instant de silence. Son ton était plus calme, mais elle lança un regard lourd de sous-entendus à son époux, témoignant de leur désaccord. Nous en viendrons à la guerre seulement si Konoha refuse d'opter pour une solution pacifique.
— Sakura ! Avec tout le respect que je vous dois, vous n'allez quand même pas envisager de parlementer avec eux après la tentative d'assassinat d'Hashuba et leur intrusion sur nos terres ! s'écria Ashina, indigné.
— Je n'ignore rien de tout cela, Ashina-san ! rétorqua Sakura, sa voix ferme. Mais Ta No Kuni ne doit pas agir comme les autres nations. J'ai fait ce qu'il fallait pour protéger notre peuple, et tout ce que je demande, c'est réparation ! Hiruzen Sarutobi devra rendre des comptes, et tout dépendra de ses réponses. Je n'exclus pas un affrontement, mais nous valons mieux qu'eux pour réagir de manière aussi barbare qu'ils l'ont fait.
— Et toi, tu ne dis rien ? demanda Ashina à Madara, surpris par son silence.
En tant qu'Heikage, Madara avait la responsabilité des décisions militaires. Il comprenait parfaitement les réserves de Sakura. Dès leur rencontre, elle avait été claire : elle ne cherchait pas le conflit si celui-ci pouvait être évité. Toute solution pacifique devait être explorée avant de brandir l'épée.
— La guerre est inévitable, mais je suis curieux d'entendre les justifications de Konoha, répondit finalement Madara.
— Alors que faisons-nous ? Invitons Konoha à une table ronde ? ironisa Ashina, perplexe.
— Nous partons demain pour Konoha no Sato, pour une mission diplomatique, annonça Sakura.
— Diplomatique ? ricana Ashina. Rien n'est jamais diplomatique, et vous le savez très bien, Sakura ! Cet Hokage lâche a des comptes à me rendre !
— Et tu comptes t'y prendre comment, l'ancêtre ? s'enquit Madara, intrigué.
— Je veux qu'il sache que je suis toujours en vie ! Et que mon clan l'est aussi ! Si Konoha nous attaque, nous serons prêts !
Ainsi, malgré des avis divergents sur la manière de régler cette affaire, la Daimyô de Ta No Kuni, l'Heikage et l'Uzukage décidèrent de partir pour Konoha dès le lendemain. Ashina proposa d'utiliser une technique de dissimulation pour camoufler leur approche, afin de prendre leurs ennemis par surprise.
Arrivés devant les grandes portes de Konoha, Sakura concentra son chakra et, d'un simple mouvement de bras, frappa violemment les portes, les faisant exploser dans un fracas retentissant, soulevant un nuage dense de poussière.
Tous les regards se tournèrent vers la porte détruite, d'où émanait un épais nuage gris. Hiruzen Sarutobi et le clan Uchiha furent les premiers à deviner qui se tenait derrière.
Au bout de quelques secondes, trois silhouettes se dessinèrent à travers la poussière. Lentement, les formes se précisèrent, dévoilant d'abord Madara Uchiha et Ashina Uzumaki.
Le choc fut immédiat. Comment ces deux hommes, censés être morts depuis longtemps, pouvaient-ils encore être en vie ?
Ashina Uzumaki aurait dû périr avec son clan durant la Première Grande Guerre Shinobi. De plus, n'avait-il pas voué une haine sans bornes à l'Uchiha pour avoir tenté de détruire Konoha en libérant le Kyûbi ? Mito Uzumaki, la propre fille d'Ashina, avait dû se sacrifier pour sceller le démon renard, alors pourquoi marchait-il aux côtés de Madara ?
Mais ce fut la troisième personne qui attira le plus l'attention. Au milieu des deux hommes se tenait une femme, petite en taille mais dont la présence imposait le respect. Bien qu'elle ne dégageait pas une intention de tuer aussi manifeste que ses compagnons, il était évident qu'elle n'était pas à sous-estimer. Personne ne la connaissait, mais sa tenue officielle laissait peu de doutes : elle était une Daimyô. Et ses cheveux roses étaient un détail que nul n'aurait pu oublier.
Les murmures se répandirent parmi les ninjas de Konoha. Cette femme pouvait-elle être la mystérieuse guerrière aperçue durant la précédente guerre ? Le chef du clan Nara, les yeux écarquillés, comprit aussitôt. C'était elle, la cible de l'assassinat commandité par Hiruzen Sarutobi. Et son apparition ici, aux côtés de Madara et d'Ashina, signifiait une seule chose : la guerre.
Hiruzen Sarutobi réfléchissait à toute allure. Comment sauver son village et ses habitants ?
Tandis que la poussière retombait, révélant les portes détruites et les corps des shinobis tombés, Sakura, de son côté, se demandait ce qu'il était advenu de l'homme sage qu'elle avait autrefois connu. Comment pouvait-il avoir fomenté et cautionné de tels actes ?
Elle l'avait toujours respecté, admiré même, car il représentait pour elle la Volonté du Feu. Mais aujourd'hui, c'était le cœur lourd qu'elle réclamait justice.
— Hiruzen Sarutobi ! l'interpella-t-elle d'une voix forte avant que les deux hommes ne puissent parler.
— Pour qui vous prenez-vous ? Ne savez-vous pas qui je suis ? rétorqua Hiruzen, tentant de l'intimider.
— Oh, je sais très bien qui vous êtes, Sandaime Hokage, répondit-elle avec calme. Mais est-ce ainsi que Konoha s'adresse à un Daimyô ? Où est passé le respect et la déférence dus à la Daimyô de Ta No Kuni ?
Les murmures des ninjas de Konoha s'intensifièrent. Cette femme, une Daimyô ?
— Pourquoi attaquer mon village ? exigea Hiruzen. La neutralité a été signée avant la dernière guerre.
— Vous ne récoltez que ce que vous avez semé, Hiruzen, dit-elle froidement.
— Semé ? C'est vous qui attaquez Konoha ! Quelles sont vos motivations ?
— Nos motivations ? Au vu de vos actes, je ne suis pas sûr que les dévoiler changerait quoi que ce soit... mais avoir cette discussion pourrait peut-être ouvrir les yeux de votre peuple sur qui vous êtes réellement.
— Vous parlez comme si votre parole était vérité.
— Non, mais je m'efforce de la rendre aussi juste que possible, dit-elle en soutenant son regard. Notre but est simple : instaurer la paix et la justice dans ce monde. Ni plus, ni moins.
— Justice ? Vraiment ? En quoi ce que vous faites depuis le début est-il juste ? Vous avez attaqué des villages pendant la dernière guerre, pillé les Nations Élémentaires, et éradiqué Uzushio ! Ne le niez pas ! s'indigna Hiruzen.
— Oh, je vois, chuchota Sakura avec un calme glacial. La guerre est noble quand c'est vous qui la menez, n'est-ce pas ? C'est cela, votre idée de la justice ? Vous estimez juste de tuer pour protéger vos terres. Dites-moi, Hiruzen, que pensaient ces gens quand ils ont vu les shinobi de Konoha transformer leurs villages en champs de bataille ? Tout ça pour préserver vos ressources, vos frontières. Vous trouvez ça juste d'exploiter des pays plus faibles pour enrichir Konoha ? riposta-t-elle, sa voix montant légèrement à chaque phrase.
— Nous n'avons pas déclenché la Première Grande Guerre ! rétorqua immédiatement Hiruzen.
— Peut-être..., admit Sakura en le fixant avec une intensité froide. Mais où était la justice quand vous vous en êtes pris à ma famille ? À mes amis ? À mon pays ?
Les regards se tournèrent vers Sakura, l'audience pendue à ses lèvres. De quoi parlait-elle ? Quel crime avait donc commis Konoha contre elle et son pays ?
— Voilà donc comment Konoha dispense sa "justice" ? s'indigna Sakura. Vous justifiez vos exactions en invoquant la pénurie de nourriture, vous envahissez les nations plus faibles sous prétexte de protéger les vôtres. Vous avez attaqué la mauvaise nation, Sarutobi ! ajouta-t-elle, le ton cinglant.
Hiruzen, se voyant acculé, chercha à détourner l'attention et se tourna vers Ashina.
— Pourquoi ? Pourquoi vous êtes-vous allié à eux ? demanda-t-il en désignant Madara et Sakura d'un mouvement de tête.
— Pourquoi ne l'aurais-je pas fait ? répliqua froidement Ashina.
— Mais... cet homme a attaqué Konoha ! Il a déchaîné le Kyûbi, et votre fille...
— LA FERME ! explosa Ashina. Ne prononce pas son nom après ce que Konoha a fait à mon clan !
— Mais nous n'avons rien fait ! se défendit Hiruzen avec véhémence.
— Justement, vous n'avez rien fait ! siffla Ashina. Où était Konoha lorsque ses ennemis nous ont encerclés ? Où était Konoha quand ils étaient en train de nous anéantir ? Où était Konoha lorsque ma fille Mito A DISPARU ? Et tu oses me demander pourquoi ?!
Le silence tomba. Chacun des shinobi présents commençait à douter, des murmures s'élevaient, troublés par ces révélations.
— Pendant que vos prédécesseurs trahissaient leurs alliés pour leurs propres intérêts, ces deux personnes, Madara et Sakura, ont sauvé mon peuple ! reprit Ashina avec une intensité palpable.
Soudain, des centaines de silhouettes se matérialisèrent sur les murailles de Konoha, leurs cheveux rouges comme le sang. Tous levèrent les yeux, stupéfaits : le clan Uzumaki, que l'on croyait disparu, était bel et bien vivant.
— Je leur dois beaucoup... alors tu peux te mettre ton alliance de pacotille où je pense, cracha Ashina, libérant une partie de son intention meurtrière.
— Ce n'est pas ce que vous croyez ! Nous étions engagés ailleurs et n'avons pas pu vous secourir à temps ! tenta de se justifier Hiruzen.
— Tes excuses ne valent rien ! Tu n'as aucun sens moral ! Depuis quand un Kage ordonne-t-il l'assassinat d'un seigneur ? rugit Ashina, le regard empli de mépris.
— De quoi parles-tu ? répondit Hiruzen, tentant de feindre l'ignorance.
— Ne fais pas l'innocent ! Tu es Hokage, alors assume tes actes ! Dis à tes Shinobi comment tu as sacrifié l'un des leurs pour tenter de tuer un Daimyô ! cria Ashina.
Immédiatement, le clan Hyûga tourna des regards inquisiteurs vers Hiruzen, exigeant des explications. Un murmure d'indignation montait. De quelle mission d'assassinat parlait-il ?
— Mensonge ! protesta Hiruzen, luttant pour garder son calme.
Sans un mot, Ashina sortit un rouleau qu'il décrocha de sa ceinture, le déplia et dans un nuage de fumée, fit apparaître une tête coupée. La saisissant par les cheveux, il la brandit pour que tous puissent la voir.
— Ce n'était pas facile d'obtenir des réponses, mais après quelques... "encouragements", il a fini par parler. Merci, Hiruzen, tu m'as offert une belle occasion d'acquérir un Dôjutsu rare, ricana Ashina en jetant la tête sans globes oculaires de Nao Hyûga aux pieds des ninjas de Konoha.
— Sacrilège ! s'indignèrent les Hyûga, horrifiés de voir un membre de la Soke ainsi profané.
Un Hyûga voulut attaquer, mais Ashina dégagea une telle aura meurtrière que tous reculèrent instinctivement.
— Fallait pas nous confier la conception du sceau en cage ! lança-t-il avec dédain.
— Stop ! hurla Hiruzen, craignant que la situation ne dégénère.
Profitant de la tension, Sakura reprit la parole, les yeux rivés sur Hiruzen.
— Dites-moi, Sarutobi, n'y a-t-il pas un accord stipulant qu'aucun Shinobi n'a le droit d'attaquer un Daimyô ? Depuis quand méprisez-vous ainsi les lois entre nations, simplement parce qu'un autre a réussi là où vous avez échoué ?
— Qu'est-ce qu'une femme peut comprendre à ces affaires ? cracha Hiruzen avec mépris.
— Une femme ? répéta Sakura avec un dédain glacial. Et vous ? Vous croyez avoir raison de m'avoir condamnée à mort pour protéger vos intérêts ? C'est cela, votre "justice" ? Ah, quelle belle justice que celle de Konoha ! ironisa-t-elle, ses yeux émeraudes brillant de colère.
— Foutaises ! Hashuba Shôta est le Daimyô de Ta No Kuni ! Il n'a jamais été question de changement de dirigeant ! répliqua Hiruzen.
— Que ce soit moi ou mon prédécesseur, vous avez tenté de nous assassiner et vous allez en subir les conséquences !
— Est-ce une menace ? Vous croyez être puissante à cause de votre titre ?
— Puissante ? Ne suis-je pas celle qui a anéanti votre contingent de mille hommes ? Ce même contingent que vous avez envoyé pour envahir MES terres ? rétorqua-t-elle avec froideur. D'ailleurs, comment va votre commandant ?
À l'évocation des mille hommes massacrés, la foule fut choquée. Les shinobi de Konoha se questionnaient sur les véritables intentions de leur Hokage.
Sakura comprit alors qu'elle se trouvait face à un homme différent de celui qu'elle avait autrefois respecté. Comme Pain avant elle, elle réalisa que la paix, aussi fragile soit-elle, devait parfois être arrachée de force.
— Nobuo ne méritait pas de mourir ainsi ! Vous me jugez cruel, mais vous ne valez pas mieux que moi ! hurla Hiruzen.
— AUCUN de mes villageois ne méritait de mourir non plus, Hiruzen ! Ta No Kuni n'a jamais cherché que la paix, et vous avez foulé aux pieds notre neutralité pour vos intérêts ! rétorqua Sakura, sa voix tranchante comme une lame.
Hiruzen était acculé, sans plus aucun argument à opposer à Sakura. Il savait parfaitement qu'elle avait raison. Non seulement il avait ordonné l'assassinat d'un Daimyô, mais il avait également attaqué un pays sans la moindre preuve que celui-ci représentait une menace pour Konoha. Il avait agi par simple désir d'éliminer un obstacle prospérant d'une manière qu'il jugeait anormale. Certes, son but avait été de protéger le village, mais en réalité, il était coupable de tout ce dont elle l'accusait.
Avant qu'il ne puisse répondre, l'attention de tous se tourna vers Uchiha Madara, qui s'avança soudainement, imposant le silence. Jusqu'à présent, il s'était contenté d'écouter, mais cette conversation avait confirmé ce qu'il pensait depuis toujours de Konoha, peu importe qui en détenait les rênes. Son regard balaya l'assemblée, s'arrêtant un instant sur les siens.
— Avez-vous fait votre choix ? lança-t-il d'une voix grave.
Un silence pesant s'installa. Tous se demandaient de quel choix il parlait. Soudain, un mouvement s'amorça dans les rangs de Konoha. Peu à peu, des dizaines de silhouettes se détachèrent pour se ranger derrière le trio. À mesure que les membres du clan Uchiha rejoignaient leur chef vénéré, l'assemblée, abasourdie, laissait échapper quelques murmures de protestation. N'avaient-ils pas rejeté Madara et ses idées lorsqu'il s'était dressé contre le village ?
— Tch... Ce n'est guère surprenant venant d'un clan dirigé par un traître, cracha Sarutobi, bouillonnant de colère en voyant sa plus puissante force le trahir.
Les rangs derrière lui s'agitaient. Les clans de Konoha n'approuvaient pas cette défection. Des insultes fusèrent, mais elles cessèrent aussitôt lorsqu'un homme se détacha du groupe pour s'avancer vers la Daimyô de Ta No Kuni.
— Enchû ? demanda Hiruzen, stupéfait de voir l'un de ses plus proches conseillers rejoindre ses adversaires.
Le chef du clan Nara en avait assez entendu. Pour lui, il ne restait plus qu'un seul choix possible : protéger son clan. Il se félicitait d'ailleurs d'avoir déjà amorcé un rapprochement avec les Uchiha quelques jours plus tôt.
— Je suis désolé, Hokage-sama, mais en voyant tout cela, il est clair que la Volonté du Feu a disparu. Les préceptes de Hashirama Senju ont été trahis. Vous me connaissez, je ne prends jamais une décision à la légère, et aujourd'hui, je sais que je fais le bon choix.
— Le bon choix ? s'étrangla Sarutobi, sentant qu'il était en train de perdre. Tu préfères trahir ton village et rejoindre un homme qui a voulu le détruire ? N'oublie pas qui est Madara, Enchû ! Les traîtres ne changent jamais, ils restent des traîtres toute leur vie. C'est vraiment ce que tu veux pour ton clan ?
— Je préfère être un traître à vos yeux et sauver les miens, plutôt que de sacrifier mon clan à cause de vos erreurs. Je sais reconnaître ceux qui peuvent garantir une vraie sécurité pour nous, et ce n'est plus Konoha, répliqua Enchû en rejoignant ceux de Heiwa. À peine s'était-il placé derrière eux que les membres de son clan le suivirent.
Hiruzen, abasourdi, constata avec effroi que non seulement les Nara, mais également les Yamanaka et les Akimichi emboîtaient le pas.
— C'est donc ainsi ? Vous brisez nos liens d'amitié après tout ce que les Sarutobi ont fait pour vous depuis des générations ? lança-t-il, désespéré.
— Cela n'a rien à voir avec les liens entre nos clans, et vous le savez bien, Hokage-sama, répliqua le chef des Yamanaka. Vous avez encore la possibilité de faire le bon choix, vous aussi.
— Le bon choix ? rugit Sarutobi. Vous parlez de la Volonté du Feu, mais où est-elle maintenant ? C'est ainsi que vous honorez l'héritage d'Hashirama et de Tobirama Senju ? Les valeurs qu'ils nous ont léguées ? Essaya-t-il, espérant les culpabiliser et stopper l'hémorragie.
— Les préceptes ? intervint Madara, sa voix grave et glaciale coupant l'assemblée. Tu parles comme si cette idée de village était née uniquement du clan Senju... Laisse-moi te rafraîchir la mémoire, Sarutobi. Konoha n'est pas le fruit d'une utopie, mais du sang versé par les clans Uchiha et Senju. La différence entre Hashirama et moi, c'est que j'ai réalisé, trop tard, que c'était une erreur. Deux clans qui se haïssent profondément ne peuvent pas coexister éternellement sans finir par se détruire. Alors, cesse de glorifier les valeurs d'un seul homme ! Souviens-toi de ce qui a réellement bâti ce village !
Hiruzen, incapable de nier la réalité de ces accusations, sentit un poids lourd s'abattre sur ses épaules. Son incompétence était désormais exposée aux yeux de tous.
— Que comptes-tu faire maintenant ? poursuivit-il, d'un ton amer. Me prendre le village tout entier ? Ou bien Hi no Kuni au complet ? ajouta-t-il avec une pointe d'ironie, bien qu'il sache que la situation lui échappait.
— Je vous l'ai déjà dit, Ta No Kuni ne cherche que la paix et la justice. Pour le tort que vous avez infligé à mon peuple, j'exige réparation ! Et pour commencer, cessez de considérer les Uchiha comme des traîtres. Ils ont simplement choisi de rejoindre leur chef. Comme Madara n'appartient plus à ce village, il est dans son droit de réclamer la présence de ses hommes.
— Qu'ils partent, tous autant qu'ils sont ! S'ils veulent périr en suivant la folie de leur chef, grand bien leur fasse ! Les Uchiha ne font plus partie de Konoha !
Cette remarque provoqua une vive tension dans les rangs. Les Shinobi restés fidèles à Hiruzen réagirent avec approbation : ils soutenaient pleinement leur Hokage.
Du côté des Uchiha, les visages se durcirent. Ils comprenaient enfin la véritable nature des habitants de ce village à leur égard. Ils n'avaient jamais été véritablement acceptés.
— Si c'est là votre opinion, Konoha est bien tombé bas, ajouta Sakura, déçue par l'attitude de son ancien Hokage.
— Votre opinion m'importe peu ! Dites-moi plutôt ce que votre pays veut négocier avec mon village !
— Qu'est-ce qui a le plus de valeur à vos yeux ?
— Le village, répondit immédiatement Hiruzen, comme si c'était une évidence.
— Dans ce cas, remettez-moi le parchemin des techniques interdites de votre village, et je considérerai que justice est rendue.
— Hors de question ! s'indigna Sarutobi, refusant catégoriquement de se séparer de ce rouleau précieux.
— Si ce rouleau est entre nos mains, vous ne serez plus tentés d'avoir recours à ces techniques dangereuses.
— Ne parlez pas de ce que vous ne comprenez pas !
— Très bien, alors j'appliquerai la justice telle qu'elle est pratiquée entre les nations : je vous forcerai à regarder comment vos hommes périssent sous ma main, proposa sérieusement Sakura.
— Si c'est la guerre que vous cherchez, nous sommes prêts à nous battre !
— Nous ne resterons pas là sans agir ! intervint Ashina, déterminé à venger sa fille et à faire payer ce village qui lui avait tout pris.
Sakura resta impassible face à l'intervention de l'Uzumaki et poursuivit :
— Le choix vous revient, Hokage.
Hiruzen ouvrit la bouche pour répliquer, mais se ravisa. Céder le rouleau permettrait de sauver le village, mais au prix de l'affaiblir considérablement, d'autant plus que les trois principaux clans de Konoha menaçaient de défection. Combattre cette armée de Shinobi serait également une entreprise désastreuse, voire suicidaire, surtout avec Madara et Ashina dans le camp adverse. Ces deux-là semblaient prêts à en découdre, mais ils se contentaient de soutenir la Daimyô dans sa quête de justice.
Qui était donc cette femme pour accomplir un tel exploit ?
Soudain, une idée traversa l'esprit du Sandaime, une solution qui pourrait sauver à la fois son peuple et les secrets du clan Senju.
— Et si je vous laissais accueillir ceux qui souhaitent rejoindre votre pays ? Tous ceux qui décideraient de rester ici le feraient de leur propre gré.
Tous tournèrent un regard surpris vers le Hokage.
Sakura ne s'attendait pas à une telle proposition, mais elle comprit immédiatement qu'elle avait là une chance d'éviter un conflit sanglant, tout en épargnant des vies innocentes. À ses yeux, cette solution était la plus juste, en accord avec ses valeurs.
— Soit. Que tous ceux qui souhaitent rejoindre notre pays, civils ou militaires, le fassent de leur plein gré, sans regret. Nous les accueillerons avec bienveillance, comme nous l'avons fait pour tant d'autres, et ils trouveront paix et sécurité derrière nos murs.
Durant l'heure qui suivit, sous la supervision des Uzumaki, une partie des habitants de Konoha fut évacuée. Il fallut expliquer aux civils réfugiés qu'ils avaient l'opportunité de quitter le village pour un autre, celui dont les rumeurs faisaient l'éloge. Ils n'eurent pas le temps de récupérer leurs effets personnels ; ils devaient choisir maintenant, rester ou partir définitivement.
Une fois le groupe rassemblé autour de Sakura, on constata avec surprise que quelques Shinobi avaient également décidé de quitter le village, sous le regard médusé et incrédule de leurs anciens compagnons.
— Voilà, dit Hiruzen, les mâchoires serrées. Maintenant, quittez mon village et laissez-nous en paix, vous qui prétendez la vouloir tant.
Pendant que tout le monde se regroupait, Sakura organisa leur retour à Heiwa en donnant quelques instructions simples. Enchû Nara discuta également avec la Daimyô de Ta No Kuni, expliquant que les civils des clans Uchiha et des trois autres avaient déjà été évacués en toute discrétion, grâce à leurs techniques de Genjutsu. Ils avaient pu sortir des murs de Konoha sans que personne ne s'en aperçoive.
— Vous êtes à la hauteur de la réputation de votre clan, Enchû-san, s'enthousiasma Sakura, admirant l'intelligence tactique des Nara.
— Je ne fais qu'analyser les faits et prendre les décisions les plus appropriées pour protéger les miens.
— Bien. Récupérez les vôtres et commencez à prendre la route vers Heiwa.
Durant cette période d'attente, les Shinobi restés fidèles à la Feuille devaient contenir leur rage. Ils voyaient leurs compagnons quitter le village sans pouvoir intervenir. La tension était palpable, exacerbée par la présence imposante de Madara.
Ce dernier n'avait même pas besoin de manifester son intention de tuer. Sa seule présence suffisait à inspirer la peur. Sakura se plaça aux côtés de son époux, immobile et silencieux.
— Nous sommes prêts à partir, déclara-t-elle simplement.
L'homme hocha la tête sans un mot, mais ne bougea pas. Sakura comprit alors qu'il n'en avait pas encore fini avec Konoha. Elle le connaissait trop bien pour ignorer la patience dont il avait fait preuve jusqu'à cet instant.
— Madara ?
Après quelques secondes, il se tourna enfin vers elle.
— Partez devant, Sakura. Il me reste une dernière chose à accomplir ici.
— Madara..., tenta-t-elle, bien qu'elle devinait déjà ce qui allait suivre.
— Sakura, vous souvenez-vous de notre discussion sur la paix et ce que des hommes comme moi devaient faire pour l'obtenir ?
La kunoichi aux cheveux roses hocha la tête. Elle savait qu'elle ne pouvait l'empêcher de faire ce qu'il s'apprêtait à accomplir. Elle avait déjà sauvé autant de vies que possible, mais la vie était ainsi faite. Elle était cruelle, impitoyable, et même toute la bonne volonté du monde ne pouvait stopper des hommes résolus à se battre pour leur destin.
— Soyez prudent, murmura simplement Sakura avant de se tourner. Ashina-san, venez. Rappelez vos hommes... Nous partons.
Ashina jeta un coup d'œil à Madara et comprit aussitôt. Il ordonna à ses troupes de se retirer. Tous quittèrent les terres de Konoha sans un regard en arrière.
Une fois assuré que tout le monde quittait le village, Madara se retourna une dernière fois vers Hiruzen et ses hommes.
— La Daimyô de Ta No Kuni a obtenu justice... Mais il reste un problème. Tu as une dette envers moi, Hiruzen, dit Madara en laissant éclater son intention meurtrière.
— Je ne te dois rien ! rétorqua le Sandaime Hokage, sur la défensive.
— Au contraire. Comme l'a dit la Daimyô, tu as attaqué la mauvaise personne. Pour avoir ordonné l'assassinat de Sakura Uchiha, ma femme et Daimyô de Ta No Kuni, je te condamne, toi et ton village, à la mort ! déclara Madara avant de former le signe du bélier. Une quantité colossale de chakra commença à s'accumuler autour de lui.
Une bourrasque titanesque se déchaîna, empêchant quiconque de l'approcher. Tous furent témoins, à la fois fascinés et terrifiés, de la manifestation du pouvoir légendaire du patriarche Uchiha.
— Susanoo ! prononça Madara, activant la troisième forme de son Sharingan dont les tomoe tourbillonnaient frénétiquement.
Le chakra autour de lui se matérialisa lentement, d'abord sous la forme d'un squelette bleu roi gigantesque qui enveloppa son corps. La créature continua à grandir jusqu'à atteindre une dizaine de mètres de haut. Cependant, Madara n'utilisa pas la forme complète de son Susanoo. Seule la cage thoracique était formée, mais même ainsi, elle offrait une protection impénétrable.
— Attaquez-le ! ordonna Hiruzen.
Des vagues de Ninjutsu furent lancées contre Madara, mais chaque technique semblait insignifiante face à l'immense colosse de chakra. Aucune ne parvint à l'ébranler. Ignorant royalement le déluge d'attaques, Madara fit à nouveau le signe du bélier.
Madara ne pardonnait jamais. Il ne donnait que rarement une seconde chance. Aujourd'hui, il allait montrer au monde ce qu'il en coûtait de s'en prendre à son clan, à sa famille, à sa femme. Il ne se contentait pas de remporter une bataille, il éradiquait toute menace future.
La chevelure de Madara se mit à flotter violemment alors que la quantité de chakra atteignait des proportions démesurées. Il activait l'une des capacités ultimes de son Rinnegan.
Tandis que tous tentaient désespérément de stopper son Susanoo, le ciel commença à s'assombrir. Les regards se tournèrent vers le haut, et ce qu'ils virent les paralysa d'effroi.
— Qu'est-ce que...
— C'est impossible...
Une gigantesque sphère de roche flottait dans le ciel, dégageant une énergie colossale. Sakura, comme beaucoup de Shinobi, se tourna vers Konoha qu'ils venaient de quitter. Elle reconnut immédiatement la technique. Elle se souvenait trop bien de la météorite que Madara avait invoquée lors de la Quatrième Grande Guerre Shinobi. Mais cette fois, la sphère était plus petite, suffisamment pour ne cibler que le village de la Feuille.
Alors que tous levaient les yeux vers cette masse titanesque, Madara s'éloigna rapidement du village, désactivant son Susanoo tout en criant aux derniers survivants de Konoha :
— Konoha et ses habitants meurent aujourd'hui ! Que cela soit un exemple pour ceux qui oseraient s'en prendre à Heiwa !
La météorite descendait à une vitesse fulgurante. Rien ni personne ne pourrait l'arrêter. Aucun Shinobi assez puissant n'était présent pour tenter l'impossible et repousser cet assaut. L'air vibrait de plus en plus au fur et à mesure que la sphère se rapprochait du sol, attirée inexorablement.
Il était trop tard pour fuir, bien que certains essayèrent désespérément d'échapper à leur funeste destin.
Puis l'impact eut lieu. Une explosion cataclysmique fit trembler la terre, balayant en un instant tout ce qui constituait le village. En quelques secondes, Konoha No Sato fut réduit à un amas de débris, une ruine fumante. Aucun être vivant n'y avait survécu.
De loin, ceux qui avaient choisi de quitter le village purent assister à sa destruction. Le sol vibra sous leurs pieds et le rugissement de l'impact résonna dans l'air, ne laissant aucun doute sur l'issue.
Konoha avait été annihilé.
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