Chapitre 14
Il faisait maintenant nuit noire, cependant les rues du centre d'Embursville étaient remplies. Entre les restaurants et la place bondés, Sébastien et Victoria surveillaient les lieux d'un œil observateur.
Leurs yeux se posèrent sur un jeune couple en train de s'embrasser.
- Tu y penses souvent ? demanda le garçon.
- À quoi ? rétorqua la blonde en regardant son compagnon.
- À ce qu'aurait été notre vie si nous n'étions pas des chasseurs.
La question laissa la jeune femme sans voix. Elle se réfugia un moment dans ses pensées, le regard perdu sur la place du centre.
Une fois sûre d'avoir trouvé la bonne réponse, elle se ressaisit et tourna la tête vers son petit-ami.
- Je n'y est jamais pensé, avoua-t-elle. Honnêtement j'aime bien ce que nous faisons: chasser et tuer des créatures mythiques, protéger les gens. Je ne m'imagine pas une vie comme ces gens là.
Sébastien posa délicatement la main le visage de Victoria et, en la regardant intensément dans les yeux, il ne put s'empêcher de sourire.
- Moi non plus, dit-il chaleureusement. Surtout je n'imagine pas une vie sans toi.
Sur ces mots, Victoria sourit avant de l'embrasser.
Leurs téléphones vibrèrent, alors ils se détachèrent et regardèrent les messages.
- Ça vient de Kevin, dit Sébastien.
- Oh, qu'est-ce qu'il a encore fait ? demanda sèchement la blonde, sans allumer son téléphone.
- Je te lis le message.
« Une autre victime.
Trouvée dans le parking du supermarché.
Nombreuses traces de morsures et griffures sur le corps.
Moi et Beth rentrons pour faire des recherche.
On vous tient informés ».
- Et bien, notre ami semble être occupé ces temps-ci, dit Victoria. Tu penses qu'il a vraiment accepté de retrouver son bêta ?
- J'e l'ignore, avoua le jeune homme. Mais j'espère que c'est le cas, parce que sinon il aura de gros problèmes.
- Oui bien sûr. Cependant, je reste convaincu que nous pouvons nous débrouiller seuls.
- Chérie, je te l'ai déjà expliqué. Pour que le plan fonctionne, il faut nous servir de lui. Et puis, avec l'aide de l'équipe...
- Tiens à ce propos, l'interrompit Victoria. Pourquoi n'as-tu pas révélé notre plan aux autres ?
- Il n'est pas nécessaire qu'ils le sachent. De plus, j'ignore comment ils réagiraient.
- Je pense qu'ils comprendraient, mis à part ce pleutre de Kevin.
Sébastien rangea son téléphone et regarda sa copine. Son regard montrait clairement son exaspération.
- On peut savoir ce que tu as contre lui ? demanda-t-il.
- Rien, répondit-elle avec désintérêt.
- Victoria je suis sérieux là!".
-Je te conseille de baisser d'un ton Seb !
- Je le ferai seulement si tu m'explique pourquoi tu ne le supporte pas.
Victoria ne poursuivit pas la discussion et resta muette, le regard posé sur la fontaine. Le jeune chasseur continua de la fixer un moment avant de laisser tomber.
- Bon d'accord, on en reparlera une autre fois, conclut-il. Pour l'heure, restons concentré sur notre objectif. On ne peut pas se permettre d'échouer.
***
La marche se termina devant le grand portail de la villa des Aimant. Roman avait insisté pour raccompagner Ayla, malgré les nombreuses réticences de cette dernière.
- Je ne sais pas comment te remercier Roman, ça a été une superbe soirée, dit elle, le sourire aux lèvres. Par contre, t'étais pas obligé de me ramener jusqu'à chez moi.
- Bah pourquoi ça? Avec les gros chiens enragés qui rôdent dans la région, en plus des diverses agressions advenues ces dernières semaines... je ne me sentais pas sûr de vouloir te laisser rentrer seule, ajouta le jeune garçon.
Le sourire sur le visage de Ayla s'élargit. Malgré l'obscurité de la nuit, ses dents blanches brillaient comme les étoiles dans le ciel.
- C'est trop chou de ta part, dit-elle en s'approchant lentement du garçon. Rien que pour ton acte chevaleresque tu mériterais un prix.
- Un prix? Et bah dis donc c'est la soirée des récompenses ce...
Le jeune homme ne conclut pas sa phrase, car Ayla avait délicatement déposée ses lèvres sur les siennes.
En cet instant, totalement inattendu et intense, Roman ne sentit plus rien autour de lui, comme si une énorme bulle s'était formée entre les deux ados.
Le temps semblait s'être arrêté, mais pour Roman la chose importait peu.
Lorsqu'ils se séparèrent, le jeune garçon, resté sans voix, regarda le visage rayonnant de la blonde, fixant ses yeux scintillant.
- C'était en quel honneur ? demanda-t-il.
- Pour conclure cette merveilleuse soirée, répondit la jeune fille avant de l'embrasser à nouveau.
Roman aurait tant voulu que ce baiser continue, savourant le goût doux des lèvres d'Ayla. Malheureusement pour lui, son téléphone sonna, interrompant ce moment intime.
Il se sépara à contre-cœur de la jeune blonde.
- Excuse-moi, c'est sûrement ma mère qui me demande où je suis, lui dit-il.
- T'en fais pas. Je comprends, le rassura-t-elle. De toute façon, il faut que je rentre moi aussi. Mais on pourra reprendre la prochaine fois.
Le sourire sur son visage rasséréna Roman qui lui rendît son sourire.
- J'ai hâte d'être à la prochaine fois alors, dit-il.
Sur ces mots, Ayla pénétra dans le jardin de la villa et se dirigea vers la porte. Arrivée devant elle se retourna et regarda son compagnon une dernière fois, avant de disparaître derrière la grande porte en bois.
Roman se retrouva alors tout seul à fixer la porte depuis le portail, lorsque son téléphone sonna à nouveau.
Il vit apparaître le nom de Grégoire et décrocha.
- Ah salut Greg. Franchement tu pouvais pas choisir un autre...
- Roman, c'est Sandra. Écoute j'ai pas le temps pour tes histoires, mais on a un gros problème ! l'interrompa-t-elle anxieuse et essoufflée.
L'expression gênée du jeune garçon laissa alors place à de l'inquiétude.
- Sandra ? répondit-il étonné et quelque peu angoissé. Attends mais qu'est-ce que tu fiche avec le portable de Greg ? Et de quel problème tu parles ?
- Écoute on a pas le temps ! Retrouve moi devant la maison de Greg dès que possible ! abrégea la loup-garou en lui raccrochant au nez.
Roman, croyant la situation très grave, se mit alors à courir vers la maison de son meilleur ami, aussi vite qu'il le pouvait.
***
- Hum, mais où suis-je ? s'interrogea Grégoire désorienté.
Le jeune garçon se réveilla au milieu de ce qui semblait une vieille épicerie. Plusieurs étagères se dressaient sur les côtés.
Sentant une forte douleur à la tête, il plissa des yeux.
Alors qu'il leva la main pour soulager sa douleur, il sentit quelque chose le bloquer. En baissant les yeux, il remarqua que ses poignets étaient attachés au bras d'un fauteuil . Même ses chevilles étaient ligotées.
- Qu'est-ce que..?
Il commença à s'agiter pour se libérer, mais en vain. Quiconque avait fait ces liens devait être un excellent faiseur de noeuds.
- Eh ! Il y a quelqu'un ? Est-ce que vous m'entendez ? hurla Grégoire à plein poumons.
Personne n'apparut. La panique montait lentement en lui et Grégoire le sentait.
- S'il vous plaît, est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourrait m'ôter ces cordes ? Eh oh ! reprit-il.
- J'éviterai d'hurler à ta place, dit une femme cachée dans la faible lueur de la pièce. C'est assez gênant et cet endroit est isolé et abandonné depuis plusieurs années. Personnes ne viendra te chercher ici.
La voix n'était pas étrangère à Grégoire. Elle était douce et calme, mais aussi distante et froide; une voix qu'il avait déjà entendu, mais il n'arriva pas à se souvenir où.
Délicatement, une main se posa sur son épaule, et de l'ombre sortit une jeune femme rousse qui s'agenouilla au niveau du visage de Grégoire. À sa vue, le jeune garçon devint soudain très pâle, terrorisé par le visage qu'il reconnut aussitôt.
- Oh misère ! s'exclama-t-il.
La rouquine lui sourit avant de reprendre la parole.
- Bonsoir mon petit chou. Ça faisait un moment qu'on ne se voyait pas, dit Katerine d'un ton toujours aussi calme.
Grégoire resta bouche bée, tétanisé ne sachant pas quoi faire. Il était complètement à la merci de la jeune fille qui avait tenté de le mordre lors de leur première rencontre, sur les marches de l'université.
- Que dirais-tu si on faisait plus ample connaissance, hein ? reprit la vampire en souriant de toutes ses dents pointues au jeune garçon.
Grégoire déglutit. La panique laissa la place à la peur. Il sentit son sang se glacer et commença à trembler.
***
- Et tu ne les as pas poursuivi ? questionna Roman frustré. Tu ne pouvais les suivre à l'odeur ?
- Ça ne marche pas comme ça, répondit faiblement Sandra.
Elle avait attendu Roman devant la maison de Grégoire comme convenu et une fois arrivé, elle l'avait mit au courant de l'enlèvement de Grégoire par les vampires. Ses blessures étaient désormais guéris, mais intérieurement elle se sentait assaillie par un profond sentiment de culpabilité.
- Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ? reprit Roman.
- Je ne peux pas les retrouver, parce que l'odeur des vampires recouvre celle de Grégoire, expliqua t-elle. Trouver d'autres Occultés c'est facile, car chaque espèce a une odeur spécifique. Chercher un humain en revanche, c'est une toute autre histoire.
- Pourquoi ?
- Parce que d'ordinaire, humains et Occultés ne sont pas fait pour se fréquenter. Nous sommes deux groupes, appartenant à deux mondes différents.
Roman s'en fichait complètement. Il savait que ce n'étais pas la seule raison pour laquelle la fille n'arrivait pas à retrouver Grégoire.
- Ne me mens pas Sandra ! s'exclama-t-il. La vérité c'est que tu ne veux pas accepter cette histoire d'âme-sœur dont tu m'as parlé aujourd'hui.
En voyant la brune baisser les yeux, il comprit qu'il avait raison.
- J'en reviens pas, lâcha-t-il en levant les yeux au ciel.
- J'étais sur le point de le lui dire ! s'emporta la fille. J'allais lui dire qu'il était mon âme-sœur, mais ces ordures de vampires nous sont tombés dessus.
Ne voulant pas perdre de temps à continuer de débattre, Roman se ressaisit tant bien que mal.
Malgré l'inquiétude grandissante en lui, il tenta de prendre sur lui et de trouver une solution.
- Tu ne peux donc pas ressentir son odeur ? demanda-t-il.
- Comme je te l'ai dit non, répondit Sandra. Les vampires sont comme des morts vivants. Ils empestent le cadavre, ce qui masque tout autre odeur.
- Dis-moi ce que je dois faire.
La jeune femme resta surprise face à la requête de Roman.
- Comment ça ? questionna-t-elle.
- Explique-moi comment je peux le retrouver.
- Je t'ai dit tu ne peux pas.
- Mais au moins j'ai l'audace d'essayer !
Se rendant compte de ce qu'il venait de dire, Roman ferma les yeux et se calma.
- Sandra, reprit-il d'un air suppliant. Par pitié. Aide-moi.
La jeune fille prit une profonde inspiration et commença son explication.
- Ferme les yeux et concentre toi sur Grégoire. Tu ne dois penser à rien d'autre. Ressens son odeur et concentre toi uniquement sur cela.
Suivant les indications de la fille, Roman aiguisa son odorat, ressentant ainsi l'odeur de son ami. Tout se tut autour lui, seul le bruit léger de la brise, slalomant entre les branches des arbres, se fit entendre.
Guidé par les paroles, apparement lointaines de Sandra, il laissa ses sens le transporter. Soudain,une faible odeur familière arriva jusqu'à ses narines. Il laissa alors son odorat suivre la trace.
Au bout d'un moment, Roman rouvrit ses yeux, qui avaient pris une couleur jaune. Il regarda en direction de la forêt et commença à avancer.
- Roman ? demanda la jeune fille .
- Je tiens enfin une piste, dit le garçon toujours concentré. Maintenant je peux retrouver Greg.
Sandra le stoppa l'invitant à réfléchir.
- Attends Roman ! Il faudrait demander de l'aide tu ne crois pas ?
- Et à qui veux-tu demander de l'aide ? répliqua Roman. C'est comme tu l'as dit: humains et Occultés appartiennent à deux mondes différents. Mais moi, je ne tiens pas à devoir choisir entre ma vie de loup et mes amis !
- Je propose que l'on aille prévenir la meute Lune. Ils pourront nous aider.
- Si tu veux perdre ton temps à attendre tes amis loups fais le, mais moi je n'attendrais pas que mon meilleur ami soit vidé de son sang par des vampires !gronda-t-il avant de s'enfoncer dans les bois, suivant l'odeur de Grégoire.
Sandra se retrouva à nouveau seule au milieu de la route. Elle sentit que des larmes commencèrent à remonter ses yeux, des larmes de colère et de profonde tristesse.
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