Chapitre 6 :
— Ah, il se réveille !
Ludwig ouvrit d'une lenteur extrême ses yeux noisette et grimaçait alors qu'il ressentait un afflux de douleurs. Sa tête lui faisait horriblement mal et il entendait un bruit sourd insupportable. Ses bras et ses jambes lui semblait être ratatinés.
— Je suis mort ?
— Non, non, ne t'en fais pas, rassura une voix familière. Tu es toujours parmi les vivants.
La vision du jeune homme était encore floue mais il réussit à dinstinger les traits de Davy. Par un léger mouvement de la tête, Ludwig analysa le contenu de la pièce. Les roches brunes des murs lui indiquèrent qu'il se trouvait dans le château royal. La salle n'était pas particulièrement remplie hormis un buffet en bois de chêne dont les portes étaient ouvertes. Elles laissaient voir le contenu du meuble qui n'était composé que bocaux, aiguilles et bandages.
— L'infirmerie ? lâcha Ludwig, encore dans le gaz.
— Oui, confirma son ami. Les médecins vont s'occuper de tes blessures.
En effet, les silhouettes de deux autres hommes se dessinèrent. L'un palpait légèrement les jambes du jeune homme tandis que l'autre prenait des notes sur un petit calepin.
— Rien de grave pour les jambes, conclut ce dernier. Passons au haut du corps maintenant. Ne soyez pas effrayé, nous allons simplement déboutonner votre chemise afin de constater de l'état de votre torse.
Sans attendre une quelconque réponse, le médecin s'exécuta. Ludwig avait la chair de poule puisqu'il n'y avait pas de cheminée dans cette pièce. Seulement, cela ne semblait pas être le détail auquel Davy concentrait toute son attention.
— Je ne te dérange pas Davy ? se moqua le patient.
— Q-quoi ? B-bah non. Euh... si ?
— Tu m'épuises... Si tu veux mater, fais ça discrètement.
— Excusez-moi, intervint un médecin, c'est assez inconfortable pour nous et surtout indiscret d'entendre votre conversation. Pourriez-vous la remettre à plus tard ?
— Oui pardon. Je comptais m'en aller de toute manière, mentit le jardinier. À... À tout à l'heure.
Ludwig souffla un petit "salut", n'ayant pas la force de faire un geste de la main. L'examen reprit donc son cours et continua pendant une vingtaine de minutes.
Pendant l'absence de Ludwig, des servantes s'étaient chargées de remplacer les draps de son lit par d'autres, réchauffées. Un petit goûter avait été posé sur la table de chevet mais il ne resta à cette place que très peu de temps. Les visites furent peu nombreuses mais c'était tant mieux. Les médecins avaient insisté sur le mot d'ordre : le repos. Le jeune homme, allongé, regagnait au fil du temps ses forces.
Alors qu'il était sur le point de s'endormir, on toqua à la porte.
— Oui entrez, lança Ludwig. Ah, c'est toi, Winnie.
— Comment vas-tu ? demanda la princesse d'une voix inquiète.
— Maintenant mieux. Merci. Mais dis-moi, tu t'es cassée le bras ?
Il en était arrivé à cette conclusion puisque le bras droit de la jeune femme se trouvait soutenu par une attelle.
— Après les premières petites explosions, j'ai voulu sauter du char mais j'ai fait bêtement une mauvaise chute et voilà le résultat. Sans compter l'état de ma robe.
— C'est vrai qu'elle a pris un sacré coup.
Winnie s'assit sur le matelas avant de défroisser sa tenue déchirées par endroit.
— Mais ne t'en fais pas, rajouta le jeune homme. Tu es quand même ravissante avec.
Il termina son compliment par un petit rictus tout en fermant les yeux. Pendant ces quelques secondes, la princesse donna rapidement un baiser à son ami.
— Oh ! lâcha ce dernier, interloqué.
— P-pardon ! C'est que... J'ai cru...
Sans sortir une phrase entière, elle quitta la pièce en toute hâte, laissant Ludwig encore médusé.
Winnie n'avait pas réapparu et Ludwig était resté assis sur son lit, un peu hagard. Il semblait réfléchir alors qu'en réalité son esprit était complètement blanc, vide. Le jeune homme avait été pris de court et cela lui avait provoqué un sacré choc. Il ne faisait plus attention à ce qui l'entourait si bien qu'il ne remarqua pas l'arrivée du roi.
— Te sens-tu bien ? demanda ce dernier en voyant Ludwig immobile.
— Non ! Reviens ! s'exclama-t-il.
Le monarque leva un sourcil.
— Que ? Euh bonjour Votre Altesse.
— Peux-tu m'expliquer pourquoi tu viens d'hurler ?
Le grand homme avait encore sa peau d'ours sur les épaules mais ce n'était pas une raison pour l'énerver, surtout si cela concernait sa sœur. Ainsi, Ludwig inventa un mensonge et déclara qu'il sortait d'un cauchemar. Le roi fronça les sourcils avant de reprendre une expression normale et de se balader dans la chambre. Sans que l'occupant de la pièce ne comprenne pourquoi, le souverain passa à côté de l'armoire qu'il examina brièvement. Ensuite, il s'approcha rapidement de la fenêtre, regardant au loin.
— Vous avez quelque chose à me demander ? interrogea Ludwig.
— En effet. Je voulais savoir si tu avais remarqué un détail inhabituel. Que ce soit un objet ou le comportement de quelqu'un.
Le jeune homme y réfléchit mais rien ne lui venait immédiatement à l'esprit.
— Soit. Si quelque chose te revient, préviens-moi immédiatement, indiqua le monarque pendant qu'il se dirigeait vers la sortie.
Avant de passer la porte, il pivota subitement.
— Dernière question. La disparition de ton frère est toujours un mystère pour toi ?
L'interrogation, dont la formulation n'était pas faite au hasard, réussit à déstabiliser Ludwig.
— Non... Enfin si. Si ! Je ne sais rien de plus.
— Je ne te cache pas ma suspicion à ton égard, dit simplement le roi pour finalement quitter la pièce.
Lorsque Ludwig n'entendit plus de bruits de pas, il put enfin souffler. Seulement, c'était un bien grand mot. Le stress avait augmenté drastiquement. Le roi se doutait toujours de sa complicité. S'il découvrait qu'il était l'unique coupable, qui sait ce qu'il subirait. Pris par une panique naissante, le jeune homme mordilla sa lèvre inférieure. Le mouvement de ses dents se fit de plus en plus rapide, de plus en plus violent. Si bien qu'il se coupa assez gravement la lèvre. Celle-ci se mit à saigner et Ludwig passa son pouce sur la plaie. Il répéta le geste en pensant qu'elle cesserait de laisser sortir le liquide rouge. Une flaque de ce fluide sombre se forma sur le drap. Ludwig eut alors une petite remontée qu'il réprima aussitôt. Cependant, une deuxième surgit, bien plus violente que la précédente. Le jeune homme se mit alors à vomir à n'en plus finir. Ses repas de la journée y passaient et tachaient son lit, en plus d'émaner une odeur infecte. Il n'arrêta pas de tousser également, ce qui amena des personnes qui passaient par là.
— Ludwig ! lança Davy en accourant.
Son frère Chester l'accompagnait et prit immédiatement l'initiative d'aller chercher les médecins.
— Ludwig calme-toi. Calme-toi, murmura le jardinier alors que son ami ne cessait de vomir.
Les médecins arrivèrent quelques minutes plus tard avec leur matériel rapide. Ludwig avait finalement arrêté de régurgiter tout ce que son estomac contenait et était alors épuisé. Ainsi, sous les regards soucieux des généralistes et de Chester et celui attendri de Davy, le jeune homme s'était endormi.
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1150 mots.
Publié le 02/01/2021
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