Chapitre 2 :
Tous les deux se rendirent vers leur domicile commun qui était à seulement quelques minutes de leur point de départ. Ils arrivèrent donc, cette fois-ci devant un immense portail argenté et furent interpellés par un homme portant une armure.
— Halte-là !
En s'avançant, il reconnut la jeune femme avec sa robe bustier rose et crème, sa coiffure sophistiquée et surtout le diadème.
— Que faîtes-vous ici Votre Altesse ? demanda le garde.
— Cela ne vous regarde pas. Et puis, je suis autorisée à sortir quand je le veux.
— Ah oui ?
— Et vous ? Qui vous a permit de me contredire ? réprima-t-elle aussitôt.
— Personne, personne.
— Très bien. Maintenant, ouvrez-nous je vous prie.
— J-je vous fais ça... de ce pas, balbutia le chevalier en se hâtant de s'exécuter.
La jeune femme fit un clin d'œil à son compagnon tandis que les deux portes s'ouvraient afin de les laisser entrer dans l'enceinte du domaine. Ils pénétrèrent ensuite dans le bâtiment principal et la princesse accompagna le jeune homme jusqu'à sa chambre avant d'aller dans la sienne. Épuisé mentalement, Ludwig n'allait pas tarder à se coucher. Avant cela, il passa dans la salle d'eau, directement reliée à la chambre puis revint et s'approcha de l'unique fenêtre de la pièce, fixant son regard sur le paysage plongé dans le noir. Il retira dans un même temps sa veste noire, sa chemise blanche, son jabot accordé et sa culotte courte. Enfin, il se glissa sous les draps de son lit à baldaquin et ferma les yeux.
Le lendemain matin, le jeune homme se réveilla avec une petite douleur aux yeux. En effet, il n'avait pas rabattu les rideaux et la lueur du soleil inondait la chambre. Le temps d'émerger, Ludwig s'assit sur le bord du matelas avant de penser aux évènements de la veille. Ses yeux commençaient à picoter et il les frotta aussitôt. Ensuite, il descendit de son lit et se dirigea vers son armoire. La composition de sa tenue ne changeait jamais, seules les couleurs différaient. Par conséquent, ces dernières furent les mêmes à l'exception de la veste qui était ce jour-là jaune moutarde. Ludwig fit enfin un tour dans sa salle d'eau. Elle était de petite taille avec directement sur sa gauche un meuble de rangement muni d'un lavabo sur le dessus et d'un miroir. Une douche occupait le fond de la pièce. Il se plaça devant la glace et examina les cernes qui s'étaient creusées sous ses yeux, le résultat de nombreuses nuits à se torturer l'esprit. Il ne chercha cependant pas à les cacher et fit simplement tournicoter sa mèche blonde la plus longue et la plaça sur le côté droit de son visage. Sans tarder, le jeune homme quitta la suite et la ferma à clé. À peine sorti, Ludwig fut interpellé par une servante.
— Oh mon pauvre ! lança-t-elle en joignant ses mains. J'ai eu vent des nouvelles concernant votre frère. La disparition de son corps est vraiment étrange. Ça ne doit pas du tout être simple à supporter comme situation après tout. Déjà que savoir qu'il est devenu un de ces criminels...
Ce dernier mot fit un peu frissonner Ludwig mais sa locutrice ne le remarqua pas. Avant qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit, un hurlement venant de la pièce d'à côté se fit entendre.
— Margareth ! Pourquoi êtes-vous en train de blablater avec le voisin ? Je vous rappelle qu'il me faut deux mains supplémentaires pour mettre cette robe !
La servante n'ajouta rien et s'empressât de rejoindre la princesse capricieuse. Quant au jeune homme, il reprit son chemin vers le hall. Il y rencontra une personne qu'il n'appréciait pas particulièrement. Le prince lui ressemblait dans les grandes lignes, en omettant la fameuse mèche et les tâches de rousseur.
— Eh ! Ça fait quoi de voir laver l'honneur de sa famille ? Parce que sincèrement, ce gars était une tâche. Je l'ai su dès que je l'ai vu. Ça ne m'a pas étonné quand on a appris qu'il était un criminel.
Ludwig afficha un faux sourire en guise de politesse et pour ne pas paraître suspect.
— J'espère que tu ne pleureras pas à table, se moqua le prince avant de donner un coup à l'épaule du jeune homme.
-—Ne t'en fais pas, Hervé.
— Génial. On se retrouve pour manger, déclara-t-il finalement.
Il reprit alors sa marche et Ludwig finit de nouveau seul. Ce dernier décida de se rendre dans la salle à manger où il verrait une grande partie de ses "colocataires".
Face à la grande porte en bois de cette gigantesque pièce, le jeune homme marqua un temps d'arrêt, avant de la pousser et ainsi révéler le contenu du hall. Les quatre murs étaient décorés de torches et de tableaux aux cadres dorés, représentant tous les couples royaux et leurs enfants. Dans le fond avait été construite une grande cheminée qui était l'unique source de chaleur de la salle, et au centre, sous un imposant chandelier, se trouvait une très longue table en bois posée sur un tapis couleur or et rouge. Certaines chaises étaient occupées tandis que d'autres étaient encore vides.
Ludwig s'avança alors sous les regards observateurs de ceux qui l'hébergaient. Parmi eux, la reine, fraîchement mariée, la princesse Winnie, la sauveuse de la veille, le duc et la duchesse d'Anwyn et leurs deux filles : Azylis et Oxanne. Ces quatre derniers vivaient ici puisque les parents étaient de bons amis de l'ancien roi et l'actuel n'avait pas vu d'inconvénient à ce qu'ils restent.
— Vous a-t-on mis au courant pour votre frère ? questionna le duc.
— Oui. Merci de demander.
— Étrange tout de même qu'il n'y ait aucune trace du cadavre, fit remarquer Oxanne.
— Il a dû servir de dîner aux ours, ricana Azylis.
— Les filles, réprima la duchesse sans hausser la voix. Ayez un minimum de sympathie pour ce jeune homme.
— Peuh. De toute manière, Ludwig devait connaître la réelle identité de son frère, suspecta la fille.
— Est-ce vrai ? demanda le duc.
— Non... Bien sûr que non, assura le jeune homme en paraissant le plus naturel possible.
— Affaire réglée dans ce cas.
La reine leva les yeux en réalisant l'aspect inutile de cette intervention alors que Ludwig s'installa sur la chaise qui lui était attribuée. S'ensuivit de brèves discussions sur le plan politique qui n'intéressaient pas ou très peu les plus jeunes de la table. Bien qu'ils aient tous plus de vingt ans. Soudain, la porte de la pièce s'ouvrit en grand et le roi fit une entrée des plus théâtrales. À ce moment-là, il était dans son état "passif". C'est-à-dire qu'il portait une épaisse peau d'ours sur son corps de géant, vêtu également d'une tenue de guerrier assez légère, composée de quelques pièces en cuivre et des chaînes qui pendaient un peu partout, faisant ressortir ses muscles saillants. Il n'arborait pas de couronne sur ses cheveux bruns mi-longs, comme les autres jours, mais son regard ténébreux suffisait à faire comprendre l'imposant statut qu'il occupait. Il s'avança donc vers la table avec une attitude à la fois élégante et intimidante dont lui seul avait le secret. Enfin, d'un geste brutal, il retira ce qui lui servait de manteau et hurla :
— Qu'as-tu fait de ton frère ?
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1184 mots.
Publié le 21/11/2020
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