Exode !

Gengetsu Hôzuki, mieux connu sous le nom de Nidaime Mizukage, était l'un des ninjas les plus redoutés de son époque, grâce à ses compétences exceptionnelles en Genjutsu et en Ninjutsu. Sa réputation d'invulnérabilité ne reposait pas sur une armure impénétrable, mais sur une confiance absolue en ses capacités. Il se contentait de simples vêtements en tissu, défiant quiconque de le blesser.

Cette confiance était justifiée. Sa technique de Genjutsu de prédilection impliquait une palourde géante capable de libérer une fumée altérant les perceptions de ses adversaires. Le Mizukage et sa palourde devenaient alors des mirages, se protégeant mutuellement. Trouver l'invocateur ou la palourde dans ce labyrinthe d'illusions était une tâche herculéenne, rendant toute attaque futile et désespérée.

Gengetsu Hôzuki renforçait ses Genjutsu avec une maîtrise inégalée du chakra Yin, ou Inton, une nature de chakra permettant de créer des illusions à partir de l'énergie spirituelle. Peu de ninjas pouvaient se targuer de contrôler une telle puissance, et Gengetsu Hôzuki figurait parmi ces rares élus, faisant de lui une légende indomptable dans l'art du combat ninja.


Mais le Genjutsu n'était pas sa seule compétence. En effet, le Nidaime Mizukage appartenait au clan Hôzuki, célèbre pour leur capacité à liquéfier leur corps en eau. Gengetsu avait perfectionné cette technique en y intégrant de l'huile, ce qui lui permettait de créer des effets imprévisibles et variés sur ses adversaires. Une de ses techniques les plus redoutables consistait à transformer l'eau de ses clones en vapeur explosive, avant de revenir à l'état liquide, créant ainsi un cycle destructeur et ininterrompu qui le rendait pratiquement invincible.

Avec de telles capacités, ainsi que celles de ses épéistes légendaires, il était évident qu'il valait mieux ne pas compter Kiri parmi ses ennemis. Tobirama Senju, le Nidaime Hokage, en était parfaitement conscient.

Au début de la guerre, Tobirama n'hésita pas un instant à s'assurer l'alliance de Kiri. Il parvint aisément à convaincre le Mizukage de se joindre à lui en exploitant la haine profonde que ce dernier nourrissait envers le Nidaime Tsuchikage.

Gengetsu Hôzuki entretenait une inimitié sans bornes envers Mū, dont l'unique ambition était de rendre Iwa la plus puissante, quels que soient les moyens employés. Lorsque Senju lui proposa une alliance contre Tsuchi no Kuni, le Mizukage n'hésita pas une seconde. La perspective de réduire le Tsuchikage à l'état de poussière suffisait à le convaincre d'accepter n'importe quelle proposition.

Mais avant de pouvoir affronter son ennemi juré, Gengetsu Hôzuki quitta Kiri il y a un mois, se dirigeant résolument vers Suna. Ses troupes traversèrent les terres arides avec difficulté, jusqu'à atteindre leur objectif final : la capitale de Kaze no Kuni.

Le Nidaime Mizukage avait planifié une attaque de revers sur la capitale, profitant de la dispersion des troupes du pays du Vent, majoritairement engagées à Uzushio ou sur les fronts d'Hi no Kuni. Ce qu'il ne s'attendait pas à trouver, c'était une défense aussi négligée : à peine une centaine de ninjas pour protéger le village et leur Kage.

L'effet de surprise, combiné au surnombre écrasant des ninjas de Kiri et à l'efficacité redoutable de Gengetsu Hôzuki, fit tomber la ville en quelques heures. Ils prirent en otage le Kazekage et sa famille, forçant ainsi le chef de Sunagakure no Sato à se rendre. Le Mizukage obtint ainsi la reddition de Kaze no Kuni sur tous les fronts, équilibrant les forces dans cette guerre interminable.

Assuré que cette zone était sécurisée et sous contrôle, Hôzuki laissa une partie de son armée pour maintenir l'ordre avant de se diriger vers le front de Tsuchi no Kuni, nourrissant l'espoir de confronter enfin son ennemi de toujours.

Quinze jours s'étaient écoulés depuis que Madara avait anéanti Uzushio avec la puissance dévastatrice de son Rinnegan. Aucune forme de vie n'aurait pu survivre à ce Ninjutsu cataclysmique, à moins d'être préparée ou bien cachée.

Grâce aux vastes réseaux souterrains de la ville et aux nombreuses formules de Fûinjutsu qui les protégeaient, la population avait trouvé refuge. Pour les civils et les soldats qui n'avaient pas eu le temps de se mettre à l'abri, Sakura, avec l'aide de Katsuyu, avait créé une barrière protectrice contre l'attaque massive de chakra.

Une fois l'assaut terminé, Madara avait disséminé des bâtonnets mêlant Fûinjutsu et Genjutsu à travers la ville. Ces dispositifs donnaient l'illusion qu'il ne restait aucune âme vivante dans les ruines et effaçaient les signatures de chakra, même celles que les ninjas savaient déjà dissimuler. Ainsi, tous les survivants étaient devenus invisibles aux yeux du monde.

Ashina Uzumaki, qui avait insisté pour observer les actions de Madara, était d'abord empli d'une furieuse envie de réduire à néant l'Uchiha pour avoir détruit sa ville, sa maison ! Mais, malgré sa rage face au spectacle désolant, le vieil homme ne put nier une vérité incontestable : Uchiha Madara venait de sauver son peuple. Avalant sa fierté, Ashina demeura silencieux, reconnaissant envers cet homme qu'il avait longtemps considéré comme un traître.

— Et maintenant ? demanda Ashina Uzumaki une fois que toute la ville fut plongée dans cette bulle d'illusion.

— Restons prudents, Ashina. Tout mouvement trop précipité pourrait conduire à notre perte. Regagnons les souterrains pour l'instant, répondit Madara, son regard perçant scrutant les environs pour s'assurer qu'aucun ennemi ne rôdait encore.

— Combien de temps resterons-nous cachés ? interrogea le vieux shinobi, l'inquiétude voilant sa voix.

— Le temps qu'il faudra... quinze jours, peut-être vingt, estima l'Uchiha, redoutant réellement qu'ils soient découverts.

Ainsi, ils restèrent dissimulés dans les sous-sols pendant plusieurs jours, tels des rongeurs en cage. Un strict protocole de rationnement fut instauré pour assurer la survie des deux mille personnes entassées là. Mais Sakura intervint, invoquant des réserves de vivres suffisantes pour toute la population. Personne ne manqua de rien, et tous n'eurent qu'une pensée : Vive le Fûinjutsu.

Sakura se distingua rapidement parmi la population. Forte de son expérience de la Quatrième Grande Guerre Shinobi, elle organisa un centre de soins pour tous les présents : civils, soldats et shinobis. Avec l'aide de Katsuyu et ses compétences médicales, la jeune femme aux cheveux roses entreprit de soigner quiconque en avait besoin. Elle s'occupa en priorité des blessés, suscitant l'étonnement parmi la foule. Pour beaucoup, l'Iryô Ninjutsu était une forme de magie inconnue.

Les jours passèrent, et malgré la tension omniprésente, un certain ordre s'établit. Madara continuait à surveiller les environs, son esprit constamment en alerte, tandis qu'Ashina luttait contre ses sentiments contradictoires. Il ne pouvait nier que, bien qu'il détestât l'Uchiha, ce dernier avait sauvé leur peuple. Quant à Sakura, elle se fit apprécier et respecter, son dévouement et ses compétences médicales instaurant une lueur d'espoir dans cette période sombre.

Chaque décision, chaque action était empreinte d'une prudence extrême, car tous savaient qu'un seul faux pas pourrait les conduire à la catastrophe. Mais pour l'instant, cachés dans les entrailles de leur ville, ils tenaient bon, unis par la volonté de survivre et de se reconstruire.

Mais au-delà de ses compétences médicales peu communes, ce qui retint l'attention de la population fut l'attitude de Sakura. La jeune femme ne cessait de s'occuper des gens avec un sourire sincère, une douceur inébranlable et une empathie rare en ces temps de guerre. Sa présence apportait un réconfort tangible, atténuant le stress d'être confinés sous terre dans l'attente de leur libération.

Profitant de cette période d'enfermement, Ashina et Madara discutèrent des prochaines étapes, se concentrant sur ce qui serait le mieux pour leur peuple. Sakura et Madara évoquèrent Heiwa, un lieu de paix, un refuge pour les victimes de la guerre, où ils pourraient recommencer à zéro. Mais pour y parvenir, il fallait garantir que toute la population puisse se déplacer sans être vue ni entendue. Ce défi constituait leur nouvelle priorité pour assurer un trajet sans encombre.

Ashina participa activement à l'élaboration d'un plan pour garantir la sécurité de tous lorsqu'ils quitteraient enfin ces ruines. S'inspirant des bâtonnets de Fûinjutsu de Sakura et Madara, il chercha à augmenter leur portée et leur stabilité. Faire voyager deux mille personnes par voie terrestre sans attirer l'attention serait un véritable exploit, créant un exode de population sur plusieurs kilomètres.

Les discussions étaient intenses, chaque idée examinée sous tous les angles. Madara, avec son expérience stratégique, et Ashina, avec sa connaissance approfondie du Fûinjutsu, travaillaient sans relâche. Sakura, malgré ses nombreuses tâches médicales, apportait des suggestions pratiques, toujours avec son inébranlable optimisme.

Le plan se dessinait peu à peu : des groupes de taille modérée se déplaceraient sous la protection de Fûinjutsu amélioré, alternant les itinéraires pour éviter les patrouilles ennemies. La coordination serait cruciale, et chaque détail minutieusement préparé pour assurer leur discrétion.

Jour après jour, l'espoir grandissait parmi les survivants. Ils savaient que le chemin serait long et périlleux, mais sous la guidance d'Ashina, Madara, et Sakura, ils se préparaient à relever ce défi monumental. Le rêve de Heiwa, ce sanctuaire promis, donnait à chacun la force de persévérer, de se tenir prêt pour le moment où ils pourraient enfin émerger de l'obscurité.

Le vieil Uzumaki prit en compte tous les paramètres possibles : les civils n'avancent pas aussi vite qu'un shinobi aguerri, et l'arrivée à destination s'étalerait sûrement sur plusieurs jours. En intégrant ces facteurs aux considérations déjà prises en compte par Sakura et Madara, il conçut un système plus complexe et surtout plus fiable. Le Fûinjutsu offrait un éventail de possibilités impressionnant, et Ashina opta pour une substance plus rigide qu'un simple morceau de bois afin d'éviter tout risque de casse involontaire. Il proposa donc d'utiliser les plaques des bandeaux frontaux des shinobis comme support pour les sceaux. Cela permettrait ensuite de désactiver le sceau par un autre sceau de scellement, annulant ainsi la technique.

Ainsi, les habitants de la défunte Uzushio apprirent leur départ imminent pour une nouvelle demeure, un lieu de paix. Il ne restait plus qu'à organiser cet exode. Des groupes furent constitués, encadrés par des shinobis chargés de leur sécurité et de maintenir l'onde protectrice d'illusion autour d'eux.

Les consignes étaient claires : ne prendre que l'essentiel pour ne pas ralentir le convoi. Ce fut un déchirement pour beaucoup, car malgré leur gratitude d'être en vie, ils durent faire face à un des traumatismes de la guerre : tout perdre. Lorsque le moment fut venu de quitter les sous-sols, le choc fut encore plus grand. Ils découvrirent que leur ville n'était plus qu'un amoncellement de ruines, toute leur vie réduite à néant.

Beaucoup pleurèrent, mais furent rapidement rappelés à l'ordre. Le silence était de rigueur. Même sous la protection de l'illusion, ils ne pouvaient écarter la possibilité que des espions surveillaient encore, vérifiant leur éventuelle survie. La prudence et la méfiance étaient essentielles. Bien que leurs sauveurs parlaient de ce havre de paix où ils pourraient recommencer leur vie, tant qu'ils n'y étaient pas encore, il fallait continuer à faire profil bas.

Le convoi se mit en route. Cela faisait déjà une semaine qu'ils progressaient régulièrement vers Ta no Kuni. Ashina restait près de Madara, conversant régulièrement avec lui.

— Que sais-tu d'autre ? demanda Ashina à Madara alors qu'ils marchaient à un rythme de civil.

— Que veux-tu dire, Ashina ? rétorqua l'Uchiha.

— J'ai encore du mal à croire à ces histoires de diseuse de bonne aventure, mais les faits sont là ! Tu avais raison pour la trahison de Konoha, tu avais raison pour l'attaque de nos ennemis, et maintenant tu proposes un refuge à mon peuple, énuméra le vieil homme à contre-cœur. Que sais-tu d'autre sur l'avenir ? précisa l'Uzumaki.

Madara reconnut dans ces questions l'esprit d'analyse de son homologue. Il comptait être honnête tout en évitant de dévoiler le secret de Sakura. Il savait manipuler les mots pour guider ses interlocuteurs là où il le souhaitait.

— La guerre est pratiquement terminée, soupira Madara.

— Comment peux-tu affirmer cela ?

— Comment ? Parce que chaque armée est en train de s'essouffler. Ce conflit dure depuis bien trop longtemps, et les ressources commencent à manquer. Ne me dis pas que tu n'as pas remarqué ce détail ? s'étonna Madara.

— Effectivement, maintenant que tu le soulèves, nous avons reçu des rapports indiquant que les vivres commencent à manquer dans certaines régions. Et nous avons également entendu parler de nombreux pillages orchestrés, ajouta Ashina, jetant un regard perçant à Madara et à Sakura. C'était vous, n'est-ce pas ?

— Hn, répondit simplement Madara, ce qui suffit à Ashina pour comprendre les dessous des événements récents.

Toutefois, l'Uchiha devança les questions de son homologue en ajoutant d'un ton las :

— Je t'arrête tout de suite, Ashina. Je n'ai pas déclenché cette guerre. J'ai simplement profité de la situation pour avancer mon projet de terre d'asile, un refuge pour ceux qui désirent vivre en paix.

— Alors pourquoi ai-je l'impression que tu n'es pas ravi que la guerre touche à sa fin ?

— Parce que la Seconde Guerre Mondiale ne tardera pas à suivre.

— Sérieusement ?

— Ashina, tu sais aussi bien que moi comment fonctionnent les conflits. Certes, je me suis immiscé dans cette guerre pour servir mes propres intérêts, et détruire ta ville va ébranler les Nations Élémentaires. La suspicion va naître au sein des alliances, et comme chacun a déjà beaucoup perdu dans ce conflit, il est inévitable que chaque Kage finisse par s'impliquer personnellement sur les différents fronts pour en finir. Mais...

Madara marqua une pause, s'assurant qu'Ashina suivait sa logique et écoutait attentivement ses paroles.

— Mais en choisissant cette option, la plupart des Nidaime vont périr.

— Comment peux-tu dire une telle chose, Madara ? Les Kage actuels sont des ninjas hors pair avec des techniques monstrueuses ! Ne va pas croire que toi et Hashirama étiez les seuls à effrayer le monde ! s'insurgea le vieil homme, prenant les paroles précédentes pour de l'arrogance légendaire de l'Uchiha.

— N'avais-je pas prédit que ta ville serait détruite ? Ashina, je te l'ai dit : j'ai vu ce que l'avenir réserve au monde ! rétorqua Madara en montrant son Rinnegan, caché sous ses cheveux.

Ashina se renfrogna légèrement. Si cette pupille légendaire conférait ce pouvoir, alors il était évident que Madara pouvait effectivement avoir plusieurs coups d'avance sur ses adversaires. Mais l'Uzumaki voulait comprendre pourquoi son interlocuteur était si certain qu'une nouvelle guerre éclaterait bientôt. Qu'il l'ait vu par son pouvoir oculaire était une chose, mais le vieil homme avait besoin de preuves concrètes, d'éléments substantiels pour arriver à la même conclusion.

— Ashina, donne-moi ton avis. Comment penses-tu que les Nations Élémentaires se sentiront une fois l'armistice signée ? Car elle sera signée. Toute guerre prend fin à un moment ou un autre. Même toi, en tant que chef de clan qui a tout perdu à cause de cette guerre et de la trahison de Konoha, comment réagirais-tu d'instinct ?

L'Uzumaki commençait à comprendre où Madara voulait en venir. Bien sûr, il était reconnaissant que son peuple soit sauvé, mais cela n'avait été possible que par l'intervention du brun. Autrement dit, s'il n'était pas intervenu... Et rien que de penser que Konoha les avait abandonnés à leur triste sort, ajouté au fait que la Feuille avait délibérément caché la disparition de son unique fille... un seul sentiment envahit alors le vieil homme : la vengeance.

— Le désir de vengeance motivera les Nations Élémentaires à réagir, annonça calmement l'Uzumaki d'une voix froide.

— Exact, approuva Madara, satisfait de voir son interlocuteur comprendre sa logique. Mais c'est Konoha qui déclenchera les hostilités. Certes, un climat de haine et de rancœur va s'installer dans chaque Nation Élémentaire, mais c'est par Konoha que la seconde guerre va commencer. J'ignore les motivations réelles qui conduiront la Feuille à se comporter de manière si belliqueuse, mais Konoha va chercher à semer le trouble et provoquer des tensions. Tout cela profitera au Sandaime Hokage qui...

— Le Sandaime ? s'étonna Ashina, ce qui fit sourire son homologue.

— Je te le répète, les Nidaime vont périr dans ce conflit, et même Tobirama y laissera la vie. Crois-moi, c'est une certitude qui ne pourra pas être changée ! ajouta le brun, sa satisfaction de savoir que cet enfoiré de Senju trouverait la mort à peine dissimulée.

— Soit ! Mais finalement, Madara, quel est ton but exactement dans tout cela ? À quoi cela te sert-il de jouer au bon samaritain ? Et ne me sors pas tes histoires sur le fait de vouloir une terre d'accueil pour les victimes de la guerre, exigea Ashina, qui ne croyait pas du tout à cette utopie que défendait l'Uchiha.

— La paix ! répondit Madara avec dureté.

— La paix ? répéta Ashina, incrédule.

— Toi qui est plus vieux que moi, tu devrais comprendre mon ressenti. Combien des tiens as-tu vu périr au cours de ta très longue vie ? Beaucoup trop, n'est-ce pas ? Imagine-moi, depuis tout petit, nous sommes confrontés aux horreurs des conflits et des affrontements. Tout ça pour quoi ? Parce qu'un imbécile imbu de lui-même a des ambitions de conquête ? J'en ai marre de tout cela, Ashina. Marre de voir tous ceux que j'aime mourir. Marre de rester sans rien faire pour changer cette vision du monde. Alors j'ai décidé d'agir, de changer ce monde qui n'est régi que par la haine.

Madara n'avait pas quitté un seul instant le regard de l'Uzumaki et continua avec conviction :

— Je veux soumettre le monde et l'obliger à être en paix : voilà ce que je souhaite depuis tellement longtemps. Mais comme l'histoire est écrite par les vainqueurs, je suis celui qu'on décrit comme le fou, le traître... le méchant, finit-il par dire d'un ton blasé.

Uzumaki Ashina comprenait parfaitement tout ce que son acolyte venait de dire. Ô combien il avait souhaité que la paix s'installe durablement dans les nations élémentaires.

Mais à chaque fois qu'un semblant de paix et de stabilité s'installait, cela était de nouveau ébranlé par un énième conflit. Alliances de guerre et traités de paix. Voilà tout ce qu'avait connu le vieil homme durant son existence. Alors oui, un projet de paix à l'échelle mondiale pouvait être un motif suffisant pour adhérer à la vision de l'Uchiha.

— Je peux comprendre cela, répondit Ashina en tournant son regard vers son peuple. Il serait prêt à tout pour les préserver et les protéger, même à adhérer à un plan tel que celui proposé par l'Uchiha.

Yui était sidérée par ce qu'elle avait devant les yeux, une merveille architecturale comme elle n'en avait jamais vue auparavant. C'était bien au-delà de tout ce qu'elle avait pu observer dans sa courte existence. En arrivant dans le pays de Ta No Kuni, ce qui la frappa immédiatement fut l'état des routes. Elles étaient parfaitement tracées, pavées même. Même les villes les plus développées n'avaient pas ce genre d'infrastructures, surtout pas une signalisation aussi détaillée. Chaque ville était clairement indiquée, et aucun détail ne pouvait échapper à ceux et celles qui s'arrêtaient devant les panneaux.

Heiwa se dressait comme un point de repère, le centre de toutes les autres destinations. Lorsque la jeune femme arriva avec ses parents dans la vallée précédant la capitale, ils furent submergés par l'immensité qui s'étendait sur des kilomètres. Des villages étaient en cours de construction à divers endroits, tandis que des rizières s'étalaient dans les vallons. Tous ces détails montraient que la région était en pleine expansion.

Mais ce qui impressionnait le plus, c'était l'immense muraille qui se dressait au loin. Impossible à manquer, elle s'élevait sur plusieurs mètres de haut, protégeant sans aucun doute la grande ville qui se trouvait derrière. Ce qui était tout aussi impressionnant, c'était que la muraille, tout comme la ville, était toujours en expansion, signe évident du développement constant de la région.

— C'est magnifique, s'exclama Yui à voix haute alors qu'ils s'apprêtaient à passer la herse de la porte principale.

La porte était gardée par une quinzaine de soldats chargés de surveiller les entrées et sorties. De temps en temps, ils effectuaient des contrôles d'identité et demandaient les raisons de la visite des personnes.

— Tu es sûre de toi, Yui-chan ? demanda la femme d'une cinquantaine d'années qui accompagnait la brune.

— Oui, mère, affirma immédiatement la jeune femme en scrutant les environs.

Depuis sa rencontre avec cette femme qui l'avait sauvée d'un funeste destin, Yui n'avait eu qu'une idée en tête : suivre les traces de sa sauveuse. Elle avait donc tout fait pour convaincre ses parents de la suivre jusqu'à Heiwa.

Alors qu'ils passaient devant les gardes, Yui leva les yeux et aperçut une grande cloche ainsi que des archers positionnés sur la muraille. Étrangement, elle ne ressentit aucune peur à leur vue, mais plutôt un sentiment de sécurité. Il régnait dans cette ville une ambiance de plénitude, de paix. Pourtant, à l'extérieur, la guerre faisait rage, ravageant les pays, piétinant les terres arables, détruisant les villes et les villages.

Mais ici, tout semblait différent, comme si cette ville était une bulle hors du temps, préservée du tumulte du monde extérieur. Comment un tel endroit pouvait-il être épargné par la guerre ? Comment les habitants pouvaient-ils être aussi sereins, sans la moindre marque d'inquiétude sur leur visage ou dans leur comportement ? Yui se demandait si tous ces gens étaient eux aussi des victimes de la guerre, tout comme elle.

— Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est une véritable fourmilière, commenta le père de Yui à travers le brouhaha ambiant.

En effet, l'allée principale était immense, permettant à la foule de se déplacer sans se bousculer malgré son nombre important. Le trafic de personnes était fluide, comme si les architectes avaient anticipé l'afflux de population et le développement de la ville. Toutes les structures étaient faites de pierre, des pavés des rues aux bâtiments environnants, en passant par l'imposante muraille qui entourait la cité. Il ne faisait aucun doute qu'il devait y avoir une carrière à proximité pour que les architectes aient choisi ce matériau en priorité.

Soudain, le son d'une corne retentit dans la ville pendant quelques instants, déclenchant une agitation parmi la population, mais sans pour autant susciter de panique ou d'angoisse.

— Qu'est-ce qui se passe ? s'exclama la mère de Yui, peu habituée à une telle agitation et au son rauque de la corne.

— Aucune idée, mère, répondit immédiatement Yui en scrutant les alentours. Les gens se pressaient pour se mettre à l'abri le long des bâtiments.

— Écartez-vous ! cria un homme au loin, suivi du bruit de sabots résonnant sur les pavés. Yui et ses parents se joignirent au mouvement, se réfugiant sur le côté de la route juste à temps pour laisser passer une troupe de cinquante cavaliers en formation, sortant de la ville.

Si des doutes persistaient encore en elle quant à son choix de venir ici, Yui en fut rapidement débarrassée. Sakura ne lui avait pas menti. En venant à Heiwa, elle avait enfin trouvé ce qu'elle cherchait : un foyer, un refuge sûr pour sa famille. Mais plus que cela, elle savait désormais qu'elle avait la possibilité de les protéger, une perspective qui lui aurait paru impensable si elle était restée dans son petit village.

Une fois la troupe de cavaliers partie, l'activité de la ville reprit aussitôt, avec son brouhaha habituel. Yui et ses parents se fondirent à nouveau dans la foule, jusqu'à ce que la jeune femme repère une patrouille de soldats.

— Excusez-moi, monsieur, s'exclama Yui en s'approchant de celui qui semblait être le chef de la patrouille. Il se distinguait par le fait qu'il gardait son arme au fourreau, contrairement aux autres, qui tenaient des armes d'hast.

Bien que confiante, Yui ressentit une légère appréhension quant à la manière dont elle serait accueillie. Elle savait qu'elle était physiquement attrayante et qu'elle plaisait aux hommes. Il suffisait de se rappeler l'horreur qu'elle avait failli subir si Sakura n'était pas intervenue à temps. De plus, elle était habituée à ce que les hommes traitent les femmes comme des objets plutôt que comme des êtres humains.

Mais elle fut agréablement surprise par la réaction de l'homme qu'elle avait interpellé. Pour la première fois de sa vie, Yui ne ressentit pas les regards lubriques des hommes. Au contraire, il lui répondit avec respect et sollicitude.

— Oui, mademoiselle ? Que puis-je faire pour vous ?

— Je viens de la part de Sakura-sama. Elle m'a demandé de rencontrer Suzuki-sama, expliqua-t-elle sans détour, ne voulant aucunement avoir des ennuis avec les autorités locales.

À l'évocation de ces deux noms, de nombreux soldats tournèrent leur regard vers la jeune femme, qui se sentit soudainement intimidée d'être ainsi au centre de l'attention. Le chef de patrouille l'observa ainsi que sa famille, les yeux plissés, puis parcourut la belle jeune femme du regard, cherchant à comprendre pourquoi Sakura-sama aurait envoyé cette personne rencontrer Suzuki-sama. Il devait s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un piège, car la possibilité d'un assassinat n'était pas à écarter : la réputation de Sakura ne cessait de croître depuis le début de la guerre.

— Vous a-t-elle précisé la raison de votre rencontre avec lui ?

— Je souhaite rejoindre les rangs de l'armée.

La réponse, prononcée avec force et conviction par la jeune femme, laissa ses parents abasourdis. En effet, Yui avait délibérément menti à ses parents au sujet de ses véritables motivations pour venir à Heiwa. Jamais ils n'auraient accepté de la suivre, encore moins de quitter leur village, s'ils avaient su. Quels parents auraient consenti à ce que leur fille apprenne l'art du combat, surtout dans une société où cela était mal vu ? Sa mère, la voix tremblante de désespoir, s'exclama alors :

— Mais Yui, ma chérie, tu ne peux pas être sérieuse ! Tu nous as dit vouloir fuir la guerre et refaire notre vie dans cette ville, pas t'engager dans l'armée.

— Mère, je vous en prie, supplia la jeune femme, le cœur lourd d'avoir menti à ses parents. Elle était déchirée entre la peine qu'elle leur causait et son désir ardent de protéger sa famille.

Le chef de la patrouille ne se laissa pas décontenancer par l'inquiétude palpable des accompagnateurs de la jeune femme et demanda si ces derniers comptaient également s'installer en ville. Yui ne laissa pas ses parents répondre, profitant du moment de stupeur causé par son annonce pour acquiescer à la question. Bien qu'intérieurement perplexe devant l'idée qu'une personne puisse aspirer à rejoindre les rangs militaires, l'homme garda ses réflexions pour lui-même et donna les instructions suivantes :

— Suivez l'allée principale. Une fois arrivés sur la place du marché, tournez à gauche et continuez tout droit en empruntant l'allée qui monte jusqu'à une autre porte. Informez les gardes postés là-bas de ce que vous m'avez dit, en précisant que vous avez déjà subi un contrôle. Ils vous conduiront à Suzuki-sama. Toutefois, vos parents ne pourront pas vous accompagner.

— Pourquoi donc, monsieur ? s'enquit le père de famille, réticent à l'idée de laisser sa fille unique seule entourée d'autant d'hommes.

— En tant que nouveaux arrivants et futurs citoyens de ce pays, vous devez vous enregistrer à l'administration. Le bâtiment est imposant, vous ne pouvez le manquer ; il se trouve sur la même rue menant à Suzuki-sama. Si jamais vous avez du mal à le trouver, suivez simplement la file d'attente. Bonne journée à vous, expliqua le chef de patrouille avant de reprendre sa route avec ses hommes pour poursuivre leur travail.

Tandis que la famille entamait le chemin désigné, la mère de Yui interpella sa fille qui marchait en tête :

— Yui ! Quand comptais-tu nous parler de tes projets ?

— Mère, vous savez pertinemment que vous auriez tout fait pour m'en dissuader si je vous avais informés à Kaze No Kuni, répondit-elle en se frayant un chemin à travers la foule.

— Il n'est pas trop tard pour faire demi-tour, insista la vieille femme, convaincue que cette idée était une absurdité.

— Non, mère, tu sais ce qui s'est passé là-bas ! Plus jamais je ne veux me retrouver aussi désemparée face à une telle situation. Je veux avoir le pouvoir de me défendre, de protéger ceux que j'aime. Je ne veux pas être une femme destinée uniquement au mariage. Non, mère, je refuse ce destin imposé, se défendit-elle vivement.

En effet, même si elle était totalement absorbée par son objectif, Yui ne pouvait ignorer les regards furtifs qui se tournaient vers elle à chaque pas. Grâce à ses traits délicats et à son aura naturellement féminine, la jeune femme attirait irrésistiblement l'attention, aussi bien des hommes que des femmes.

Sa mère, réticente à laisser sa fille prendre une telle décision, fit appel à son époux pour qu'il intervienne et raisonne leur enfant :

— Chéri, dis quelque chose ! Tu ne vas quand même pas accepter ça ?

— Que veux-tu que je dise ? Laisse-la faire, la vie la ramènera à la raison si nécessaire, répliqua le père, conscient qu'il ne ferait pas fléchir sa fille bien-aimée. Tant qu'elle est heureuse, il était prêt à accepter ses choix.

Cela mit fin à la discussion, et ils marchèrent pendant de longues minutes avant d'atteindre une immense place qui ne pouvait être que celle du marché. Des étals et des boutiques s'étendaient sur la zone, tandis qu'une foule grouillante faisait ses emplettes. L'agitation régnait, un mélange bruyant de voix de marchands et de clients. Les uns attiraient la clientèle avec des annonces et des marchandages, tandis que les autres négociaient les prix à la recherche des meilleures affaires.

Ce marché était unique en son genre, débordant de richesses, des denrées alimentaires de première nécessité aux produits les plus exotiques. Cette opulence contrastait vivement avec la réalité du monde extérieur, où la famine et la privation sévissaient.

Cela ne passa pas inaperçu pour le père de Yui, qui s'arrêta devant cette abondance avec émerveillement. Il se demanda même s'il n'était pas en train de rêver, tant cela lui semblait surréaliste. Se pouvait-il que le Daimyô de ce pays soit bien plus riche que celui de Kaze No Kuni ? À première vue, la réponse était évidente. Oui, ce pays était sans aucun doute riche. Il ne s'agissait pas seulement de richesses en or ou en pierres précieuses, mais le développement des infrastructures parlait de lui-même. Aucune nation élémentaire ne possédait des murailles aussi imposantes et bien construites. Mais l'indicateur le plus significatif de la richesse du pays et de sa capitale était l'atmosphère sereine qui y régnait. Sans aucun doute, le choix de la neutralité vis-à-vis du conflit actuel avait permis à cette région de se développer et de prospérer.

Le père de la jeune fille fut tiré de ses réflexions contemplatives quand il entendit la voix douce mais déterminée de sa fille :

— Je vous rejoindrai plus tard.

En effet, ils étaient arrivés devant le fameux bâtiment d'administration, devant lequel se tenaient déjà quatre files d'attente. De nombreux soldats étaient présents pour surveiller et assurer la sécurité des lieux. Les gens étaient d'abord fouillés avant d'être invités à patienter dans l'une des files. Yui s'apprêtait à laisser ses parents pour se diriger vers la direction indiquée par les soldats lorsque sa mère l'enserra fortement contre elle, lui murmurant à l'oreille : « Sois prudente, ma fille ».

Une fois l'étreinte terminée, la jeune femme se dirigea d'un pas assuré vers la porte qu'elle devait emprunter. Yui remarqua alors l'existence d'une seconde muraille à l'intérieur même de la ville. Bien qu'elle fût trois fois moins haute que celle qui entourait la capitale, elle semblait délimiter les différents quartiers de la ville. La jeune femme se dirigeait visiblement vers un quartier réservé aux nobles. La qualité des tenues vestimentaires des personnes passant par la porte de contrôle indiquait qu'il s'agissait de personnes plus aisées que les citoyens ordinaires. De plus, les gardes les laissaient passer sans les contrôler davantage, contrairement aux personnes moins bien vêtues, qui faisaient l'objet d'un examen plus minutieux.

Yui ne put éviter ce traitement alors qu'elle approchait de la seconde porte. En effet, un garde s'avança légèrement vers elle, l'empêchant d'avancer davantage. Elle n'attendit pas qu'il lui pose la question de sa présence ici et répéta ce qu'elle avait déjà déclaré lors du premier contrôle. Comme pour ses collègues, les noms de Sakura et de Suzuki interpellèrent le garde, qui fronça légèrement les sourcils avant de fixer intensément la jeune femme. Si elle avait passé le premier contrôle, c'était qu'on lui avait déjà posé les questions adéquates.

Cependant, Yui ne s'attendait pas à devoir subir une fouille corporelle. Elle avait imaginé qu'évoquer les noms de Sakura et de Suzuki suffirait à lui ouvrir la voie. Mais lorsque le garde appela un de ses collègues et ordonna la fouille, elle sentit son corps se crisper de peur, les souvenirs de son agression toujours vifs dans son esprit. Par réflexe, elle ferma les yeux avec force lorsque les mains de l'homme s'approchèrent de son corps, les posant par-dessus ses vêtements. Les gardes, fins observateurs, comprirent par cette réaction que cette femme avait probablement été confrontée à des violences physiques, voire sexuelles. C'est pourquoi l'homme chargé de la fouille fit attention à ne pas avoir de gestes trop appuyés, bien qu'il soit obligé de vérifier qu'elle ne dissimulait pas d'arme.

— Rien à signaler, chef, finit par dire l'homme qui venait de faire glisser ses mains le long du pantalon de la jeune femme, partant de l'aine jusqu'aux chevilles.

Yui avait toujours les yeux fermés, tentant de calmer les battements de son cœur après cette fouille corporelle. Elle devait admettre qu'elle avait craint que l'homme ne profite de l'occasion pour palper plus intensément certaines zones de son corps, comme sa poitrine ou son entrejambe. Mais aucun geste déplacé n'avait été commis.

Suzuki et Hashuba étaient clairs concernant l'armée : discipline !

— Bien, Katsuo vous guidera jusqu'à Suzuki-sama, annonça l'un des gardes avant de se diriger vers une autre personne s'approchant de la grande porte.

Yui rouvrit les yeux en entendant qu'elle allait enfin rencontrer celui qui lui apprendrait à se défendre et à se battre. Elle suivit l'homme répondant au nom de Katsuo, et ils continuèrent leur route en silence dans un quartier un peu moins bondé que le précédent. Les bâtiments étaient indéniablement mieux travaillés et d'une architecture plus artistique. Ils marchaient à un rythme rapide, mais elle trouva le temps d'observer autour d'elle jusqu'à ce qu'elle aperçoive un édifice imposant un peu plus haut, probablement la demeure du Daimyô.

Cependant, ce ne fut pas leur destination. Ils se dirigèrent vers un autre lieu, moins imposant mais tout aussi remarquable. Le propriétaire des lieux semblait être un amateur d'art, car de nombreuses sculptures ornaient la bâtisse en question.

Deux hommes se tenaient devant la porte d'entrée et l'ouvrirent dès qu'ils reconnurent Katsuo. Yui put apercevoir un intérieur spacieux et raffiné sans pour autant être sophistiqué.

Leur avancée fut interrompue par les supplications d'un homme derrière eux. Il était traîné par deux soldats qui le tenaient chacun par un bras, et ils entrèrent dans la bâtisse en passant devant Yui et Katsuo. Ces derniers s'étaient machinalement arrêtés avant de pénétrer également dans les lieux, où ils entendirent un des gardes s'adresser à l'homme encadré.

— Garde ta salive, vaurien ! rétorqua un garde de la ville.

— Je n'ai rien fait ! Je vous dis que je n'ai rien fait, hurla presque l'homme encadré.

— Mais bien sûr, soupira le deuxième garde qui pénétra alors dans une vaste pièce.

Un homme s'y trouvait, installé en position de tailleur au milieu de la pièce, semblant être en pleine séance de méditation. Les deux gardes s'agenouillèrent respectueusement devant l'individu alors même que le troisième homme gesticulait fortement entre eux. Yui s'apprêtait à entrer à son tour dans la pièce, mais elle fut interrompue par Katsuo : « Attendez », fut la seule parole qu'il prononça avant de lui intimer le silence d'un seul regard.

— Mon seigneur, pardonnez-nous, mais cet homme..., commença l'un des gardes toujours agenouillés.

— Quel est le crime qui a été commis ? demanda Suzuki sans détour, gardant les yeux clos.

— Vol à l'étalage, Suzuki-sama, répondit aussitôt l'autre soldat.

Suzuki ouvrit les yeux en entendant cette phrase, croyant avoir mal entendu. On était venu le déranger pour un simple vol à l'étalage. Habituellement, on faisait appel à lui pour des crimes plus conséquents, plus graves... pas un simple vol. Il dévisagea de façon menaçante les gardes devant lui. L'un d'eux s'empressa de donner plus de détails au vu du regard menaçant qu'ils recevaient.

— Cet homme a volé le bijoutier et joaillier de la ville, mon seigneur, dit-il en déposant une bourse devant son chef. Celui-ci fit un mouvement imperceptible de la tête pour autoriser que le contenu lui soit révélé. Il y avait une bonne dizaine d'émeraudes de toute taille, cela représentait une petite fortune.

— Mon seigneur, pitié, ce n'est pas moi ! Je... j..., se défendit tant bien que mal le voleur, mais il s'arrêta net lorsque Suzuki leva une main pour le faire taire. Puis, il tapa des mains deux fois et un domestique s'empressa d'entrer dans la pièce avec un billot de bois.

Les deux gardes posèrent immédiatement le poignet droit de l'homme sur le dit billot, manche découvert. Suzuki sortit son katana du fourreau avant de se déplacer vers l'homme pour y déposer délicatement le tranchant de la lame sur la peau du poignet.

— Tu connais le châtiment réservé aux voleurs ? demanda Suzuki, bien que tout le monde à Heiwa connaissait la réponse.

— Non... pitié ! supplia l'homme, transpirant à grosses gouttes devant le destin tranchant qui l'attendait.

Suzuki resta silencieux quelques secondes, qui semblaient être terriblement longues pour le voleur, tout comme pour Yui qui ressentait la tension autour d'elle. Elle avait compris qu'elle se trouvait en face de l'homme qu'elle devait rencontrer, et elle était tout simplement impressionnée par le charisme et la force qu'il dégageait.

— Cependant, nous sommes à Heiwa, et nul n'est censé ignorer la loi qui s'applique ici. Tu as donc le choix : ta main ou trois mois de travaux forcés à la carrière de pierre, rappela Suzuki d'une voix calme.

Comme c'était à prévoir, le voleur opta pour les trois mois de travaux forcés. Bien évidemment, la loi était claire : une seconde chance était donnée à tous, mais s'ils étaient de nouveau amenés à commettre des exactions, la sentence serait beaucoup moins clémente. De plus, la loi proposait ces alternatives de rédemption uniquement pour les crimes considérés mineurs. Elle était intransigeante quand il s'agissait de crimes impardonnables tels que le viol et le meurtre.

A peine le voleur avait-il fait son choix qu'il fut emmené hors de la pièce pendant que Suzuki glissait tranquillement son katana dans son fourreau. Katsuo en profita alors pour s'adresser à l'homme.

— Suzuki-sama, je vous amène quelqu'un qui désire vous parler en personne.

L'homme leva les yeux sur le soldat et sur la magnifique jeune femme à ses côtés. Celle-ci, bien qu'impressionnée par l'homme et malgré les battements saccadés de son cœur, prit son courage à deux mains et parvint à prononcer d'une voix forte et intelligible :

— Je viens de la part de Sakura-sama et je souhaite prendre les armes.

[Pour plus de lisibilité cher lecteur je vous ait fait deux cartes : Une montrant les pays principaux ainsi que leur capitale / Et une montrant les différents fronts et déplacements des troupes lors de cette guerre. ]

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