Armistice !
L'heure fatidique était arrivée. La décision devait être prise sur l'avenir de ce conflit dévastateur.
Toutes les Nations Élémentaires avaient été profondément touchées par la guerre. Au-delà des dizaines de milliers de morts, l'équilibre de ces nations était gravement compromis. Uzushio avait été effacé de la carte, Suna était assiégé, tout comme Iwa, et Kumo avait affronté une rébellion interne orchestrée par les frères d'or et d'argent, mystérieusement retrouvés morts dans des circonstances étranges.
Parmi les Kage ayant pris part au conflit, seul le Nidaime Kazekage survivait. Tous les autres Nidaime avaient péri, et la guerre avait semé une confusion telle qu'on ne savait plus qui combattait qui.
Seuls Hi no Kuni et Mizu no Kuni semblaient capables de poursuivre le conflit, ayant pris l'ascendant sur leurs ennemis. Cependant, attaquer les villages cachés aurait été suicidaire, entraînant des pertes humaines insoutenables.
La solution s'imposait d'elle-même : l'armistice.
Tobirama ayant désigné Hiruzen Sarutobi comme successeur, le nouveau Sandaime Hokage proposa une trêve à ses ennemis. Des messages de paix furent envoyés aux différentes Nations Élémentaires.
Cependant, la paix avait un prix. Le Kage de la Feuille imposa des conditions strictes, visant à réparer les dégâts de la guerre au profit de son pays.
Kumo n'avait d'autre choix que d'accepter, leur défunt Nidaime Raikage ayant signé un traité de paix retrouvé maculé de sang mais valide.
Pour Suna, l'armistice était une aubaine. Le défunt Mizukage avait emprisonné la famille du Kazekage, empêchant toute rébellion.
Iwa, quant à elle, accepta le traité avec amertume. Sans alliés, et après la défaite de leur troupe d'élite face à Tobirama Senju, ils n'avaient guère d'options.
Ainsi, sans victoire apparente, la Première Grande Guerre Shinobi prit fin.
Les Nations Élémentaires entraient en paix, se préparant à se reconstruire. Des messages furent envoyés pour annoncer l'armistice et relancer l'économie, un aspect crucial pour éviter les révoltes et les exodes massifs.
Le seul pays épargné par ce désastre était Ta no Kuni. Ayant maintenu une stricte neutralité en payant ses voisins et en interdisant tout accès militaire, il semblait récompensé pour sa prudence. Toutefois, la vérité était bien plus complexe. Ta no Kuni visait à devenir le plus grand pays des Nations Élémentaires, un centre incontournable du commerce. Sa renommée devait croître comme une rumeur attirant l'intérêt et la curiosité.
Alors que les armées retournaient chez elles, profitant des avantages de la paix, Tsunade Senju faisait partie des shinobi regagnant leur foyer. Aux côtés d'Orochimaru et de Jiraiya, elle avait participé à de nombreux assauts, bien que souvent cantonnée à des missions moins dangereuses en raison de leur jeunesse. Hiruzen Sarutobi n'aurait pas toléré la perte de ses élèves, les épargnant ainsi des pires horreurs du conflit.
Alors que les shinobi de la Feuille franchissaient les portes du village, le soulagement était palpable sur leurs visages. Ils étaient enfin rentrés chez eux, vivants. Tsunade, comme ceux qui avaient fait le chemin avec elle, se dirigea vers le domaine des Senju, espérant retrouver sa famille et ses amis. Ils étaient la dernière troupe à rentrer, et elle ne les avait pas revus depuis le début de la guerre.
En arrivant à sa demeure, une impatience fébrile la saisit. Elle courut dans l'allée, appelant d'une voix pleine d'espoir :
— Maman ! Papa !
Elle arriva devant sa maison, ouvrit la porte en toute hâte, ôtant ses sandales à l'entrée. Sa voix trahissait son empressement :
— Maman ! Je suis rentrée !
Mais l'intérieur de la maison lui réservait une découverte inattendue. Le silence régnait, une absence totale de vie. Les meubles étaient à leur place, mais une fine couche de poussière recouvrait le mobilier et le sol. Une angoisse sourde commença à monter en elle. La maison était vide depuis longtemps.
— Maman ? appela-t-elle, la voix tremblante.
Le silence répondit à son appel désespéré. Elle entreprit de fouiller la maison, mais il était évident que ses parents n'étaient plus là. Sortant de chez elle, elle se dirigea vers les autres habitations du domaine, espérant y trouver des réponses.
Mais le quartier des Senju était désert. Les rues étaient silencieuses, les maisons fermées. Seuls le vent et quelques oiseaux troublaient ce calme sinistre. Pas un signe de vie, ni ses cousins, ni ses amis, personne. Tsunade réalisa avec horreur que le clan Senju tout entier semblait avoir disparu.
Personne.
L'absence de vie autour d'elle était écrasante. Elle comprit alors l'ampleur de sa perte. La guerre lui avait pris bien plus qu'elle n'aurait jamais imaginé.
L'intégralité de son clan.
Elle se rendit compte de la terrible réalité : elle était la dernière Senju. Plus jamais elle ne reverrait les siens. Cette prise de conscience la submergea de chagrin.
— Maman, pleura doucement Tsunade.
Elle tomba à genoux au milieu de la rue, se serrant dans ses bras. Les larmes coulèrent librement et elle sanglota, inconsolable.
Dans sa détresse, elle ne remarqua pas l'approche d'une silhouette. Une paire de bras l'enlaça, la serrant avec une douceur inattendue. En ouvrant ses yeux emplis de larmes, elle aperçut une chevelure blanche.
— Je suis là, Tsunade, chuchota Jiraiya, d'une voix dénuée de son habituel humour. Il y avait seulement de la sincérité et du réconfort. Pour la première fois, elle se laissa aller dans les bras de ce garçon qu'elle avait toujours considéré comme un imbécile sans cœur. Aujourd'hui, il n'y avait ni taquinerie ni gaminerie. La perte de son clan les faisait passer de l'insouciance de l'enfance à la responsabilité de l'âge adulte. Elle s'agrippa à ses vêtements et laissa son chagrin s'évacuer en sanglots bruyants. Jiraiya resta agenouillé, sans broncher, sans rien dire, offrant simplement le réconfort de sa présence.
Ils partagèrent ce moment de deuil silencieux, l'un dans les bras de l'autre, unis dans la douleur.
— Pourquoi ? murmura Tsunade lorsque ses sanglots s'estompèrent.
— Je ne sais pas...
— Pourquoi cette foutue guerre ! cria-t-elle, le chagrin transperçant sa voix. Jiraiya resserra ses bras autour d'elle, tentant de lui offrir le réconfort qu'il pouvait. Il aurait voulu pouvoir effacer sa douleur, annihiler le déchirement qu'elle subissait. Il comprenait sa souffrance, mais il ne pouvait pas entièrement se mettre à sa place. Orphelin dès son plus jeune âge, il n'avait jamais connu la perte d'êtres chers.
— Parce que les adultes sont stupides, murmura-t-il en caressant délicatement ses cheveux.
— Si j'avais été plus forte... peut-être que..., commença-t-elle, la voix brisée par le désespoir.
— Ce n'est pas ta faute, Tsunade ! l'interrompit Jiraiya. Tu es formidable et très talentueuse. Tu as fait ton maximum durant cette guerre... tu ne pouvais rien faire de plus... tu ne pouvais pas savoir,... personne n'aurait pu le prédire... et..., il chercha les mots pour la réconforter, mais elle le coupa.
— Si j'avais été comme elle... cela ne serait pas arrivé, murmura Tsunade.
La dernière des Senju, en pleurant contre Jiraiya, avait une révélation. L'image d'une femme aux cheveux roses s'imposa à son esprit. Pourquoi cette femme lui apparaissait-elle maintenant ? Peut-être parce qu'elle incarnait tout ce que Tsunade désirait être : puissante. Si elle avait eu les mêmes compétences, elle aurait pu sauver son clan et les membres de son village. Si elle avait été plus forte, elle aurait changé le cours de la guerre.
— Qu'est-ce qui t'empêche de l'être ? demanda doucement Jiraiya.
— Que veux-tu dire ? interrogea Tsunade en s'écartant légèrement de son étreinte pour le regarder dans les yeux.
Il ne répondit pas tout de suite, fixant simplement la jeune fille d'un regard si tendre et compréhensif que son cœur manqua un battement. Lentement, il essuya les traces de larmes sur ses joues avec une douceur inédite.
— Cette femme a vu en toi un brillant avenir. Ce que tu tentes de faire est admirable. Je ne doute pas un instant que tu en seras capable... tu as déjà cette force en toi, Hime. Tu réussis tout ce que tu entreprends, assura Jiraiya avec un léger sourire. Sa voix, habituellement désinvolte, était empreinte d'une sagesse surprenante, laissant Tsunade se demander si elle l'avait mal jugé toutes ces années.
— J'ai peur, Jiraiya, avoua-t-elle finalement.
— Je sais que tu y parviendras, Tsunade. Et je t'aiderai à devenir aussi forte que cette femme, répondit Jiraiya avec une certitude indéfectible.
— À quoi bon continuer sans personne... soupira Tsunade, baissant les yeux, le chagrin la submergeant de nouveau à l'idée de tout accomplir sans que sa famille ne soit là pour le voir.
— Tsunade, regarde-moi, exigea doucement Jiraiya, percevant toute la peine dans son regard. Elle leva les yeux, plongeant de nouveau dans les siens.
— Tu n'es pas seule. Tu nous as nous, ton équipe. Nous sommes là pour toi... je suis là pour toi, Tsunade... je peux être ta famille..., dit-il avec une sincérité palpable. Tsunade sut qu'il disait la vérité, qu'il ne cherchait pas simplement à la réconforter. Il lui promettait qu'il serait toujours là pour elle, car elle était déjà tout pour lui.
La guerre était finie depuis un mois, et les pays, encore meurtris, évaluaient leurs pertes, se posaient des questions et formulaient des hypothèses. Ce soir-là, dans un quartier de Konoha, une assemblée se tenait dans un lieu réservé aux réunions cruciales concernant les affaires du village et, plus spécifiquement, du clan.
— Messieurs, si je vous ai réunis ce soir, c'est parce qu'il y a des points cruciaux à aborder. En tant que chef de clan, il était impossible d'ignorer les arguments que l'un des nôtres m'a exposés hier, commença le dernier chef du clan Uchiha, désigné après la mort de Madara.
Il balaya l'assemblée du regard. Malgré la guerre, nombreux étaient ceux présents, grâce au Sharingan qui avait minimisé leurs pertes. Les visages étaient fermés, durs. Ces réunions n'étaient jamais de bon augure, et la tension était palpable.
— Inutile de rappeler que tout ce qui sera dit ce soir est passible de mort si quiconque le révèle, ajouta-t-il d'un ton sans équivoque. Plusieurs grimacèrent à ce rappel, peu friands de se voir rappeler leurs obligations envers le clan.
— Pourquoi Kagami est parmi nous dans ce cas ? cracha l'un d'eux, fusillant du regard l'intéressé, qui resta impassible.
— Oui ! Pourquoi est-il là ? Il est bien connu que Kagami fait toujours passer les intérêts du village avant ceux du clan ! ajouta un autre Uchiha, appuyant la première remarque.
La tension monta d'un cran, les Uchiha s'échauffant avant même que le sujet ne soit abordé.
— Car c'est lui qui a demandé à réunir le conseil ce soir, répondit le chef, invitant Kagami à se lever avant de s'asseoir lui-même.
Kagami, élève personnel du Nidaime Hokage, se leva et balaya l'assemblée du regard. Certains l'observaient avec suspicion, d'autres avec curiosité, tandis que la majorité gardait un visage neutre, attendant de se forger une opinion.
— Je ne nie pas les accusations. Vous le savez tous, j'ai toujours placé le village avant ma famille. Mais les récents événements m'ont fait réfléchir. Est-ce que Konoha est vraiment capable de garantir notre sécurité ? Non seulement individuellement, mais aussi en tant que clan ?
Un silence lourd suivit ses mots. Tous savaient comment Konoha avait traité les Uchiha depuis la fondation du village. Malgré la paix instaurée lors de la création de Konoha, les Uchiha n'avaient jamais été pleinement intégrés. Leur loyauté avait été mise en doute après l'attaque de Madara, et le Nidaime Hokage n'avait jamais pleinement confiance en eux.
— Comment cela ? demanda Izumi Uchiha, un des anciens lieutenants de Madara.
— Comment expliquer la disparition de Mito Uzumaki ? Elle vivait au cœur du village et, du jour au lendemain, plus personne n'en entend parler. Pareil pour Uzushio : comment Konoha a-t-il pu arriver trop tard pour éviter sa destruction ? Certains diront que j'ai eu tort de suivre Tobirama Senju, et ils auront raison. Pourtant, il n'a pas su tenir ses engagements envers son allié, ni protéger Mito, héritière d'un clan prestigieux.
Les Uchiha commencèrent à réfléchir intensément à ces révélations. Certains croisèrent les bras, affichant une mine renfrognée.
— Que cherches-tu à prouver ? demanda un des plus anciens Uchiha.
— Qui nous dit que Konoha ne fera pas de même avec le clan Uchiha ? Peut-être Madara avait-il raison, et aurions-nous dû le suivre...
— Qui es-tu ? s'exclama soudainement un homme, se levant brusquement.
— Comment cela ? s'étonna Kagami.
— Le Kagami que je connais n'aurait jamais tenu ce discours. Il n'aurait jamais adhéré à la vision de Madara de reprendre les armes contre ce village qu'il a aidé à construire. Comment peux-tu changer d'avis si subitement ? affirma son interlocuteur, plusieurs membres de l'assemblée hochant la tête en signe d'accord.
— Je n'ai pas retourné ma veste, comme vous semblez le croire. Je suis toujours le même. Et sans vouloir vous vexer, je ne suis pas comme la plupart d'entre vous, à me regarder le nombril et à me croire supérieur aux autres clans du village. Moi, je vois des choses que d'autres ne voient pas, dit Kagami en haussant le ton. J'analyse les situations, les contextes, les enjeux et les risques. C'est ce qui me pousse à penser au-delà de ma famille, au-delà du village. Et bien que je sois un Shinobi, je déteste la guerre. Oui, je hais me battre, surtout pour des intérêts personnels. Certains disent que je protège le village avant ma famille, mais pourtant... pourtant j'aime mes parents, ma sœur, et chaque membre de mon clan. C'est aussi pour les préserver que je suis prêt à faire des sacrifices, même faire passer ma famille avant le village. En considérant tous ces points, j'espère pouvoir préserver ceux que j'aime et apporter une paix durable.
— Admettons, concéda l'Uchiha qui avait posé les dernières questions. Quels éléments as-tu récoltés pour changer à ce point ?
— Avant de répondre, j'aimerais poser une autre question : qui parmi nous pourrait rivaliser avec Uchiha Madara ?
Tous furent surpris par cette question, mais l'attitude de Kagami montrait qu'il était sérieux. Des murmures s'élevèrent dans l'assemblée. Tous connaissaient la puissance de leur ancien chef.
— Personne, finit par dire le chef de clan, qui n'avait pas réagi depuis le début de la prise de parole de Kagami.
Cette affirmation fit taire les murmures, et un silence glacé s'abattit sur la salle.
— Alors qui, dans le monde, pourrait s'opposer à lui ? continua Kagami, profitant du silence.
— Hashirama, répondit vivement un homme de la salle.
— Certes, mais Hashirama Senju est mort. À part lui, personne ne peut rivaliser avec Madara. Alors, si nous devions affronter Uchiha Madara tous ensemble, aurions-nous la moindre chance de l'emporter ?
— Où veux-tu en venir, Kagami ? demanda Izumi, complètement perdu.
— Où je veux en venir ? Durant la guerre, j'ai eu beaucoup de temps pour observer, penser et analyser. Premièrement, de nombreuses guérillas ont eu lieu, non seulement sur notre territoire mais aussi dans d'autres pays. Deuxièmement, ces guérillas semblaient être provoquées par un duo mystérieux. Troisièmement, les techniques employées par l'un d'eux m'ont rapidement permis d'éliminer beaucoup de candidats sur l'identité de ces deux personnes.
Les membres du clan commencèrent à comprendre où Kagami voulait en venir.
— Est-ce que tu sous-entendrais que...
— Je ne le sous-entends pas, je l'affirme ! interrompit Kagami.
— Tu n'y penses pas, c'est impossible ! objecta l'un d'eux, bien que Kagami n'avait donné aucune indication précise.
— Si cela est improbable, répondez-moi alors. Qui dans toutes les Nations Elémentaires est capable d'un Ninjutsu Katon de l'envergure d'un village ? Qui peut tenir en respect une armée à lui seul ? Qui peut anéantir une ville avec une seule technique ? Juste une personne est capable de tout cela !
— Madara est mort ! s'insurgea un membre.
— Mais personne n'a jamais retrouvé son corps. Qu'est-ce qui nous prouve qu'Uchiha Madara n'est pas là dehors, à poursuivre son combat ?
Kagami marqua une pause, laissant le poids de ses paroles s'installer.
— Si j'ai demandé cette réunion exceptionnelle, c'est pour protéger non seulement mon village, mais aussi ma famille et mon clan. Car si Madara est derrière la destruction d'Uzushio et qu'avec une seule technique il a pu accomplir cela, qu'est-ce qui l'empêcherait de faire pareil avec Konoha ?
Un silence lourd régnait, les esprits cherchant des réponses aux questions soulevées par Kagami.
— Que proposes-tu donc, Kagami ? Si Madara est vivant, pourquoi n'a-t-il pas recontacté le clan ? Pourquoi se cacher ?
— Peut-être veut-il que nous le découvrions par nous-mêmes...
La réunion continua pendant une heure, chacun des membres en proie à de nombreuses interrogations. Car si leur ancien chef était en vie, il était probable que ceux qui avaient osé le défier devraient en payer les conséquences. Et nombreux étaient ceux qui craignaient la terrible colère d'Uchiha Madara, connu pour ne pas pardonner facilement.
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