Chapitre 44

  Il faisait désormais nuit noire, le ciel était constellé d'étoiles et la lune était presque pleine.

Depuis sa prison, à travers une petite fenêtre qui s'ouvrait au ciel, Sandra observa le ciel obscur. Elle avait tentée de se libérer de ses chaînes, sans aucun succès.

Épuisée et blessée, elle regardait les constellations avec une profonde sensation de tristesse et de solitude. Jamais auparavant, elle ne s'était sentie aussi impuissante et apeurée.

Croyant qu'elle ne reverrait jamais ni son père, ni sa meute, ni ses amis, les yeux de la jeune fille commençaient à se remplir de larmes.

Elle repensa aux soirées qu'elle passait avec ses frères et sœurs, en courant dans les bois en pleine nuit. La petite brise qui frôlait son pelage, le terrain rocailleux et boueux de la forêt, tout cela lui semblait si lointain.

Elle se souvint également de sa rencontre avec Grégoire. Malgré tout ses efforts pour ne pas penser à lui, son esprit en décida autrement. À chaque fois qu'elle fermait les yeux, la première chose qu'elle voyait était le visage du jeune garçon.

Son sourire timide lui apparut, même si ce fut pour un bref instant. Les larmes coulèrent le long de ses joues, recouvertes de poussière noire.

En repensant à sa dernière conversation avec le jeune homme, elle réalisa l'erreur qu'elle avait faite. Ceci augmenta son sentiment de culpabilité et c'est en larmes que la jeune louve s'endormit.

***

  À l'autre extrémité, dans les profondeurs de la forêt, Roman et ses camarades s'étaient réunis dans la baraque. Avec eux se trouvaient Coralie et Sonia, enveloppées dans de grandes couvertures.

Assise aux côté de son ami vampire, Coralie se sentit sereine. En revanche, Sonia ne se sentait absolument pas bien, à l'idée d'être dans la même pièce que des chasseurs.

- Je vois que tu t'es fait de nouveaux amis Roman, dit-elle d'un ton moqueur.

- Je sais que tu ne vas pas me croire. Seulement, je t'assure qu'ils n'ont rien à voir avec les chasseurs dont on m'a parlé, expliqua-t-il.

- Je m'en fous !

Sonia se leva brusquement, ce qui inquiéta Ayla. Kevin quant à lui, amena une main à sa ceinture.

- Je te déconseille de dégainer ton poignard, reprit-elle en regardant l'archer.

Ce dernier leva sa main bien en évidence.

- Ça va comme ça ? ironisa-t-il.

- Les gars ça suffit ! s'écria Roman. Sandra est en danger et vous perdez votre temps dans de ridicules chamailleries.

Il regardait un à un ses camarades. Son regard plein de colère et de fatigue.

- Alors soit vous mettez de côté ces histoires ridicules, soit vous partez !

Pendant plusieurs minutes, le silence régna en maître dans la pièce. Sonia décida de rasseoir, tandis que Kevin déposa son arc et son carquois sur la table.

- Bon, maintenant il faut qu'on établisse un plan, reprit-il.

- Je suggère de faire appel à la meute Lune, dit Coralie.

- Mauvaise idée, ajouta Ayla. Leur repaire est comme une vrai forteresse, sans compter qu'ils connaissent les tunnels de la fabrique mieux que quiconque.

- Il nous faut un moyen de les attirer hors de la fabrique, conclut Sonia.

Personne ne répondit. Aucun des membres du groupe n'avait d'idées.

La pièce sombra de nouveau dans le silence. Tous réfléchissaient à un moyen de libérer Sandra, tout en pouvant ensuite échapper aux loups-garous et à la Bête.

Soudain, les yeux de Roman s'éclairèrent. Il venait de trouver une solution.

- Je m'en chargerai ! dit-il d'un ton déterminé.

Tous les autres se tournèrent vers lui.

- J'attirerai Henry et ses fidèles hors du repaire. Ça vous laissera le temps d'entrer pour libérer Sandra et de vous échapper.

- Roman, non ! s'écria Ayla. Ce que tu dis c'est du suicide.

- Et puis, la seule entrée par les tunnels se trouve dans la fabrique, ajouta Sonia.

Roman secoua la tête.

- Non je ne crois pas, continua-t-il. Je pense qu'il y a plusieurs accès, qu'ils se trouvent dans la fabrique ou à l'extérieur.

- C'est vrai. La dernière fois, les loups-garous sont arrivés de plusieurs directions en même temps, expliqua Kevin.

- Exactement.

- Pardon les gars, mais je ne vois pas où vous voulez en venir, dit Grégoire confus.

- S'il y a plusieurs entrées aux tunnels, il doit y en avoir au moins une qui est moins gardée que les autres, expliqua l'archer.

- Ou bien, l'un de ces accès débouche à l'extérieur de la fabrique, spécula Coralie d'un air pensif. Autrement comment feraient les loups pour ne pas se faire voir en plein jour ?

Les yeux de Grégoire s'agrandirent. Il commençait alors à comprendre le plan de son ami.

- Tu veux que l'on entre par une de ces entrées cachées de la fabrique, pendant que la meute et la Bête seront occupés ? déduisit le vampire.

- C'est la seule solution, répondit Roman.

Tous hochèrent la tête, sauf Ayla.

- Non ! s'exclama-t-elle.

Roman s'apprêtait à lui répondre, mais elle le devança.

- Non, tu n'iras pas affronter la Bête et la meute tout seul ! dit-elle d'un ton furieux. Je ne te laisserai pas faire !

- Ayla, si je n'y vais pas ils tueront Sandra, reprit le jeune homme.

La jeune fille ne savait plus quoi faire. Elle réfléchit rapidement à un autre moyen de persuader le garçon d'y renoncer, mais aucune idée lui vint à l'esprit.

- C'est la Lune de Sang demain, dit-elle. Henry sera plus fort et plus dangereux.

- Sans compter que tu n'arrives pas encore à te contrôler durant les nuits de pleine lune, continua Grégoire. Tu te rappelles ce qui c'est passé la dernière fois ?

Roman se souvint de cette fameuse nuit passée à la pharmacie, attaché sur une table, luttant de toute ses forces mentales pour ne pas perdre le contrôle. Il se rappela du moment où il avait faillit se transformer, mais que c'était Ayla qui l'avait aidé.

- On va réfléchir à un autre alternative, ok ? dit-elle en regard le jeune loup droit dans les yeux.

Ce dernier se ravisa et hocha la tête silencieusement.

- Ok, alors on se retrouve demain et on ira sauver Sandra, poursuivit la jeune fille.

- T'es pas sérieuse j'espère ? s'indigna Sonia en se relevant.

- Écoute, ce qu'il nous faut c'est une carte de la fabrique et quelque chose qui fasse du bruit, pour pouvoir attirer la meute alliée du Grand Alpha hors de leur repaire.

Sonia n'était pas du tout convaincue, mais elle n'avait aucune chance de sauver Sandra toute seule. Et elle le savait. Elle se résigna et hocha lentement la tête.

- Très bien. Alors maintenant nous rentrons chez nous, puis demain nous aurons un plan pour sauver Sandra, continua Ayla.

Un à un, ils quittèrent la baraque. Seul Roman resta dans la pièce. Son meilleur ami s'en aperçut et s'approcha de lui.

- Ça va Roman ? demanda-t-il d'un ton quelque peu inquiet.

- J'en sais rien Greg, avoua-t-il, le regard baissé. Je penses simplement que si je n'avais pas passé mon temps à fuir... Sandra serait chez elle en ce moment.

Des larmes lui montèrent aux yeux.

- Henry a raison: je suis un lâche et un voleur.

Grégoire écarquilla les yeux et son regard devint sérieux.

- N'y pense même pas ! s'exclama le vampire. Tu es quelqu'un de courageux et d'altruiste Roman. Tu vois toujours le bien chez les gens, c'est pour ça que tu es un Pur Alpha.

Le jeune loup-garou ne savait pas quoi dire. Il resta silencieux, le regard baissé, son esprit totalement confus. Était-ce de sa faute? Pourquoi avoir été la cible de la Bête du Gévaudan? Pourquoi lui? Tant de questions sans réponses.

- Allez viens, rentrons chez nous, reprit Grégoire en tirant légèrement le bras de son ami.

Ce dernier le suivit, toujours dans le même silence qui régnait dans la baraque.

***

  Le matin suivant, Grégoire venait d'arriver à la fac. Il avait très peu dormi, sa peau était très pâle et ses yeux rouges.

Sa mère lui avait préparé un remède pour l'aider à se ressaisir. Il n'en était pas ravi du tout, mais il avait quand même obéi à sa mère.

Il sortit sa gourde de son sac et bu une gorgée. Le goût fort et amère le fit grimacer. Malgré cela, sa peau retrouva une couleur plus normale et ses yeux devinrent moins rouges.

Il rejoignit l'entrée principale et pénétra dans l'édifice. Arrivé aux casiers, il regarda autour de lui, comme s'il cherchait quelqu'un. Seule une grande foule d'étudiants occupait son champs de vision.

Grégoire se dirigea vers le laboratoire de chimie, mais il avait l'étrange sensation d'être observé. Il regarda derrière lui, mais ne vit rien d'étrange. Le jeune homme entra dans le laboratoire et s'assit, tandis que le professeur s'apprêtait à commencer son cours.

***

Au même moment, Roman était chez lui, allongé sur son lit, le regard perdu vers le plafond. Il l'observait depuis tellement longtemps, qu'il avait totalement perdu la notion du temps.

Sa mère le croyant malade, n'avait pas insisté pour qu'il aille à l'université. Elle avait même pris un jour de repos, pour veiller sur lui.

Awa se dirigea vers la chambre de son fils. Elle frappa puis ouvrit délicatement la porte.

- Roman ? Est-ce que ça va ? demanda-t-elle avec tendresse, mais aussi avec inquiétude.

Le jeune garçon ne bougea pas d'un pouce.

- Mon chéri, tu sais que tu peux tout me dire.

Voyant que son fils ne lui répondait pas, Awa commença à refermer la porte.

- C'est une amie qui a un problème, finit-il par dire. J'aimerais vraiment pouvoir l'aider, mais j'ignore comment m'y prendre.

La mère entra dans la chambre et alla s'asseoir sur le bord du lit, aux côtés de son jeune fils.

- Il n'y a pas que ça, je me trompe, constata-t-elle. Allez, raconte moi.

Roman inspira profondément et se releva.

- C'est un gars à la fac. J'ignore pourquoi, mais il a décidé de me harceler, comme les brutes du lycée, expliqua-t-il. Mais voyant qu'il n'arrivait pas à me provoquer, il s'en est pris à une amie et j'ai peur...qu'il continue de s'en prendre à mes autres amis, tout ça à cause de moi.

Ses yeux commencèrent à se remplir de larmes. Le voyant dans cet état, Awa entoura les épaules de son fils avec son bras.

- Oh mon poussin ! dit-elle d'un ton apaisant. Tu n'es pas du tout fautif. C'est cette brute le responsable.

Roman avait les larmes aux yeux et Awa ne supportait pas de le voir ainsi. Elle l'enlaça et lui chuchota quelque chose à l'oreille.

- Tu te souviens de William en primaire ? reprit-elle.

- Bien sûr, mais qu'est-ce qu'il a à voir là dedans ? demanda-t-il.

- La raison pour laquelle il a arrêté de te tourmenter, lorsque vous étiez petit, c'est parce que Grégoire l'a affronté, expliqua sa mère.

Les yeux de Roman s'agrandirent, tandis que son visage prit une expression incrédule.

- Il est venu m'en parler un jour, quand tu n'étais pas là. Il a fait ça, parce qu'il ne voyait aucune autre solution pour régler le problème de William.

- Il a joué au chien de berger, conclut Roman.

Sa mère hocha lentement la tête.

Il se ressaisit et comprit ce qu'il devait faire. Il se releva et quitta sa chambre.

- Où vas-tu mon poussin ? demanda Awa.

- Je vais réfléchir à une solution, répondit-il d'un ton sérieux.

Il rejoignit le garage et commença à frapper son sac de sable.

***

Plus tard, alors que l'après-midi venait tout juste de commencer, Ayla se préparait à sortir de sa maison, lorsqu'elle fut interpellée par son frère.

- Et bien petite sœur, où vas-tu vêtue de ce sweat noir et de ces grosses bottes ? questionna-t-il d'un ton moqueur.

Elle se retourna et l'observa.

- J'ai pensé à aller faire un tour en ville, répondit-elle. Étant donné que j'aurais 18 ans dans trois jours, j'aimerais savoir à quoi je vais devoir m'attendre quand je serais un membre de l'Ordre.

Sébastien hocha la tête, mais son regard montrait qu'il ne croyait pas sa sœur.

- Et toutes les fois que tu es sortie, avec une double-lance ? Tu allais faire du yoga ? demanda-t-il d'un ton réprobateur.

Ayla ne fléchit pas. Elle savait que si elle montrait la moindre hésitation, son frère comprendrait qu'elle mentait.

- Si tu as des doutes, pourquoi ne pas me mettre en binôme dans ce cas ?

Sébastien ne cacha pas son étonnement. Voir sa sœur lui répondre ainsi était quelque chose de nouveau.

- Alors qu'est-ce que tu en dis ? poursuivit-elle.

Le jeune garçon se tût un moment, avant de se retourner vers les escaliers.

- Beth ! Sophie ! cria-t-il.

En quelques secondes, en haut des marches, les deux jeunes femmes apparurent.

- Ayla veut sortir ce soir ! J'aimerais que vous l'accompagniez.

Les deux chasseuses se regardèrent mutuellement, l'air étonné.

- Mais ce soir il y a la Lune de Sang ! dit Beth.

- Voilà pourquoi vous irez toutes les deux.

Les deux filles acceptèrent, même si elles ne semblaient pas ravies.

Ayla fit une légère révérence, pour remercier son frère.

***

Peu après, alors que les trois jeunes femmes quittèrent la villa, Sébastien resta sur le devant de la porte.

Il les vit disparaître après qu'elles eurent franchi le portail. Un léger sourire étira son visage.

Soudain, une main vint se poser sur sa joue, là où poussaient les poils de sa courte barbe.
Le toucher léger et délicat, lui transmit un tel sentiment de paix et de sécurité, qu'il ferma un moment les yeux. Il se sentit comme sur un petit nuage.

- Alors mon chou, qu'est-ce qu'il y a ? chuchota Victoria.

- Rien. Si ce n'est que ma petite sœur c'est enfin décidée à devenir une chasseuse.

La jeune femme haussa les sourcils un bref instant, également surprise par cette nouvelle inattendue.

Sébastien se retourna et la regarda droit dans les yeux.

- Sinon, quand est-il de notre allié ? questionna-t-il.

À ce moment, le sourire de Victoria s'agrandit et son regard devint froid.

- Il m'a envoyé un message pour nous dire que ce soir, tout sera réglé, répondit-elle avec la même froideur de son regard.

Sébastien l'entoura au niveau de la taille, rapprocha son visage du sien.

- Parfait, dit-il avant de l'embrasser langoureusement.

***

Un peu plus tard, alors que les cours venaient de se terminer, Grégoire rejoignit l'endroit où le Red-Wolf se garait habituellement.

Le food-truck était parti depuis longtemps, tout comme le reste des étudiants de la fac. Le jeune vampire était tout seul, en train d'attendre ses camarades.

Assis sur les marches, il sentit une étrange présence, la même qu'il avait senti pendant toute la journée. Il décida alors de se relever, pour rejoindre le parking qui se trouvait à l'autre bout de la route.

Sans surprise, la mystérieuse présence qu'il sentait depuis ce matin, le suivait toujours. Il tourna alors subitement l'angle et se mit à courir, pour ensuite se cacher derrière une grosse benne.

Soudain, des bruits de pas accélérés se firent entendre. Petit à petit, les bruits augmentèrent et lorsqu'il fut sûr qu'il était à côté, il jaillit de sa cachette et envoya un puissant coup de pied dans le ventre de son poursuivant.

C'était un homme musclé à la peau bronzée, aux courts cheveux noirs. Il toussa fortement, alors qu'il était agenouillé, les bras entourant son bas ventre.

- Sacré coup petit ! dit-il d'un ton ironique.

- Qui êtes-vous ?

L'homme mystérieux se releva lentement, un large sourire dessiné sur son visage.

- Je m'appelle Vincent. C'est un plaisir de te rencontrer Grégoire Volta.

Grégoire fit un pas en arrière. Il était envahi par un sentiment d'inquiétude et de terreur. Mais il se sentait aussi agacé et énervé.

- Tu es un vampire ! déduisit-il.

L'homme se contenta simplement d'élargir son sourire.

- Tu es du clan de Katerine !

- Tu es très perspicace, reconnu Vincent.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Vincent se redressa de toute sa hauteur et observa le jeune brun de haut en bas.

- Je suis venu te prévenir que Katerine n'a pas l'intention de te laisser tranquille, expliqua-t-il. Elle reviendra très vite pour toi. Par ailleurs, il est rare de voir un Diurne Psychique ces temps-ci.

L'expression méfiante sur le visage de Grégoire changea. Lui, qui pendant tout ce temps n'avait toujours pas compris quel genre d'Occulté il était, venait d'entendre quelqu'un le lui expliquer enfin.

Toutefois, sachant à qui il avait à faire, Grégoire resta quand même sur ses gardes.

- Et qui me dit que tu n'essaies pas de me piéger ? demanda-t-il d'un ton méfiant. Après tout, tu es un des hommes de main de Katerine.

- Oh, là je me sens vraiment blessé par tes paroles, dit Vincent apparement vexé.

- Comment as-tu fait pour rejoindre l'université en plein jour ?

Le vampire ricana.

- Disons que j'ai demandé un service à un vieil ami, expliqua Vincent. Il m'a ouvert un portail magique au sous sol de l'université et j'y suis resté toute la journée.

Il avança de quelques pas, obligeant Grégoire à reculer. Les yeux de ce dernier devinrent rouges.

- Je ne suis pas ici pour me battre petit. Je suis venu te dire que si tu veux des réponses, à propos de ce que tu es, va à la bibliothèque d'Embursville. Là tu y trouveras ce que tu cherches.

Il se retourna et s'apprêtait partir, mais Grégoire l'interpella.

- Pourquoi m'as tu prévenu ? Et qui me dit que ce n'est pas un piège ? questionna-t-il.

Vincent se retourna un bref instant. Il remarqua que les yeux du garçon étaient toujours rouges, mais il avait l'air moins agressif.

- Va à la bibliothèque et tu comprendras.

Sur ces mots, Vincent disparut en s'élançant à toute vitesse. En l'espace de quelques secondes, Grégoire se retrouva seul dans la ruelle, totalement déconcerté.

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