Chapitre 37
Bien plus tard, alors que le soleil se levait à l'est, Roman regardait la ligne rouge-orangée qui s'étendait de plus en plus à l'horizon. Il avait décidé de passer la nuit chez les Volta, pour ainsi mieux veiller sur son meilleur ami.
Le jeune garçon n'avait pas fermé l'œil de toute la nuit, comme le témoignait les cernes sous ses yeux. Il avait monté la garde en passant de pièce en pièce, pour être sûr qu'il n'y avait plus aucun intrus dans la maison.
Souvent il passait dans les chambres pour voir comment allaient ses amis, surtout Bertrand et son fils.
Le Grand Mage était allongé dans son lit, toujours inconscient. Sa femme était assise à ses côtés et lui essuyait le front, tout en nettoyant les blessures superficielles.
Même Grégoire était allongé dans son lit, mais à la différence de son père, il était seulement fatigué. Sa mère lui avait apportée plus tôt un verre rempli d'un liquide rouge, que le jeune garçon connaissait malheureusement trop bien. Sandra elle, avait passée toute la nuit aux côtés du vampire, ne le quittant pas des yeux une seule seconde.
Roman avait demandé à Coralie d'aller informer Marcus de ce qui s'était passé. Il avait vu que la jeune fille n'était pas très ravie de cette demande, mais il voulait éviter de futures disputes entre ses camarades.
Kevin et Ayla en revanche, avaient quitté la maison peu de temps après le départ de Coralie et étaient partis surveiller la maison du jeune loup-garou. Roman était resté interloqué face à cette proposition des deux chasseurs, mais il avait accepté sans trop protester.
À présent que le jour se levait, le jeune homme décida de monter à l'étage pour voir comment se portait ses amis.
Il enjamba les escaliers quatre à quatre et arriva dans le couloir qui menait aux chambres.
Il se dirigea vers la chambre qui se situait au fond du couloir et frappa à la porte. Une voix à l'intérieur l'invita à entrer et le jeune vit Philomène assise sur le bord du lit, en train de tenir la main de son mari.
- Comment il va ? demanda-t-il en indiquant Bertrand d'un mouvement du menton.
- Il va mieux, répondit la druide les larmes aux yeux. Mais il ne se réveillera pas avant que celui qui lui a lancé le sortilège ne le lui retire.
Roman resta choqué par cette révélation. Son ami sorcier qu'il connaissait depuis tout petit était dans une sorte de coma. Il fut submergé par une grosse vague de colère mais il se maîtrisa.
- Pardon ? demanda-t-il.
- Arnold doit lui avoir lancé un sortilège paralysant lorsqu'il a projeté Bertrand contre le mur, expliqua Philomène en larmes.
Elle était restée auprès de son mari et avait tenté toutes sortes de potions, mais tout ses essais avaient été vains.
- Alors il faut retrouver Arnold ! déclara le jeune homme.
- Tu ne le trouveras pas Roman, souffla Philomène. C'est un Mage et comme tous ceux de son espèce, il est doué pour se cacher.
Le jeune garçon leva légèrement les bras pour les laisser retomber lourdement sur ses cuisses, contre lesquels les mains se heurtèrent créant un fort claquement.
- Alors on peut rien faire ? s'exclama-t-il.
- Il est dans le coma Roman, il est comme prisonnier de son propre esprit. Et à part tuer le sorcier qui lui a lancé ce sortilège, il n'y a aucun autre remède.
Résigné, le jeune loup quitta la pièce attristé.
- Roman ! l'interpella Philomène. Tu n'es absolument pas responsable de ce qui c'est passé.
Le garçon voulu répondre, mais il ne savait pas quoi dire. Il quitta la chambre parentale et retourna dans le couloir. Ils'aperçut que la porte de la chambre de Grégoire était entre-ouverte.
Il s'approcha discrètement et donna un rapide coup d'œil.
Roman ne fut pas surprit de voir Grégoire allongé sur le lit, mais ce dernier n'était pas seul. Il remarqua en effet une jeune fille aux longs cheveux bruns, allongée aux côtés du jeune vampire. Cette dernière portait seulement un t-shirt et un string, car les vêtements qu'elle portait hier soir étaient maintenant réduits en lambeaux.
Un sourire discret se dessina sur le visage du jeune noiraud.
Il referma alors la porte le plus silencieusement possible pour ne pas réveiller ses amis.
Quelques instants plus tard, après être redescendu au rez-de-chaussée, il se dirigea vers la porte qui menait à la cave pour récupérer un balai.
***
Entre-temps, à la villa des Aimant, Sébastien regardait les rayons de soleil toucher les toits des maisons, depuis la fenêtre de sa chambre. Son esprit était ailleurs, concentré sur un seul objectif: trouver tous les Occultés qui se cachaient parmi les habitants de Embursville, et les faire disparaître définitivement.
Perdu dans ses pensées, il ne s'aperçut pas qu'une main s'était posée sur son épaule. Ce geste délicat le fit descendre de son petit nuage et à la vue des yeux noisettes de Victoria, un sourire de tendresse se dessina sur son visage.
- Tout va bien mon chéri ? demanda t-elle enroulée dans une couverture blanche.
Le chasseur hocha la tête avant de tourner à nouveau la tête vers la fenêtre.
- Quelque chose te tracasse, continua la fille.
- Est-ce si évident ? ironisa Sébastien d'un sourire narquois.
La jeune fille ne répondit pas et se mit à observer le paysage, de plus en plus illuminé par le timide soleil qui commençait à apparaître au delà des arbres sur les collines.
***
Au même moment, Beth était en train de se diriger vers la porte de la cuisine qui menait au grand jardin.
Durant ces derniers jours, Sébastien avait invité ses compagnons à dormir chez lui, tant qu'ils n'auraient pas trouvé le Beta de la Bête. Ils avaient exploré chaque recoin de la ville en quête d'indices, mais ils rentraient toujours bredouilles.
Toutefois, Beth s'était rendu compte que son chef de groupe était devenu de plus en plus agressif et agité, peut-être à cause du stress. À présent, la jeune chasseuse ne se sentait plus du tout à l'aise, surtout depuis le départ de son ami archer.
Préoccupée pour sa sécurité, elle avait décidé de partir à sa recherche seule, car elle savait que les autres l'en aurait empêché.
Une fois sortie dans le jardin, elle réunit ses cheveux blonds vénitiens en queue de cheval et se dépêcha de rejoindre le muret qui séparait le jardin de la forêt. Elle le franchit d'un bond et atterrit sur un lit de feuilles mortes après avoir effectué une pirouette en l'air.
Sans hésitation, Beth se mit à courir pour rejoindre le sentier qui menait à Embursville. Elle évita la route car elle savait que la chambre de Sébastien donnait sur la ville et donc sur la route principale qui menait à Embursville.
La jeune fille courut, tout en restant sur le qui vive, comme ses instructeurs lui avaient appris.
Après quelques kilomètres de course, elle arriva à la limite du bois, où elle vit une rue avec plusieurs maisons juste en face. L'une d'elle attira son attention, car elle avait l'air neuve, mais la grille du portail semblait avoir été arrachée.
De plus, elle remarqua d'étranges plantes qui poussaient dans le jardin. Elle décida de s'approcher de la grille pour voir de quoi il s'agissait.
Soudain, elle se retourna d'un coup, faisant jaillir deux poignards qu'elle pointa au niveau du cou et du cœur de la personne qui la suivait depuis un moment.
- Et bah dis donc, tu as toujours tes réflexes prêts à ce que je vois, ironisa une jeune fille que Beth reconnut aisément.
Elle rangea alors ses poignards, en les dissimulant dans ses manches.
- Qu'est-ce que tu fous ici Sophie ? questionna-t-elle.
Cette dernière, qui portait un sweat noir, retira sa capuche, découvrant ainsi ses longs cheveux auburn.
- Je te suivais quelle question, dit-elle en levant les yeux au ciel.
- Je n'ai besoin de personne, répliqua Beth.
Sophie s'apprêtait à lui répondre mais, comprenant que cela n'aurait servi à rien, elle décida de changer de sujet.
- Alors... pourquoi est-ce que tu regardais cette maison ? demanda Sophie en l'indiquant du menton.
Voyant qu'elle ne partirait pas, Beth se retourna, l'air résigné.
- Ce n'est pas la maison en soi qui m'intrigue, mais les plantes qui poussent dans le jardin, corrigea-t-elle en indiquant quelque chose du doigt. Tu vois l'espèce de roseau proche de l'entrée. Ça ne te dit rien ?
Sophie plissa des yeux et les rouvrit subitement lorsqu'elle comprit de quoi il s'agissait. Elle se tourna vers son amie et la regarda d'un air stupéfait.
- Wegbrade ! s'exclama-t-elle.
- Du plantain, confirma Beth en hochant la tête. Et tu m'as dit que toi et Jeff avez rencontré une Vate il y a quelques temps.
La chasseuse comprit où son amie voulait en venir.
- Tu penses que c'est là qu'elle habite ? questionna Sophie.
- Je l'ignore, mais puisqu'on est là, pourquoi ne pas aller voir, suggéra Beth en quittant sa cachette derrière les buissons.
Suivit de son amie, Beth arriva devant l'entrée, enjambant la grille du portail qui jonchait au sol.
Toutes les deux restèrent impressionnées par ce qui se présentait sous leurs yeux. Un sentier de petits cailloux qui menait à la maison, entouré par plusieurs types de fleurs et d'autres plantes. Au pied du muret qui entourait la propriété se trouvait des arbustes sur lesquels poussaient encore des fruits.
Détail qui émerveilla encore plus les chasseuses et qui les convainquit qu'il s'agissait bel et bien de la maison d'un druide.
Alors qu'elle pénétraient dans le jardin, une voix inconnue les interpella depuis la porte de la maison.
- Excusez-moi, dit un jeune homme aux cheveux noirs, tenant un balai dans une main et un sac poubelle dans l'autre. Est-ce que je peux vous aidez ?
Les filles se regardèrent l'une l'autre avant que Beth ne s'avance.
-Désolé, nous étions en train de chercher un ami et nous voulions savoir si quelqu'un l'avait vu, expliqua-t-elle d'un ton courtois.
Alors que le jeune homme s'approchait d'elle, Sophie mit sa main droite derrière son dos. Ses doigts frôlèrent le manche d'une lame, prête à être dégainée au moindre signe de danger.
Seulement, le garçon se dirigea vers l'extérieur, pour jeter le sac poubelle dans la benne à ordure qui se trouvait au bord du trottoir.
- Je suis désolé mesdemoiselles, mais les seuls personnes que j'ai vu depuis hier soir, se sont des fauteurs de troubles, dit-il en bâillant de fatigue.
Sophie desserra sa prise sur le poignard, constatant que le jeune garçon n'avait aucune mauvaise intention.
Mais alors que le jeune homme s'apprêtait à reprendre la parole, une jeune fille portant un t-shirt et un string l'appela en criant.
- Roman attention ! hurla-t-elle en se ruant sur Beth.
Sandra la fit tomber sur le gazon, mais celle-ci se servit de ses pieds pour la repousser. Elle se releva aussitôt pour voir les yeux de la brune devenir jaunes et ses dents se transformer en crocs.
Beth comprit qui se tenait devant elle et dégaina ses deux poignards. Elle plia les jambes et pointa les lames vers le loup-garou qui grogna.
Roman se dépêcha de rejoindre son amie mais il remarqua que l'autre fille restée à l'arrière et qui s'était discrètement rapprochée allait le frapper au cou avec une lame. Il esquiva le coup en se pliant en arrière. Le jeune homme entendit le sifflement de la lame lui passer dessus, comme si elle fendait l'air.
Une fois le coup passé, Roman se releva et fit face à Sophie. Il remarqua alors, outre son regard menaçant, qu'elle empoignait bien plus qu'un simple poignard, car la lame était à moitié recourbée en demi-cercle.
- Eh ben dis donc, quelle superbe lame que tu as ! ironisa le jeune garçon, avec un ton quelque peu angoissé.
- C'est un khépesh sac à puce ! s'exclama Sophie.
Roman aurait voulu répliquer à cette insulte, mais sachant que cela n'aurait servi à rien, il s'en abstint.
- Écoute, je ne veux pas te faire de mal, dit-il en levant les mains.
Malheureusement Sophie ne l'écouta pas et tenta de l'atteindre avec son arme, mais le jeune homme parvenait toujours à esquiver ses coups.
Beth en revanche se défendait comme une lionne contre les assauts répétés de Sandra, qui avait sorti ses griffes.
Au bout d'un moment, alors que Roman ne parvenait toujours à ne pas se faire toucher par la lame de la chasseuse, Sandra qui avait tenté de frapper Beth à la tête, fut touchée par un des poignards de son adversaire.
La lame aiguisée glissa sur le bras de la brune, causant ainsi une douleur aiguë qui se propagea dans tout le bras de la louve.
Sandra recula, mais la chasseuse qui l'affrontait enchaîna les coups, jusqu'à ce qu'elle la touche une nouvelle fois en lui plantant la pointe du poignard dans la cuisse.
La jeune louve rugit de douleur et s'agenouilla sur la pelouse. Les deux blessures saignaient beaucoup, et même si elle pouvait guérir vite, elle savait que son adversaire ne lui en laisserait pas le temps.
Roman, témoin de la scène, était incapable de venir en aide à son amie, car la fille qui se dressait devant lui, l'empêchait de la rejoindre.
- C'est terminé boule de poils, dit cette dernière dans regard plein de colère. Rends-toi !
Le jeune homme regarda rapidement son amie, toujours agenouillée et incapable de se défendre. Il ne pouvait pas laisser quelqu'un auquel il tenait mourir.
- Et je devrais vous laissez tuer une amie à moi ? répliqua-t-il alors que ses yeux virèrent au vert. Jamais !
Désemparée par ce qu'elle voyait, Sophie baissa momentanément sa garde et Roman en profita pour se jeter sur elle. Il lui asséna un coup de poing dans le ventre pour la déstabiliser, puis enchaîna avec deux autres coups au visage. Il pivota sur lui même pour lui envoyer un coup de pied dans l'abdomen qui la fit tomber au sol.
Entendant les cris de douleur de son amie, Beth s'apprêtait à donner le coup fatal à Sandra, lorsque son poignet fut attrapé par une main.
Elle leva la tête en suivant le bras. La jeune chasseuse vit qu'il s'agissait d'un jeune garçon brun, mais ses yeux étaient rouges. Pendant un court instant elle resta pétrifiée, jusqu'à ce qu'elle décide de planter son autre poignard dans le cœur du jeune homme.
Malheureusement pour elle, celui-ci anticipa son attaque et le para. Le poignard fut ainsi dévié et le garçon répondit d'un coup de pied qui propulsa Beth vers le portail.
Cette dernière glissa sur le sentier de galets, laissant une trace bien distincte dans le sol. Sophie, inquiète pour la santé de son amie, se précipita vers elle et l'aida à se relever.
Roman quant à lui, rejoignit Grégoire qui tenait Sandra dans ses bras. La jeune fille, qui tremblait légèrement, souffrait encore pour les blessures causées par les lames.
- Comment elle va ? demanda Roman à son meilleur ami.
- Il faut que je la ramène à l'intérieur, de manière à pouvoir la soigner comme il faut, répondit le vampire.
Les deux amis s'apprêtaient à prendre leur camarade pour l'amener dans la maison, lorsque Grégoire remarqua quelque chose briller approcher à grande vitesse. Lorsqu'il reconnut de quoi il s'agissait, sur son visage se dessina une expression de terreur.
- Roman ! hurla Grégoire en regardant derrière les épaules de son ami.
Le jeune loup se retourna et vit un poignard foncé droit sur lui. En effet, Beth avait lancée l'une de ses dagues dans l'espoir de blesser mortellement l'un des Occultés qu'elle avait devant elle.
Fort heureusement pour le trio, le poignard n'atteignit aucun d'eux, car de l'ombre avait surgi un gros chien au pelage sombre et aux yeux rouges, qui attrapa l'arme avec sa mâchoire.
Les trois jeune reconnurent la bête, il s'agissait du chien qui avait sauvé Roman de la Bête du Gévaudan le jour précédent.
La créature, après avoir regardé rapidement le trio, comme pour voir si tout allait bien, tourna ses yeux écarlates emplis de colère vers les deux chasseuses. Il laissa tomber la dague, puis se mit à grogner d'un air menaçant.
Grégoire en profita pour emmener Sandra dans la maison, en la portant.
Roman remarqua que les poils du chien noir étaient entrain de s'agiter, comme le ferait un serpent à sonnette avec sa queue, et que une étrange vapeur noire s'élevait depuis les poils de la créature.
Si lui était stupéfait, les chasseuses en revanche avaient l'air terrorisées. Elles reculèrent tremblante devant cette créature surgie de l'ombre.
Le jeune loup-garou remarqua que Sophie était en train de bouger les lèvres. Il comprit qu'elle essayait de dire quelque chose, mais qu'elle était trop apeurée pour prononcer un seul mot.
Toutefois, lorsque le soleil apparut au delà des arbres et que ses rayons caressèrent la terre, la créature se retourna vers le jeune homme et le regarda d'un air serein. Au moment où la lumière enveloppa le chien, ce dernier disparut dans un nuage de fumée noire.
Roman cligna des yeux et secoua lentement la tête, pensant que ce qu'il venait de voir n'était rien de plus qu'une illusion.
Les deux chasseuses en revanche, constatant que la bête était partie, se ressaisirent et s'apprêtèrent à ce battre de nouveau. Mais elle furent stoppées par une voix masculine qui leur étaient familière.
- Non les filles ! cria un jeune homme, dont les courts cheveux châtains brillaient au soleil.
Sophie et Beth se retournèrent et virent de l'autre côté de la rue celui qui les avait interpellé. Ce dernier portait un sweat noir et une paire de jeans également noir.
Remarquant qu'il était armé d'un arc, Beth baissa ses poignards et resta abasourdie en voyant son partenaire.
- Kevin ? dit-elle.
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