Chapitre 6
Roman resta en observation pendant encore une semaine, étant donné l'étrange morsure qu'il avait au bras. Sa mère et Grégoire lui rendirent visite souvent.
Le jour précédent sa sortie, la police était venu le voir, afin qu'il puisse leur raconter ce qu'il avait vu. Malgré son témoignage, il sentait que les policiers ne semblaient pas convaincus.
Lorsqu'il sortit enfin, le jeune homme rentra chez lui et se reposa pour se préparer au grand retour à l'université, le jour suivant.
Au petit matin, Roman se releva avec un léger mal de tête. Il descendit au rez-de-chaussée pour préparer son petit déjeuner. Toutefois, au moment où il s'apprêtait à ouvrir le frigo, sa mère l'intercepta.
- Roman attends, dit-elle avec un petit sourire.
Elle l'invita à le suivre et l'emmena vers le garage.
- Maman, c'est quoi tout ce mystère ? demanda le jeune homme. Pourquoi est-ce que tu ne veux rien me dire ?
- Parce que c'est une surprise.
Awa ouvrit la porte du garage, laissant paraître un grand espace où se trouvait des barres, des poids, un sac de boxe et bien d'autres équipements.
Roman resta surprit, ne sachant pas reconnaître l'endroit où sa mère mettait toujours la voiture. Ses yeux étaient grands ouverts, sa bouche à moitié ouverte.
- Maman !
Le jeune homme se retourna pour voir mieux voir sa mère.
- Alors, qu'est-ce que tu en dis ? demanda-t-elle souriante.
- Je... Je...
Le regard de celui-ci se perdit dans le gymnase improvisé. Soudain, une pensée lui vint à l'esprit.
- Mais attends... où as-tu mis la voiture ?
- Elle est dehors. Dans la rue.
Roman fut envahit par un sentiment de culpabilité.
- Maman, comment tu vas faire pour trouver une place ? Tu sais combien c'est très difficile de trouver une place dans la rue.
Awa se rapprocha de son fils. Elle lui prit les mains et les serra.
- Mon poussin, ne t'en fais pas pour ça. Cela ne me pose absolument aucun problème.
Le jeune homme hocha la tête silencieusement. Il se tourna nouvellement vers le garage, l'observant avec une certaine mélancolie.
- Tu as fais tout ça toute seule ? questionna-t-il.
- Grégoire m'a donné un coup de main, avoua Awa. Et il y avait une jeune fille aussi. Elle disait que vous vous connaissiez.
- Qui ça ?
- Moi, dit une voix féminine.
Roman se retourna et vit une jeune fille, dont les yeux bleus foncés brillaient comme des zéphyrs. Ses cheveux blonds scintillant étaient longs et lisses.
Grégoire se tenait à ses côtés.
Le sourire de Roman s'élargit un peu plus à la vue de ses amis.
- Greg ! Ayla !
La jeune fille le rejoignit et l'enlaça. Awa ne cacha pas son étonnement et haussa les sourcils.
Après quelques instants, Grégoire vint saluer son meilleur ami. .
- Franchement, je ne sais pas comment vous remercier mes amis, dit-il ému.
- Ça n'a pas été très facile faut dire, avoua Grégoire. On a dû porter des tas de boîtes, bien remplies.
- Au moins ça t'aura permis de faire un peu de sport.
- Oui effectivement, ajouta la mère de Roman. Si on considère le temps que tu passes devant les écrans.
- Oh mais ça va hein ! Y a déjà ma mère qui me le dit, alors inutile de continuer.
Voyant sa réaction, les autres ne purent se retenir et explosèrent ainsi dans un fou rire.
***
Plusieurs minutes plus tard, les trois adolescents arrivèrent à la fac, dont la façade reflétait les rayons du soleil matinal.
Roman était enthousiaste de reprendre les cours, après plus d'une semaine d'absence. Heureusement, avec l'aide de son meilleur ami, c'est comme s'il n'avait pas perdu une seule leçon.
Toutefois, avant d'entrer dans l'établissement, le jeune homme sentit une nouvelle fois un fort mal de tête. Si à son réveil la chose semblait apparement insignifiante, maintenant c'était tout le contraire, car sa migraine devenait de plus en plus forte.
- Eh Roman tu vas bien ? questionna Ayla inquiète.
- Euh oui. J'ai juste peu dormi.
- Ça a à voir avec l'agression pas vrai ?
Roman hocha la tête tout en restant silencieux.
- J'en fais des cauchemars toutes les nuits. J'ai très froid et la plupart du temps, j'ai comme l'impression qu'il est juste à côté de moi.
Voyant qu'Ayla l'observait d'un air interrogateur, Roman décida de lui expliquer plus en détail.
- Parfois ma blessure me fait terriblement mal, comme si ce loup venait tout juste de me mordre. Je me réveille en sursaut, terrorisé et en sueur.
La jeune femme prit sa main dans la sienne. À leur contact, Roman se sentit comme soulagé. Il baissa son regard et sentit la main de Ayla serrer la sienne; mais c'était une prise douce et aimante.
- Ne t'en fais pas. On trouvera une solution.
Son doux sourire apporta un peu de réconfort au jeune homme.
Il lui renvoya son sourire et ainsi, main dans la main, Ayla et Roman rejoignirent Grégoire qui se tenait à l'entrée de l'établissement.
Cependant, aucun des trois ne s'aperçut qu'ils étaient observés. Derrière un arbre, à moitié dénudé, se trouvait une jeune brune qui tenait le trio à l'œil.
***
Plus tard, alors que la pause déjeuner venait de commencer, Roman rejoignit son casier. Soudain, il entendit un fort claquement de métal qui le fit sursauter.
Il se retourna subitement et réalisa que c'était un casier qui se trouvait à une dizaine de mètres. Cependant, le bruit qu'il avait entendu lui avait parut tellement proche que ses oreilles bourdonnaient encore.
Tout à coup il entendit des voix derrière lui, mais ce qu'il vit le choqua: deux personnes se trouvaient au fond du couloir, mais malgré le bruit il entendit tous les mots.
Roman ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il était en pleine confusion et il sentait son cœur battre la chamade, comme s'il allait avoir une crise de panique.
Il s'appuya contre son casier, tentant de se calmer mais rien à faire. De plus, son mal de tête s'intensifia et les bruits et les voix autour de lui augmentèrent d'intensité.
Le jeune homme tourna la tête dans toutes les directions. Sa vue devint floue, comme s'il avait le vertige.
Alors que certains étudiants lui lançaient des regards étranges, Grégoire se fraya un chemin pour rejoindre son ami.
- Eh Roman ! Mon vieux mais qu'est-ce qui t'arrive ?
- Je... je ne...
Roman n'arrivait pas à parler. Sa migraine était tellement forte qu'il avait l'impression d'avoir un tambour dans le crâne.
Grégoire l'emmena dehors, le tenant par le bras. Il poussa rapidement ceux qui se trouvaient sur leur route, alors qu'ils augmentaient le rythme de la marche.
Une fois dehors, l'air frais de cette journée d'automne sembla calmer Roman. Son ami ne le lâcha pas et l'emmena s'asseoir sur un banc sous un arbre tout proche.
- Merci Greg, dit faiblement son ami.
- T'inquiète Roman, pas de problème, ajouta-t-il en lui posant une main sur l'épaule. Ça va mieux ?
- Légèrement oui.
Roman rapprocha une main de son front et ferma les yeux.
- Bordel mais qu'est-ce qui m'arrive ?
Grégoire ne savait pas quoi faire non plus. L'état de son ami le préoccupait, mais il se sentait impuissant face à ça.
- Bah alors, on dirait qu'on a un gros mal de tête ici, commenta sarcastiquement une voix familière à Grégoire.
Les deux garçons se tournèrent vers l'arbre et virent une jeune brune aux yeux verts qui s'appuyait sur le tronc.
Grégoire se leva vivement et lui lança un regard réprobateur.
- Et on dirait que tu ne peux pas t'empêcher d'apparaître à l'improviste, dit-il avec le même ton sarcastique.
- J'espère au moins que tu lui as dit ce que je t'ai demandé de lui dire.
- Écoute Sandra, c'est pas le moment ok ?
Roman, malgré son mal de tête, les regarda un à un en déplaçant rapidement son regard de l'un à l'autre.
- Pardon Greg mais comment tu la connais ? Et de quoi elle parle ?
- Et bien... pour être tout à fait franc, je ne sais pas non plus.
Roman leva les yeux vers le ciel. Il ne s'attendait pas du tout à une telle réponse.
La jeune fille fit de même et s'avança.
- Je m'appelle Sandra et je suis celle qui peut t'aider à comprendre ce qu'il t'arrive.
- Bien sûr, puisque je ne vaux pas tripette d'après elle, chuchota Grégoire.
- Excuse-moi, quoi ? dit Sandra surprise. J'ai jamais dit que tu ne valais rien. Je t'ai juste dit de demander à ton ami de venir me voir dès qu'il serait sortit de l'hôpital.
Grégoire ne masqua pas sa surprise en notant qu'elle l'avait entendu. Il regarda son meilleur ami, tout aussi surprit qu'elle.
Soudain, Roman grimaça nouvellement. Sa migraine avait reprit.
Grégoire quant à lui, décida de ne pas prêter grande attention à la jeune femme et se pencha pour tenter d'aider son ami. S'apercevant que Sandra était toujours là, il reprit la parole.
- Excuse-moi, mais mon ami ici présent aurait besoin d'un peu d'air frais, et de calme ! Alors pourrais-tu nous laisser s'il te plaît ?
- Et tu penses que tu es en mesure de l'aider ?
Sur ces mots, Grégoire se releva brusquement et s'approcha de la jeune femme.
- Alors primo: je connais Roman depuis la primaire, toi tu ne le connais même pas ! Secondo: je ne sais pas qui tu crois être, ni comment tu as fait pour changer la couleur de tes yeux, et honnêtement je m'en fou. Et tertio: ne prétends pas savoir ce qu'il a parce qu'en fait, je crois que tu ne le sais même pas toi non plus.
Sandra le regarda de bas en haut, sans prononcer le moindre mot. Elle n'avait pas flanché un seul instant devant le jeune homme qui la regardait d'un air menaçant.
- J'essaie juste de l'aider.
- Bah peut-être qu'il en veut pas.
- Tu crois tout savoir pas vrai ? dit-elle agacée. Tu resterais surpris de ce que tu ignores.
- Je m'en fiche.
- Arrêtez ! gronda soudainement Roman, les mains sur les oreilles.
Surpris par la portée de sa voix, les deux ados s'étaient retournés vers le jeune homme.
Rapidement, Grégoire se rendit compte que plusieurs autres étudiants avaient posé leurs regards sur le trio.
Le jeune homme observa son ami et cru pendant un moment que ses yeux marrons étaient devenus jaunes.
Roman leva ses yeux vers ce dernier, confus, pétrifié et inquiet.
- Bordel Greg mais qu'est-ce qui m'arrive ? demanda-t-il apeuré.
Roman reposa sa main sur son front, désormais trempé de sueur.
- Je... j'en sais rien mon vieux, avoua ce dernier.
- Moi si, répéta Sandra d'un ton ferme. C'est de cela que je voulais parler avec ton ami.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Grégoire encore plus inquiet. Roman est malade ?
- Non. Il est en phase de transformation.
Grégoire secoua la tête, encore plus désemparé par la réponse de la mystérieuse Sandra.
- Attends qu'est-ce que ça veut dire ? Y a un remède ou pas ?
- Ce n'est pas le bon endroit pour en parler. Ton ami doit venir avec moi. Maintenant !
Grégoire jeta un rapide coup d'œil à Roman. Voyant que son front était complètement trempé, il accepta en hochant la tête.
- Ok alors où va-t-on ? questionna-t-il.
- Pas toi. Seulement lui.
- Non ! s'exclama Roman, attirant sur lui les regards de Grégoire et Sandra. Greg m'accompagne.
- Écoute Roman, ton ami ici présent ne peut pas venir, répliqua-t-elle. De plus je ne lui fais pas confiance.
- Et bien moi si ! Alors soit il vient, soit je reste ici. Et peu importe si ça empire.
Effectivement, Roman ne bougea pas d'un iota. Et même si l'intensité de sa migraine augmentait rapidement, il prit sur lui et ne céda pas. Il lança même un regard de défi à la jeune fille, pour lui faire comprendre qu'il ne reviendrait pas sur sa décision.
Une expression de mécontentement se dessina sur le visage de Sandra, mais ne sachant plus quoi faire, elle accepta.
- Suivez-moi, souffla-t-elle aux garçons, à contre-cœur.
Elle se dirigea vers le parking et s'arrêta devant un pickup. Elle regarda autour d'elle discrètement, puis força la portière.
Elle monta à bord, sous le regard ahuri des garçons. Elle était en train de voler une voiture, la situation semblait se compliquer de plus en plus. Malgré cela, Grégoire et Roman se hâtèrent de la rejoindre et s'asseyèrent tous les deux à l'arrière.
Une fois qu'ils étaient installés, Sandra, qui traficotait avec les câbles, alluma le moteur et appuya sur l'accélérateur.
Ils quittèrent rapidement le parking et s'engagèrent sur la route, en direction de la forêt.
Grégoire regarda derrière, voyant si quelqu'un les avait vu voler la voiture. Heureusement se ne fut pas le cas, du moins pour cette fois.
Il rapporta son attention sur son meilleur ami, qui tenait toujours sa main sur le front. Puis il rapporta son attention sur Sandra.
- Où nous emmènes-tu ? demanda-t-il.
- Dans un endroit qu'aucun humain ne connaît, répondit-elle sèchement.
***
De son côté, Ayla, qui était sortit plus tard par rapport aux garçons, les attendait à côté du Red Wolf. Elle observa les alentours mais, malgré le manque de queue devant le food-truck, elle ne vit ni Roman ni Grégoire.
C'est alors avec une moue triste, qu'elle se dirigea vers le food-truck. Elle passa sa commande et, après que le chef lui ait préparé son plat, elle alla s'asseoir sur les marches, seule.
Perdue dans ses pensées, la jeune fille ne s'aperçue pas qu'une autre blonde était en train de s'approcher d'elle.
- Alors c'est vrai que tu as décidé de renoncer à ton héritage familial et de vivre une misérable vie ordinaire ? demanda-t-elle.
Ayla leva les yeux et la reconnut.
-Il semblerait que tu sois tombé bien bas ma petite chasseuse, continua Victoria avec le même sarcasme.
- Et il semblerait que l'on t'ait affecté la tâche de jouer au baby-sitter, répliqua-t-elle avec désintérêt.
La nouvelle arrivée ne put s'empêcher de ricaner.
- Je dois reconnaître que j'ai toujours apprécié ton sens de l'humour Ayla, dit-elle en s'asseyant sur les marches.
- Qu'est-ce que tu me veux Victoria ?
Il y eu un bref moment de silence, durant lequel Ayla releva la tête et lui lança un regard réprobateur.
Malheureusement pour elle, celle-ci ne lui répondit pas et se contenta d'observer la place du campus.
- Ça doit être tellement ennuyeux, dit-elle avec une légère lassitude. Devoir se lever tout les matins pour venir dans un endroit pareil. À quoi peut bien te servir un diplôme contre une créature surnaturelle ? Tu espères la tuer à coup de bouquins ?
- Tu n'as pas répondu à ma question, renchérit Ayla avec une détermination qui surprit Victoria.
Cette dernière reporta son attention sur la jeune femme et lui répondit.
- Il y a eu une secousse dans la Brume. J'imagine qu'on te l'as déjà dit ?
- Bien sûr, répondit Ayla. Ma mère m'en a parlé ce matin. Même si j'imagine que tout le MythWorld l'ait ressenti.
- Et tu sais ce que cela signifie ?
Ayla resta silencieuse. Elle était consciente de ce que cela voulait dire, mais elle n'avait aucune envie de répondre.
Malheureusement, elle savait que Victoria ne serait pas parti de si tôt, alors tant mieux valait-il lui répondre.
- Un humain à été en contact avec un Occulté.
- Faux ! corrigea précipitamment Victoria. Cela veut dire qu'un humain est "devenu" un Occulté. Et par conséquent, il est de notre devoir de le trouver.
- Ah oui et pourquoi ? Pour lui planter une flèche dans un œil ? Pour lui transpercer le coeur ?
- Pour l'empêcher de blesser un humain à son tour.
Ayla leva brièvement les yeux vers le ciel. Elle savait parfaitement que Victoria, la petite amie de son frère, était quelqu'un de froid et de perfide. L'idée de tuer les créatures surnaturelles était plus qu'un devoir pour elle. C'était comme ci elle y prenait du plaisir.
Parfois elle se demandait même si c'était elle, la cause du changement de comportement de Sébastien.
- Dis-moi juste une chose Victoria: as-tu au moins une idée de quel Occulté il s'agit ?
La chasseuse la regarda de haut en bas, en la dévisageant de ses yeux noisettes.
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Parce que je pense que ce serait plus utile de faire des recherches, au lieu d'aller dans tout les repaires d'Occulté et en menaçant de tuer tout le monde.
Victoria parut très amusé en écoutant l'idée d'Ayla.
- Oh, tu veux dire que nous devrions leur tendre la main ? questionna-t-elle de façon très sarcastique.
La jeune fille baissa les yeux, totalement désemparée et déçue par le comportement de Victoria. Celle-ci se rapprocha d'Ayla et en la regardant droit dans les yeux elle lui parla à voix basse.
- Je suis venue ici, parce que nous avons toutes les raisons de croire, que le nouvel Occulté est un des étudiants, dit-elle en indiquant discrètement du doigt la place remplie de jeunes. Tu vas devoir tous les observer pour voir si l'un d'eux a quelque chose de... différent disons.
Choquée par la demande, Ayla se redressa subitement et recula d'un pas.
- Tu veux que je te serves d'espion ? demanda-t-elle indignée
Victoria commença à s'éloigner, le sourire aux lèvres.
- Non ma chère, je veux que tu serves l'Ordre. Alors cesses avec cette comédie d'une vie normale et fais ce pourquoi tu es née !
Sur ces mots, elle tourna le dos à Ayla et partit.
- Mais qu'est-ce qui te fait croire que ce nouvel Occulté soit dans cette ville ? demanda-t-elle intriguée.
Victoria ne se retourna pas et ne lui donna aucune réponse. Elle reprit alors sa marche et s'éloigna, un discret sourire sadique s'étirant sur ses lèvres.
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