Chapitre 9

Cela fait plus trois jours que je n'ai pas de nouvelles d'Amanda. Et je me sens mal. Et, à l'instar d'Amanda, Nath me harcèle limite. Je dois dîner avec lui, ce soir. Il veut absolument m'inviter. Et je redoute un peu cette soirée. Durant cette semaine, on n'a pas arrêté de discuter, par SMS ou par téléphone. Et je dois dire que ça me fait du bien. On est sortis plusieurs fois boire un café. Même si ce n'est pas toujours rose, je crois que je me fais à l'idée qu'il m'a trompé. Mais ça peut arriver. Tout le monde fait des erreurs, après tout.

Mon téléphone vibre. C'est Nath.

_ Allô ?

_ Je suis en bas.

Je regarde par la fenêtre et vois sa voiture. Un petit sourire se forme sur mon visage.

_ J'arrive.

Je cours prendre mon sac à main et sors de mon appartement. Je manque de tomber mais je me suis rattraper facilement. Je sors de l'immeuble et rentre à la va-vite dans la voiture. Mais en ouvrant la portière, je remarque plusieurs ballons rouges en forme de cœur. Je les attrape avec ma main et fait face à un Nathanael enfantin. On se sourit et il parle avec une voix sensuelle.

_ Bonsoir.

Ni une ni deux, je l'embrasse tendrement. Il démarre la voiture et nous allons au restaurant.

_ J'espère que tu as faim, j'ai pris une table au nouveau restaurant sur la huitième.

_ Celui dont je t'ai parlé ?, dis-je toute excitée.

_ Celui-là, oui.

Ça fait depuis deux jours que je le bassine avec ce restaurant. Il a fini par céder. Dans le New Yorker, ce nouveau restaurant français est succulent. Je voulais absolument y aller avec Nath. Plus tard, Nath se gare en face de l'entrée du restaurant. Je vais pour sortir de la voiture mais il me dit d'attendre. Il court et m'ouvre la portière lui-même.

_ Madame.

Je souris bêtement à ça. Il saisit ma main et referme sa voiture. Nous pénétrons dans le restaurant et la réceptionniste remarque Nath. Elle fait un signe de tête et nous demande de la suivre. Le restaurant est très chic et intime. Il est parfait. La jeune femme nous emmène dans un petit salon isolé au fond du restaurant. Nath tire ma chaise et je m'assieds. Il fait de même sur la chaise en face de moi. La réceptionniste nous donne les menus et nous laisse. De mes yeux vifs, je parcours la carte et quand je vois qu'ils servent des escargots farcis, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire.

_ Qu'y a-t-il ?, m'interroge Nath.

_ Rien, juste un souvenir au travail.

Il pose le menu et tends sa main pour récupérer la mienne entre ses doigts. Je lève mon regard vers lui et ses yeux pétillants me scrutent.

_ Je suis heureux d'être là, avec toi.

Il se penche et m'embrasse doucement. Et je fonds. Et plus tard dans la soirée, chez moi, nous nous sommes prouvé que la petite flamme était encore là.

Le lendemain, je suis au bureau, à l'imprimante. Je n'ai toujours pas de nouvelles d'Amanda. Elle me fait vraiment la tête. Et Nath... C'est plus comme avant. Il est bizarre. La nuit qu'on a passé après le restaurant était merveilleuse mais... Oh, je dois sûrement me faire des films. Une fois que les papiers sont sorti, je file à mon poste et sors mon téléphone. Je vais pour composer le numéro de mon amie mais me résigne à le faire. J'allais pour poser mon téléphone mais il vibre. Je le retourne en espérant que ce soit Amanda mais non. C'est Julian. Oh, la plaie !

Pas de nouvelle. Tout va bien, j'espère ?

Je soupire et repose mon téléphone sans répondre. Je finis dans cinq minutes. Juste le temps de passer dans le bureau de Magda pour lui donner les papiers et de la prévenir de mon départ.

_ Magda ?, dis-je en toquant à sa porte.

_ Entrez Mary.

Je referme la porte derrière moi et elle retire ses lunettes de vue.

_ Voilà le dossier que vous m'avez demandé.

_ Ah merci.

Avant que je n'ajoute quoi que ce soit, elle m'arrête.

_ Ça va, vous ?

_ Pas vraiment, mais on fait avec.

_ Asseyez-vous.

Je fronce les sourcils et m'exécute. Elle pose tout sur son bureau et joint ses mains devant elle et adopte un air sérieux. Ouh la...

_ Dîtes-moi.

_ Je... J'ai eu un problème avec une amie. Elle me fait la tête.

_ Oh, je vois. Ecoutez, ne vous en faites pas. Ça va s'arranger. Si c'est vraiment une amie, elle reviendra vers vous.

_ Merci, Magda.

_ Tutoyez-moi. C'est mieux.

_ Alors faites de même.

Nous nous sourions et je me lève pour sortir de son bureau. Je prends mes affaires et dis au revoir aux personnes qui sont encore là, soit Sophie et Marius, un gars de la maintenance.

Je file à ma voiture et me rends à la maison de Luke et Caroline. Quelqu'un m'accueille à l'entrée. Un majordome. Comme dans les films. Je ne pensais pas que ça se faisait encore.

_ Monsieur et madame vous attendent au salon.

_ Merci.

Je suis le majordome et il annonce ma venue lorsqu'il passe la porte. Luke se lève et, tout sourire, vient me serrer contre lui.

_ Ah, Mary ! Que je suis content de te voir !

_ Moi aussi, Luke.

Caroline s'approche de moi et me prend dans ses bras aussi. Nous nous installons ensuite à la table basse où du champagne est servi, ainsi que des mini apéritifs. Ils ont mis les petits plats dans les grands.

_ J'ai essayé de discuter avec...

_ Monsieur. Madame. Monsieur Julian Landry est arrivé.

Dîtes-moi que ce n'est pas vrai. Dès qu'il entre dans la pièce, ses yeux se posent sur moi. Il n'a pas l'air surpris de me voir. Luke se lève et lui fait une accolade. Caroline et moi nous levons ensemble et nous allons lui dire bonjour. Lorsque c'est à mon tour de lui dire bonjour, Julian m'embrasse les deux joues. Ok. Il faut qu'il arrête avec ça.

_ Bien ! Passons à table !

Nous nous dirigeons dans une autre pièce où une magnifique table est dressée. Une table longue quand même. Avec un couvert de chaque côté du rectangle. Je m'assieds au milieu. Julian est en face de moi. Caroline et Luke à chaque bout de table. Les entrées arrivent et nous commençons à manger. Je suis assez gênée d'être en face de Julian. Après ce qu'il s'est passé la dernière fois, je ne sais pas comment me comporter. Il ne devrait pas me mettre dans cet état. Aussi mal à l'aise. C'est horrible. Je n'ose même pas lever la tête.

_ Ça va, Mary ?, me demande Julian.

Je lâche mes couverts qui se fracassent contre mon assiette et relève la tête vers lui. Il est soucieux. Je reprends ms esprits, ainsi que mes couverts.

_ Oui. Très bien même.

Je continue de manger, même si je sais très bien que j'ai éveillé des soupçons plus gros que des maisons. Cependant, personne ne relève.

Plus tard, nous nous retrouvons à la bibliothèque, autour d'un digestif. Et là, Caroline demande à Luke de la suivre à la cuisine pour lui parler. Oh non. Je suis apeurée. Je regarde Julian et détourne la tête quand je le vois. Ne le regarde pas. Ne le regarde pas.

_ Qu'est-ce qu'il se passe, Mary ?, dit-il en se postant devant moi.

_ Rien. Rien du tout.

Je mens et il le sait.

_ Mary. Dîtes-moi la vérité.

Il s'assied sur le bras du fauteuil dans lequel je suis installée. Son regard se fait pénétrant. Je le regarde dans les yeux. Et je commence à comprendre.

_ Je me suis disputée avec une amie.

_ Pour quelle raison ?

_ Parce que je me suis remise avec mon ex.

Un gros blanc bien lourd et bien oppressant s'installe.

_ Celui qui vous a trompé ?, dit-il nerveux.

Il paraît irrité, même.

_ Vous aussi, vous allez me faire la morale ?

_ Non. Bien sûr que non.

Il se redresse et s'éloigne de moi. Il pose son verre et enfile sa veste.

_ Où vous allez ?

_ Je dois partir. Il se fait tard.

_ Mais il n'est que vingt-deux heures trente...

_ Au revoir, Mary.

Il referme la porte derrière lui et je finis mon verre d'une traite. Caroline rentre dans la pièce et me regarde, incrédule.

_ Que s'est-il passé ?

_ Rien. Je dois y aller. Merci pour tout. Bonne soirée.

Je récupère mes affaires et coure pour sortir de la maison. J'embrasse vite Luke et court vers ma voiture. La pluie commence à tomber. Ainsi que mes larmes. Je ne sais pas pourquoi je pleure. C'est tellement inutile. Je ne sais même pas pourquoi je pleure. Je démarre la voiture et conduit sans vraiment savoir où aller. Je roule, c'est tout. Je me gare en face d'un immeuble. L'immeuble d'Amanda. Je sors de la voiture et reste pendant quelques temps devant la porte, sous la pluie. Je suis trempée quand je décide de rentrer. Je monte à pied les cinq étages pour me retrouver devant sa porte. Je frappe et elle m'ouvre.

_ J'ai fait une grosse connerie. Je pleure parce que... Je ne sais même pas pourquoi je pleure. Je ne sais même plus pourquoi j'ai dit oui à Nath. Je ne sais même pas si j'ai fait le bon choix. Il est différent depuis qu'on l'a refait. Je crois que je plais à Julian. J'ai un découvert de plus de 2 000 dollars à couvrir et j'ai perdu l'une des personnes les plus chères à mon cœur parce que j'étais terrorisée à cause d'une foule de gens.

Je pleure encore plus. Elle ne me répond pas. Elle ouvre plus la porte et me prend dans ses bras. Je fonds en larmes.

_ Chut, ça va aller. T'es toute mouillée. Viens à l'intérieur. T'as besoin d'un verre.

Nous sommes maintenant installées sur le canapé, devant la télé allumée sans son, un verre de vodka sunrise à la main. J'ai un plaid sur moi.

_ Pourquoi tu m'as dit ça, tout à l'heure ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

_ Je... J'étais chez Luke et Caroline, pour un dîner. Et Julian était là. Et il a vu que je n'étais pas bien. Et..., dis-je de ma voix tremblante de sanglots. Je lui ai dit que je me suis remise avec Nath, et il est parti aussi sec. Tu l'aurais vu...

Amanda me prend dans ses bras et me serre contre elle.

_ Ne t'en fais pas, ça va aller.

_ Je vais faire quoi ?

Elle soupire. Et je renifle bruyamment.

_ Ce que t'es sexy !, se moque-t-elle. Ecoute, tu vas casser avec Nath. Et tu vas aller voir Julian. Tu lui dis ce que tu ressens et...

_ Mais je ne sais même pas ce que je ressens !

_ Tu es sûre que tu lui plais ?

Je le regarde et fais un mouvement incertain de la tête.

_ Ok. C'est très compliqué, ton histoire

_ Je sais.

Elle acquiesce et embrasse le haut de ma tête.

Pendant tout le weekend, Nath' était froid et distant. Ce n'est pas dans son habitude. Peut-être qu'il a du travail ou quoi. Je dois sûrement me faire des idées.

Le lundi suivant, je me retrouve chez le banquier. Mon salaire de chez Miranda vient d'arriver sur mon compte. Je vois le bout du tunnel. Il ne me manque plus que 1 506 dollars à payer. Tout rond. Mais le banquier n'est pas très content. Oh ne t'en fais pas, tu ne vas plus me revoir après que mon prêt soit remboursé. Fais-moi confiance !

Je suis maintenant à Book Bazar. Je louche sur mon ordinateur depuis plusieurs minutes. Et des pas dans les escaliers me sortent de mon sommeil. Un gros bouquet de fleurs, de toutes les couleurs s'avancent vers le fond de l'étage.

_ Mademoiselle Mary Dickens ?

Je blêmis.

_ Oui ?

_ Une livraison pour vous.

Non, jure ? Il dépose le bouquet à côté de moi et me montre un papier. Je signe et sort la carte du bouquet. « Pour la meilleure des petites-amies. Je t'aime. Nath. X. » Je soupire et regarde les fleurs.

_ Mon dieu, Mary !

Je me retourne et croise le regard agréablement surpris de Magda.

_ Qui t'a envoyé ces magnifiques fleurs ?, dit-elle en les sentant.

_ Mon petit-ami, Nath.

Elle sent une pointe de frustration dans ma voix.

_ La raison de la dispute avec ta meilleure amie ?

_ Oui.

_ Tu veux en parler ?

_ Non, ça ira.

Je saisis mon téléphone et compose le numéro d'Ellie.

_ Allô ?

_ Rendez-vous chez moi, ce soir. Ramène les filles.

Je raccroche et me concentre sur mon problème du moment. Je soupire en voyant les fleurs. Tout le monde s'agglutine autour d'elles et me disent que j'ai de la chance. Si seulement ils savaient ce qu'il se passe vraiment dans ma vie. Je suis désespérée. Mon téléphone sonne à nouveau. C'est encore mon banquier. Mais je viens à peine de le quitter ! Ce n'est pas possible !

_ Oui ?

_ Mademoiselle Dickens ? C'est James Gordon à l'apparei-...

_ Oui, je sais. Votre nom s'affiche quand vous m'appeler. Tellement vous m'appeler, j'ai fini par enregistrer votre numéro de téléphone. Je suis au courant que j'ai un découvert mais je ne vais pas plus vite que la lumière. Alors patientez encore un peu. Je suis au travail. Nous discuterons plus tard. Merci.

Je raccroche sans même l'écouter. Il commence vraiment à me casser les pieds. Je soupire et Magda me regarde intensément. Je suis grillée. Plus possible de faire machine arrière. Je me sens obligée de lui dire la vérité. Après tout, elle a tout entendu. A quoi bon lui mentir.

_ C'est mon banquier. Il me harcèle à propos de mon découvert.

Magda me demande de la suivre dans le bureau. Je me lève et la rejoins.

_ Ferme la porte.

Je m'exécute et je me retourne sur elle.

_ Tu te souviens le jour où tu es venue ici ?

_ Oui.

Je ne vois pas où elle veut en venir. Mais je l'écoute attentivement pour pouvoir comprendre.

_ Tu es la personne la plus têtue et la plus indépendante que je connaisse, Mary. Et tu n'arrives pas à t'imposer face à un homme ?

_ Si mais...

_ Non, laisse-moi finir. Il t'énerve, je le vois bien. Et ne parlons pas du banquier. Alors, dis-moi. Je veux t'aider à trouver une solution.

Je m'assois et lui explique tout en détails, tout ce qui ne va pas. C'est bizarre mais elle me rappelle une mère. Ma mère. C'est vraiment un supplice. Un sanglot se fait entendre dans ma voix mais je ne peux plus me retenir. Je lâche une larme et soupire. Magda prend mes mains.

_ Ecoute, ma chérie. Ce poste d'assistante. C'était bidon.

_ Hein ?

Je ne comprends plus rien. Je suis perdue. C'est quoi, ce bordel ?

_ Je m'explique. Je vais partir à la retraite.

_ Quoi ?

Je suis abasourdie. Magda à la retraite ? Impossible.

_ Cet emploi, je l'ai créé pour que quelqu'un me succède. Je ne compte pas partir tout de suite à la retraite. Mais, il me faut quelqu'un qui puisse prendre la relève. Tu m'as rappelé qui j'étais. Et je suis plus qu'honorée de t'avoir rencontré. Je... Je voudrais te prendre sous mon aile. Il faut encore que je vois ce que tu es capable de faire mais je ne vois personne d'autre que toi reprendre les rênes. Ce ne sera pas facile. Mais je suis sûre que tu y arriveras.

Je n'ai plus de mots. Je suis bouche bée face à ça. Moi, éditrice. Ce n'est pas vrai ?

_ Mais je viens d'arriver.

_ Tu sais, je ne suis pas aussi sûre que toi. J'ai eu un œil sur toi. Depuis que tu es partie de chez Miranda, j'ai cherché des informations sur toi. Tu es une fille brillante, Mary. Alors, c'est pour ça que je ne comprends pas pourquoi tu es retournée avec ce garçon. A partir d'aujourd'hui, tu restes ma stagiaire mais tu vas t'installer dans mon bureau. Comme ça, tu pourras être vraiment dans le feu de l'action. Tu auras plus de responsabilité, ici. Et quand l'heure sera venue, tu prendras ma place.

_ T'es sûre ?

_ Jamais autant.

Les larmes me montent. C'est la fin des soucis. Je vais réaliser mon rêve. Et franchement, pleurer devant sa patronne en parlant de ses problèmes, c'est quelque chose que tout le monde aimerait faire. Et ça tombe sur moi. C'est incroyable.

_ Je vais te verser une partie de ton salaire au plus vite. Assez pour rembourser ton prêt. Ensuite, je veux que tu ailles de l'avant. D'accord ?

Je la remercie du fond du cœur et elle me tend des mouchoirs. Je récupère le peu d'estime que j'ai de moi et repars à ma place. En voyant les fleurs, j'ai un élan de haine envers mon cher petit-ami. Je ne vais pas le supporter sa bipolarité bien longtemps.

Une fois à la maison, je sors le bouquet de ma voiture. Il est lourd, quand même. Tellement lourd que j'ai du mal à monter les étages. Ce sont des fleurs, mais quand même. J'ai du mal à passer ma porte.

_ Attends ! Je vais t'aider !

_ AAAAAAAAAAAHHHH !

Je crie tellement fort que l'autre personne crie aussi. Je me recule et je pose vite le bouquet par terre avant de me réfugier dans les escaliers. Je sors ma bombe de spray au poivre et pars asperger la tête de la personne en fermant les yeux. Elle crie encore plus. J'ouvre les yeux et...

_ Oh merde, Mary !

_ Nath ? Mais qu'est-ce que tu fous là ?

_ Je voulais te faire une surprise !

Je suis énervée contre lui. Non seulement, il m'a fait peur mais en plus il se trouve des excuses ! Et aussi, il ose m'envoyer des fleurs au bureau alors qu'il ne me parle pratiquement pas ? Je me félicite de l'avoir agresser avec mon spray au poivre !

_ Mais t'es malade ? Tu rentres comme ça, chez moi ? Sans prévenir ?

_ J'avais encore tes clés !

_ T'avais mes clés ?

Ah oui, c'est vrai ! Je les lui avais données !

_ Mais t'aurais pu prévenir !

_ Je sais mais... Aïe ! Ça pique !

Il file dans la salle de bain et s'asperge d'eau. Sauf que c'est encore pire. Je soupire et prend le bouquet pour le rentrer dans l'appartement. Je le pose sur la table et vois que son téléphone est ouvert sur une conversation.

« Cher Nathanael, je me présente. Je suis Julian Landry... »

Ouh la la ! Je prends le téléphone et me transmets le message qui a l'air d'être un véritable roman. Je supprime la conversation sur le téléphone de Nathanael et le repose là où il était. Mon téléphone vibre. Je l'ai reçu. Pile à ce moment-là, Nath revient.

_ Ah ! Ça va mieux ! Comment tu vas, mon amour ?

_ Bien et toi ?

_ Ça va.

Le voir me fait quelque chose au cœur. Ce n'est pas comme avant. Comment j'ai pu croire que ça allait être pareil, moi aussi ? Il m'embrasse mais je me retire vite après avoir posé mes lèvres sur les siennes. C'est vraiment un supplice de l'embrasser. Mais pourquoi je dis ça, moi ? Je ne devrais pas.

_ Désolée, bébé... Mais je vais devoir te mettre à la porte. Les filles vont arriver d'une minute à l'autre.

_ Oh... Ok... Mais je peux les attendre avec toi ?

_ Euh... Non, c'est une réunion de premier ordre. Et il faut que je prenne ma douche.

_ On peut la prendre, ensemble.

Oh non. Hors de question. Arrête !

_ Je ne suis pas rasée. Et j'ai... Des boutons...

_ Des boutons, c'est rien ça.

Aller, Mary !

_ Des boutons, genre gros ! Tu appuies à peine dessus et ils explosent !

Je n'arrive pas à croire que je dis ça ! Mon dieu !

_ Et je suis malade. J'ai une vilaine gastro-entérite. Les filles viennent pour s'occuper de moi. Tu m'aurais vu hier soir, j'ai repeint les murs de ma salle de bain ! C'était dégueu' !, rigolais-je.

_ Je n'aurais pas dû t'embrasser alors ?

_ Non. C'est pour ça que je me suis vite retirée. Je suis désolée mais, plus t'es loin, mieux c'est. Pour toi, je veux dire, hein !

Il fronce les sourcils mais finit par hausser les épaules. Il capitule. Génial !

_ Ok, je te laisse alors.

Il va pour m'embrasser mais je me recule.

_ Non. Gastro !

_ Oui, c'est vrai.

Il m'embrasse le front et pars en souriant. Une fois la porte fermée, je soupire en posant mes mains sur mes genoux. C'est du sport. Je fixe les fleurs. Elles me regardent de travers.

_ Qu'est-ce que je vais faire de vous ?

Je m'en vais dans ma salle de bain et récupère de la catastrophe qui a failli se produire. Je me lave la figure et repense au message de Julian. Il faut que je le lise ! Je cours, le visage encore mouillé et récupère mon téléphone. Je commence à lire.

« Cher Nathanael, je me présente. Je suis Julian Landry. Je suis un ami de Mary Dickens. Je sais que ce message doit vous choquer, ou même vous mettre hors de vous mais je ne peux m'empêcher de vous mettre en garde. Si jamais j'apprends que vous avez fait du mal à Mary, vous aurez affaires à moi. Mary est une personne merveilleuse. Elle est gentille, intelligente, souriante et attentionnée. Elle est bornée et têtue mais c'est la personne la plus adorable qu'il m'ait été donné de connaître. Vous avez déjà fait une erreur avec elle. Ne recommencez pas. Elle ne mérite pas un homme tel que vous, mais je ne peux pas le lui dire. Je ne suis rien pour elle, je pense. Mais si j'avais pu l'avoir, au moins une fois dans ma vie, je ne lui aurais jamais fait du mal comme vous l'avez fait. Elle est trop bonne pour se jouer des gens. Et vous, vous en avez profité. Et je trouve ça minable. Alors faites attention à vous, mais surtout à elle. Julian Landry. »

Je ne respire plus. Je suis juste hébétée et... Je ne trouve pas mes mots. Je ne sais pas quoi dire... C'était limite s'il imitait Liam Neeson dans Taken quand il dit : « Je vous chercherai, je vous trouverai et je vous tuerai. » Je me jette sur mon canapé et respire à nouveau. J'ai vraiment besoin de mes amies. Juste à ce moment-là, l'interphone sonne.

_ Oui ?, dis-je en appuyant sur le bouton.

_ C'est nous !

Amanda, Ellie et Carrie sont en bas. Je leur ouvre et déverrouille la porte. Je les entends monter. Je souris quand je vois Ellie. Elle me saute dessus.

_ Tu vas bien ?

_ Je vais tout vous expliquer, ne vous en faites pas.

Je serre Carrie contre moi et regarde Amanda. Elle me sourit et m'ouvre ses bras. Quand nous rentrons :

_ C'est quoi ça ?, demande Amanda lorsqu'elle voit le bouquet.

_ C'est un cadeau de Nathanael.

_ C'est gros.

_ Et lourd, je te prie de croire, Ellie. Vous avez les bouteilles ?

Carrie nous sert des verres de sodas et les apportent à la table sous le bouquet de fleurs. Nous avons éloigné les chaises, comme pour faire un duel de regard avec les pétales. Plus je les regarde, plus j'ai la nausée.

_ Alors, c'est quoi ce problème ?

_ Nath m'a envoyé ça. Au travail. Magda a vu que je n'étais pas extrêmement joyeuse et on a discuté. Elle compte me remettre les clés de Book Bazar.

_ QUOI ???, disent-elles en même temps.

Je rigole de nervosité.

_ Oui, vous avez bien entendu. Elle m'a dit que d'ici quelques temps, elle allait partir à la retraite. Et le poste d'assistante est bidon. Elle a créé le poste pour trouver quelqu'un pour la remplacer. Je vais m'installer dans son bureau.

_ Mais c'est génial !, s'écrie Amanda. Tu vas avoir ta boîte d'édition ! C'est magnifique !

_ Oui ! Je n'arrive toujours pas à y croire !, souriais-je.

_ Mais il y a un hic ?, reprend Carrie.

Une boule se forme dans ma gorge. J'ai du mal à parler.

_ Ensuite, je suis revenue à la maison. Et Nath était déjà là. Tellement j'ai eu peur, je lui ai mis du spray au poivre dans la tête pour me défendre. Je pensais que c'était un agresseur.

Mes amies pouffent de rire.

_ Tu n'es pas sérieuse ?

_ Bien sûr que je le suis ! Il n'avait qu'à prévenir au lieu de faire son preux chevalier ! Et il l'a mérité ! Et puis, j'ai vu que son téléphone était allumé. Julian lui a envoyé un SMS.

Mes amies attendent que je dise tout. J'aime ménager le suspense. Je sors mon téléphone et leur lis le SMS. Maintenant, elles sont toutes excitées, comme des puces sur un animal.

_ Mais... C'est...

_ Merveilleux !

_ Mary, il te veut ! C'est évident !

_ Je ne sais pas quoi dire.

_ Ecoute, demain, tu as ta pause déjeuné. Mais lui, non ! Il va sûrement rester à son bureau. Alors, tu fais exprès d'aller voir Luke mais tu fais tout pour le croiser, ok ?

_ Ok. Je vais faire ça.

Je souris à mes amies et repars de l'avant, plus confiante que jamais.

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Coucou tout le monde ! :D

Voilà, flemme d'attendre 20h alors je vous mets la suite maintenant ! Peut-être même que si vous êtes gentils, je ferai un geste et je vous mettrai un chapitre ce soir aussi, mais ça, c'est à voir!

Sinon, demain, 20h!

Gros bisous!

Joëlle SADOK-QUILICHINI

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