Famille !
— Bonjour mon enfant, susurra une voix empreinte de sagesse.
Madara ouvrit les yeux d'un bond à l'entente de cette voix. Il n'avait ni détecté ni discerné l'approche de cette personne, un fait troublant en soi. Se pouvait-il que cette présence fût une menace ? Nul individu au monde ne pouvait s'approcher de lui ainsi sans qu'il le perçoive. Et pourtant... là, à moins de deux mètres, se tenait cet être, le scrutant de ses yeux impénétrables.
En un instant, Madara saisit que cet individu en face de lui détenait une puissance extraordinaire, peut-être même supérieure à la sienne. Il était vêtu d'un kimono blanc orné de Magatama autour de son cou, évoquant les tomoes de son Sharingan. Dans sa main droite, il tenait un bâton d'une forme singulière, tandis que six sphères sombres flottaient derrière lui. Mais ce qui impressionna le plus Madara furent les yeux de cet homme : des Rinnegan !
Le Rinnegan, une légende que peu avaient entendue, et encore moins pouvaient en témoigner de leur vivant. Madara avait pu glaner quelques informations à ce sujet en utilisant son Mangekyô Sharingan pour déchiffrer les tablettes du clan Uchiha. Sans cette capacité, il serait demeuré dans l'ignorance, comme la plupart des autres.
Et là, face à lui, se tenait un homme doté de deux Rinnegan, qui le fixaient intensément.
— Qui êtes-vous ? interrogea Madara en se redressant d'un mouvement vif, prêt à se battre pour sa survie.
Pourtant, l'homme ne semblait émettre aucun chakra, aucune intention hostile, et encore moins meurtrière.
— On m'a donné de nombreux noms, dont beaucoup sont tombés dans l'oubli... ou sont devenus des mythes et des légendes, commença l'ancien, avec un sourire énigmatique.
— Arrêtez de tourner autour du pot, vieillard, ajouta Madara, sur le point d'activer son propre Dôjutsu.
— Je suis connu sous le nom de l'Ermite des Six Chemins, ou le Sage des Six Chemins, ou encore sous le titre de Rikudô Sennin, répondit l'homme, tandis que les yeux de Madara s'écarquillaient à mesure qu'il réalisait qui se tenait devant lui. "Mais on m'a nommé Hagoromo Ôtsutsuki."
Le temps semblait se figer pour Madara, ses yeux plongés dans ceux de l'ermite, et il ne pouvait que reconnaître la vérité dans ces regards : l'homme devant lui était ce qu'il prétendait être. Des récits de son enfance remontèrent à sa mémoire, ces légendes parlant d'un être qui créa le monde à son image, modela la lune d'une simple penser, gouverna l'humanité avant de disparaître.
— Impossible..., murmura Madara, encore sous le choc.
— Rien n'est impossible, mon enfant, déclara l'ermite, voyant en Madara le reflet de son ancien fils, Indra Ôtsutsuki.
— Pourquoi m'appelez-vous ainsi ? demanda Madara, perplexe face à la présence de cet être.
— Parce que, d'une manière ou d'une autre, tous les humains sont mes enfants... mais toi, Madara, tu es différent des autres, répondit l'ermite, esquissant un léger sourire.
— Que voulez-vous dire ?
Cependant, le vieil homme demeura silencieux un moment, comme s'il pesait chacun de ses mots avec une minutie particulière.
— Ne blâme pas Sakura, déclara finalement Hagoromo, ses paroles égrenées avec une sagesse profonde. Je sais que tu ressens une trahison, mais ne lui porte pas rancune.
Madara, sentant monter en lui l'exaspération, trouva difficilement patience. L'obscurité, l'incertitude et surtout le sentiment d'être manipulé par tant de mains l'assaillaient. Lui, habitué à dominer toutes les situations, se retrouvait maintenant pris dans les rets de la manipulation.
— Vous êtes derrière tout ça, n'est-ce pas ? réalisa-t-il, ses yeux perçant le mystère pour atteindre l'éclat de la vérité. Pourquoi me conduire ainsi ? Que pouvez-vous bien attendre de moi ?
— Je l'ai envoyée dans le passé pour te guider, mon enfant, pas pour te manipuler, répondit l'ermite d'une voix empreinte de sérénité. "Et ce que je cherche est ce que tu désires au plus profond de toi : la paix." Un silence pesant s'installa alors, ponctué par le regard du vieil homme vers le ciel azuré. Puis, ses yeux revinrent vers Madara, imprégnés d'une conviction inébranlable. "La véritable paix... où le cycle de la haine finira par se briser dans ce monde tourmenté."
— Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer qu'elle agissait dans ce dessein ?
— Je me trompe rarement dans mes choix, mon enfant, répondit l'ermite d'un ton assuré. Même si Sakura pouvait te vouer une certaine rancœur au départ, ce qu'elle vient de te confier est empreint de sincérité. Désormais, son désir de paix s'accompagne de celui d'être à tes côtés, non plus seulement de te guider.
Le brun, se rappelant les sentiments contradictoires qu'il avait ressentis lors du sauvetage par Sakura, cherchait à comprendre les racines de son animosité.
— Je n'avais donc pas tort sur ses intentions à mon égard dès le début, murmura-t-il, pensif. Mais alors, pourquoi cette haine envers moi ?
— Seule elle pourra te répondre, mon enfant, répliqua l'ermite avec sérénité, laissant Madara en proie à de nouvelles interrogations. Malgré cela, le jeune homme refusait de se laisser abattre et continua à chercher des réponses après les premières explications de son interlocuteur.
— Dans ce cas, pourquoi elle ? Pourquoi moi ?
— Viens avec moi, invita l'ermite en se détournant de Madara pour s'avancer dans la prairie d'un pas tranquille. Une opportunité parfaite pour une attaque sournoise, mais Madara n'y pensa pas. Au contraire, il suivit cet être, presque divin, sans broncher. L'ermite reprit alors la parole après un moment de marche. "Depuis la nuit des temps, la guerre et le cycle de la haine ont enserré le monde. Depuis l'aube de l'humanité, la violence et le conflit ont régné. Puis, un jour, une personne dévora un fruit lui conférant les pouvoirs d'un dieu. Cette personne n'était autre que ma mère."
— Votre mère? répéta Madara, incrédule, tout en franchissant une racine qui jonchait leur chemin.
— Je tairai son nom... mais sache que grâce à ses pouvoirs, elle instaura un règne où la paix régnait parmi tous les êtres vivants, expliqua le Rikudô, omettant délibérément certains détails que Madara n'avait pas besoin de connaître, ni pour sa propre sécurité ni pour l'avenir du monde. "Cependant, les circonstances ont conduit mon frère et moi à la destituer, et j'ai été celui qui prit le relais. Bien que je n'aie pas hérité de toute sa puissance", ajouta-t-il avec une prudence mesurée. "J'eus deux fils, Indra et Asura. L'un hérita du Sharingan, l'autre de mes pouvoirs physiques. Deux opposés, l'un croyant en l'amour comme voie vers la paix, l'autre en la force."
— Je ne peux m'empêcher de voir en cela une similitude avec Hashirama et moi-même.
— C'est en effet à peu près cela, confirma le vieil ermite, contournant un immense chêne. Quand mes fils furent en âge de me succéder, et que mes propres forces ne me permettaient plus de porter ce fardeau, j'ai transmis cette responsabilité à Asura. Mais cela déclencha une guerre entre mes fils pour le pouvoir. L'un devint chef du clan Uchiha, l'autre du clan Senju.
Madara percevait désormais l'origine de la guerre sans fin entre son clan et les Senju, remontant probablement à des siècles dans le passé.
— Par un mystère que même moi je ne puis expliquer, l'essence de mes deux fils se réincarne invariablement pour se livrer bataille, perpétuant le cycle de la haine tout en aspirant à la paix, continua l'ermite, avant d'être interrompu.
— Hashirama et moi sommes-nous les réincarnations de vos deux fils? demanda intuitivement Madara.
Un sourire éclaira le visage de l'ermite, reconnaissant l'intelligence et la perspicacité de son fils aîné à travers le brun.
— Exactement. Avant que Sakura ne retourne dans le passé pour changer les événements, c'est encore une fois la réincarnation d'Asura qui a triomphé... et dans le futur, mes fils se réincarneront encore une fois pour perpétuer le cycle de la haine... encore et encore.
— Si vous avez envoyé Sakura dans le passé pour mettre fin à ce cycle de haine... à quoi bon? questionna Madara, s'arrêtant dans sa marche alors qu'ils débouchaient sur une clairière en bordure de montagne. L'horizon, splendide et infini, se perdait dans un manteau de neige immaculée.
— L'Enfant de la Prophétie a été désigné par trois incarnations successives de mon fils Asura, et pas une seule fois par mon fils Indra. Alors que le monde vacillait au bord de l'abîme à l'époque de Sakura, je me demande si cet Enfant de la Prophétie ne réside pas en toi, mon enfant, expliqua Hagoromo, son regard rivé sur Madara.
Pendant des siècles, le monde avait été façonné par la guerre, car il avait toujours manqué d'une main assez ferme pour imposer une paix durable.
— Pourquoi n'avez-vous pas intervenu dans notre combat, entre Hashirama et moi ? Si vous pouvez manipuler le temps, pourquoi ne pas utiliser ce pouvoir pour imposer votre paix ? Notre paix ?
— Car je ne suis qu'un arbitre. Je ne m'immiscerai plus, j'ai vécu ma vie et il n'est pas de mon rôle de dicter au monde sa conduite.
— Vos paroles sentent l'hypocrisie, vieil homme. Vous dites ne pas vouloir imposer votre volonté au monde, mais vous l'influencez dans la direction qui vous convient, répliqua le brun avec un sarcasme acéré.
— Voir plusieurs siècles de guerre, de mort et de cycle de haine vous fait réaliser qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même... alors quel mal y a-t-il à suggérer une idée par-ci par-là ?
— Hn! répliqua Madara, comprenant le point de vue du vieil homme. Il n'y avait pas de mal à guider quelqu'un si c'était pour son propre bien. Le monde avait besoin d'être éclairé sur le chemin à suivre, un enfant avait besoin de direction, un shinobi avait besoin d'être mené. En fin de compte, chacun avait besoin qu'on lui ouvre la voie sur le sentier de la vie.
— Habituellement, je n'interviens pas, mais aujourd'hui était une exception à la règle, tout comme lorsque j'ai encouragé Sakura à sacrifier son univers pour une chance d'apporter la paix, poursuivit le Rikudô, cherchant à apaiser le cœur de Madara. Il voulait lui faire comprendre que cette jeune femme avait décidé de renoncer à tout ce qu'elle aimait, son monde entier et son époque, pour une mince chance de succès. "Mais aujourd'hui, j'ai agi pour une tout autre raison, mon enfant..."
— Laquelle?
— Disons que certaines personnes... avaient très envie de te parler, expliqua le vieil homme avec un sourire énigmatique, tandis que trois voix juvéniles retentissaient depuis la forêt.
— Grand frère !
Ces voix ! Impossible ! Madara sentit son cœur manquer un battement alors qu'il se tournait brusquement vers elles. C'était absolument inconcevable, et pourtant tout était là, devant lui. Un instant, il se demanda s'il était pris dans une illusion, mais un éclat de chakra dans son esprit lui confirma la réalité de ce qu'il voyait.
Trois jeunes enfants aux cheveux bruns, âgés de neuf ou dix ans, couraient vers lui, des sourires radieux aux lèvres. Un peu plus loin, son frère Izuna s'approchait, suivi de leur mère Yumi Uchiha et de leur père Tajima Uchiha. Les revoir tous les six eut sur Madara le même effet que la douleur ressentie le jour où il avait débloqué son Mangekyô Sharingan. En les voyant devant lui, il se sentit submergé par le désarroi, réalisant qu'il avait été seul dans sa vie bien trop longtemps.
Il y avait tant de choses qu'il aurait aimé leur dire avant leur disparition, tant de mots qu'il aurait souhaité entendre de leur bouche. Mais ses pensées furent interrompues lorsque trois paires de bras l'encerclèrent, ses frères le serrant avec force contre eux.
Madara se retrouva légèrement bouche bée, figé par ce tableau devant lui. L'émotion le submergea, et il lutta pour retenir ses larmes. Un sourire tendre se dessina sur ses lèvres, un sourire rare qu'il n'avait presque jamais arboré, réservé à sa famille la plus proche.
Il posa ses mains sur les chevelures de ses frères. Ils étaient là, tangibles, même si cela semblait physiquement impossible. Mais en cet instant, leur réalité était indéniable.
— Tu nous as manqué, grand frère ! s'exclama l'un des trois, le visage enfoui dans les vêtements de Madara.
— Vous aussi, répondit Madara, incapable de retenir son affection pour cette étreinte de ses jeunes frères. Il se rappela combien il avait rarement eu l'occasion de les enlacer ainsi, hormis Izuna. À cette époque, le temps manquait pour de telles démonstrations d'affection, tout n'était qu'entraînement et guerre. L'amour semblait n'avoir aucune place dans cet univers implacable.
— Dis, grand frère... quand est-ce que tu rentres à la maison avec nous ? demanda un des enfants, affichant une mine innocente.
Cette question, d'une simplicité enfantine, fit se serrer le cœur de Madara. Il se demanda si après la vie, l'esprit cessait de grandir ou s'il demeurait tel qu'il était au moment de la mort. Retourner à la maison ? L'Uchiha savait ce que cela impliquait, mais son temps n'était pas encore venu de rejoindre ses jeunes frères. Il avait encore tant à accomplir dans ce monde.
— Quand j'aurai terminé ce que j'ai à faire, répondit Madara, pensif, se remémorant son objectif principal : la paix.
— Quand est-ce ? insista le jeune garçon, interrompu par un autre membre de la famille.
— Allez les garçons, laissez notre frère respirer, intervint Izuna, se tenant maintenant devant son aîné. Les trois petits lâchèrent Madara et se dirigèrent vers leur mère et leur père.
Les deux maîtres des arts shinobi se regardèrent en silence, ne sachant pas par où commencer. Rien n'avait besoin d'être dit, et pourtant tant de sujets brûlaient de trouver une voix. Après un moment suspendu, ils se prirent simplement dans les bras l'un de l'autre, un geste fraternel empreint d'amour, de nostalgie, de regret, de peine et de douleur.
— Ne regrette pas ma mort, frère, dit finalement Izuna après un instant.
Pas un mot n'était nécessaire entre eux. Frères proches, Izuna connaissait les tourments de Madara sans qu'il ait besoin de les exprimer. Il regrettait de ne pas avoir pu sauver son frère de la mort, tout comme il regrettait de ne pas avoir pu protéger leur mère ni rendre leur père fier.
— J'aurais tant voulu que tu sois là, avoua Madara en se séparant de l'étreinte fraternelle.
Izuna posa sa main sur l'épaule de son frère, un sourire aux lèvres.
— Je sais, frère... mais quelqu'un doit veiller sur mère, ajouta-t-il avec une pointe d'humour. Toujours là pour faire sourire Madara, toujours là pour le rassurer que tout irait bien.
— Oui, tu as toujours su prendre soin d'elle, admit Madara, regrettant de ne pas avoir eu plus de ces moments avec leur mère.
— Ne t'en fais pas, frère, elle est fière de toi, assura Izuna, avant que son expression ne devienne plus sérieuse. Un changement rare chez cet homme lorsqu'il était simplement avec sa famille.
— Frère ? demanda Madara, percevant quelque chose de grave dans le regard d'Izuna.
— Juste une faveur, frère, dit Izuna, plongeant son regard dans celui de son aîné.
— Dis-moi ce que c'est, répondit Madara, prêt à tout pour honorer la dernière volonté de son frère.
— Tobirama.
À l'évocation de ce simple nom, Madara plissa les yeux. Il comprenait immédiatement ce que son frère lui demandait. Depuis si longtemps, il avait nourri le désir de venger Izuna, et il se réjouissait à l'idée de faire payer le meurtrier de son frère.
— Ce sera fait, répondit-il, recevant un signe de tête approbateur de son frère, qui recula alors pour laisser place à une femme ravissante dans la quarantaine : leur mère.
Que faire ? Que dire ? Madara était dépourvu d'idées. Il n'avait jamais été formé à exprimer ses sentiments. Heureusement, sa mère prit l'initiative de le serrer dans ses bras, avec tout l'amour d'une mère pour son fils.
Il n'y avait pas de mots, pas de gestes précis... juste une étreinte entre une mère et son fils, où tout était transmis tacitement. Le réconfort, le soutien, la protection, la reconnaissance, et surtout l'amour. Les deux avaient les yeux fermés, savourant l'instant présent. Autrefois, en tant qu'adolescent, Madara aurait peut-être repoussé cette étreinte, mais maintenant, approchant de la trentaine, il en comprenait enfin l'importance et la signification.
Il ressentait à travers ce geste une telle profusion d'amour que cela le troublait. Il prenait conscience que quoi que les enfants puissent faire dans leur vie, leurs mères les aimeraient toujours de cet amour unique qui lie une mère à son enfant.
Yumi se détacha légèrement de son fils, maintenant un homme, et le regarda droit dans les yeux. Un sourire radieux éclairait son visage, les larmes brillant au coin de ses yeux. Elle posa sa main sur la joue de Madara.
— Tu es devenu un bel homme, Madara, murmura-t-elle, observant son visage avec tendresse. Elle était décédée alors qu'il était à la fin de son adolescence, et n'avait pas eu la chance de voir son fils devenir un homme.
Madara déposa sa propre main sur celle de sa mère, appréciant le contact.
— Je suis désolé, mère, s'excusa-t-il, regrettant encore sa perte.
— Je te l'ai déjà dit, Madara, ne regrette jamais rien, répondit Yumi, toujours souriante. Ne regrette pas les morts... plains plutôt les vivants qui doivent naviguer dans ce monde rempli de haine.
— Je sais, mère...
— Et Madara... sache que je suis extrêmement fier de l'homme que tu es devenu, continua-t-elle en caressant la joue de son fils du pouce. Et je sais que tu es entre de bonnes mains.
— Comment cela ? demanda Madara, perplexe.
— Sakura... tu as mon approbation. Elle est une femme remarquable, et je sais qu'elle fera une épouse parfaite pour toi, mon fils, expliqua Yumi, le sourire aux lèvres, prenant les mains de son fils dans les siennes. Mon rôle de mère est accompli. Tu as trouvé une femme que tu aimes, et je sais qu'elle te rendra heureux.
Madara ne savait que répondre à cette déclaration de sa mère. Une femme qu'il aimait ? Il était encore trop déchiré par cette sensation de trahison au fond de son cœur. Sakura lui avait menti impunément pendant près de huit mois, et cela, il ne pouvait l'ignorer, malgré les nouveaux éléments dont il disposait sur ses agissements passés.
Madara ne put s'empêcher de reconnaître l'importance de l'approbation de la matriarche du clan Uchiha, surtout à l'ère Sengoku. Dans ces temps turbulents, une telle bénédiction maternelle était inestimable lorsqu'il s'agissait de choisir une épouse. Cependant, le brun préféra garder le silence, se contentant de contempler le bonheur rayonnant sur le visage de sa mère.
Après un moment, il sentit sa mère déposer quelque chose dans sa paume. Intrigué, Madara baissa les yeux sur l'objet et resta sans voix, ses yeux s'écarquillant lentement. Ce qu'il tenait entre ses doigts n'avait pas seulement une valeur sentimentale, mais aussi une profonde signification traditionnelle.
— Mère... êtes-vous sûre de cela ? demanda-t-il, son regard passant de sa mère à l'objet qu'il tenait.
— Je n'ai jamais été aussi sérieuse, mon fils, répondit Yumi en refermant la main de Madara autour de la bague de mariage.
En effet, dans la tradition des Uchiha, il était coutume pour la matriarche de remettre sa bague de mariage à son fils lorsqu'il trouvait sa future épouse. Cette bague symbolisait le passage de responsabilités et de devoirs à celui qui allait occuper cette position.
Sa mère se mit sur la pointe des pieds pour lui déposer un baiser doux sur la joue.
— Je t'aime, Madara, murmura-t-elle avant de se reculer.
— Je vous aime aussi, mère, chuchota Madara en la regardant rejoindre ses frères, tandis que son père s'avançait vers lui.
À la vue de son père, Madara ressentit une tension dans tout son être. Malgré sa puissance, il gardait toujours une certaine appréhension à l'égard de cet homme qui l'avait élevé, qui avait forgé l'homme qu'il était aujourd'hui. Il accordait toujours une grande importance à l'opinion de ses parents, même à son âge adulte, et il se demandait ce que son père pensait de lui.
Tajima Uchiha demeura face à son fils pendant une longue minute, son visage impassible, ne laissant rien transparaître. Pour lui, tout était déjà clair, mais il semblait vouloir mettre une dernière fois son fils à l'épreuve. Lentement, l'ancien chef de clan tendit son bras droit vers Madara, sa main ouverte, sous le regard surpris de ce dernier. Ce geste, en apparence anodin, portait en lui une signification profonde, particulièrement pour Madara. Jamais son père n'avait montré de fierté envers ses enfants, jamais il ne leur avait adressé de compliments. Ainsi, voir son père lui tendre la main comme à un égal déstabilisa l'aîné.
Pourtant, Madara répondit à ce geste en tendant à son tour sa main pour serrer celle de son père. Leur poignée de main fut brève mais ferme, exprimant bien plus que des mots. À travers ce simple échange, de nombreuses émotions silencieuses se transmirent entre les deux hommes.
— Je suis fier de toi, mon fils, déclara enfin Tajima, et pour lui, cette simple phrase était suffisante. Pour un homme de sa trempe, exprimer ses sentiments était tabou, alors dire à son fils qu'il était fier de lui revêtait une importance capitale.
Entendant ces mots uniques de son père, Madara ressentit une profonde satisfaction intérieure. Il avait obtenu le pardon de son frère, l'approbation de sa mère et enfin, la fierté de son père.
Tajima relâcha sa prise et se recula pour rejoindre sa famille. Le temps de cette rencontre touchait à sa fin, alors que les membres du clan Uchiha commençaient à lentement disparaître. Les trois petits bruns agitaient la main, son frère et sa mère affichaient un sourire tendre, et son père lui adressa un signe de tête approbateur. Puis, sa famille se dissipa dans le souffle du vent...
Madara resta un moment, immobile, fixant l'endroit où sa famille avait été, se demandant si tout cela avait réellement eu lieu ou si c'était l'œuvre du Rikudô Sennin.
— Était-ce réel ? demanda-t-il, même si son cœur était soulagé par cet échange.
— Qui sait.
Normalement, ramener les morts à la vie était considéré comme impossible, mais la vie elle-même lui avait enseigné que rien n'était véritablement hors de portée. Le voyage temporel de Sakura, l'existence du Rinnegan, la présence du Rikudô Sennin... Qu'était-ce que la résurrection des morts comparée à tout cela ? D'ailleurs, n'avait-il pas été dit que Tobirama lui-même avait mis au point une technique de résurrection ? L'Edo Tensei, cette création du clan Senju... Mais aujourd'hui, cette rencontre avec sa famille ne ressemblait en rien à un simple jutsu. La bague de sa mère, toujours dans le creux de sa main, était la preuve tangible que Madara n'avait pas rêvé, ni été victime d'une illusion.
— Vous m'avez expliqué pourquoi moi... mais j'aimerais comprendre pourquoi Sakura ?
— As-tu déjà rencontré quelqu'un comme Sakura au cours de ta vie? questionna le Rikudô avec un sourire énigmatique.
Il savait déjà la réponse, et Madara dut admettre qu'il n'avait jamais rencontré une femme semblable à Sakura.
— Non...
— Sakura est la femme la plus puissante et compétente de son époque. Tout comme tu es la réincarnation de mon fils Indra, Sakura est l'une des rares à s'approcher de la puissance de mes fils depuis la nuit des temps, confessa Hagoromo sans entrer dans les détails. Certaines choses étaient mieux gardées secrètes, même pour lui.
Madara ne pouvait qu'accepter cette vérité. D'après ce qu'il avait vu, Sakura était une Shinobi extraordinaire.
— Je comprends...
— N'oublie pas, mon enfant, derrière chaque grand homme se tient une femme aussi compétente. Elle reste souvent dans l'ombre, mais parfois, elle avance aux côtés de l'homme, lorsque celui-ci l'aime assez pour la laisser être son égal, ajouta le Rikudô, fixant Madara dans les yeux. Comme mon fils Asura, j'ai aimé mon fils Indra, mais celui-ci n'a malheureusement pas eu la chance de connaître l'amour...
— Tout cela était-il prémédité ? interrogea Madara, méfiant quant à l'idée d'être manipulé et conduit par les desseins d'autrui.
— Interprète-le comme tu le souhaites, mon enfant, répondit l'ermite en s'approchant de Madara. Tends ta main droite, paume vers le haut, je t'en prie.
Même si la méfiance à l'égard de cet individu persistait en lui, Madara se soumit néanmoins à sa demande. Il tendit sa main droite, paume vers le haut, et le Rikudô y plaça la sienne, paume contre paume. Après quelques instants, Madara rouvrit les yeux pour découvrir un sceau de Fûinjutsu, émettant une lueur bleutée qui se transforma progressivement en une teinte entièrement noire.
— Que m'avez-vous fait ? interrogea Madara, même son Sharingan ne parvenant pas à percer le mystère de ce sceau.
— Ce que vous vous apprêtez à entreprendre, toi et Sakura, n'est pas une entreprise ordinaire, commença le Rikudô avant de se détourner lentement pour s'enfoncer dans la forêt. Ce sceau ne s'activera que sous certaines conditions.
Puis, le créateur du monde s'évapora de la même manière que les parents de Madara quelques instants auparavant, laissant l'Uchiha seul avec ses pensées.
— Oh, une dernière chose, ajouta le Rikudô en levant la main droite avant de se retourner.
— Oui ?
— Transmets ceci à Sakura : "La voie céleste des six chemins s'ouvrira grâce à la symbiose des deux".
Après cette phrase énigmatique, le Rikudô se fondit dans une brise du vent, laissant le chef du clan Uchiha seul avec ses réflexions.
Madara avait enfin des réponses. Bien qu'il n'apprécie pas d'avoir été manipulé ainsi, il était prêt à tout pour atteindre la paix. C'était une conviction profondément ancrée en lui. Il concentra son chakra dans ses jambes et se dirigea vers celle qui avait transformé sa vie : Sakura.
Il bondit d'arbre en arbre, réfléchissant à tout ce qu'il venait de vivre tout en serrant la bague dans sa main gauche. Quelques minutes plus tard, il se retrouva devant la demeure. Des sanglots légers provenaient de l'intérieur.
Il avança avec détermination vers la porte-fenêtre brisée, éclats de verre craquant sous ses pas. Les pleurs cessèrent dès qu'il entra dans la pièce. Il trouva Sakura debout, tenant un kunaï dans une main et un cadre photo dans l'autre, les yeux rougis et les joues humides de larmes. Son étonnement fut palpable en voyant Madara devant elle.
Certes, elle était surprise, mais aussi sur ses gardes, prête à se défendre si nécessaire. Madara pouvait le voir à son attitude, son kunaï prêt à l'action.
Continuant son avancée avec prudence, Madara se rapprocha lentement de Sakura, repensant aux paroles réconfortantes de sa mère qui résonnaient encore dans son esprit. Il avait l'approbation maternelle...
Il s'arrêta juste devant elle, les yeux clos, puis tendit la main pour lui prendre doucement le kunaï, que Sakura lui abandonna sans résistance. Puis, il plongea son regard dans celui de la jeune femme, sans dire un mot.
Un silence pesant s'installa, seulement interrompu par leurs respirations. Ils se fixaient, immobiles. Puis, après une éternité pour Sakura, Madara fit le premier pas et l'enveloppa de ses bras. Il pressa sa tête contre son torse, l'étreignant avec tendresse. Il aimait cette femme.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top