Chapitre 42

Alors que le soleil continuait sa course dans l'immensité du ciel devenu bleu-orange, dans le jardin de la villa, Sébastien et ses camarades étaient en train de s'entraîner.

Jeff se tenait face à Victoria, deux bâtons tenus fermement dans les mains. La jeune blonde quant à elle tenait une épée de bois, les genoux pliés en position d'attaque.

Tous les deux avaient le front humide, des gouttes de sueur perlant la surface lisse de leurs peaux. Le jeune garçon avait le souffle court. En effet son gabarit ne lui était pas souvent d'une grande aide durant l'entraînement, mais lorsqu'il se sentait quelque peu affaibli, son mental prenait le relais et lui permettait alors d'aller jusqu'au bout.

Victoria en revanche, n'avait pas ce genre de problème; son corps fin la rendait plus agile et lui permettait d'éviter les coups de son adversaire, ce qui lui donnait un bon avantage sur son adversaire.

- Alors mon grand, on veut faire une pause ? demanda Victoria d'un ton ironique.

- Ça va, dit le chasseur avec le souffle court. Je peux encore encaisser quelques coups.

Elle esquissa un léger sourire avant de faire virevolter son épée de bois, pour ensuite se jeter sur son compagnon.

Sébastien quant à lui, était assis sur une chaise, lisant un livre concernant les pouvoirs des Sorciers. Beth et Sophie étaient à ses côtés.

- Sébastien ? l'interpella Sophie.

Le chef du groupe releva la tête et la tourna vers elle.

- Oui qui y a-t-il Sophie ? demanda-t-il poliment.

- Hum... je me demandai une chose, dit la jeune fille avec une certaine hésitation dans sa voix. Que ferais-tu si des humains offraient refuge aux Occultés ? Lorsque la guerre aura lieu bien entendu.

Sébastien resta quelque peu surpris par cette question, mais son regard exprimait une sorte d'incompréhension.

- Que veux-tu dire ? questionna le chasseur. Que nous devrions épargner ceux qui aident notre ennemi ? Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.

Sophie tourna la tête vers Beth. Leurs regards pleins d'inquiétude et de terreur se croisèrent pendant un moment.

Elle posa ensuite à nouveau son regard sur Sébastien, qui semblait attendre une nouvelle question de sa part.

- Comment peux-tu penser une chose pareille ? questionna-t-elle incrédule.

Le jeune homme prit un livre plus petit que les autres, qui se trouvait sur un coin de la table. Il l'ouvrit et en montra le contenu aux filles.

- Ces dernières semaines, j'ai noté sur cet agenda tout ce que j'ai appris sur les rapports entre les humains et les Occultés, expliqua Sébastien d'un ton calme. Et ça n'a rien de positif.

- Écoute Sébastien, commença Beth d'un ton presque suppliant. Seulement parce que c'est arrivé dans le passé ça ne veut pas forcément dire que cela adviendra à nouveau.

Sébastien resta silencieux un moment, mais ce fut uniquement pour tourner les pages, jusqu'à ce qu'il trouve un bon exemple pour le montrer aux filles

« Les vikings et les Berserkers, les premiers des humains et les seconds des Occultés », dit-il en lisant à voix haute. « Durant les grandes invasions du IX au XI siècle, les hommes du nord grâce à leurs plus féroces guerriers ont envahi, ravagé et tué tout ce qui se trouvait sur leur passage. Plus de 3 siècles de terreur pour les peuples de l'Europe Occidentale ».

Il releva les yeux de ses notes et regarda les filles une à une. Voyant qu'elles ne semblaient pas convaincues son expression changea et son regard exprima un air menaçant.

- D'accord, alors je vais être plus direct, reprit-il avec un ton plus grave qu'avant. Ce que moi et d'autres nous préparons à faire est simple: mettre fin à des millénaires de terreur et de menaces de la part des Occultés. Tout ceux qui leurs viendront en aide seront vus comme des traîtres et exécutés. Cela vaut autant pour les humains que pour les membres de l'Ordre.

Sophie n'en croyait pas ses oreilles: l'un de ses amis venait tout juste de lui révéler qu'il est absolument prêt à tout, pour pouvoir se débarrasser des créatures mythiques. Et cela même au dépend de vies innocentes.

Beth en revanche semblait terrifiée. Son regard exprimait une grande inquiétude pour la personne qui pour elle comptait le plus. Elle savait que si Kevin devait choisir entre l'Ordre des Chasseurs et sa mère, le jeune archer choisirait la deuxième option.

À cette pensée, elle se ressaisit le plus qu'elle pouvait, pour tenter de masquer son inquiétude, et s'adressa encore à Sébastien qui commençait tout juste à se lever pour rejoindre ses deux amis, qui continuaient l'entraînement.

- Sébastien, l'interpella Beth. Quand tu dis que ceux qui aident les Occultés seront exécutés, tu es sérieux ?

Le chef du groupe tourna lentement la tête vers elle et lui lança un regard qui lui fit venir la chair de poule.

- On ne peut plus sérieux ! répondit-il d'un ton sec et calme.

Le jeune homme alla rejoindre ses deux autres compagnons, tout en ramassant au passage un long bâton qu'il fit tournoyer dans sa main avec grande maestria.

Beth et Sophie se retrouvèrent seules autour de la table. Toutes deux étaient étonnées et choquées par le comportement de Sébastien. Elles virent leur camarade s'approcher d'un pas lent de ses deux amis, jusqu'à ce qu'il se lance à toute vitesse en levant le bâton pour frapper Jeff, tout en poussant un cri agressif.

Ce dernier para le coup, pliant les jambes en croisant les bâtons qu'il empoignait, au dessus de la tête. Les deux jeunes se battaient avec acharnement sous les yeux éblouis de Victoria, qui s'était retirée, et ceux de Beth et Sophie.

- Il va trop loin, chuchota Beth à son amie, toujours assise à côté d'elle.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ? questionna Sophie à voix basse.

Lentement et discrètement, Beth tourna la tête vers elle.

- À ton avis ? répliqua-t-elle.

***

  Malgré l'obscurité qui enveloppait le gymnase, Roman et ses amis s'étaient avancés vers le centre du cercle de lumière, tandis que le professeur Hans leur tournait tout autour, comme un requin tournoyant autour d'un vieux bateau prêt à couler.

- Ça fait tellement longtemps que j'attends ce moment Roman, dit-il en continuant sa marche lente.

- Ah oui ? s'exclama soudainement Ayla avec un ton ironique. Et vous n'auriez pas pu envoyer une lettre ou autre, au lieu de nous attirer dans un piège ?

Le trio entendit un rire suffoqué de la part du professeur. Ce dernier ne s'était pas arrêté un seul instant de leur tourner tout autour.

Tout en ignorant la remarque de la jeune fille, il posa son regard meurtrier vers son Beta.

- Tu sais Roman, je dois reconnaître que je suis surpris de voir que tu es parvenu à être ami avec une chasseuse, reprit la Bête. Selon la légende, le Pur Alpha devrait être le chef d'une meute regroupant plusieurs espèces d'Occultés. Mais de là avoir un membre de l'Ordre...

- Je me fous de quelle espèce il peut s'agir, finit par dire le jeune homme, qui jusque là était resté silencieux. Je me moque également d'avoir des chasseurs dans la meute. C'est le côté humain qui m'intéresse.

- Humain ? s'étonna Henry d'un ton moqueur. Humain dis-tu ?

Les yeux de Roman étaient encore verts, le dos bien droit, ses doigts rigides étaient repliés et ses griffes se reflétaient sous la lumière de la lampe.

- On voit bien que tu ne sais rien du MythWorld mon garçon, continua la Bête. Tu n'es qu'un loup-garou depuis quelques mois et tu crois déjà tout savoir ? Il faut reconnaître que tes amis de la meute Lune de Marcus, ne t'ont pas beaucoup informé.

Roman savait qu'Henry tentait de le provoquer, mais il ne céda pas à son petit jeu.

- Je me fiche catégoriquement de ce que tu me dis, reprit le jeune homme. Tu n'es qu'un meurtrier.

Le professeur retint son rire avant de tourner la tête vers le trio, toujours placé au milieu du cercle de lumière.

- Non Roman, je ne suis pas un meurtrier, dit-il d'un ton froid alors que ses yeux virèrent au rouge. Je suis la Bête !

Sur ces mots, Henry se jeta précipitamment sur Roman, mais ce dernier se baissa à temps, laissant ainsi son adversaire lui passer dessus.

Au moment même où Henry vola au-dessus du jeune garçon, il reçu un puissant coup de pied dans le ventre. Le Grand Alpha heurta violemment un mur dans l'obscurité de la pièce.

Profitant de l'occasion, les adolescents coururent pour rejoindre la porte et quitter le plus rapidement possible l'université. Ils montèrent les escaliers à toute allure et rejoignirent la porte principale.

Grégoire la poussa fortement tandis que Roman tenait Ayla par la main.

Une fois dehors, ils reprirent leur course pour rejoindre une petite ruelle qui menait sur la grande rue où passait le bus. Malheureusement, le transport était passé depuis quelques minutes et il aurait fallut attendre une demi-heure pour le suivant.

Un temps qui malheureusement ne leurs suffisait pas, car un puissant grognements provenant de l'université se fit entendre.

Grégoire, déjà essoufflé, tourna la tête vers ses deux autres compagnons; tandis qu'Ayla, toujours main dans la main avec Roman, sentit la chair de poule lui remonter le long du dos.

- Il... il arrive, bégaya-t-elle.

- Greg, dit Roman en se tournant vers son meilleur ami. Emmène Ayla avec toi. Retournez dans la maison, vous y serez en sécurité.

Grégoire, comprenant où son ami voulait en venir, commença à secouer la tête.

- Non ! s'exclama-t-il.

- Greg, reprit Roman d'un ton suppliant.

- Je ne te laisse pas tout seul, répliqua Grégoire en le lui lançant un regard sérieux.

- Fais moi confiance, ça va aller. Emmène-la avec toi en lieu sûr.

Grégoire aurait voulut continuer à protester, mais un nouveau grognement, cette fois plus fort que le précédent, le fit renoncer.

- D'accord, va à la baraque, je t'y rejoindrai plus tard. T'as intérêt à être encore en un seul morceau quand j'arriverai ok ? s'exclama le jeune vampire alors qu'il prenait Ayla dans ses bras.

Cette dernière, encore terrorisé par l'idée d'affronter la Bête du Gévaudan, n'avait pas prêtée grande attention à la discussion des garçons. Ce n'est que lorsque Grégoire l'enlaça qu'elle comprit.

- Quoi ? Non attends, Roman ! dit-elle sous le regard quelque peu attristé de celui-ci.

Le jeune loup-garou vit ses deux amis disparaître en un claquement de doigt, alors qu'à l'autre bout de la ruelle se tenait un énorme loup au pelage gris foncé et aux intenses yeux rouges sang.

Le jeune homme resta immobile, lançant un regard noir à la bête qui se tenait devant lui.

-Alors mon garçon, dit une voix profonde, calme et froide dans son esprit. Tu veux que l'on continue notre petite partie de chasse ?

L'adolescent n'hésita pas à se mit à courir en s'enfonçant dans la forêt qui se trouvait de l'autre côté de la rue.

- Je prendrai cela pour un oui, dit la voix, alors que le canidé s'élança à la poursuite de sa victime.

***

  De leur côté au refuge, Sonia et Elias discutaient. Ils avaient rejoint un lieu isolé pour pouvoir parler librement.

- Alors, tu veux me dire ce qu'il t'arrive ? demanda Sonia en regardant Elias droit dans les yeux.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit le loup-garou.

Elle lui lança un regard réprobateur et croisa les bras.

- Sonia je ne vois vraiment pas de quoi tu parles, reprit le Beta d'un ton exaspéré.

- Je te parle du fait que depuis quelques temps tu agis de façon étrange, expliqua-t-elle.

Elias ne répondit que par un haussement des sourcils. Voyant alors qu'il n'arrivait pas à comprendre, Sonia soupira bruyamment en levant les yeux vers le ciel.

- Tu évites Marcus à chaque fois que tu le vois arriver, continua-t-elle. Tu pars te promener dans la forêt tout seul, alors que c'est devenu risqué, entre la Bête et l'Ordre des Chasseurs qui nous chassent.

L'expression indifférente d'Elias changea soudainement. Il lança un regard réprobateur à la jeune femme et s'apprêta à partir, lorsque cette dernière lui attrapa le bras. Il tourna un peu la tête, sans pour autant la regarder dans les yeux.

- Ce que je fais ne te concerne pas, répliqua-t-il sèchement.

Sonia n'insista pas et commença à s'éloigner de son compagnon. Elle rejoignit rapidement la sortie du repaire et se dirigea vers les buissons.

- Problème de couple hein ? l'interpella une voix féminine.

Sonia se retourna et vit une jeune fille. Elle ne mit pas longtemps à reconnaître Coralie.

- Et en quoi cela te regarde ? répliqua-t-elle sèchement.

La jeune fille s'approcha de Sonia d'un pas léger.

- C'est bon excuse-moi Sonia, ajouta Coralie en levant les mains. Je voulais juste rire un peu, pas la peine de monter sur tes grands chevaux.

Celle-ci leva les yeux vers le ciel et alla se cacher derrière les buissons. Alors qu'elle commençait à retirer ses vêtements, elle reprit la parole.

- Alors, qu'est-ce que tu veux Coralie ? demanda-t-elle d'un ton plus serein.

Quelque peu hésitante, elle resta silencieuse un moment avant de lui répondre.

- Je voulais savoir si... balbutia-t-elle. Enfin si tu avais réussi à voir Roman et Grégoire ses derniers temps ?

- Non. J'ai été trop occupé à retrouver Sandra. Ça fait plus de trois jours qu'elle a disparu, répondit Sonia. Pourquoi ça ?

- Et bien je me disais que l'on pouvait leur demander de l'aide, dit la jeune louve.

Alors qu'elle venait de retirer son t-shirt, toujours cachée derrière les buissons, Sonia s'arrêta et respira bruyamment.

- J'y ai pensé aussi, au départ, avoua-t-elle avec une certaine amertume. Seulement, ces deux garçons ont vécu comme des humains, je ne veux pas qu'ils se sentent obligés de renoncer à tout, simplement parce qu'ils ont été transformés. Même si l'un des deux est un vampire.

- Donc, tu préfères les tenir à l'écart ? s'interrogea la jeune fille.

Le silence du Beta confirma ses soupçons. Petit à petit elle commençait à sentir quelque chose lui monter à l'estomac, comme si on lui avait envoyé un puissant coup.

- Ah c'est comme ça que l'on fait maintenant ? dit Coralie d'un ton plus fort cette fois-ci. On abandonne ceux qui ont besoin de notre aide ? Franchement je suis...

Coralie ne termina pas sa phrase et commença à courir, alors qu'elle commençait à se contorsionner. Son corps changea de forme et ses vêtements se brisèrent en plusieurs morceaux.

En quelques secondes, un grand loup au pelage marron clair fonça vers le coeur de la forêt, laissant Sonia seule, totalement nue derrière les buissons.

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