Chapitre 11 :

— Alors comme ça, tu penses que l'intense douleur de ce matin est liée à cela ? questionna Ludwig.

Les quatre voyageurs, après avoir quitté le souterrain, s'étaient réfugiés dans une grotte. Ils y avaient allumé un feu afin de se réchauffer, étant donné qu'il pleuvait, et de griller les baies trouvées en chemin. Le ventre à moitié vide, Blanche et Davy s'étaient couchés tandis que les deux autres faisaient le guet.

— Je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie, se justifia Chester. Cela ne peut pas être qu'une simple coïncidence. Enfin, je pense. Ton frère ne t'en a jamais parlé ?

— Non, jamais. Tu... Tu pourrais lancer quelque chose ? Ça... Ça m'intrigue.

— Euh... Oui. Oui, je peux faire ça...

Le jardinier se saisit d'une branche du stock qu'ils avaient ramassé et, peu confiant, la lança devant lui. Comme le caillou quelques heures plus tôt, elle revint dans sa main.

— Je suis désolé si tu te sens comme une bête de foire. Seulement, tout cela ne cesse de chambouler. Et puis, tu ne veux pas en parler aux autres ?

— Je crois qu'ils ne sont pas encore prêts. Je préfère attendre.

— Attendre quoi ? lui demanda Davy, qui rejoignit le duo en se frottant les yeux.

— Bah tiens. J'attendais que l'un de vous deux se réveille pour que je puisse faire un somme.

— Comme tu le vois, je suis debout. Bonne nuit.

Chester salua les deux hommes et prit donc la place de son frère et ce dernier s'assit en tailleur à côté de son béguin.

— Tes cernes sont tenaces, fit-il remarquer.

— Oh, c'est parce que je dors, mais, très mal. Je n'ai jamais l'impression de me reposer.

— Tu es constamment tracassé depuis ces derniers jours. Tu devrais te détendre, conseilla Davy en plaçant sa main sur la cuisse de son locuteur. Main que ce dernier repoussa aussitôt.

Le jardinier leva les yeux au ciel puis s'étendit sur le sol, dévoilant quelques abdominaux bien dessinés que Ludwig ne manqua pas de remarquer. Finalement, il reprit la parole.

— Je me posais une question. Tu ne nous as pas proposé d'emmener Winnie avec nous. Tu te doutais de sa réponse ?

— Non, ce n'est pas ça. Nous entretenons une relation... assez étrange depuis peu.

— Ah oui ? demanda Davy alors qu'il fronçait les sourcils.

— C'était après que j'ai été inconscient. Elle est venue dans ma chambre, on a discuté rapidement, et puis elle m'a embrassé.

— Comme ça ? Sans prévenir ? dit-il spontanément.

— Ouais. Seulement, elle est partie tout de suite après, l'air honteuse. Quant à moi, j'étais comme paralysé. Je n'ai pas pu lui dire que ce n'était pas grave.

— Pardon ? lâcha Davy, sèchement.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu te moques de moi ?

Il se releva immédiatement.

— Tu viens de me demander ce qui n'allait pas ? Tu plaisantes, j'espère. Elle t'embrasse sans consentement et pour toi, c'est pas grave, si je reprends tes mots.

— Attends..., commença Ludwig.

— Tu n'es qu'un salaud ! Tu me reprends à chaque fois que je te fais une avance ! Par contre, quand c'est madame la princesse, là on ne dit rien. Tu sais quoi ? Que je me prenne une bonne centaine de râteaux peut encore passer. Qui ne tente rien, n'a rien. Ce que je ne supporte pas, c'est le fait que tu joues avec moi depuis toutes ces années ! Dis-le moi clairement que je ne suis pas ton genre. Mais ne me repousse pas avec le sourire ou en me laissant entendre qu'il peut se passer quelque chose entre nous ! Ton comportement est irrespectueux ! Je t'aime putain ! Chaque fois que je te croise, j'ai envie de t'embrasser ! Si je savais qu'il fallait le faire à ton insu... Tu me dégoûtes maintenant... Je t'aime... Mais tu me dégoûtes.

— Ce n'est pas ce à quoi je pensais en disant cela, expliqua Ludwig, qui se mit au niveau de son ami.

— Essaie de te rattraper tiens ! Tu perds ton temps ! Va faire des enfants à ta princesse plutôt !

Le jeune homme prit une expression réellement désolée et regarda Davy droit dans les yeux. La pluie n'avait pas cessé et ce ne fut que pendant ce moment de silence qu'ils remarquèrent le vacarme qu'elle provoquait.

— As-tu déjà lu des romans d'amour ? questionna le jardinier.

— Eh bien...

Davy lui donna un coup de genou dans l'entre-jambes, le faisait se plier de douleur.

— La réalité est différente de la fiction, compléta-t-il.

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721 mots.

Publié le 13/03/2021

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