Hashirama Senju !
Dix jours s'étaient écoulés depuis qu'Hashirama Senju était rentré triomphant de son affrontement titanesque contre Madara Uchiha. Acclamé en héros par son peuple et par tout Konoha, il portait désormais le poids d'une victoire qui scellait bien plus que la fin d'un duel : elle consacrait la suprématie du clan Senju. Seul le clan Uchiha restait en retrait, leur accueil teinté d'une amertume silencieuse. Bien qu'ils n'aient pas tous suivi Madara dans sa rébellion, sa défaite signifiait la chute de leur chef vénéré, un coup symbolique qui les plaçait sous la domination de leurs rivaux.
Cette bataille avait cependant laissé des traces profondes en Hashirama. Le besoin de repos se faisait sentir, impérieux. Dix jours de réflexion et de souvenirs le ramenaient sans cesse à son duel avec Madara, son ancien ami, ce frère d'armes avec qui il avait rêvé de bâtir un monde de paix. Hashirama avait tout tenté pour le ramener à la raison, pour lui rappeler leur idéal commun. Car Hashirama croyait fermement en la bonté humaine, même chez Madara. Pendant une grande partie du combat, il s'était retenu, nourrissant l'espoir de sauver celui qu'il refusait de voir comme un ennemi.
Mais Madara ne prêtait pas l'oreille à ses supplications. Pire, dans un acte de défi ultime, il avait invoqué le Kyûbi, menaçant de détruire Konoha, ce village qu'ils avaient érigé ensemble. Face à une telle détermination aveugle, Hashirama n'eut d'autre choix que de se résoudre à utiliser toutes ses compétences pour l'arrêter. Cette décision, bien que nécessaire, le hantait encore.
Malgré la victoire, Hashirama ne s'était toujours pas remis. Dix jours après, ses forces ne lui étaient pas revenues, et il se sentait même plus affaibli qu'au lendemain du combat. Son orgueil lui interdisait de l'avouer, mais la bataille l'avait marqué plus profondément qu'il ne l'aurait imaginé.
Heureusement, sa femme Mito avait été un soutien inestimable. Maîtresse du Fûinjutsu, elle avait permis de sceller le Kyûbi en elle, devenant ainsi la première Jinchûriki du démon renard. Sans son intervention, l'issue du combat aurait pu être tout autre.
Mais à présent, une nouvelle inquiétude troublait l'Hokage. Pourquoi ses réserves de chakra refusaient-elles de se régénérer ? Hashirama devait à tout prix retrouver ses forces. Konoha avait besoin de lui, et bien que Madara ait été vaincu, il savait que la paix restait fragile. Les tensions entre les grandes nations n'étaient pas apaisées, et même avec le partage des démons à queues, les rivalités ne s'étaient pas éteintes.
Cela ne pouvait plus durer. Presque un mois s'était écoulé, et son état ne cessait d'empirer. Hashirama Senju se sentait de plus en plus faible, au point d'avoir confié à son frère Tobirama la gestion du village. Son cadet, naturellement inquiet, avait essayé de comprendre la situation, mais Hashirama avait réussi à détourner son attention en lui confiant une tâche délicate : apaiser les tensions persistantes avec le clan Uchiha.
Ainsi, Hashirama put se concentrer entièrement sur son rétablissement. Dans le plus grand des secrets, il fit convoquer les meilleurs médecins et savants de tout Hi no Kuni. Pourtant, aucun de ces érudits n'avait trouvé de réponse à son mal mystérieux.
À force de chercher des explications, Hashirama en vint à se demander si Madara Uchiha n'avait pas utilisé une technique secrète qui serait responsable de ses symptômes. Déterminé à comprendre, il se plongea dans les anciens rouleaux de son clan ainsi que dans les manuscrits qu'il possédait. C'est là qu'il redécouvrit une technique familière : l'Iryô Ninjutsu, qu'il maîtrisait depuis longtemps sans avoir besoin de mûdras. Cependant, en poursuivant ses lectures, il comprit que le Senjutsu pouvait renforcer les techniques de Ninjutsu. Il en déduisit que s'il arrivait à combiner l'Énergie Naturelle avec ses compétences en médecine, il pourrait obtenir des résultats bien plus efficaces que ceux des médecins.
Le Senjutsu était une discipline délicate, exigeant une maîtrise parfaite du chakra pour canaliser l'Énergie Naturelle environnante et la fusionner avec son propre flux énergétique. Peu de shinobi étaient capables de cet exploit, mais Hashirama, en tant qu'expert, se sentait prêt. Il ferma les yeux et se concentra, ressentant les flux d'énergie vivante autour de lui, imprégnant lentement son corps.
Tout semblait se dérouler comme prévu jusqu'à ce que, au moment de diriger cette énergie vers ses bobines de chakra, quelque chose tourne mal. Plutôt que de se mélanger harmonieusement, les deux courants d'énergie se rejetèrent mutuellement, déclenchant une douleur fulgurante qui traversa tout son corps. Jamais Hashirama n'avait ressenti une telle souffrance. Il hurla presque d'agonie.
— Hashirama ! cria Mito en accourant vers lui.
Recroquevillé sur lui-même, il frappait le sol avec une telle force qu'il le fissurait à chaque coup, ses cris résonnant dans toute la maison. Mito, impuissante, ne pouvait que regarder, attendant que la tempête s'apaise.
Après de longues minutes, la douleur s'atténua enfin, laissant Hashirama en proie à des tremblements incontrôlables, couvert de sueur. Il était épuisé, son souffle haletant.
— Qu'est-ce qui m'arrive ? demanda-t-il, le regard perdu, encore secoué par l'angoisse de ce qu'il venait de vivre.
— Que s'est-il passé ? s'inquiéta Mito, incapable de dissimuler sa peur.
Hashirama appréciait la bienveillance de son épouse, une des nombreuses qualités qui l'avaient attiré chez elle. Leur mariage avait certes scellé une alliance politique, mais Hashirama aimait sincèrement Mito, et sa prévenance le touchait toujours profondément. Pourtant, il ne pouvait pas lui mentir.
— Je... je ne sais pas, avoua-t-il, troublé.
— Tu dois consulter quelqu'un ! Cela ne peut pas continuer ainsi !
— J'ai déjà essayé... Mais personne n'a trouvé de réponse. Même les anciens écrits de mes ancêtres sont muets sur ce que je ressens depuis ce combat.
— Penses-tu que Madara t'aurait fait quelque chose ?
— J'y ai pensé... Mais aussi puissant que Madara ait été, je doute que cela vienne de lui. S'il avait disposé d'une telle technique, il s'en serait servi bien avant.
— Tsss, toujours à le défendre malgré tout ce qu'il t'a fait et tout ce qu'il a infligé au village ! siffla Mito, manifestement irritée.
— Mito... il..., commença Hashirama, essayant de désamorcer la rancœur de son épouse.
— Je sais ! coupa-t-elle. Nous en avons déjà parlé. Mais tu ne connais personne qui pourrait t'aider ?
Malgré son épuisement, Hashirama s'assit en tailleur pour réfléchir. Ce simple mouvement lui demanda un effort considérable, mais dans cet instant de concentration, une idée lui vint à l'esprit.
— Peut-être..., murmura-t-il. Je vais partir.
— Où comptes-tu aller ? Je viens avec toi, répondit Mito, inquiète.
— Non, reste ici, rétorqua Hashirama avec une fermeté inattendue. Le monde ne doit pas savoir que je suis dans cet état, et Konoha ne doit pas perdre l'alliance avec ton père.
Mito s'apprêtait à insister, mais Hashirama se leva lentement.
— Je vais à Hi no Tera, le monastère de Hi no Kuni. Là-bas, je serai en sécurité, et peut-être que je trouverai des réponses.
Une fois sa décision prise, Hashirama quitta Konoha sans en avertir personne, pas même son frère cadet. Tobirama avait déjà prouvé qu'il était tout à fait capable de gérer le village en son absence.
Le trajet entre Konoha et le monastère de Hi No Tera ne prenait normalement que quelques jours. Mais pour Hashirama, ce périple dura presque deux mois. Contraint de voyager à pied, il ne pouvait se permettre d'utiliser la moindre quantité de chakra. Après plusieurs tentatives infructueuses, il avait dû accepter une vérité amère : chaque usage de son chakra l'affaiblissait davantage, et il lui fallait de plus en plus de temps pour récupérer une fraction de ses forces.
Malgré tout, être Hashirama Senju lui offrait un avantage précieux. Il pouvait se fondre dans la nature, ressentir les énergies environnantes et éviter tout contact avec d'autres personnes. Il utilisait également la nature pour subvenir à ses besoins vitaux, mais même cela ne suffisait pas à empêcher la fatigue de le ronger jour après jour.
Son état empirait à chaque pas. Bientôt, il fut contraint d'utiliser une branche d'arbre comme canne pour avancer. Si quelqu'un l'avait aperçu dans cet état, il aurait eu du mal à le reconnaître. Hashirama, autrefois glorieux et imposant, n'était plus que l'ombre de lui-même. Son visage, amaigri par la perte de chakra, portait des joues creusées et des cernes profondes. Il arborait aussi une barbe négligée de deux mois.
Un jour, alors qu'il contournait un arbre, il aperçut enfin sa destination : Hi No Tera. La petite muraille de pierre qui entourait le monastère apparut au sommet d'une colline.
Grimpant péniblement la pente, il atteignit les grandes portes de bois du monastère. Il leva l'anneau de fer qui servait de heurtoir et frappa doucement. S'appuyant sur son bâton, il attendit, cherchant à reprendre son souffle.
Après quelques minutes, la porte s'ouvrit. Un homme en robe beige, les mains posées sur un chapelet de perles, se tenait là. Une aura de sérénité et de paix émanait de lui.
— Que puis-je pour toi, mon fils ? demanda le moine, d'une voix posée.
— Je demande asile, répondit Hashirama.
— As-tu des péchés à expier ?
— Celui d'avoir fait confiance à la mauvaise personne, répondit Hashirama en pensant à Madara. Mais je viens surtout pour voir Kenzo Hyûga.
Le moine ne sembla nullement perturbé par cette demande.
— Pourquoi veux-tu le voir ? demanda-t-il calmement.
Le monastère, bien que respecté de tous, restait un lieu à l'écart des conflits. Les moines, dévoués à la méditation, savaient pourtant se défendre si nécessaire. Jusqu'à présent, aucun trouble n'avait jamais dérangé leur paix.
— Personne ne parvient à comprendre ce qui me ronge, et je sens que mes jours sont comptés, expliqua Hashirama.
Le moine prit quelques instants pour observer l'homme devant lui.
— Qui es-tu ? demanda-t-il finalement.
— Hashirama Senju, chuchota-t-il.
À ces mots, le moine examina avec plus d'attention son visiteur. Il vit dans ses yeux une grande lassitude, mais aussi une volonté farouche de survivre. Après un moment de réflexion, le moine se détourna, passant à travers la porte en faisant signe à Hashirama de le suivre.
Hashirama Senju fut accueilli au monastère où il se conforma rapidement au rythme austère des lieux. Une chambre simple, au confort rudimentaire, ainsi que des vêtements propres lui furent attribués. Ces habits, bien plus modestes que ceux qu'il portait autrefois, correspondaient à la philosophie du temple, qui prônait le détachement des biens matériels superflus. Ici, le silence n'était pas imposé, mais s'imposait de lui-même, interrompu uniquement par les sons apaisants de la nature ou les moments de prière commune.
Bien que l'automne soit bien avancé, la chaleur persistait, permettant encore de profiter du calme à l'extérieur. Hashirama passait ses journées assis à l'ombre des arbres, trop affaibli pour de longs déplacements, attendant désespérément le retour de Kenzo Hyûga. Ce dernier, absent depuis plusieurs jours, laissait planer l'incertitude quant à son retour.
La lente dégradation de l'état de Hashirama rendait son attente insupportable. Chaque jour le rapprochait un peu plus de la fin, et il redoutait de ne pas survivre assez longtemps pour recevoir l'aide qu'il espérait tant.
Ce jour-là, alors que midi approchait, il entendit des pas légers se rapprocher de lui. Par politesse, il aurait dû ouvrir les yeux et saluer la personne, mais même ce simple geste nécessitait un effort qu'il ne pouvait plus se permettre. Affaibli, il sentait sa vie lui échapper, loin de son village bien-aimé, loin de son épouse, Mito. Mourir ainsi, seul et dans l'agonie, loin de tout ce qui lui était cher, lui semblait bien plus cruel que de tomber au combat. Il aurait mille fois préféré une mort plus digne, plus honorable.
Il sentit la présence s'arrêter à côté de lui, puis quelque chose fut déposé à ses pieds. Hashirama ouvrit lentement les yeux et aperçut un bol de riz fumant accompagné d'une carafe d'eau. L'homme en robe beige s'installa calmement devant lui, en tailleur.
— Que t'est-il arrivé, Hashirama ? demanda-t-il d'une voix posée.
Le Senju leva péniblement les yeux et reconnut avec soulagement son interlocuteur.
— Kenzo..., murmura Hashirama, soulagé mais à bout de forces.
— On m'a dit que tu me cherchais, poursuivit le Hyûga tout en mangeant tranquillement son propre bol de riz.
La présence de Kenzo redonna à Hashirama une bouffée d'espoir, un dernier élan vital.
— Oui... Je pense que toi seul peux comprendre ce qui m'arrive, répondit Hashirama.
— Je t'écoute, dit Kenzo, attentif.
— Depuis mon combat contre Madara, je me sens épuisé. Chaque jour, chaque minute est un supplice. Mon énergie me quitte, mon âme semble prête à partir. Et quand je cherche le repos, je ne vois que les ténèbres qui m'attendent, prêtes à m'emporter, expliqua Hashirama, peinant à tenir son bol de riz.
Kenzo l'observa attentivement, chaque geste de Hashirama trahissant une faiblesse profonde. Le Senju ne parvenait même plus à utiliser ses baguettes et mangeait avec ses doigts, son corps tremblant sous l'effort.
— As-tu consulté d'autres experts ? demanda Kenzo, pensif.
— Sans succès, répondit Hashirama, désabusé.
— Penses-tu qu'il s'agisse d'une technique de Ninjutsu ?
— J'y ai pensé. Peut-être que Madara m'a infligé cela lors de notre dernier affrontement, répondit Hashirama, plongé dans ses réflexions.
Kenzo continua de manger silencieusement, ses yeux perçants ne quittant pas le visage de son ami.
— Si j'utilise du chakra, je m'épuise encore plus vite. Et la dernière fois que j'ai tenté d'y intégrer l'énergie naturelle... c'était une douleur insupportable, ajouta Hashirama. Jamais je n'ai ressenti une telle souffrance.
L'intérêt de Kenzo s'intensifia.
— Décris-moi cela, demanda-t-il avec insistance.
— Plus j'essayais de malaxer l'énergie naturelle, plus j'avais l'impression d'être transpercé par mille aiguilles. Chaque coup semblait chargé d'électricité, et cela a duré... un temps interminable.
Kenzo fronça les sourcils. Il activa son Byakugan, observant minutieusement le système de chakra de Hashirama. Ce qu'il découvrit le choqua profondément.
— C'est toi le problème Hashirama.
— Comment ça ? répondit le Senju, incrédule.
— Ton réseau de chakra... Il est brisé, Hashirama.
Kenzo fit un trou dans une cruche d'eau avec son chakra.
— Regarde, la cruche fuit. Il en est de même pour ton chakra. Il s'échappe de ton réseau, causant ta propre faiblesse.
— Mon propre chakra me tue ? s'étonna Hashirama.
— Exactement. Ton chakra s'écoule en dehors des canaux normaux, perturbant ta capacité à te rétablir et menaçant ta vie, expliqua Kenzo avec gravité.
Hashirama, désespéré, essaya de proposer une solution.
— Ne pourrais-je pas me soigner avec mon propre chakra, comme je l'ai toujours fait avec l'Iryô Ninjutsu ? Tu pourrais me guider avec ton Byakugan.
Kenzo soupira.
— As-tu déjà essayé ? Et la douleur que tu as ressentie, tu l'as oubliée ? répliqua-t-il.
Hashirama baissa les yeux, sachant pertinemment que son ami avait raison.
— Ne précipite pas les choses. Les réponses viendront en temps voulu, comme l'enseignent les moines, lui rappela Kenzo. Je suis ici, n'est-ce pas ce que tu souhaitais ?
— Je veux juste guérir, Kenzo. Ma femme m'attend, répondit Hashirama, avec un désespoir palpable.
Kenzo se leva.
— Je ne sais pas si je peux tout résoudre, mais si je ne fais rien, tu mourras ce soir. Es-tu prêt à supporter la douleur pour survivre ?
— Oui, tout plutôt que de mourir et d'abandonner ceux que j'aime.
Kenzo hocha la tête et adopta une position de combat. Il utilisa la technique Hakke Rokujūyon Shō, frappant rapidement les 64 Tenketsu de Hashirama pour bloquer la circulation de son chakra.
À chaque frappe, Hashirama ressentait un mélange de soulagement et de douleur. Finalement, il s'effondra, tremblant.
— C'est fini, ton chakra est stabilisé, dit Kenzo en relâchant son souffle. Mais il te faut maintenant du repos. Je chercherai une solution pour réparer tes bobines de chakra.
— Merci, murmura Hashirama, épuisé mais reconnaissant.
Kenzo, le prenant dans ses bras, le porta jusqu'à sa chambre.
— Repose-toi, tout ira mieux à ton réveil, murmura Kenzo, laissant Hashirama sombrer dans un sommeil réparateur.
Contrairement à ce qu'avait espéré Hashirama Senju, il était loin d'avoir retrouvé ses forces, même après plusieurs jours. Non, cela faisait déjà trois mois qu'il se cachait dans le temple du feu d'Hi No Kuni.
Après l'intervention de Kenzo Hyûga, il avait sombré dans un sommeil profond durant quatre jours entiers avant de péniblement ouvrir les yeux. Il lui avait fallu une demi-journée supplémentaire pour simplement réussir à se redresser.
Aujourd'hui, après trois mois, son état n'avait guère évolué, si ce n'est peut-être empiré. Pourtant, Kenzo Hyûga restait catégorique : Hashirama était sur la voie de la guérison. Il veillait cependant à ne pas le lui dire trop vite, pour éviter de précipiter sa convalescence. Il connaissait l'entêtement légendaire du Senju et voulait lui offrir toutes les chances de récupérer, même si cela ne représentait que 10 % de sa capacité à malaxer le chakra.
Un autre shinobi, confronté à la même blessure, aurait probablement dû abandonner la voie du ninja et embrasser une vie civile. Mais ni Kenzo ni Hashirama ne savaient encore que ce dernier était la réincarnation d'un des fils du Rikudô Sennin, ce qui lui conférait une résistance hors du commun et une capacité innée à se soigner. Lentement mais sûrement, son chakra revenait, tout comme sa force physique. Les bobines de chakra cicatrisaient lentement, et Kenzo, bien que surpris de constater cette guérison, préférait rester prudent et silencieux à ce sujet.
Ce matin-là, après avoir achevé sa séance de méditation en compagnie du Senju, Kenzo lui posa une question inattendue :
— Que comptes-tu faire, Hashirama ?
— Que veux-tu dire ? répondit l'ancien Hokage, intrigué.
— Je sais que tu as parlé avec l'un des moines hier, et que tu as entendu parler des troubles qui agitent les nations. Mais ne te fais pas d'illusions : tu ne seras plus jamais un shinobi, mon ami. Ce temps est révolu, déclara Kenzo avec un sérieux implacable.
— Comment peux-tu dire cela ? Je... je me sens déjà mieux ! Je t'assure, je sens que mon corps guérit ! insista Hashirama, refusant d'accepter cette réalité.
— Alors lève-toi et marche ! Montre-moi à quel point ton corps est guéri ! rétorqua Kenzo, avec une pointe d'ironie.
Kenzo Hyûga n'était pas du genre à faire dans la dentelle. Il n'aimait pas édulcorer ses propos et, plus encore, il avait une profonde aversion pour la nature humaine. Peu lui importait qu'Hashirama soit considéré comme un dieu parmi les shinobis, ou qu'il soit Hokage. À ses yeux, l'homme n'était qu'un être humain, sujet aux mêmes faiblesses que les autres.
Hashirama, piqué dans son orgueil, tenta de rassembler ses maigres forces pour se lever. Mais ses efforts furent vains : à peine réussit-il à se soulever légèrement avant de retomber lourdement au sol. Visiblement, il n'était toujours pas en état de bouger.
— Voilà bien l'orgueil des hommes ! Vanité pure ! lança Kenzo avec mépris, alors qu'Hashirama reprenait sa position assise, les épaules affaissées. Ce n'était pas une simple suggestion, Hashirama. C'est la vérité. Oublie la voie du shinobi.
— Mais alors, que suis-je censé faire ? Toute ma vie, je n'ai été qu'un shinobi, répondit Hashirama, désespéré par la tournure des événements.
— Oui, ton corps va mieux. Ne t'es-tu jamais demandé pourquoi tu es encore en vie ? Il y a trois mois, je ne te donnais pas plus d'une semaine à vivre. N'es-tu pas satisfait de ce simple fait ?
— Je... je ne peux pas abandonner mon peuple, murmura Hashirama.
— Cesse de t'écouter. Avec le rythme auquel ta guérison avance, il te faudra des années avant de pouvoir utiliser ton chakra à nouveau. Et même alors, je doute que tu retrouves toutes tes capacités d'antan, répondit Kenzo en contemplant le sanctuaire.
— Mais j'ai attendu toute ma vie pour réaliser ce rêve de village... je ne peux pas abandonner maintenant !
— Que comptes-tu faire dans ton état ? Ton peuple saura se débrouiller sans toi. La seule menace capable de leur nuire est morte et enterrée. Et de toute façon, personne n'est éternel, lança Kenzo en tournant son regard vers Hashirama.
Ces paroles firent frissonner le Senju. Il savait, bien sûr, qu'il n'était pas immortel, mais accepter l'idée que son heure était peut-être proche était une autre affaire.
— Mais tu l'as dit toi-même : des troubles agitent le monde. Si des tensions se créent à nouveau, je dois agir !
— Et que feras-tu ?
— La guerre, murmura Hashirama, comme s'il n'y avait pas d'autre option.
— La guerre ? Encore ? Depuis combien de temps la fais-tu ?
— Depuis... toujours, répondit-il en se rendant compte que toute sa vie n'avait été que conflits et batailles.
— Et pourtant, c'est la seule solution que tu envisages ? Les hommes oublient bien vite pourquoi ils se battent.
— Je...
— Hashirama, n'as-tu pas désiré la paix plus que tout ? N'est-ce pas pour cela que tu t'es dressé contre ton seul ami ?
— Je n'ai pas oublié mes objectifs ! J'ai créé la paix entre les nations, j'ai partagé les Bijû pour instaurer la stabilité, et j'ai combattu Madara pour protéger cette paix !
— Et te voilà prêt à replonger dans la guerre ? répliqua Kenzo, le regard las. L'homme est inconstant, et tu n'échappes pas à cette règle.
— Parce que la paix doit perdurer ! J'ai fait tout cela pour éviter de nouveaux conflits. Je dois intervenir !
La certitude démesurée d'Hashirama irritait Kenzo, tout autant que sa vision naïve du monde.
— Hashirama, c'est ta naïveté qui t'a mené là où tu es.
— Que veux-tu dire ?
— Tu as trop facilement tendu la main à celui que tu appelais ton ami, et vois où cela t'a conduit. Il est temps que tu comprennes que tout est équilibre. Trop de lumière engendre l'obscurité, trop d'amour crée la haine. C'est un principe immuable, valable aussi pour les hommes. Parfois, il faut couper les branches pourries pour que l'arbre puisse croître.
— Tu es bien trop radical, Kenzo.
— Et toi, bien trop laxiste ! Ton rôle était de protéger ton peuple, et qu'as-tu fait ? Tu as laissé la menace pénétrer au cœur de ton village, et en retour, il a tout détruit.
Hashirama grogna.
— Je comprends pourquoi mon frère t'appréciait tant.
— Il fera sans doute un meilleur Kage que toi, conclut Kenzo.
Encore soixante jours s'étaient écoulés sans que l'état de Hashirama ne montre de progrès significatif. Certes, il parvenait désormais à accomplir les gestes du quotidien sans trop de difficulté, mais il restait bien loin de l'agilité et de la vivacité qui le caractérisaient autrefois.
La guerre faisait rage depuis près d'un mois, et ce n'est qu'à présent que la nouvelle atteignait le Temple du Feu.
— Que fais-tu, Hashirama ? demanda Kenzo Hyûga, observant son ami s'agiter.
— Je vais rejoindre les miens ! répondit le Senju, déterminé, tout en s'habillant.
— Et une fois là-bas, que comptes-tu faire ? répliqua Kenzo avec une pointe de scepticisme.
— Me battre, protéger mon peuple ! affirma Hashirama, résolu.
— Tu penses vraiment y parvenir dans ton état ? lança Kenzo, sarcastique.
— Tu ne comprends pas, Kenzo ! Je dois y aller ! Je ne peux pas rester ici alors que les miens meurent sur les champs de bataille ! Je suis un shinobi, ma place est au combat, pas dans ce temple à méditer ! s'emporta Hashirama.
— Tu "dois" y aller ? Pour qui te prends-tu ? Tout cela n'est que de l'orgueil ! Le monde n'a pas cessé de tourner parce que tu es enfermé ici. La vie continue, Hashirama, que tu le veuilles ou non, avec ou sans toi.
— Tu voudrais que je reste ici, les bras croisés, pendant que mes camarades se font massacrer ? s'indigna Hashirama. Si j'étais à leurs côtés, je pourrais les sauver !
— Les sauver ? murmura Kenzo, son ton devenant plus grave. Sois honnête avec toi-même, Hashirama... Dans ton état actuel, tu ne tiendrais même pas face à un Genin. Tu veux vraiment être un poids pour ta famille et ton peuple ?
— Je... Kenzo, je ne peux pas abandonner les miens ! Ce sont mes amis, ma famille, mon peuple ! s'exclama Hashirama, désespéré par son incapacité à agir.
Au fond de lui, il savait que tenir debout relevait déjà d'un miracle, mais son esprit de guerrier refusait de se soumettre à la faiblesse. Kenzo, quant à lui, observait silencieusement cet homme autrefois si puissant. Il voyait là l'une des grandes tragédies de l'humanité : l'incapacité à accepter l'impuissance.
— Parfois... il faut accepter de lâcher prise, murmura le moine.
— Jamais ! rugit Hashirama, comme si cette idée était tout simplement intolérable.
— Alors tu mourras, annonça Kenzo, son ton devenant lourd de gravité.
Un silence pesant s'installa entre eux. Kenzo savait qu'Hashirama allait mieux, mais pas suffisamment pour prétendre au combat. Il faudrait encore des années avant qu'il ne puisse à nouveau manipuler correctement son chakra.
— Tu n'as pas le choix, mon ami. Accepte-le. Ton passé est mort, ton futur n'est qu'une illusion. Plutôt que de gaspiller ton énergie à rêver de ce que tu pourrais faire, concentre-toi sur ce que tu peux faire ici et maintenant.
— Alors aide-moi ! le supplia Hashirama, un espoir désespéré dans les yeux.
— Je n'ai fait que cela, Hashirama. Je t'aide à trouver la paix intérieure.
— Non, aide-moi encore ! Je sais que je vais mieux, tu m'as dit que mes bobines de chakra se rétablissaient...
— Elles sont loin d'être guéries, précisa calmement le moine.
— Mais je sais que je peux les soigner. Et tu peux m'aider. J'ai réfléchi... je vais utiliser le Senjutsu pour me guérir !
— Tu te souviens de ce qui t'est arrivé la dernière fois que tu as utilisé le Senjutsu ? Tu veux vraiment revivre ça ? rétorqua Kenzo, incrédule.
— C'est là que tu interviens, Kenzo. Avec ton Byakugan, tu pourras me guider, m'indiquer où je dois diriger mon énergie pour me soigner... S'il te plaît, implora Hashirama, son regard plein de détresse. Comprends-moi, là-bas, il y a ma famille, mes amis, ma femme. Je ne peux pas les abandonner, je dois faire quelque chose. Je t'en supplie, Kenzo, si tu es mon ami, aide-moi.
Kenzo poussa un long soupir. Il voyait bien qu'Hashirama ne renoncerait pas et qu'il essayait de le convaincre par l'émotion. Peut-être, pensa-t-il, que cette tentative de guérison par le chakra naturel pourrait effectivement accélérer sa récupération.
— Bien, finit-il par dire, résigné.
Hashirama s'assit en tailleur et commença à se concentrer sur son chakra. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas senti l'énergie naturelle de la terre circuler en lui. L'attente avait été insupportable, mais aujourd'hui, il se sentait prêt.
Sous le regard attentif de Kenzo, il attira le chakra naturel autour de lui, l'amassant lentement avant de le diriger d'un coup vers son propre corps. Aussitôt, une douleur fulgurante le traversa, brûlant chaque fibre de son être comme un feu dévorant.
— Hashirama ! s'écria Kenzo, voyant son ami se tordre de douleur, frappant le sol, ses cris inhumains résonnant dans tout le temple. Le moine ne pouvait que rester impuissant, observant ce qui se passait en lui.
La vérité apparut à Kenzo. Le chakra Senjutsu.
Kenzo activa son Byakugan et comprit enfin pourquoi son ami souffrait tant.
Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que Hashirama ne parvienne à calmer la douleur. Il était épuisé, son corps trempé de sueur, vidé de toute force.
— Qu'est-ce qui m'arrive ?! haleta-t-il, à bout de souffle.
— As-tu abusé du Senjutsu pendant ton combat contre Madara ? demanda Kenzo, inquiet.
— Oui... J'ai utilisé tout ce que j'avais ! grogna Hashirama, encore sous le choc.
— Alors ton corps a fait une overdose. Maintenant, il considère le chakra naturel comme un poison, expliqua Kenzo. Tes bobines de chakra sont en miettes à cause de l'usage excessif du Senjutsu. C'est pour cela que ton corps le rejette.
— Mais... que puis-je faire alors ? murmura Hashirama, complètement désemparé.
— Rien, mon ami. Rien de plus que ce que tu fais depuis que tu es ici.
Pour la première fois depuis longtemps, Hashirama Senju pleura, non pas de douleur physique, mais de rage. Rage de ne pouvoir venir en aide à ceux qu'il aimait.
Hashirama était accablé, abattu par la situation dans laquelle il se retrouvait après sa dernière tentative d'utiliser le Senjutsu. Son effort pour emmagasiner l'énergie naturelle avait échoué, épuisant totalement son propre chakra, qui avait été détourné pour lutter contre cette force qu'il ne parvenait plus à maîtriser. Il se sentait ramené à la case départ, ses progrès anéantis.
Il ne lui restait qu'une seule option dans son état actuel : attendre et réfléchir.
D'une certaine manière, il commençait à comprendre les paroles de Kenzo sur l'importance de se concentrer sur l'instant présent. Bien que cela lui coûte de ne pas songer aux horreurs de la guerre et au sort de ceux qu'il aimait, Hashirama Senju comprenait qu'il devait d'abord résoudre son propre problème avant de penser à l'avenir. Il lui fallait trouver un moyen de guérir, de restaurer son chakra avant de pouvoir envisager de retourner sur le champ de bataille.
Il savait qu'il n'était pas loin de percer le mystère : comment amplifier sa capacité de guérison avec le Senjutsu sans que celui-ci soit perçu par son corps comme un poison ? Il en était persuadé, la solution était à portée de main.
La dernière fois, il avait demandé à Kenzo de le guider avec son Byakugan, espérant que ce puissant dojutsu pourrait diriger l'énergie naturelle vers ses bobines de chakra, car leur destruction était la racine de son incapacité à malaxer et contrôler le chakra. Mais cette approche avait échoué. Le Byakugan, bien que puissant, ne pouvait pas jouer ce rôle de guide subtil dans l'utilisation du Senjutsu.
Il lui fallait une nouvelle approche.
Après de longues heures de réflexion, la réponse lui apparut soudainement : Fûinjutsu ! L'art des sceaux, cette discipline complexe, pourrait peut-être canaliser l'énergie naturelle directement vers les zones endommagées de son corps, sans risquer de tout déséquilibrer. Et lorsqu'il pensa aux sceaux, une personne lui vint immédiatement à l'esprit : Mito, son épouse.
Mito était une experte en Fûinjutsu, et c'est grâce à elle qu'il s'était intéressé à cet art fascinant qui offrait des possibilités infinies. S'il pouvait collaborer avec elle, il pourrait peut-être mettre en place un sceau suffisamment puissant pour soigner ses bobines de chakra, ou du moins contenir l'énergie naturelle là où elle était nécessaire.
Hashirama, plein d'espoir face à cette nouvelle perspective, s'empressa de rédiger une lettre à Mito, lui expliquant sa situation et lui demandant son aide. Chaque mot portait en lui une prière silencieuse : que cette fois-ci, il parvienne enfin à surmonter cet obstacle et à retrouver ses forces.
Mito,
Retrouve-moi à Hi No Tera, toi seul peut m'aider.
Hashirama.
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