Entrainement !
Dans les replis secrets de chaque Shinobi réside un credo immuable : l'entraînement inlassable, une quête perpétuelle embrassée avec ferveur. C'est là, dans les arcanes de la discipline, que l'âme du guerrier s'immerge pour sculpter son essence, tant physique que mentale. Défier les frontières de son être, transcender les limites de la chair, pour que lorsque le souffle se fait court et que les énergies chutent, la réactivité demeure inaltérée. Car dans l'âpre réalité des affrontements prolongés, où la réserve de chakra se tarit et où les armes se réduisent à des artefacts épars, seul l'esprit, paré de son intelligence acérée, guide le chemin vers la survie. Ainsi le Shinobi forge son être, jusqu'à ce que chaque réaction soit instinctive, que ses yeux déchiffrent ce que le vulgaire mortel ne saurait percevoir, que sa vision devine les soubresauts de l'adversaire à venir.
L'entraînement ne réside pas uniquement dans les contours de la chair, bien que la mémoire musculaire soit une alliée fidèle dans cette danse macabre. C'est dans les méandres de l'esprit que se façonne la véritable utilité de cet exercice implacable. La mémoire visuelle devient alors le bouclier contre les projectiles, le miroir reflétant les subtilités du style ennemi, donnant forme à la contre-attaque. Chaque goutte de sueur versée, chaque instant de labeur acharné ne vise qu'un seul dessein : écourter la vie de l'ennemi pour prolonger la sienne !
Car dans l'ultime étreinte de la mort, toute ambition s'évapore. Ainsi Madara s'endurcissait, tel un roc battu par les flots, sa vie entière dédiée à cette œuvre infinie. Pour lui, la perfection était une quête sans fin, une danse sans repos avec le destin lui-même.
Sous le regard vigilant de Sakura, ils s'adonnaient à l'entraînement depuis plusieurs heures déjà. Leurs premiers pas étaient timides, balbutiants, avec des exercices d'échauffement qui glissaient peu à peu vers une intensité physique sans pareille, une exploration des limites du corps, dépourvue de l'empreinte du chakra, comme le commun des mortels s'y adonne.
Madara, dont la vie entière avait été façonnée par le combat et l'entraînement, se trouvait désormais face à une force aussi inébranlable que la sienne, sinon plus. En Sakura Haruno résidait l'essence même de l'exigence poussée à son paroxysme. Elle discernait le seuil de douleur, arrêtant juste avant que cela ne devienne dommageable, mais savait aussi naviguer à travers des mouvements et des positions qui mettaient ses muscles à l'épreuve de manière plus intense que ses routines habituelles. La douleur était incontestable, mais Madara percevait clairement que son corps réagissait avec une intensité triplée, voire plus, sous les directives de Sakura. Son expertise anatomique se révélait être un atout précieux dans son développement.
Au début, lors de leurs courses, elle s'était accommodée de son rythme, compatissante à sa récente convalescence. Mais ces temps de clémence étaient désormais révolus. Une série de squats interrompue par des exercices de gainage, une transition fluide vers des abdominaux ; des méthodes peu orthodoxes, certes, mais qui sollicitaient chaque fibre de son être, le préparant ainsi à toutes les épreuves à venir.
Cependant, ce qui irritait Madara par-dessus tout durant ces séances, c'était cette sensation d'infériorité flagrante face à Sakura. À chaque pompe, elle descendait plus bas, n'utilisant qu'un bras là où lui en employait deux. Ils soulevaient des rochers, les tenant à bout de bras, et ceux de Sakura semblaient peser le double des siens ! Chaque exercice, elle le surpassait, que ce soit par sa posture, sa force, sa souplesse, son agilité, ou même par ses sourires narquois et ses remarques cinglantes, exacerbant davantage son exaspération.
Sakura avait discerné en Madara une fierté inébranlable, et quoi de mieux pour stimuler un tel tempérament que de lui rappeler sa vulnérabilité ? Une stratégie qui, sans doute, poussait Madara à se surpasser, mais au prix d'une atteinte sournoise à son estime.
— Je parie que je peux tenir plus longtemps que vous, Madara-san , taquina Sakura, dans une posture de gainage, tandis que Madara se tenait face à elle. Les deux étaient trempés de sueur, marqués par l'effort consenti.
— Nous verrons cela , grogna Madara en retour, le regard plein de détermination.
Les séances d'entraînement tournaient souvent autour de ce jeu de défis tacites, alimenté par la rivalité exacerbée entre eux. Pourtant, cela résultait en partie de l'état physique de Madara, qui devait réapprendre les rudiments après des jours d'immobilité forcée. Pourtant, il ne pouvait nier l'évidence : certaines compétences de Sakura, comme sa force et sa souplesse, demeuraient hors de portée pour lui. Par moments, elle le surprenait même, laissant Madara bouche bée devant ses démonstrations.
Puis vint le volet de l'entraînement chakratique.
En raison d'une blessure persistante dans son bras gauche, Madara était contraint de s'abstenir d'utiliser son chakra. Les exercices physiques étaient permis, mais toute manipulation énergétique lui était interdite.
Il entama l'exercice de l'ascension des arbres grâce au chakra. Comparé à leur trajet précédent où il n'avait eu qu'à se propulser avec une simple décharge, cette fois-ci, il devait maintenir l'énergie. L'ascension lui parut cependant facile, presque instinctive. Le flux de chakra s'écoulait naturellement de ses jambes vers ses pieds, l'aidant à gravir l'arbre avec aisance. Lorsqu'il se retrouva tête en bas, il observa Sakura, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres, donnant à cette épreuve un caractère singulier.
— Voici les règles du jeu, Madara-san , annonça Sakura d'un ton déterminé, exhibant quelques kunaïs qu'elle avait prélevés. Elle ramassa également une pierre à portée de main. "Interdiction de parer les projectiles. Vous ne devez que les esquiver, mais... "
— Mais ? pressa Madara, observant la jeune femme lancer la pierre en l'air, la rattrapant à maintes reprises.
— Vous n'avez pas le droit de déplacer vos pieds de leur position actuelle ! Si vous parvenez à le faire, j'accepte de répondre à l'une de vos questions, peu importe laquelle, annonça Sakura, sachant pertinemment que Madara ferait tout pour saisir cette opportunité. Et elle ne se trompa pas, car une lueur de détermination pure éclaira son visage.
Sakura lança sa pierre à proximité de Madara, mais elle imprégna son geste de chakra, rendant l'évasion de la pierre presque impossible. Un retentissant fracas se fit entendre derrière Madara, qui pivota vivement. La pierre avait traversé un tronc d'arbre situé derrière lui, et ses yeux s'écarquillèrent légèrement. Cette femme était une pure folie.
— Prêt ? demanda Sakura, lançant une série de pierres.
Et Madara s'efforça de tout esquiver. La jeune Shinobi se révélait être une adversaire totalement imprévisible, mais heureusement pour lui, son expérience lui offrait une certaine prévoyance. Elle décochait des projectiles à différentes intensités, depuis divers angles, parfois en rafales, le forçant à adopter des postures parfois absurdes.
— Elle est purement sadique ! maugréa Madara pour lui-même après une demi-heure à esquiver sans relâche. Il était trempé de sueur, mais il se consolait en utilisant son chakra pour soutenir son endurance physique. De temps à autre, il activait son Sharingan pendant une fraction de seconde pour anticiper la trajectoire des projectiles.
Après un moment, Sakura sembla à court de munitions, et Madara pensa qu'il avait potentiellement remporté la partie. Un léger sourire étira ses lèvres, vite dissipé lorsqu'il vit Sakura saisir un rocher aussi imposant que lui-même avant de le lancer dans sa direction.
— Quelle salope ! maugréa Madara en voyant le rocher. Il réalisa que Sakura n'avait nullement l'intention de lui laisser la victoire. Ce morceau de falaise n'était pas esquivable, destiné à le faire échouer. Il était trop massif, même en adoptant une posture acrobatique, il serait touché. Mais Sakura sous-estimait Madara, surtout quand sa détermination était à son comble !
Le chef du clan Uchiha canalisa rapidement du chakra de vent dans sa main droite, la rendant tranchante comme une lame. D'un geste vif, il frappa la branche à laquelle il était accroché depuis le début. Sous la force de son coup, la branche céda et tomba, entraînant Madara avec elle. Alors qu'il chutait vers le sol, il vit le rocher passer juste au-dessus de l'endroit où il se trouvait. Lorsqu'il toucha terre, il effectua une roulade pour amortir sa chute. Un fracas retentissant se fit entendre, signe que le rocher venait de se briser contre un obstacle.
Madara s'avança vers Sakura, qui ne semblait pas ravie de son succès. Avec un sourire arrogant, il se planta devant elle. C'était sa première victoire sur la jeune femme depuis le début de leurs entraînements, et il comptait bien en savourer chaque instant. Sakura croisa les bras, détournant le regard contrarié. D'un geste familier, Madara releva son menton, un geste qu'il avait pris l'habitude de faire ces derniers temps.
— Même si votre moue est des plus adorables... vous me devez une réponse ! déclara-t-il, un sourire aux lèvres.
— Humpf... bien... mais l'entraînement n'est pas terminé ! bougonna Sakura.
Puis, sans prévenir, elle se remit à courir. Était-elle obsédée par le travail acharné, ou ses mentors avaient-ils été de véritables tyrans, l'accoutumant à un tel niveau d'intensité ? Quoi qu'il en soit, Madara n'était pas du genre à se plaindre, surtout en ce qui concernait l'entraînement. Ils quittèrent le jardin de Sakura pour s'aventurer dans la vallée, saluant au passage les habitants affairés dans les rizières.
Après un certain temps, ils atteignirent le fond de la vallée où se nichait un lac. Arrivés au bord, Sakura ne ralentit pas, canalisant son chakra sous ses pieds pour courir sur l'eau, suivie de près par Madara.
— Comment vous sentez-vous ? demanda-t-elle en se tournant vers l'Uchiha.
— Je me sens bien, répondit Madara immédiatement, bien que son corps tremblât légèrement après les exercices imposés, ce que Sakura remarqua sans difficulté.
— Lorsque vous canalisez constamment votre chakra dans vos pieds, ressentez-vous chaque muscle réagir ? interrogea Sakura.
— Que voulez-vous dire ? demanda Madara, perplexe.
— Lorsque vous vous concentrez sur vos méridiens, vous sentez votre énergie circuler à travers votre corps, n'est-ce pas ? expliqua Sakura différemment.
— Oui, acquiesça Madara.
— Notre chakra est intimement lié à notre système sanguin et à nos muscles. Je voudrais que vous vous concentriez sur vos jambes, demanda Sakura avant de voir Madara fermer les yeux et se plonger dans la méditation.
— Pour que nos muscles fonctionnent à plein régime, ils nécessitent une source d'énergie fournie par les aliments que nous ingérons quotidiennement. Cependant, comme le souligne un éminent savant, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, énonça Sakura tandis que Madara demeurait pleinement concentré. "Nos muscles ne font pas exception à cette règle fondamentale. L'énergie qu'ils déploient se métamorphose en déchets... C'est pourquoi votre corps semble actuellement agité, vos muscles frôlant presque l'épuisement."
— Je ne suis pas...
— Faible ! Je le sais, Madara-san ! anticipa Sakura, connaissant désormais bien l'Uchiha. Néanmoins, pour pallier à cela, nous, Shinobi, apprenons à soutenir nos muscles grâce à notre chakra, ralentissant ainsi le processus. Mais à mon avis, c'est une dépense inutile de chakra !
— Que proposez-vous alors ? demanda Madara, habitué à suivre cette pratique toute sa vie, tout comme ceux qu'il connaissait.
— Il suffit d'utiliser une petite quantité de chakra pour éliminer les déchets produits par vos muscles. Ainsi, vous économisez de l'énergie et restez toujours à cent pour cent physiquement, expliqua Sakura, qui, grâce à Tsunade, avait découvert cette nouvelle méthode de combat.
— Intéressant, en effet, concéda Madara, saisissant avec aisance les explications de Sakura. Pour tout esprit moyen, la compréhension aurait été ardue, mais Madara était tout sauf ordinaire : un virtuose en son genre, il détenait une intelligence exceptionnelle, doublée d'une capacité innée à assimiler et à analyser les données. Suivant les conseils avisés de la jeune femme, il insuffla du chakra dans ses muscles, les purifiant de toute impureté. Bientôt, une amélioration se fit sentir, ses tremblements musculaires se dissipant tandis qu'une vague de soulagement l'envahissait.
— Le chakra est une force prodigieuse, capable d'accomplir des merveilles... Renforcer nos muscles, les soutenir, réguler notre température corporelle, et bien d'autres exploits encore, acquiesça la jeune femme, se tenant toujours au milieu du lac.
— Serais-je en mesure d'augmenter la quantité de mon chakra ? interrogea soudainement Madara.
Un silence pesant suivit la question de Madara, car aborder ce sujet impliquerait de discuter des portes Hachimon : les mystérieuses portes célestes du corps humain. Après un instant de réflexion, Sakura décida de lever le voile sur ce sujet épineux.
— Oui, recentrez-vous sur votre chakra, mais cette fois-ci, portez votre attention sur sa source. La percevez-vous ? guida Sakura.
— Oui, je sens qu'il émane de plusieurs points de mon corps, confirma Madara, percevant distinctement le flux provenant de huit centres.
— Ces foyers de chakra sont ce que j'appelle des portes. Notre système est régi par ces points d'énergie, expliqua Sakura, observant avec attention le brun manipuler le flux de son énergie.
— Peut-on amplifier ces sources ? demanda Madara, manifestant un vif intérêt.
— Oui... L'ouverture de ces portes multiplie le flux de chakra dans l'organisme, permettant à l'utilisateur d'accéder à une force physique démesurée et de transcender les limites de son corps, développa Sakura, évoquant en mémoire l'exploit de Maïto Gai et Rock Lee lors de la Quatrième Grande Guerre Shinobi contre Madara.
— Mais il y a toujours un 'mais'..., comprit Madara en rouvrant les yeux.
— Effectivement, il y a un revers à la médaille. L'utilisateur doit affronter un contrecoup qui se manifeste sous forme de fatigue et d'épuisement extrêmes. De plus, une maîtrise insuffisante de l'ouverture des portes peut entraîner la mort de l'utilisateur, répondit Sakura, se remémorant la situation de Maito Gai, toujours en fauteuil roulant deux ans après avoir ouvert les huit portes célestes.
— Vous avez déjà été témoin de leur utilisation, n'est-ce pas ? demanda Madara, discernant dans le regard de Sakura la confirmation de ses soupçons.
— Est-ce là votre question, Madara-san ? interrogea Sakura.
Après un bref moment de réflexion, Madara se demanda s'il souhaitait réellement obtenir une réponse à cette question, alors que la réponse était déjà évidente.
— Non, répondit-il simplement.
— Très bien, coupa finalement Sakura avant de se placer dans une posture de Taijutsu, sous le regard étonné de l'Uchiha. Sa main droite tendue vers l'avant, elle fit signe au brun de s'approcher. "Montrez-moi ce que vaut le légendaire Uchiha Madara !"
Madara haïssait la guerre, sa nature aspirait à la quiétude, mais une vie entière d'entraînements, de confrontations, de batailles et de conflits finit par forger une affinité inattendue : une passion pour le combat. Ainsi, ce fut avec un sourire aux lèvres que l'Uchiha se lança vers la jeune femme, cherchant après tant de temps à évaluer ses compétences.
Dans une danse éclair, Madara s'élança en avant.
Tout aussi prompte, Sakura fit volte-face, déviant avec agilité, ses mains se mouvant pour contrer un, deux, trois, quatre coups de pied précis visant sa poitrine. À peine retombé au sol, Madara esquiva habilement le coup de poing dirigé vers son visage, penchant son torse en arrière. Son œil de Shinobi discerna rapidement la manœuvre suivante de Sakura, sa jambe tendue pour le déséquilibrer. Profitant de l'élan de son esquive, Madara réalisa un salto arrière, accompagné de deux coups de pied cinglants à la poitrine de Sakura, qui fut poussée en arrière par la force de l'impact.
Rétablissant son équilibre sur le sol, Madara canalisait le chakra dans ses pieds pour amortir sa chute. Utilisant l'énergie accumulée dans ses jambes, il combla rapidement la distance entre eux. Son bras droit s'avança vers le visage de Sakura, mais elle l'écarta habilement vers le bas. Sans perdre de temps, Madara capitalisa sur l'élan de son mouvement et celui de la jeune femme, posant ses mains au sol pour exécuter une roue acrobatique. Son premier pied fut bloqué, mais le second atteignit la joue de Sakura avec une force fulgurante, la projetant sous le choc.
Elle maudissait Madara et la philosophie martiale du clan Uchiha, axée sur l'exploitation de la force de l'adversaire et la puissance des contre-attaques. Sans hésiter, Sakura lança son offensive, visant encore la tête de l'Uchiha qui, une fois de plus, esquiva avec une agilité déconcertante. Déterminée à contrecarrer ses acrobaties, elle frappa cette fois-ci sa cuisse de son autre poing. Contraint de rester au sol, Madara utilisa sa jambe libre pour riposter, son coup visant le visage de la jeune Shinobi, qui se baissa tout en fléchissant ses membres. Dans une posture accroupie, elle mobilisa la force de ses jambes pour lancer son poing vers le menton de Madara, espérant l'atteindre avec un uppercut cinglant.
— Maudit Sharingan ! rugit-elle intérieurement, remarquant une fraction de seconde où l'œil maudit s'activa, permettant à Madara d'esquiver son crochet. Néanmoins, elle profita de l'élan pour sauter en l'air et projeter ses deux pieds vers le torse de Madara, le repoussant d'un mètre. Sans perdre un instant, Madara riposta en visant à nouveau le haut du corps de Sakura, mais elle esquiva habilement. Déjouant ses attentes, elle s'engouffra dans sa garde et lui décocha un coup puissant sur le pectoral droit. Madara, voyant venir le deuxième poing droit vers son estomac, décida de l'affronter de front. Le choc entre leurs poings fut brutal, et il réalisa aussitôt son erreur. Elle était plus puissante que lui, et la vibration du coup traversa son bras.
Sans s'attarder sur la douleur, Madara saisit l'opportunité de leur proximité pour enchaîner une série de coups : un à l'estomac de Sakura, suivi d'un autre au niveau du thorax, puis un rapide à son avant-bras gauche, enchaînant avec un coup au triceps avant de conclure par un genou à son estomac. Le coup l'envoya basculer en avant, prête à enchaîner, mais Sakura, saisissant son bras droit au poignet, délivra un coup chargé de chakra à son torse, le propulsant à plusieurs mètres de distance.
Reprenant son souffle, Sakura réalisa en un éclair que, dans cet échange vif et intense, Madara surpassait clairement en taijutsu pur. Si elle pouvait utiliser pleinement son chakra, elle serait une adversaire redoutable, mais pour l'instant, dans cette joute amicale où seule la compétence brute était mise à l'épreuve, il avait le dessus. Malgré toute sa vélocité et son agilité, il était indéniablement son supérieur.
Alors que le brun effectuait un salto pour amortir sa chute, Sakura appliqua avec habileté son Iryô Ninjutsu au niveau de son estomac. Le coup précédent avait été d'une violence inattendue, laissant une sensation de brûlure désagréable dans son sillage.
Madara s'approcha de la jeune femme d'un pas tranquille. Il avait savouré ce combat, chaque échange de coups, chaque pulsation d'adrénaline parcourant son corps, ses sens aiguisés par la danse du combat. Bien que la confrontation n'eût pas duré longtemps, elle avait permis à Madara de saisir certaines vérités sur cette femme : elle était redoutable, et sous-estimer sa puissance serait une grave erreur.
Bien qu'il ait dominé l'affrontement, Madara attendait avec impatience le jour où Sakura se livrerait à fond, utilisant toutes les ressources d'un vrai Shinobi : armes, Ninjutsu, Taijutsu, Genjutsu, Fûinjutsu.
— Est-ce que ça va, Sakura-san ? demanda Madara, légèrement préoccupé en la voyant se soigner.
— Oui, votre dernier coup était plutôt brutal, répondit Sakura en recouvrant son ventre d'un geste protecteur sous son haut rouge.
— Et que dire de votre dernière attaque...
— Ça vous apprendra à tricher avec votre Sharingan, répliqua Sakura avec un petit sourire taquin.
— Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez, rétorqua Madara, feignant l'innocence avec un sourire en coin. Sakura lui donna un léger coup sur l'épaule pour sa tricherie, geste qui, loin d'être agressif, était plutôt... amical.
— Allez, ça suffira pour aujourd'hui, Madara-san, déclara Sakura, arborant un sourire malicieux. Pas de douleur à signaler ?
— Mon bras droit, vous frappez vraiment fort, remarqua Madara tandis que la jeune femme appliquait son Iryô Ninjutsu pour détecter toute blessure.
— Je vous avais prévenu de ne jamais jouer à la force contre moi, rétorqua Sakura, identifiant rapidement le problème.
— Hn !
Pendant ce temps, les villageois qui s'affairaient dans les rizières avaient interrompu leurs travaux pour observer les deux Shinobi s'affronter. C'était à la fois fascinant et terrifiant. Voir quelqu'un marcher sur l'eau, se battre avec une telle aisance, frapper avec une telle puissance... C'était comme contempler un insecte défier la lune.
— Quand je serai plus grand, je veux être comme Lord-sama ! s'exclama un petit garçon en observant les deux protagonistes se déplacer sur l'eau.
— Eh bien, moi je veux être comme Sakura-sama ! ajouta une petite fille aux cheveux blonds.
— Mais elle est moins forte que Lord-sama, répliqua le garçon.
— Faux ! Tu as vu comment Sakura-sama a projeté Lord-sama loin d'elle ! riposta la jeune fille.
Les deux enfants avaient les yeux brillants d'admiration tandis qu'ils observaient les deux Shinobi disparaître de leur champ de vision.
La journée s'étira paisiblement pour les villageois, une succession tranquille d'activités quotidiennes alors que les lueurs crépusculaires embrassaient lentement l'horizon.
Après une toilette revigorante, les deux protagonistes éclairèrent les bougies parsemant leur demeure, prélude à la nuit imminente. Sakura, d'un geste fluide, mit un vinyle sur le gramophone, tandis que l'arôme alléchant du dîner imprégnait l'air. Revêtue d'un pantalon blanc, elle avait choisi un pull-over turquoise qui caressait ses épaules dénudées, un clin d'œil à l'automne éclos dans ses teintes chatoyantes, tandis que le mercure amorçait sa descente.
Quant à Madara, fidèle à son kimono noir à l'encolure immaculée, il prit place au comptoir de la cuisine, un rituel désormais ancré. La compagnie de la jeune Shinobi lui était devenue une source de réconfort croissante. Son esprit vif et sa propension à l'écoute lui conféraient un charme singulier, chaque échange enrichissant son expérience. Bien qu'ignorant en matière culinaire, Madara ne voyait guère l'utilité de s'y adonner, habitué qu'il était à la présence d'une main secourable pour assurer ses repas. Mais l'aura de Sakura avait su captiver son intérêt, et il observait avec attention ses prouesses culinaires, ses pensées vagabondant jusqu'à une maxime maternelle : Il te sera difficile de penser à une autre femme qu'elle quand tu la trouveras.
Tandis que Sakura s'affairait aux fourneaux, Madara se laissa happer par ses pensées. Il pesait avec précaution les sujets à aborder avec la jeune femme, conscient de la prudence qu'elle manifestait à dévoiler son passé. Bien qu'il comprenne la douleur qui pouvait y être enfouie, cette réserve le frustrait au plus haut point.
Madara pesa soigneusement ses options, tâtonnant dans l'obscurité des secrets de Sakura. Devait-il sonder les origines de sa mère pour éclairer les zones d'ombre de sa propre compréhension ? Après tout, Tsunade Haruno semblait émaner d'un lointain continent, loin des frontières familières des nations élémentaires. Ou bien devait-il creuser plus profondément, interroger sur l'identité de son sensei ? Quelqu'un capable de façonner une Shinobi de l'envergure de Sakura ne pouvait être un inconnu, mais ce nom étrange, Kakashi, échappait à toute reconnaissance. Puis, comme une brèche dans le mur du mystère...
— J'ai trouvé ma question, annonça Madara, brisant le silence et interrompant les gestes de Sakura, qui avait espéré que le pari tomberait dans l'oubli. Mais elle n'avait fait qu'une promesse.
— Très bien, mais je me réserve le droit de refuser une fois si la question s'avère trop difficile, stipula Sakura, déterminée à ne pas plonger dans certains abysses.
— Le nom de celui qui a ravagé les êtres qui vous étaient chers, articula Madara, scrutant la douleur qui assombrissait les yeux de la jeune femme. Il ne désirait pas infliger de la peine, mais le besoin de savoir, de découvrir l'identité de cet Uchiha impie, l'obsédait. Sakura soutint son regard quelques instants, qui s'étirèrent en une longue minute.
— Une autre question... je vous en prie, implora-t-elle, pas prête à affronter cette vérité. Face à Madara, elle se sentait incapable de lui révéler que l'assaillant était, en réalité, lui-même...
Madara ne souffla mot, se laissant happer une fois de plus par ses pensées, explorant d'autres avenues. Peut-être découvrir l'origine de sa maîtrise du Kage Bunshin constituerait-il une piste intéressante. Ou encore son affiliation clanique. Ou bien...
— Ma question est la suivante : d'où venez-vous exactement pour solliciter refuge ? Et je requiers une réponse précise et détaillée ! déclara Madara, invoquant en sa mémoire sa discussion avec Hitomi. Celle-ci lui avait confié que Sakura avait cherché asile à Ta No Kuni.
Les mains de Sakura se mouvaient avec la précision d'un chirurgien alors qu'elle tranchait délicatement la chair cramoisie du thon, la transformant en fines lamelles de sashimi. Chaque morceau trouvait sa place sur l'assiette en bois, accompagné d'une boulette de riz parfaitement formée. Avec un geste gracieux, elle disposa deux paires de baguettes au centre du comptoir avant de glisser vers un placard à proximité. De là, elle sortit deux petits verres et une bouteille d'un blanc immaculé.
Dès que le bouchon de la bouteille fut retiré, la pièce se remplit de son parfum caractéristique, confirmant les soupçons de Madara : du saké. Versant avec une précision qui témoignait de son habitude, Sakura ne laissa pas une goutte du liquide précieux échapper. D'un geste assuré, elle porta le verre à ses lèvres et avala son contenu d'un seul trait. Une légère grimace effleura ses traits délicats, trahissant une sensation à la fois brûlante et exquise qui lui chatouillait la gorge.
Alors que Madara portait le verre à ses lèvres, le regard intense de Sakura croisa le sien, chargé de la pesanteur d'un secret à révéler. Du moins, c'est ainsi que l'interpréta Madara, tandis que Sakura élaborait un mensonge plausible, mêlé à un fragment de vérité.
— Je viens d'Hi No Kuni, commença Sakura tandis que l'Uchiha savourait une gorgée de la boisson. C'était exquis, probablement le meilleur saké qu'il ait jamais bu. Une bouteille de cette qualité devait valoir une fortune, mais ce n'était sans doute pas un souci pour Sakura.
— Où exactement ? interrogea Madara, trempant ses baguettes dans la sauce soja avant de saisir un morceau de sashimi.
— À une vingtaine de kilomètres du temple d'Hi no Tera, poursuivit Sakura avant de prendre elle aussi un morceau de sashimi. C'était un petit village tout ce qu'il y a de plus banal. Mes parents étaient des personnes en quête perpétuelle de savoir, voyageant sans cesse pour élargir leurs horizons... Mais lorsque ma mère est tombée enceinte de moi, les risques liés à leurs périples sont devenus trop grands, et ils auraient été encore plus périlleux à ma naissance.
— La guerre..., remarqua Madara en observant la jeune femme se servir un troisième verre et le boire d'un trait.
— Exact, et avoir un enfant pendant les guerres de provinces n'est pas des plus sûrs. Ainsi, mes parents ont décidé de s'installer dans un endroit isolé du reste du monde. Les terres d'Hi no Tera étaient un lieu neutre respecté par tous les ninjas. S'établir à proximité de cet endroit était donc parfait pour mes parents, raconta Sakura avant de se lever pour surveiller le reste du dîner qui mijotait doucement. Mais... durant leurs voyages, mes parents ont noué des amitiés, mais aussi engendré des ennemis...
— Votre sensei Kakashi en faisait partie ? demanda Madara en terminant sa coupe de saké.
— Hai, c'était un ami proche..., répondit Sakura en replongeant dans ses souvenirs, évoquant la relation profonde qu'elle entretenait avec Kakashi. Ils étaient devenus inséparables, tous quatre : Naruto, Sasuke, Kakashi et elle-même. Même en se cachant dans l'isolement le plus profond, ils avaient été retrouvés...
— Zetsu Noir et cet autre Uchiha ? demanda Madara, connaissant déjà la réponse mais curieux du nom de cet Uchiha.
— Ouii, murmura Sakura en prenant l'assiette en bois vide pour la placer dans l'évier. Restant immobile, elle fixait l'évier, plongeant son regard dans les abysses des souvenirs de ceux qu'elle avait chéris et qui s'étaient évaporés, laissant ses larmes s'écouler librement. La fatigue, pesante comme un fardeau séculaire, les demi-vérités qu'elle se devait de maintenir, le destin implacable pressant sur ses épaules, et la lancinante douleur de la perte, tout cela, exacerbé par l'alcool, finit par l'emporter dans ses flots tumultueux.
Madara, rarement porté aux démonstrations de tendresse ou aux mots apaisants, ressentit une étrange émotion en voyant la jeune femme frémir de tristesse. Sans savoir pourquoi, il se leva, s'approcha d'elle, et, avec une délicatesse inhabituelle, la fit pivoter pour l'enlacer tendrement... et là, elle pleura... en silence, contre son épaule.
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