Le balcon

Maria avait réussi à convaincre Misa d'attendre la journée suivante avant de retourner discuter avec les marchands des quais. Sur le chemin du retour elles tombèrent sur Tatch qui faisait les courses, bien que la quantité de nourritures qu'il avait accumulé fit comprendre à Maria qu'il n'était pas uniquement question de leur réserve de vivre.

« Tu comptes rester encore avec nous à ce que je vois... » Fit remarquer le pirate à l'intention de Misa.

Cette dernière acquiesça d'une petite voix comme si elle menaçait de s'effondrer à tout moment. Quand elle pensait qu'elle avait déjà souhaiter au revoir à tous les membres d'équipage qu'elle avait rencontré et maintenant elle allait les revoir comme si de rien n'était.

« C'est tellement embarrassant... »

« Nous avons trouvé un hôtel assez discret si vous voulez nous rejoindre... à moins que vous ne préfériez retourner au navire. » Proposa le cuisinier alors qu'il passait le sac de course sur son épaule.

« Je crois que je vais retourner au bateau... » Marmonna Misa d'un air complètement abattu.

« Ne dis pas de bêtises ! » Grimaça Tatch dans un rire. « Personne ne rate une occasion de quitter le navire si l'opportunité se présente... Enfin personne à part se rabat-joie de Ralph. »

« Quelle excuse il a sorti cette fois ? » Ironisa Maria en relevant un sourcil.

« Il fait un tri des remèdes encore intacts suite l'explosion de l'infirmerie. » Rétorqua Tatch d'un ton moqueur.

« Nous n'avons pas perdus toutes nos réserves de médicaments ? » Demanda Maria avec espoir, ignorant complètement le sarcasme émanant de la phrase de son interlocuteur.

« Selon Ralph en tout cas... même si Joz a essayer de lui faire comprendre l'inverse. »

Maria leva les yeux au ciel en pouffant tandis que Misa, de l'autre côté, s'était resigner à passer sa nuit à l'hôtel mentionné plus tôt par le cuisinier au risque de devoir passer sa nuit à chercher des plantes imaginaires avec le médecin psychopathe de cet équipage.

Cependant, une fois arrivé sur place, la révolutionnaire grimaça à la vue de la taverne, très mal entretenue. La façade en elle-même menaçait de s'écrouler à tout moment et le bois était à moitié massacré par les termites. En soi, Misa n'allait pas se plaindre de l'état global des lieux, elle avait vu pire après tout. Mais lorsqu'elle repensait au lit sur lequel elle avait passé ses nuits, elle aurait presque regretté ne pas être au côté de Ralph.

À l'intérieur, l'ambiance intensément joyeuse contrastait avec les murs sombre de la taverne sans pour autant caché l'effet oppressant et étouffant des lieux. Les pirates de Barbe Blanche buvaient jusqu'à se souler comme s'il ne verrais plus le levé du jour. D'autres s'étaient forgés un coin plus tranquille entre les cris et rires qui fusaient de toute part.

Misa dû se frayer un chemin vers les escaliers qui menaient aux chambres tout en évitant de se faire remarquer. Le seul avantage dans cette soirée arrosé résidait dans le fait que la probabilité de se faire remarquer restait infime.

« ... -a nouvelle a vraiment eu de la chance que j'ai été là... »

Misa se retourna, reconnaissant la voix de Torger, intriguée de savoir ce qu'il pouvait bien dire à son sujet. Ce dernier était assis à une table en compagnie d'Aslan et de deux autres pirates.

« Vous auriez vus la tête de Marco, même lui n'osait pas entrer pour la chercher, c'est pour dire ! » Rajouta le pirate en relevant le menton. « Sans moi, cette fille aurait déjà crevé depuis longtemps. »

« Teto nous a pourtant dis qu'elle était celle qui t'avait poussé hors de l'infirmerie lors de l'explosion. » Fit remarquer Aslan d'un air innocent.

« Teto était sous le choc... » Se défendit le brun en attrapant sa choppe comme pour éviter de rajouter un autre argument.

Misa ne put s'empêcher de sourire face à la repartie d'Aslan qu'elle portait un peu plus en estime. Cette joie n'était malheureusement pas un sentiment partagé par Maria qui se tenait juste devant la révolutionnaire, une main posée sur la rampe de l'escalier.

Misa soupçonnait que l'air sombre de Maria provenait de la mention de Marco faite par Torger, en réalité elle en était même certaine, et même si elle aurait aimé en discuter avec Maria, elle devait admettre qu'après cette journée pleine de déception, peut-être qu'elles avaient simplement besoin de repos.

La chambre que l'aubergiste leur avait réservée était simple avec tout juste trois lit, dont l'un, déjà occupé par Teto qui poursuivait la lecture de son livre.

« Eh bien en voilà une surprise. » S'exclama Maria d'une voix douce alors qu'elle posait ses sacs de course à ses pieds. « Tu es enfin sortie de ton lit. »

Teto ferma son livre, le posant sur une table de chevet à sa gauche avant de rétorquer.

« Ma jambe va beaucoup mieux alors Ralph m'a enfin autorisé à marcher un peu... même si j'ai dû me faire aider pour montrer les escaliers. » Ricana-t-elle en se remémorant la scène. « Et vous ? Je suppose que vos plans sont tombés à l'eau... »

Misa se jeta tête la première sur le lit vide le plus proche dans un grognement inhumain, empli de déception et d'amertume.

« Eh bien... on dirait que j'ai touché un point sensible. » Rajouta Teto en relevant les sourcils.

« La journée a été longue. » Expliqua Maria en prenant place sur un autre lit.

« J'imagine bien... » Rétorqua l'infirmière en posant son regard sur les sacs de Maria.

Cette dernière rigola en comprenant le sous-entendu de son amie et rectifia rapidement la méprise en lui racontant ce qu'il s'était passé en lui omettant simplement quelques détails insignifiants ; notamment les deux rencontres indésirables qu'elles avaient croisé en cours de route.

« Je n'ai pas croisé Élise en bas. » Fit soudainement remarqué Maria après un moment de silence.

« Elle a décidé de tenir compagnie à Ralph... »

« Je vois. »

Ce dernier commentaire de la part de Maria acheva la discussion des deux infirmières et quelques heures plus tard, malgré le boucan incessant que causaient des pirates, les trois jeunes femmes trouvèrent un sommeil bien mérité après toutes leurs émotions.

Mais Maria ne resta pas longtemps dans les bras de Morphée. Elle se réveilla avec un poids au cœur et une impression d'étouffer. N'en pouvant plus elle se leva lentement pour ne réveiller personne et sortie sur le balcon prendre de l'air.

Le froid de la nuit fit frissonner la jeune femme et elle regretta de ne pas avoir apporté un châle avec elle, de quoi ne pas se faire distraite dans sa contemplation.

La mer qu'elle admirait depuis sa position l'envoutait. Il y avait quelque chose dans le cadre qu'elle ne saurait décrire. Lorsqu'elle regardait les reflets de la lune se mouvoir sur la houle de l'océan elle avait l'impression d'être emporté dans un autre monde, complètement hors de sa portée, mais qui la faisait sentir vivante et libre. Peut-être était-ce pour cela qu'elle avait toujours été fasciné par la mer, elle qui n'avait jamais goûté à la liberté.

Un soupir s'échappa de sa bouche pour fendre le silence de la nuit ; la voilà bien stupide de se laisser affecter de la sorte par son passé.

Tant de choses avaient changé durant les huit dernières années qu'elle avait vécue. Elle avait rencontré Marco, travaillait en tant qu'infirmière pour l'équipage de Barbe Blanche et avait enfin une place dans ce monde.

Elle avait toujours cru qu'elle finirait comme une bonne femme au foyer dans une parfaite petite maison avec un mari qu'elle attendrait tous les soirs rentrer du travail après avoir préparé le dîner.

Il s'agissait là du genre de vie qu'elle avait toujours voulut éviter, mais avec le temps elle se rendait compte combien elle désirait avoir quelqu'un dans sa vie.

Maria sortit de ses songes lorsqu'elle reconnut une lumière d'un bleu éclatant se rapprocher d'elle. Le phénix ralentie la cadence lorsque son regard croisa le sien et se posa sur la rambarde du balcon sans qu'elle ne fasse le moindre mouvement de recul.

« Pourquoi vous êtes debout et sous cette apparence à une heure pareille ? » Demanda Maria sans pour autant quitté l'horizon des yeux.

Elle ne s'attendait pas à le voir débarqué de nulle part et bien qu'elle fût toujours en colère en sa présence, elle ne voulait pas non plus le chasser et garda alors un visage neutre.

« Je pourrais te retourner la question. » Rétorqua Marco, toujours sous son aspect de phénix.

« Je n'arrivais pas à dormir et j'espérai que prendre l'air me ferais du bien. »

« Et ça ne marche pas on dirait. » Devina le pirate avec un regard compatissant.

« Non, pas vraiment » Approuva Maria dans un rire jaune. « Cet endroit me met mal à l'aise. » Avoua-t-elle dans un frisson.

Le silence suivit cette réponse, et Maria se laissa à nouveau bercée par le vent frais, bien que perturbée par la présence du pirate. Il fut un temps où elle croyait ressentir quelque chose pour lui mais avait vite chassé ses sentiments saugrenus de son esprit comme elle savait qu'ils n'étaient qu'à sens unique. Et maintenant, après ce qui s'était produit, elle pouvait définitivement admettre que leur relation n'était que purement professionnelle et qu'il en valait mieux ainsi. Marco avait toujours été strict envers elle et aux autres hommes d'équipage, et l'infirmière savait que cela n'était pas prêt de changer. Être le commandant de la première flotte pouvait vraiment changer un homme.

Maintenant qu'elle y pensait, il avait changé autant qu'elle ses huit dernières années ; il riait moins, passait plus de temps derrière un bureau que sur le pont, et, elle n'oserait probablement pas le dire devant lui, mais ces dernières semaines en particulier, il était à fleur de peau, presque paranoïaque.

Mais alors pourquoi son cœur refusait-il de coopérer et tambourinait jusqu'à menacer de se faire entendre ? Était-ce la colère qui rendait ses pulsions cardiaques incontrôlables, ou autre chose ?

« J'étais partie superviser les alentours... » Lâcha subitement Marco, faisant sursauter Maria dans le processus. « Cette île n'a pas changé pour le mieux avec le temps et la marine n'arrête pas de faire des rondes. »

« C'est alors dangereux pour vous de sortir seul, non ? »

« Pas plus que ça l'est pour la marine. » Taquina le pirate alors qu'il quittait son perchoir tout en reprenant forme humaine. « Et puis, si quelque chose venait à se produire tu pourras toujours me servir de bouclier. »

« Bien sûr, puisqu'on a vue à quel point cela a fonctionné la première fois. » Rétorqua Maria d'un ton sarcastique.

« Nous ne resterons pas ici longtemps de toute façon... » Fini par rassurer Marco d'une voix grave.

« Je l'espère bien. »

Le pirate scruta Maria d'un regard intrigué. Elle n'avait pas l'air d'avoir été perturbée par leur accostage surprise, ce qui lui avait retiré un poids des épaules. Il se souvenait encore très bien de leur première rencontre et des jours qui avait suivis son intégration à leur équipage. Elle était si peu sûre d'elle et si confiante à la fois. La contradiction aurait pu en surprendre beaucoup, mais pas Marco. Lui, savait d'où venait cette étrange personnalité et cela l'avait poussé à se montrer dur avec elle durant ses enseignements. Peut-être l'avait-il été un peu trop d'ailleurs.

« Et sinon... comment s'est passé ta journée ? »

Maria se retourna vers le pirate en relevant un sourcil.

« Est-ce que vous posez la question car cela vous intéresse ou parce que vous voulez savoir si Misa est partie ? »

Marco ne répondit pas à la réplique acide de l'infirmière car au fond, ses doutes n'était pas infondé. Et après tous, pourquoi le caché.

« Un peu des deux. » Fini-t-il par rétorqué d'une voix neutre.

Maria secoua la tête pour chasser les répliques acerbes qu'elle avait en poche ; elle ne voulait plus de disputes futiles.

« Eh bien, avec Misa, nous sommes allés au port de la Capital dans l'espoir de lui trouver une embarcation, mais nous sommes rentrées bredouille. » Déplora Maria en détournant les yeux.

« J'en déduis qu'elle est ici... » Soupira Marco en jetant un coup d'œil en direction de la porte fenêtre du balcon.

« Ne vous en faites pas, elle non plus ne supporte plus votre présence. » Lâcha l'infirmière, soudainement piquée au vif.

« Ce n'est pas... »

« Est-ce réellement pour ça que vous êtes venus à ma rencontre ? » Coupa Maria en se retournant pour faire face au pirate. « Lorsque vous m'avez accepté parmi vous comme infirmière vous n'étiez pas si méfiant ; que vous arrive-t-il ?! »

Maria avait presque crié cette question sous le surplus de ses émotions. Depuis le temps où elle voulait lui donner le fin fond de sa pensé sans jamais en avoir eu le courage car il était son supérieur et elle le respectait. Elle n'avait jamais contredit ses actions car elle lui faisait entièrement confiance.

« Il fût un temps où vous étiez quelqu'un de juste et courageux, j'admirais cela chez vous... » Reprit la jeune femme d'une voix plus calme. « Je comprends que vous ayez prit peur lors de notre dernière bataille mais... »

« Ce n'était pas de la peur. » Corrigea Marco d'un air sévère. « Je l'ai délibérément laissée après l'explosion... »

« Vous l'auriez laissé mourir... » Réalisa Maria les yeux embués par les larmes.

« Oui. » Rétorqua le pirate d'une voix calme, presque éteinte.

« Et si ça avait été moi ? » Demanda subitement la jeune femme bien qu'elle était au bord des larmes. « Et si j'avais été celle coincé dans une pièce en feu ?! »

« La situation aurait été différente... »

« En quoi exactement ? » S'exclama Maria dans une marée de ressentiments. « Si nous ne connaissions pas vous m'auriez également abandonné, et n'essayez pas de le nier ! »

Marco ne tenta même pas une réplique car il savait quel que soit son prochain argument, Maria ne l'entendrait qu'à moitié. De base, il voulait lui parler pour régler leur malentendu, mais au train où en vont les choses, la situation venait juste de s'empirer et continueront quoi qu'il dise.

« Oui, si nous ne connaissions pas, je t'aurais probablement abandonné, car ma priorité est et sera toujours ma famille. » Fini par lâcher Marco d'une voix posée. « Je ne dis pas ça pour m'excuser car je ne cherche le pardon de personne, il s'agit simplement d'une explication pour rendre les choses plus claires. »

« Elles le sont désormais... » Souffla Maria d'une voix brisée. « Et maintenant, s'il vous plaît, j'aimerais rester seule. » Ajouta-t-elle en replongeant son regard vers l'horizon.

Marco voulait probablement dire quelque chose, mais n'en fit rien. L'instant d'après il avait retrouvé sa forme de phénix et s'éloigna de Maria sans se retourner.

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Bonjour ou bonsoir à tous !
J'espère que vous allez bien !

On enchaîne directement avec les événements du dernier chapitre pour nous attaquer au cœur de cet arc.

Cette fois il n'ai plus exactement question de Misa mais de Maria.

Encore une fois, je me suis laissée aller, et me suis focaliser sur um autre de mes personnages "secondaire". (Et je n'ai aucun regret, comme il s'agit sûrement d'un de mes chapitre favori).

C'était plus fort que moi et, petite anecdote, la discussion sur le balcon était de base écrite sur un bien meilleur ton (en soit cela aurai dû être une scène de réconciliation, mais je me suis adaptée aux récents événements)
Surtout que le problème est plus grave qu'en apparence et je ne pense pas qu'il puisse se régler d'un coup.

Maria et Marco sont tous les deux des personnages proches de leurs propres idéaux et ils seraient très compliqué de leur faire changer d'avis.

Aussi je serais curieuse de connaître votre opinion sur le débat entre Maria et Marco.

Ainsi n'hésitez pas à laisser un commentaire ou deux ou à voter et à la semaine prochaine ^^.

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