- Épilogue -

Enfin, le jour du jugement de mon père-parrain arriva. On avait fini par convaincre ma mère de témoigner contre lui. Mon parrain avait encore de l'emprise sur elle parce qu'il l'avait menacé de faire de sa vie un enfer si elle allait jusqu'au bout. Elle avait fini par comprendre que tant que mon parrain resta en liberté, les enfants qui fussent dans cette situation n'auraient pas de modèle, ni d'espoir d'un avenir meilleur. Elle avait même promis d'ouvrir une organisation par la suite pour ces orphelins devenus Restavèk. Elle me remercia même d'être son ange gardien sur cette terre.

Arrivé au tribunal, je fis face à ma chère tante Christie. Elle me regarda avec dégoût tout en me réprimandant. Au départ, j'avais décidé de garder le silence et d'attendre la fin du jugement pour voir sa tête, mais comme elle était quand même la soeur de ma grand-mère, avec tout mon calme, je lui expliquai que ce n'était pas contre elle.

Moi: Tante Christie! Calme toi s'il-te-plaît. Ma mère te disait la vérité quand elle vivait avec toi. Mon parrain n'est qu'un violeur, et je suis sa fille.

Tante Christie: Ne joue pas avec moi jeune fille. On a tellement fait pour ta mère et toi, et c'est ainsi que vous nous remerciez. Si c'est parce que vous êtes fauchées, vous auriez pu nous demander de l'aide, et on vous aurait dépanné. Mais là, vous êtes allées trop loin. Vous êtes trop pathétique.

Moi: Tante Christie, tu ne comprends rien et cela me désole. Tu es aveuglée par ton amour pour mon parrain. Tu ne peux même pas voir la réalité en face. C'est toi qui es pathétique.

Tante Christie: Une chienne ne pouvait que mettre au monde une autre chienne. Avec l'éducation que tu as reçu, financée le pire par mon mari, je pensais que tu allais devenir quelqu'un. Tu ne seras qu'une fille de boniche. Ne pense pas que ton visa Schengen ou ton master effaceront ce gêne de merde que tu portes en toi Sam. Tu n'es rien.

Moi: Venant de toi, je les prends comme un compliment tante. La vérité va éclater aujourd'hui. Les autres membres de la famille et toi allez regretter tout le mal que vous aviez fait à ma pauvre mère. Par ce jugement, on vient seulement réclamer notre justice afin de vous apprendre à chercher la vérité au lieu de condamner les autres. Je jure qu'après vous viendrez nous supplier de vous pardonner. Mais, ne ne t'inquiète pas ma tante car la sale chienne et sa fille ont un grand coeur.

Tante Christie: Ah bon! Tu penses à ce que tu dis Sam? Ta mère n'est qu'une sale menteuse, une sale traînée. Je l'aimais comme ma propre fille mais, elle accusait mon mari de violeur. Le pire, je la voyais traîner avec ce fils de Gérard, ce Jéjé là. Je me demande pourquoi tu l'as croit. Tu ne la connaissais pas à l'époque. Elle t'a laissé garder le fils de ton père en se retournant contre mon mari, l'homme qui payait ta scolarité pour que tu deviennes quelqu'un. Pourquoi hein? Pour avoir ce tas de ferraille qu'elle appelle voiture et cet appartement à Delmas 75? Je ne pensais pas qu'elle était si désespérée. C'est vous qui viendrez vous agenouiller devant Gilbert et moi. Ne crois pas qu'on fera la paix avec vous. Vous allez payer votre affront je vous le promets. Conclua-t-elle tout excitée en rentrant dans salle de jugement.

J'étais abasourdie par ses propos. Je commençais à douter de ma mère. Je me demandais même pourquoi elle ne m'avait jamais parlé de mon père lorsque j'étais petite, pourquoi s'était-elle évanouie lorsque je lui avais présenté Jéjé comme mon compagnon, pourquoi n'avait-elle pas démenti tante Christie lorsqu'elle m'avait avoué que Jéjé était mon père et pourquoi ne voulait-elle pas que je portasse plainte contre mon parrain. Sa vie avait vraiment changé depuis ma rencontre avec Jéjé, la mienne aussi d'ailleurs. Elle n'était plus femme de ménage. Elle avait repris ses études. Elle vivait dans le luxe et recevait une pension de nous au moins chaque 15 jours. J'aurais pu demander l'annulation du jugement parce que mes doutes étaient trop grands, mais je préférais aller jusqu'au bout pour connaître enfin la vérité.

J'avais élaboré deux plans d'attaques dans ma tête dépendamment du verdict. Si ma mère m'avait dit vrai, j'allais épouser mon Jéjé, travailler et vivre avec lui en France. On viendrait en Haïti chaque été pour profiter de ses belles plages, de sa nature attrayante et des fêtes champêtres. De plus, on allait construire deux grandes hôtels avec un style artisanal, l'une à l'île à vache et l'autre à Camp-Perrin. On ferait de grands profits qu'on verserait dans l'organisation de ma mère. Mais si ma tante avait raison, je n'allais pas me suicider parce que j'avais trop lutté pour devenir celle que j'étais. J'allais simplement envoyer Thierry dans un bon pensionnat, laisser la France pour la Belgique et refaire ma vie là-bas. J'allais aussi continuer à prendre soin de ma mère malgré tout, mais jamais je n'allais remettre les pieds en Haïti.

Je ne connaissais pas les résultats du test d'ADN. Mon avocat m'avait dit qu'il ne pouvait pas ouvrir l'enveloppe qui le contenait parce que la défense pourrait déclaré qu'il s'agissait d'une falsification. Le refaire allait nous prendre trop de temps et mon parrain aurait ainsi la chance de fuir le pays.

Le stress était à son comble. Dans la foulée, je pourrais voir la famille de ma mère qui était venue soutenir tante Christie, des visages que je ne connaissais pas et bien sûr, Jéjé. Pour éviter de le blesser, j'avais préféré ne rien lui dire concernant mes doutes. Assise à côté de Jéjé, je priais Dieu silencieusement pour la première fois de ma vie.

On avait laissé Thierry avec la femme de ménage. Elle aussi était tombée dans les filets du séduisant Thierry. Ce petit coeur avait un sourire d'ange qui pouvait réconforter n'importe qui. J'avais trop mal à l'idée de l'envoyer en pensionnat. Mais si Jéjé était mon père, c'est-à-dire, le père et le grand-père de Thierry qui serait mon fils et mon petit frère, je n'allais pas le supporter. Le mieux pour tout le monde serait qu'il fusse loin de cette histoire sinon, on serait psychologiquement atteint.

Les heures au tribunal étaient interminables. À chaque coup de marteau, on aurait dit qu'on me crucifiait. Mon coeur battait à la chamade. J'entendis à tour de rôle les témoignages des membres de la famille qui faisaient des éloges pour mon parrain, les témoignages de tante Christie et de mon parrain et aussi ceux de ma mère et de Jéjé. On m'avait aussi appelé à la barre pour parler de ma mère et de mon parrain. Mon parrain ne m'avait pas fait de mal directement. Il était l'unique membre de la famille que je supportais. Mais si c'était vrai qu'il fusse mon père, il méritait d'être châtié pour avoir abusé de ma pauvre mère, sa nièce.

Dieu merci, avec le test ADN comme carton final, on avait pu confirmer la méchanceté de mon parrain. J'étais à la fois soulagée et perdue. Des larmes coulaient à flots dans mes yeux qui n'arrêtait pas de fixer mon parrain. Un grand silence régnait sur la famille qui avait méchamment condamné leur fille, le sang de leur sang. Tant à tante Christie, elle avait perdu sa langue. Elle ressemblait à un statue parce qu'elle n'arrivait plus à bouger ses paupières.

On dit bien souvent, quand tu n'as plus tes parents, tu n'es rien. Le pire, tout est contre toi, même ta famille. Avec ma mère, on avait pu le démontrer ce jour-là. Mais Dieu accorde toujours sa grâce aux orphelins et aux opprimés. Enfin, ma mère avait pu obtenir sa justice après tant d'années de lutte et de souffrance. Je n'étais pas la fille de l'homme qui était avec moi dans les bons comme dans les mauvais moments. La vie m'avait seulement placé dans cette mauvaise position pour aider ma mère, cette restavèk rejetée par sa propre famille. Et comme tout bon combattant, j'ai souffert, j'ai lutté, j'ai beaucoup appris et j'ai fini par remporter la victoire.

Avec Jéjé, c'était le bonheur sans fin. Il m'avait appris à définir le vrai amour, ce sentiment que je fuyais lorsque j'étais une adolescente. L'amour n'est pas prévenant. Il peut nous surprendre n'importe quand et n'importe où. Il vient souvent lorsqu'on s'y attend le moins. On dit qu'il n'a pas de klaxonne et qu'il nous attrape surtout lorsqu'on est distrait. Il arrive comme un orage dans un ciel obscure en nous bouleversant jusqu'à nous faire perdre la tête. Lorsque cette foudre s'abat sur nous, il nous saccage au point de nous faire rêver que tout est possible. L'amour n'est pas visible tel un objet mais, il existe vraiment. Lorsqu'on le connaît enfin, il se transforme en un beau arc-en-ciel qui embellit notre existence.

****FIN****

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Comment vous remercier chers infatigables lecteurs?
Mes mots ne sauront égaler le sentiment qui se dégage en moi surtout pour ceux qui n'ont pas cessé de m'encourager tout au long de ce long chemin, soit par leurs commentaires, leurs votes, leurs messages personnels, la publication de mon oeuvre dans leurs listes de lectures et autres. Est-ce que je suis triste? Oui, je le suis. J'ai même envie de pleurer surtout après avoir passé tous ces moments avec vous. On a ri ensemble, on a eu le coeur brisé ensemble et, on a été ému ensemble. Je vous aime du plus profond de mon coeur. Recevez mes plus humbles gratitudes.

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