Guérilla !

Après avoir neutralisé plusieurs petits raids orchestrés par Tsuchi No Kuni, Madara et Sakura avait réussi à glaner des informations cruciales sur les prochaines vagues d'attaques planifiées. Les renseignements étaient rares parmi les shinobi, en dehors de leur mission immédiate. Cependant, l'un d'entre eux avait murmuré que le Pays de la Pluie pourrait être la prochaine cible.

C'était amplement suffisant pour inciter Madara à quitter le territoire du Feu, naviguant résolument vers l'ouest, visant tout particulièrement la seconde métropole du Pays de la Pluie. Se rendre directement à la capitale aurait été imprudent, non pas en raison de la vigilance des shinobi loyaux à Konoha, mais parce que cela aurait représenté une dépense d'énergie inutile, révélant leur présence aux mauvaises personnes plus tôt que prévu.

En outre, lors de leurs périples à travers les différentes nations élémentaires, Sakura et Madara avaient astucieusement redirigé plusieurs villages vers Heiwa, que ce soit en les sauvant ou en les influençant habilement. Madara avait une manière bien à lui de faire fléchir les volontés des populations en fonction de ses propres desseins.

Nul n'avait émis d'objection quant à l'utilisation du Sharingan lorsqu'une foule attentive se trouvait à portée de vue. Madara en profitait donc pour renforcer la menace sous-jacente, s'assurant que ces villages rejoignent au plus vite Ta No Kuni et sa capitale, Heiwa.

Actuellement, Madara et Sakura arpentaient l'une des plus grandes agglomérations du Pays de la Pluie, un vassal de Hi No Kuni. Ils se rapprochaient inexorablement de leur prochaine étape.

— Pensez-vous sincèrement que c'est la meilleure démarche, Madara-san ? chuchota Sakura alors qu'ils se frayaient un chemin à travers la foule.

— Absolument, affirma Madara tandis que les passants s'écartaient sur leur passage. Leurs armes étaient ostensiblement visibles, tout comme la haute stature de Madara, le rendant facilement repérable.

— Pourquoi précisément ici ? insista Sakura, qui gardait un œil attentif sur leur environnement en cas d'attaque imminente.

— Car j'ai acquis une maîtrise particulière de mon affinité sensorielle, répliqua le brun, presque à la lisière de la ville. Cette dernière était délimitée par une modeste muraille, n'offrant que deux points d'entrée. En tant que ninja, de telles fortifications semblaient insignifiantes, incapables de les retenir.

— Je pensais que cette aptitude était inhérente et ne pouvait être développée que naturellement, remarqua la jeune femme, surprise.

— Le Sharingan possède ses propres atouts, ajouta Madara, avec un air de mystère flottant autour de lui, esquissant un léger sourire.

— Que voulez-vous dire ? insista la médecin.

Ils atteignirent la porte principale, où de nombreux gardes les observaient avec méfiance et appréhension. Peu de gens avaient la chance d'apercevoir des ninjas, encore moins de savoir à quoi ils ressemblaient. L'officier décida que le grand homme aux cheveux bruns devait probablement être un shinobi... ou à tout le moins, un samouraï, en jugent par les sabres à sa ceinture.

— Manipulation, illusion, sécurité... Avec ces trois éléments, je peux faire parler n'importe qui, entama l'Uchiha, s'arrêtant au milieu de la grande porte et bloquant en partie le passage des civils. "Je peux faire croire à ma cible qu'elle est en sécurité chez elle, ou utiliser ses propres souvenirs pour la contraindre à révéler des informations à un proche de confiance."

— Vous avez détourné les capacités d'un shinobi sensoriel ? affirma Sakura, plus qu'elle ne posa la question. C'était évident pour elle que c'était ce qu'il avait fait. "Quelle en est l'étendue ?"

— Quand nous sommes dans des contrées inhabitées : des kilomètres. Et plus la personne possède de chakra, plus elle est facile à repérer, révéla Madara, son regard fixé droit devant lui, tandis qu'il retirait sa longue cape, exposant davantage ses armes aux personnes qui l'entouraient.

À la vue de ce geste, les civils se reculèrent et les soldats saisirent fermement leurs armes.

— Oh là ! intervint l'officier, s'approchant des deux guerriers accompagné d'une dizaine d'hommes. "Pas de conflit dans cette ville !"

Madara et Sakura gardèrent le silence, concentrés sur l'horizon, ignorant superbement les individus autour d'eux.

— Eh, je vous parle ! s'irrita l'homme en posant la main sur la garde de son épée.

— Rangez vos armes si vous tenez à votre intégrité physique, menaça Madara, émettant une légère aura meurtrière. Cela suffit à faire reculer d'un pas les hommes qui les entouraient.

— Combien sont-ils, maître ? demanda Sakura, reprenant son rôle d'apprentie vis-à-vis des personnes alentour.

— Ils sont un peu plus d'une centaine... il semblerait que le Tsuchikage passe à l'offensive, répondit Madara, observant un nuage de poussière au loin, signe qu'une troupe se dirigeait dans leur direction.

— Que faites-vous ?! s'exclama l'officier, mécontent de l'évolution de la situation.

— Nous vous sauvons la mise ! répliqua Madara, avançant tandis qu'il s'adressait à la jeune femme aux cheveux roses. "Si un shinobi s'approche trop près de la ville, Sakura-san, abattez-le !"

— Compris !

— Mais que se passe-t-il ?! ordonna l'homme, désorienté, avant qu'un son régulier de cloches ne résonne à travers toute la ville : ils étaient attaqués !

Madara progressait lentement alors que les civils se précipitaient vers les portes de la ville pour se mettre à l'abri derrière les remparts et les soldats.

Tout le monde ignorait l'Uchiha, mais personne ne le bousculait, comme si sa simple présence était dissuasive.

Le combat aurait certes été plus expéditif si la jeune femme l'avait accompagné, mais il nourrissait le désir impérieux de mettre à l'épreuve ses compétences. Avec les aptitudes extraordinaires de Sakura, Madara Uchiha avait restauré la puissance de son second Sharingan et comptait bien en exploiter chaque once de pouvoir.

Alors que les forces du Pays de la Terre approchaient, Uchiha Madara déclencha son Dôjutsu.

Ils étaient légèrement plus d'une centaine, Madara évaluant un grand nombre de Chunin et de Genin parmi eux. En raison des règles de régulation et de leur réserve de chakra, il estima la présence de six Jônin. Probablement les meneurs de cette attaque.

Le patriarche inspira profondément, puis expira lentement pour calmer son corps. Soudain, il les aperçut ! À une centaine de mètres devant lui, ils accouraient droit vers lui. Le brun se mit lui aussi en mouvement, d'abord doucement, puis accélérant progressivement.

Il ne leur restait plus que vingt mètres... dix mètres... à cette distance, chaque shinobi du Pays de la Terre avait repéré l'homme qui fonçait sur eux. Madara pouvait lire la surprise dans leurs yeux, et surtout l'incompréhension. Après tout, qui aurait l'audace suicidaire de charger une force armée composée de shinobi ? Mais cette incompréhension jouait en la faveur de Madara, qui s'apprêtait à en tirer parti.

Une dizaine de projectiles se dirigèrent vers lui, il dévia sa course vers la droite tout en dégainant l'une de ses armes pour la placer au niveau de son cou. Il parvint à dévier un, deux, trois kunaï avant d'abaisser sa lame vers le côté gauche de son corps. Deux autres tintements se firent entendre lorsque deux shuriken percutèrent la lame de l'Uchiha. En deux mouvements, il venait de neutraliser l'attaque de dix soldats ennemis.

À cinq mètres de distance, Madara calcula la trajectoire idéale pour atteindre celui qui se dressait devant lui. C'était l'un des chefs ! Deux mètres... un mètre ! Le Jônin leva son bras, poussant un cri de guerre, mais aux yeux aussi entraînés de Madara, il semblait terriblement lent. Il bascula tout son poids sur le côté pour éviter la lame, puis décapita le shinobi d'un mouvement fluide.

Le premier sang était jeté !

Contre-attaques, esquives élégantes, acrobaties aériennes - Uchiha Madara était aussi insaisissable que l'eau entre les doigts. Ses yeux absorbaient tant d'informations à l'avance que nul ninja ne pouvait espérer rivaliser. Il semblait capable de ralentir le temps lui-même, se mouvant à sa guise dans ce ballet mortel. Une parade suivie d'un mouvement fluide et gracieux vers une ouverture offerte par un tiers, tranchant un bras avant de décimer un autre adversaire. Une esquive, puis Madara contracta ses abdominaux pour se pencher en arrière, obligeant l'assaillant à planter sa lame dans le shinobi derrière lui.

C'était là toute la dangerosité d'un Uchiha bien entraîné : chaque attaque dirigée contre lui pouvait se retourner contre son agresseur... ou même contre un autre.

À peine vingt secondes s'étaient écoulées et déjà plus de quarante ninjas avaient perdu la vie.

— Escouade 3, continuez vers la ville ! cria ce qui semblait être l'un des meneurs de l'attaque. Genin, restez en retrait et soutenez ! Les autres submerg...

Le jônin n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un ennemi surgit devant lui, enfonçant un kunaï dans sa gorge. Madara ne s'attarda pas, retirant l'arme tranchante de la chair, achevant le jônin d'un geste précis.

Pendant ce temps, sur la petite muraille de la ville, les soldats étaient abasourdis. Un seul homme était en train de décimer, à lui seul, une force armée de shinobis. C'était inconcevable, terrifiant de penser qu'un être humain puisse accomplir de telles prouesses.

— Archers ! Préparez-vous, l'ennemi approche !

Mais en bas de la muraille, à une vingtaine de mètres de l'entrée, Sakura arpentait nerveusement, son regard rivé sur la bataille... attendant. Lorsqu'elle vit une dizaine de shinobis s'approcher, elle réagit immédiatement.

Devant l'entrée de la ville, un carrefour abritait un grand menhir, agissant tel un panneau directionnel. Sous le regard ébahi des soldats, Sakura s'empara de la pierre monumentale, la brandissant au-dessus de sa tête avant de la lancer de toutes ses forces vers les shinobis approchants.

Deux d'entre eux furent pris au dépourvu, succombant instantanément sous le choc assourdissant du menhir s'écrasant au sol.

Déployant son chakra avec éclat, la jeune femme signifia clairement aux ninjas en face d'elle qu'ils devraient la vaincre avant de prétendre pénétrer dans la ville.

— Chef ? Que faisons-nous ? demanda un archer, son arc bandé et une flèche prête à être décochée.

— Attendez ! cria l'officier, observant la jeune femme foncer vers les ennemis. Il voulait voir de ses propres yeux les capacités extraordinaires de cette personne, tandis qu'au loin retentissaient explosions et cris. Il s'attendait à beaucoup, mais jamais à une telle dévastation de la part de cette femme.

Elle se déplaçait avec une agilité et une aisance à toute épreuve, évitant chaque attaque ennemie avec une facilité déconcertante. Aucune lame mortelle n'était nécessaire, ses poings suffisaient largement. Chaque parade, chaque blocage, chaque coup de poing de Sakura était fatal. Chaque contact signifiait la perte d'un membre ou d'une vie.

Avec une souplesse impressionnante, Sakura balaya son dernier adversaire qui s'effondra au sol. Il vit alors la femme aux cheveux roses diriger son poing vers lui, et tout devint noir. L'énergie libérée traversa le corps du soldat avant de se propager dans le sol, fissurant la terre sur plusieurs mètres.

En moins de dix secondes, Sakura mit hors d'état de nuire toute l'escouade 3. Seule une enfant, brune aux yeux chocolat, semblait échapper à son implacable jugement, pétrifiée devant la femme aux cheveux roses, simplement par sa présence imposante...

— Rangez vos flèches, dit au bout d'un moment l'officier encore sous le choc de ce qu'il voyait. Cet homme au loin, ainsi que son apprentie devant leur porte étaient des êtres d'exceptions et ils étaient en train de leur sauver la vie.

— Ton nom ! éxigea Sakura avec un ton froid à la jeune fille.

— M-M-Mina, répondit la jeune brune complétement apeuré.

— Tu vas rester ici, si jamais tu tentes de t'enfuir, je te tue ! Est-ce que j'ai été assez claire ? expliqua Sakura en dégageant son intention de tuer.

— O-Oui... très clair ! s'empressa de répondre la jeune fille qui même si elle l'avait voulu elle n'aurait même pas tenté de s'enfuir.

Après avoir laissé la jeune femme seule, Sakura se dirigea calmement vers l'Uchiha, qui continuait à semer la destruction. Il ne restait presque plus d'ennemis, la confrontation ressemblant désormais plus à un jeu de chat et de souris, les derniers survivants choisissant la fuite plutôt que le combat.

— Qui... qui es-tu ? balbutia un homme paniqué, reculant tandis que le brun s'approchait, une arme ensanglantée à la main.

— Ton bourreau, répondit Madara, en enfonçant sa lame dans le corps du ninja, qui eut juste le temps de croiser le regard de deux Sharingan. C'était l'un des plaisirs de Madara : faire comprendre à ses ennemis qui il était juste avant de les emporter dans la mort.

— Comment vous sentez-vous, Madara-san ? demanda Sakura, rejoignant l'Uchiha alors qu'il nettoyait le fil de sa lame.

— Je me suis rarement senti aussi bien, déclara l'Uchiha, un sourire aux lèvres.

— Aucune douleur oculaire ? interrogea Sakura en contournant les corps pour se positionner devant son patient. Sans attendre sa réponse, elle posa ses mains sur son visage pour examiner ses yeux.

Madara ne fit aucun geste pour repousser Sakura ; il appréciait ces rares moments de proximité entre eux. Sa peau douce et délicate provoquait en lui un frisson agréable, tandis qu'il plongeait son regard de jais dans les yeux émeraude de la jeune femme, ses mains s'illuminant de chakra vert.

La jeune femme rougit devant l'intensité du regard du brun. Comme à chaque fois, il la fixait d'une manière que personne d'autre n'avait jamais osée. C'était troublant pour Sakura, qui se sentait démunie face à cette expression si singulière. Si cela n'avait été qu'une simple lueur de désir, elle aurait pu l'ignorer... mais il y avait autre chose. Quelque chose de plus profond, de plus intense, et Sakura redoutait les conséquences de ce que Madara tentait de lui communiquer.

— Il semble que la guérison ait été un succès. L'utilisation de votre Dôjutsu n'a pas eu de conséquences néfastes, déclara Sakura après un moment. Avez-vous utilisé un Genjutsu ?

— Non, répondit Madara en remettant son arme dans son fourreau, tout en percevant une source de chakra proche de la muraille, bien supérieure à celle d'un civil. "Mais il semble que nous ayons un prisonnier."

— Si l'on peut dire, répondit la jeune femme en se dirigeant vers la ville aux côtés de l'Uchiha. On peut dire que la guerre est sur le point d'éclater.

— En effet. Je pense qu'il est temps de nous révéler, ajouta l'Uchiha, s'approchant de la jeune femme qui tremblait comme une feuille en voyant les deux protagonistes responsables de la mort de tous ses camarades.

Madara saisit la jeune Mina par le cou, la soulevant du sol. Elle se débattit, tentant vainement de se libérer, les yeux emplis de panique.

— Regarde-moi ! ordonna Madara, activant ses deux Sharingan. Les tomoes tournaient rapidement alors que la jeune brune, figée par le Genjutsu du brun, cessa toute agitation. "Tu vas retourner voir ton Kage et expliquer ce qui s'est passé ici. Tu ne pourras décrire que nous étions seulement deux."

— A vos ordres, répondit Mina d'une voix hésitante. Madara la relâcha et elle s'éloigna dans la direction opposée de la ville pour remplir sa mission.

Une fois l'informateur hors de vue, Madara et Sakura se dirigèrent vers les portes de la ville, où tous les regards étaient braqués sur eux, mêlant crainte et respect. Respect pour avoir sauvé des vies, crainte pour leur pouvoir incontestable en cas d'hostilité.

— Ouvrez les portes, ordonna Madara.

L'officier hésita, sous le poids du regard de la foule. Devaient-ils ouvrir les portes ou non ?

— Si nous avions eu des intentions hostiles, vous seriez déjà morts, déclara Madara, comprenant leurs appréhensions.

Finalement, l'officier céda. "Ouvrez les portes," dit-il, reconnaissant la vérité dans les paroles du brun.

À l'ouverture des portes, une foule enthousiaste accueillit les deux shinobis, les applaudissant et criant leur gratitude. Sakura répondit avec un sourire gracieux et quelques signes de la main, tandis que Madara avançait imperturbablement au milieu de la foule qui se frayait un passage devant lui.

Ils se dirigèrent vers la place centrale de la ville, presque toute la population les suivant. Après tout, cette journée allait devenir une fête, un jour de reconnaissance pour avoir été sauvés des envahisseurs. Au centre de la place, une grande fontaine trônait, et Madara, canalisant son chakra dans ses jambes, sauta au sommet pour être visible de tous.

— Peuple d'Ame No Kuni ! s'écria-t-il d'une voix forte, captant l'attention de la foule qui cessa ses acclamations pour l'écouter. Madara activa ses Sharingan, plongeant son public dans de subtiles illusions. Chacun de ses mots sèmerait une idée, faisant croire à ceux qui l'écoutaient que ce qu'il disait était la vérité absolue, et qu'ils devaient agir en conséquence. "Aujourd'hui, le pays de Tsuchi No Kuni a tenté de vous envahir ! De piller vos richesses et de vous éliminer ! Où sont vos alliés alors que votre patrie est attaquée ? Ils se cachent dans leur confort, vous laissant à votre sort, trompés par leurs promesses d'alliance."

— C'est un scandale ! s'écria un membre du public, aussitôt approuvé par de nombreux autres.

— Tandis qu'Hi No Kuni ignore ses vassaux pour son propre intérêt, Ta No Kuni vous vient en aide ! continua Madara. Ce qui s'est passé aujourd'hui n'est que le début ! Demain, d'autres ennemis viendront, et après-demain encore plus ! Mais il existe un endroit où vous serez en sécurité, protégés par des gens comme nous ! Vous serez accueillis par ceux qui se soucient de votre protection, de votre avenir ! Son regard balaya la foule, captant l'attention de chacun.

— Où se trouve cet endroit ? demanda une voix dans la foule, avide de répondre aux illusions de l'Uchiha.

— Heiwa ! La capitale de Ta No Kuni ! annonça Madara avec force. Un lieu de paix où la guerre est interdite, où la neutralité est valorisée pendant que le reste du monde s'embrase dans le conflit ! Le choix vous appartient : partez vers Heiwa et vivez... ou restez ici et mourrez demain ! Car nous partirons d'ici dès demain ! Sur ces mots, il descendit de la fontaine, laissant l'idée s'implanter profondément dans l'esprit de la foule.

Il avait posé la poudre, placé la mèche, et son discours avait été l'étincelle qui déclencha une réaction en chaîne. Rien n'est plus puissant que l'effet de foule, et le nombre attire le nombre. Personne ne voulait mourir, et l'idée, amplifiée par le Genjutsu de Madara, avait suffi à créer, en à peine trois heures, la plus grande caravane jamais vue dans les Nations Élémentaires, rassemblant plus de mille personnes et autant de ressources que possible.

— S'il vous plaît, prenez ceci, madame, dit Sakura en tendant un petit bâtonnet de bois sur lequel brillaient des caractères de Fûinjutsu.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda la dame, tenant son bébé dans ses bras.

— C'est pour protéger votre enfant. Placez-le dans son linge, et il le gardera en sécurité pendant votre voyage, mentit Sakura, incitant ainsi la mère à prendre l'objet.

C'était une création de Madara et d'elle-même : une combinaison de sceaux de Fûinjutsu et de Genjutsu. Tant que l'objet était tenu, tous ceux à proximité étaient rendus invisibles aux yeux du monde. Toute personne s'approchant serait irrésistiblement poussée à aller ailleurs.

— Je vous remercie infiniment, dit la mère de famille en prenant le bâtonnet et en le plaçant dans la couverture de son fils.

— Une fois que vous approcherez de Heiwa, jetez le bâtonnet au sol et cassez-le, ajouta Sakura, veillant à éviter tout problème pour la capitale.

— Merci beaucoup.

—En route, tout le monde !" lança l'officier.

En quinze minutes, la seconde plus grande ville du Pays de la Pluie fut désertée, laissant Sakura et Madara seuls au centre.

— Dites-moi, Sakura-san, seriez-vous tentée par un duel de Ninjutsu ? demanda Madara avec un sourire en coin.

— Ici ?

— Exactement ici... Nous devons faire de cet endroit un véritable champ de bataille avant de disperser les shinobis de la Terre dans toute la ville, expliqua Madara, commençant à former des mudras avec ses mains.

— Quoi de neuf ? demanda un homme à son confrère alors qu'il finissait de monter l'échelle.

Ils étaient actuellement sur l'un des postes d'observation de Heiwa. Cet emplacement permettait une très bonne vue sur toute la vallée. C'était en attendant que les tours de guets soit mises en place sur les vallons alentour.

— Rien à signaler qui mérite notre attention, répondit l'homme dans la vingtaine avant de s'assoir sur un petit tabouret prévu à cet effet. Il déposa sur le rebord en bois la longue vue qu'il utilisait pour observer les environs. Sinon toi ça va ?

— Oui... toujours surpris de la tournure des évènements, mais je ne vais pas me plaindre, répondit le quadragénaire qui avait encore beaucoup de mal à voir tout bouger, mais au moins il avait un travail pour nourrir sa famille.

— C'est toujours mieux que ce que l'on a connu par le passé, dit le plus jeune en repensant aux guerres de province.

— Comme tu dis le jeune, acquiesça le plus âgé avant de saisir la longue vue à son tour.

Il porta l'objet à son œil droit avant de diriger la lentille vers la route de l'Est. La grande route était empruntée par des habitants ça et là. Il y avait également quelques charrettes, ainsi qu'un cavalier de l'armée qui faisait sa patrouille : rien d'inhabituel à signaler.

— Comment va ta femme ? demanda le soldat tout en ouvrant son outre d'eau et de la porter à ses lèvres.

— Elle se porte bien, maintenant que nos enfants sont autonomes elle a été sollicitée à la demande du Daimyô, expliqua l'homme avant de diriger la longue vue vers la route du sud.

— Ah bon ?

— Oui, il semblerait que notre seigneur ait mis en place une sorte de groupe de médecin... probablement qu'ils ont besoin de main d'œuvre pour je ne sais quoi, expliqua-t-il avant de régler délicatement la lentille de son instrument. La route au sud s'étendait sur plusieurs kilomètres et traversait de nombreux villages avant d'arriver à Heiwa.

Il y avait le même type de personnes qui empruntait la route du Sud. Il n'y avait rien d'anormal et celui-ci s'apprêtait à reposer la longue vue quand quelque chose l'interpella. Au milieu de la vallée, il y avait quelqu'un qui marchait d'un bon pas en direction de la capitale. Sauf que celui-ci avait une cape à capuche, son visage était complétement camouflé.

— Potentiel suspect venant du sud, dit-il à son confrère qui redressa la tête.

— Doit on envoyer un groupe pour une inspection ? demanda le jeune qui avait appris avec le temps à se fier aux suspicions de son collègue.

Le concerné ne disait rien, son regard fixait sur l'individu qui ne ralentissait pas son allure. Puis, à un moment donné une grande brise de vent fit voleter la cape du vagabond et par la même occasion une partie de sa capuche. L'espace d'un instant le soldat aperçut le visage de l'homme, accompagné d'un reflet de lumière.

— Merde ! dit le soldat avant de se retourner en toute hâte vers la cloche de l'avant-poste.

CLANG CLANG CLANG

C'était une toute petite cloche qui ne pouvait être entendue qu'à une centaine de mètres alentour. Toute personne proche de l'avant-poste se retourna et plus particulièrement ceux postés sur la porte principale de la muraille.

— NUKENIN !! hurla le quadragénaire avant de retourner immédiatement à son poste pour surveiller les agissements du déserteur. C'était bien leur veine, ils n'étaient en rien préparés à ce genre de menace. Le pays de Ta No Kuni n'avait aucune force Shinobi hormis Sakura et Madara. Mais ils étaient tous les deux en dehors du pays.

Après l'annonce de la sentinelle, la ville grouilla au niveau militaire et de nombreux soldats montèrent en haut des murailles à moitié construites armés d'arcs et d'arbalètes.

— Dans combien de temps la cible sera-t-elle là ? cria une personne en contre bas.

— D'ici une trentaine de minutes il se... Merde ! Il a disparu ! paniqua l'homme en voyant le Nukenin se volatiliser de son champ de vision. Il parcourut la route avec sa longue vue dans l'espoir de le retrouver. Là ! Il semblait avoir fait plusieurs déplacements rapides sur la route. D'ici quinze minutes chef !

— Alertez Suzuki-sama ! dit l'officier à un homme à cheval qui partit au triple galop dans les rues de la ville. Je veux trois douzaines d'archers placés là-haut ! Des arbalétriers placés ici et ici ! Et faites évacuer les civils de la porte principale !

Dès que les ordres furent lancés tout le monde s'activa. C'était la première fois qu'ils faisaient face à ce genre de menace et pratiquement aucun n'avaient affronté un Shinobi. Les ninjas n'étaient qu'une légende, un mythe pour les civils, mais pour les soldats c'était une réalité. On leur faisait comprendre très rapidement que ce genre d'individu existaient et qu'ils étaient capables de tout.

Beaucoup de soldats au service de Ta No Kuni virent d'ailleurs leur Daimyô ainsi que Suzuki utiliser quelques techniques de rang E pendant les guerres de provinces. Preuve que tout cela existait réellement.

Après dix minutes de préparation, Suzuki arriva sur le dos de son cheval de guerre vêtu de son armure de combat, le sabre sorti. On pouvait lire sur son visage une extrême concentration : il espérait de tout cœur que ce ninja déserteur ne venait pas pour éradiquer la ville.

— Fermez la herse ! ordonna Suzuki avant de s'avancer alors qu'une ligne de soldats s'était mise en place. Tout le monde enjoue !

Puis tout le monde patienta que la menace approche, dans la crainte. Tous pouvaient désormais le voir, encore plus quand celui-ci porta une de ses mains au niveau de son cou. Il défit le lacet permettant de rattacher la cape à son vêtement avant de se débarrasser de l'habit qu'il jeta à même le sol. Tous ceux qui furent assez proche pouvait voir qu'il était bel et bien un Shinobi : son armure, son armement ainsi que son protecteur frontal étaient les preuves de sa condition.

Il était un ancien ninja de Tsuchi No Kuni le pays de la terre, son bandeau était barré au niveau du symbole et il serait devant les portes de la ville dans moins de trente secondes.

— Halte ! cria Suzuki, mais le déserteur fit comme s'il n'avait rien entendu et continua de marcher.

Son visage était neutre, même si son regard se portait sur l'ensemble des soldats face à lui. En un regard il comprit qu'aucun ne semblait savoir utiliser les arts Shinobi : ce serait tellement simple de tous les anéantir.

— J'ai dit : HALTE ! hurla cette fois-ci Suzuki et le concerné s'arrêta devant tout le monde à moins de dix mètres. Qu'est-ce que tu veux !

Pas de réponse.

Le déserteur parcourut la muraille ainsi que les alentours lentement, il comptait et cela ne rassura en rien Suzuki. Puis, après avoir fait le tour il leva sa main droite pour la porter en direction de sa tête.

— Pas un mouvement de plus ! Ou tu seras mort avant d'avoir compris ce qui t'arrive ! menaça Suzuki qui ne reçut qu'un regard noir du protagoniste. Celui-ci libéra une partie de son intention de tuer, tétanisant une grande partie de l'armée face à lui. Quand il eut la certitude que personne ne serait dans la capacité de lui tirer dessus, le ninja reprit son mouvement.

Le déserteur de Tsuchi No Kuni défit son bandeau frontal avant de le saisir à pleine main avant de le tendre vers l'avant. Il resta ainsi quelques secondes avant de le lâcher à même le sol.

— Je viens pour la vraie paix promise par Uchiha-sama ! 


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