Chapitre 28

  Les cours de l'après-midi venaient de commencer.
Il ne manquait plus que 2 heures de cours à Roman avant de débuter les leçons de boxe.

Lui et Sandra n'avait pas trop parlé durant l'heure du déjeuner, mais il sentait que quelque chose n'allait pas chez la jeune fille. Ou bien elle était tout simplement stressée à cause de la pleine lune.

Soudain le jeune garçon sursauta. Il entendit un grincement strident sur une surface lisse. Très vite, il s'aperçut que le bruit venait de la craie qui glissait le long du tableau. Roman secoua légèrement la tête et vida son esprit pour ne pas perdre le contrôle.

- Cette journée va être très longue ! pensa-t-il d'un air exaspéré.

La leçon continua ainsi pendant deux bonnes heures, qui pour Roman semblaient interminables. Quand la sonnerie retentit, le jeune homme rejoignit son casier pour récupérer ses affaires, quand soudain il entendit à nouveau les voix des étudiants autour de lui. Il ferma les yeux, tentant de se concentrer pour ne plus entendre toutes ces voix en même temps.

Malheureusement cela ne marcha pas. Il ne se sentait pas bien, sur son front se formèrent des goutes de sueur, qui lentement commençaient à glisser sur sa peau lisse. Sans le vouloir, il serra la porte en fer de son casier, laissant une trace évidente de ses doigts.

Le garçon n'arrivait plus à s'isoler du vacarme qui arrivait à ses oreilles. Il était sur le point de cogner violemment un casier voisin du  sien, lorsque Sandra le stoppa en attrapant son poing fermé.

Au contact avec sa peau, elle le sentit tendu.

- Roman, est que tu vas bien ? demanda-t-elle inquiète.

- Pas vraiment, avoua-t-il essoufflé. Je pense que je vais briser la porte de mon casier.

Sandra posa son regard sur la petite porte de fer et constata, avec une certaine stupeur, les traces laissées par la main de Roman.

- Ok, je crois qu'il est grand temps que tu ailles te défouler sur un sac de sable, ironisa-t-elle en aidant le jeune homme. Ou un mur de pierre peut-être.

Le jeune garçon ricana à la remarque de son amie.

Toutefois, la scène ne passa pas inaperçue auprès d'une jeune blonde qui connaissait bien Roman.

***

  - C'est lui alors ? demanda un jeune garçon mince, aux cheveux châtains et aux yeux bleus, qui se tenait à côté d'elle.

La jeune fille hocha la tête d'un air sérieux, mais qui laissa paraître une légère tristesse. Le garçon s'en rendit compte et posa une main sur son épaule.

- Tu penses vraiment qu'on peut lui faire confiance ? questionna-t-il peu rassuré.

- Kevin, dit la blonde le regard toujours fixé sur le couloir rempli d'élèves. Je ne sais pas comment te l'expliquer... mais je sens que Roman est une bonne personne. Je suis plus que sûre qu'il ne veut faire de mal à personne.

Petit à petit, les étudiants se dirigeaient vers la sortie, alors que le soleil commençait déjà à disparaître derrière les hauts immeubles en béton et les collines boisées qui entouraient la ville.

Avant que Kevin ne puisse parler, la blonde le devança.

- Maintenant j'ai cours de boxe avec lui, alors j'aurais une occasion de lui parler.

Kevin ne semblait pas très convaincu, mais il n'avait pas d'autres alternatives.

- Très bien d'accord, mais fait attention Ayla, dit-il.

***

Arrivés devant la porte des vestiaires des garçons, Roman s'appuya contre la porte et reprit son souffle.

Sandra se tenait à côté de lui et, posant sa main sur son épaule, elle vérifia si le jeune homme se sentait mieux. Le souffle court, Roman hocha la tête pour lui dire que tout allait bien, mais les battements de son cœur indiquaient le contraire. Ils étaient rapides et irréguliers. La sueur sur son front était intense et ne cessait d'augmenter.

- Roman, maintenant je pense que tu ne devrais pas faire le cours de boxe aujourd'hui, finit par dire la jeune brune, inquiète de l'état de son ami.

- Je ne peux pas, répliqua le garçon aux cheveux noirs.

- Pourquoi ?

Le souffle de Roman devint de plus en plus lourd. Il avait comme la sensation d'étouffer, mais il prit sur lui pour répondre à Sandra.

- Parce que j'en ai besoin.

- Ce n'est pas une réponse, ajouta la jeune fille.

Le garçon laissa échapper un petit rire, ce qui rassura un peu  la jeune louve. Soudain, des contractions se firent sentir au niveau du ventre de Roman, qui se plia en deux. Sa douleur augmentait de minutes en minutes.

- C'est... commença-t-il en prenant une grande goulée d'air. Il y a une partie de mon passé que j'essaye... tant bien que mal... d'oublier.

Sandra, restée bouche bée devant cette nouvelle réponse, s'apprêtait à lui demander une explication plus précise, lorsqu'une voix du haut des escaliers attira son attention et celle du jeune homme.

- Bah qu'est-ce qui se passe ? Problèmes de digestion ? demanda ironiquement un jeune garçon aux courts cheveux bruns, qui commençait à descendre les marches.

Les deux ados se retournèrent et à la vue du jeune homme, leurs yeux s'agrandirent.

- Grégoire ! s'exclamèrent avec étonnement les deux jeunes loups en prononçant son nom à l'unisson.

- Mais comment est-ce possible ? questionna Sandra.

- Honnêtement, j'en sais rien moi non plus, avoua le jeune homme, un large sourire dessiné sur son visage. Mais maintenant, je peux marcher à la lumière du jour.

Il tourna la tête vers son meilleur ami qui, avec une certaine difficulté, releva la tête pour mieux le voir.

- Et puis je me suis dit que je pouvais venir en aide à mes amis. D'une manière ou d'une autre, continua-t-il en aidant Roman à se relever.

Ce dernier le remercia, mais hélas la migraine persistait et le garçon avait de en plus de mal à se contrôler. Ses ongles commencèrent à s'allonger de surcroît et il n'arrivait plus à arrêter leur croissance.

Pour Roman ça devait être le meilleur moment de la journée: pas de cours littéraire, pas de bouquins à regarder pendant des heures, seulement un sac de sable suspendu et des exercices physiques.

Sandra décida alors d'aller voir le professeur, afin d'inventer une excuse pour justifier l'absence du jeune homme.

De leur côté, Roman et Grégoire quittèrent le couloir qui menait au gymnase pour sortir de l'établissement. Une fois dehors ils attendirent le retour de leur amie pour décider de la suite.

Quelques minutes après, la jeune fille sortie et rejoignit le duo qui s'était assis sur un banc.
Elle remarqua que Roman était à moitié endormi, à cause de l'exténuante force dont il faisait preuve pour ne pas perdre le contrôle.

- Excuse-moi Sandra mais comment ce fait-il qu'il commence déjà à se transformer ? Le soleil n'est même pas encore couché ! s'inquiéta Grégoire en indiquant le ciel rosé.

- J'en sais rien, avoua la jeune fille. D'ordinaire, les loups-garous se transforment à leur guise, mais quand il y a des nuits de pleine lune, il nous est souvent difficile de garder le contrôle. Mais là...

- C'est à cause de son lien avec la Bête, dit un jeune garçon aux cheveux châtains à côté du petit groupe.

Sandra se tourna vivement vers ce dernier, tandis que Grégoire souleva Roman, qui poussa un cri de douleur.

- Et ça ne va pas s'arranger pour lui, poursuivit le jeune homme.

- Qui es-tu ? demanda Grégoire d'un ton direct et sévère.

Avant qu'il ne puisse répondre, le garçon fut devancé par une jeune blonde qui apparut derrière lui.

- Il s'appelle Kevin Dionak, dit Ayla. C'est un ami, vous pouvez lui faire confiance.

- Ayla ? s'étonna faiblement Roman.

Sandra quant à elle grogna de plus en plus fort, laissant paraître ainsi ses crocs acérés alors que ses yeux virèrent au jaune .

- Ce sont des chasseurs ! s'exclama-t-elle.

- Quoi ? questionna Grégoire d'un air étonné et inquiet.

- Ils appartiennent à l'Ordre des Chasseurs, ceux qui traquent les Occultés depuis des siècles. Comme si  nous étions des animaux ! expliqua la brune, devenue de plus en plus furieuse.

Malgré la situation, le jeune chasseur ne se découragea pas et s'approcha lentement du trio.

- Je sais que je suis la dernière personne qu'un Occulté voudrait voir...

- C'est sûr ! l'interrompit la louve.

- Mais il y a quelque chose de bien plus grand en jeu. Et j'ai besoin de votre aide, continua-t-il sans prêter grande attention à la brune.

Il tourna alors son regard vers le jeune loup-garou , qui d'un air fatigué le fixait le plus intensément possible.

- J'ai besoin de ton aide, Roman Vicars.

Celui-ci resta silencieux. Parmi les cinq ados aucun ne prit la parole pendant un moment; jusqu'à ce que Roman, grimaçant toujours pour ne pas perdre le contrôle, ne le brise d'un chuchotement.

- Sandra, dit-il à la jeune brune, toujours sur le qui-vive. Range tes griffes s'il te plaît.

Étonnée par la demande, la jeune fille s'approcha de lui en contournant le chasseur.

- Oh rassure-moi tu déconnes ? chuchota-t-elle à son oreille.

- J'ai entendu ses battements de cœur... il nous a dit la vérité, expliqua-t-il avant de ramener une main à son front. Roman eut l'impression d'avoir été frappé par un fouet, tellement la douleur augmentait.

- Roman ! s'exclama Grégoire qui soutenait toujours son ami.

- Roman, dit une voix terriblement familière au jeune homme. Tu la sens cette douleur n'est-ce pas ?

Cette fois le jeune garçon se détacha de son ami et amena son autre main à sa tête. Il serra de plus en plus fort sa tête, dans le vain espoir de se débarrasser de cette voix.

- Ce n'est qu'un avant-goût de l'enfer que je peux apporter dans ta vie, continua la voix calme et froide.

- La ferme ! hurla-t-il rendant un peu plus nerveux ses amis qui l'appelaient .

Le jeune homme n'arrivait malheureusement pas à les entendre, la voix dans sa tête semblait l'avoir coupé du reste du monde.

- Si tu veux que cela cesse, alors rends-moi ce que tu m'as volé, poursuivit la Bête qui laissa échapper un léger rire.

Ne sachant plus quoi faire, Roman rugit à plein poumons dans la place de la fac, heureusement vide. Son rugissement fut tellement puissant, que quelques vitres se brisèrent et quelques cailloux bondissaient sur le sol.

Exténué par ce dernier effort, Roman s'écroula au sol. Ses deux amis Occultés se précipitèrent pour voir comment il allait. Ayla s'avança inquiète elle aussi, mais fut stoppée par la jeune louve qui la menaçait de ses griffes.

- Ne t'approche pas de lui chasseuse ! grogna-t-elle.

- Laisse moi passer, sac à puce ! répliqua la blonde en fixant les yeux de la brune.

- Ah oui et pourquoi faire ? Pour lui planter un poignard dans le cœur ?

- N'importe quoi, je veux l'aider.

- Dit plutôt que tu veux te servir de lui !

- Les filles arrêtez ! hurla le vampire agacé par ces enfantillages. Il faut qu'on aide Roman.

- Il faut surtout l'éloigner d'ici, avant que quelqu'un ne se mette à poser des questions, ajouta le chasseur, pendant qu'il regardait autour de lui.

Les deux filles, galvanisées par l'adrénaline, décidèrent quand même de se calmer et de trouver une solution pour aider Roman.

Sandra aida Grégoire à soulever le jeune loup-garou, qui était toujours endormi, en lui tenant l'autre bras.

- Emmenons-le chez moi, dit Kevin. Comme ça il sera soigné comme il faut.

L'idée ne plut pas aux deux amis de Roman. Ils se regardèrent incrédules pendant un quelques secondes, avant que Sandra ne réplique.

- Tu plaisantes là ?

À la limite de l'agacement, le chasseur poussa un souffle d'exaspération en levant les yeux au ciel.

Voulant éviter une nouvelle dispute entre chasseurs et créatures mythiques, Grégoire réfléchit rapidement à une alternative. C'est alors qu'il réalisa qu'il y avait encore un endroit auquel il n'avait pensé, même si s'était le dernier endroit où il voulait aller.

- Je connais un endroit ! s'exclama-t-il attirant ainsi les regards de tous.

- Où ça ? questionna Ayla de plus en plus inquiète.

- Le lieu de travail de ma mère, répondit-il peu enthousiaste.

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