Incertitude !

Trois jours s'étaient écoulés depuis que Madara avait été sommé par Sakura de mettre un terme à ses déambulations, au nom d'une prescription de repos impérieuse. Et bien que les douleurs résiduelles de sa récente escarmouche fussent présentes, elles demeuraient à un niveau gérable. Pourtant, Sakura insistait sur une récupération totale, au mépris du désir de Madara de redécouvrir le plaisir de se déplacer à sa guise.

Il se retrouvait ainsi une fois de plus en proie à une routine médicale. La proximité de la jeune femme ne le dérangeait point, bien au contraire. Il appréciait réellement sentir Sakura à ses côtés, ses souvenirs résonnant du parfum captivant qu'elle avait déployé pour le séduire. Rien que d'y penser, cela le faisait vaciller.

— Aucune douleur, Madara-san ?

— Non, plus aucune douleur.

— Redressez-vous, ordonna Sakura en prenant ses distances.

Madara s'exécuta aisément, même si le mouvement s'effectuait avec une lenteur calculée. Les gestes rapides déployés lors de sa récente bataille avaient mis son corps à rude épreuve, entraînant ces désagréments.

— Toujours aucune gêne ?

— Non, je me sens bien.

— Parfait, déclara Sakura avant de s'accroupir. Aidant Madara à enfiler ses sandales, elle mêlait l'utile à l'agréable, consciente que les mouvements de baisse demeuraient encore un défi pour lui. Nous allons procéder à un échauffement avant d'entamer la rééducation.

Un large sourire éclaira le visage de Sakura alors qu'elle saisissait la main de Madara pour le soutenir, le conduisant résolument vers l'extérieur.

— Quel est notre plan, Sakura-san ?

— Il y a trois jours, durant notre affrontement, vous avez démontré que votre corps se remet correctement. Cependant, le combat a légèrement retardé mon programme, avec vos mouvements brusques et rapides... mais tout est désormais réglé. Ainsi, nous allons entamer une course, en douceur certes, mais une course tout de même.

Madara accueillit la nouvelle avec une satisfaction palpable. Il se considérait chanceux d'avoir cette alliée déterminée à ses côtés. Sans elle, il se demandait sincèrement ce qu'il serait devenu... probablement une dépouille six pieds sous terre ou proie des charognards.

— Je sais que, en tant que shinobi, nous pouvons soumettre nos corps à des épreuves intenses, mais étant donné que le vôtre est encore fragile, nous devons procéder à quelques étirements, annonça Sakura en se plaçant en face de son patient. Imitiez-moi, et surtout, ne poussez pas jusqu'à la douleur !

Madara suivit les gestes inhabituels que la jeune femme exécutait, découvrant des mouvements insoupçonnés jusqu'alors.

— À quoi cela va-t-il servir ? interrogea Madara en étirant l'une de ses jambes.

— Le chakra protège notre corps lors des courses, des combats, des sauts, ou toute autre activité physique essentielle à un shinobi. Avant d'utiliser votre chakra, il est nécessaire de renforcer vos muscles et articulations. Sans préparation adéquate par l'échauffement, vous pourriez vous causer plus de tort que de bien.

— Je saisis, répondit Madara.

— Aucune douleur toujours ? demanda Sakura, après dix minutes d'étirements divers.

— Aucune.

— Parfait, en avant.

Madara méditait silencieusement sur la possibilité que son père, s'il était encore en ce monde, aurait certainement désapprouvé son attitude actuelle. L'idée d'obéir à une femme aurait probablement déclenché une réaction violente de la part de ce patriarche implacable. Un Uchiha ne se soumettait à personne, encore moins un chef de clan, et certainement pas à une femme. Cependant, Madara était loin d'être son père, et il pouvait reconnaître la puissance individuelle quand il la rencontrait. Cette femme dégageait une force incontestable, et c'était peut-être la raison pour laquelle il se laissait guider par elle.

Alors qu'il suivait doucement la jeune femme, Madara se remémora les paroles de sa mère, prononcées il y a bien longtemps : « J'espère que tu trouveras un jour une femme capable de combler ton cœur, mon fils. » À l'époque, Madara n'avait que quinze ans, imprégné d'une éducation axée sur le combat, incapable de saisir la signification de ces mots maternels. Sa mère avait eu peu d'influence sur lui, étant donné qu'en tant que futur chef de clan, il devait rejeter toute influence féminine qui pourrait altérer sa vision du monde. Cependant, après trois mois aux côtés de Sakura, Madara commençait à entrevoir la vérité derrière les paroles de sa défunte mère.

L'union de ses parents avait été motivée par des considérations politiques pour renforcer les liens du clan Uchiha. Heureusement, sa mère était amoureuse de son père avant leur mariage, une rareté à l'époque Sengoku. Elle aspirait ardemment à ce que ses enfants connaissent le bonheur de cet amour véritable. Après tout, une mère ne désirait rien d'autre que le meilleur pour ses enfants.

Madara se questionnait sur ses propres sentiments. Était-ce de l'amour qu'il ressentait au fond de lui ? Et cette femme, Sakura, avait-elle le pouvoir de le rendre heureux ? Madara se rendait compte qu'il était incapable de reconnaître l'amour, même s'il se présentait devant lui de manière évidente.

— Salutations, Sakura-san! Lord-sama! cria Hitomi au loin, occupée à récolter du riz aux côtés de deux compagnes qui agitaient joyeusement la main.

— Bonjour! répondit Sakura, lançant un salut amical en direction de son amie.

Madara, peu enclin aux échanges verbaux, esquissa un léger signe de tête en direction d'Hitomi avant de reprendre sa course à la suite de Sakura.

Le temps s'écoula, Madara plongé dans ses pensées tout en répondant aux préoccupations constantes de Sakura concernant sa santé. La chaleur envahissait son corps, la sueur perlait, et il appréciait cette sensation physique intense qui lui avait tant manqué. Un léger sourire naquit sur ses lèvres.

Cependant, après un certain temps, ses cheveux devinrent une légère gêne.

— Sakura-san.

Le simple fait d'entendre Madara prononcer son nom fit s'arrêter net la jeune femme. Elle pensa immédiatement qu'il avait atteint ses limites.

— Oui? interrogea-t-elle en s'approchant de lui.

Madara tendit sa main en direction de la tête de Sakura, son regard intensément fixé sur elle. Elle sentit la main du brun s'enfoncer dans ses cheveux pour dénouer le bandeau rouge qui retenait sa chevelure rose. Les mèches retombèrent légèrement devant son visage, accentuant sa sauvagerie aux yeux du brun ténébreux.

— Pourriez-vous m'attacher les cheveux, je vous prie. Cela me gêne pour courir, demanda Madara d'une voix grave.

Avec une légère rougeur, Sakura saisit le bandeau rouge des mains de Madara. Elle se lança dans la création d'une queue-de-cheval haute pour Madara. Cependant, celui-ci demeura impassible, la dépassant de deux têtes en taille. Sakura se hissa sur la pointe des pieds pour atteindre sa chevelure.

Son visage était à présent à quelques centimètres du sien pendant qu'elle accomplissait sa tâche, et Madara en profita pour humer à nouveau son odeur. Il ferma les yeux, savourant cette sensation enveloppante.

Évidemment, ce geste ne passa pas inaperçu aux yeux de Sakura, qui vit sa propre rougeur s'intensifier encore plus lorsqu'elle découvrit le visage entièrement dégagé de Madara.

— Merci, chuchota Madara.

Madara observait en silence la jeune femme, qui bouleversait silencieusement la pièce principale. Déplaçant des meubles avec assurance, elle installa un imposant chevalet au cœur de la salle, disposant deux chaises à proximité avant d'y déposer une grande feuille. Initialement, Madara pensa à une séance de peinture, mais dès qu'il jeta un coup d'œil au croquis monumental qui prenait forme, il comprit la nature plus singulière de leur entreprise.

Sur la feuille se dessinait un bras minutieusement représenté, son réseau de chakra détaillé méticuleusement. Diverses annotations parsemaient l'espace autour.

— Est-ce bien ce à quoi je pense, Sakura-san ? s'enquit Madara en s'approchant.

— Oui, j'ai atteint un niveau suffisant dans ma technique pour entamer la reconstitution de vos Tenketsu, confirma Sakura, ajoutant un meuble supplémentaire à côté de sa chaise. Elle y disposa un nécessaire de Fûinjutsu, un récipient d'eau, et une serviette pliée.

— Je présume que cela va être douloureux.

— J'en ai bien peur, mais ce sera différent de la douleur à votre dos. Ce sera similaire à un tatouage, mais avec une intensité accrue... du moins, je l'espère, confirma Sakura en disposant méticuleusement son matériel.

Elle s'approcha de Madara, glissant ses mains avec une assurance délicate le long de ses côtés. Sous sa tunique, elle remonta avec précaution, libérant sa chair du textile. Pour Madara, chaque geste était une caresse qui lui infligeait une douce torture. Une fois dévêtu, il ne pensait plus qu'à répondre à ses pulsions refoulées depuis plus de trois mois. La femme en face de lui l'envoyait complètement dans l'abîme de la passion.

— Assis, ordonna Sakura, inconsciente de l'impact qu'elle avait sur le brun.

Elle prit place aux côtés de Madara, saisisson bras gauche encore en stase grâce au réseau de Fûinjutsu qu'elle avait préalablement déployé. Jetant un dernier regard sur ses notes, elle infusa du chakra au bout de ses doigts avant de l'appliquer délicatement sur le deltoïde de son patient.

La douleur s'ensuivit, aiguë, concentrée en un point précis, évoquant celle qu'il avait déjà endurée dans son dos. Sakura, dépourvue de la capacité de régénération prodigieuse de Naruto Uzumaki, se voyait contrainte d'opter pour une approche plus méthodique. Cette méthode impliquait la manipulation délicate des nerfs pour reconstituer les Tenketsu principaux. Guidée par la circulation sanguine, les nombreuses marques de brûlure à l'intérieur du bras de Madara devenaient ses repères. Elle sélectionna avec précision deux cellules, les isolant des autres avant d'initier un processus de mitose accélérée. Pendant près de deux minutes, elle libéra son propre chakra, exploitant avec finesse l'énergie physique contenue dans les cellules de Madara.

— Voilà, le premier Tenketsu est intact, lâcha Sakura après un moment, déclenchant un soupir de soulagement chez Madara, qui avait maintenu une tension palpable tout au long du processus.

Elle avait réussi là où personne n'avait réussi auparavant : la régénération.

— Cela va prendre du temps ? interrogea Madara, reprenant lentement son souffle. Supporter cette douleur à chaque Tenketsu s'annonçait comme un défi colossal.

— Malheureusement, oui.

— Combien de Tenketsu compose un bras ? demanda Madara. Il devait se préparer mentalement à une série de douleurs si chaque point nécessitait autant d'efforts.

— Plus d'une centaine... J'y retourne ! déclara Sakura, injectant une fois de plus son chakra dans le bras de Madara, provoquant une nouvelle crispation.

— Pourquoi une telle douleur ? questionna Madara, pourtant loin d'être considéré comme fragile, mais la douleur était d'une intensité inattendue. Sakura, concentrée sur sa tâche, ne répondit pas immédiatement. Une fois le deuxième Tenketsu remis en place, elle consentit à expliquer.

— Parce que je stimule vos nerfs. C'est pourquoi la fermeture des Tenketsu par les Hyûga avec leur technique du Poing Doux est aussi douloureuse.

Sakura prit une éponge, la mouilla, puis l'essora avant d'effacer quelques symboles du bras de Madara. Il était crucial d'éviter tout conflit entre ses sceaux et les nouveaux Tenketsu.

— Comment connaissez-vous le Poing Doux du clan Hyûga ? interrogea Madara, manifestant sa surprise. Après tout, le clan Hyûga était aussi secret que le clan Uchiha.

— J'ai eu l'occasion d'en rencontrer un par le passé... préparez-vous.

— Humrfff, grogna Madara, ressentant à nouveau cette vive douleur. C'était comme si son bras était chauffé à blanc en un seul point, la température augmentant progressivement.

— Relâchez.

— Comment avez-vous survécu à un Hyûga ? demanda Madara, connaissant bien la puissance de ce clan. D'après ce qu'il avait observé, Sakura semblait être une spécialiste du Taijutsu et du Fûinjutsu, accompagnée de quelques techniques de Ninjutsu. Pratiquement personne n'osait s'approcher d'un Hyûga, à moins de chercher la mort.

— C'était il y a longtemps, et sans mon Sensei, j'aurais eu de sérieux problèmes, mentit Sakura, ne pouvant révéler qu'elle avait grandi aux côtés d'une princesse du clan Hyûga en tant qu'amie. Mais je sais ce que c'est que de subir l'une de leurs attaques.

Sakura se rendit compte, peu à peu, qu'elle dévoilait peut-être un peu trop de détails sur son passé. Était-ce dû à l'émergence d'une confiance naissante envers cet homme ? Avait-elle, au fond d'elle, le désir de partager un jour sa véritable identité ? Elle était bien consciente qu'à un moment donné, elle pourrait laisser échapper quelque chose de compromettant. Avec la perspicacité de Madara, cela ne manquerait pas de susciter des soupçons, voire pire, il pourrait faire des déductions percutantes. Affronter un individu qui vous avait pris en flagrant délit de manipulation était, sans aucun doute, une entreprise extrêmement risquée.

— Madara-san...

— Oui, Sakura-san ? questionna le shinobi en observant Sakura interrompre son travail et baisser les yeux.

— Pourquoi me posez-vous toutes ces questions ? Je sais que nous sommes des shinobi et que l'information est vitale... mais quelle est la raison de votre grande curiosité à mon égard ? interrogea Sakura, cherchant à pénétrer les motivations profondes du grand Madara.

— Disons que... vous égayez ma curiosité.

— De quelle manière ? insista Sakura en voyant Madara plonger dans ses pensées. Il semblait chercher ses mots.

— Savez-vous à quel point cela peut être frustrant de voir les enseignements d'une vie jetés à la poubelle parce que vous rencontrez l'exception à la règle ? Je suis dans cette situation, Sakura-san. Vous êtes une femme ! On pourrait s'attendre à ce que vous soyez une personne faible, incapable de manier une arme, à qui l'on demanderait simplement d'être belle et de se taire. Mais au lieu de cela, cette personne qui devrait être inutile m'a sauvé des griffes de la mort, m'a soigné et a contribué à la récupération de l'usage de mon corps. Cette même femme est capable de briser une falaise et de se battre comme un shinobi. Donc, je ne suis certainement pas désolé d'être curieux envers quelqu'un comme vous.

Après un tel discours, Madara détourna le regard pour dissimuler sa gêne, lui évitant ainsi de remarquer la rougeur qui s'installait sur le visage de Sakura.

— N'avez-vous jamais eu quelqu'un dans votre vie, Madara-san ? demanda Sakura en préparant le prochain Tenketsu. Elle suivait ceux proches des artères en priorité avant de songer à faire ceux aux alentours.

— Humrg, gémit légèrement le patient en sentant son Tenketsu se reformer sous l'habileté de la jeune femme. J'ai eu de nombreuses conquêtes, si c'est ce que vous demandez.

— Je ne parle pas de filles de joie ou de courtisanes.

— Je ne crois pas en cette... chose que vous autres, les femmes, appelez l'amour.

— Pourquoi ? C'est l'une des plus belles choses que la vie ait à nous offrir, rétorqua Sakura avec incompréhension.

— Car cela vous affaiblit ! Un homme doit incarner la force ! Un chef de clan doit demeurer inébranlable, écrasant ses ennemis sans répit ! La survie du clan est en jeu, tout comme l'honneur de ma famille. Si je fléchis, mes adversaires en profiteront ! C'est ce qu'a accompli cet infâme Hashirama ! Par ma propre faiblesse, mon clan s'est soumis aux Senju ! s'exclama Madara, emporté par une douleur persistante qui le rongeait depuis près d'un quart d'heure. Donc non, je n'ai nul besoin de cet amour qui pourrait devenir une arme dirigée contre moi !

Après cette explosion de colère, Madara se libéra de l'étreinte de Sakura avant de se redresser. Il se dirigea vers l'extérieur pour retrouver la sérénité. Le sujet était douloureux pour lui : revisiter toutes les erreurs commises par faiblesse. Tout cela à cause d'une trêve conclue avec le clan Senju.

Il s'appuya contre l'encadrement de la porte, le regard fixé sur la vallée lointaine. Il n'avait jamais été aussi tourmenté par le doute. Depuis sa défaite face à Hashirama Senju, sa vie avait été chamboulée, sa conception du monde ébranlée, sa perception des êtres modifiée, et tout cela suscitait en lui une crainte profonde. Il redoutait de s'égarer, de commettre des erreurs qui pourraient causer davantage de tort à son clan. Pour l'une des rares fois de sa vie, il ressentait le désir de pleurer. De pleurer de rage, de haine, en raison de sa propre vulnérabilité.

Madara était tellement absorbé par ses pensées qu'il ne remarqua pas la jeune femme qui s'approchait. Ce n'est qu'au contact de sa main sur la sienne qu'il prêta attention à sa présence. Elle se tint face à lui, son visage exprimant une charge émotionnelle intense.

— Madara-san... vous n'êtes pas faible, murmura Sakura en caressant du pouce la main du brun. Un jour, mon sensei m'a confié une phrase gravée à jamais dans ma mémoire, révéla Sakura en observant Madara, toujours plongé dans la détresse. Un ninja qui abandonne sa mission n'est guère plus qu'un rebut, mais ceux qui tournent le dos à leurs compagnons sont encore plus méprisables que des déchets.

Sakura laissa s'écouler quelques précieuses secondes, veillant à ce que ses paroles pénètrent l'esprit tourmenté de Madara avant de poursuivre.

— Vous avez connu l'échec, Madara-san, mais vous n'avez jamais renoncé à votre famille, à votre clan. Vous avez lutté pour eux, pour leur intégrité, pour leur liberté...

— Sakura-san...

— Permettez-moi de terminer, je vous prie, déclara Sakura avant de poser sa deuxième main sur le visage de Madara, l'incitant à plonger son regard dans le sien. Ce que vous avez accompli pour votre clan est une démonstration d'amour. Vous avez combattu par amour envers votre famille, et c'est cette force qui vous a animé. À mes yeux, cela fait de vous un être fort, non pas faible... car en ce jour fatidique à la Vallée de la Fin, vous avez combattu pour autrui, pas pour vos intérêts personnels.

Madara glissa sa main valide sur celle de la jeune femme, déposée avec tendresse sur sa joue. Il savourait ce contact chaleureux sur sa peau, comme s'il était enfin compris pour la première fois de sa vie. Il se sentait comme un livre ouvert devant cette femme, déconcerté quant à la manière de réagir à cette proximité inattendue.

— J'espère de tout cœur qu'un jour, vous rencontrerez celle qui vous insufflera la force de persévérer sur ce chemin... car c'est l'amour pour votre famille qui a forgé l'homme que vous êtes, Madara-san. N'ayez aucune honte pour l'homme que vous êtes, conclut Sakura, stupéfaite elle-même par ses propres paroles.

Quand tu la rencontreras, tu comprendras, mon fils. La voix de sa mère résonnait inlassablement dans l'esprit de Madara alors qu'il contemplait Sakura devant lui.

— Merci, Sakura-san.

Tout en maintenant la main de Sakura dans la sienne, il revint à leur place initiale. Une fois que la jeune femme se réinstalla à ses côtés, elle reprit son œuvre d'Iryô Ninjutsu.

La prochaine heure s'écoula en silence, seulement troublée par les gémissements de douleur émanant de Madara. Après soixante minutes, la respiration du jeune homme devenait saccadée, son corps éprouvant de légers tremblements sous la pression persistante.

— Pour aujourd'hui, c'est suffisant. Le réseau de Tenketsu sur l'artère principale est rétabli. Allongez-vous, Madara-san, je vais vous chercher de quoi soulager la douleur.

Madara glissa avec soulagement entre les draps de son lit, accueillant le repos avec une avidité évidente. L'épuisement pesait sur ses épaules, et son unique désir à cet instant précis était de plonger dans les abysses de l'inconscience. À peine installé, Sakura réapparut, portant un verre d'eau et un petit sachet d'herbe médicinale. Elle déversa les bienfaits de l'herbe dans la bouche de Madara, lui tendit le verre d'eau pour étancher sa soif.

— Dormez maintenant, murmura Sakura, posant délicatement ses doigts sur la tempe de Madara, invoquant le pouvoir apaisant de son chakra pour l'envoyer dans le royaume du sommeil.

Perdue dans ses pensées, Sakura se demanda ce qui lui arrivait. Un besoin impérieux de venir en aide à Madara l'envahissait, mais la source de cette pulsion restait insaisissable. Était-ce parce qu'il lui témoignait d'une certaine confiance, ou bien parce que, pour la première fois, Madara partageait ses tourments avec quelqu'un ? Ou peut-être était-ce sa nature honorable qui attisait ce sentiment chez elle ? Sakura, déconcertée, ne parvenait pas à décrypter cette émotion, peut-être par crainte de ce qu'elle pourrait découvrir en son sein.

Bien qu'elle s'en défende, Sakura n'était pas dupe. Elle percevait l'attrait qu'elle éprouvait envers lui, appréciant ses compliments sur sa beauté, décelant son regard discret. C'était une étrangeté indéniable, mais une étrangeté qui lui plaisait. Avant qu'elle ne puisse s'interroger davantage, la voix de son amie se fit entendre depuis l'extérieur, interrompant le flot de ses pensées.

— Sakura-san! s'écria Hitomi en approchant de la maison.

Sakura couvrit Madara avec le drap jusqu'à la taille avant de finalement émerger pour accueillir son amie. Drapée dans une robe bleu-gris, usée aux trois quarts et délavée, elle arborait un haut blanc cassé en contraste avec sa longue chevelure noire.

— Bonjour, Hitomi-san, s'exclama Sakura avec un grand sourire à la vue de son amie.

— Bonjour ! répondit Hitomi en se dirigeant vers Sakura pour la prendre dans ses bras. Pour Sakura, avoir quelqu'un qui se comportait ainsi avec elle était une bouée salvatrice. Ayant tout perdu, renouer des liens l'empêchait de sombrer dans la folie. Bien qu'elle aurait aimé partager son fardeau, Hitomi ne pourrait pas saisir l'ampleur de son secret.

— Qu'est-ce qui t'amène? demanda Sakura en se séparant de la brune.

— Juste le plaisir de te voir, répondit Hitomi avec un sourire espiègle.

— Je n'aime pas ce sourire, Hitomi-san.

— Nous n'avons pas pu discuter depuis cette fameuse journée au village, quand toi et le... commença à dire Hitomi, chuchotant tout à coup en couvrant sa bouche de sa main. Et le magnifique Uchiha-sama, si tu vois ce que je veux dire.

Un léger rougissement apparut sur les joues de Sakura face à ce commentaire.

— Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler, feignit Sakura avant d'ouvrir la porte de la cuisine et d'inviter son amie à la suivre.

— Uchiha-sama est là ?

— Il dort actuellement, répondit Sakura avant de prendre un set de thé et de l'installer sur la table. Comme d'habitude Hitomi ?

— Oui.

Elle venait régulièrement rendre visite à son amie pour discuter et surtout pour éviter qu'elle ne se sente trop seule. Comme à chaque fois, elle observa la jeune femme préparer le thé avec l'utilisation de sa magie. Remplissant la théière d'eau, elle déposa ses doigts sur un symbole qui s'illumina à son contact, laissant échapper de la vapeur du récipient après quelques secondes.

— Comment va le village? demanda Sakura en versant l'eau infusée dans deux tasses.

— Le village va bien. Les gens parlent beaucoup de vous et de ce que vous avez accompli la dernière fois.

— Du sucre, Hitomi-san?

Un petit sourire se dessina sur le visage de Sakura. Elle avait fait découvrir le sucre à Hitomi, un ingrédient de luxe que peu de personnes pouvaient se permettre. Sans attendre de réponse, elle versa une cuillère de sucre dans sa tasse et lui tendit.

— Tu sais que tu n'es pas obligée.

— Ce n'est rien pour moi, et tu le sais, ajouta Sakura avant de souffler sur sa propre tasse. Je suis désolée, Hitomi. J'espère que nous n'avons effrayé personne au village.

— On a tous eu peur... ce que vous avez fait tous les deux relève du miracle. Ce sont des choses que l'on ne voit que dans les contes et les légendes, et pourtant..., avoua Hitomi en repensant à l'autre jour. N'importe qui aurait eu peur, mais vous nous avez protégés et n'avez jamais fait de mal.

— Et tu sais que jamais je ne vous ferai de mal Hitomi-san.

— Bien sur, en tous cas mon fils ne jure que par Uchiha-sama.

— Ah bon ?

— Cela semble banal pour toi, ce que vous avez fait, mais pour les enfants, ils ont vu des justiciers, raconta Hitomi, qui avait passé la soirée à calmer son fils. Celui-ci n'avait cessé de raconter l'événement. Enfin bref, une grosse caravane est passée aujourd'hui. Ils allaient en direction de la capitale et venaient d'Hi No Kuni.

— Vraiment ? De quelle envergure ?

— Facilement une vingtaine de chariots.

Sakura comprit que le Daimyô s'était mis en marche et que les premières caravanes étaient de retour. Il avait dû suivre les conseils de Madara et se lancer dans la récolte et l'achat de ressources dans les autres pays. Il faudrait bientôt rendre visite au Daimyô, et Sakura se chargerait d'en informer Madara dès son réveil.

— Sinon, pour en revenir à quelque chose de plus intrigant, commença Hitomi avec un sourire malicieux. Il y a quoi entre toi et monsieur beau gosse ?

— Absolument rien, rétorqua un peu trop rapidement la jeune femme en sirotant son thé.

— Sauf que je suis une femme, Sakura. Contrairement aux hommes qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, je sais voir les signes quand j'en ai sous les yeux. Et j'ai vu ton regard, Sakura-san... n'oublie pas que j'ai été plus jeune, moi aussi, dit Hitomi en repensant à sa jeunesse. Certes, elle était encore une belle femme pour quelqu'un de plus de quarante ans, mais elle ne pouvait pas rivaliser avec Sakura.

— Je t'avoue que je ne sais pas moi-même, confia Sakura en baissant les yeux. Elle ne savait effectivement pas elle-même ce qu'elle désirait.

— Qu'est-ce qu'il représente pour toi, Sakura ? demanda Hitomi, en enlevant le suffixe -san à cause de la conversation plus sérieuse.

— Je ne sais pas, en fait si, il m'aide à oublier, mais en même temps me rappelle les douleurs du passé.

— Tu le connaissais d'avant ?

— C'est compliqué, Hitomi.

— Quand tu me dis ce genre de chose, j'ai l'impression d'entendre l'une de ces histoires que me racontait Mémé Mia sur un amour interdit entre deux personnes, car tout les opposait, raconta Hitomi avant de siroter son thé et de savourer ce petit goût sucré.

— Je ne l'aime pas, Hitomi, dit Sakura avec force, avant de finalement baisser de nouveau les yeux et de répéter cette phrase. Peut-être pour se convaincre elle-même. Je ne l'aime pas...

— Saku...

— Hitomi, s'il te plaît, implora Sakura qui ne voulait surtout pas affronter cela maintenant. Je... je ne suis pas prête pour cela.

— Je te demande pardon, Sakura, s'excusa Hitomi, qui vit qu'elle avait peut-être franchi la limite. Elle était peut-être son amie, mais elle ne connaissait pratiquement rien de cette femme, encore moins de sa vie passée. Pour qu'une femme soit aussi forte et compétente, elle avait probablement dû souffrir dans sa vie d'avant. Je vais te laisser, Sakura. Le jour où tu seras prête à en parler, dis-le-moi. Je ne désire que te voir heureuse, Sakura.

— Merci, Hitomi.

Hitomi se dirigea vers la sortie après avoir fini sa tasse de thé, enfila ses chaussures et se retourna une dernière fois avant de partir.

— Prends soin de toi, Sakura, et sache que toi aussi tu as droit au bonheur.

[Voici une image d'Hitomi.]

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