Chapitre 10
Je suis devant l'entrée de l'immeuble de Landry Corporates. Je pousse la porte et envoie un SMS à Luke disant que je suis là.
J'arrive.
Je me regonfle à bloc et m'engouffre dans l'ascenseur, pour me mettre à côté des portes. Tomber une fois m'a suffi. Une fois l'étage atteint, je sors et je vois Luke devant la réception avec Julian. Quand Julian me voit, il tourne les talons et s'en va. Ok. J'ai ma réponse. Il ne veut plus me voir. Tous mes espoirs se sont envolés. C'est trop tard. Merde. Mais pourquoi avoir envoyé ça à Nathanael ?
_ Bonjour Mary. Mary ?
_ Il faut que je te parle.
Une fois au café, je tourne la tasse entre mes doigts. La chaleur du thé me fait du bien. Luke revient avec les sucres.
_ Explique-moi.
_ Je... Je me suis remise avec mon ex, mais il est bizarre.
_ Nathanael ?
Il a l'air étonné, voire déçu.
_ Ecoute, je sais qu'il s'est mal conduit mais je pense que je devrais lui donner une autre chance. Nous faisons tous des erreurs.
_ Mais... Ecoute, tu fais ce que tu veux. Je n'ai pas le droit de te dicter ta conduite. Si tu penses que c'est le mieux pour toi, alors vas-y. Mais fais attention, compris ?
_ Oui.
On se sourit et nous buvons notre boisson. Cependant, quelque chose le tracasse. Ça se voit. Il bouge ses doigts dans tous les sens.
_ Qu'est-ce qu'il ne va pas, Luke ?
Il soupire et me regarde avec un air de désolation. Je redoute sa réponse.
_ C'est Julian, c'est ça ?
Je réponds moi-même à mes questions, à sa place. Il lève les yeux vers moi et fait oui de la tête.
_ C'est à cause de moi ? Quand je suis arrivée, il ne m'a même pas dit bonjour.
Je lui donne du fil à retordre. Il ne veut pas parler, c'est sûr. Mais il faut que je sache. Mon téléphone vibre. C'est Nathanael.
Où es-tu ? x.
Je suis au café à l'angle de la troisième et de la quarante-deuxième.
Je pose mon téléphone et revient sur Luke. Il touille tranquillement son café et se pince les lèvres. Maintenant, elles ne forment plus qu'une fine ligne sur son visage. Il est soucieux. Quand je me décide à ouvrir la bouche, il ouvre la sienne. Je ferme donc la mienne, attendant sa réplique. Sauf qu'il fait comme moi. Et c'est arrivé à deux reprises.
_ On peut continuer comme ça encore longtemps, tu sais, Luke ?
_ Il est mal en point.
Ma mâchoire m'en tombe. Julian, mal ? Impossible.
_ Comment ça ?
Luke croise les bras sur la table et poursuit en me transperçant de son regard :
_ Tu te souviens quand il est parti, Samedi soir ? Depuis ce moment-là, il a la tête ailleurs. Aujourd'hui, nous avons assisté à une réunion avec différents chefs de pôles. Il ne disait rien du tout. Il faisait juste un signe de tête, de temps en temps. J'ai dû diriger toute la réunion. Et quand tu nous as vus, on était en train d'en discuter. Mais il est parti avant de me dire pourquoi il est comme ça.
_ Oh... Tu as une idée de la raison ?
_ Ça doit être elle.
J'en étais sûre. Il y a bien une fille. Et je ne sais pas pourquoi mais mon cœur se serre quand il dit ses mots.
_ Qui elle ?
_ Une fille qu'il a rencontré, il y a à peu près un mois de ça, avoue-t-il en soupirant. Il m'a dit qu'elle était sympa. C'est tout. Mais je n'en sais pas plus, pour le moment.
Mes yeux me piquent. Je n'arrive pas à le croire. Il y avait bien une femme, alors. Et moi qui ai osé penser qu'il n'avait personne dans sa vie. Enfin, un homme comme ça ne peut être qu'en couple, bon sang. Je suis tellement naïve. Ce n'est pas possible. Et pour couronner le tout...
_ Mademoiselle Mary Dickens ?, demande une serveuse en rentrant dans le salon de thé.
Je me retourne avec des sourcils froncés.
_ Oui ?
_ Il y a quelqu'un pour vous.
Elle se décale et un homme avec une casquette de livreur se montre, portant plusieurs ballons de bons rétablissement, attachés à un petit paquet. Il le pose sur la table et deux ballons viennent me caresser le visage. Je les pousse de la main pour les éloigner. Le livreur me passe le papier et je signe. Il tourne les talons et reprend sa course. Tout le monde dans le restaurant me regarde. Luke a un petit rire.
_ Bon rétablissement ?
_ Hier, je lui ai dit que j'avais une gastro-entérite très ravageuse pour le faire déguerpir de chez moi. Il m'a envoyé un bouquet de fleurs au bureau. Et il m'a attendu à mon appartement, pour me faire la surprise. Vu qu'il ne m'avait pas prévenu, j'ai cru à un cambrioleur. Je lui ai fait pschitt avec mon spray au poivre.
_ Tu n'es pas sérieuse ?, pouffe-t-il.
_ Si. Mais ce n'est pas ma faute !
Nous rions et je regarde la petite boite bleu foncé, accrochée aux ballons.
_ A ton avis, c'est quoi ?, demandais-je à mon ami.
_ Sûrement des boucles d'oreilles.
Même si la boîte paraît trop petite pour des boucles d'oreilles, j'essaie de me dire qu'il a raison. Je décale les ballons et coince les fils sous mon pied. Je respire un bon coup et j'ouvre la boite.
_ Oh mon dieu...
_ Une...
_ BAGUE !
Oui, une bague. Avec un diamant gros comme une mouche. J'en perds mon souffle. Et des mains viennent se poser sur mes yeux.
_ Qui est-ce ?, dit la voix avec une tinte d'amusement.
Je le reconnaitrais entre mille.
_ Nath...
Il retire ses mains et je me retourne, les larmes aux yeux. Non... Dès qu'il voit que j'ai les larmes aux yeux, il perd son sourire.
_ Bébé, ne pleure pas, s'il-te-plaît...
Il me serre contre lui.
_ Tu vas mieux ?, me demande-t-il.
_ Une santé de fer...
J'étouffe dans un sanglot. Pourquoi ça tombe sur moi ? Il saisit mon visage entre ses mains et essuie mes joues.
_ Mon amour, s'il-te-plaît. J'ai un truc à te dire...
Oh putain...
_ Depuis que je t'ai vu, je me suis dit « Wow, celle-là. Je la veux. Elle n'est pas comme les autres. »
Arrête, je t'en supplie.
_ Et je t'ai eu. J'ai fait une erreur. Mais je ne recommencerai pas. Je te le jure. Je le jure sur ma vie que je ne ferai plus jamais de mal. Mais seulement si tu me dis un mot.
Et il pose un genou à terre. Je plaque ma main sur ma bouche pendant qu'il tient la gauche et qu'il récupère la bague.
_ Mary Dickens...
Je regarde Luke. Il est aussi sidéré que moi. Mais il ne pleure pas lui. J'aimerais m'enfuir mais mes jambes refusent de bouger de là. C'est comme si j'étais vissée au sol...
_ Veux-tu m'épouser ?
Dis quelque chose. Tout le monde regarde alors sors un truc, Mary ! Dis non. Dis non. Dis non. Dis non.
_ Oui...
Finalement, le système cerveau/bouche ne fonctionne pas chez moi. Et à la seconde où je prononce ce mot, ce petit mot de rien du tout, je le regrette déjà. Comment ai-je pu...
_ Oh mon amour !, s'écrie Nath en me prenant dans ses bras.
Mes larmes coulent comme les chutes du Niagara. Ce devait être un moment magnifique, heureux et plein d'amour. Mais c'est tout le contraire qui est en train de se produire, en vérité. J'ai envie de crier mais la boule dans ma gorge m'en empêche. Je devrais penser à mon bonheur. Mais là, je ne pense qu'à une chose. Ou plutôt quelqu'un. Mes parents. Ils m'avaient dit que je devais être heureuse. Que dans n'importe quelle situation, je devais m'imposer, m'affirmer. Je l'ai fait jusque-là, et avec Nathanael, ça ne marche pas. Et maintenant, je me retrouve dans une situation super embarrassante. Et c'est atroce. Nath me glisse la bague au doigt et me resserre davantage contre lui. Luke s'est décalé. Et j'ai compris. Il n'est pas pour moi. Il est pour une autre, ce cadeau. Et Nath' n'est pas pour moi, mais pour une autre, aussi. Mais c'est trop tard. J'ai dit oui. Nathanael prend ma main, que je laisse pendre dans la sienne.
_ Je suis désolé mais il faut que je retourne au bureau. Je n'avais qu'une demi-heure de pause.
_ Ok...
J'essuie mes larmes et il m'embrasse. Non. Tout sauf ça. Et merde... Il part et me laisse seule, avec Luke et les personnes qui ont tout vu. Je le regarde. Il a l'air désolé.
_ Viens avec moi.
On paie et on part. Il m'emmène dans l'immeuble de Landry Corporates. Je le regarde, affolée.
_ Ce n'est pas ce que tu crois.
Nous entrons dans l'ascenseur et il appuie sur le bouton du dernier étage. Nous montons et heureusement nous ne croisons personnes. Ce qui est très rare. Il me serre contre moi et je me calme. Les larmes s'arrêtent petit à petit de couler. Nous arrivons à l'étage voulu et nous montons l'escalier pour...
_ Le toit ?, m'exclamais-je.
_ Oui. Quand on a commencé la boîte, j'étais jeune. Et des fois, j'en avais plus qu'assez. Je venais ici pour crier un coup puis redescendre comme si de rien n'était.
Je le regarde et tourne la tête vers le panorama qui s'offre à moi. C'est comme si nous étions dans une jungle. Une jungle urbaine. Je m'approche un peu du rebord. Luke fait un pas vers et rit :
_ La première marche est vraiment haute.
Nous rions ensemble. Puis, nous redevenons sérieux en repensant à la raison pour laquelle nous sommes ici.
_ J'ai vu ta tête quand Nathanael est arrivé. J'ai vu ce que tu ressentais. Et tu n'es pas heureuse.
Je n'ose même pas répondre. Il a raison, après tout.
_ Je ne sais pas où j'en suis, Luke. C'est horrible comme situation. Je voulais dire non. Mais ma bouche en a décidé autrement. Et tous ces gens, aussi. J'avais l'impression de revivre le moment où il m'a demandé de le reprendre. C'était en pleine rue. Il y avait du monde. Et je... J'étais avec...
Mon cœur se serre en pensant à lui. Je n'ose même pas imaginer. Je suis une catastrophe.
_ J'ai tout gâché.
_ Non. Tu n'as rien gâché du tout. Tu as bien compris ? Viens là.
Il me serre contre lui. Il me rappelle tellement mon père. C'est vraiment un calvaire. Il me sourit et me dit de crier. De crier aux immeubles, comme je crierai aux gens que je hais le plus au monde. Et une personne me vient en tête. Moi-même.
Et je crie. Je me déchire littéralement les cordes vocales. Et ça fait mal. Mais j'ai encore plus la haine. J'ai crié pendant trente secondes, puis ma voix est devenue muette. Et j'ai recommencé à pleurer. Je me suis accroupie sur le sol et j'ai enfouie mon visage entre mes genoux. Je balance en avant et en arrière pour me calmer, comme quand j'étais petite. Luke pose ses mains sur mes épaules et embrasse le haut de ma tête.
_ Il faut que tu ailles voir tes amies. Que tu leur explique. Il faut que tu leur dises ce qu'il s'est passé. Elles t'aideront à trouver une solution.
_ J'espère. Je me suis déjà disputer avec Amanda au sujet de Nathanael et du coup, j'ai peur.
_ Ça va aller. Ne t'en fais pas, tout se passera bien.
Il me fait un sourire et j'essaie de lui rendre. Nous descendons jusqu'à son bureau où l'on s'assied cinq minutes pour boire de l'eau. Mon téléphone sonne. Je réponds sans regarder.
_ Mademoiselle Dickens ? C'est encore monsieur Jason Gordon. Je vous appelle pour...
Je panique. Et sans réfléchir, j'adopte une voix de femme réceptionniste dans un centre téléphonique.
_ Bonjour. Le numéro correspondant est actuellement occupé. Veuillez rappeler ultérieurement.
Je raccroche sous les yeux incrédules de Luke.
_ C'est mon banquier.
_ Ah !
Il sourit et je ne peux m'empêcher de rire à mon tour. Je suis assez fière de moi. Mais en repensant à ce qu'il vient de se passer, la fierté repart comme elle est arrivée. En coup de vent. Pouf !
En retournant à mon appartement le soir même, je suis passée devant un magasin assez atypique. Et quand j'ai vu ce qu'il y avait à l'intérieur, je me suis imaginé un plan diabolique pour pourrir la vie de mon banquier autant qu'il a pourri la mienne. Il faut que je me défoule sur quelque chose. Et je suis sûre que plusieurs d'entre vous aimeriez faire la même chose. Alors pourquoi ne pas prendre une revanche pour tout le monde ?
Je suis chez moi. J'attends les filles. Et voilà le plan de table. Le bouquet et la bague juste à côté. A eux deux, on dirait qu'ils complotent contre moi. Je suis assise sur le canapé et entend quelqu'un monter les marches. On frappe à ma porte. C'est Amanda. Et elle est seule. Oh bordel...
_ Ma chérie, ça va ?, m'interroge-t-elle en voyant mes yeux rouge et bouffis.
_ Nathanael m'a demandé en mariage, et j'ai dit « oui », comme une idiote.
Gros silence. J'ai cru qu'elle allait m'engueuler. Ou tourner les talons. Ou rien faire et balancer quelque chose à travers la pièce. Mais non. Au lieu de ça, elle s'approche de moi et m'enlace contre elle. Je suis tellement déboussolée que je la regarde d'une façon très bizarre et elle rit.
_ Quoi ?
_ Tu ne m'engueule pas ?
Elle rit de plus bel.
_ Je suis énervée contre toi. Parce que tu es une crêpe. Mais qu'avec Nath. Et ça me rend dingue. Mais on va trouver une solution. Ne t'en fais pas, ça va s'arranger. Et Julian ?
Quand elle a prononcé son prénom, je suis partie en sucette. J'arrivais plus à respirer, ni à parler. Les sanglots que j'émets sont trop forts pour moi. Je n'arrive pas à me calmer.
_ Il... M'a... Vu... Et... Et... Il a... Tracé... Sa route... J'ai tout... Gâché...
C'était tellement dur de sortir ses mots-là. Mais ses bras se sont resserrés autour de moi. Julian ne me veut pas. Alors inconsciemment, j'ai dit oui pour ne pas finir vieille fille, ou essayer de me réconforter. Je ne sais pas. Je crois que je suis perdue. Non, jure ?
_ Et en plus... Luke était... Là... Il a tout... Vu... Et Vendredi, je suis censée... Aller avec Julian... Dans... Les... Hamptons... Pour son... Entreprise...
_ Oh merde...
_ Mais je... Pense que... C'est mort... Il ne me veut pas...
_ Mais si ! On n'oublie pas quelqu'un comme ça.
Je la regarde et essuie mon nez d'un revers de manche.
_ Faut que je t'apprenne à être sexy, même en étant triste, ma chérie.
C'est la première fois que je rigole depuis... Je ne sais plus depuis quand. Mais j'ai l'impression que cela remonte à des siècles. Carrie et Ellie sont arrivées. On leur a tout expliqué et elles sont d'accord avec Amanda. Il faut que je devienne sexy, même triste.
Amanda m'a emmené le dossier d'Ellie, sur son livre. Je l'ai commencé le soir même quand elles sont toutes reparties. Ça me changera les idées. Et je dois dire qu'Ellie est très douée. J'ai tout lu d'une traite. Et j'ai fait nuit blanche. Quand je l'ai fini, il fallait que je reparte au travail. Je me suis habillée et je n'ai pas mis ma bague. Je l'ai glissé dans ma poche. Ça ne va pas la tête ?
J'ai apporté le livre à Magda, lui disant que c'était celui d'une amie pour avoir son avis.
_ Elle ne veut pas qu'on la publie. Mais j'aimerais que tu me donnes ton avis dessus.
_ Pourquoi elle ne veut pas ?, me demande ma patronne.
_ Elle veut se débrouiller par elle-même.
Elle tend la main et je lui donne la pochette. Pendant qu'elle le lisait, je faisais tout. A vrai dire, nous n'avons pas eu beaucoup à faire, aujourd'hui. Les imprimeurs et les correcteurs, oui. Il faut encore corriger les œuvres qu'on a récemment acceptées. Au fur et à mesure que Magda tournait les pages, elle riait de plus en plus. Je pense que c'est bon signe pour la suite.
A 19h, elle me rend le dossier entier.
_ Publie-la. Cette fille a du talent. Sinon, on la fait cette fête ou pas ?
Je souris à Magda, qui me le rend. La soirée est organisée chez Pinot. Et je vais publier Ellie. Une bonne nouvelle dans tout ça. Cela fait du bien. Beaucoup de bien. Ce soir, je lui annoncerai que je la publie. Mais...
_ Mary ?
Maddie vient de rentrer dans mon bureau.
_ Oui ?
_ Un certain Nathanael Haarp t'attend, en bas.
Magda me lance un petit regard qui veut tout dire. Je prends mon courage à deux mains et je me lève. La tête haute, je traverse l'étage entier et je descends les escaliers. Tout le monde me regarde approcher de Nath.
_ Mon amour, tu m'as...
Je le fusille du regard en levant l'index et sors de Book Bazar. Il est dérouté. Tant mieux. Une fois dehors, je me retourne sur lui et je lance ma phrase d'une traite.
_ Qu'est-ce que tu fais ici ?
_ Je suis venue te chercher. Au travail, se défend-il en pointant du doigt l'enseigne.
_ Ne viens pas à mon travail. Jamais.
_ Ecoute, je m'excuse. Juste pour te dire que j'ai appelé l'église pour leur dire qu'on allait se marier. Ils sont ok pour poser ça pour Samedi. Tu en dis quoi ?
Il n'est pas sérieux ? Rassurez-moi, il n'est pas sérieux ?
_ Mais tu n'es pas possible !, scandais-je.
Je vois Magda sortir la tête de la fenêtre. Pratiquement tout le monde nous écoute. Je fais un signe de tête à Magda et reviens sur Nath.
_ Tu ne pouvais pas m'en parler avant ?
_ Je...
_ Nath, tu te rends compte que toutes les décisions, par rapport à ça, tu les prends, toi ? Sans me consulter ? On est tous les deux dans le même bateau !
Son téléphone sonne et il décroche vite fait.
_ Je te rappelle, bébé, je suis...
QUOI ???? Nath lève doucement le regard vers moi. Il dit « Je te rappelle » à la personne au téléphone. Il garde sa bouche ouverte, redoutant ma réaction. La haine monte en moi.
_ T'appelles qui comme ça ?
_ Euh...
Il ne sait plus du tout où se mettre. Il fait les gros yeux, en me voyant devenir dingue, voire hystérique.
_ Tu me trompes encore ?
Il ne répond pas. Une longue pause qui en dit long sur la réponse. Oh Seigneur !
_ Tu ne changeras jamais. Le bouquet, la bague... T'as fait ça pour te payer une assurance comme quoi je te faisais encore confiance à l'aveuglette ?
_ Mary, je...
_ Ferme-là ! Tu n'as rien à me dire. Tu n'as rien à faire. Tu vas juste reprendre ça, gueulais-je en sortant la bague de ma poche et en la posant dans sa main violemment. Ton pénis en feu et vous vous barrez de ma vue. Je ne veux plus te voir, Nathanael. C'est finit entre nous. Et pour de bon, cette fois.
Je le bouscule de l'épaule et me précipite à l'intérieur. Je monte à l'étage et Magda se tourne vers moi. Elle m'applaudit. Et tout le monde la suit. Je souris. Et je me rends compte enfin qu'un poids vient de s'enlever de mes épaules. Et je respire à nouveau. Magda s'approche de moi et nous nous sourions.
_ Que dîtes-vous de descendre chez Pinot ? On a une fête à faire !
Nous crions tous un cri d'approbation. Et nous descendons chez Pinot.
_ Bonsoir tout le monde !, lance Pinot quand nous entrons.
_ Bon alors, elle est où cette réception ?, s'exclame Sophie.
Nous nous installons à notre table et nous commandons du champagne. Les bouteilles et les coupes ne tardent pas à arriver.
_ Bon, tu nous explique, Mary ? C'était quoi cette scène ?, me demande Jerry, le gars de la maintenance.
_ C'était mon mec. Il m'a trompé. Et je l'ai jeté. Il n'y a rien de plus.
_ Mais, et cette bague alors ?, s'exclame Maddie.
_ Il m'a demandé en mariage, hier. J'ai dit « oui » parce...
Tout le monde penche la tête vers moi pour entendre. Mais les mots ne sortent pas. Rien que de penser à Julian, je me sens mal.
_ Il y a un autre homme. Je pensais qu'il m'appréciait. Enfin plus, même... Mais il y a une autre femme... Du coup, j'ai pensé que... Qu'avec Nathanael, ça passerait. Mais j'ai du mal. Enfin je n'ai pas réfléchit.
_ Comment ça se fait ?, Magda est sciée. Il ne peut pas ne pas vouloir de toi. Il ne peut pas. Tu es tellement... Toi...
_ Qui est-ce ?, demande Marc, un des correcteurs.
Je respire à fond et regarde Magda. J'appuie mon regard et elle comprend de qui je veux parler.
_ Julian ?
Tout le monde se tait. Je baisse la tête et triture mes doigts. C'est embarrassant.
_ Oui..., dis-je en levant des yeux coupables vers elle.
Tout ce qu'elle fait, c'est sourire. Seulement ça. Le reste de l'assemblée... C'est comme s'ils regardaient tous un Jackson Pollock. Ils sont confus, ne savant pas ce que ça veut dire. Magda rigole et me regarde avec des yeux pétillants.
_ Et, toi ? Il te plaît ?, me demande-t-elle.
Je ne me suis jamais posée la question. C'est vrai que quand il est tout près, je suis comme une autre personne. C'est assez bizarre. Mais il y a l'autre. L'autre fille dans sa vie.
_ Je crois oui, soupirais-je.
_ Mais qu'est-ce que tu attends, alors ?, s'écrie Sophie.
_ Il y a... Une autre fille.
Tout le monde se tait puis ça devient une cohue monumentale. J'entends des collègues dire : « Ce n'est pas possible ! » ou « Mais qu'il est con ! » Magda lève les mains en l'air pour que tout le monde se calme.
_ En tout cas, en livre, ça ferait un carton !, rit-elle. Il faut que tu lui parles, fille ou pas fille. Tu as quoi à perdre ? Rien.
Elle a raison. Je n'ai rien à perdre. Mais si je me fais rejeter, mon amour propre en prendra un coup. Je soupire et je bois dans ma coupe.
Nous n'avons pas mangé d'escargots. Heureusement. Sinon, j'aurais senti l'infarctus venir gros comme une maison. Vers vingt-deux heures, nous quittons enfin le restaurant. Les filles sont toutes chez Ellie. J'en profite pour ramener le manuscrit.
_ Il était temps que tu arrives, proteste Ellie en m'ouvrant la porte.
_ Désolée mais nous étions en pleine réception, chez Pinot, dis-je en lui tendant sa pochette bleue.
Elle fronce les sourcils en le voyant dans mes mains. Elle le récupère et me regarde, étonnée. Je rentre dans son appartement et dis bonsoir à mes deux autres meilleures amies. Ellie revient en agitant son bouquin.
_ Qu'est-ce que tu fais avec ça ?
_ Je l'ai fait lire à Magda, pour que tu aies un avis professionnel.
_ Je t'avais dit que...
_ Elle a adoré, corrigeais-je en levant la main vers elle.
Ellie garde sa bouche ouverte. Les mots tournoient au-dessus de nous. Lorsqu'elle voit mon sourire sincère, elle explose.
_ Oh mes aïeux ! Je... Une pro' aime ce que je fais !
_ Et elle n'est pas là seule, ajoute Carrie en riant. C'est super !
_ Tu peux l'envoyer, il n'y a pas de problèmes.
Ellie commence à pleurer. Je fonce sur elle, comme nos deux autres acolytes et nous la prenons dans nos bras. Elle fond littéralement. Mais elle est heureuse. Et c'est tout ce qui compte.
Après la moitié d'une bouteille de champagne, nous entamons enfin le sujet « Nathanael Haarp ».
_ Et Nathanael ?, demande Amanda en buvant dans sa coupe.
_ Je l'ai quitté.
Elles n'osent plus bouger. Elles me regardent toutes avec des yeux gros comme des œufs d'autruches. Quand je vous disais qu'ils finiraient par avoir les yeux plus gros que la tête ! Je ris et les regarde chacune leur tour.
_ Il a débarqué à Book Bazar en disant qu'il avait appelé l'église et qu'on se marierait Samedi. Et juste après, il a reçu un appel. Et il a appelé l'autre bébé.
_ Oh le con...
Carrie se lève, furibonde.
_ Mais c'est un véritable connard, ce fils de...
_ Carrie ?, m'écriais-je.
_ Quoi ? C'est vrai, non ? Il t'a prise pour une imbécile, Mary.
Je n'ai jamais vu Carrie comme ça. Autant énervée. Elle qui est si douce et si... Innocente. Je lève les sourcils en souriant face à cette nouvelle facette d'elle.
_ Si je le croise dans la rue, je le traite de tous les noms. Tu as ma parole.
Je me lève et la prend dans mes bras.
_ Je sais.
_ Personne ne te fait du mal, Mary. Personne.
Je souris et lève mon verre.
_ A nous.
Mes amies lèvent leurs verres à leur tour.
_ A nous !
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Coucou la populace !
J'espère que vous allez bien!
Donc voilà le nouveau chapitre ! Il en reste encore trois, mes chers amis! Et oui, c'est bientôt la fin, mais cet été je reviens en force, ne vous en faites pas ;)
Gros bisous,
Joëlle SADOK-QUILICHINI
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