Chapitre 40

  Bien plus tard dans la journée, alors que le soleil venait de commencer sa lente et inexorable descente derrière les collines boisées de Embursville, Grégoire avait quitté sa maison pour aller se promener dans la forêt.

Il n'arrivait pas à comprendre ce qui se passait avec Sandra. Elle l'avait sauvé, plus d'une fois, sans jamais lui donner la moindre raison.

De plus, son père était toujours pris au piège du sortilège que lui avait lancé Arnold.

Le jeune homme se sentait perdu, son monde semblait s'écrouler autour de lui. Il ne savait plus quoi penser, ni quoi faire. Il ne désirait qu'une seule chose: retrouver son père et protéger ceux qui comptaient pour lui.

Grégoire ne vit pas le temps passé. Le soleil continuait sa descente derrière les collines, laissant ainsi le ciel s'obscurcir et les ténèbres envahir la forêt.

Soudain, il entendit un bruit étrange provenir de derrière les buissons. Le jeune homme tourna la tête vers ces derniers, mais resta campé sur ses positions.
Son cœur battait la chamade, son front commençait à devenir humide et plus le bruit s'intensifiait, plus son cœur battait fort.

Après quelques secondes, un grand loup au pelage marron clair apparut. Ce dernier regarda le jeune garçon de ses intenses yeux jaunes, mais il ne montrait aucun signe d'agressivité.

Grégoire fit un pas en arrière, mais lorsqu'il remarqua que les yeux de l'animal changèrent de couleur, prenant une teinte bleu foncé, il commença peu à peu à se relaxer.

Le loup quant à lui commença à se contorsionner, accompagné par un orchestre de craquement d'os. Petit à petit, son museau se rétrécit et ses poils commencèrent à disparaître, laissant paraître une peau claire et lisse, qui reflétait les derniers rayons de soleil.

Quelques instants après, à la place du loup se trouvait une jeune femme aux cheveux châtains miels. Elle se releva et regarda le jeune vampire qui détourna subitement le regard, un peu comme s'il se sentait gêné.

- Salut Grégoire, dit-elle en lui adressant un sourire.

- Salut Coralie, dit-il d'un air quelque peu embarrassé.

Tandis que la jeune fille s'approchait de lui, les feuilles sous ses pieds nus craquèrent, augmentant un peu plus son angoisse.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en s'arrêtant à quelques mètres de lui. Tu fais une drôle de tête.

- Euh non rien, s'empressa d'ajouter le jeune vampire. J'ai juste une poussière dans l'œil.

- C'est parce que je suis nue devant toi, conclut Coralie d'un ton légèrement amusé.

Grégoire aurait souhaité répliquer, mais il savait que c'était peine perdue. Il décida quand même de trouver une excuse, car il ne se sentait pas vraiment en veine de s'amuser.

- Je repensais à mon père, finit-il par dire. J'ignore ce que ce Arnold lui a fait ou même pourquoi. Mais je t'assure quand je le trouverai, mon visage sera la dernière chose qu'il verra.

Coralie hocha silencieusement la tête, pendant qu'elle posa sa main sur l'épaule du jeune homme. Ce dernier tourna la tête vers son visage, peu illuminé par les faibles lueurs du crépuscule.

- Sache que si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là pour t'aider Grégoire, dit-elle en rapprochant lentement son visage du sien.

Le jeune garçon regarda la fille droit dans les yeux, envoûté par leur couleur d'une teinte bleu comme le ciel nocturne. Sans s'en rendre compte, son visage se rapprocha de celui de la jeune fille, qui continuait entre temps de rapprocher le sien.

Après quelques petites secondes, le petit espace entre les visages des deux ados disparut lorsque leurs lèvres se touchèrent. Ce fut la première fois que Grégoire embrassait une fille et malgré le fait qu'il trouvait cela incroyable, il se recula subitement sans comprendre pourquoi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? questionna Coralie surprise.

- Non rien... c'est juste... balbutia-t-il. Excuse moi Coralie, mais en ce moment... je peux pas... je peux te faire courir de risques alors que cette cinglée de rousse est là dehors.

Coralie écarquilla légèrement ses yeux tout en se rapprochant du jeune vampire. Elle prit sa joue dans le paume de sa main et poussa délicatement son visage pour qu'il la regarde.

Les yeux de Grégoire, plongés dans ceux de la jeune fille, étaient humides cela dû à l'inquiétude qu'il éprouvait envers ses proches.

- Greg, dit-elle avec tendresse. Sache que je m'inquiète pour toi et que quoi qu'il arrive... je serais toujours là pour toi.

Coralie embrassa à nouveau Grégoire, mais cette fois le jeune se sentait plus détendu. Il l'a pris par la taille, sentant ainsi sa peau nue et lisse.

Leur baiser devint plus long, plus passionnel et le temps semblait s'être figé autour d'eux. Ils ne ressentaient que la faible brise du soir qui soufflait autour d'eux, comme si elle les protégeait de tout ce qui les entourait.

Hélas, cette brise ne pouvait les cacher des yeux discrets d'un loup qui se tenait derrière les buissons. Après avoir observé attentivement la scène, l'animal tourna les talons et s'enfonça à toute vitesse vers le cœur de la forêt.

***

De son côté, Roman avait rejoint sa maison, accompagné d'Ayla seulement. Kevin et Beth étaient partis plus tôt pour voir ce que Sophie avait décidé de faire. Si le trio était parvenu à la convaincre que Roman n'était pas une menace pour Embursville, les intentions de Sophie demeuraient un mystère.

- Tu penses vraiment que Sophie acceptera le fait que je suis du bon côté ? demanda-t-il à Ayla qui se trouvait à côté de lui.

- J'en sais rien Roman, avoua-t-elle d'un léger ton triste, avant de continuer en posant sa main sur son bras. Mais je suis sûre d'une chose: quoi qu'elle décide, ça ne changera pas ce que je ressens pour toi.

Ce dernier resta surpris face à ces paroles et il ne le cacha pas. Il la regarda tendrement et, sans s'en rendre compte, il posa sa main sur la joue d'Ayla et se rapprocha lentement d'elle.

- Tu veux dire que tu préférerais affronter ton frère plutôt que moi? demanda-t-il d'une voix basse.

Ayla le regarda droit dans les yeux, comme hypnotisée par son regard.

- Ce que je veux dire, reprit-elle en rapprochant son visage de celui de Roman. C'est que si je devais choisir entre toi et mon frère... c'est à tes côtés que je choisirai d'être.

Sur ces mots, Roman esquissa un léger sourire avant de retrouver une expression neutre, pendant qu'il baissait son regard sur la bouche de la jeune fille.

Leurs souffles se mélangèrent tellement ils étaient proches e, avec un tout petit espace les séparant l'un de l'autre. Leurs yeux se croisèrent nouvellement avant de se fermer aux contact de leurs lèvres. Un premier baiser léger et simple, suivi ensuite d'un baiser plus intense.

Les lampadaires commencèrent à s'allumer, illuminant ainsi la rue déserte, mais Roman et Ayla étaient trop occupés pour y prêter la moindre attention. Ils s'embrassèrent avec fougue, oubliant complètement ce qui les entourait, comme s'il étaient enfermés dans une bulle, où tout leur problème ne pouvaient les atteindre.

Après quelques instants intenses, les deux jeunes éloignèrent lentement leurs visages laissant leur regard continuer une sorte de discussion silencieuse, comme leurs esprits essayaient de communiquer entre eux.

Ayla ne put retenir son sourire plus longtemps et laissa échapper un petit soupire. Roman le remarqua et la regarda d'un air interrogateur.

- Qu'est-ce qu'il y a? questionna-t-il d'un ton amusé.

- Rien. répondit-elle en balbutiant. En fait, ça me rappelle notre premier baiser devant la grille de ma maison.

Il  se souvint subitement lui aussi de ce fameux soir. Son sourire fut soudain remplacé par une mine quelque peu triste et remplie de mélancolie.

- Roman? s'interrogea Ayla en voyant l'expression de son ami.

- Ça a été ce soir là, dit-il à voix basse, tout en tournant son regard vers elle. C'est ce soir là que Grégoire a été enlevé et transformé en vampire.

Ayla baissa un instant les yeux, comprenant que ça avait dû être un moment difficile pour lui. Le moment où se dernier avait eu peur de perdre son meilleur ami.

-Je... je suis vraiment désolée, dit-elle d'un ton attristé.

-Tu n'y es absolument pour rien Ayla, ajouta t-il en regardant la jeune fille.

- C'est juste, reprit-elle les yeux humides, je pense que si tu ne m'avais pas accompagné ce soir là, probablement Grégoire serait encore normal aujourd'hui. Je sais que tu l'aimes comme un frère.

Roman, choqué par le sentiment de culpabilité qu'il sentait rongé la jeune chasseuse, lui prit délicatement le menton pour qu'elle puisse le regarder droit dans les yeux.

- Ayla, commença-t-il en lui adressant un petit sourire et avec un ton consolateur. Tu n'y est absolument pour rien ok? Personne ne savait ce qui allait ce passer, mais je ne regrette pas le temps que j'ai passé avec toi.

Le visage d'Ayla s'illumina et une larme coula le long de sa joue, mais ce n'était pas une larme de tristesse. Pour la consoler, Roman la prit dans ses bras et l'enlaça. Serrer dans son étreinte, la blonde se sentait rassurée et en sécurité, comme si tout ce qui la préoccupait était soudainement éloigné par les bras du jeune loup-garou.

Ils restèrent encore un moment sur le trottoir désert avant que la jeune fille ne se dégage avec délicatesse. Les deux ados se regardèrent mutuellement, comme si leurs regards étaient attachés l'un à l'autre.

Après quelques secondes, Ayla commença à s'éloigner, mais c'était sans compter sur l'intervention de Roman.

- Pourquoi tu ne restes pas chez moi pour cette nuit? demanda-t-il attirant l'attention de la chasseuse.

- Tu es sûr que ce n'est pas un problème? demanda t-elle.

Roman secoua la tête pour lui répondre. Un grand sourire dessiné sur son visage. Même si au début elle paraissait quelque peu hésitante, Ayla lui renvoya son sourire et accepta la proposition du jeune homme.

Et c'est ainsi que tout les deux rejoignirent la porte de la maison et y entrèrent.

***

  Dans le cœur de la forêt, sur le bord d'un grand lac où la demi-lune reflétait son imposante image blanche, un grand loup au pelage brun venait juste de s'arrêter derrière les arbres. Ce dernier commença à se contorsionner et ses os commencèrent leur symphonie de fort craquement.

Petit à petit les poils du loup disparurent, tandis que ceux qui recouvraient la tête se réunirent en une longue chevelure brune. Les griffes au bout des doigts et des orteils disparurent également laissant place à des ongles normaux sur des mains et des pieds humains. Le museau de l'animal s'aplatit, montrant le visage d'une jeune fille dont les yeux étaient d'une teinte verte foncée.

En se relevant, le reflet lumineux de la demi-lune illumina le visage de la jeune fille qui s'approcha du bord du lac, les yeux humides et l'air attristé. Elle regarda la surface calme du lac, sentant une profonde sensation de colère et de dégoût, mais elle les éprouvaient uniquement vers elle même.

Sentant une profonde frustration lui remonter dans le dos, Sandra prit une pierre au sol et de toute ses forces elle la lança vers le lac en poussant un cri, pour se libérer de cette colère qui la rongeait.

La pierre atterrit non loin du milieu du lac et l'impact créa des ondes qui se répandirent sur toute la surface, brisant ainsi la forme plate et lisse du reflet de la lune.

Pendant un court instant, Sandra se sentit libérée de se poids, mais ce ne fut pas suffisant. La jeune fille fit jaillir ses griffes de ses mains et commença à griffer tout ce qui se trouvait à proximité.

Elle laissa de profonde entailles sur un rocher, puis elle se rua sur un arbre, dont elle griffa le tronc jusqu'à ce qu'il n'y est plus d'écorce. Après cela, elle commença à frapper avec ses poings le tronc, laissant ainsi de profondes marques de ses poings.

Il lui fallut plusieurs minutes pour ce calmer. Lorsqu'elle s'arrêta, l'arbre était maintenant plié en deux, et le point qu'elle avait frappée à plusieurs reprises était réduit en mille morceaux, comme s'il avait explosé de l'intérieur.

Sandra transpirait et avait le souffle court. La colère qui remplissait ses yeux avait disparu, laissant la place une expression de profonde tristesse et de douleur. La brune baissa son regard sur ses mains tremblantes et remarqua les blessures, désormais cicatrisées, sur ses jointures. Des petites taches de sang sèches étaient encore présentes, mais cela ne semblait pas la déranger.

Après quelques instants, elle décida de quitter le lac et de reprendre sa virée nocturne. Mais alors qu'elle s'apprêtait à se retransformer, un énorme loup surgit de nulle part et bondit sur elle, la renversant sur le dos. Sandra se releva aussitôt, mais un autre canidé sortit de l'obscurité et la mordit à la jambe. La jeune fille hurla de douleur, mais elle n'eut pas le temps de respirer que le premier loup lui attrapa le bras gauche avec ses crocs acérés. La douleur devint quasi insupportable et la brune dût s'agenouiller.

Après avoir tenté de se débattre, Sandra décida de faire sortir ses griffes de sa main droite pour blesser l'une des bêtes. Malheureusement, son bras fut bloqué par la main d'un homme à l'apparence robuste et aux cheveux courts. Son visage était impossible à identifier, car la faible lueur de la demi-lune ne l'illuminait pas assez.

Prise au piège, fatiguée et affaiblie par ses blessures, Sandra comprit qu'elle n'avait aucune chance de s'échapper, et si elle avait rugit pour demander de l'aide, alors ses compagnons n'aurait retrouvé que son corps.

- Eh bien eh bien!dit une jeune femme qui sortait lentement de l'ombre des grands arbres. Voilà ce que j'appelle une bonne prise.

Sandra releva péniblement la tête, mais malgré le visage familier de la jeune femme, elle ne se souvenait plus où elle avait bien pu la voir.

Cette dernière se retourna vers un homme grand barbu, d'environ 40 ans aux courts cheveux noirs.

- Que faisons-nous d'elle Grand Alpha? demanda la louve-garou avec une légère révérence.

Un large sourire machiavélique se dessina sur le visage de ce dernier.

- Emmenons là au repaire, dit-il alors que ses yeux qui avant étaient de couleur noisette, virèrent au rouge sang. Je suis sûr que notre jeune Pur Alpha viendra la sauver avec ses amis.

- Et lorsqu'ils le feront, poursuivit Ayden avec le même sourire que la Bête. Nous serons prêt à les accueillir.

L'homme hocha la tête confirmant les pensées de la jeune femme, puis il indiqua avec la main d'emmener la jeune brune, trop épuisée pour pouvoir riposter.

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