Des chuchotements résonnèrent autour de Roman. Ils lui paraissaient proches mais aussi distants. Ces voix, le jeune homme les connaissaient bien.
Inconscient certes, mais capable de les entendre.
- Serait-ce l'au-delà ? pensa-t-il.
Pendant ce qui lui parut une éternité, son monde n'était rien d'autre qu'ombres et obscurité. Quand il rouvrit enfin ses yeux, sa vision fut frappée par une vague de lumière. Il lui fallut quelques minutes pour s'y habituer et comprendre où il se trouvait.
Toutefois, ce n'était pas le lieu qui l'intéressait, mais les voix qu'il entendait. Il tourna la tête et vit sa mère, les larmes au yeux à côté de son lit d'hôpital. Grégoire était là aussi.
- Salut à vous deux, dit Roman faiblement avec un léger sourire.
- Salut mon vieux ! s'exclama Grégoire. Bon retour parmi nous.
Awa quant à elle resta silencieuse, ne sachant trop que dire et submergée par les émotions devant son fils.
- Alors comment tu te sens ? continua son ami.
- J'ai une terrible migraine. Et peut-être même la gueule de bois, avoua le jeune homme.
Il regarda autour de lui. Les paupière encore lourdes, le jeune homme n'arrivait pas à voir de manière distincte ce qui se trouvait tout autour de lui.
- Où suis-je ?
- À l'hôpital. Tu es resté inconscient pendant deux jours.
- Deux jours ! s'exclama le jeune garçon.
- Enfin remarque, ça aurait pu être pire. Les médecins ont dit qu'il y avait de fortes chances que...
Le regard sévère et réprobateur de Awa se posa sur le jeune brun qui se tut immédiatement.
- T'inquiète Greg. Je vois où tu veux en venir, dit le noiraud en voulant soulager son ami. On va dire que j'ai été chanceux.
Awa posa sa main sur celle de son fils. Puis elle tourna la tête vers le jeune brun.
- Grégoire est-ce que tu pourrais nous laisser seuls une minute ? demanda-t-elle.
- Oui Awa, bien sûr, dit-il en se dirigeant vers la sortie.
Une fois seuls, Roman commença à parler.
- Maman...
- Chut, non mon chéri. Ne parle pas, l'interrompit sa mère.
Les larmes sur son visage s'intensifièrent et coulaient de plus en plus nombreuses sur ses joues.
- Écoute, j'ignore ce qui t'est arrivé exactement, mais dorénavant, je viendrai te chercher à l'université quand tu auras terminé les cours.
Roman ne cacha pas son étonnement face à cette décision.
- Maman rassure-moi t'es pas sérieuse ?
Malheureusement pour lui, Awa était on ne peut plus sérieuse.
- Roman ! Il y a eu une autre victime la nuit où tu as été agressé. Puis une autre hier soir. Seulement, à la différence de toi, ces deux innocents ne s'en sont pas sortis
Les yeux du noiraud s'écarquillèrent et son cœur commença à battre tellement fort qu'il en sentit le battement jusqu'aux oreilles.
- Tu es le seul qui as survécu à l'attaque de ce tueur qui rôde en ville.
- Maman ce n'est pas un homme qui m'a fait ça. J'ai été attaqué par un loup.
Soudain, une vision de cette terrible nuit lui traversa l'esprit. Roman se souvint de la créature qui se tenait devant lui, des ses longues dents acérées, de la bave qui coulait le long de sa gueule à moitié ouverte.
Le jeune homme refoula ces pensées au plus profond de son être, et regarda sa mère, qui ne semblait pas convaincue.
- Maman, je sais ce que j'ai vu. C'était bel et bien un loup.
Awa secoua la tête.
- Mon poussin, ce que tu as subi est quelque chose de terrible. Il se peut que tu aies vu quelqu'un déguisé en loup.
- Maman, je te le jure. J'ai vu un loup, il était grand, recouvert de poils gris et ses yeux.... Ils étaient rouges.
- Arrête !
Pendant un instant, le silence régna en maître dans la chambre d'hôpital.
- Il n'y a plus de loup dans la région depuis longtemps mon chéri. Alors c'est impossible que tu aies pu en voir un, expliqua la mère du noiraud. Cela dit, je vais également te demander de ne plus faire de jogging le matin.
- Quoi ? Maman attends une minute...
- Non! J'ai risqué de te perdre il y a 2 nuits et je ne tiens pas à ce que ça se répète ! répliqua-t-elle sévèrement.
Roman sentit ses yeux devenir humides . Il comprenait son inquiétude et, avec du recul, il réalisa qu'il se préoccupait plus du sport que de sa mère. Ceci lui fit éprouver une sensation de dégoût envers lui même.
- Maman, je suis vraiment désolé, dit-il avec un léger sanglot.
- Ne t'en fais pas pour ça, on trouvera une solution. Mais stop avec les footings ok ?
- Ok, dit Roman à contre cœur.
Il releva les yeux vers sa mère et lui prit affectueusement la main.
***
Plus tard dans la matinée, Grégoire était à l'université pour prendre les cours de son ami. Il sentait un vide autour de lui. Ne pas voir son meilleur ami à ses côtés, préoccupé par sa situation, inquiet pour sa santé, le jeune brun se sentait comme désemparé.
Alors qu'il vagabondait dans les couloirs, perdu dans ses pensées, quelqu'un le tira par le bras, l'emmenant dans une classe vide.
- Oh mais ça va pas ou quoi ? s'exclama-t-il.
La porte se referma subitement et le jeune homme vit que la personne qui l'avait emmené de force, était une jeune femme aux cheveux bruns et aux yeux verts foncés.
Cette dernière jeta un rapide coup d'œil, pour voir s'ils avaient été suivis. Une fois sûre et certaine du contraire, la brune se retourna vers Grégoire et l'observa.
- Attends une seconde. Je te connais toi, dit le jeune garçon en la regardant attentivement.
- Comment va-t-il ? demanda la fille comme si elle ne l'avait pas entendu.
- Tu es la fille qui se disputait avec le cuistot du Red-Wolf.
- J'ai pas le temps pour ça, alors réponds à ma question !
Grégoire était perplexe et confus. Qui était donc cette fille et que voulait-elle à Roman ? Mais surtout, comment faisait-elle pour savoir qu'il était à l'hôpital ?
Galvanisée par l'impatience, la jeune brune attrapa Grégoire par les deux bras et le plaqua au mur.
- Réponds-moi ! répéta-t-elle plus sévèrement.
Hélas, Grégoire n'en démorda pas. Il grimaça un moment à cause de la légère douleur causée par l'impact, mais il n'avait aucune intention de lui répondre.
- Réponds à ma question.
- Sinon quoi ?
La mystérieuse brune fronça les sourcils, lançant un regard noir. Grégoire sentit une sueur froide lui parcourir le dos, mais il refusait toujours de lui dire quoi que ce soit.
C'est alors qu'il vit, très brièvement, les yeux verts foncés de la brune virer au jaune. Un jaune intense et perçant. L'expression dure et fermée sur le visage du jeune homme se décomposa.
- Oh mon Dieu ! Mais comment...
La jeune femme relâcha lentement la prise et constata qu'il l'avait vu.
- Tu les as vu ? questionna-t-elle en agrandissant les yeux.
- Mais comment t'as fait ça ?
Elle rapprocha son visage du sien, lançant un regard était noir et menaçant.
- Si tu tiens à vivre, je te conseille de répondre à ma question.
Grégoire avala difficilement sa salive.
- Et bien, mis à part le fait qu'il va devoir rester encore quelques jours à l'hôpital, je dirais qu'il a de la chance d'être encore vie.
La fille resta silencieuse un moment. Grégoire lui en revanche commença à la contourner pour sortir de la classe.
- Bon écoute, si ça ne te gêne pas, il faut que j'y ailles. J'ai encore un cours à faire avant d'aller déjeuner, dit-il légèrement apeuré.
Au moment où il s'approcha de la porte, la fille l'attrapa par le bras. Sa prise était très forte et Grégoire sentit la main se serrer un peu plus.
Ses jambes commencèrent à trembler. La brune le fixa intensément de ses yeux verts foncés.
- Avant que tu sortes d'ici sache une chose: la vie de ton ami ne sera plus pareille maintenant, dit-elle avec le même air sérieux.
Le jeune brun releva les yeux vers elle et lui lança un regard confus.
- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Grégoire.
- Dès qu'il sera sorti, dis-lui de venir me retrouver au Red-Wolf. Seul !
Le jeune garçon ne savait pas quoi répondre et cette situation lui paraissait plus étrange et inquiétante.
Voyant que le brun ne lui répondait pas, la fille serra encore plus la prise.
- Alors tu as compris ce que je t'ai dit ?
La pression sur le bras du jeune brun était encore plus forte qu'avant, à tel point qu'il commença à se plier.
- Oui oui ok, mais si maintenant tu pouvais me lâcher le bras ça serait très sympa merci, dit-il rapidement.
La brune lâcha la prise et se dirigea vers la porte, mais Grégoire la stoppa.
- Attends ! Qui es-tu ?
- Ça ne te regarde pas, dit-elle sèchement.
- Oh allez ! Comment veux-tu que je dises à Roman de venir te retrouver si je ne connais même pas ton nom ?
Un nouveau silence cala dans la classe vide. Ne se sentant pas très chanceux côté fille, dans l'esprit de Grégoire se formèrent deux scénarios: la fille serait sortie sans rien dire ou elle se serait retournée pour lui donner une grosse claque.
Alors, quand il la vit se retourner à moitié, le jeune homme pensait que le deuxième scénario qu'il avait imaginer, allait se réaliser.
Il prit une profonde inspiration et s'apprêta à recevoir le coup. À sa grande surprise elle prononça un seul mot.
- Sandra.
Ceci fait, elle ouvrit la porte pour sortit de la pièce.
Grégoire resta encore un moment dans la classe vide, avant d'en sortir pour aller en cours.
Une fois dans le couloir, il regarda autour de lui. Malheureusement, il ne vit que des étudiants qui sortaient de l'édifice ou qui rejoignaient leurs classes respectives. La jeune brune aux yeux verts foncés avait disparu au milieu de la foule.
La matinée n'était pas encore fini, mais la discussion avec cette mystérieuse « Sandra » inquiéta encore plus le garçon au sujet de son meilleur ami.
- Qu'est-ce qu'elle voulait dire par: la vie de ton ami ne sera plus pareille ? pensa-t-il, tandis qu'il se dirigeait vers sa classe de cours.
Une fois arrivé, le jeune brun s'assit à une table près de la fenêtre. Soudain, alors que son esprit était envahi par mille et une questions au sujet de cette Sandra, il avait l'étrange impression d'être observé.
- Qu'est-ce qui va arriver à Roman ? reprit-il en plongeant nouvellement dans ses pensées.
***
Depuis l'extérieur de l'université, Sandra gardait un œil sur le garçon. Le fait qu'il se soit assis à côté de la fenêtre, lui facilitait énormément la tâche.
Toutefois, elle ne parvenait toujours pas à comprendre pour quelle raison elle l'avait sauvé. Ni même ce qu'il avait à lui apporter.
C'est alors qu'une image de son passé apparue dans sa tête: il s'agissait d'un jeune homme, aux cheveux acajou et à la carnation mate.
Elle se souvenait de son regard perçant, dont les yeux bleus ciel semblaient voir au tréfonds de son âme.
Elle se rappelait de son sourire, brillant comme le soleil levant, qui apportait toujours de la joie dans les moments difficiles.
Mais plus que tout, la jeune fille se remémorait des moments qu'elle avait passé avec lui. Jusqu'à cette fameuse nuit. Cette nuit durant laquelle elle perdit un être cher; une personne qui avait toujours veillé sur elle, comme un ange gardien.
Elle chassa ses pensées douloureuses de son esprit, mais cela lui fit encore plus mal.
Sandra était tellement concentrée dans ses souvenirs, qu'elle ne s'était pas rendu compte qu'une larme était en train de couler le long de sa joue.
Elle ferma les yeux, se concentra sur son souffle et respira profondément.
Après s'être assurée que plus rien ne la déconcentrerait nouvellement, elle se remit à observer Grégoire.
Elle le vit sortir une bouteille d'eau de son sac. Puis, le jeune homme sortit un cahier qu'il posa fortement sur son bureau. Cela fit trembler la table, qui était déjà mouvante, mais ce qui suivit Sandra le trouva très divertissant.
En effet, la bouteille oscilla un moment avant de tomber. Malheureusement pour Grégoire, cette dernière était mal fermée; par conséquent l'eau tomba en grande quantité sur son pantalon.
Certes, Sandra était en dehors de l'établissement, mais grâce à son ouïe elle parvenait à entendre tout.
Totalement focalisée sur la scène, elle entendit le garçon jurer.
- Oh putain ! Merde, mais c'est pas possible !
Sandra ne put s'empêcher de rire. Elle vit le jeune homme se relever brusquement et constata l'ampleur des dégâts. La partie haute de ses pantalons était totalement mouillée.
- C'est pas vrai ! C'est vraiment mon jour de chance aujourd'hui.
La jeune fille secoua lentement la tête, un grand sourire s'étirant sur son visage.
Soudain, elle réalisa que c'était la première fois qu'elle se sentait aussi divertie. Peut-être était-ce cela que ce jeune homme maladroit était censé lui apporter ? Difficile à dire.
Un regard interrogateur et curieux apparut sur son visage.
- Peut-être que le surveiller pourrait s'avérer instructif en fin de compte, pensa-t-elle. Voyons ce que tu as de si utile, jeune humain.
Elle se dirigea vers un arbre quelques pas derrière et s'assit au pied de celui-ci.
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