Daimyô !


Il trônait parmi les individus les plus redoutables jamais répertoriés. Son nom était inscrit en lettres capitales dans le Bingo Book, un avertissement qui incitait à la fuite immédiate à sa simple vue. Ce titan avait modifié le cours de l'histoire, transformant radicalement la société et la manière dont elle fonctionnait. Seul, il avait réduit en cendres villes et armées, instillant la terreur dans le cœur de tous ceux qui prononçaient son nom. Se sentir minuscule en sa présence était inévitable.

— Uchiha-dono, permettez-moi de vous présenter ceux qui, à l'avenir, œuvreront avec nous pour atteindre nos objectifs, entama Hashuba avant de diriger son bras vers Suzuki. Vous avez probablement déjà fait la connaissance de mon bras droit, Suzuki.

Le désigné inclina respectueusement la tête en direction de Madara à sa présentation.

— En effet, Suzuki-san, votre réputation vous précède, répondit Madara avec une neutralité calculée.

— L'honneur est mien de savoir que le grand Uchiha Madara a connaissance de ma personne, ajouta Suzuki, un léger sourire aux lèvres.

— À ma gauche, vous trouverez Rômaji-sama, continua Hashuba, indiquant cette fois un homme vêtu d'un kimono blanc orné de bandes jaunes sur les encolures. Dans sa main, un bâton qui semblait être un support. Il est, à mon avis, la personne la plus sage parmi nous et un proche ami de la famille.

Rômaji fit un signe de tête à peine perceptible, son âge se reflétant dans son geste. Il se caressait la barbe, déjà absorbé par mille scénarios possibles résultant de la rencontre avec le fameux Uchiha.

— Il est difficile pour moi d'accepter que vous soyez toujours en vie, Uchiha-dono, avoua le vieil homme, qui s'était plongé dans les détails de la bataille des Dieux Shinobi à la Vallée de la Fin.

— Nous sommes deux dans ce cas, Rômaji-sama, répliqua Madara, conscient que sans Sakura, il aurait succombé depuis longtemps. Le brun ne s'étendit pas davantage sur cette pensée, car le Daimyô présentait un autre membre du conseil, suivant un ordre hiérarchique strict.

— Laissez-moi vous présenter Taisho Nakamura, l'architecte financier derrière nos expéditions les plus ambitieuses, annonça le Daimyô en désignant un homme au visage impassible. Son habillement sobre dissimulait la prestance d'un homme du monde des affaires. Il devait être particulièrement aisé pour avoir lancé un projet d'une telle envergure sans dépendre des fonds de Sakura.

— Daimyô-dono, vous avez là un homme d'une loyauté exemplaire. Peu d'individus consentiraient à investir leur fortune sans la moindre garantie en retour, fit remarquer Madara, son regard scrutant Taisho, qui savoura silencieusement le compliment voilé. En politique, les mots étaient des armes, des outils de manipulation habilement utilisés.

— Uchiha-dono, s'inclina respectueusement Taisho.

— Ensuite, permettez-moi de vous présenter Riku Koyabashi, sans qui les fondations de Ta No Kuni n'auraient pas été posées, expliqua Hashuba en indiquant un homme approchant la cinquantaine. Une barbichette ornait son visage, la moitié de son crâne dévoilant une calvitie assumée. Vêtu d'un kimono aux tons verts et violets, il affichait une posture typique de la noblesse.

— Dites-moi, Koyabashi, commença Madara sans se préoccuper des formules honorifiques. Qu'est-ce qui a motivé un homme de votre envergure à choisir Hashuba Shôta plutôt qu'un autre pendant les guerres Muromachi ?

L'accusation sous-jacente transparaissait dans ses paroles, signe de la méfiance de Madara envers cet homme de la noblesse, souvent avide de pouvoir. Si l'accusation indigna Koyabashi, il dissimula habilement ses émotions, demeurant maître de lui-même.

— Entre trois fanatiques, j'ai préféré m'associer à celui qui aspirait à la prospérité de ma terre natale, répondit sagement Riku, une réponse qui sembla satisfaire Madara, inclinant légèrement la tête en signe d'approbation.

— Vous ne ressemblez en rien aux nobles que j'ai croisés au fil de ma vie, Koyabashi-san, nota le chef de clan, ajoutant cette fois-ci un suffixe de respect.

— J'essaie de m'en distinguer, Uchiha-dono, salua le noble en inclinant la tête.

— Permettez-moi de vous présenter mon fils, Daiki Shôta, annonça Hashuba en désignant un homme dans la vingtaine, d'une prestance remarquable. Il s'inclina avec une révérence profonde, démontrant ainsi son respect envers ses aînés. Malgré son statut de fils de Daimyô, il comprenait l'importance de se plier aux hiérarchies. Vêtu d'un kimono aux tons violet et orange, Daiki pouvait ne pas avoir hérité du talent martial de son père, mais il excellait dans l'art subtil de la manipulation des chiffres.

— Uchiha-dono, salua le fils du Daimyô d'une voix empreinte de respect. Cependant, Madara nota que, depuis le début, Daiki lançait des regards furtifs en direction de Sakura. Compréhensible, pensa Madara. Si elle suscitait un tel intérêt de sa part, elle devait être exceptionnelle, captivant ainsi l'attention de tous.

— Voici Tsubasa, le plus éminent producteur de riz du pays. Grâce à lui, nous jouissons du statut de pays neutre, grâce à sa production, expliqua Hashuba en indiquant un homme robuste. Vêtu de la manière la plus simple, son kimono trahissait le labeur acharné du travailleur des champs qu'il était.

— Uchiha-dono,  s'inclina Tsubasa profondément.

— Et voici Tanaka, mon secrétaire personnel, annonça Hashuba en montrant un homme légèrement en retrait.

— C'est un privilège de vous rencontrer en personne, Uchiha-dono, déclara le secrétaire en s'inclinant respectueusement.

Pendant toute cette période, Sakura observa attentivement le subtil jeu politique qui se déroulait. Elle nota que deux individus dans la salle ne devaient en aucun cas être offensés, et qu'il fallait leur témoigner le plus grand respect en utilisant les suffixes -dono et-sama, comme le faisait Madara. Suzuki semblait également revêtir une importance particulière aux yeux du brun, probablement en raison de ses exploits passés. Il en allait de même pour Riku Koyabashi, qui, malgré une menace, avait réussi à gagner un certain degré de respect de la part de Madara. Cependant, il en était tout autrement pour Taisho, même s'il recevait un compliment.

— Messieurs, permettez-moi de vous présenter Haruno Sakura, annonça Madara en étendant son bras dans la direction de la jeune femme, qui inclina élégamment la tête. Sans sa présence, je ne serais plus en mesure de tenir cette discussion avec vous.

Seul Suzuki, apparemment, ne fut pas pris au dépourvu par cette déclaration, ayant déjà eu un aperçu des compétences exceptionnelles de cette femme.

— Ainsi, le grand Madara doit sa vie à une femme ? ironisa Rômaji, sceptique. Il était bien connu que le chef de clan avait tendance à mésestimer le genre féminin.

— Pas n'importe quelle femme, Rômaji-sama, intervint Suzuki en défense de Madara. Lors de notre voyage de retour, elle a démontré des talents extraordinaires.

Cette révélation suscita davantage de regards tournés vers Sakura, attisant la curiosité générale.

— Quel genre de capacités ? interrogea Daiki, sans détourner son regard de la jeune femme qui, à première vue, était d'une beauté saisissante.

— Les talents d'un véritable shinobi, répondit immédiatement Madara avant que Suzuki n'ait l'occasion de s'exprimer. Il était évident que la situation dérangeait Sakura, d'être ainsi au centre de l'attention sans qu'on la considère. Néanmoins, pourrions-nous débuter cette réunion, Daimyô-dono ?

— Absolument ! approuva Hashuba, donnant ainsi le signal pour que chacun prenne place. Des coussins étaient disposés autour d'une table basse rectangulaire. Bien, Uchiha-dono, je vous prie de nous exposer plus en détail la nature de votre proposition.

— L'unification des Nations Elémentaires sous une seule bannière : la nôtre, déclara Madara sans détour.

— On dirait un projet de conquête par la force, observa Suzuki tout en se servant une généreuse tasse de thé. Après un périple aussi éprouvant, il en avait bien besoin.

— Pas tout à fait, corrigea Madara en tournant son regard vers Sakura. Il avait longuement hésité avant d'adhérer au plan de cette dernière, mais étant redevable de sa vie, il consentit à œuvrer pour la paix à sa manière... du moins, pour le moment. Madara étendit la main en direction de la jeune femme, accordant une permission sans précédent lors d'un conseil de guerre. Sakura-san, veuillez leur expliquer.

Autoriser une femme à prendre part à une telle assemblée était déjà rare, mais lui donner la parole de manière égale était un précédent inédit.

— Je vous suis reconnaissante, Uchiha-dono, entama Sakura en respectant le protocole. L'époque que nous traversons n'est qu'éphémère, et tous ne partagent pas nécessairement votre vision de la vie, Daimyô-dono : une existence empreinte de quiétude et de prospérité. Avec le nouveau système instauré, nous nous dirigeons vers un autre genre de conflit.

— Qu'est-ce qui pourrait être pire que ce que nous avons déjà vécu ? demanda Riku, ayant sacrifié tant pour l'unité du pays.

— Une guerre à l'échelle mondiale, Koyabashi-san, répliqua Sakura, conservant calme et sérieux. Comme l'a souligné Uchiha-dono précédemment à votre égard, Daimyô-dono, vous avez choisi la voie de la prospérité pour votre terre natale. Mais combien partagent votre vision ? Pratiquement aucun. Alors, combien de temps faudra-t-il avant que les dirigeants ne portent leur attention sur leurs voisins pour étendre leur territoire ?

Un silence pesant s'installa, chaque individu assimilant les paroles de la jeune femme, malheureusement empreintes de vérité.

— Les dirigeants des autres nations ont des réputations plus que douteuses. Après tout, le pouvoir émerge du sang de nos victimes. Ce sont les vainqueurs qui dictent l'histoire, et beaucoup d'entre eux ne sont pas des âmes charitables, ajouta Sakura, sous le regard attentif de Madara, qui la trouvait remarquable dans bien des aspects. Malheureusement, les prémices de la guerre sont plus proches qu'on ne l'imagine.

— Avez-vous des preuves à l'appui de vos dires, Haruno-dono ? interrogea Taisho, utilisant la forme de respect que Madara avait instaurée envers cette femme en tant que chef de clan.

— Tout comme Uchiha-dono, je suis une shinobi, et la collecte d'informations est l'une de mes spécialités, expliqua Sakura, fixant chaque membre du conseil dans les yeux. En tant que femme, dans cent pour cent des cas, on ne se méfie pas de ce dont une femme est capable. Ainsi, j'ai réussi à obtenir les bonnes informations des bonnes personnes.

— Voulez-vous dire... commença Daiki, laissant immédiatement son esprit dériver vers des méthodes plus intimes, mais il fut promptement interrompu par Sakura.

— Que j'ai tranché plus d'une gorge pour obtenir ces informations, coupa-t-elle avec une note de dureté dans sa voix.

— Et quelles sont ces informations récoltées ? interrogea Rômaji en continuant de caresser sa barbe.

— Depuis la disparition de Hashirama Senju, des mouvements de troupes ont été détectés dans plusieurs pays. L'excuse de l'entraînement militaire a été utilisée pour embrouiller les pistes, mais des échanges ont bel et bien eu lieu, et l'étau commence lentement à se resserrer, déclara Sakura avant de saisir le nécessaire à thé à sa portée.

La jeune médecin se trouvait dans une situation délicate, face à des hommes imprégnés de patriarcat, présents dans cette salle en raison de leurs combats pour l'honneur. Leurs faits d'armes étaient indéniables, et voir une femme ayant gagné le respect du célèbre Uchiha Madara les déroutait au plus haut point. Celui-ci, réputé pour son intransigeance concernant la place des femmes dans le monde, rendait la tâche encore plus complexe pour Sakura. Elle devait jouer un jeu subtil, mettant à l'épreuve son intelligence. Elle devait démontrer sa dangerosité, sa puissance, sans toutefois paraître supérieure. Ainsi, tout en conversant avec les autres, elle se servit une tasse de thé avec l'élégance propre aux femmes de l'époque.

— Quels pays seront concernés ? demanda Suzuki avant de porter à ses lèvres sa propre tasse de thé brûlant.

— Probablement tous les grands pays et leurs vassaux, répondit Sakura en tournant la tête vers Madara. Du thé, Uchiha-dono ?

— Avec plaisir, accepta Madara.

Par ce simple geste, Sakura montra déférence envers Madara, renforçant ainsi l'idée qu'il dominait la situation. Même si ce n'était qu'une comédie, les autres autour de la table n'avaient pas besoin d'être mis au courant.

— Pensez-vous que nous serons affectés par cette guerre à venir ? demanda cette fois-ci le Daimyô.

— Si nous ne faisons rien, oui, confirma Madara en saisissant la tasse de thé tendue par Sakura.

— Vous devez conserver votre statut de pays neutre à tout prix, Daimyô-dono, ajouta Sakura.

— Pourquoi cela ? demanda Hashuba.

— Parce que c'est cette guerre mondiale qui fera de nous une puissance, répondit Sakura avec assurance.

— Comment ? Excusez-moi, Uchiha-dono, mais aussi puissant que vous soyez, deux personnes ne feront pas de notre pays une puissance mondiale en restant inactives, intervint Suzuki, sceptique quant à la démarche proposée.

— Que pensez-vous que feront les victimes de la guerre en apprenant qu'il existe un pays épargné par les conflits ? demanda Madara à l'assemblée. Ils viendront chercher refuge.

— Bien sûr, nous n'attendons pas passivement leur arrivée, ajouta Sakura après Madara. Nous avons l'intention, Uchiha-dono et moi-même, de parcourir les champs de bataille pour rallier le maximum de personnes à notre cause.

— D'où la raison de la construction de tant de nouvelles résidences, murmura Taisho à lui-même tout en se caressant la mâchoire, signe de réflexion.

— Exact, mais il ne s'agira pas seulement de civils. Nous prévoyons de rassembler des shinobi ainsi que des clans entiers, expliqua Sakura en sirotant de temps en temps son thé, qui, elle devait bien l'admettre, était de bonne qualité.

— Pourquoi se rallieraient-ils à notre cause ? Qu'est-ce qui les rendra fidèles ? interrogea Riku Koyabashi.

— Parce qu'ils auront tous quelque chose en commun : ils seront les victimes de la guerre. Nous les aurons sauvés de la mort, offert un nouveau foyer, un lieu où vivre, travailler, fonder une famille à l'abri de la guerre et de la misère, expliqua Sakura avec passion, laissant parler son cœur. Lorsque l'être humain touche le fond, il saisit n'importe quelle main tendue pour s'élever de sa misère... c'est le même principe que d'offrir un morceau de viande à un animal affamé, au bout d'un moment, il se laisse caresser. Et lorsque c'est Uchiha Madara en personne qui vient vous protéger, la confiance ne peut que s'installer.

— L'achat massif de ressources dans les autres pays avait un double objectif. Les affaiblir et nous permettre d'accueillir du monde en secret, ajouta Madara en posant sa tasse vide sur la table.

— Vous avez là quelqu'un de dangereusement informé, Uchiha-dono, admit Hashuba, reconnaissant qu'elle savait de quoi elle parlait.

— Oh, croyez-moi, elle n'est pas seulement redoutable dans ce domaine, Daimyô-dono, répliqua Madara, déclenchant un rire apaisant dans la salle. Intérieurement, Sakura était fière d'elle, car si l'atmosphère se détendait malgré son statut de femme, c'était une victoire à moitié remportée.

— Comment comptez-vous financer un projet d'une telle envergure, Uchiha-dono ? demanda Taisho Nakamura, conscient que les guerres coûtaient cher, très cher.

— Sachez que l'information que je vais vous dévoiler est vitale... ou plutôt, la seule connaissance de cette information vaut à elle seule une fortune à l'échelle des Nations Elémentaires, commença Madara, captant soudainement l'attention de tous dans la salle. Même les gardes postés à chaque coin étaient attentifs depuis le début. Ce n'était pas tous les jours que l'on assistait aux prémices d'une paix mondiale. Et si quiconque évoque cette information en dehors de cette salle, je le tue sans hésitation.

La fin de la phrase fut prononcée avec une froideur laissant transparaître son intention de tuer. Seuls Sakura et le Daimyô ne semblèrent pas affectés.

— Nous comprenons, Uchiha-dono, déclara Hashuba après quelques secondes, voyant les autres membres du conseil mal à l'aise.

— Sakura-san, interpella Madara en se tournant vers la jeune femme. Elle leva son bras au-dessus de la table, paume tournée vers le bas. Une fois qu'elle eut capté l'attention de tous, elle fit naître un flux constant de pièces pendant une dizaine de secondes. Sous le regard stupéfait des membres du conseil, elle déversa sans interruption une centaine de pièces d'or sur la table.

— Je pourrais continuer à créer de l'argent pendant des heures... non... pendant des jours, déclara Sakura en observant les hommes abasourdis, la plupart d'entre eux ayant la bouche ouverte. J'aimerais ajouter quelque chose à la mise en garde d'Uchiha-dono. Grâce à cette compétence, je suis la personne la plus fortunée de toutes les Nations Elémentaires. Alors, je vous dirai ceci : si jamais vous aviez l'intention de nous trahir, Uchiha-dono et moi-même, pour de l'argent, sachez que je paierai toujours plus.

Madara se questionnait une fois de plus sur l'identité réelle de cette femme à ses côtés. Il n'avait jamais rencontré une personne du sexe féminin comme elle. Elle faisait preuve d'une intelligence remarquable en cet instant.

Elle possédait toutes les qualités d'une femme : beauté, capacité à être une femme au foyer, mais également la force et les compétences d'un homme. Madara pensait qu'il serait probablement le seul à s'exprimer durant cette réunion, croyant que Sakura serait trop impressionnée pour réagir... mais non. Elle était à l'aise, confiante et parvenait même à proférer des menaces subtiles. On aurait dit qu'elle avait fait cela toute sa vie.

Madara remarquait clairement que son comportement était radicalement différent de celui qu'elle adoptait lorsqu'ils étaient seuls. Il se sentait extrêmement chanceux de connaître cette autre facette de Sakura et ne pouvait s'empêcher de la trouver encore plus attirante.

— Comment ? demanda finalement Taisho, les yeux grands comme des soucoupes.

— Je ne révélerai pas cette information.

— Considérez cela comme un remboursement de votre investissement, Taisho Nakamura, pour avoir soutenu votre Daimyô aveuglément.

À l'écoute de ces mots, Tanaka, qui ne faisait qu'écrire la conversation depuis le début, se leva précipitamment avec un coffret vide pour le remplir des pièces d'or générées par Sakura.

— Je peux maintenant comprendre pourquoi vous lui accordez autant d'importance, Uchiha-dono, fit remarquer Rômaji.

Madara demeura silencieux face à cette remarque, mais après un moment, il utilisa son unique bras valide pour ajuster son kimono. Il dévoila une petite partie de son torse, exhibant devant tous deux grandes cicatrices légèrement rosées qui se distinguaient nettement du reste de sa peau claire.

— Disons que ce n'est pas la raison principale pour laquelle elle a mon respect, Rômaji-sama, avoua Madara, illustrant ainsi à tous pourquoi il était toujours en vie.

Cette femme était également médecin, probablement une médecin exceptionnelle, à en juger par l'emplacement des deux cicatrices. Après un moment, Madara replaça son kimono, dissimulant ses deux marques.

— Une femme médecin.

— Oui, Daimyô-dono, répondit Sakura, s'efforçant de contenir sa fierté. Depuis le début de la réunion, Madara n'avait cessé de la louer, de la défendre, la plaçant pratiquement sur un pied d'égalité avec lui.

— Il est vrai qu'avec un investissement illimité, cela change beaucoup de choses, Daimyô-dono, intervint Tsubasa pour la première fois.

— J'en conviens, Tsubasa. Les possibilités pour Ta No Kuni sont elles aussi infinies, confirma Hashuba, qui avait encore du mal à diriger la nouvelle situation. Vous respectez vos engagements, Uchiha-dono. Nous avons de notre côté entamé les nôtres. Que conseillez-vous pour la suite ?

— Continuez ce que vous faites pour le moment. Faites des réserves, et surtout, cachez-les. Poursuivez la construction de nouvelles demeures pour les futures victimes de la guerre, énonça Madara avec sérieux. D'ici peu, vous allez probablement être sollicités pour rejoindre un camp. Vous devez à tout prix maintenir la neutralité, quitte à payer pour cela.

— Convaincre Hi No Kuni ne devrait pas être un problème, intervint Suzuki.

— Pourquoi cela, Suzuki-san ? demanda Madara.

— Lors de mon expédition à Konoha No Sato, j'ai utilisé l'excuse selon laquelle nos récoltes avaient été touchées par une maladie, réduisant drastiquement nos réserves pour l'hiver à venir. Vous comprenez qu'avec peu de vivres, nous ne pourrons pas contribuer à un effort de guerre, expliqua Suzuki avant de sortir des chiffres. De plus, nous n'avons aucune force Shinobi. Notre armée ne dépasse pas le millier d'hommes pour l'entièreté du pays. Certes, c'est quand même un millier d'hommes, mais un Shinobi bien entraîné ne ferait qu'une bouchée de celle-ci.

— Votre argument se tient, Suzuki-san. Je persiste à dire que vous avez pris de gros risques en allant directement à Konoha, rajouta le chef de clan.

— Il a toujours incarné l'audace en matière de stratégie, murmura Rômaji en se remémorant une bataille jadis orchestrée par Suzuki. Une mise en garde, Uchiha-dono, si jamais vous vous trouvez face à lui sur l'échiquier, soyez vigilant.

— Une fois que les hostilités seront déclarées, quelle sera notre feuille de route ? s'enquit Daiki, demeuré silencieux depuis que Sakura l'avait aimablement rappelé à l'ordre.

— Des achats de bois et de pierre ont-ils été effectués ? interrogea Madara, fixant son regard sur le jeune homme.

— Oui, grâce à Rômaji-sama, nous avons conclu quelques accords avec le Pays de la Foudre pour un approvisionnement régulier en pierre. Un autre accord a également été conclu avec une scierie du Pays du Feu, répondit Daiki en consultant les parchemins étalés devant lui.

— Il est temps d'entamer la construction d'une imposante muraille pour la capitale. D'après ce que j'ai pu observer, votre ville occupe une position stratégique qui la rend vulnérable uniquement d'un côté, fit remarquer Madara, ayant constaté l'excellente localisation de la cité nichée en flanc de montagne, au sein d'une vallée étendue sur plusieurs kilomètres. Cela ne sera pas interprété comme une agression, mais plutôt comme une mesure préventive, étant donné l'éclatement d'une guerre mondiale.

— Vous envisagez de fortifier cette cité, n'est-ce pas ? interrogea Suzuki.

— Tout à fait. Étant donné l'afflux imminent de centaines, voire de milliers de personnes à cause du conflit, il est impératif d'être prêt à les défendre à l'avenir, avoua Madara.

— Il semble nécessaire d'établir un nouveau système administratif, père, fit remarquer Daiki, prenant conscience de l'ampleur de la tâche à venir.

— Pourquoi donc ?

— Si des milliers de travailleurs potentiels arrivent, il faudra les organiser en fonction de leurs compétences. La cité deviendra une fourmilière en perpétuelle mutation, expliqua Daiki avec sérieux. Ce qui aurait normalement pris des décennies à accomplir pourrait probablement être achevé en un an, grand maximum.

— Le monde engendre le monde, ajouta sagement Rômaji.

— Je comprends désormais pourquoi vous avez choisi votre fils comme conseiller, Daimyô-dono, complimenta Madara, reconnaissant que le jeune homme possédait un esprit vif. Néanmoins, votre fils a raison, et je vous recommande de confier le projet à plusieurs architectes pour garantir une imprenabilité totale.

— Pensez-vous que la guerre atteindra tout de même cette cité ? questionna Suzuki, davantage en quête de confirmation que par réel questionnement.

— C'est une mesure de précaution pour nous, et un avertissement envers d'éventuels adversaires. Car le monde réfléchira à deux fois avant de se briser contre une cité capable de résister à des armées entières, expliqua le shinobi, conscient que plus un ennemi devenait puissant, plus des alliances se formaient contre lui.

— Que ferez-vous si des shinobi s'en prennent à nous ? demanda Tsubasa, qui n'avait jamais été témoin du talent des shinobi mais avait entendu les légendes les concernant.

— Un système militaire plus élaboré devra être mis en place. Des clans entiers des pays mineurs fuiront leur foyer à cause de la guerre. Aucun n'osera s'opposer, car nous leur offrirons refuge, et surtout parce que je serai celui qui proposera cet asile.

— Votre réputation vous précède, Uchiha-dono, ajouta Hashuba, ayant entendu parler de clans détruits pour ne pas avoir respecté leurs engagements envers Madara Uchiha.

— Sachez une chose, Daimyô-dono, pour le moment, ma présence sera requise à de nombreux endroits différents, et encore plus lorsque la guerre éclatera. Mais comprenez que nous devrons revoir ensemble la manière de gouverner, déclara Madara de manière franche. Je ne parle pas de vous destituer de votre position de Daimyô, bien au contraire, mais si nous parvenons à atteindre ce que Sakura-san et moi-même désirons, un nouveau système de gouvernance plus sophistiqué devra être instauré. Car malheureusement, la corruption et le pouvoir laissent des cicatrices sur l'esprit, et il est hors de question que tous ces efforts soient anéantis pour des futilités.

— Cela mettra-t-il nos positions en danger ? questionna Riku, peu enclin à céder sa place à n'importe qui en tant que noble.

— Non.

— Pourriez-vous me donner un exemple du type de hiérarchie que vous mettriez en place, Uchiha-dono ? demanda Hashuba, très curieux.

— Le pouvoir partagé en deux. Un Daimyô pour tout ce qui concerne l'administration, la noblesse et la gestion du pays. Un Kage, pour superviser tout ce qui relève de l'aspect militaire, des shinobi et de leurs clans respectifs. Ces deux individus détiendraient le pouvoir sur le pays et seraient eux-mêmes conseillés par un triumvirat rassemblant les deux parties, révéla Madara en manipulant des figurines disposées sur la table du conseil. Deux ou même cinq personnes ne peuvent diriger un empire de manière efficace. Ainsi, ce même triumvirat serait à son tour conseillé par un conseil élargi. Cela assurerait un équilibre du pouvoir plus stable et un contrôle plus efficace. Mais cette proposition ne vise pas uniquement la gestion de cet empire ; surtout, elle nous prépare à la possibilité que nous ne soyons pas éternels, Daimyô-dono, et que la génération suivante puisse être influencée par des ambitions moins nobles. Ce système nous permettrait d'élire en interne les futurs dirigeants, ceux qui partageront notre vision de la paix !

Sakura ne pouvait plus se tromper en observant Madara parler avec une telle passion. Le Rikudô Sennin avait eu raison à son sujet ; cet homme désirait ardemment la paix dans le monde. Si elle n'était pas dans un cadre aussi formel, elle aurait versé une larme devant l'homme que Madara était devenu. À moins qu'il n'ait toujours été ainsi, mais que personne n'ait pris le temps de le connaître réellement.

— Vous avez mûrement réfléchi à la question, Uchiha-dono, observa Rômaji avec une concentration intense.

— Disons que j'apprends de mes erreurs, Rômaji-sama, répondit Madara en baissant légèrement les yeux en repensant à ses erreurs passées.

— Erreurs ? interrogea Rômaji.

— Konoha est une erreur de ma part, qui m'a coûté la totalité de mon clan et a failli me coûter la vie. Un silence pesant s'installa dans la salle du conseil, car Madara avouait rarement ses erreurs. Avez-vous des exigences à mon égard, Daimyô-dono ?

— Vous avez déjà comblé cette exigence en faisant une signature de sang, répliqua immédiatement Hashuba, sachant depuis ce moment que Madara était sérieux dans ses ambitions.

— J'aurai une dernière exigence, ou plutôt mon amie ici présente en aurait une, ajouta Madara.

— Nous vous écoutons, déclara Hashuba en regardant la jeune femme devant lui. Si elle avait formulé une demande pour elle-même, elle aurait probablement été ignorée, mais cette requête émanait également de Madara.

— J'aimerais que vous établissiez un établissement dédié à la médecine et aux soins. Malheureusement, de nombreuses vies sont perdues car cette voie n'est pas suffisamment développée. J'aimerais qu'un tel lieu soit créé et que des formations soient dispensées, déclara Sakura avant de faire apparaître dans un nuage de fumée une petite pile de livres qu'elle déposa sur la table. Ces livres sont uniques au monde et changeront la façon dont on sauve des vies dans votre pays.

Tanaka se leva une fois de plus pour ramasser les quatre livres empilés avant de les présenter à son Daimyô qui examina chacune des couvertures.

— Si je n'avais pas eu la preuve sous mes yeux de ce que vous avez fait pour Uchiha-dono, j'aurais refusé, déclara Hashuba après un moment. Mais je suis disposé à faire preuve de générosité.

— Arigato, Daimyô-dono. Pourriez-vous également permettre aux femmes d'accéder à cette formation ? demanda Sakura en inclinant la tête.

— Pourquoi ? exigea le Daimyô, ne comprenant pas pourquoi il devrait inclure des femmes dans un tel programme.

— Chaque être vivant est constitué de chakra, et les femmes, de par leur nature, en possèdent moins que les hommes. Une quantité moindre de chakra se traduit par une plus grande précision dans son utilisation, expliqua Sakura avant de faire apparaître un kunaï dans un nuage de fumée. Les quatre gardes ainsi que Suzuki portèrent immédiatement la main à l'épée devant un tel geste. Cependant, Sakura ne leur prêta pas attention et leva son autre bras avant de se faire une large entaille. Elle reposa l'arme ensanglantée sur la table avant d'activer son Iryô Ninjutsu.

Dans une douce lueur verte, la large entaille se referma doucement sous les yeux ébahis de l'assistance. Puis, au bout d'un moment, la plaie avait disparu, la peau était parfaitement lisse, comme si elle n'avait jamais été blessée.

— Une personne correctement formée peut accomplir ce que j'ai fait... mais les femmes, en raison de leur quantité moindre de chakra, seront toujours plus performantes dans un domaine aussi précis, conclut Sakura en enlevant le sang de son bras.

Madara avait enfin la réponse à l'une de ses questions : elle n'avait pas de Kekkei Genkai, c'était simplement une manipulation différente du chakra.

— Je suppose que vous n'avez pas l'intention de vous séparer d'une telle perle rare, Uchiha-dono ? interrogea Hashuba après avoir vu un tel talent.

Avoir un médecin avec un tel pouvoir pour la survie était très alléchant.

— Si vous parlez de la marier, je m'y oppose totalement, déclara Madara sans détour, ce qui déçut énormément Daiki, de plus en plus fasciné par cette femme.

— Bien, je pense que cette réunion est terminée, conclut finalement Hashuba. Vous resterez dîner avec nous ce soir ?

C'était une invitation qu'il aurait été impoli de refuser, à moins de vouloir offenser son hôte.

— Avec plaisir.

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