Lundi 06/03/17
Je ne me sens vraiment pas bien. J'ai mal au ventre et j'ai la gorge sèche. J'ai des frissons de dégout et je tourne de l'œil. J'ai froid puis chaud et une sacrée nausée.
Ouais, je sais ce que vous pensez. Je suis malade ? Dès le lundi matin...
À vrai dire les symptômes ont commencé dès le réveil. A peine avoir ouvert les yeux et j'ai senti des sueurs froides se dégager dans mon dos. Ça ne s'est absolument pas calmé quand je suis rentré dans ma voiture pour venir à cette putain de réunion.
Mais j'ai cru faire un infarctus ce matin. J'ai vraiment failli y passer. À peine entré dans le hall de l'entreprise que j'ai croisé Martine.
Jusqu'ici tout va bien, mais mon cerveau a débloqué et j'ai failli gerber. Pourtant je n'ai pas mangé ces petits biscuits de merde mais j'ai quand même faillit tout lâcher.
Le plus gros du problème de toute façon c'est Martine qui me sourit. Si Martine sourit c'est qu'il y a une grosse anguille sous la roche. Une anguille ? Oubliez ça, un boa sous la roche.
Cette peste ne sourit jamais. Elle tire tout de suite la tronche et dit à peine bonjour. Mais ça je m'en tape. J'apprécie même les jours où elle grimace lorsqu'elle me voit. C'est que je lui fais toujours le même effet et d'un côté j'en suis fièr. Sauf que là, merde !
Elle m'a souri et je vous assure que si je n'avais pas un esprit aussi tordu parfois je me dirai que ce n'est rien de grave. Qu'elle a passé une belle nuit avec son mari et qu'un jour peut-être dans sa vie elle était heureuse. Sauf que tout le problème est là. Cette nuit, c'est moi qui suis passé à la casserole.
Rien que d'y penser, j'ai un spasme supplémentaire de dégout et ma gorge cherche son air.
Je n'arrive pas à croire que j'ai pu déconner à ce point. À quel moment j'ai décidé de créer ce machin ?!
Oh oh ! attendez... je n'ai rien fait. Rien de bien réel en tout cas.
J'ai rêvé.
Et je suis certain que je ne suis pas le seul à rêver du travail. C'est épuisant comme sensation, on a juste l'impression de ne jamais déconnecter. Mais parfois les rêves sont classes. Comme la fois ou j'ai rêvé que j'avais gagné à l'euro million et j'ai racheté l'entreprise pour tous les virer par la suite pour des raisons débiles. J'ai viré le grand patron parce qu'il avait cassé la machine à boule.
Faites pas cette tête, vous la connaissez cette machine. C'est celle qui est à l'entrée de Carrefour, où vous mettez un euro, vous tournez la manivelle et il y a une boule qui tombe avec un bonbon dedans. Bah quoi ?! Si, c'est un très bon motif de licenciement.
Il avait qu'à bien tourner la manivelle aussi !
Ou encore la fois où je me suis baladé avec un char d'assaut dans l'entreprise. Bon...
Je l'admets, je me suis endormis sur un film de guerre mais n'empêche que ça soulage de dégommer les murs du grand patron avec un canon.
Bref.
Je sais que je déconne un peu mais de là, à faire le rêve de cette nuit. J'ai touché le fond.
Le travail me monte à la tête. C'est certain. Je n'ai pas d'autre explications.
Parce que je vous vois venir avec votre théorie du subconscient qui révèle ce que l'on désire au plus profond de soi. Non.
Au grand JAMAIS NON !
Je ne voudrais jamais me taper Martine. Sauf que ma tête à grave déconné et cette nuit j'ai fait un rêve torride de Martine.
Enfin... torride... il n'y a rien de bien sexy qu'une culotte de grande mère, du rouge à lèvre sur les dents et des seins qui pendent. Mais pour ma tête, c'était un mannequin.
Il faut que je reprenne absolument mon traitement. Mon médecin m'avait bien dit qu'il y avait parfois des risques d'irritabilité et d'insomnie si je l'arrêtais. S'endormir à deux heure du matin ne pouvait être qu'annonciateur d'une nuit de merde. Non ?
- Luc ?
Putain de merde elle me sourit encore. Luc, ignore là.
- Luc ?!
Non, je ne te vois pas. Tu es dans ma tête et ce n'est pas réel. Je vais claquer des doigts et me réveiller et ton sourire va disparaitre.
- LUC !
Ah voilà ! Elle fronce les sourcils et me lance un regard noir. Le soulagement est à son comble. C'est comme si je retrouvai enfin la sortir d'un labyrinthe.
- Quoi ?!
- Merde ! t'es bouché !?
- Non, mais à toi ça te ferait du bien qu'on te débouche !
Putain de merde j'ai vraiment dit ça là ?! Vu leurs regards je l'ai vraiment fait. Alexandre manque de s'étouffer en toussant et Julie à ma droite me sourit de manière gênée. Je cherche un allié du regard et le pire c'est que c'est le Big Boss Bis qui me sourit bêtement. Si j'avais pensé à un instant qu'il me taperai dans le dos. Ouais bon, il ne me tape dans le dos là, mais son regard me le fait clairement comprendre qu'il est de tout cœur avec moi. C'est vrai qu'il était pas mal ce missile. Je crois que je viens de couler le porte avion de Martine. Depuis le temps que j'essaye de le défoncer celui-là. Enfin, quand je parle du porte avion c'est son ego de merde. Bon, maintenant il faut que je me sorte de tout ce bordel sans trop de casse.
- Rien à dire cette semaine. Et toi Julie ?
Elle secoue la tête alors qu'une mouche vole. Elle vole vraiment et passe devant mes yeux. Elle tournoie et devient une très bonne diversion. Elle se pose doucement sur la table en verre mais le cahier qui s'éclate sur elle fais sursauter tout le monde.
En révélant le regard, Martine me sourit comme si elle sortait d'un asile. J'ai du mal à ne pas élargir le mien. Je viens de lui pourrir les premières heures de sa journée et rien que pour ça elle sera meilleur que cette nuit mais je vois dans son regard le retour de bâton. Elle va se venger de ça. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas bon de penser au travail la nuit. Ça démontre toujours que vous vous investissez trop et que ça prend une bien trop grande place dans votre vie. Il n'y a qu'un remède et je pense que je vais jouer ce joker dans pas longtemps.
J'ai réellement besoin de vacance.
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