Chapitre 6

_ Bonsoir à tous, se reprend mon ex.

Dans ma tête, c'est le remake de Twister. J'ai envie de lui crier de déguerpir en vitesse mais les mots ne sortent pas de ma bouche. Je prends un faux-semblant de sourire et me lève.

_ Je vous présente Nathanael.

Luke me regarde avec un air interrogateur. Je fais oui de la tête et il a les yeux ronds comme des boules de pétanques. D'abord, les billes. Ensuite, les balles de ping pong. Et maintenant, les boules de pétanques. D'ici la fin de cette histoire, tout le monde aura les yeux plus gros que la tête.

Je reviens sur Nathanael et le regarde avec insistance. Qu'est-ce qu'il fiche ici ?

_ Je vous prie de m'excuser, continue Nathanael. Mais pourrais-je vous emprunter Mary un court instant ?

_ Cependant, je suis occupée comme tu le vois, lui rétorquais-je, déterminée à ne pas bouger.

_ Allons, Mary. Cela ne prendra qu'une minute, comme vous le dit votre ami, ajoute Arno.

Toi, je ne t'aime pas, finalement. Je regarde Nathanael qui me supplie du regard. Je soupire et éloigne ma chaise pour pouvoir sortir de table. Je croise le regard indéchiffrable de Julian. Je prononce encore mes excuses et m'éloigne, furibarde, avec Nathanael. Une fois dans un coin, je m'arrête d'un coup et il me bouscule.

_ Excuse-moi, prononce-t-il, confus.

_ Qu'est-ce que tu fiches ici ?, m'écrie-je en gardant ma voix basse pour ne pas qu'on nous entende.

_ Je suis venu parce que mon patron me l'a demandé. Toi, qu'est-ce que tu fais ici ?

_ On m'a invitée.

_ A la table de Julian Landry, t'es sérieuse ?

_ C'est son oncle qui m'a mise sur la liste.

Je suis de plus en plus énervée contre lui. Je regarde la salle et remarque que Julian et Luke discutent en nous regardant. Je baisse les yeux et secoue la tête avant de lancer des éclairs avec mes yeux en direction de mon ex.

_ Tu veux quoi ?, lui demandais-je.

_ Ecoute, je voudrais que l'on parle de ce qu'il s'est passé Jeudi.

_ Il n'y a rien à dire, Nathanael. Tu es un salopard de première et puis c'est tout !

Je vais pour le contourner mais il me retient le bras. Julian nous regarde en plissant les yeux. Oh non. Il ne faut pas qu'il vienne ici. Je peux contrôler la situation toute seule. Il n'y a pas de soucis. Je vire la main de Nathanael de mon bras et sors de mes gonds. Je commence à parler en pointant un doigt menaçant vers lui, telle une épée au début d'un duel.

_ Ecoute moi bien attentivement, Nathanael. Ne t'avise plus de m'approcher, ni même de me parler. Efface mon numéro, mon adresse mail. Tout. J'ai vendu ton bracelet. Je n'en voulais plus. Je n'en veux plus. Je ne veux plus de toi. Alors maintenant, t'arrêtes tes conneries et tu me laisses tranquille.

Je m'éloigne de lui sans lui laisser une chance de s'expliquer. Crotte à la fin ! Je retourne m'asseoir à ma table et n'adresse même pas un regard à Nathanael, qui ne passe pas loin de nous. Entre lui et Miranda, j'ai mon quota de soucis pour la soirée. Mais j'essaie de me détendre et le calme revient quand Luke me demande comment je vais.

_ Ça va. Ne vous en faites pas, il ne viendra plus nous importuner.

Je place la serviette de table sur mes jambes et sens un regard sur moi. Je lève les yeux vers Julian. On se contemple pendant quelques secondes. Il ne laisse rien paraître. C'est une pierre, cet homme. Il revient sur son téléphone en se raclant la gorge. Ça va aller.

Les entrées sont composées d'amuse-gueules absolument divines. C'est tellement bon que mes papilles en sont toutes émoustillées. La deuxième entrée est un concassé de légume, accompagné d'une purée de patate douce. J'ai fini l'assiette en même pas deux minutes. Une chose est sûre, je ne pourrai pas me payer un restaurant comme ça alors j'en profite.

_ La purée est sensationnelle, commente-je.

_ Vous avez totalement raison, Mary. C'est un délice, Caroline me donne raison.

_ Vous faites quoi comme travail, Mary ?, me demande Jonas. Maintenant que vous n'êtes plus employée chez Miranda Kreep.

_ J'ai réussi à me faire embaucher en tant qu'assistante à Book Bazar.

_ Book Bazar ? Vous travaillez pour Magda Garden ?, s'enquière Caroline.

_ Oui. Vous la connaissez ?, je la questionne.

_ Bien sûr ! C'est une amie à moi. Que le monde est petit.

_ Effectivement !, s'impose Arno. Quelle probabilité que Mary tombe sur votre amie comme patronne ?

_ Infiniment petite, je dois dire.

_ Mais je vous en prie, Caroline. N'allez pas parler de moi à Magda. Je vous en serai reconnaissante.

_ Pourquoi donc ?

_ Je souhaite me débrouiller par moi-même. Alors je vous en prie, ne parlez pas de moi avec elle.

_ Oh, très bien. Comme vous voudrez. Mais, vous vous y plaisez ?

_ Enormément. C'est tellement différent de Kreep Editions. C'est plus relaxant et joyeux. Quand je travaillais pour Miranda, j'avais pratiquement perdu le sens de mon travail. Je ne touchais aucun livre. Ce matin, Magda m'a demandé de lire plusieurs manuscrits. L'après-midi, nous en avons discuté. Elle était d'accord avec moi, en tout point. Et surtout, elle ne faisait pas sa capricieuse.

_ C'est sûr, elle est très différente de Miranda, se moque Caroline.

Les plats de résistance arrivent et... Malheur... Enfer et damnation...

_ Des escargots farcis ?, dis-je tout bas.

Luke et Caroline me regardent et rigolent ensemble. Ça ne me fait pas rire, moi. Si Nathanael était arrivé plus tôt - ou s'il n'était pas venu tout court - j'aurais su que ça allait être des escargots. Et je me serais préparée psychologiquement au pire. Qu'est-ce que je vais faire ? Je ne peux pas ne pas les manger, ce serait trop... Trop... Irrespectueux ? Oui, c'est ça. Irrespectueux envers ses pauvres bêtes.

_ Il y a un problème, Mary ?

C'est la deuxième fois qu'il me parle depuis qu'il s'est assis à côté de moi. Et ça fait tellement longtemps que je ne l'ai pas entendu que je sursaute de surprise. Ses yeux me scrutent, attendant une réponse de ma part. Mais je ne peux rien dire, j'ai trop honte. Je fais comment, maintenant ?

_ Mary déteste les escargots farcis, confie Luke à Julian.

Et voilà, je suis morte de honte. Caroline et Luke pouffent encore de rire par rapport à notre conversation dans la limousine.

_ A mon bon souvenir, vous n'aimez pas non plus, leur rétorquais-je.

_ Ce n'est pas faux.

_ Balle au centre, je finis par dire.

Je souris et louche sur mon assiette. Je suis très gênée. Pendant que tout le monde commence son assiette - certains avec dégout -, je continue de regarder mes six escargots avec un air de mépris. Je ne pourrai pas manger ça. C'est au-dessus de mes forces. Mais on peut quand même essayer. J'en saisis un d'une main tremblante et prend la petite fourchette à deux dents. Je pique et je monte ma main à mes lèvres. Ce goût. J'avale le premier escargot de suite. Je ne peux pas le mâcher. C'est trop dégoutant. Arno et Jonas rigolent en voyant que, visiblement, je hais ces petites choses. Je repose tout et essuie ma bouche. Je ne peux vraiment pas. Et Julian l'a compris. Après avoir fini son assiette, il l'échange avec la mienne. Il prend un escargot et le gobe sans sourciller. Je le regarde ébahie. Julian Landry mange les escargots que j'ai laissé, s'il-vous-plaît ! Je n'en crois pas mes yeux. Lui qui me regardait de travers dans une entrée de commissariat se met à finir mon assiette.

_ Ne vous méprenez pas ! Je ne vous laisserai pas finir mon dessert.

Il avale son escargot et manque de s'étouffer. Il essaie de rire et de manger en même temps. Il se reprend et me regarde avec ses yeux. Ses yeux bleus. On dirait que la nuit s'y reflète. Il y a de toutes petites étoiles à l'intérieur. Je souris et m'installe confortablement sur ma chaise. Mon regard se pose sur Nathanael. Il nous regarde avec un soupçon de déception et une larme d'énervement. Tu n'avais pas qu'à jouer à l'idiot, avec moi. Il me plaît toujours mais son comportement à susciter du dégout chez moi. Je croise les bras et me renfrogne.

Le dessert arrive enfin. Une coque en chocolat blanc, rempli d'une mousse légère goût caramel et une fraise pour couronner le tout. Bonjour les calories ! Je lève mon regard vers l'assistance, et observe les filles plus particulièrement. Beaucoup d'entre elles tirent des têtes de trois mètres de long. Peut-être qu'elles se disent : « Adieu mon régime ! Adieu le maillot de bain ! ». Tout ça pour quoi ? Pour 500 grammes de plaisir. Je glousse en voyant les deux réceptionnistes de Landry Corporates. Elles ont des yeux globuleux en fixant le dessert. C'est de bonne guerre.

Jonas me regarde amusé.

_ Pourquoi riez-vous, Mary ?

_ Parce que les trois quarts des filles ont des têtes d'enterrements en regardant le dessert. Même Miranda. Ça me fait rire.

Je la regarde. Elle est en train de renvoyer le dessert en cuisine. Aucun respect.

_ Pourquoi donc ?, m'interroge Arno en posant ses poignets sur le bord de la table.

_ Parce qu'elles préfèrent sacrifier cinq minutes de plaisir et ne prendre que 200 grammes à tout casser plutôt que plusieurs mois de restrictions pendant lesquels elles se font du mal. Je trouve ça débile.

_ Vous aimez vous faire plaisir ?

Julian me regarde, les yeux pétillants.

_ Dès que je le peux, je ne me refuse rien. Si jamais je le pouvais, chaque repas commencerait par le dessert. On ne sait jamais quand c'en sera fini de nous, alors pourquoi se poser des limites ?

Et d'après son sourire, il est tout à fait d'accord avec moi.

_ Décidément, Mary Dickens, vous êtes une personne exquise !, s'exclame Caroline.

Elle a un sourire bienfaisant. Je l'aime bien, cette femme. Elle est sympathique. Ils le sont tous. Sauf Arno, quand il m'a forcé à aller voir Nathanael.

En me perdant dans mes pensées, je n'ai même cherché à manger mon dessert. Et Julian m'interpelle.

_ Vous êtes sûre vous ne voulez pas que je vous débarrasse de votre dessert, également ?

_ Non, ça ira. Vous m'avez déjà assez sauvé la vie, ce soir. Je prends la relève.

Et comme pour illustrer mon propos, je pioche une noisette de la mousse au caramel et la porte à ma bouche. Les commissures de ses lèvres frémissent une nouvelle fois et ses yeux se plissent légèrement. Il a eu beau être froid la première fois, il devient fondant, comme glace au soleil. Il est très séduisant, contre toute attente. Mais non, je ne devrais pas.

Une fois notre table débarrassée, nous savourons un digestif en discutant de tout et de rien. Les hommes partagent un sujet par rapport à l'entreprise, tandis que Caroline et moi écoutons attentivement.

_ Et tu ne crois pas que Samuel est un lèche-cul ?, demande Arno à Luke. La façon dont il t'a présenté son projet de recherche sur les plantes en Amérique Latine était douteuse.

_ Mais non, il ne l'est pas, rétorque son frère. C'est juste que t'es jaloux, un point c'est tout.

_ Mais tais-toi, tu ne sais pas de quoi tu parles !

Notre table entière rit à l'exception d'Arno, qui agite ses mains partout autour de lui. Je sirote ma coupe de champagne en les regardant se disputer. Ils sont très marrants.

_ Arno, intervient Luke. Samuel m'a présenté son projet, mais nous n'allons pas l'utiliser. Nous ne faisons pas dans la recherche. Nous sommes une multinationale, je te rappelle. Nous ne travaillons pas dans la pharmaceutique.

_ Effectivement, pourquoi proposez un projet comme ça quand le domaine dans lequel vous travaillez tient juste de la création de produits ? Mais après réflexion, vous pouvez utiliser ses recherches pour innover un produit. Ou mieux encore, en inventer un autre. Ou même plus, élargir votre panel d'activités.

C'est moi qui viens de dire ça ? Ah oui...

_ Vous pensez à quoi, exactement, Mary ?, me demande Jonas.

Mince. Pourquoi je n'ai pas fermé ma gueule comme j'étais censée le faire ? Je suis une catastrophe.

_ Eh bien... Une boisson énergisante... Ou encore... Une nouvelle marque de chewing gum. Vous pouvez déposer votre marque sous un autre nom. On peut faire beaucoup de choses avec des plantes. Des produits de beauté pour femmes ou encore des lotions après rasage pour les hommes, par exemple. Je n'en sais rien.

Tout le monde se tait. Ils ne réagissent pas. Caroline lève son pouce. Luke me regarde avec un grand sourire et Arno et Jonas sont encore en train d'assimiler mes paroles.

_ Très bien. Dès demain, Luke, tu préviens Samuel. Son projet est retenu. Mets une équipe là-dessus. Arno, si tu veux bien superviser le groupe, vas-y. Comme ça, tu auras un œil sur Samuel et tu pourras enfin découvrir que non, ce n'est pas un lèche-botte.

Je tourne ma tête à ma droite, la bouche entrouverte. Julian pianote sur son téléphone, après son intervention. Je me retourne sur Luke et il m'applaudit en silence. Caroline sourit. Et les garçons, toujours pas de réactions. Bien.

On tape sur le micro. Et un homme commence un discours sur la réunion de ce soir. Le discours porte sur l'union et la cohésion dans l'immeuble. Ainsi que des nombreuses entreprises florissantes et puissantes qui y ont fait leur nid. A cet instant, la personne se tourne vers notre table et regarde les quatre hommes qui s'y trouvent.

_ Et maintenant, nous allons demander à chaque couple s'ils veulent bien se donner la peine de rejoindre la piste de danse.

Luke se lève et saisit la main de Caroline qui ne réagit pas. Elle glousse en revenant à elle et tous les couples se dirigent vers la piste de danse. Arno et Jonas nous préviennent qu'ils vont fumer et moi, je reste là, à contempler les couples se mettre en place.

_ Vous n'allez pas danser avec votre ami ?

Je me retourne sur Julian qui me fixe, puis qui détourne les yeux. Je suis son regard et vois Nathanael, triturant son cellulaire.

_ Ce n'est pas mon ami.

_ Oh...

Julian a un air désolé. Je regarde Luke et Caroline danser. Ils sont tellement mignons. Et dire que je m'imaginais comme ça, avec Nathanael. Mais quelle erreur ! Quelle cruche j'ai été de...

_ Vous voulez danser ?, me coupe Julian.

Quoi ? Euh... Hein ? Il a dit quoi ?

_ Je vous demande pardon ?

_ Voulez-vous aller danser ?

Il me regarde dans le fond des yeux. Je me perdrais dans ce bleu, si je le pouvais. Il pince sa lèvre inférieure en voyant que je ne réponds pas. Puis baisse la tête. Non... Je lui tends ma main et il la fixe, puis relève ses yeux vers moi aussitôt.

_ C'est à mon tour de vous sauver la vie, ce soir.

Un sourire s'inscrit sur son visage et nous nous levons de nos chaises. Nous rejoignons les danseurs. Au passage, Luke et Caroline nous sourient, surpris de nous voir arriver vers eux. Julian me fait virevolter avec sa main pour me récupérer au vol en posant sa main dans mon dos. Je suis tellement surprise que j'ai failli perdre l'équilibre. Il baisse les yeux sur les miens et commence à bouger ses pieds. Je le suis. Je détourne le regard car je sais que si jamais je continue de le regarder comme ça, je ne vais pas arriver à en décrocher. Et il sera mal à l'aise. Je regarde droit devant et il fait pareil. Ouf !

_ D'où vous est venue l'idée ?

_ Quelle idée ?, demandais-je.

_ L'idée pour les produits, avec les recherches de Samuel.

_ Oh, euh... Je ne sais pas vraiment. Je dirai que c'est sorti tout seul.

_ Faites ça plus souvent alors.

Je souris, fière de moi. La musique est douce. C'est super comme atmosphère.

_ Puis-je vous poser une question indiscrète ?, poursuit-il.

_ Allez-y.

Au fond, je la redoute mais je prends le taureau par les cornes et ouvre grandes mes oreilles.

_ Qui était cet homme ? Ce Nathanael ?

De toutes les questions qui puissent exister, il n'avait que celle-là en tête ? Il aurait pu me demander si j'aimais les licornes, ça aurait été moins pénible.

_ En quoi cela vous intéresse-t-il ?

_ Simple curiosité.

_ C'est mon ex petit-ami.

_ Oh... Je suis navré.

_ Moi aussi.

_ Que s'est-il passé ?

_ Il... Je ne vois pas pourquoi je devrais vous le dire...

_ Peut-être parce que je vous ai sauvé la vie deux fois, comme vous dîtes. Toute aide mérite récompense.

Je fais sortir un petit rire de ma bouche. Il a raison. Mais je peux le faire mijoter encore un peu.

_ Alors pour vous, poser pour des photographes et manger des escargots farcis est digne du terme « sauver une damoiselle en détresse », dis-je en riant.

_ Absolument.

Nous gloussons tout deux.

_ Alors ?

_ Il m'a trompé. Et je l'ai surpris. Cela s'est passé Jeudi matin, après que j'ai été virée.

_ Toute votre existence semble tourner autour de cette matinée. Que s'est-il passé ?

_ J'ai eu un PV. Je me suis faite virée. Je suis redevenue célibataire et j'ai appris que j'étais à découvert de plus de 5 000 dollars.

_ Autant ?, me demande-t-il ahuri.

_ Oui. Quand vous êtes heureux, vous ne comptez pas. Vous n'avez jamais vécu ça, avec une femme ?

_ Non, jamais.

_ Je ne vous crois pas.

Il me regarde d'un air triste. Ah. Il disait vrai, alors. Nous continuons de danser. Mais un long silence pèse sur nous et je ne le supporte pas.

_ Etes-vous heureux, dans votre vie en général ?

_ Je suppose, oui.

_ Comment pouvez-vous en être sûr ?

Il soupire. Peut-être devrais-je arrêter de jouer ma curieuse. Oh, et puis il l'a bien fait, lui, alors pourquoi pas moi ?

_ Je suis P-DG. J'aime mon travail. Je fais ce que je veux quand je veux et...

_ Mais vous n'avez pas tout. Il vous manque quelque chose.

_ L'amour, je l'ai.

Ma poitrine se resserre. Il a peut-être une femme dans sa vie. Mais il peut ne pas être heureux avec. Alors pourquoi ne pas la larguer ? Ou alors c'est juste une fille de passage. Ou alors je me fais des films.

_ J'ai l'amour de plusieurs personnes, dont celui de mon oncle, finit-il par avouer. Et celui de mon père.

Je n'ose pas lui demander pour sa mère. S'il n'en parle pas, c'est qu'elle a dû sûrement le décevoir, ou quelque chose du genre. Je n'ose même pas penser aux miens. Seigneur. Mais il y a toujours l'ombre de cette femme qui rôde... Non, stop. Je viens de rompre. J'ai besoin de temps.

_ Et vous, l'amour ? Vous avez déjà été heureuse ?

Je réfléchis à la question longuement. En réalité, on ne peut pas dire que j'ai été heureuse avec Nathanael. C'était seulement le début. Ça se serait détérioré avec le temps. Et puis, il me plaisait physiquement. Je n'ai pas pu tomber amoureuse. Je n'en ai pas eu le temps.

_ Non. Pas encore.

_ Même pas avec votre ami ?

_ Je vous le répète, il n'est pas mon ami. Vous êtes exaspérant.

Il me regarde, limite offensé mais tout en souriant. Je glousse et nous continuons de danser. Julian approche sa bouche de mon oreille.

_ Il nous fixe depuis que nous sommes arrivés sur la piste.

_ Vous devriez être ravi, nous avons un public.

Il rit à mon oreille. C'est un son tellement beau. Je ne peux m'empêcher de me dire que je suis bien tombée, à cette soirée.

_ Juste un conseil, passez plus de temps avec votre oncle. Cela lui ferait plaisir, je pense.

_ Pourquoi vous me dîtes ça ?, me demande Julian intéressé.

_ Suivez juste mon conseil. Ils sont plutôt bons, en général. Sans me venter bien sûr.

Il finit par sourire et mon cœur se radoucit. La musique s'arrête progressivement. Julian et moi restons dans la même position durant quelques secondes, puis nous imitons le reste la foule et nous applaudissons les musiciens. Nous nous regardons encore une fois, Julian et moi avant de regagner notre table. Je saisis mon téléphone et me rend compte que j'ai trois messages. Un de chacune de mes amies. Et finalement, je regarde l'heure. Il est 23h.

_ Il faut que je rentre. Je vous prie de m'excuser. Demain, il faut que je me lève tôt.

_ Vraiment ?, me demande Julian.

Au début, j'ai l'impression qu'il est déçu. Puis, il se reprend.

_ Bien. Je vais vous raccompagner, dans ce cas.

_ Ne vous en faites pas, je connais le chemin de la sortie.

_ J'insiste.

Il persiste à me regarder et je cède. Je fais oui de la tête et dis au revoir à Luke et Caroline. J'en profite pour les remercier pour cette soirée.

_ C'était fabuleux. Merci encore, Luke.

_ Rappelez-vous, dès que vous avez un moment, venez me sauver !

_ Mon oncle, je suis là aussi.

_ Oui, mais tu n'es pas pareil que notre chère Mary.

_ Je vois, dit-il feignant la déception.

Ils rient ensemble et je récupère mes affaires. Miranda et Nathanael me voient quitter la salle au bras de Julian. Et alors ? Ils peuvent se curer le nez devant le Pape, je ne montrerai pas pour autant ma réaction.

Il fait frais, dehors. Je mets vite mon manteau et nous descendons les escaliers. Il n'y a plus personne à présent. Plus de journalistes. C'est totalement vide. Et c'est tant mieux. J'aurais mal vécu une deuxième séance photo. Julian lève la main et un taxi arrive juste devant nous. Je me retourne vers Julian. Il m'imite.

_ Je vous remercie pour ce soir. C'était délicieux.

_ Tout le plaisir était pour moi. Vous avez peut-être fait évoluer mon entreprise, ce soir.

_ Je n'ai fait que souffler une idée. Vous seul saurez ce que vous en ferez, monsieur Landry.

_ Julian. Julian, s'il-vous-plaît.

Je lui souris et baisse la tête à cause de la gêne. Je regarde vers le taxi et reviens sur Julian.

_ Je vous souhaite une bonne fin de soirée. Julian.

Il sourit.

_ A vous aussi, Mary.

Il se penche mais s'arrête dans sa lancée. Mais il continue de plonger sur moi et m'embrasse la joue, délicatement. Euh... Ok... Comment vous dire que je ne m'y attendais pas ? Eh bien, je ne m'y attendais vraiment, mais vraiment pas ! Je rougis et lui fais un signe de tête. Je tourne les talons et file vers le taxi. Je le regarde une dernière fois et indique mon adresse au chauffeur. Une fois le taxi prêt à tourner, je vois la silhouette de Julian remonter doucement les marches de l'hôtel. Mon Dieu, mais quelle soirée.

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Salut tout le monde :)

J'espère que vous allez bien ! Moi, tout baigne !

Donc voilà le nouveau chapitre, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires :)

A votre avis, que va-t-il arriver à Mary dans les prochains jours ? :D

Pour le prochain chapitre, 350 lectures sont demandées :)

Gros bisous,

Joëlle SADOK-QUILICHINI

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