Chapitre 22
Le soleil commençait lentement sa descente au delà de l'horizon. Petit à petit il se rapprochait des collines boisées qui entouraient Embursville, comme un oiseau qui, fatigué par un long vol, cherche un arbre sur lequel se poser.
Roman et Ayla continuaient leur promenade, tandis que les ombres s'allongeaient, au fur et à mesure que la lumière du jour commençait à s'affaiblir.
Ils parlèrent de tout et de rien, mais quelque chose dans la voix de la blonde intrigua le garçon. Elle lui paraissait troublée et quelque peu gênée, comme si sa présence la mettait mal à l'aise.
Arrivé près d'un petit parc pour enfants, le jeune garçon décida de découvrir ce qui tracassait Ayla. Ils se dirigèrent vers deux balançoires vides et s'assirent.
- Alors, qu'est-ce qui t'arrive ? questionna-t-il avec délicatesse.
- Comment ça ? dit Ayla d'un aire faussement surpris. Je ne vois pas de quoi tu parles.
Roman entendit le cœur de son amie. Ce dernier était accéléré et irrégulier. Il comprit alors qu'elle lui mentait.
La chose le blessa, mais il parvint à ne pas le montrer et fit comme si de rien n'était.
- Ayla tu as l'air perturbée, continua-t-il. Qu'est-ce qui ne va pas ? Ça a à voir avec hier soir ?
- Quoi ? Oh non rassure toi, s'empressa-t-elle de répondre. C'est juste...
La jeune fille ne conclut pas sa phrase. Sont esprits étaient emplit de doutes. Elle ignorait toujours si son frère avait tort ou pas au sujet du jeune noiraud.
Ayla devait le découvrir et elle avait là une opportunité, mais elle était hésitante. Elle sentait au plus profond de son être, qu'une partie d'elle ne souhaite pas découvrir la vérité.
Roman se sentait complètement perdu. Il ne comprenait où elle voulait en venir, mais il sentait que ce n'était rien de bon.
- Ayla, dis-moi ce qui t'arrive, dit-il d'un ton calme et serein.
La jeune fille se ressaisit un peu et reprit la parole.
- Tu te souviens de Sébastien ? dit-elle en regardant, les yeux humides, le jeune garçon.
- Oui, c'est ton frère si je ne me trompe pas, répondit-il d'un air confus. À ce propos, pourquoi tu lui as dit que je m'appelai Stephane la première fois que je l'ai rencontré ?
Face à cette question Ayla inspira profondément avant de répondre. Roman comprit alors que ce n'était pas facile pour son amie d'en parler.
Le jeune homme su qu'il allait devoir faire preuve de patience.
- Mon frère est loin d'être une bonne personne, répondit Ayla. Il est suspicieux, cachottier, et parfois il lui arrive d'être agressif avec les inconnus. Je lui ai donné un faux nom parce que... je voulais juste qu'il ne te gêne pas. Maintenant je crains qu'il t'en veuille.
Cette explication laissa Roman perplexe. Il ne connaissait pas Sébastien et pourtant ce dernier semblait lui en vouloir, mais aucune raison ne lui vint à l'esprit.
- Pourquoi ? demanda-t-il.
Ayla ne savait pas qu'elle explication lui donner. Il se pouvait qu'en fin de compte, Roman ne soit pas une créature mythique et que son frère se soit trompé.
- C'est... c'est assez difficile à expliquer, dit-elle hésitante.
- Essaie toujours, l'incita le jeune garçon.
- Et bien , il... il pense que tu es une menace.
Roman pouvait s'attendre à tout, sauf à cela.
Cette réponse le choqua un tantinet. Il fut dans un premier temps bouleversé à l'idée que quelqu'un, qu'il ne connaissait pas en plus, lui voulait du mal.
Petit à petit il se souvint de ce que Bertrand lui avait raconté dans la grotte et ces mots résonnèrent à nouveau dans sa tête: l'Ordre des Chasseurs. Roman comprit alors que Sébastien en faisait partie et que très probablement, il savait qu'il était devenu un loup-garou.
Et si c'était le cas, alors tout ses proches, en particulier sa mère, pouvaient être en danger.
- Roman ? dit Ayla le voyant distrait. Est-ce que ça va ?
Ces paroles le firent descendre de son petit nuage, l'arrachant à ses pensées. Rapidement le garçon se ressaisit.
- Excuse moi, je me suis souvenu que je dois aller aider Grégoire avec ses devoirs, dit-il d'un air faussement troublé. On se rappelle plus tard d'accord ?
Ce changement de comportement perturba la blonde. Certes elle ne connaissait pas Roman autant que Grégoire, mais elle le connaissait assez bien pour savoir que ce n'était pas dans ses habitudes d'agir de cette façon. Elle tenta de le retenir, mais le jeune homme s'était déjà éloigné en direction de la maison de son ami.
À peine il fut hors de la vue d'Ayla, Roman s'appuya contre un muret et leva les yeux vers le ciel, coloré d'une intense teinte orange-rosée.
Peu à peu, il commença à réaliser à quel point sa situation était en train d'empirer. Sébastien, le frère de la fille qui l'attirait, était un chasseur de créatures mythiques et il était possible, qu'Ayla soit une chasseuse également.
Soudain, une épouvantable idée lui traversa l'esprit. Sébastien avait peut-être demandé à sa sœur de se rapprocher de lui, uniquement pour trouver d'autres loups-garous.
Mais si cela était le cas, pourquoi la jeune fille l'aurait prévenu ? Pourquoi aurait-elle protégée une créature mythique si elle était censée les chasser ? Un doute se forma dans la tête de Roman. Peut-être qu'Ayla ignorait qu'il était devenu un loup-garou et que Sébastien voulait seulement le tester.
Le jeune garçon resta longtemps à observer le ciel orangé devenir de plus en plus sombre, au fur et à mesure que le soleil disparaissait derrière les collines.
Tout à coup, une odeur forte arriva à ses narines, l'obligeant à baisser son regard sur la rue déserte. Depuis l'ombre obscure de la ruelle d'en face, un courant d'air glacial en sortit, suivit d'un halètement profond. Une sensation de terreur envahit l'âme de Roman et des bruits de pas se firent entendre.
Le jeune garçon se détacha du muret et commença à reculer lorsqu'il entendit un grognement familier qui lui glaça le sang. De la ruelle il vit apparaître en premier lieu, une grande patte recouverte d'un pelage gris foncé. Ensuite un long museau entre ouvert, laissant paraître d'imposants crocs blancs pointus, apparut à la faible lumière du jour qui s'estompait. La grande bête s'avança d'encore un pas avant de lever son regard, cruel et menaçant avec ses yeux rouges sang, en direction du jeune homme devenu tout pâle.
- Oh mon Dieu ! Non pas encore, pensa Roman suant de peur, les yeux écarquillés.
«Salut Roman, quel plaisir de te revoir.», dit une voix calme, profonde et froide d'un ton légèrement amusé.
La bête continua d'avancer d'un pas lent vers la direction de Roman. Petit à petit, elle ouvrit encore plus la gueule esquissant ce qui sembla être un sourire. Le même sourire que Roman avait vu cette nuit là.
Le sang du garçon se glaça.
«T... Toi?!», balbutia-t-il, totalement terrorisé.
«Effectivement. Toutefois je ne suis pas venu ici pour parler, mais pour récupérer ce que tu m'as pris.», poursuivit la voix cette fois d'un ton menaçant.
«Quoi?».
«Tu le sais très bien.».
Le garçon hésita un instant avant de répondre.
«Va te faire voir avec tes devinettes à la con! », s'exclama-t-il en prenant ses jambes à son cou.
Roman se mit à fuir aussi vite qu'il le pouvait, mais il ne se dirigea pas chez lui. Il décida de courir en direction de la forêt, suivant le sentier qu'il avait l'habitude de prendre quand il allait faire du jogging. Sa dernière intention était de lui donner son adresse, par crainte que la créature, apparemment obsédée par lui, décide de s'en prendre à sa mère.
Une idée qui se révéla des plus intelligentes, car le jeune garçon sentît derrière lui la présence du loup qui le pourchassait. Une course poursuite venait de commencer, sauf que cette fois-ci la proie du loup était Roman.
Parallèlement au repaire, dans la grotte qui servait d'infirmerie, Sandra était toujours assise au côté de Grégoire qui n'avait pas bougé d'un iota. Son esprit lui faisait revivre ce qu'elle avait passée avec Jules et la douleur de ce douloureux souvenir s'intensifia dans son cœur. Elle s'était jurée de ne plus jamais se sentir faible avec les garçons, pourtant Grégoire semblait avoir réussi à lui briser cette carapace qu'elle s'était créée tout autour et elle le sentait.
Soudain, alors qu'elle était toujours plongée dans ses pensées, Grégoire commença à s'agiter et à gémir; son corps tremblait de plus en plus vite et plus violemment. La jeune brune se releva de sa chaise et essaya de le bloquer, mais en vain, car les secousses devinrent plus violentes. Au bout d'un moment, Grégoire ouvrit les yeux et se releva d'un bond tout en poussant un hurlement fort et légèrement aiguë. Sandra tressauta amenant ses mains à ses oreilles. Le hurlement du jeune brun se répandit dans tout le repaire, attirant de cette façon l'attention des autres loups ainsi que celle du Grand Mage et du Vate.
Ces deux derniers arrivèrent rapidement à l'infirmerie où il virent Sandra poser ses mains sur les épaules de Grégoire, totalement à bout de souffle et le front humide. Philomène sentait les larmes lui monter au yeux et sans hésiter, elle s'approcha de son fils élargissant les bras pour l'enlacer. Malheureusement pour elle, Grégoire la stoppa en levant la main et secouant la tête, avec une expression fâchée.
Le sourire sur le visage de sa mère s'estompa petit à petit, jusqu'à ce qu'apparaisse un air d'incompréhension et d'inquiétude.
«Grégoire, mon chéri.», dit-elle en faisant un pas de plus vers lui.
«Non!», exclama faiblement le jeune homme, «Ne t'approche pas.».
«Grégoire?».
«Recule!», hurla-t-il.
Philomène fit un pas en arrière, tandis que son fils tenta de se remettre sur pied. La douleur au ventre était intense, mais la chose importait peu à Grégoire; car autre chose le préoccupait.
Sandra s'approcha de lui pour l'aider à s'asseoir sur la table de pierre.
«Qu'est-ce qui ce passe ici?», questionna Marcus qui venait d'entrer dans la l'infirmerie.
Bertrand s'apprêtait à répondre à son ami lorsqu'un faible hurlement arriva aux oreilles de tous.
Un nouveau silence s'installa dans le repaire, jusqu'à ce que Grégoire, d'un air curieux regarda un à un les personnes présentes dans l'infirmerie.
«C'était quoi ce bruit?», demanda-t-il.
«C'est Sonia!», exclama la jeune fille, le regard perdu vers le plafond de la grotte, comme si elle cherchait de comprendre où pouvait se trouver son amie.
«On aurait dit qu'elle a des problèmes.», supposa faiblement Bertrand.
«Et c'est le cas.», affirma l'alpha d'un air inquiet, «Elias! Où est-elle allée?».
Le bêta s'approcha et lui répondit.
«La dernière fois que je l'ai vue, elle partait surveiller le nouveau.».
Une expression d'inquiétude se dessina sur le visage de Grégoire.
«Alors Roman a peut-être des ennuis également.», pensa-t-il à voix haute.
Sandra tourna la tête vers ce dernier d'un air interrogateur en haussant les sourcils; mais le jeune brun remarqua dans ses yeux une légère expression préoccupée.
«Il faut la retrouver et Roman aussi.», dit Marcus, «Elias, prépare une équipe de surveillance pour protéger le repaire, tandis que toi, moi et Bertrand irons les chercher.».
Le bêta hocha la tête fermement et se dirigea vers le reste de la meute resté en retrait. Tout à coup, un léger bruit provenant de l'infirmerie attira l'attention de Marcus. Son regard se perdit sur la table de pierre, désormais vide.
«Oh non!», exclama-t-il.
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