Chapitre 46

Dans les tunnels de la fabrique, Grégoire, Ayla et Sonia cherchait leur amie prisonnière. Cela faisait plusieurs minutes qu'ils étaient descendus discrètement.

Jusque là, aucun fidèle de la Bête en vue. Rien que l'obscurité persistante des sombres galeries.

Heureusement, Sonia avait sa vision de loup pour pouvoir se repérer dans le noir. Grégoire aussi, grâce à ses yeux de vampires parvenait à voir le chemin.

Seul Ayla avait quelques difficultés. Pour cela, le jeune vampire lui tenait la main, la guidant ainsi à travers les corridors sombres, cachés sous la vieille fabrique d'acier.

Soudain, ils entendirent un étrange bruit. Il se répandit comme une traînée de poudre dans tout les souterrains. Le trio se figea sur place, même Sonia resta figée ; mais heureusement pour elle, l'obscurité masquait son expression.

- Qu'est-ce que c'était ? questionna Ayla à voix basse.

- Je n'en pas sûre, avoua la louve. Je pense que quelqu'un a rugi.

- C'est Roman ! dit Grégoire sûr de lui. Le combat vient de commencer.

- Alors dépêchons nous de retrouver Sandra. Il a besoin de notre aide ! s'inquiéta la jeune chasseuse.

À cette remarque Sonia, sans être vue, esquissa un sourire.

- Pas d'inquiétude, il va s'en sortir, dit-elle fermement.

Le trio reprit alors sa marche d'un pas accéléré.

***

  Kevin lui, était également descendu au fond du puit mais il était resté en retrait, en compagnie de Beth, pour surveiller la corde.

Tout les deux étaient silencieux, comme concentrés sur la mission, lorsque un bruit soudain, provenant des profondeurs obscures du tunnel, arriva à leurs oreilles de plein fouet.

Beth dégaina ses deux poignards, tandis que Kevin se redressa calmement.

- C'était quoi ça ? demanda Beth, d'une voix tremblante.

- C'est le rugissement d'un Alpha. Roman vient d'engager le combat avec la Bête, répondit-il.

Beth abaissa ses armes, mais préféra les garder à la main.

Malgré cela, le duo retomba rapidement dans un silence gênant. Kevin commença à en avoir assez, alors il décida de faire le premier pas.

- Alors... quand est-ce que tu veux qu'on en parle ? dit-il.

- Parler de quoi ? répliqua la jeune fille.

- Du pourquoi tu as choisi de ne pas me croire.

Beth expira fortement. Elle leva les yeux vers le ciel, puis se retourna pour faire face au jeune archer.

- Kevin... tu sais bien que je n'avais pas le choix.

- Foutaises ! s'écria Kevin. Tu savais que j'avais raison, et pourtant tu n'as rien fait. Je te faisais confiance Beth.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-elle.

Kevin secoua lentement la tête.

- Je ne reviendrai pas dans le groupe de Sébastien, répondit-il d'un ton solennel.

Les yeux de Beth s'agrandirent, dessinant sur son visage une expression d'étonnement.

***

  Alors que les deux groupes se trouvaient au fond du puit, Sophie et Coralie en revanche, étaient restées seules à l'extérieur du puit, pour surveiller les alentours.

La jeune louve ne se sentait pas très bien. L'idée de savoir son ami vampire en bas, ne lui plaisait guère.

Elles aussi avaient entendu le rugissement et compris que c'était le début du combat.

- Pourrais-tu arrêter d'être stressée s'il te plaît ? demanda sèchement Sophie, remarquant les légères traces de sueurs sur le front de son binôme.

- Stressée ? Je ne suis pas stressée, balbutia-t-elle.

Sophie lui lança un regard ironique. Elle savait qu'elle mentait.

- Alors, pourquoi tu es stressée ? reprit la jeune chasseuse.

Pendant un moment Coralie ne répondit pas. Après tout, elle se tenait à côté d'un membre de l'Ordre des Chasseurs. Pourquoi lui faire confiance se répétait-elle?

Toutefois, sachant qu'elle n'aurait pas abandonnée aussi facilement son "interrogatoire", la jeune louve décida de lui répondre.

- Je suis juste inquiète pour Grégoire, voilà tout.

Sophie haussa les sourcils, ne cachant pas son expression quelque peu écœurée.

- Tu sors... avec un vampire ? s'exclama-t-elle.

- On s'est juste embrassé une fois, avoua la jeune louve. Mais franchement je ne vois qu'est-ce qu'il y a de mal dans tout ça ?

Sophie hocha lentement la tête, tout en baissant son regard.

- Je crois que je vais avoir du mal à dormir ce soir, pensa-t-elle à voix basse.

Évidemment, Coralie entendit chacune de ses paroles, mais elle ne répondit pas. Elle se contenta uniquement de lui lancer un sourire moqueur.

- Ça a l'air de te déranger, reprit la jeune louve d'un ton sarcastique.

- Pas du tout, répliqua la chasseuse. Après tout je me fiche de ce que font les Occultés. C'est ta vie je n'ai pas à m'y mêler.».

- Pourtant... on dirait vraiment que la chose te dérange.

Sophie comprit que Coralie ne se serait pas arrêtée. Elle décida alors d'affronter la discussion de manière plus sérieuse.

- Ok... j'avoue que je suis surprise, car entre vampires et loups-garous ça se termine toujours en combat à mort, dit-elle en regardant sa compagne droit dans les yeux. Et puis, est-ce que c'est sérieux entre toi et lui ?

Cette dernière question laissa Coralie perplexe.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-elle d'un air confus.

- Est-ce que c'est ton âme-sœur ?

La jeune louve sursauta de stupeur. Un large sourire amusé se dessina sur son visage.

- Oh là, tu crois pas que tu exagères ?

- Je dis ça simplement parce que si tu n'es pas son âme-sœur, alors tu dois le laisser la trouver. Autrement, il risque d'y avoir des problèmes.

Coralie baissa un moment les yeux et se retourna vers la zone la plus sombre de la forêt.

- T'avais raison, ça ne te regarde pas ! dit-elle le regard perdu dans le noir.

***

Pendant ce temps, dans la cour de la fabrique, le combat continuait.

Roman, qui n'avait toujours pas pris sa forme canine, continuait de repousser les attaques du grand loup.

Il espérait ainsi fatiguer la créature, pour ensuite lancer une contre-attaque.

Voyant que la Bête commençait à haleter, ayant jusqu'ici déviées coups et esquivé les attaques, il tenta sa chance et d'un bond, il atterrit derrière le loup.

Malheureusement, ce dernier, à la façon d'un cheval de rodéo, lui envoya un puissant coup de ses pattes arrières. Roman fut touché au visage et à la poitrine.

Le garçon recula, totalement assommé par le choc, ce qui permit à la Bête de se retourner rapidement et de le frapper.

La patte avant du Grand Alpha heurta énergiquement Roman qui, ne pouvant réagir à temps, fut griffé au torse. La profonde blessure brûla intensément et le garçon hurla de douleur.

- Qu'est-ce qui ne va pas Roman ? Tu as perdu la partie ? se moqua la créature, alors que certains loups hurlèrent en soutien de leur idole.

Roman se releva avec difficulté et lança un regard noir à son adversaire.

Sans hésiter, il se jeta sur la Bête du Gévaudan. Cette dernière se redressa pour le frapper de nouveau, mais cette fois, il anticipa sa réaction.

Il glissa sous l'imposant loup, lui griffant le bas ventre avec ses griffes. Ce dernier rugit de douleur, ce qui permit à Roman de se redresser brusquement pour le frapper de toutes ses forces avec son poing.

Roman atteint le loup en pleine gueule, lui faisant même sauter des dents. Et le jeune garçon ne s'arrêta pas là.

Il attrapa le cou du Grand Alpha et l'envoya contre une des colonnes d'acier qui soutenait la structure. Certains loups qui se tenaient sur la trajectoire se décalèrent. Ainsi la Bête s'écrasa violemment contre l'obstacle et quelques loups grognèrent d'admiration.

Le Grand Alpha fut contrarié et regarda sa proie de ses yeux rouges flamboyants, comme s'il lui lançait des éclairs.

-Non ça va Henry, j'étais seulement en train de m'échauffer, répondit ironiquement Roman, pendant qu'il reprenait une position défensive.

Le loup se releva et s'élança sur le garçon, tout en poussant un puissant rugissement.

***

Les bruits du combat se répandirent dans toutes les galeries de la fabrique.

Même Sandra, toujours enfermée dans sa cellule, entendait le vacarme provenant de la cour. Elle ignorait de quoi il s'agissait, mais elle profita de l'occasion pour tenter une nouvelle fois de se libérer.

Elle fit appel à toutes ses forces pour arracher ses chaînes, mais en vain.

Soudain, elle entendit une nouvelle série de bruits de combat, mais ceux-ci étaient juste derrière la porte. Des bruits indistincts qu'elle ne reconnut pas tout de suite.

Ce n'est que lorsque la porte s'effondra et que l'un des gardes se retrouva allongé dessus, que la jeune femme comprit que quelqu'un venait la libérer.

Un autre garde fut projeté dans la pièce. Il se redressa aussi vite que possible, mais il n'eut pas le temps de réagir, que quelqu'un le frappa à pleine vitesse au visage. Le loup-garou tomba violemment sur le sol soulevant un nuage de poussière noire.

La silhouette d'un jeune garçon se dressa au dessus du loup-garou assommé. Sandra resta étonnée de constater que la personne qui se tenait devant elle, n'était autre que Grégoire.

Le jeune homme la regarda un moment. Petit à petit, ses yeux reprirent leur teinte normale. Sa peau grisâtre redevint blanche et ses longs crocs disparurent.

Il prit une veste de l'un des gardes et recouvrit Sandra.

- Greg ? dit-elle faiblement. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Il la regarda droit dans les yeux. Malgré la faible luminosité de la pièce, il les vit briller comme les étoiles les plus éloignées, que l'on perçoit dans la nuit.

- Je suis venu te sauver voyons, répondit le vampire.

Sandra ne put retenir son sourire.

Grégoire tourna alors son regard sur les chaînes qui retenait son amie prisonnière. Il ferma les yeux, prit une grande inspiration et tira de toutes ses forces. Les chaînes se brisèrent en mille morceaux.

Le garçon aida la jeune louve à se relever, c'est à ce moment qu'elle enroula ses bras autour de son cou et éclata en sanglots.

Grégoire l'enlaça en retour, pour la réconforter. Ils seraient restés ainsi pendant longtemps, mais des fracas provenant des couloirs les firent revenir à la réalité.

Grégoire aida alors son amie à marcher vers la sortie, où ils retrouvèrent Sonia et Ayla; curieusement en compagnie des autres membres du groupes.

- Mais qu'est-ce que vous faites là vous ? demanda-t-il étonné.

- À priori ils s'attendaient à notre venue, expliqua Sophie. Ils ont attendu derrière les arbres et se sont jetés sur nous. On a dû fuir dans les galeries pour les semer.

-Il doit y avoir une autre sortie, spécula Beth en se retournant vers son ami archer.

Ce dernier s'empressa de récupérer la carte qu'il avait dans son sac, laissant certains bouche bée.

- Tu avais une carte sur toi et tu ne nous as rien dit ? questionna Sonia. On aurait pu trouver Sandra plus rapidement avec.

- Il fallait être discret. Si vous aviez eu la carte, alors probablement vous vous seriez précipités, sans considérer les risques.

- J'en étais sûr. On ne peut pas vous faire confiance vous les chasseurs !

La situation commençait à s'envenimer, alors Grégoire décida de réagir.

- Eh ! Arrêtez ! cria-t-il. On parlera de tout ça plus tard d'accord ? Pour l'instant il faut qu'on sorte Sandra d'ici. Ensuite il faudra aller aider Roman.

Tous restèrent silencieux.

- Alors Kevin, quelle est la sortie la plus proche ?

Le jeune archer jeta un rapide coup d'œil à la carte, illuminée par une lampe-torche. Il l'observa rapidement et leva les yeux lorsqu'il trouva la sortie.

- C'est celle qui donne sur la cour, dit-il peu rassuré.

- Là où se trouve Roman ? demanda Ayla inquiète.

L'archer hocha la tête.

- On n'a pas le choix, dit Sonia. C'est soit ça soit être tués dans ses couloirs.

La réponse ne se fit pas attendre, le groupe s'élança en direction de la cour, se jetant tout droit dans la gueule du loup.

***

Au même moment, le combat entre Roman et la Bête du Gévaudan continuait.

Les deux adversaires se regardèrent intensément, les yeux emplis de colère. Le loup tirait la langue, haletant bruyamment, tandis que le front de Roman était perlé de gouttes de sueur.

Le jeune homme était évidemment épuisé, mais il refusait de baisser les bras. Au fond de lui, il espérait surtout que ses amis aient trouvés Sandra et l'aient fait sortir.

Soudain, un hurlement éloigné se fit entendre. Henry, toujours sous sa forme de loup, se mit à rire, provoquant chez Roman une sensation d'inquiétude.

- On dirait que tes petits camarades ont des problèmes ! dit-il d'un ton amusé.

Les yeux du garçon s'agrandirent.

- Sérieusement, tu croyais vraiment me faire croire que tu étais venu ici uniquement pour m'affronter ? Je te connais bien Roman, car nous sommes liés en tant qu'Alpha et Beta.

Roman se retourna subitement, pour rejoindre l'une des entrées du tunnel, pour venir en aide à ses amis. Malheureusement, cette distraction lui coûta cher.

La Bête lui bondit dessus, le faisant tomber sur le sol. Sans hésiter, elle referma sa mâchoire sur l'épaule de son adversaire.

Roman hurla de douleur, il tenta de se libérer. Cependant plus il se débattait, plus la prise se renforçait. Sa blessure commençait à saigner, un goût qui raviva la fureur de la Bête.

Les autres loups se mirent à hurler et à grogner, en signe de soutien pour le Grand Alpha.

Ce dernier se redressa sur ses pattes arrières, soulevant sa victime toujours prisonnière de sa puissante mâchoire.

Sans signe avant-coureur, la Bête du Gévaudan retomba sur ses pattes et fit en sorte que sa victime heurte violemment le sol. Un nuage de poussière se souleva, mais la créature ne s'arrêta pas. Elle continua de soulever le garçon pour qu'il heurte une nouvelle fois le terrain poussiéreux de l'arène.

Après cela, Roman fut projeté contre un vieux mur, qu'il traversa brutalement. Un énorme trou se trouvait là où il avait été lancé, à la manière d'une poupée de chiffon.

- Tu n'es pas un Alpha Roman, tu n'es qu'une aberration ! Tu n'es qu'un pauvre morveux qui ne sait plus qui il est ! s'exclama la voix profonde du loup-garou qui se redressa de toute sa hauteur.

- Roman ! cria une jeune fille qui depuis sa cachette avait tout vu.

Henry et les autres loups-garous se retournèrent et virent la bande de Roman. Tous pétrifiés et inquiets.

Le Grand Alpha commença à se contorsionner. Ses os craquèrent l'un après l'autre, dans une glaçante mélodie. Son épaisse fourrure commençait à disparaître, ses griffes se raccourcirent et son long museau se raplatit.

Un loup-garou, sous son apparence humaine, lui apporta une couverture, tout en s'inclinant. Henry, redevenu humain, s'enroula la couverture autour de la taille et observa attentivement le groupe. Certes la Bête avait laissé place à l'homme, mais les yeux étaient toujours d'une intense teinte rougeâtre.

- Tiens tiens tiens, on dirait que nos derniers invités se sont joint à notre petite fête juste à temps pour le grand final, dit-il froidement.

Plusieurs loups s'avançaient, d'un air menaçant en montrant leurs dents aiguisées.

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