Chapitre 10 :
Ludwig n'était pas sûr de son choix de quitter le château. Cependant, ses trois compagnons ne lui avaient pas réellement donné le choix. Ce qui surpris le premier concerné.
— Au fait, lança Davy, tu me cherchais tout à l'heure, n'est-ce pas ?
— C'est que...
Ludwig savait à peine quoi répondre.
— Ne l'embête pas voyons, gronda Chester sur le ton de la plaisanterie. Enfin, pas dès le début de notre voyage en tout cas.
— D'ailleurs, sais-tu où nous nous dirigeons ? questionna la princesse.
— Faîtes-moi confiance ahah.
Le château royal était maintenant loin derrière eux. Désormais, ils traversaient une vallée qui ne semblait plus finir. Ils avaient déjà parcouru une grande distance et plus ils marchaient, plus Davy, Blanche et Ludwig se méfiaient de la véracité des propos de Chester. Ils semblaient plutôt tourner en rond depuis un moment.
— Je n'en peux plus, déclara la princesse, qui tenta de s'asseoir sur un rocher malgré sa robe, en vain. Je n'ai pas pu me changer en plus... Oh ! Ma garde-robe ! Elle a dû brûlé ! C'est une catastrophe !
— Mince ! Moi aussi, j'ai oublié la veste de mon frère ! s'exclama Ludwig.
— Et qu'est-ce qu'on a laissé nous ? se demandèrent les deux jardiniers. Des outils principalement, répondit Chester avant de rire.
— Vous êtes sûrs qu'il s'agissait d'une bonne idée de faire ce voyage ? questionna l'orphelin.
Étrangement, tous lui répondirent en chœur que oui.
— Très bien, très bien. Alors, est-ce quelqu'un pourrait me dire où va-t-on manger ?
Cette fois, aucun retour.
— Nous allons donc mourir de faim alors qu'au château nous étions même trop nourris. Ironie du sort.
— Ne soit pas si négatif, dit Chester. Cela ne m'étonnerait pas que nous trouvions des arbres fruitiers bientôt.
— Alors que l'on en a vu aucun depuis des heures ? souligna Ludwig. Je suis déjà fatigué de votre voyage. Moi, je rentre au château.
Le jeune homme tourna le dos à ces compagnons et revint sur ses pas. Il marcha quelques instants sans que personne ne l'interpelle. Finalement, ce fut lui qui relança la discussion.
— Je... J'espère que vous le trouverez, votre souterrain et que... nous nous reverrons bientôt. Ne vous inquiétez pas, je ne divulgerai rien à votre sujet. Bon voyage.
La tête baissée, Ludwig marcha seul, au beau milieu de nulle part. Les journées étant courtes pendant cette période de l'année, le soleil commençait déjà à se coucher et l'herbe de la vallée virait au orange.
— Quelle idée de les avoir suivi, murmura-t-il. Toutefois, j'ai aussi une partie de moi qui souhaite s'évader.
8 ans plus tôt :
— Allez, Ludwig ! Un peu de nerf ! Si on garde ce rythme, on devrait arriver au village avant la tombée de la nuit.
— Mais je suis fatigué... Et puis, pourquoi se presser juste pour être sous notre abri tout pourri ?
Alphonse préféra ne pas répondre immédiatement.
— C'est mieux que rien, non ? dit-il finalement.
— Peut-être... Mais ça reste nul.
— Et c'est pour cela que tu vas à l'école. Pour être très intelligent et te servir de cette intelligence pour gagner ta vie.
— Tu veux dire que tu es stupide ? interrogea Ludwig, un poil taquin.
— Ne sors pas de telles âneries. Accélère plutôt, nous sommes bientôt arrivés.
Les deux frères atteignirent enfin l'entrée du village et le traversèrent, sans faire de halte devant un quelconque commerce. Ils en sortirent ensuite et retrouvèrent leur minuscule chez-eux. Il s'agissait d'un abri à deux versants, fait de branches et de feuilles. Ludwig s'y abrita aussitôt tandis que son grand frère y ajouta un peu de verdure pour le toit. Enfin, il rejoignit le petit garçon et lui tendit des fruits cueillis dans les bois.
— Bon appétit.
Tous deux ne se firent pas prier pour dévorer leur menu repas. Une fois celui-ci englouti, ils s'allongèrent à même le sol, bien que recouvert de feuillages.
— Ludwig, s'il te plaît, fait en sorte d'avoir ta propre maison. Je me fiche si tu la gardes que pour toi. Mais par pitié, je veux que tu aies une vraie maison quand tu seras grand.
— Je... Je ferai de... de mon mieux, bafouilla-t-il. Mais ne t'en fais pas, tu auras ta chambre dans ma maison.
Son frère lui sourit.
— Je ne sais pas si je resterai ici.
— Tu vas m'abandonner ?
— Ahah ! Non, pas du tout. Seulement, te souviens-tu quand je t'ai parlé de cette île mystérieuse ? Je ressens un sentiment contradictoire. J'ai envie de rester ici, il s'agit de notre pays natal après tout. D'un autre côté, j'ai aussi une partie de moi qui souhaite s'évader.
Quand Ludwig rouvrit les yeux, il n'était plus dans la vallée. Il était dorénavant dans une pièce sombre. Le jeune homme n'y voyait rien et se décida de tâter afin d'identifier quoi que ce soit. Il toucha ce qu'il lui sembla être un mur et quelque chose l'intrigua. Il était fait de pierre. Après quelques minutes d'exploration, Ludwig tomba sur une porte. Il le sut grâce à la poignée. Ludwig tenta ainsi de l'ouvrir, sans succès. Soudain, des bruits de pas se firent entendre, et puis des voix.
— J'espère que cette fois tu nous as ramenés quelqu'un de qualité. Parce que les vieux ne nous rapporte que dalle. C'est un homme ou une femme ?
— Un homme.
— Jeune ?
— Oui.
— C'est déjà ça de pris.
On ouvrit alors la porte et deux silhouettes apparurent. La première était celle d'un homme robuste alors que la deuxième, celle d'un plus frêle. Ludwig ne parvint pas à percevoir plus de détails. Encore moins lorsqu'on se mit à l'éblouir avec une lanterne.
— Belle gueule. Bien sapé. Eh, c'est peut-être un bourge. Il est bon à marier celui-là. Parfait. On en tirera un bon prix. Maintenant, passe-le à la douche. Il pue la transpiration.
Le robuste s'en alla tandis que le frêle se chargea en vitesse de Ludwig en lui donnant un coup dans les côtes puis en lui passant des menottes. Il traîna ensuite le jeune homme par terre, en traversant une immense salle, équivalant à un hall avant de rejoindre une autre pièce. Un petit cours d'eau traversait cette dernière et le frêle balança Ludwig dedans.
— N'essaie pas de t'échapper, le prévint-il.
— Que veux-tu que je fasse là ? Me laver ? Avec les mains liées ?
— Le patron a dit que tu devais te laver, donc tu vas rester encore un moment.
Par conséquent, Ludwig resta immobile quelques minutes, ses vêtements imbibés d'eau.
— Je peux sortir ? Je sens que je vais attraper un rhume.
— Allez, vas-y.
Le frêle le tira vers lui et il s'arrêta en plein milieu du hall.
— Il est prêt, dit-il.
L'homme robuste apparut et affichait un sourire narquois.
— Toi, dès demain, nous allons t'emmener au marché des esclaves. Tu vas voir, c'est un rassemblement de personnes très honnêtes et chaleureuses. Tu devrais dormir maintenant. Je sens que tu vas nous ramener un sacré pactole.
— C'est charmant ici. On dirait un château, mais sous terre.
Blanche fit alors irruption, comme une fleur, dans la pièce, à la grande surprise des deux brigands.
— Qu'est-ce qu'elle fout cette gamine ? s'écria le patron.
— Je n'en ai aucune idée..., répondit le frêle.
— Mais je m'en fiche ! Attrape-la !
— Saperlipopette, lâcha-t-elle.
Il s'exécuta aussitôt et poursuivit la princesse, qui prit ses jambes à son cou et courut maladroitement afin de lui échapper.
— Courir en talons et avec une robe, ce n'est pas pratique.
— Laisse-moi te soulager de ces douleurs, lança une voix familière à Ludwig.
Chester apparut par le même couloir que Blanche, sauta sur le frêle et le maîtrisa en peu de temps.
— On est venu te sauver Ludwig ! s'exclama Davy, situé derrière son frère.
— Je vais devoir me charger seul de ces clowns, soupira le robuste.
D'abord, il se dirigea vers la princesse et la fit fuir immédiatement. Ensuite, ce fut le tour de Chester.
— Davy, Blanche, sortez d'ici, ordonna ce dernier.
— Et toi ? et Ludwig ? s'inquiéta son frère.
— Ne t'en fais pas pour nous. Il faut que tu mettes en sécurité Blanche. Maintenant, partez.
À contre-cœur, surtout pour Davy, il prirent tous deux la fuite afin de se sortir de là. Chester faisait maintenant face à l'homme baraqué, et comprit qu'il n'allait pas faire long feu. En effet, il fut aisément balayé sur le côté. La brute se rapprocha de lui pour en finir. Bien qu'étourdi, Chester se saisit fermement d'une pierre et le lança sur son adversaire. Le projectile se percuta finalement contre une des chaussures de celui-ci, mais sans provoquer la moindre douleur. En revanche, la brute fut pris de panique lorsque le caillou revint, comme par magie, dans la main de Chester.
— Un criminel ! hurla-t-il avant de s'enfuir à son tour.
— Tu es..., commença Ludwig, sans arriver à terminer sa phrase.
Le jardinier baissa la tête un court instant puis la releva.
— S'il te plaît, on en parlera plus tard. Il est parti par le même chemin que Davy et Blanche. Ils vont avoir des ennuis !
Les deux jeunes hommes n'eurent le temps de bouger qu'ils entendirent un puissant cri, celui de la princesse. Malgré leurs blessures respectives, ils se précipitèrent vers l'origine du hurlement. Ils s'enfoncèrent dans un couloir sombre et en virent au bout deux silhouettes.
— Que vous est-il arrivé ? demanda Chester, paniqué. On t'a entendue crier, Blanche.
— Ah... Oui. C'était... une bestiole. Mais c'est bon, elle est partie, s'empressa-t-elle d'ajouter.
— Bon, si tu le dis. Par contre, vous n'avez pas croisé la grosse brute ?
Blanche et Davy se regardèrent.
— Euh... non..., répondit ce dernier en levant un sourcil.
Ce fut au tour de Chester et de Ludwig de se tourner l'un vers l'autre, partageant leur interrogation.
— Il y aurait un passage secret ? se demanda l'orphelin.
— Aucune idée, déclara son compère. Ce qui est sûr, c'est que l'on va vite se tirer d'ici.
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1600 mots.
Publié le 06/03/2021
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