Recommencement
Misa se laissa tomber sur le lit qui lui avait été gracieusement offert par Maria lorsqu'elle avait embarqué avec elle pour la première avant de regarder le plafond avec une expression neutre ; elle était complètement perdue.
Elle ne savait pas ce qui lui était passé par la tête. Elle aurait pu quitter l'île de Trem facilement. Pourtant, la voilà ; de retour à la case départ, entourer des pirates de Barbe Blanche et prête pour un nouveau voyage.
Elle devrait être reconnaissante envers l'empereur d'ailleurs. Après tout, il aurait très bien pu refuser qu'elle embarque à nouveau avec eux, en particulier après avoir autant insister pour quitter ce navire.
Mais d'un autre côté, si elle avait suivi les marchands de Trem, elle n'aurait peut-être jamais pu aider Maria... Ou peut-être que si ?
Misa se tapota le visage comme pour se réveiller d'un mauvais rêve. Il ne servait plus à rien de penser à ce qui aurait pu être mis en œuvre, ce qui est fait est fait. Alors le mieux dans la situation actuelle est de prier que, cette fois, le voyage soit de courte durée et qu'il n'y ait désormais plus aucune complication pour lui barrer la route.
Misa sortie de sa poche la Vivre Card de Harue et soupira d'un air défaitiste en decouvrant la direction que le papier pointait ; la jeune révolutionnaire ne faisait que s'éloigner un peu plus de son objectif.
Pourtant, Misa n'avait pas peur, et pour la première fois depuis le début de cette aventure, elle se sentait en sécurité et sereine. Elle n'avait plus cette pression qui la forçait à constamment chercher un moyen pour retrouver ses amis et cela était aussi relaxant qu'étrange.
Cette atmosphère contradictoire ne faisait que s'accentuer par la solitude qui l'entourait. Jamais on ne l'avait laissée seule, sans surveillance sur ce navire. Teto et Élise était partie vaquer à leur occupation et Maria, qui lui avait tenue compagnie durant un bref instant, s'était excusée un peu plus tôt pour prendre l'air.
Après avoir été capturée, enfermée et menacée, Misa pouvait comprendre le désire de Maria à garder ses distances de toute chambre close.
Mais dans le cas de Misa, après toutes ces péripéties, la solitude s'avérait être de bonne compagnie, loin du désordre et chaos qu'elle avait subi durant la journée.
Misa tourna la tête vers le carnet mauve qui avait été déposé sur la table basse à sa gauche. Elle voulait le rendre à Maria, mais cette dernière lui avait dit qu'elle l'avait acheté en guise de cadeau d'adieu et avait catégoriquement refusé de le garder.
***
« Tu as dit que tu aimais écrire, alors je me suis dit que ce serait une bonne idée de cadeau... »
***
Voilà ce que Maria avait expliqué juste avant de quitter la chambre. Et bien qu'elle eût raison, Misa se sentait légèrement mal à l'aise ; après tout ce que Maria avait fait pour elle... elle n'avait pas besoin de lui offrir quoique ce soit.
Mais après tout, Misa ne lui avait-elle pas sauvé la vie tout à l'heure ?
La jeune révolutionnaire s'assit en tailleur sur le lit avant d'attraper le présent et le posa sur le matelas, face à elle.
Elle caressa d'abord la couverture et songea sincèrement à utiliser ce carnet. Mais était-ce réellement une bonne idée ? Après tout, n'importe qui pouvait s'emparer de ce journal et l'utiliser à mauvais escient.
L'image d'Akio lui revint soudainement en mémoire et Misa en eu un frisson.
Si Akio n'avait pas lu ses rapports se seraient-ils tous séparer ? Ou cette situation était-elle inévitable ?
Confiner dans un simple journal des informations cruciales, des faiblesses ou des secrets qu'on aimerait garder enfuis était une idée stupide et dangereuse.
« Rien de bon ne peut en sortir... » Murmura Misa alors qu'elle ouvrait inconsciemment la première page du carnet.
Elle tomba sur le message que Maria leur avait laissé.
Trouvez Mathias !
Un message si court et si expressif à la fois. Et pour une fraction de seconde, Misa songea à ce qui aurait pu arriver si Maria n'avait laissé aucune instruction derrière elle ?
Peut-être que finalement, garder sur papier ce qu'on a sur le cœur n'est pas aussi futile qu'il n'y paraît.
Et cet argument était le seul dont Misa avait besoin pour trouver le courage de s'emparer d'une plume, de chercher dans un tiroir de l'encre (les infirmières ne verraient certainement aucun problème face à un petit emprunt), et d'ouvrir une page vierge du carnet.
Et à mesure que Misa écrivait, elle comprenait un peu plus.
Les doutes et les soupçons de Marco, l'hostilité primaire de Torger, mais également sa maturité en situation de crise. L'esprit vif et un peu excentrique de Ralph qui n'était qu'en réalité seulement passionné par son travail. Le courage et la bravoure de Maria lorsqu'elle défendait ses valeurs.
Chaque membre de cet équipage, quel que soit son poste ou sa personnalité, se rejoignaient en un seul point commun ; leur loyauté et confiance entre eux. Certains étaient même sympathique avec les inconnus, comme Tatch ou Aslan.
En soit, ils ne ressemblaient en rien à ce à quoi elle s'attendait.
Ces pirates ne l'étaient que de nom, et Misa s'en retrouva encore plus troublée.
Elle n'avait rencontré des pirates qu'une fois dans sa vie, et cela datait d'il y a onze ans en arrière, dans la décharge de la Grey Terminal.
Misa lâcha sa plume d'une main tremblante, alors que les souvenirs de cette nuit funeste resurgissaient dans sa mémoire avec une telle précision qu'elle avait l'impression de s'y être retrouvée.
Elle ne voulait pas y penser, mais elle semblait incapable de stopper les images qui lui revenaient en tête. Et bientôt, les voix ne tardèrent pas à se mêler à la fête ; ils s'agissaient le plus souvent de crie déchirés par la douleur, des pleurs si intense qu'ils auraient pu faire trembler la Terre elle-même, et dans tous ce chaos, une voix, la sienne lui répétait en boucle qu'elle était responsable de cette catastrophe.
La culpabilité, étouffante rendait sa respiration difficile alors que les larmes se mettait à couler.
Misa essaya de faire taire sa propre conscience, mais le carnage ne faisait que s'intensifier avec les secondes.
Ce n'est que lorsque l'on toqua à la porte que Misa retrouva un semblant de calme.
La jeune révolutionnaire releva la tête avec difficulté en reprenant son souffle. Elle essuya rapidement son visage d'un revers de la main et partie ouvrir la porte.
Elle savait que celui qui l'avait interrompu n'était pas l'une des infirmières, mais que fut sa surprise de tomber nez à nez avec Marco.
Mais était-elle réellement surprise ? Après tout, avec la méfiance qu'il avait à son égard, il est normal qu'il ne puisse pas la laisser seule. Et d'une certaine façon, elle lui en était reconnaissante, même si l'objet de sa présence ne pouvait signifier qu'une chose ; il voulait certainement savoir pourquoi elle avait laissé partir les marchands sans elle pour rester sur le Moby Dick.
« J'aimerai discuter si possible. »
Misa ne voyait aucun moyen de refuser et hocha de la tête avant de sortir de la chambre, prenant soin de fermer la porte derrière elle. Elle se plaça devant Marco et attendit un moment dans le silence avant qu'il ne s'incline vers l'avant.
« Je tenais à te remercier» Lâcha-t-il d'un ton sincère, la tête toujours faisant face au plancher.
Ne s'attendant pas à cela, Misa ne rétorqua rien en retour.
Après tout ce qu'ils avaient traversée et les risques qu'elle avait pris dans la journée seulement, elle devait admettre que recevoir des remercîments compensait légèrement les dangers qu'elle avait subi, en particulier lorsqu'ils venaient de la part de Marco le phénix.
Cependant, bien que tout cela soit mérité, Misa se sentait soudainement mal à l'aise ; elle ne désirait rien de la part de ces pirates et elle ne les avait pas aidés pour eux, mais seulement pour Maria.
« Vous ne me devez rien. » Commença Misa alors que Marco relevait la tête vers elle. « Si je vous ais aider c'était seulement pour ma dette envers Maria. Elle a déjà tellement fait pour moi... c'était le moins que je puisse faire. »
« Sauf je ne parle pas uniquement d'aujourd'hui. » Rectifia Marco alors que Misa pencha la tête sur le côté d'un air intriguée. « Mais ce n'est pas seulement pour te dire ça que suis ici. »
« Alors ? » Demanda la jeune femme d'un ton neutre cachant son impatience.
« Je serais bref... »
Le pirate, qui avait jusque-là un air modeste, et presque sympathique, changea alors qu'il fronça les sourcils, soudainement concerné.
« Ma famille est ma priorité... et je l'avoue, lors de la bataille contre l'équipage de Big Mom, j'étais prêt à te laisser mourir... »
« Ça, je le savais déjà. » Coupa la jeune femme d'un ton plus rancunier qu'elle ne le voulait. « Mais sachez que votre culpabilité m'importe peu. » Ajouta-t-elle rapidement comme Marco allait dire quelque chose. « Je ne suis qu'une inconnue à vos yeux et je peux comprendre votre indifférence sur ma personne. Alors vous n'avez pas à vous expliquer. »
Marco ouvrit la bouche mais rien n'en sortie. À la place, il sourit et tendit la main vers Misa.
« Je te remercie de nous avoir aider ce jour-là aussi, et te présente mes excuses pour la façon avec laquelle je t'ai traité. »
Misa considéra le geste avec hésitation mais fini par tendre la main en retour. Marco ne lui faisait toujours pas confiance, cela n'avait malheureusement pas changer, mais il avait l'air d'être prêt à faire des compromis, et la révolutionnaire s'en contenterai pour l'instant.
« Commandant Marco... »
Ce dernier lâcha alors la main de Misa en tournant la tête vers Maria. Personne ne l'avait entendue arriver et la révolutionnaire aurais presque jurer qu'elle venait tout juste d'apparaitre de nulle part.
« Je te croyais encore sur le pont. » Lâcha alors Marco pour briser le silence qui venait de s'installer.
« Je- Je suis venue t- te dire qu'on te cherchait là-haut... » Bafouilla-t-elle en en pointant le plafond du doigt.
Les yeux de Maria n'avaient pas quitté ceux de Marco alors qu'il la remerciait en passant à côté d'elle. Misa aurait souhaité ne pas avoir été témoin de cet échange en vue de sa position plutôt gênante. Mais d'un autre côté, elle avait l'impression que leur relation s'était améliorée, et qu'il s'agissait là d'une bonne chose.
« Misa ! » Interpella Maria en lui souriant. « J'espère que tu ne comptes pas rester ici toute la soirée ?! »
Il s'agissait justement de son plan ; après toutes ces péripéties n'importe qui chercherait refuge dans les draps d'un lit confortable pour n'en sortir que le lendemain.
Cependant la proposition de Maria n'avait pas l'air d'en être une puisque l'infirmière passa son bras sous celui de Misa l'emportant avec elle. Comme quoi, fêter une petite victoire valait toutes les heures de sommeil du monde.
Et ça, elle aura tout le temps de le découvrir par elle-même alors que quelque part, en mer, un nouveau chapitre de son aventure allait tout juste commencer.
Les chants des fils de Barbe Blanche réduisaient le silence de la nuit au néant alors qu'une ombre se rapprochait du navire.
L'homme qui venait dans leur direction, avançait à vive allure sur un appareil assez étrange. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il relevait le chapeau orange qui coiffait sa tête.
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Bonjour ou bonsoir à tous !
J'espère que vous vous portez bien !
Ce chapitre de transition marque l'ouverture de ce nouvel arc (avec le retour d'un personnage que beaucoup on déjà reconnu).
Aussi, j'en profite pour annoncer que je prend une pause de deux mois, le temps de travailler correctement sur les prochain chapitre, mais aussi mettre un peu d'ordre dans ma vie.
Sur ce n'hésitez pas à laisser vos avis, théories et critique en commentaire et voter si le chapitre vous à plus et à la prochaine ;)
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