Chapitre 8

  La journée commençait à toucher à son terme, mais Ayla n'avait aucune envie de rentrer chez elle.

Après un repas, passé seule sans Roman et Grégoire, un grand vide sembla avoir été creusé au fond de son cœur. Elle avait tenté de les appeler sur leurs portables, sans succès; car il n'y avait que le répondeur.

Après le repas, elle était allée vers la vieille bibliothèque de l'établissement. Elle se dirigea vers une étagère où se trouvaient les livres scientifiques, puis les observa un à un. Une fois son bouquin choisi, elle s'assit sur le sol et commença à le lire.

Le silence qui régnait dans la grande pièce l'aidait à se concentrer sur la lecture, oubliant pendant un moment toutes les pensées qui occupaient son esprit.

Hélas ce fut de courte durée. La visite surprise de Victoria et sa demande d'espionnage, plus la disparition soudaine de Roman, Ayla ne savait plus quoi faire.

Après quelques minutes, la jeune blonde décida de quitter la bibliothèque, afin de rejoindre le gymnase, le seul endroit où elle se sentait libre de s'exprimer et de se défouler.

Elle rejoignit les vestiaires et se changea. Il lui fallut peu de temps pour se changer. Après cela, elle retourna dans la salle de sport et commença son échauffement.

Totalement prise par ses mouvements, Ayla ne vit pas le temps passé . Elle resta longtemps au gymnase à continuer de s'entraîner au combat de boxe. Elle pensait qu'il n'y avait personne d'autre, mais elle avait pourtant l'étrange sensation d'être observée.

La jeune fille se retourna et vit avec étonnement le professeur Hans, qui se tenait au niveau de la porte.

- Pardon mademoiselle Aimant, je ne voudrais surtout pas interrompre votre entraînement intense, mais les cours sont terminés pour aujourd'hui, dit l'homme d'un ton amusé mais également admiratif.

- Désolé professeur, j'étais un peu perdue dans mes pensées, dit-elle d'un ton innocent.

- Je vois ça. J'imagine que vous étiez frustrée pour quelque chose, n'est-ce pas ?

La jeune fille hocha lentement la tête, encore essoufflée après l'entraînement.

- Vous avez envie d'en parler ?

- Euh non, pas vraiment mais merci quand même.

Sur ces mots, Ayla se dirigea vers la banquette où se trouvait ses affaires. Une fois récupérées, elle prit le chemin de la sortie, mais le professeur lui barra la route.

- Allons mademoiselle, vous savez je ne mords pas, insista-t-il.

- Vraiment je vous assure professeur, je n'en n'ai pas une grande envie maintenant, reprit-elle poliment.

- Ça doit être difficile n'est-ce pas ?

Cette fois, Ayla ne put se retenir.

- On peut dire ça oui, souffla-t-elle. Parfois j'ai l'impression que tout ce que je fais pour aller vers les autres, se résume à un échec.

Le professeur acquiesça lentement, mais alors qu'il s'apprêtait à continuer la discussion, un autre élève entra dans le gymnase pour aller récupérer son téléphone qu'il disait d'avoir oublié dans le vestiaire. Ayla en profita pour s'éclipser et partir.

Le professeur Hans la regarda partir, mais sur son visage une étrange expression d'apparente déception se dessinait. Ses yeux se posèrent alors sur le jeune homme qui quitta précipitamment la salle de sport.

***

  - Excusez-moi mais est-ce que ce sac sur la tête est vraiment nécessaire ? demanda Grégoire pendant qu'il continuait de marcher dans les bois.

Lui et Roman avait fait une découverte à la fois incroyable et terrifiante: les loups-garous existent. De plus, une meute de ces créatures, réputées pour être cruelles et sanguinaires, se baladent dans la nature comme si de rien n'était, alors que tout le monde les considèrent comme un mythe, un folklore.

- C'est une nécessité ! s'exclama Sandra. Les humains ne sont pas digne de confiance. Il ne l'ont jamais été.

- C'est ça ton point de vue alors ? questionna cette fois Roman qui, à la différence de son ami, n'avait pas de sacs sur la tête. Les êtres humains sont tous méchants, égoïstes et cruels ?

- Oui c'est ça ! affirma fortement la brune.

Le groupe marcha pendant encore quelques minutes, avant d'arriver devant une grotte, dissimulée par des buissons. Marcus, qui avait reprit son aspect de loup, se retransforma en humain et fit signe aux gardes de les laisser passer.

L'un d'eux lui lança une couverture, qu'il s'enroula autour de la taille.

La caverne était profonde et sombre et, plus le groupe s'y engouffrait, plus la luminosité diminuait. Arrivé au fond, ce dernier s'ouvrît et le groupe pénétra dans une immense salle de pierre.

L'intérieur avait la même largeur que la place du marché d'Embursville, mais la hauteur était comparable à celle d'un immeuble de 6 étage. Le long de la paroi, creusée par les âges, la roche formait d'imposants gradins semblables à ceux d'un escalier japonais. À chaque étage se trouvaient d'énormes trous, desquels sortaient des loups ou des personnes.

Roman resta bouche bée, complètement ébahi par ce que ses yeux lui montrait. Il avait presque l'air d'être dans un rêve, mis à part les quelques grognements qui provenaient de certains habitants de cette grotte géante.

Au final, une dizaine de loups et de personnes étaient apparus pour voir les nouveaux arrivants.

- Eh Roman ? fit Grégoire à voix basse. Tu peux me dire où on est là ?

- Avance et ferme la ! lança l'homme qui jusque là avait guidé le jeune brun.

Roman, furieux par ce qu'il venait d'entendre, s'approcha de l'homme et lui lança un regard agressif.

- Eh ! Parles encore à mon ami de cette manière et tu vas le regretter !

L'homme grogna de manière menaçante, faisant virer la couleur de ses yeux noirs au jaune, mais le jeune homme ne faiblit pas.

- Euh Roman, reprit Grégoire d'un ton apeuré. Qu'est-ce qui se passe ?

C'est alors que Marcus s'avança pour apaiser la tension naissante.

- Elias, du calme.

Le loup-garou cessa son grognement et ses yeux reprirent une couleur normale. Le vieil homme se retourna alors vers le noiraud.

- Roman, il faut que tu comprennes que les humains ne sont pas vraiment... bien vus parmi nous et cela pour plusieurs motifs.

- Écoutez. Je peux comprendre que vous n'aimez pas les humains, mais je connais Greg depuis qu'on est gamins. Croyez-moi, s'il y a quelque chose à ne pas dire, il est l'un des meilleurs pour garder un secret.

Peu convaincu, Marcus se tourna vers Grégoire, toujours avec le sac sur la tête.

- Est-ce vrai jeune homme ? Es-tu capable de garder un tel secret ? demanda-t-il calmement.

Tout en tremblant, le jeune brun répondit.

- Ou... oui monsieur.

Se concentrant sur son ouïe, Marcus entendit son cœur battre. Il sentait qu'il était effrayé, mais que malgré cela il lui disait la vérité.

Mais alors que le vieux loup-garou allait reprendre la parole, Grégoire s'empressa d'ajouter.

- À condition que vous nous expliquez pourquoi nous sommes là et pourquoi une certaine « brunette », tenait tellement à amener mon meilleur ami au milieu des bois.

Marcus leva un sourcil, surpris de cette demande de la part du jeune homme. Il tourna la tête vers Sandra, qui leva les yeux exaspérée.

- Retire lui le sac Elias.

L'homme chauve s'exécuta et retira le sac de la tête de Grégoire qui, une fois vu tout ce qui se trouvait autour de lui, fut tout aussi étonné que son ami.

- Wow, c'est inouï ! On est où là ? questionna-t-il ébloui.

- Dans notre repaire, répondit sèchement Sandra.

- Allons venez jeunes gens. Par ici, invita cordialement Marcus.

Ils le suivirent jusque dans un coin de la grotte illuminé par des torches. Marcus s'assît sur un canapé et indiqua des fauteuils à ses invités. Roman et Grégoire s'y assirent tandis que Sandra prit une chaise et mit ses pieds sur le bureau.

- Il faut admettre qu'ils ont plutôt bon goût ces gens là, chuchota Grégoire à son ami.

- Tu t'attendais à quoi exactement ? À des peau de bêtes par terre et des os dans coin avec une odeur de cadavres ? demanda sarcastiquement Sandra.

Les deux garçons se regardèrent, surpris que Sandra ait pu les entendre.

- C'est la super ouïe. Les sens des loups-garous sont plus développés que ceux des humains, expliqua Marcus avec un léger sourire.

- Ah d'accord, dit Grégoire.

Ce dernier lança un regard réprobateur à la brune, qui lui répondit d'un sourire moqueur.

- Marcus, excusez-moi, mais pourriez-vous enfin nous expliquer pourquoi nous sommes là ? questionna Roman.

Le vieil homme inspira profondément puis commença son explication.

- Au début, Sandra était censée surveiller uniquement ton ami suite à l'agression qu'il a subi. Puis, lorsque nous avons senti la secousse de la Brume, j'ai essayé de découvrir qui a été transformé. Il ne m'a pas fallu longtemps pour découvrir ton identité et, savoir que tu étais ami avec celui que Sandra devait surveiller a rendu les choses plus faciles.

Terminée son explication, Marcus remarqua que les deux amis se regardèrent d'un air perplexe. Ce fut Roman qui reprit la discussion.

- Pardonnez-nous Marcus, mais nous n'avons rien compris.

- Et puis de quelle attaque aurai-je été victime ? demanda confus Grégoire.

- La fille rousse que tu as croisé sur les marches d'escalier devant l'entrée de l'université, c'était une vampire, dit Sandra.

D'un coup, quelque chose revint à l'esprit du jeune garçon, comme une sorte de flash. Il vit une rousse affrontée ce qui semblait être un gros chien.

Son ami s'aperçût que quelque chose n'allait pas.

- Eh Greg, ça va ?

Le brun ne répondit pas. Il releva lentement la tête vers la jeune fille, qui le fixait d'un regard curieux.

- C'était toi, dit-il surprit. C'était toi le gros chien brun qui m'a sauvé ce soir là.

La brune détourna son regard du sien, mais elle lui répondit d'un silencieux hochement de la tête.

Grégoire se senti tout pâle , comme s'il allait avoir une crise de panique. Savoir qu'il avait été secouru par un loup-garou le laissa surpris, mais savoir qu'il avait échappé de justesse à un vampire, le fit trembler de peur.

Roman mit une main sur l'épaule de son ami pour le réconforter, même si cela ne suffisait pas.

- Heureusement Sandra est intervenue à temps pour éviter le pire, reprit Marcus. Hélas je crains que dans ton cas Roman, les choses ne se soient pas aussi bien passées.

- C'était un loup-garou cette nuit là alors.

À contre-coeur, Marcus opina du chef pour affirmer les soupçons du jeune homme.

- Ça veut dire que maintenant je suis...

Roman n'arrivait pas à conclure la phrase. Le fait de savoir qu'il était désormais condamné à être un loup-garou pour le restant de sa vie, le terrifiait.

La pensée qu'il devienne une créature sanguinaire chaque nuit de pleine lune, le paniquait. L'idée même de blesser des innocents, plus particulièrement les personnes auxquelles il tenait, le terrorisait.

- Je suis désolé mon garçon, dit Marcus en regardant Roman droit dans les yeux.

- Il n'y a pas un moyen pour me retirer cette... malédiction ?

Silencieusement, l'homme secoua lentement la tête, toujours avec le même air attristé.

Roman se ressaisit rapidement. Il était un loup-garou désormais, il n'y avait aucun un moyen d'arranger ça. Il lui fallait alors trouver la solution à cette question: comment vivre avec ça ?

Marcus, réalisant que le jeune noiraud ne savait pas quoi faire, reprit la parole

- Tous ceux qui sont dans ce repaire Roman, sont des jeunes qui tout comme toi, ont été mordus par un loup-garou, expliqua-t-il. Ils étaient terrorisés, désemparés et même désespérés pour la plupart.

Intrigué par les paroles du vieux loup-garou, le noiraud releva la tête, tandis que Grégoire observa rapidement le reste de la meute.

- Oui enfin cela dit, vos congénères semblent parfaitement en mesure de se contrôler maintenant, observa le brun.

La jeune fille releva le menton, presque indignée par les mots du jeune brun.

- Parce que nous leur avons appris à se contrôler, poursuivit Marcus.

- Parce que vous les avez transformés ? ajouta Grégoire.

Cette remarque déplut fortement à Sandra, qui se releva d'un bond de sa chaise, la faisant tomber en arrière.

- Comment est-ce que tu te permets ? gronda-t-elle.

- Sandra calme toi s'il te plaît, dit calmement Marcus.

Malgré sa requête, la jeune fille ne semblait pas avoir la moindre envie de se calmer. Alors elle décida de sortir pour se changer les idées.

- Comment est-ce que j'ai pu sauver un type pareil ? souffla-t-elle en quittant la grotte.

Mais avant qu'elle ne quitte le lieu, Grégoire l'interpella pendant qu'il se relevait.

- Attends une seconde ! Ça veut dire quoi ce que tu viens de dire ?

La brune resta surprise, elle ne pensait pas qu'il l'aurait entendu.

Ne sachant pas quoi dire et surtout, ne voulant pas discuter lui, elle tourna les talons et partit.

- Je vous prie de l'excuser. Comme je vous l'ai dit, les loups-garous sont méfiants, vis à vis des humains, et ma fille ne fait pas exception, expliqua le vieil homme.

- Ça ne fais rien, dit Roman. Alors, comment est-ce que ça marche ? Que dois-je faire pour me contrôler ?

Marcus le regarda en lui lançant un léger sourire, puis commença l'explication.

- C'est la même chose qu'avec le super-héro Hulk: c'est une question d'émotions. Apprendre à contrôler ses émotions est le meilleur moyen de contrôler la transformation. Cela vaut pour toutes les créatures mythiques.

- Excusez-moi Marcus, interrompit le jeune brun. Êtes-vous en train de dire, qu'il n'y a pas que des loups-garous et des vampires ?

- Oui.

Les deux amis se regardèrent avec étonnement et terreur.

- Mais dans quel monde vit-on Roman ? questionna-t-il en chuchotant.

- Aucune idée Greg, avoua ce dernier. Mais quelque chose me dit que nous allons bientôt le découvrir.

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