Chapitre 33
De son côté à la pharmacie, Philomène était en train de finir de servir des clients, lorsqu'elle reçu une visite des plus inattendues.
Une femme au long cheveux auburns cuivrés en boucle entra dans sa boutique et, d'un air quelque peu timide, se dirigea vers le comptoir.
La druide la reconnût en moins de deux et sur son visage se dessina une expression joyeuse, qu'elle ne réussit pas à contenir.
- Awa ! dit-elle en sortant du comptoir pour aller l'enlacer, après avoir payé les clients qui sortirent de la pharmacie.
- Bonjour Philomène ! ajouta son amie, du même air heureux que la mère de Grégoire, tout en la prenant dans ses bras.
- Quel bon vent t'amène dans ma pharmacie ? questionna la druide. Rien de très grave j'espère ?
Awa secoua lentement la tête en guise de réponse.
- Je suis venue pour te parler de Roman, dit-elle d'un air un peu préoccupé.
Philomène écarquilla légèrement les yeux. L'idée de parler du meilleur ami de son fils ne la rassurait pas. Avait-elle découvert quelque chose? Ou bien commençait-elle à avoir des doutes?
- Il va bien ? questionna-t-elle d'un ton inquiet.
- Je ne sais pas, avoua la mère de Roman. Tu te souviens de l'accident qu'il a subit il y a un mois ? Et bien depuis cette nuit il se comporte de façon bizarre.
- Bizarre comment ? demanda la druide en haussant les sourcils.
- Je l'ignore, répondit Awa en secoua lentement la tête. Dernièrement il passe beaucoup de temps avec Grégoire et ses nouveaux amis mais...
- Tu ne peux t'empêcher de t'inquiéter, conclut la pharmacienne avec un sourire timide.
Alors qu'Awa était sur le point de reprendre la parole, une jeune fille entra dans la pharmacie, faisant résonner la clochette en haut de la porte. Les deux femmes se retournèrent et comprenant que son amie devait retourner au travail, la mère de Roman décida de s'en aller.
- Bon, je vais te laisser à tes occupations, dit-elle en saluant son amie.
- T'inquiète, répliqua la mère de Grégoire. On en reparlera une autre fois. Salut ton fils de ma part.
- Je n'y manquerais pas et Roman non plus d'ailleurs, dit la femme en quittant la pharmacie.
Philomène quant à elle, rejoignit le comptoir et une fois derrière, elle reprit ses affaires.
- Alors en quoi puis-je vous aidez ? demanda-t-elle à la jeune femme.
La jeune cliente s'approcha du comptoir avec un léger sourire.
- Bonjour ! s'exclama-t-elle. Oui, j'aimerais savoir quels genres d'herbes vous avez.
***
De leurs côtés Grégoire et Coralie, qui avaient terminer leur repas, se promenaient le long de l'Oise. Ils longèrent le bord du fleuve, jusqu'à rejoindre le pont de bois qui unifiait la rive à l'îlot, situé au milieu du fleuve.
Ils commencèrent à traverser le pont mais s'arrêtèrent au milieu de ce dernier, fixant ainsi la surface de l'eau qui brillait grâce aux reflets des rayons du soleil.
Au cours de leur longue discussion, Coralie avait appris que Grégoire ignorait complètement d'être le fils d'un druide et d'un Mage. Elle avait remarqué que le jeune homme se sentait mal à cause des cachoteries de ses parents; et que très probablement il n'arrivait pas encore à leur pardonner.
- C'est calme ici, dit ce dernier, les yeux rivés sur le fleuve.
La jeune fille hocha la tête silencieusement, regardant dans la même direction que le vampire. Les reflets des rayons brillaient sur la surface agitée de l'Oise.
- Et sinon, reprit le jeune homme s'adressant à la fille. Comment as-tu rencontré la meute de Marcus ?
Coralie inspira profondément, les yeux toujours fixés sur l'eau, avant de lui répondre.
- Je suis née en Normandie, commença-t-elle. J'avais une sœur avec laquelle je m'entendais super bien. Malheureusement, un jour des loups-garous sont venus chez nous et ils ont...
Voyant que la jeune fille se sentait mal et n'arrivait pas à poursuivre son histoire, Grégoire posa délicatement sa main sur celle de Coralie, espérant pouvoir la réconforter.
- Si tu ne te sens pas en état d'en parler, je comprends, dit-il en la regardant droit dans les yeux.
Elle expira fortement du nez. Ses yeux noisettes étaient humides et le jeune vampire sentait que sa tristesse était en train diminuée.
- Non ! dit-elle en secouant la tête. Non ça va.
Après une profonde inspiration, Coralie reprit son histoire.
- Au début, personne ne savait que c'était des loups-garous; on croyait qu'il s'agissait de gros chiens. Ils nous sont tombés dessus sans crier gare et sans raison. Je me suis réveillée à l'hôpital après trois jours dans le coma. Après m'être reprise, les médecins m'ont dit que seulement moi et ma sœur avions survécu.
Pendant que la jeune fille racontait, Grégoire sentait les larmes lui monter aux yeux. Le plus étrange est qu'il avait l'impression de partager sa douleur. Il n'y prêta pas grande attention et laissa Coralie poursuivre son histoire.
- Ma sœur et moi avons passé quasiment un an dans la rue, jusqu'à ce qu'elle soit recueillie par une meute de loup qui s'agrandissait.
- Mais, pourquoi tu n'es pas allé avec elle ? demanda soudainement le jeune homme.
- Et bien, c'est compliqué, répondit-elle.
Comprenant alors que ça devenait dur pour Coralie de continuer son histoire, Grégoire l'enlaça pour la calmer.
Le jeune homme sentait que la jeune fille se calmait mais il se sentait aussi faiblir, comme si la vie lui échappait.
Aussitôt il se dégagea de la jeune fille, mais avec délicatesse pour qu'elle ne se sente pas gênée.
Malgré cela, Grégoire sentit des frissons qui parcouraient tout son corps. Petit à petit il commença à trembler, mais la situation ne s'améliorait pas car le jeune homme devenait pâle et les frissons augmentèrent.
Face à cette situation, Coralie s'approcha du garçon et essaya de comprendre ce qui n'allait pas.
- Grégoire ! s'exclama-t-elle.
- Qu... qu'est-ce qui m'arrive ? s'inquiéta le jeune vampire.
Ne sachant pas quoi répondre, Coralie secoua la tête et tout en aidant le jeune homme à se maintenir, elle l'éloigna du pont.
Alors qu'ils venaient de rejoindre la rive, leur route fut barrée par une brune aux yeux verts foncés. Son regard sérieux transmettait une sensation que seul Grégoire pouvait sentir.
Ce dernier releva son visage vers elle et la reconnut immédiatement. Lorsque leurs regards se croisèrent, un sentiment de profonde inquiétude envahit la jeune femme.
- Salut Sandra, dit-il faiblement.
- Bon sang Grégoire ! s'exclama-t-elle. Mais qu'est-ce qui t'arrive ?
- Je... j'en sais rien, ajouta le jeune homme de plus en plus pâle.
- Il faut qu'on l'emmène voir un guérisseur, suggéra Coralie de plus en plus angoissée.
- La... pharmacie, répondit le jeune garçon avec une voix faible.
La brune comprit tout de suite où le vampire voulait en venir et sans hésitation elle prit le bras de Grégoire.
- Heureusement qu'il y a la Brume, pensa Sandra à voix haute. Les humains pensent qu'il a dû mal digéré quelque chose. Ça nous facilite grandement la tâche.
Ainsi tous les trois partirent en direction de la pharmacie de Philomène qui se trouvait à quelques minutes de marche des rives du fleuve.
***
Pendant ce temps à la fabrique abandonnée, Roman et les deux chasseurs, Ayla et Kevin, continuaient de chercher l'entrée du repaire de la meute qui était alliée à la Bête du Gévaudan.
Cela faisait presque deux heures qu'ils exploraient la fabrique, mais ils ne trouvaient rien.
Au bout d'un moment, Ayla décida de s'approcher de Roman pour lui poser une question qui la tracassait depuis quelques temps.
- Roman, puis-je te demander un truc ? demanda-t-elle à voix basse, tandis que le jeune homme se retourna pour la regarder.
Ce dernier lui répondit par un hochement de tête d'un air perplexe.
- Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ? reprit-elle. La dernière fois qu'on a parlé tu avais l'air terrorisé et tu ne semblais pas avoir envie d'affronter la question.
Roman se regarda autour, observant attentivement s'il n'y avait pas quelques oreilles indiscrètes cachées.
Voyant son comportement étrange, Ayla plissa des yeux.
- Roman ? questionna-t-elle.
- Oui pardon, j'avais juste une impression, dit-il en se tournant lentement vers elle, avant de lui répondre. Et bien, pendant ces deux dernières semaines j'ai énormément réfléchi à la question. À la fin j'ai décidé de vous aidez parce que...
Roman n'acheva pas sa phrase. Il tourna le regard vers les habitations et se perdit dans ses pensées.
- Roman ? l'appela Ayla en lui secouant délicatement l'épaule.
Le jeune homme revint à lui et baissa son regard vers elle .
- Qu'est-ce qui ne va pas ? reprit-elle.
Roman inspira profondément avant de lui répondre.
- Parce que cette ville... c'est ma maison et je ne peux pas la laisser entre les griffes d'une créature cruelle assoiffée de sang, dit-il. Et puis c'est moi qu'il veut, alors je ne peux pas demander à quelqu'un d'autre de risquer sa vie pour moi.
Ayla remarqua que sa voix était étrange, comme si le jeune homme se sentait coupable de quelque chose. Une part d'elle ne voulait pas savoir, mais le fait que Roman risque sa vie ne lui plaisait pas. Alors elle décida de découvrir ce qui tracassait le jeune homme.
- Pourquoi tu te sens comme obligé d'affronter la Bête ? questionna-t-elle. C'est dangereux.
- Parce que quelqu'un a déjà risqué de mourir pour me sauver de la Bête ! s'exclama-t-il.
Voyant qu'il ne voulait plus en parler, Ayla l'enlaça pour tenter de réconforter le jeune loup-garou.
Probablement ils seraient restés l'un dans les bras de l'autre pendant longtemps, si Kevin n'était venu les chercher.
- Excusez-moi si je vous dérange, dit-il d'un ton quelque peu gêné. Je crois avoir trouvé quelque chose.
Aussitôt, le trio se dirigea vers une vieille porte en acier entrouverte. Le chasseur tira encore plus la porte et l'ouvrit, laissant ainsi paraître des marches d'escaliers qui descendaient vers un obscur tunnel.
- Il nous faudrait des torches, suggéra Ayla.
- Malheureusement nous n'en n'avons pas, ajouta le jeune chasseur. Et le risque de tomber dans un piège dans ces tunnels est bien trop grand.
- Vous auriez besoin d'un guide dans ce cas, ajouta une voix féminine inconnue derrière le trio.
Les trois ados se retournèrent et virent une jeune femme, vêtue d'un court blouson en cuir noir et d'une paire de jeans sombres. Ses long cheveux châtains, qui tombaient sur ses épaules, recouvraient son visage sur lequel était dessiné un froid sourire narquois.
La jeune femme s'avança lentement vers les trois ados qui reculèrent d'un pas. Curieusement, Roman sentit une étrange sensation lui parcourir le dos. Il avait comme l'impression que quelqu'un le caressait avec délicatesse.
La mystérieuse inconnue les observa un à un et lorsque son regard s'arrêta sur le jeune loup, son sourire s'élargit encore plus.
- Ah, voici le fameux Beta de la Bête, dit-elle en observant Roman de la tête aux pieds. C'est un plaisir de te rencontrer enfin.
- Euh, je devrais peut-être dire merci, mais je n'ai jamais voulu rien de tout ça, répliqua-t-il ironiquement , tout en essayant de masquer sa peur. Et toi tu dois être l'Alpha de la meute qui aide la Bête, n'est-ce pas ?
Pendant quelques secondes, la jeune femme ne répondit pas. Durant cet instant de silence, Roman sentit la présence d'autres loups qui approchaient, tout en encerclant lui et ses compagnons chasseurs.
Il lança un regard rapide à Kevin pour le prévenir du danger, avant de faire à nouveau face à la jeune femme.
Le jeune chasseur hocha la tête et approcha lentement sa main droite de son carquois.
- Oui on peut dire ça, reprit la jeune femme. Cela dit, tant que le Grand Alpha sera ici, c'est lui qui dirigera la meute.
Roman haussa les sourcils, surpris par cet étrange raisonnement. La jeune femme s'en aperçut et, tout en levant les yeux vers le ciel, elle lui expliqua.
- C'est plutôt facile à comprendre tu ne crois pas ? ironisa-t-elle. La Bête est l'un des plus puissants loups-garous qui existent. Lorsque l'un d'eux se présente, nous sommes obligés de lui obéir. Par conséquent, tant qu'il reste sur le territoire d'une meute, cette dernière doit le servir jusqu'à ce qu'il s'en aille.
Roman s'avança encore d'un pas vers la jeune Alpha. Il était terrorisé certes, mais il faisait appel à tout son courage pour ne pas se montrer faible.
Soudain il entendit plusieurs grognements provenir de plusieurs directions. Il tourna lentement la tête à gauche et remarqua deux gros loups, au pelage gris foncé et aux yeux jaunes flamboyants, apparaître de derrière un gros bloc de béton.
Un autre loup apparut depuis une pièce vide sur la droite. Son pelage était marron et ses yeux étaient du même jaune intense que ses congénères.
Kevin sortit une flèche de son carquois et banda son arc. Les loups grognèrent de plus en plus fort et se mirent en position d'attaque.
Ayla quant à elle, dégaina sa lance à double lame. Elle fléchit ses pieds et plia légèrement les jambes, tandis qu'elle fit tournoyer la lance avant de la placer derrière son dos, tout en la tenant avec sa main.
Les loups grognèrent de plus belle et l'un d'eux aboya fortement contre les chasseurs.
Roman comprit que les loups allaient bientôt attaquer. Il décida alors de gagner du temps, tandis qu'il regardait autour de lui à la recherche d'une issue.
- Ah c'est clair, dit-il en regardant la jeune Alpha,
. Seulement il y a juste un détail qui m'échappe.
La louve s'approcha lentement de lui et, toujours avec son froid sourire moqueur , elle reprit la parole.
- Je t'écoute, dit-elle intriguée.
- Vous l'appelez Grand Alpha. Pourtant il n'a pas de meute, alors pourquoi lui donnez-vous ce titre ?
La jeune femme ne put masquer sa stupeur face à cette question, ce qui est exactement ce que Roman voulait. Il profita de cette infime fraction de secondes pour l'attaquer.
Voyant qu'il se jetait sur elle, Ayden tenta de l'éviter. Malheureusement pour elle, Roman était bien plus rapide et d'un coup violent, il l'attrapa au ventre et la jeta au sol. Le choc fut brutal mais elle se releva aussitôt.
Regardant intensément le jeune garçon de ses yeux devenus rouges, elle se mit à rugir de toute ses forces, avant de se retourner vers les autres loups-garous.
- Tuez les chasseurs ! cria-t-elle avant de poser à nouveau son regard sur le jeune loup.
Roman quant à lui, posé sur le sol à 4 pattes, releva lentement la tête vers son adversaire. Lorsqu'il remarqua derrière Ayden que les loups-garous étaient en train de se jeter sur ses camarades, ses yeux prirent une teinte jaune-verte et, alors que son visage commençait à s'allonger et que se corps se transformait, il se mit à rugir à pleins poumons .
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