Chapitre 5 :

— Dépêchez-vous ! La moindre minute de retard n'est pas permise !

Un unique homme s'était vu remettre l'organisation de la parade. Cela faisait plusieurs mois que tout le monde s'y préparait mais évidemment, il y avait toujours des contretemps qui arrivaient au dernier moment.

— Est-ce que la roue du troisième char a été réparée ? demanda-t-il à un autre homme.

— Oui c'est bon. Le char n'a plus qu'à retourné à sa place.

— Très bien. Et concernant la guirlande de fleurs...

— Ne t'en fais pas, un des jardiniers s'en occupe. D'ailleurs, la linwood a déjà été posée sur le char du duc et de la duchesse.

— Mais ! Que fait-elle là-bas ? Elle doit être sur celui du roi et de la reine. Un peu de bon sens.

— Ce n'est pas ce que l'un des jardiniers m'a dit, rapporta l'employé. Si la linwood se trouve sur le char du couple royal, le peuple admireront plus la fleur qu'eux. Maintenant désolé mais je dois me charger d'autres révisions.

Ce dernier partit aussitôt tandis que l'organisateur restait perplexe.

— Ça ne me paraît pas logique. La plus belle fleur devrait être associée à Ses Majestés.

Un peu sceptique, il fit un dernier tour des chars afin de vérifier qu'il n'y ait aucun problème. Quand il passa devant celui du duc et de la duchesse, il trouva idiot de leur attribuer cette merveille. Par conséquent, il décida de la déplacer. Malgré sa taille, elle n'était pas si lourde que cela, voire pas du tout. L'homme la plaça donc sur le second char et s'en alla informer ses collègues que tout était prêt.

La foule s'était déjà regroupée des deux côtés de l'allée principale du village. Des barrières permettaient de les séparer du passage du défilé. Il y avait un bruit permanent que cela soit des marchands ou des enfants surexcités. Ludwig s'était trouvé une place au premier rang et attendait patiemment l'arrivée des chars. Alors qu'il observait le monde tout autour de lui, il se fit légèrement pousser par une petite fille.

— Léa, lança une femme qui devait être sa mère. Ça ne se fait pas ce que tu viens de faire.

— Oui mais je veux voir la parade moi.

— Ce n'est pas une raison. Viens, on va voir s'il y en a ailleurs.

— Vous pouvez prendre la mienne, proposa Ludwig avec un sourire en coin. Cela ne me dérange pas. J'en trouverai une autre.

— Vraiment ? C'est très gentil de votre part. Ma fille est du type impatient si vous n'aviez pas remarqué, plaisanta la mère.

Ludwig se retira et toutes deux se placèrent où il était. Il longea donc de nouveau la foule pour être de nouveau aux premières loges. De toute manière, il n'avait pas forcément la tête à s'amuser pour cette fête. La seule chose qu'il voulait voir était Winnie. Et encore, c'est parce qu'elle l'avait menacé. Il s'agissait sûrement d'une blague mais il valait mieux obéir. C'est toujours mauvais de se mettre une princesse à dos. Heureusement, il trouva une place un peu plus loin. Peu de temps après, le début du défilé apparut et l'on voyait déjà les premiers chars au loin.

— Ça ne change jamais, souffla Ludwig avec un petit sourire.

— Toujours aussi magnifique n'est-ce pas ? fit remarquer une spectatrice à côté de lui.

Huit ans plus tôt :

— Regarde Ludwig ! Des sucettes !

— Oh oui ! Le dernier arrivé paye !

— Qu'est-ce que tu me racontes, ria son frère. C'est toujours moi qui paye. Tu n'as pas d'argent sur toi.

— C'est ce que tu crois. Regarde ce que j'ai trouvé par terre ! s'exclama le petit garçon, fier.

Alphonse examina la pièce de monnaie qui lui était tendu et se retint de rire.

— Désolé mais avec ça tu ne peux même pas t'acheter un quart d'une sucette entière...

— Oh dommage... Bon, du coup, c'est toi qui paye ! conclut Ludwig.

— Bien sûr. C'est moi qui paye...

Les deux garçons se rapprochèrent du stand et le plus âgé commanda deux de ces sucreries. Une fois en main, le benjamin n'attendit pas une seconde de plus pour s'attaquer à la sienne. Pendant qu'ils les dégustaient, ils continuèrent leur chemin à la recherche d'une place.

— Alphonse. Tu penses qu'il y aura encore le char plein de fleurs ?

— Bien sûr. Il est là tous les ans. Et puis il s'agit de celui du roi et de la reine. Il ne peut pas être absent.

— J'ai super hâte de le voir ! s'écria Ludwig qui ne tenait plus en place.

— Allez, viens par là. Nous allons nous placer à côté de ce monsieur là-bas. Comme ça, tu pourras être aux premiers loges.

Les deux frères se dirigèrent vers la place que l'aîné avait repéré. Seulement celui qui en occupait en réalité deux, ne voulait pas se décaler. Alphonse commença un peu à s'échauffer en comprenant que son locuteur ne bougerait pas de vingt centimètres pour faire plaisir à un enfant.

— Ne faîtes de caprice monsieur, s'exaspéra-t-il. C'est pour mon frère.

— Oui eh bien vous allez trouver une place ailleurs.

— Et pourquoi ce serait nous ? Vous en prenez bien deux vous, rétorqua le jeune homme.

— Pfff ! Vous me faîtes perdre mon temps ! Retournez sous les jupons de votre mère.

Sans prévenir, Alphonse donna un coup de poing dans le ventre de l'impoli. Ce dernier répliqua en le frappant au nez, ce qui le fit saigner abondamment. Les spectateurs des alentours vinrent séparer les deux bagarreurs. Bien qu'Alphonse ait commencé, tout le monde prit sa défense après connaissance de cause.

— Mais vous n'avez pas honte ! gronda une femme.

— Regardez dans quel état est ce pauvre jeune homme, ajouta un passant.

Ce dernier lui apporta ensuite une poche de glace qu'il posa sur sa blessure. La brute avait disparu entre temps. Ludwig était remonté à venger son frère mais celui-ci l'en dissuada.

— Profitons du spectacle plutôt. Ça va commencer.

Une musique entraînante se faisait entendre. Quelques danseurs firent leur apparition, suivis de musiciens. Il y avait des caisses claires, des tambours, des tubas, des trompettes et même des xylophones. Le plus jeune des frères était déjà absorbé par la parade, sous le regard bienveillant de son aîné. Vint le tour des chars. Ils étaient très fleuris, comme à leur habitude. Le premier était occupé par des danseurs habillés en rouge, vert et blanc. Il précédait d'autres musiciens. Qui eux-mêmes précédaient le plus beau des chars, celui du couple royal. La décoration rappelait l'hiver avec de la fausse neige et des sapins qui en était recouverts. Le roi portait un élégant costume rouge et vert et un amusant chapeau de la même couleur. Son épouse, avec une robe accordée au monarque, était assise de côté sur un renne en bois.

Le benjamin regarda tout de suite son frère, des étoiles plein les yeux.

— Toujours aussi magnifique n'est-ce pas ? demanda Alphonse.

— Vous allez bien ? s'inquiéta la spectatrice. Vous semblez regarder dans le vide...

— Oh oui excusez-moi. Ce... ce n'est rien. Je... Enfin bref. Nous sommes d'accord c'est toujours aussi splendide.

Sa locutrice fit une petite grimace mais Ludwig n'y prêta pas attention. Il se focalisait sur la parade qui était identique aux années précédentes. Ce qui n'était pas pour lui déplaire. Et plaire aussi. Il y avait cependant une seule différence : la linwood. Les jeunes monarques saluaient leur peuple avec dans leur dos, la plante. En connaissant déjà l'existence, le jeune homme parut moins surpris contrairement aux autres qui lançaient des "Oh !" et des "Wouah !" à tout bout de champ. Bien exposée à la lumière, elle scintillaient de mille feux.Dans tous les sens du terme.

Alors que tout le monde admirait la splendide fleur, elle s'enflamma. Elle provoqua une petite explosion ce qui la détruisit et des flammes s'éparpillèrent, brûlant les décorations. Les chars avant et arrière prirent feu à leur tour. Ceux qui étaient dessus descendirent en vitesse. Les véhicules explosèrent ensuite et des débris furent envoyés vers les spectateurs. Ces derniers, pris de panique, s'enfuirent sans attendre. Ludwig qui ne réalisait pas encore complètement, se fit bousculer et perdit l'équilibre et tomba. Il tenta de se relever mais avec l'afflux de personnes, il ne réussit pas. Certains lui marchaient même dessus. Le jeune homme se mit en boule mais cela ne le protégeait pas des coups au dos ou à la tête. La densité de la foule ne faiblissait pas, contrairement au forces de Ludwig.

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1378 mots.

Publié le 19/12/2020

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