Chapitre 12 :

Le matin même, quelque part dans le royaume :

- Alors ? demanda un homme. Quelles sont les dernières nouvelles ?

- Incendie au château royal. Le roi et la reine y seraient décédés.

- Mouais. Tu n'as rien d'autre de plus intéressant ?

- Laisse-moi regarder... Ah, si ! 2-0 pour Golmès au match d'hier.

- Fais chier... ! On avait dit combien ?

- Cinq pièces.

L'homme aux cheveux grisonnants se pencha de sa chaise et fouilla les poches d'un homme en uniforme, allongé sur le sol. Ensuite, il étala la somme sur la table.

- Voilà pour toi.

- Malin, complimenta sa partenaire.

- Bon, je commence à m'ennuyer, avoua-t-il. Viens on s'arrache ?

- C'est vrai que l'amusement fut de courte durée.

Tous deux se levèrent alors et enjambèrent la dizaine de corps gisant par terre. Lui, répandit le contenu d'une bouteille de whisky un peu partout dans l'imposante forteresse et elle, s'arma d'une boîte d'allumette. Elle en brûla une et, après s'être assurée d'une distance de sécurité, la jeta sur le liquide inflammable. Il flamba aussitôt.
Voilà comment ils mirent feu à la prison de Conleth Glenys.

Le lendemain, les deux fugitifs étaient déjà loin du lieu où ils avaient été enfermés. Toutefois, ils ne faisaient pas que vagabonder en évitant d'être reconnus. L'homme avait un objectif, et il comptait bien l'atteindre.

- Imagine, Léonce, qu'il n'est plus du coin où nous l'avons rencontré ? questionna sa partenaire.

- Dans tous les cas, nous y récolterons là-bas des informations nécessaires pour le localiser. Et puis ne t'en fais pas, quoi qu'il en soit, je réussirai à décapsuler sa tête de... de... Grrr !

Alors que Léonce se retint d'exploser de rage, il remarqua un jeune homme cueillant une pomme d'un arbre d'un verger privé.

- Eh gamin ! D'où tu te sers de mes pommiers ? s'écria-t-il.

Le voleur pivota immédiatement et s'enfuit. Malheureusement pour lui, il fut aisément rattraper par l'évadé qui l'attrapa par le col.

- Ça t'amuse de piquer le fruit de mes efforts ?

Sans attendre une réponse, il arracha la pomme des mains du garnement et la croqua à pleine dent. Enfin, il la lui rendit. Seulement, contrairement à ce que Léonce s'attendait, le jeune homme la croqua à son tour.

- Hmm... Si je m'attendais à cela.

- Il faut bien se nourrir, répondit le jeune homme. Et puis, si vraiment je dois vous payer, j'ai quelques pièces sur moi.

Léonce soupira.

- Tu étais pourtant bien parti, gamin. Mais là, tu me déçois. Déjà, si tu voles, ce n'est pas pour payer juste après. Ensuite, ce verger n'est pas à moi. Je t'ai menti. Je t'ai uniquement gueulé dessus pour m'amuser.

- C'est une leçon que vous êtes en train de me faire ?

- Écoute, gamin. Je sens que tu as du potentiel. Et puis, un jour ou un autre, je vais bien devoir former ma relève.

- Vous voulez que je devienne en quelque sorte votre disciple ? demanda le voleur, sans cacher sa réticence.

- Mouais... Je n'aime pas trop ce rapport de maître et élève. Laisse-moi t'expliquer la situation. Il faut que je me venge de quelqu'un. Seulement, je sais que je n'y arriverai pas seul. Même à deux, nous ne serons pas assez. C'est pourquoi je te propose de nous donner un coup de main.

- Cette spontanéité fait tout, sauf me convaincre.

- Ouais tu as raison. Oublie ça. Par contre, je cherche quand même ce petit con. Tu n'aurais pas entendu parler d'un Alphonse ?

Le jeune homme se raidit et écarquilla les yeux.

- Alphonse ?

- Tu le connais ? interrogea Léonce. Il vit à la rue.

- À la rue ? Mais c'était avant ça.

- Vraiment ? s'étonna le bandit.

- Puisque je vous le dis. Mais...

- Eh bien parfait ! Béa', direction le château.

- Attendez, intervint le voleur. À propos de...

Il marqua une pause.

- ... de Alphonse. Si vous partez le retrouver, je viens avec vous.

- D'où te viens cette envie soudaine ?

- Moi aussi , je dois me venger de quelqu'un qui vit au château.

- Ah oui ? Et on peut savoir qui ?

Le jeune homme ne semblait pas vouloir en dire plus.

- De toute manière, si tu nous accompagnes, on va bien le savoir.

- C'est du roi. C'est du roi que je veux me venger, avoua-t-il d'un ton sec.

- Eh bien ! s'exclama Léonce. Je vois qu'on a de la motivation. Voire de l'inconscience. Ça me plaît. Allez, suis-nous.

Dans le plus grand des silences, ils partirent donc en direction de la résidence de la famille royale. Les présentations furent rapides et se réduisaient au strict minimum. Léonce et Béatrice pour les évadés et pour le jeune voleur, la bombe à retardement, Forrest.

Sur le chemin, les trois compagnons de voyage firent une halte dans un pub. Cet établissement,«Au verre jamais trop plein» était délabré et peu accueillant. Aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. Dedans, l'air s'était imprégnée de l'odeur d'alcool et de tabac. En effet, les clients étaient pour la plupart entre ivresse et état d'inconscience. Alors que les deux évadés se dirigèrent vers le comptoir, Forrest s'arrêta un instant devant les trophées de chasse accrochés aux murs.

- Eh ben ! lança le serveur. Si je m'attendais à vous voir de sitôt ! On aurait purger votre peine ?

- Non, pas vraiment. C'est plutôt eux que l'on a purgé, expliqua Léonce.

- Je vois. Bon, qu'est-ce que je vous sers ?

- Rien du tout. Je viens juste retrouver quelques vieux amis.

Le brigand s'en alla vers le fond de la salle tandis que Béatrice retint Forrest de le suivre. L'homme aux cheveux grisonnants se rapprocha de cinq hommes, tous très musclés, tatoués et menaçants. Léonce parla assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre.

- Alors, mes petites merdes, votre thé à la rose vous plait ?

- Et toi ? Comment va ton gosse ? répondit l'un des hommes.

Tous se mirent à rire.

- Figure-toi que "mon gosse" a plus de cran que toi. Tu me diras, ce n'est pas si compliqué que cela, ajouta l'évadé, avec un sourire narquois.

- Répète un peu pour voir ! aboya ce même homme.

- Autant de fois que tu le souhaites.

Subitement, Léonce fut attrapé par le col mais il ne montra aucune crainte.

- Qu'est-ce que tu nous veux ?

- Recruter quelques uns d'entre vous, déclara le prisonnier fraîchement libéré.

- Laisse-moi rire ! Si tu crois que je vais te rejoindre.

- Quoi ? Mais je n'ai jamais insinué que cela pouvait te concerner, se demanda l'évadé à voix haute, non sans provoquer une vague de chuchotements dans le pub.

- Tu vas trop loin !

- Ah oui ? Tu trouves ?

Toujours tenu par le col, Léonce donna un coup de pied dans l'entre-jambe de son agresseur puis, désormais maître de ses mouvements, lui en infligea un autre, avec son poing, dans le ventre. Bien que son adversaire en devint étourdi, il n'hésita pas à frapper la tête de celui-ci contre le bord de la table.

- Ça faisait longtemps, avoua Léonce, satisfait. Bon, j'avais déjà repéré quelques têtes. Si je vous pointe du doigt, levez-vous et dîtes-moi si vous voulez me rejoindre dans ma vengeance.

- De qui veux-tu te venger ? questionna un client lambda.

- Le gamin qui a foutu ma vie en l'air.

- Un gamin ? C'est un bâtard quoi. Si tu as cru que quelqu'un ici allait perdre son temps pour tes amourettes.

PAN !

L'homme s'écroula par terre, le front recouvert de rouge. Tous regardèrent Béatrice qui rangea son pistolet. Léonce n'ajoute rien et pointa, lentement, une par une, plusieurs possibles recrues. Il avait sélectionné trois hommes, deux bruns et un blond et deux femmes, une brune et une avec les cheveux couleur pourpre. Ils se présentèrent rapidement les uns à la suite des autres avant de dire s'il était prêt à partir aux côtés des trois voyageurs. Valério, un brun, Hagen, un blond et Antonella, aux cheveux pourpres acceptèrent. Les deux autres furent frappés, pour le plaisir, jusqu'à perdre conscience.

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1279 mots.

Publié le 27/03/2021

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