Chapitre 47
Roman avait disparu derrière le mur, gravement blessé. Ses amis étaient maintenant piégés, encerclés par la meute des Fils du Gévaudan. Ce dernier élargit son sourire machiavélique, constatant que sa victoire était imminente.
Du moins, c'est ce qu'il croyait, jusqu'au moment où plusieurs hurlements provenant de l'arrière de la fabrique se firent entendre distinctement. Petit à petit, des bruits de pas accéléré s'ajoutèrent, détail qui laissa perplexe la Bête du Gévaudan.
- Ce ne sont pas les nôtres, non ? demanda-t-il à Ayden.
Cette dernière secoua la tête.
Tout à coup, plusieurs loups jaillirent de derrière les fenêtres, qui se brisèrent en mille morceaux.
L'un d'eux se rapprocha de Sonia, comme pour contrôler si elle allait bien. La jeune femme lui lança un petit sourire du coin de la bouche.
Peu de temps après, un autre loup, plus grand que les autres s'avança. Son pelage était brun et ses yeux d'un rouge vif, laissèrent entendre que c'était l'Alpha de cette meute.
- Marcus ! Alors ça pour une surprise, ironisa Henry.
Le loup-garou ne mit pas longtemps à reprendre sa forme humaine. Habitué depuis très longtemps maintenant, le craquement de ses os ne se fit quasiment pas entendre.
Redevenu humain, le vieil Alpha observa son ancien adversaire, lui lançant un regard furieux.
- Cette fois ça suffit Henry !
- Et qu'est-ce que tu compte faire mon ami ? Me tuer ?
La Bête marqua une pause, curieux de connaître la réponse. Toutefois, le silence de Marcus l'obligea à reprendre la parole.
- Peu importe. J'ai obtenu ce que je voulais: le sois-disant « Pur Alpha » est mort. Et maintenant, je vais enfin pouvoir m'amuser comme il y a...
Il n'eu pas le temps de conclure, qu'un bloc de ciment de la taille d'un bébé vint le frapper à l'arrière de la tête.
Henry s'agenouilla, grognant de douleur.
Tous se retournèrent pour voir qui avait osé s'en prendre au Grand Alpha. L'étonnement général s'amplifia lorsque Roman apparut depuis le trou dans le mur.
Son t-shirt était en lambeaux, de même que son pantalon, qui était déchiré de toute part. Ses blessures, par contre, avaient toutes cicatrisées; juste quelques taches de sang et beaucoup de poussière recouvrait son corps désormais.
Roman relança un nouveau bloc de ciment sur Henry. Ce dernier, totalement ahuri par ce qu'il venait de voir, ne parvint pas éviter l'impact. Le bloc heurta violemment son visage le faisant tituber.
Tous les membres de la meute de Marcus grondèrent. Plus étonnant encore, certains loups du côté adverse acclamèrent le garçon.
Henry quant à lui, se releva, les yeux rouges pleins de haine. Son nez saignait, mais il n'y prêta pas grande attention. Tout ce qu'il voulait c'était se débarrasser de Roman.
- Mais combien de fois dois-je te tuer hein ? s'écria-t-il plein de rage
Roman ne répondit pas. Le regard fixe sur son adversaire, il arracha ce qui restait de son t-shirt, découvrant ainsi toutes ses cicatrices. Sans quitter son ennemi du regard, il serra les poings, tandis que ses yeux prenaient une teinte verte claire.
- Le duel n'est pas encore fini. Amène toi, ordure !
Henry se retransforma instantanément en loup. Une fois acquis sa forme canine, il rugit contre le jeune homme, l'observant de ses yeux rouges sang.
- Je vais t'arracher la gorge sale môme ! s'écria la créature.
Roman ferma les yeux et commença à se contorsionner. Ses poils poussèrent jusqu'à recouvrir entièrement son corps. Ses membres s'allongèrent et des griffes apparurent aux extrémités de ses doigts.
Son visage se rallongea, tandis que de longues dents poussèrent dans sa bouche. Les oreilles devinrent pointues, alors qu'une petite bosse se formait sur son dos.
Roman n'était plus un humain; il avait laissé place à un imposant loup noir aux yeux verts. Ce dernier poussa un énorme cri vers la lune rouge, avant de retomber sur ses pattes avant.
Tous reculèrent, apeurés, surpris et, dans certains cas, admiratifs. Roman s'était transformé en loup pour la deuxième fois , mais cette fois sous les yeux de tous.
- Ah, je vois que tu sais te contrôler maintenant, remarqua la Bête. Hélas, cela ne te sauvera pas.
- Tu avais raison Henry. Je ne savais pas ce que j'étais avant. Mais maintenant je sais qui je suis !
Le grand loup noir rugit de plus belle avant de s'élancer contre son adversaire. La Bête suivit son exemple, rugissant encore plus fort, alors qu'elle allait à l'encontre du Pur Alpha.
Les deux canidés engagèrent à nouveau le combat.
Le grand loup gris aux yeux rouges tenta de mordre son opposant, mais poussé par la colère qui bouillonnait en lui, il ne remarqua pas la patte griffue du loup noir, qui atteigna son visage de plein fouet.
La Bête tomba sur le côté et trois profondes marques furent gravées sur le côté droit de son museau. Elle se releva avec difficulté, encore étourdie par le choc.
Le loup noir resta immobile, comme s'il attendait la prochaine attaque.
Sa rage grandissante de plus en plus, la Bête bondit encore sur son adversaire. Toutefois, ce dernier roula sur le côté, puis attrapa avec sa mâchoire l'une des pattes avant du Grand Alpha.
Ce dernier rugit de douleur, tout en tentant vainement de se libérer.
Roman l'envoya contre une poutre en acier. Le Grand Alpha la heurta bruyamment mais n'eut pas le temps de se ressaisir. En effet, le loup noir lui fonça dessus à pleine vitesse. Henry fut pris en plein dans le mille, alors que la poutre se tordait.
Le loup noir recula et attendit que la Bête réagisse.
- C'est vrai Henry. Je ne suis qu'un morveux, qui ignore à quoi il a faire, dit le Pur Alpha. Mais je ne suis pas venu ici pour prouver quoique ce soit. Je suis venu t'affronter, pour sauver une amie, et les gens que j'aime. Et peu importe ce que je suis; ma famille, ma meute, passe avant tout.
Le loup gris releva la tête, lançant un regard noir à son opposant.
- Je suis venu, parce qu'Embursville est ma maison. Et tu n'y es pas le bienvenu Henry ! Alors, prends tes cliques et tes claques, et disparais ! Et si jamais tu oses revenir, j'irai jusqu'au bout.
Lentement mais sûrement, la Bête se remit sur ses pattes. Elle observa le loup noir et grogna de manière menaçante.
- Tu ne m'as pas encore vaincu. Et je n'ai nullement l'intention de t'obéir « Pur Alpha ».
Henry, dans un dernier acte désespéré, se lança sur Roman. Malheureusement pour lui, ce dernier s'y attendait.
Alors, Roman se redressa tout en reculant, évitant de justesse les pattes avant griffues et la gueule pleine de crocs acérés de la Bête.
De cette façon, le Pur Alpha attrapa par le haut, le cou de la Bête avec sa mâchoire. Ensuite, tout en s'appuyant sur ses membres postérieurs, il la souleva puis la jeta par terre, comme une poupée de chiffon. Exactement comme elle avait fait avec lui, peu de temps avant.
Le grand loup gris se retrouva encore au sol, enveloppé dans un nuage de poussière. Étourdi par le choc, il n'arriva pas à se relever, ce qui permit à son adversaire de se rapprocher.
En quelques instants, Roman se tint au-dessus de la Bête, le maintenant plaqué au sol avec ses pattes. Il observa son adversaire silencieusement.
Les membres des deux meutes furent abasourdis et stupéfaits, par le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. La Bête du Gévaudan, plus communément appelée le Grand Alpha, se trouvait dans une position très humiliante.
Cela dit, il refusait toujours de se soumettre. Alors, en tournant le regard vers son ennemi, Henry se mit à grogner.
- Je ne me soumettrais jamais à un sale...
La Bête n'eut pas le temps de finir sa phrase, car Roman se mit à lui rugir en pleine face, à pleins poumons.
Le cri se répandit dans toute la fabrique, faisant même trembler les petits cailloux qui jonchaient le sol.
Certains s'étaient même bouchés les oreilles.
Lorsque le loup noir se tut, le loup gris commençait à retrouver une forme humaine. Événement qui stupéfia tout le monde, car même Henry ne comprenait ce qu'il se passait.
Le Grand Alpha observa ses bras, redevenus humains; il se toucha le visage et constata qu'il n'y avait plus de poils. Même son long museau venait de se ré-aplatir.
Horrifié il se retourna vers Roman, qui avait également récupéré sa forme humaine. Ce dernier l'observa de toute sa hauteur, avec ses yeux qui avaient retrouvé leur teinte d'origine.
- M... mais comment... balbutia Henry, apeuré pour la première fois.
- Je sais qui je suis maintenant. Je suis le Pur Alpha ! Et tu as perdu Henry !
Mais l'homme n'accepta pas cette défaite. Il se releva soudainement en poussant un cri, mais Roman lui asséna un violent coup de poing, droit dans le visage. Henry retomba alors sur le sol, inconscient.
Le garçon tourna sur lui même, observant tous les loups, un à un, pour voir si l'un d'eux aurait l'audace de l'affronter.
Quelques loup s'avancèrent, tous appartenant à la meute des fidèles du Grand Alpha. Seulement, ils ne montrèrent aucun signe d'agressivité.
Arrivés à quelques pas de Roman, ils s'inclinèrent devant lui.
- Mais qu'est-ce que cela signifie ? s'interrogea-t-il.
- Tu as vaincu celui qu'ils considéraient comme un idole. Maintenant, c'est toi qu'ils admirent Roman, expliqua Marcus en s'inclinant à son tour.
Aussitôt leur Alpha agenouillé, les loups de Marcus se prosternèrent à leur tour, y compris Sonia et Coralie.
Sandra aurait voulu faire de même, mais dans ses conditions, il lui était difficile de s'incliner. Roman le remarqua et lui lança un petit sourire. Il hocha lentement la tête, l'incitant à ne pas le faire.
Cependant, Ayden et les autres loups qui n'étaient pas enclins à accepter cette situation, s'éclipsèrent discrètement. Certains avaient quitté les lieux avant même que le combat entre les deux loups-garous ne finisse.
Avant de partir, la jeune fille regarda une dernière fois le Pur Alpha, d'un regard haineux.
- Un jour je te tuerai Roman Vicars. Ceci est une promesse ! pensa-t-elle froidement. J'ignore pourquoi mon côté loup s'agite devant toi, mais un jour viendra où je t'égorgerai vif !
***
Au petit matin, Roman se trouvait chez les Volta. Il ne voulait pas rentrer chez lui, totalement recouvert de cicatrices et nu, au risque d'inquiéter sa mère.
Il se releva du lit dans la chambre d'ami où il était allongé. Il s'habilla rapidement et descendit au rez-de-chaussée. Là, il vit Grégoire endormi sur le sofa, tandis que Sandra était allongée sur le canapé. Elle était en grande partie recouverte de bandages, mais elle était au moins en sécurité.
Ayla était également présente. Elle surveillait la porte d'entrée de la maison, la lance à la main. Il se rapprocha d'elle.
Il s'agenouilla à ses côtés, puis posa délicatement une main sur son épaule. Au premier contact, la jeune chasseuse se retourna et lorsque son regard croisa celui du garçon, un grand sourire se dessina sur visage rayonnant.
- Salut, dit-elle à voix basse.
- Salut. Excuse-moi je ne voulais pas te distraire.
- T'en fais pas. Tu ne me dérange absolument pas.
Le sourire sur le visage de Roman s'agrandit.
- J'étais inquiète hier soir, poursuivit-elle.
- Moi aussi. Pour être honnête, j'avais peur que vous ne réussissiez pas à trouver Sandra et à sortir à temps. Lorsque j'ai entendu les cris...
Ayla posa deux doigts sur la bouche de Roman, l'invitant à se taire.
- Roman. J'étais inquiète pour toi. Lorsque tu as été projeté contre ce mur... j'ai crains le pire.
Les yeux de ce dernier s'agrandirent. Il comprit alors combien il comptait pour Ayla, malgré le fait qu'il soit un loup-garou.
- Ayla... il y a une chose que tu dois savoir, dit-il, mais cette fois d'un ton légèrement attristé.
***
Parallèlement, Sandra se réveilla. Elle se sentait encore très faible, mais elle n'avait plus peur. Lorsqu'elle vit Grégoire, en train de roupiller sur le sofa, elle ne put s'empêcher de sourire. Des larmes commencèrent même à se former, mais elle se ressaisit subitement.
Elle tenta alors de se relever, quand elle entendit une voix l'appeler.
- On va quelque part, madame « la dure à cuir », dit la voix masculine d'un ton amusé.
Elle tourna la tête et vit Grégoire la regarder droit dans les yeux.
- Je croyais que tu dormais ?
- Quand je commence ronfler, je me réveille en quelques secondes. Ça arrive surtout dans les moments de stress.
Sandra haussa les sourcils.
- Et tu es stressé là maintenant ? demanda-t-elle d'un ton ironique.
-Bah... j'ai failli te perdre alors...
Sandra resta choquée d'entendre ses mots. Son sourire disparut et sur son visage, se dessina une expression que Grégoire ne savait pas déchiffrer.
- J'ai dit quelque chose qui ne va pas ? questionna-t-il.
Pour toute réponse, Sandra se jeta sur lui et l'enlaça. Il resta surpris et touché par ce geste.
- En fin de compte... peut-être pas, pensa-t-il à voix basse.
Sandra l'entendit et sourit de plus belle.
Tout à coup, Roman et Ayla apparurent. Les deux jeunes gens se détachèrent l'un de l'autre, espérant de ne pas s'être fait remarqué. Même si ce n'était pas le cas.
- Sandra ! Comment te sens tu ? demanda Roman.
- Ça va mieux Roman, répondit-elle. Merci de m'avoir sauvé.
- C'est ce que font les amis non ? ironisa le vampire.
Sandra ne put retenir son sourire. Elle se tourna vers lui et le regarda avec tendresse.
- Au moins on est sûr qu'Henry ne fera plus de mal à personne.
- Ouais à ce propos, je crains qu'il n'y ait pire, ajouta Roman.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Sandra.
- Il parle de mon frère, répondit la chasseuse. Henry a confirmé que Sébastien l'a « engagé » pour qu'il sème la terreur en ville et qu'à un certain moment, le MythWorld soit révélé au grand jour.
- Ouais on sait ce que Sébastien projette de faire, ajouta Grégoire. Mais je ne vois pas où tu veux en venir.
Roman expira profondément avant de répondre.
- Henry m'a avoué que c'est Sébastien lui même, qui lui a ordonné de me tuer cette nuit là.
Cette révélation choqua le vampire et la louve. Ils se regardèrent incrédules et horrifiés.
- Mais pourquoi ? questionna Sandra.
- Parce que mon frère veut absolument que je sois de son côté dans la guerre qu'il prépare. Pour cela, il considère que toute distraction doit être... effacée de mon esprit.
- Ne me prends pas mal Ayla, mais ton frère m'a l'air d'avoir une sacrée araignée au plafond, commenta Grégoire.
Celle-ci se contenta de hocher la tête, mais elle ne semblait absolument pas vexée par cette remarque.
- Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda la fille de Marcus.
Roman se releva et observa un à un ses amis.
- On organise la résistance. Il faut que l'on se tienne prêt pour ce qui va suivre. La menace ne pèse pas uniquement sur nous, elle concerne tous les Occultés et même les humains. Il faut que le MythWorld se prépare à la guerre.
- Ou on pourrait continuer de mettre des bâtons dans les roues de Sébastien. Ça l'empêcherait de pouvoir déclencher ce conflit, spécula Grégoire.
Roman secoua la tête. Même si le plan de son ami pouvait fonctionner, il sentait que ce n'était pas la marche à suivre.
- Même si on faisait cela Greg, on ne ferait que retarder l'inévitable.
- Roman a raison, poursuivit la chasseuse. Mon frère a plus d'un tour dans son sac. Il réussira à déclarer la guerre au MythWorld, d'une manière ou d'une autre, et c'est à nous de l'en empêcher.
Le silence régna dans la pièce pendant un moment.
Après quelques instants de réflexion, tous se mirent d'accord sur la suite.
- Alors, c'est quoi le plan, Pur Alpha ? demanda Grégoire avec un sourire narquois.
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