Chapitre 12

Pendant ce temps à l'université, Roman, Grégoire et Sandra s'étaient assis sur les marches d'escalier, leur déjeuner à la main. Ils parlèrent, pendant un moment, de tout et de rien; jusqu'à ce que Grégoire demande à son ami ce qu'Ayla lui avait dit.

- Je crois qu'elle m'a invité à dîner, avoua-t-il.

Les yeux de Grégoire et de Sandra s'écarquillèrent, incrédules.

- Ou bien s'était juste une invitation à prendre un verre avec elle, honnêtement je n'en sais rien.

- Attends t'es sérieux mon vieux ? questionna Grégoire joyeux.

Le regard perdu de son ami lui suffit comme réponse. Le jeune garçon ne put retenir son rire; ce qui ne fut pas le cas de Sandra.

- Bah alors Sandra ? Tu as l'air gênée, remarqua Roman. Ça va ?

- Non non, je suis contente pour toi vraiment, s'empressa d'ajouter la jeune fille. C'est juste que... je ne sais pas ce que tu comptes faire si tu venais à perdre le contrôle.

Cette pensée traversa l'esprit du garçon, qui commença à se poser des questions sur la soirée avec Ayla. Était-ce une bonne idée ? Quels pouvaient être les risques ? Trop de doutes se formèrent dans la tête du garçon aux cheveux noirs.

Un nouveau silence apparût dans le trio.

Ce fut Grégoire qui le rompit.

- Sandra, commença-t-il. Pourrais-tu essayer d'être moins négative, s'il te plaît ?

La jeune fille releva la tête vers le brun et le regarda d'un air réprobateur.

- Et pourquoi devrais-je t'écouter ? questionna-t-elle sèchement.

- Euh, j'ai dit s'il te plaît.

- Et moi je t'ai posé une question.

- C'est vrai, mais tu n'as pas répondu à ma question.

Exténuée, Sandra grogna. Elle voyait le jeune homme comme quelqu'un d'irritable, mais au plus profond d'elle même, elle le trouvait divertissant.

Elle voulait tellement lui dire combien elle l'appréciait. Elle désirait lui dire la vérité sur ce qu'elle ressentais pour lui, mais elle avait peur.

Trop peur que l'histoire ne se reproduise.

- Tu n'es vraiment qu'un gamin ! dit-elle en s'éloignant.

Les deux garçons restèrent ébahis par sa réaction.

Roman se leva subitement. Il déposa son repas sur les marches et rattrapa Sandra, laissant son ami seul.

- Sandra ! s'écria t-il. Eh Sandra attends une minute s'il te plaît.

La jeune fille s'arrêta et baissa son regard. Elle tentait vainement de cacher son visage, inondé par les larmes qui coulaient lentement le long de ses joues.

Roman les remarqua en se rapprochant et décida de comprendre ce qui n'allait pas.

- Sandra, dis-moi ce qui ne va pas ? dit-il.

- Peu importe tu n'arriverais pas à comprendre, répondit-elle attristée .

- Essaye toujours.

Elle inspira profondément puis se ressaisit.

- Je ne peux pas, commença-t-elle. Je ne peux pas rester avec ton ami.

- Pourquoi ?

- Parce que j'ai l'impression de revivre la même situation qu'avec Jules, sauf que cette fois c'est différent.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là Sandra ?

- Quand je l'ai rencontré, Jules m'a plu dès le premier coup, mais ce n'est que lorsqu'il m'a blessé que j'ai compris... que c'était un simple plaisir passager. Mais avec ton ami...

Sandra n'arrivait pas à conclure sa phrase. Quelque chose la rongeait de l'intérieur, Roman le savait bien. Cependant, ne sachant pas de quoi il s'agissait, il n'était pas en mesure de pouvoir aider la jeune fille.

- Avec Grégoire je me sens... en sécurité, avoua-t-elle avec difficulté.

- Tu veux dire, que Grégoire te plaît ? demanda Roman étonné.

- Pas ça non. C'est plus complexe que tu ne le crois. Ça ne concerne pas moi uniquement. Ma partie loup est également concernée.

- Ta partie loup ? Je ne comprends pas, où veux-tu en venir ?

- Il est mon âme-sœur !

Poussée à bout, la jeune fille avait fini par craquer. Ses yeux déjà humides se remplirent nouvellement de larmes.

Roman resta choqué face à cette révélation.

- Je te demande pardon ? questionna-t-il d'un air abasourdi.

- C'est trop long et difficile à expliquer, répondit-elle la voix encore brisée par les larmes. Et ce n'est pas le bon moment.

Elle reprit sa marche pour s'éloigner du garçon. Toutefois, celui-ci l'attrapa subitement par le bras et l'empêcha de partir.

- Sandra, je veux vraiment t'aider si tu as un problème quelconque, dit le jeune homme d'un ton presque suppliant. Mais si tu ne commences pas à t'ouvrir, tu resteras seule pour le restant de ta vie.

Elle le regarda silencieusement de ses yeux verts foncés humides.

Roman la relâcha avec délicatesse et commença à reculer.

- Médites là dessus.

Il rejoignit son ami, toujours assis sur les marches d'escalier en face du food-truck. Ce dernier, en le voyant, retira sa main aussi vite que possible de l'assiette de son ami.

- Tu voles dans mon plat maintenant ? demanda-t-il amusé. Ça ne te suffit ce que tu as dans ton assiette ?

- Ça allait refroidir, on ne peut pas gâcher de la si bonne nourriture, justifia t-il.

Roman ne put s'empêcher de ricaner. Il s'assit  sur les marches, aux côtés de son meilleur ami.

- Alors, où est passé Madame la Susceptible ? demanda Grégoire quelque peu fatigué par le comportement de la jeune fille.

- Je l'ignore.

Les garçons finirent leur déjeuner dans un profond silence. Roman ne savait pas quoi faire avec ce que Sandra lui avait révélé. Qu'est-ce qu'une âme-sœur ? Grégoire est-il en danger ? Autant de questions qui se formèrent dans l'esprit de Roman.

La sonnerie indiquant le début des cours de l'après-midi retentit. Les deux ados se relevèrent et rejoignirent l'édifice pour commencer la leçon de sport.

***

  L'heure du cours de boxe commença et Roman retrouva Ayla, en train d'apprendre les techniques de défense. Grégoire était toujours à côté de lui, le tenant à l'œil au cas où son ami viendrait à perdre le contrôle.

Roman se tourna vers un sac de sable et commença à le frapper. Il envoya des coups de plus en plus vite et de plus en plus forts.

- Eh mollo mon vieux ! dit son ami qui tenait le sac. Tu dois frapper avec un minimum de contrôle, si tu ne veux pas te faire remarquer.

- Oh c'est bon Greg, dit-il légèrement essoufflé. Ça fait partie du sport.

- Je sais, mais si tu n'y va pas moins fort, tu risques de percer ce sac et moi avec.

Cette remarque fit rire Roman qui envoya un autre coup, faisant vibrer le sac et reculer Grégoire.

Le coup de sifflet signa pour les binômes, le moment de changer de rôle. Grégoire commença à cogner le sac tandis que Roman le tenait fermement.

- Dis, tu pourrais éviter de transformer ce sac en un tronc d'arbre ? demanda sarcastiquement Grégoire.

- Mais de quoi tu parles ? questionna Roman souriant.

- Tu tiens tellement bien ce sac, à tel point que j'ai l'impression de frapper un arbre.

Roman ne put s'empêcher de rire, pendant que son ami continuait de frapper le sac de sable.

- Et sinon, je suis désolé pour ce qu'il c'est passé entre toi et Sandra, reprit le noiraud. Ça avait l'air s'être arrangé.

- T'inquiètes, reprit Grégoire. Moi non plus je ne sais pas ce qu'il c'est passé.

Le jeune homme frappa nouvellement sur le sac, pour évacuer la frustration qui montait en lui.

- Je ne la comprends vraiment pas cette fille, dit-il à la limite de la colère. Je ne sais pas ce que je lui ai fais. Qu'est-ce qu'elle me veut enfin ?

Grégoire, aveuglé par une colère retenue, frappa le sac sur le côté et son poing heurta le visage de son ami.

Roman tituba mais ne tomba pas au sol. Grégoire accourut pour voir s'il ne l'avait pas blessé gravement. Son ami le rassura en se redressant lentement.

- Roman je suis vraiment désolé.

- T'inquiète Greg, ça va je n'ai rien.

- Qu'est-ce qui ce passe ici ? demanda le professeur Hans.

- Une erreur de ma part professeur, répondit Grégoire d'un air désolé.

L'homme observa les deux garçons d'un regard attentif.

- Est-ce que tu veux t'arrêter mon garçon ? demanda-t-il à Roman.

- Non professeur, répondit-il fermement. Je peux continuer, ce n'est rien.

- Bon, alors dans ce cas...

Le professeur s'éloigna et retourna observer ses autres élèves.

Ayla avait tout vu depuis le ring sur lequel elle s'entraînait. Une partie d'elle ne pouvait s'empêcher d'être inquiète, lorsqu'elle voyait Roman être blessé.

Grégoire et Roman quant à eux, reprirent l'entraînement sur le sac de sable.

- Eh Greg écoute, commença Roman. Je sais que c'est pas mes oignons, mais je pense que tu devrais passer un moment seul à seul avec Sandra.

Grégoire s'arrêta subitement. Il releva ses yeux vers son meilleur ami, lui lançant un regard étonné.

- Je pense que je t'ai frappé beaucoup trop fort en fin de compte, dit-il.

- Écoute, c'est un loup-garou je sais, mais rien ne t'empêche de nouer un lien avec elle. Sandra est une fille bien j'en suis sûr, reprit Roman à voix basse.

- Je ne mets pas cela en doute. C'est juste qu'elle a tellement traînée avec des loups, que je me demande si elle n'a pas oublié son côté humain.

Petit à petit, Roman remarqua que son ami frappait le sac de plus en plus fort. Son cœur battait la chamade. Ce genre de réaction il l'avait déjà senti autre part.

- Oh mon dieu ! s'exclama-t-il.

- Quoi ? demanda son ami qui reprenait son souffle.

- Tu en pinces pour Sandra !

- Quoi ? Non ! s'empressa d'ajouter Grégoire.

Roman haussa les sourcils, l'air peu convaincu.

- Ne me regarde pas comme ça, c'est faux.

- Désolé mon vieux, mais j'ai du mal à te croire.

- Roman sérieusement, tu te plantes complètement !

- Ton cœur battait comme un tambour.

Les yeux de Grégoire s'écarquillèrent.

- Tu m'espionnes maintenant ? questionna-t-il surpris .

- Excuse-moi, s'empressa de dire Roman. Je n'arrive pas encore à me contrôler.

- Ouais je sais. Mais t'inquiète pas, on va trouver une solution, comme toujours.

- T'as raison. Cela dit, c'est pratique la super ouïe, surtout pour savoir qui ment ou pas.

Les deux amis ricanèrent puis continuèrent l'entraînement.

Lorsque la sonnerie retentit, signalant l'heure de la fin des cours Grégoire se précipita vers les vestiaires. Roman attrapa son ami par le bras.

- Dis donc, ça va devenir une habitude ou quoi ? questionna-t-il exaspéré.

- Greg, je pense que tu devrais essayer.

- Même si tu as entendu ses battements de cœur, je ne penses pas qu'elle veuille avoir à faire à... à...

- Un humain, conclut Roman, comprenant où son ami voulait en venir.

Grégoire ne répondit pas.

- Écoute mec, si tu ne le lui demande pas, comment tu peux savoir ce qu'elle pense vraiment de toi ? insista-t-il.

Grégoire resta silencieux, ne sachant que répondre et Roman le lâcha.

- Tu devrais y aller, dit-il en indiquant à son ami, la blonde qui se trouvait appuyée sur la porte des vestiaires des filles. Je pense que la demoiselle ne va pas attendre éternellement.

Roman sourit légèrement.

- T'as raison, mais souviens-toi de ce que je t'ai dit ok ?

- Mais tu veux bien t'en aller oui ? ironisa Grégoire pendant qu'il se dirigeait vers les vestiaires des garçons.

***

  Quelques minutes après, Roman sortit accompagné par Ayla et Grégoire. Il salua ce dernier et se dirigea vers le centre avec son amie, le sourire resplendissant dans la faible lumière du soleil couchant.

Grégoire se retrouva tout seul, voyant ses deux amis s'éloigner. Lorsqu'ils disparurent, il partit rejoindre l'arrêt bus. Sandra était assise sur les marches d'escalier les bras croisés. Le jeune garçon sursauta, surprit de voir la brune qu'il ne s'attendait pas à croiser.

- C'est fou ça, dit-elle l'air pensif. J'ai une étrange sensation de déjà-vu.

- S'il te plaît ne m'en parle pas, ajouta le garçon, se souvenant de ce qu'il allait lui arriver cette soirée là. Et c'est pour ça que tu es là ? Pour veiller à ce que je ne sois pas mordu par je ne sais quel Occulté ?

- Disons seulement que ça me gênerait d'avoir ta mort sur la conscience, ajouta Sandra d'un ton moqueur. Et puis, il y a une chose dont j'aimerais te parler.

Grégoire fut étonné par cette dernière révélation.

- Et c'est quelque chose de grave ? demanda le jeune homme.

- Ça va dépendre de ton point de vue, avoua Sandra.

Il hocha la tête en guise de compréhension et invita la brune à le suivre.

- Bon et bien, je pensais rentrer en bus mais... on peut marcher si tu veux ?

- Très bien, alors en route. Humain, conclut-elle amusé, alors qu'ils commencèrent leur marche.

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