Chapitre 11

  La matinée passée, le trio quitta l'université et tout les trois allèrent vers le Red Wolf pour prendre à déjeuner. Roman allait mieux; sa migraine était toujours présente certes, mais en focalisant ses pensées sur une seule chose, il parvenait à se contrôler.

Arrivé en bas des marches, il remarqua une blonde assise sous un arbre, perdue dans sa lecture. Un petit sourire se dessina sur son visage.

- Je vous rejoins tout de suite, j'ai juste une chose à régler, dit-il à Grégoire et Sandra.

- Où vas-tu ? demanda la brune.

- Voir quelqu'un que j'ai oublié sans m'en rendre compte.

Il se dirigea vers l'arbre où se trouvait Ayla qui, en pleine lecture, ne le vit pas arriver.

- Salut « La fille au crochet du droit », dit-il d'un ton sarcastique.

Ayla releva la tête et son visage s'illumina à la vue du noiraud. Le sourire sur son visage fit monter la joie en elle.

- Eh salut Roman! Excuse-moi je ne t'avais pas vu, dit-elle en l'enlaçant.

- Oui, on peut dire que je n'ai pas été beaucoup présent ces derniers temps. Désolé.

- Mais non, tu n'as pas à t'excuser, dit-elle sereinement. Tu avais besoin d'espace.

- Disons que, ça a été quelque chose de très difficile à affronter.

- J'imagine.

La jeune blonde se releva tout en prenant ses affaires.

- Sinon, tu es encore fâchée contre moi ? demanda Roman.

- Pourquoi serais-je fâchée contre toi ? s'étonna la jeune fille.

- Et bien, j'ai disparu sans prévenir et... Ayla tu es une bonne amie et d'ordinaire je ne traite jamais mes amis ainsi. Voilà pourquoi je...

Le jeune homme fut interrompu par la blonde, qui lui posa délicatement un doigt sur la bouche. Ce geste doux et chaleureux le laissa ébahi.

- Roman Vicars, tu n'as pas absolument aucun besoin de t'excuser pour quoique ce soit, dit Ayla d'un ton serein.

Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire. Ses yeux perdus dans ceux de la blonde, il avait l'impression d'être sur petit nuage, sans personne autour de lui.

Ayla le regardait avec la même intensité et le voir ainsi, la fit sourire de plus belle. Elle retira délicatement son doigt des ses lèvres, puis reprit la parole.

- Cela dit, si tu te sens tellement coupable, tu devrais peut-être m'inviter à prendre un petit quelque chose ?

Cette demande étonna énormément Roman. Pris au dépourvu, il ne savait pas quoi répondre. Cette situation peu confortable pour le garçon n'échappa pas à la vue de Ayla, qui ria de l'expression embarrassée de ce dernier.

- Tu... tu voudrais... balbutia-t-il.

- Allons Roman « Le Timide », je ne vais pas te mordre, se moqua Ayla. Alors qu'est-ce que tu en dit ?

- Et bien... actuellement j'allais déjeuner avec Grégoire et Sandra, dit-il en les indiquant. Mais oui, volontiers.

Le sourire rayonnant de la blonde s'agrandit.

- Très bien, alors on se retrouve après les cours ?

- Oui bien sûr.

Ayla s'approcha de Roman et l'embrassa sur la joue. Si avant le jeune garçon se sentait rougir, ce bisou le fit devenir complètement rouge tomate.

- Alors à plus tard, chuchota-t-elle avant de s'éloigner de Roman qui resta immobile sous les branches, désormais sans feuilles. Mais tâche de ne pas être en retard ou d'annuler.

Ayla se dirigea vers l'université. Une fois rentrée dans le bâtiment, elle disparût de la vue du jeune homme.

Le temps semblait s'être arrêté pour Roman; le monde lui parût figé, comme si tout n'était plus que statue. Seul le vent semblait apporter un minimum de son dans son esprit, envahi par le silence dû à ce bisou léger mais pourtant intense et significatif.

Il serait probablement resté sous cet arbre dénudé de ses feuilles, si Grégoire n'était pas venu le chercher.

- Roman ? Eh oh, Roman ! Réveille toi ! exulta son ami.

- Hein quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Grégoire se retint de rire, car il trouvait la situation de son ami bien trop amusante.

Roman s'en aperçut et le regarda de haut en bas avec sévérité.

- Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? questionna-t-il.

- Pardon mon vieux, mais je crois que tu ne te rends pas compte de la chance que tu as, répondit le brun.

Roman tapota du pied.

Voyant qu'il devenait nerveux, Grégoire se ressaisit et reprit un air sérieux.

- Ok d'accord excuse-moi, dit-il en levant les mains. Allez viens, allons manger un morceau, comme ça on va pouvoir discuter sur ce qu'il faut faire et ne pas faire durant un rancard.

- Ouais d'accord.

Ils se dirigèrent vers le banc où Sandra les attendait, puis tout les trois partirent vers le Red Wolf.

***

  À l'autre extrémité de la ville, alors que les rayons du soleil de midi se reflétaient sur les eaux limpides et claires du fleuve, Sébastien et Victoria, accompagnés de leurs amis, se trouvaient devant un salon de beauté sur les rives de l'Oise.

La façade de l'édifice n'avait pourtant pas l'air accueillante. Le bois mort qui ornait l'entrée, accompagné par les nombreuses toiles d'araignées et les vitres en grande partie poussiéreuses, donnait l'impression que les lieux étaient abandonnés.

- Excusez-moi les gars, dit Kevin l'un des garçons . Quelqu'un pourrait me dire ce que l'on fait devant ce vieux taudis ? Il a l'air abandonné.

- Parce que nous venons voir une personne qui vit ici, crétin ! répondit sèchement Victoria.

- Ta mère ne t'a jamais appris les bonnes manières, pas vrai?

Victoria était tentée de répliquer face à cette remarque, mais son petit-ami la retint. Elle lança un dernier regard, empli de colère, vers Kevin avant de se retourner. Ce dernier la dévisagea également.

- Fais pas attention à elle Kevin, c'est sa manière de faire avec tout le monde, chuchota Beth à son camarade.

- Alors pourquoi j'ai l'impression qu'elle ne s'en prends qu'à moi ? s'interrogea-t-il.

Beth lui posa une main sur son épaule.

- Oublie ça d'accord ? insista la jeune fille. Ça n'en vaut pas la peine.

Le garçon se calma aussitôt et reporta toute son attention sur la mission.

- Pour répondre à ta question Kevin, nous sommes venus voir l'une des personnes qui vit dans cette ville depuis longtemps, expliqua Sébastien. Par ailleurs, cette personne sait tout ce qui se passe à Embursville, elle peut donc nous fournir les infos qu'il nous faut pour retrouver Marcus et sa bande de sac à puces.

- Et pour le nouvel Occulté ? demanda le jeune châtain. Tu penses qu'elle peut nous dire également de qui il s'agit ?

- C'est possible, mais je ne pense pas qu'elle nous le dira.

- Pourquoi donc ? demanda soudainement la fille à côté de Kevin. Qu'est-ce qui te dit qu'elle ne nous aidera pas ?

Sébastien leva les yeux vers le ciel. Donner une motivation semblait le gêner, mais il prit sur lui et expliqua.

- Parce que c'est une vampire. Par nature ce sont des créatures perfides et machiavéliques. On ne peut pas leur faire confiance.

Beth hocha la tête silencieusement.

- Bien, alors maintenant que tout est clair on peut reprendre la mission. Vic, Sophie et Jeff, vous venez avec moi. Kevin et Beth, restez ici pour surveiller l'entrée, ordonna Sébastien.

Les deux jeunes acquiescèrent, alors que le reste du groupe pénétra dans le salon de beauté.

Si l'extérieur était décadent, l'intérieur était complètement différent: les murs étaient recouverts de papier peint, à rayures blanches et rouges; ornés par des fleurs de lys en or. Le plancher était composé de lattes en bois de merisier.

Les quatre chasseurs se trouvèrent au centre de la pièce quand la porte en vitre fumée s'ouvrît, laissant apparaître une jeune fille au cheveux roux.

- Tiens tiens, mais qu'avons-nous là ? dit-elle d'un air joyeux.

La voyant s'approcher d'un pas lent mais décidé, les trois compagnons de Sébastien posèrent leurs mains sur leurs armes. Prêts à les dégainer au moindre signe de danger.

- Bonjour Katerine, salua sèchement Sébastien. Je vois que tu nous attendais.

- Évidemment, répondit la vampire. Vous les chasseurs avez une odeur aisément reconnaissable.

- Oui bien sûr. Bon trêve de bavardages, j'aurais besoin que tu répondes à quelques questions.

- Oh mais quelles manières ! Je ne te pensais pas si brusque Sébastien Aimant.

- Bon tu as l'intention de nous aider oui ou non ? s'impatienta Victoria, qui s'avança d'un pas.

Katerine l'observa silencieusement de haut en bas.

- Oh quelle agressivité, répondit-elle. Cela dit, je ne pense pas que ce serait une bonne idée.

- Et pourquoi cela?

- Parce que mes frères et sœurs ne voient pas d'un très bon œil votre présence ici. Surtout après ce que vous avez fait.

Les jeunes chasseurs se regardèrent perplexes. Sébastien quant à lui garda son calme, il se contenta juste de lever un sourcil.

- De quoi parles-tu ? demanda-t-il d'un air innocent.

- Je parles de cette série de meurtres qui dure depuis un certain temps. Et bien entendu, j'inclus la mort de tout les Occultés que vous avez tués, en profitant de tout ces meurtres. Comme celle de Margarethe.

- Margarethe ? Et qui est-ce donc ?

Choquée par ces paroles, une fille cachée dans le couloir derrière Katerine, qui avait entendu tout la conversation, grogna laissant paraître ses longues canines de vampire.

Ne pouvant se retenir plus longtemps, elle quitta sa cachette et se précipita à grand pas vers le groupes de chasseurs,

- Ne fais pas semblant de ne pas savoir qui c'était ! hurla-t-elle.

Katerine la retint tandis que Jeff sortit légèrement son poignard de son fourreau.

Soudainement, plusieurs vampires jaillirent de leurs cachettes, tous montrant leurs canines affûtées.

La tension augmentait rapidement et ne semblait pas vouloir s'apaiser.

Sophie retira la main du manche de son arme, puis elle leva les mains.

- Restons calme d'accord ? dit-elle en se rapprochant de la chef des vampires. Katerine, nous sommes venus pour parlementer, pas pour nous battre.

Voyant que la situation ne changeait pas, elle tenta une nouvelle fois de la convaincre, tout en gardant son calme.

- S'il vous plaît, nous voulons seulement savoir si vous savez quelque chose à propos de l'attaque qui a eu lieu il y a quelques jours.

Katherine leva la main et l'ambiance retrouva son calme. Les autres vampires se calmèrent et firent un pas en arrière. Jeff rangea son poignard et recula. Sébastien, qui n'avait pas bougé d'un pouce, continua de fixer la cheffe des vampires.

Cette dernière s'avança lentement et parla à voix basse au jeune homme qui se tenait devant elle.

- Tu devrais prendre des cours de diplomatie, Sébastien Aimant, dit-elle d'un ton froid.

Elle recula et posa ses yeux sur la jeune femme.

- Toi ma chère, tu me plais, continua-t-elle d'un ton léger. Ceci étant dit: oui je suis au courant de cette attaque, lorsque la Brume a vibrée d'une manière très intense. N'importe qui dans le MythWorld l'a ressenti.

La vampire observa attentivement tour à tour les chasseurs.

- Malheureusement, je ne sais pas qui est l'auteur de cette agression ni ses motivations, avoua-t-elle. Cependant j'ai un doute sur l'identité de sa victime.

- Quand tu dis d'avoir un doute, c'est que tu es presque sûre de savoir qui c'est, n'est-ce pas Katerine ? questionna Sébastien.

- Possible jeune chasseur, répondit la vampire. Mais comme je l'ai dis: c'est un doute, il me faut donc une preuve pour le confirmer.

- Tu peux aussi nous le dire et nous nous en chargeons. Le tout sans que tu t'en mêles.

Katerine ne put s'empêcher de ricaner face à cette remarque.

- Hum, je sens que quelqu'un meurt d'impatience dans cette salle, dit Katerine en reniflant allègrement l'air. Ne t'en fais pas mon petit chasseur, je vais faire beaucoup mieux que dire qui c'est, je vais te l'apporter moi-même. Ici, demain soir, à minuit. Qu'en penses-tu ?

Sébastien ne semblait pas très convaincu de cette idée, mais il n'avait pas d'autre solution pour élucider ce mystère. Réticent il serra la main à Katerine.

- Affaire conclue. À minuit demain soir ! déclara-t-il.

- À minuit, affirma Katherine.

Sébastien et ses amis sortirent du salon de beauté en toute hâte, les grognements des vampires accompagnant leurs pas.

Katerine attendit que le groupe de chasseurs s'éloigne de son repaire, puis elle se retourna vers son clan et les regarda tous un par un.

- Vous deux, retrouvez le garçon aux cheveux bruns et emmenez-le à la station de service isolée près de l'autoroute. Je vous y retrouverai cette nuit.

- Mais chef, ça veut dire que vous ne vous ne voulez pas aider les chasseurs ? N'est-ce pas risqué de les trahir ainsi ? demanda l'un des vampires.

- Ces chasseurs là, ne sont pas venus juste pour négocier. Je connais la famille Aimant depuis très longtemps, et malgré les siècles passés, ils restent tous des menteurs et des traîtres sans le moindre remords. Par conséquent si on veut parler de trahison; Sébastien en est l'un des meilleurs représentant.

- Et du nouvel Occulté ? Que comptez-vous en faire ?

- Nous nous en occuperons plus tard. Pour l'heure, il faut que nous nous tenons prêt, car quelque chose me dit qu'une crise approche. Et je n'ai aucune intention d'attendre que ça se produise sans rien faire.

Sur ces mots les vampires hochèrent la tête et retournèrent s'abriter au sous-sol, laissant Katerine seule, tandis qu'elle regardait par de là la fenêtre.

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