Doux réveil !
Une douce chaleur enveloppait Sakura, l'insinuant dans un cocon de sérénité et de sécurité, rappelant les nuits paisibles de son enfance à Konoha. Mais un léger bruit, persistant, tira doucement la jeune femme de son sommeil réparateur. Elle ouvrit les yeux, la lueur naissante de l'aube éclairant faiblement la pièce, tandis que des questions tourbillonnaient dans son esprit. Où était-elle ? Que lui était-il arrivé ? Et pourquoi se sentait-elle si bien ?
L'énigme de cette agréable sensation de chaleur trouva sa réponse lorsque Sakura sentit le mouvement régulier d'un torse contre lequel elle était blottie. Un léger rougissement teinta ses joues alors qu'elle réalisait sa situation. Éprise toute sa vie d'un amour non partagé, se réveiller dans les bras d'un homme la déconcertait. À moitié éveillée, elle perçut à nouveau le bruit régulier qui avait perturbé son sommeil.
Immobilisée, Sakura ne réagit pas immédiatement. En tant que Shinobi, elle aurait dû être alerte face à ce son inhabituel. Pourtant, elle demeura là, bercée par cette étreinte qui lui procurait un bien-être inattendu. C'était comme retrouver la sécurité de l'étreinte parentale, combinée à la chaleur de tenir Sasuke dans ses bras. Était-ce l'amour ? L'acceptation ? Elle n'aurait su le dire, mais pour la première fois depuis son arrivée à l'ère Sengoku, elle ressentit une profonde quiétude.
Le bruit persistant la tira à nouveau de sa torpeur, et elle cligna des yeux pour découvrir la source de cette perturbation. Reconnaissant la chambre qui leur avait été attribuée chez le Daimyô, les souvenirs affluèrent dans l'esprit de Sakura : le voyage à la capitale de Ta No Kuni, la rencontre avec le Daimyô, les échanges avec les servantes, le repas et le geste de Madara juste avant qu'elle ne s'endorme. Un frisson parcourut son échine alors qu'elle repensait à cette étreinte. Que cela signifiait-il pour Madara ? Avait-il agi sous l'impulsion de l'alcool ? Non, il avait à peine touché à l'alcool lors du repas. Madara avait donc été pleinement conscient lorsqu'il l'avait prise dans ses bras.
Sakura sortit de sa rêverie au doux tapotement sur la porte de la chambre, mais se trouva retenue par une forte prise.
— Laissez-les partir Sakura-san..., chuchota Madara d'une voix encore empreinte de sommeil, ses yeux restant clos.
— Cela pourrait être important, répondit doucement Sakura.
— Plus important que de se reposer ?
— Peut-être est-ce le Daimyō, répliqua Sakura, se levant malgré les protestations de Madara, qui souhaitait la garder près de lui. Il avait savouré la nuit passée avec cette femme dans ses bras. Bien des fois par le passé, il avait cédé aux charmes de nombreuses conquêtes, cédant uniquement aux plaisirs charnels. Pourtant, c'était la première fois que Madara partageait un lit avec une femme sans s'engager dans de telles activités.
Ainsi, vêtue de son pyjama de soie noire, Sakura se dirigea silencieusement vers la porte. En se concentrant, elle ressentit la présence de deux individus avec une réserve de chakra minimale. Ils étaient soit des civils, soit des ninjas experts dans l'art de dissimuler leur chakra. Par précaution, Sakura fit apparaître un kunai dans sa main droite avant d'ouvrir brusquement la porte.
Face à elle se trouvaient Hana et Amaya, sursautant en voyant la porte s'ouvrir sur une Sakura au regard glacial. Cette expression ne dura qu'un instant avant de s'adoucir, mais fut suffisante pour que les deux servantes perçoivent une autre facette de Sakura : celle d'une tueuse.
— Mes excuses, murmura Sakura avant de dissimuler son kunaï. Bonjour, Hana-san, Amaya-san.
— Bonjour, Sakura-sama ! s'inclinèrent les deux servantes, affichant un léger sourire. Après tout, Sakura se trouvait dans la chambre du seigneur, ce qui les intriguait.
— Que puis-je faire pour vous ? demanda Sakura, maintenant pleinement éveillée.
— Nous sommes ici pour vous préparer pour la journée, répondit doucement Amaya, évitant de réveiller le seigneur qui dormait encore probablement.
— Pourquoi faire ? questionna Sakura.
— Disons que le maquillage d'hier s'est un peu estompé avec la nuit, glissa timidement Hana, faisant allusion à une possible nuit partagée avec Madara.
— Hana-san ! protesta Sakura à voix basse, comprenant l'allusion. Elle jeta un coup d'œil derrière elle et vit Madara toujours allongé. Je reviens dans un instant.
— Prenez votre temps, dit Madara, qui se réveillait lentement à son tour.
Sakura referma la porte derrière elle, gênée, puis se laissa entraîner par Hana et Amaya dans la pièce adjacente, qui était censée être sa chambre.
— Alors ! s'exclama un peu trop fort la blonde, ce qui embarrassa davantage Sakura.
— Alors quoi ? demanda Sakura tandis qu'Amaya la conduisait vers la coiffeuse.
— Son seigneur a fait sa déclaration après le repas ? questionna Hana, recevant un regard réprobateur d'Amaya.
— Hana ! C'est impoli de demander ça !
— Ah ! Ne vous inquiétez pas, Amaya-san, ça ne me dérange pas, intervint rapidement Sakura, soucieuse de ne pas voir Hana punie pour sa curiosité. Non, mon seigneur ne m'a rien déclaré, et comme je l'ai déjà dit hier, il n'y a rien de tel entre nous.
— Pourtant, vous avez passé la nuit avec lui, répliqua Hana en prenant un gant pour le tremper dans un récipient rempli d'eau.
— Oui, murmura Sakura tandis que la blonde essuyait avec précaution son visage d'un gant humide. Elle effaçait doucement les traces de maquillage de la veille, particulièrement là où il avait été altéré par le contact avec le torse de Madara. "Mais surtout, c'est parce qu'il est plus aisé pour moi de le protéger en demeurant à ses côtés."
— Mon seigneur n'a pas l'air d'être le genre à nécessiter une protection, riposta Amaya tandis qu'elle démêlait les mèches de Sakura.
— Je ne suis pas seulement une guerrière, Amaya-san, je suis aussi médecin, ajouta Sakura en fixant la brune à travers le miroir.
— Médecin ? C'est une rareté, commenta Amaya, qui n'avait jamais rencontré de médecin mais en avait entendu parler. Des individus capables de guérir les blessures avec des onguents et autres remèdes.
— En effet, mon seigneur a été blessé et il est de mon devoir de veiller sur lui...
— En tout cas, madame était resplendissante hier soir et a certainement fait sensation, commenta Amaya, replongeant dans les souvenirs de la soirée précédente.
— C'est grâce à vous, mesdemoiselles... une fois de plus, je vous en suis reconnaissante, exprima Sakura tandis qu'Hana achevait de lui retirer le maquillage.
— Sakura-sama, j'ose vous poser une question délicate.
— Je vous en prie, Hana-san, n'hésitez pas, l'incita Sakura.
— Quels sont vos sentiments envers l'homme avec qui vous avez partagé la nuit?
— Je... je... tenta Sakura en vain. Elle se débattait avec ses propres émotions, incertaine de ce qu'elle ressentait pour l'homme dans l'autre pièce. Elle aurait pu répondre qu'elle le haïssait, le considérant comme un tueur sanguinaire et un psychopathe. Mais mentir ainsi serait une trahison envers elle-même, car ce n'était pas l'homme qu'elle avait appris à connaître. Chaque jour qui passait, la haine qu'elle nourrissait à son égard s'effaçait peu à peu, jusqu'à ce qu'elle voie moins en lui le déclencheur de la Quatrième Grande Guerre Shinobi que l'être humain en quête de rédemption, avec ses propres valeurs, ses rêves, et un destin qui lui était propre. Il avait juste besoin de guidance. "Je... je ne sais pas, Hana-san," finit-elle par avouer.
— Avez-vous des sentiments pour lui? insista Hana.
Des sentiments pour lui ? Sakura se sentait désemparée. Elle avait cru connaître l'amour toute sa vie, mais à la lumière de ses expériences récentes et des enseignements qu'elle avait reçus, elle n'était même pas sûre que cela ait été un véritable amour.
— Qu'est-ce que l'amour, Hana-san ? demanda Sakura en retour.
— L'amour ? C'est lorsque votre estomac est rempli de papillons à la vue de l'être aimé, c'est quand un sourire béat se dessine sur vos lèvres à la simple pensée de lui. C'est quand vous ne cessez de penser à lui et à son bien-être, expliqua Hana avant d'être interrompue.
— Je crois qu'elle a saisi, Hana-chan, intervint Amaya, voyant que si elle n'intervenait pas, Hana continuerait pendant un moment.
— Mais oh ! Bouda Hana, ce qui déclencha un éclat de rire sincère chez Sakura. Se retrouver entre femmes et partager ce moment de rire lui procurait un bien-être indescriptible.
— J'ai ressenti cela une fois, Hana-san... mais envers mon seigneur... je ne suis pas certaine, avoua Sakura, enfin capable d'ouvrir son cœur à quelqu'un qui ne la jugerait pas.
— Pourquoi cela n'a-t-il pas fonctionné ? interrogea la blonde, et aussitôt, Sakura porta instinctivement sa main à son cœur, l'endroit où Sasuke l'avait poignardée avec son Rinnegan.
— Il... disons qu'il a joué avec mes émotions, murmura Sakura en baissant les yeux. Je pense que c'est pourquoi j'ai du mal à aimer à nouveau... et que je me sens perdue.
— Pardon, Sakura-sama, dit Hana en prenant les mains de Sakura dans les siennes. Je suis convaincue qu'un jour, vous trouverez un homme qui fera battre votre cœur et vous apportera le bonheur.
— Nous verrons bien, répondit Sakura avec un léger sourire.
La jeune femme se redressa, retirant son pyjama. Ses vêtements de la veille étaient soigneusement disposés près du râtelier à armes. Se dirigeant vers son lit pour y déposer son pyjama, Sakura attira l'attention interrogative des deux servantes lorsqu'elle fit apparaître une nouvelle tenue dans un voile de fumée.
— De la magie ! s'exclama Amaya, impressionnée.
— Du Fûinjutsu, Amaya-san, corrigea Sakura tandis qu'elle prenait le temps de s'habiller. Les sceaux que j'ai sur mes avant-bras me permettent de garder diverses affaires à portée de main.
— Qu'est-ce exactement que le Fûinjutsu ? demanda Hana, manifestant un réel intérêt et une curiosité aiguisée par ce qu'elle venait de voir.
— C'est un art shinobi, expliqua Sakura, consciente que cet art était hautement confidentiel à l'époque Sengoku.
— Est-ce que tout le monde peut le faire ? questionna la blonde alors que Sakura se dirigeait vers le socle pour reprendre son katana et le fixer dans son dos.
— Oui et non, c'est un peu plus complexe que ça, répondit Sakura avant de sceller toutes ses affaires dans l'un de ses sceaux. Une fois tout en place, elle se tourna vers les deux servantes. "Encore une fois, merci pour tout, les filles."
— Sakura-sama... puis-je vous prendre dans mes bras ? demanda timidement Hana.
Sakura répondit à sa requête avec un large sourire en la prenant dans ses bras.
— Vous allez me manquer toutes les deux, avoua Sakura en serrant la blonde contre elle. Je sais que nous n'avons pas beaucoup parlé, mais j'ai vraiment apprécié chaque moment passé en votre compagnie.
— C'est ce que font les amies, déclara Hana avec un sourire radieux.
— Amies ? répéta bêtement Sakura, qui, à part Hitomi, n'avait jamais vraiment eu d'amies.
— Absolument ! confirma la blonde en s'écartant pour laisser Amaya prendre la parole.
— Ce fut un honneur de vous servir, Madame, s'inclina la brune, plus réservée.
— Le plaisir est partagé, Amaya-san, sourit Sakura en se dirigeant vers la porte. Prenez soin de vous.
Le cœur léger, Sakura quitta la chambre. Elle avait le sentiment d'avoir peut-être gagné deux nouvelles amies dans la capitale de Ta No Kuni. Ouvrant la deuxième porte, elle vit Madara en train de s'habiller avec sa tenue de combat. Il semblait avoir quelques difficultés à enfiler le haut du kimono en raison de son bras gauche partiellement invalide.
— Permettez-moi de vous aider, proposa rapidement Sakura en s'approchant.
Après avoir assisté Madara à enfiler son kimono et à accrocher ses deux sabres à sa ceinture, ils se dirigèrent vers la salle du conseil. Pendant le trajet, Sakura se demandait ce à quoi pouvait bien penser Madara. Celui-ci ne semblait nullement affecté par la nuit précédente, agissant comme si rien ne s'était passé... ou peut-être était-il simplement plus compétent qu'elle pour dissimuler ses émotions.
— Mes seigneurs, annonça l'un des deux gardes devant la grande porte en bois massif. Vos armes, je vous prie.
Conformément au protocole, ils remirent leurs armes avant d'entrer pour rencontrer le Daimyô. Celui-ci prenait son petit-déjeuner en compagnie de Suzuki et Rômaji. Les trois hommes semblaient être matinaux malgré la soirée plutôt animée qu'ils avaient passée.
— Daimyô-dono, Rômaji-sama, Suzuki-san, récita Madara en inclinant légèrement la tête.
— Ah ! Uchiha-dono, salua à son tour Hashuba pour les trois. Vous avez passé une agréable nuit tous les deux ?
— Reposante, répondit Madara avant de s'installer à table aux côtés de Sakura.
— Parfait, répliqua Hashuba avant de prendre un fruit. Des assiettes étaient déjà disposées sur la table, permettant à Madara et Sakura de se servir en fruits frais pour le petit déjeuner.
— Daimyô-dono, la personne en charge du Fûinjutsu à votre cour est-elle compétente ? interrogea Sakura d'une voix calme, avant de saisir un grain de raisin. Ils étaient d'une fraîcheur exquise, mûrs à point, et leur explosion de saveurs sucrées ravissait son palais.
— Il maîtrise les bases, répondit Rômaji, tout en sirotant son thé et parcourant un rouleau de parchemin du regard. À cette affirmation, Sakura fit un geste rapide de la main, activant un de ses sceaux, ce qui fit apparaître dans un tourbillon de fumée deux parchemins.
— Ce rouleau, Rômaji-sama, est à l'épreuve du feu et de l'eau. Je vous conseille d'y stocker une réserve considérable de provisions. Toutefois, veillez à le garder sous surveillance pour prévenir tout risque de vol. De plus, ceci est un exemple qu'il pourra reproduire afin de vous permettre d'envoyer des colis postaux, expliqua Sakura d'un ton assuré.
— Des colis postaux ? s'étonna Rômaji, soudainement intrigué, levant les yeux de sa lecture.
— Oui, en cas de nécessité d'envoyer des objets, vous pourrez les sceller dans ce parchemin, puis les confier à un pigeon voyageur. Si jamais le Daimyô-dono devait verser un tribut pour préserver sa neutralité, cela assurera la sécurité de leur transport, précisa Sakura, sous le regard impressionné des membres du conseil et du Daimyô.
— Je vous en suis reconnaissant, déclara Rômaji, alors que Sakura poussait les deux parchemins en direction du vieil homme. "Des coffres ont été apportés ce matin pour que vous puissiez les remplir, Sakura-dono."
— Parfait, déclara Sakura d'un ton assuré, puis se leva d'un mouvement fluide en direction des coffres alignés contre le mur. Ils étaient au nombre de dix, imposants au point de requérir la force combinée de quatre hommes pour les déplacer une fois remplis. Sous le regard scrutateur des quatre gardes et des quatre convives attablés, Sakura entama le versement d'un flot d'argent dans le premier coffre.
Elle ajusta habilement son sceau de scellement pour garantir un débit rapide, minimisant ainsi toute perte de temps. Le tintement caractéristique des pièces d'argent en s'entrechoquant emplit la pièce, offrant à la fois une vue impressionnante et une menace palpable. Car l'argent avait le pouvoir de corrompre, surtout en grande quantité. Des hommes étaient devenus fous pour obtenir davantage de richesse, allant jusqu'à commettre des actes irréparables pour s'approprier les biens d'autrui.
Après une trentaine de minutes, Sakura acheva de remplir les coffres, offrant ainsi à la nation de Ta No Kuni une prospérité sans précédent. Cette opulence n'avait cependant pas épuisé les réserves de Sakura, car au cours des près de cent ans écoulés, les nations élémentaires avaient vu leur richesse croître de manière exponentielle. Sakura se tourna alors vers le Daimyô, lui tendant la main avec une solennité empreinte de respect.
— Votre bague, je vous prie, Daimyô-dono, demanda Sakura.
Le Daimyô fixa Sakura un bref instant avant de détourner son regard vers Madara, qui lui adressa un léger acquiescement, lui signifiant ainsi sa confiance. Avec une solennité teintée d'une légère appréhension, il retira alors sa bague, l'un de ses biens les plus précieux, et la remit à cette femme énigmatique. Sans cet anneau, il se sentait dépossédé, car c'était le symbole ultime de son statut dans ce monde complexe et impitoyable.
Sakura fit apparaître un parchemin inconnu, qu'elle déroula avec une aisance remarquable sur le sol. Le sceau de Fûinjutsu qui s'y trouvait était d'une complexité impressionnante, avec un grand cercle trônant au centre. Avec une concentration palpable, elle plaça la bague au cœur de ce cercle avant de débuter une série de gestes ésotériques.
— Fûinjutsu : Shïringukï, récita-t-elle d'une voix assurée, tandis que les symboles du parchemin se dissolvaient, absorbés par l'anneau. Puis, d'un geste fluide et précis, elle se tourna vers les coffres, y inscrivant un Kanji sur chacun d'eux.
Une fois les dix caractères tracés, Sakura glissa la bague à l'un de ses doigts. D'un mouvement déterminé, elle tendit le poing, le sceau de l'anneau aligné avec celui d'un des coffres, tandis que son autre main adoptait la posture du mudra du bélier.
— Fûin ! murmura Sakura, activant avec grâce le Fûinjutsu sur le premier coffre. Aussitôt, une étreinte invisible de chakra lia la bague au coffre, scellant ainsi leur union. Dorénavant, nul ne pourrait s'aventurer à ouvrir ces coffres sans posséder la bague sacrée du Daimyô. Avec une précision méthodique, Sakura répéta le rituel pour les neuf autres coffres, puis se dirigea vers le Daimyô, porteur légitime de l'anneau. Tout en lui restituant son bien, elle inclina légèrement la tête vers Hashuba, lui murmurant à l'oreille.
— Les coffres ne pourront être ouverts qu'en présence de votre bague Daimyô-dono.
Cette déclaration prit Hashuba au dépourvu, le laissant sans voix. Il ne s'attendait pas à une telle performance. Cette femme devenait de plus en plus étonnante, et il commençait à comprendre pourquoi Madara la tenait en si haute estime.
— Bien, finit-il par répondre, sa curiosité piquée.
— Daimyô-dono, puis-je vous offrir un cadeau supplémentaire, un geste qui pourrait un jour vous sauver la vie ? demanda Sakura avec une solennité calculée.
— Quel genre de cadeau ? interrogea Hashuba, reconnaissant malgré lui que la jeune femme était indéniablement compétente dans son domaine.
— J'aimerais vous apposer un sceau de Fûinjutsu sur la peau, annonça Sakura.
— Dans quel but ? questionna Hashuba, intrigué. Sakura se rapprocha alors de son oreille, murmurant ses mots avec une assurance tranquille pour que lui seul puisse les entendre.
— Cela pourrait vous sauver de la mort...
— Allez-y, accepta le Daimyô alors que la jeune femme faisait apparaître de l'encre et un pinceau. Le Daimyô releva la manche opposée à sa bague, offrant son avant-bras à l'artiste. Sakura saisit le pinceau avec une précision experte, traçant des symboles et des courbes sur sa peau dans un rituel complexe, plus difficile que la calligraphie sur parchemin.
Dans un silence captivé, les spectateurs observaient chaque mouvement de la jeune femme. Même Madara, habitué à garder son sang-froid en toute circonstance, ne put s'empêcher d'être intrigué. Ils n'avaient jamais discuté de cette pratique auparavant, mais il lui faisait confiance. Il appréciait le flair et la détermination qu'elle démontrait.
Après trente minutes de concentration intense, Sakura recula légèrement pour examiner son travail. Un sourire satisfait se dessina sur son visage, éclairant son visage déterminé. Elle croisa le regard du Daimyô avec assurance et déclara d'une voix claire :
— Préparez-vous, cela peut piquer un peu, mais c'est nécessaire pour garantir sa durabilité dans le temps.
Le Daimyô acquiesça avec détermination, prêt à endurer l'inconfort.
— Fûin ! scella-t-elle, en activant son Iryô Ninjutsu. Les motifs complexes sur son avant-bras commencèrent à s'animer, absorbant le chakra curatif de Sakura. Une sensation de chatouillement initiale céda rapidement la place à une douleur croissante, que le Daimyô accepta stoïquement, serrant les dents alors que l'encre pénétrait sa peau tel un tatouage en devenir.
Sakura avait adapté sa technique pour le Daimyô, différente de celle qu'elle utilisait pour Madara. Les sceaux temporaires qu'elle inscrivait sur l'Uchiha ne devaient pas interférer avec les Tenketsu qu'elle réparait simultanément.
Cinq minutes de concentration silencieuse plus tard, Sakura jugea son œuvre suffisamment achevée.
— Est-ce terminé ? demanda le Daimyô, brisant le silence qui s'était installé.
— Oui, le jour où vous serez dans une situation où vous devriez mourir, le sceau que j'ai dessiné agira, chuchota Sakura avant de se lever pour retourner s'installer près de Madara et de finir son petit déjeuner.
— Un dernier conseil, Daimyô-dono, commença Madara, finissant une poire. Visez toujours plus haut. Ne sous-estimez jamais l'ampleur de vos entreprises. Quand vous planifiez quelque chose, visez toujours plus grand que vos prévisions initiales."
— Je retiens vos paroles, Uchiha-dono, répondit Hashuba avant que le petit déjeuner ne se poursuive dans un silence respectueux
Quelques heures plus tard, Madara et Sakura cheminaient à l'extérieur de la capitale. Prudent, ils avaient choisi de suivre la route principale à pied, gardant un œil vigilant pour détecter toute forme de surveillance. Lorsqu'ils furent convaincus qu'ils n'étaient pas suivis, ils optèrent pour la méthode Shinobi : se déplacer avec du chakra.
— Soyez parcimonieux avec votre chakra, Madara-san. Utilisez juste ce qu'il faut pour l'impulsion. Je préfère prendre notre temps plutôt que de risquer de vous blesser les jambes, ordonna Sakura.
—Entendu, répondit sobrement le brun, canalisant habilement le chakra dans ses membres, concentrant particulièrement sur la voûte plantaire. En un instant, les deux ninjas disparurent de la route. Leur déplacement rapide et silencieux leur permettrait de couvrir en une journée ce qui aurait normalement pris cinq jours. Une méthode ninja, bien que de faible niveau.
— Madara-san, maintenant que nous sommes hors de la capitale, commença Sakura, surveillant attentivement les réactions de son compagnon. "Que pensez-vous du Daimyô et des membres du conseil ?"
Le brun sauta d'arbre en arbre, réfléchissant à la question. "Le Daimyô tiendra ses promesses. Il a connu des pertes considérables pour parvenir là où il est, et son désir de paix semble sincère. Rômaji, en revanche, nourrit le plus de soupçons à mon égard."
— Sérieusement ? s'étonna Sakura.
— Sa méfiance est compréhensible. Son âge et son expérience lui ont certainement fait traverser de nombreuses intrigues politiques, rébellions et trahisons. Il ne peut être blâmé de rester sur ses gardes, même après le sceau de sang que j'ai fait, justifia le ténébreux.
— Il aurait en effet fait un excellent Shinobi, concéda Sakura.
— Parce qu'il est paranoïaque ? Je suis entièrement d'accord avec vous, Sakura-san. Je doute qu'il nous poignarde dans le dos. Les risques pour lui sont bien trop élevés, réfléchit Madara alors qu'il traversait une vallée dépourvue d'arbres, canalisant du chakra dans ses jambes pour éviter toute blessure lors de sa course rapide.
— Qu'est-ce qui vous rend si sûr qu'il ne nous trahira pas ? demanda Sakura.
— Il est vieux. Peu de gens atteignent son âge. Bien sûr, les vieux loups peuvent toujours mordre, mais un vieux loup comme lui est généralement fidèle à sa meute. Il restera donc fidèle à son Daimyô, expliqua Madara.
— Si nous respectons nos engagements, il en fera de même, conclut Sakura après avoir assimilé les arguments de Madara.
— Exactement. Il est d'ailleurs un atout précieux pour le Daimyô. D'après ce que j'ai pu comprendre, il a des réseaux étendus à Ta No Kuni et au-delà, même si je n'avais jamais entendu parler de lui auparavant, ajouta-t-il.
— Certaines personnes ont un talent inné pour se faire discrets, commenta Sakura, pensant à elle-même et à sa mère, bien que cela soit un demi-mensonge, car elles n'existaient pas à cette époque avant son voyage temporel.
— Votre stratégie pour Taisho Nakamura était impeccable pour garantir sa loyauté totale. Rien de tel que la promesse d'une rétribution toujours plus généreuse pour un homme avide de richesse, remarqua Madara, reconnaissant l'efficacité de la tactique de Sakura.
— Et que pensez-vous de Riku Koyabashi ? demanda-t-elle alors qu'ils approchaient d'une falaise. Accélérant légèrement le pas, Sakura prit Madara dans ses bras juste avant de sauter dans le vide. La chute de près de vingt mètres fut brève, Sakura amortissant l'impact grâce à son chakra, formant un cratère à leur atterrissage avant de relâcher Madara et de reprendre leur chemin.
— Riku a déjà prouvé sa loyauté au Daimyô en choisissant Hashuba pendant les guerres Muromachi, expliqua Madara en bondissant agilement d'arbre en arbre. "Quant à Tsubasa... c'est plus compliqué."
— Pourquoi ? interrogea Sakura, consciente que les traîtres pouvaient se cacher partout, surtout là où on les attendait le moins.
— C'est juste un fermier qui a réussi à se hisser dans les hautes sphères des affaires, répondit Madara. "Je ne sais pas s'il pourrait poser problème. Les gens simples peuvent parfois révéler des surprises inattendues."
— Vous avez raison. On ne peut jamais vraiment connaître les gens, acquiesça Sakura, sachant que cette phrase s'appliquait également à elle-même. Malgré des mois passés ensemble, du matin au soir, elle restait un mystère pour lui. Ses secrets et son passé flou la maintenaient dans une aura de mystère aux yeux de Madara.
— A surveiller.
— Quant à Daiki... il est jeune, mais semble fidèle à son père.
Sakura ne trouva rien à redire, et elle n'en ressentait aucun besoin. Les heures s'écoulèrent en silence, le crépuscule approchant alors qu'ils regagnaient enfin leur foyer.
Une fois à la maison, Sakura se mit à préparer le repas tandis que Madara allumait des bougies dans la pièce principale, se mouvant avec une aisance acquise au fil du temps passé dans cette demeure.
Alors que Sakura disposait son matériel en vue de préparer le dîner, Madara vint s'installer à la table centrale de la cuisine. Une habitude qu'il avait développée récemment, appréciant passer du temps avec cette femme, même lorsqu'elle était absorbée dans les tâches culinaires.
— Quand pensez-vous que nous pourrons commencer un véritable entraînement ? demanda Madara tandis que Sakura ajoutait du riz dans l'eau frémissante.
— Entraînement shinobi ? confirma Sakura, s'assurant de bien comprendre les intentions du brun.
— Oui.
— Avez-vous souffert lors du voyage ? demanda Sakura alors qu'elle nettoyait un poisson.
— Non, je pense que vous m'avez épargné le seul moment où j'aurais pu me blesser, répondit Madara, se remémorant la falaise où Sakura l'avait soutenu. Cette sensation de faiblesse le répugnait au plus haut point.
— Probablement d'ici une quinzaine de jours, j'espère pouvoir vous faire pratiquer des exercices de chakra, répondit Sakura, arrachant un léger sourire à Madara.
— Qui vous a enseigné le Fûinjutsu ? s'enquit Madara en observant Sakura utiliser cette technique quotidiennement, que ce soit pour la médecine, le transport, voire même en cuisine.
— Ma mère m'a transmis le Fûinjutsu médical, mais pour le reste, j'ai dû me débrouiller seule, avoua Sakura avec fierté.
Grâce à son intelligence, elle avait réussi à appréhender le Fûinjutsu d'une manière que peu pouvaient revendiquer. Seuls les Uzumaki ou Minato Namikaze étaient peut-être au-dessus d'elle, mais uniquement en raison de leur virtuosité. Avec le temps, Sakura savait qu'elle deviendrait une experte reconnue dans cet art.
— Êtes-vous certaine que votre mère n'était pas liée aux Uzumaki pour que vous ayez cette affinité avec le Fûinjutsu ?
Après tout, il était bien connu que le Fûinjutsu était comme une seconde nature pour les Uzumaki.
— J'en suis convaincue.
Qui était donc cette femme, en fin de compte ?
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