Depuis qu'elle avait posé sa tête sur l'oreiller, Misa n'arrivait pas à dormir. Elle pensait s'être débarrasser depuis longtemps de son insomnie et la voilà de retour. Elle avait tout tenté, absolument tout... mais elle devait s'avouer vaincus ; les bras de Morphée n'était plus qu'un sombre mythe pour elle et tout ça à cause de ce satané Portgas D Ace.

Misa se releva sur son lit tout en prenant soin de ne réveiller personne. Maria et Teto, qui était particulièrement fatiguée, n'avaient pas à payer elle aussi le prix que coutait son anxiété.

Anxiété qui, au train où elle allait, pourrait bien la faire sortir de ses gonds. Misa soupira en attrapant son visage dans ses mains, complètement accablée par la situation dans laquelle elle s'était retrouvée cette fois.

Pourquoi ? Juste, pourquoi Ace au poing ardent ne pouvait-il pas la laisser tranquille ? Pourquoi, alors qu'elle cherchait un moyen de quitter ce bateau, était-il celui qui se proposait de le faire ?

Cela l'enrageait de voir combien sa pyrophobie devenait handicapante. Si, seulement si, elle n'avait pas été autant terrifié à l'idée de se retrouver avec Ace pour un voyage d'une durée indéterminée elle se serait un peu plus rapproché de son objectif.

La jeune femme soupira de dépit. Se morfondre ne servait plus à rien désormais et le mieux pour elle était de chercher elle-même une solution pour quitter ce navire au plus tôt.

Malheureusement cet équipage ne dormait pas un instant, rendant son évasion quasi-impossible. Non, le mieux pour l'instant était d'attendre qu'ils accostent...mais pour combien de temps exactement ? Cela pouvait prendre plusieurs jours ou semaines.

Mais cela était-il aussi problématique que ça en avait l'air ? Ces pirates s'étaient montrés plus hospitaliers qu'hostiles – si l'on écarte quelques exceptions – et restaient assez sympathique pour la plupart, Maria prenait particulièrement soin d'elle et étrangement leur capitaine ne semblait pas être l'archétype du pirate sanguinaire.

Misa secoua la tête avant de se tapoter le visage ; elle ne devait plus avoir les idées claires pour penser de la sorte. La nuit, normalement source de bons conseils ne semblait pas avoir le même effet sur elle. Elle ne devait sous aucun prétexte baisser sa garde comme rien ne lui garantissait l'honnêteté de cet équipage. Après tout, un pirate est un pirate.

Il y a longtemps elle avait fait confiance à des raclures de la même espèce, et cela l'avait conduit au pire incident de sa vie... elle ne ferait plus la même erreur. Elle quittera ce navire à la première occasion et ne reverra plus jamais Ace, Maria ou quiconque appartenant à cet équipage, cette histoire ne serait plus qu'un mauvais souvenir et elle en discutera avec ses amis pour en rire au lieu d'en pleurer.

Misa se pencha vers la table de chevet près de son lit et en sortit la Vivre Card d'Harue. Elle contempla l'objet comme si elle était hypnotisée par ce dernier.

« J'espère que vous allez tous bien... » Murmura la jeune femme d'une voix brisée par la peur.

Elle ne se souvenait pas quand elle avait fini par trouvé le sommeil, mais elle se doutait bien avoir passé la moitié de la nuit à ruminer ses pensées comme elle n'arrêtait pas de bailler devant le médecin de l'équipage qui peinait à la garder concentrée. Elles s'étaient levées aux aurores avec les deux autres infirmières de l'équipage rejoindre pour Ralph et l'aider à trier des plantes médicinales, ou du moins essayer dans le cas de Misa. Elle se sentait vidée de tout énergie, c'est à peine si elle avait réussi à sortir de son lit lorsque Maria était venue la réveiller. Cela était étrange dans la mesure où il ne s'agissait pas de sa première nuit blanche.

Misa bailla pour la énième fois devant Ralph qui en perdit son sang-froid. Ce dernier fini par lui ordonner d'aller se rincer le visage avant de revenir les aider. La jeune femme ne fit pas répéter le médecin et déguerpit pour se rafraîchir. Se dire qu'un homme aussi susceptible que lui était docteur était bien surprenant ; il était le parfait opposé de Dilzis.

La jeune femme essaya de se vider l'esprit alors qu'elle laissait l'eau fraiche fouetter son visage. Elle se sentit soudainement revigorée comme la limpidité de l'eau la rafraichissait, lui faisant oublier le mauvais caractère du médecin.

« C'est pas possible d'être aussi incompétent ! »

Misa retint un rire jaune en reconnaissant la voix plaintive de Ralph.

« Les feuilles de mandragores n'ont rien à voir avec celles des fleurs de serpents ! Il suffit de regarder la différence de couleurs ! » Poursuivit ce dernier en cherchant Misa du regard. « Toi ! »

La jeune femme soupira pour se donner de la force avant de répondre au docteur.

« Il y a un problème ? » Demanda cette dernière d'un ton calme et posé, ce qui ne fit qu'attiser la colère du pirate.

« Arrange-moi ça tout de suite ! » Ordonna-t-il en désignant un pot de plantes médicinales.

Misa s'avança d'un pas traînant vers la paillasse et jeta un coup d'œil en direction du médecin ; il fulminait de colère. La jeune femme posa ensuite son regard sur les feuilles et peina à trouver le problème. Elle plissa des yeux avant de remarquer la fine différence dans la pigmentation des feuilles ; certaines avaient des nervures jaunes en forme d'écailles, très singulières.

« Ce sont les feuilles de fleurs de serpent ? » Demanda Misa en examinant l'une d'entre elle.

« Oui, elle pousse dans les canopes des îles tropicales. » Expliqua Ralph après s'être calmer. « Mais il est difficile de s'en procurer alors reste concentrée et évite de les mélanger une seconde fois. »

Misa hocha la tête dans l'espoir de faire comprendre au médecin qu'il n'avait plus besoin de rester collé à elle. Mais ce dernier ne l'entendit pas de cette oreille et resta planté derrière à guetté le moindre de ses mouvements.

Évidemment, Misa se doutait que personne n'avait confiance en elle sur ce navire, et qu'il est normal pour eux de rester méfiant. Honnêtement, elle respectait cela. Elle aurait d'ailleurs fait pareille à leur place. Mais le problème était qu'elle ne supportait pas que ses moindres faits et gestes restaient sous surveillance constante ; cela la stressait.

Décidant qu'elle ne voulait pas focaliser son attention sur ce léger détail, Misa plaça toute sa concentration sur sa tâche, prenant soin de trier les feuilles correctement. Mais alors qu'elle avait remplis la moitié du bol, un détail attira son attention.

« Je reconnais ses feuilles... Ce sont celles que vous avez utilisé pour faire votre espèce de poison. » S'exclama Misa en pendant l'une des feuilles devant le médecin.

« Du thé. » La corrigea Ralph en articulant chaque mot. « Tu as une bonne observation pour quelqu'un d'aussi médiocre avec les plantes médicinales. »

Misa voulait rétorquer avec virulence, mais se retint.

« J'ai simplement remarqué que les feuilles avaient la même odeur que votre... thé. » Se rattrapa Misa après avoir pris une grande inspiration.

« Je vois... » Marmonna Ralph d'une voix impressionnée. « Il est vrai que ces feuilles dégagent un parfum assez singulier. C'est parce que les fleurs de serpent son des plantes carnivores assez dangereuse, pour les petites bestioles comme les plus grande. Elles attirent les insecte grâce au parfum des feuilles ; c'est ce qui les rends si difficile à collecter. »

« Intéressant... et pourquoi m'en avoir fait boire ? » Demanda Misa sans aucune intention ultérieure.

Le médecin la dévisagea d'un air étrange, penchant sa tête sur le côté, presque surpris qu'elle ait posé la question.

« Ces plantes sont connus pour leur effets de calmant, un peu comme avec la camomille. Mais ce qui la distingue est son effet thérapeutique sur certaines bactéries. Contrairement aux antibiotiques, ce remède est à double tranchant. Son efficacité est plus rapide, certes, mais en contre-partit elle produit des antigènes aux caractéristiques identiques au pathogène de base. Cela boost alors le système immunitaire, mais augment grandement les mauvais symptômes de la maladie, tel que les maux de tête, les bouffées de chaleur ou autres... Dans des circonstances normales, j'évite d'utiliser ce genre de méthode mais disons que ton cas était un peu spécial. »

« C'est-a-dire ? »

« Ta condition était assez critique pour être franc. » Lança le médecin du tac au tac. « La bactérie responsable de ton état est déjà dangereuse dès les premiers symptômes. Mais lorsqu'on t'a retrouvé, ton état avait atteint une phase terminale où il est difficile de contrer les toxines tant elles étaient nombreuses. »

Misa ne sut quoi répondre à cela. Au final, elle l'avait sentie passer lorsqu'elle avait bu ce thé et avait compris que quelque chose n'allait pas avec elle. Peut-être ne s'était-elle tout simplement pas attendue à ce que sa condition ait été si grave.

« Maintenant qu'on en parle ça me rappelle quelque-chose... » Lâcha subitement le médecin, faisant sursauté la jeune femme. « Je voulais savoir... Lorsque tu as montré les premiers symptômes, tu étais en mer, n'est-ce pas ? »

« Je... oui, pourquoi cette question ? » Fini par répondre Misa, bien qu'intriguée.

« Je me demandait simplement d'où tu as bien pu être contaminée ? »

Misa ouvrit la bouche mais rien n'en sortit comme elle ne savait quoi rétorquer. Elle ne comprenait pas pourquoi Ralph se mettait à l'interroger de la sorte. Et s'il doutait d'elle et de l'histoire qu'elle avait raconté à leur capitaine ? Cela était tout à fait légitime certes, cependant cela pourrait mettre à mal tout ce qu'elle avait bâti jusqu'à maintenant ; elle n'avait pas droit à l'erreur, pas lorsque tous les révolutionnaires étaient à risque.

Misa fit mine de reprendre le tri des feuilles, et éviter de fixer le médecin dans les yeux.

« Je ne sais pas exactement quand j'ai pu tomber malade. » Mentit Misa dans l'espoir de clore la discussion. « Je suppose que les symptômes son apparue lorsque j'ai pris seule la mer après m'être enfui... »

« Mhm... »

Elle ne l'avait pas convaincu. Le médecin continuait de fixé Misa dans son dos et elle pouvait sentir son regard pesé sur elle. La jeune femme changea complètement de sujet après avoir fini son travail, prétextant vouloir que le médecin prenne le temps de vérifier que, cette fois, toutes les feuilles étaient correctement triées. Cela fonctionna si bien d'ailleurs, que Ralph se calma en emportant les bocaux avec lui, sûrement pour les ranger dans une étagère.

Misa souffla de soulagement une fois le médecin à bonne distance, mais elle eu à peine le temps de profiter de ce moment de répit que la porte de l'infirmerie s'ouvrit sur Torger. Ce dernier était accompagné d'Aslan qui, contrairement à son ami, avait un air très calme et serein.

« Il faut toujours que tu te fasses accompagné ? » Taquina Teto en voyant les deux pirates arriver dans sa direction.

Torger leva les yeux au ciel tandis qu'Aslan était particulièrement amusé par la situation. Misa chercha une échappatoire pour éviter de croiser une nouvelle fois le pirate alors que Maria passait de nouveau bandage à son amie.

« Maria, Teto, allez emporter ça à père. » Ordonna soudainement Ralph en tendant un plateau chargé de remèdes et un verre d'eau. « Misa se chargera de changer le bandage de Torger. » Assena-t-il derrière le regard dépité de la concernée.

Cette dernière avait d'ailleurs envie de rétorquer qu'il pouvait lui-même se charger du pirate, mais se retint. Après tout, il n'était probablement pas au courant de sa dispute d'hier avec Torger. Cela n'empêcha cependant pas son dégoût à la vue des deux infirmières, quittant les lieux et la laissant complètement seule.

S'armant de courage, patience et du rouleau de bandage, Misa s'engagea vers le blessé, pressée d'en finir au plus tôt. Cependant, à peine venait-elle de retirer le bandage de Torger qu'un immense brouhaha les surpris tous.

Ralph se releva subitement et accourut vers la porte de l'infirmerie, cherchant la provenance de ce boucan. Même Aslan se tendit et plaça sa main sur le fourreau de son sabre tandis que Torger restait assis, prêt à toute éventualité.

Misa fini par reconnaître Maria et Teto qui revenaient vers eux, le souffle court.

« Vite, restez tous à l'intérieur ! » Ordonna Maria en fermant la porte de l'infirmerie.

« Qu'est-ce qui vous prends ? » Demanda aussitôt Aslan, mais la jeune femme n'eut pas le temps de répondre qu'une explosion fit basculer tout le monde.

« On nous attaques... » Fini par dire Maria, le visage fermé, bien que l'explication, n'ait plus vraiment été nécessaire.

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Eh bien, eh bien, eh bien...

Déjà bonjour ou bonsoir à tous.

Je suis ravie de pouvoir enfin reprendre mes postes de façon plus régulières (et j'espère que cela soit votre cas également).

Pour ce chapitre, ce qui m'importe le plus est de préciser que les fleurs de serpents, leur système de guérison et tout le reste est complètement (de A à Z) inventé. ( Je sais que cela peut paraître évident, mais il est de mon devoir d'auteure de vous faire part de ce détail).

Aussi, j'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre, déjà car j'aime beaucoup le personnage de Ralph et surtout car il s'agissait d'un moment de calme... Du moins jusqu'à un certain moment.

Qui sont leurs attaquants ? Misa participera à la bataille ou restera-t-elle caché en attendant la tempête ?

N'hésitez pas à voter ou commenter sur ce chapitre ça fait toujours plaisir.

On se revoit la semaine prochaine pour la suite, d'ici là je vous souhaite une bonne journée ou soirée.^^