Souvenirs
Ils arrivèrent à l'école quelques heures plus tard. Épuisé, Alexander fut conduit à une chambre ou il s'endormit presque aussitôt. Gambit, quand à lui, transporta Aryane à l'infirmerie. Presque aussitôt, tout le monde débarqua à sa suite dans un vacarme pas croyable. Sauf qu'elle ne s'en rendait pas compte, elle ne se rendait compte de rien. Il expliqua en quelques mots ce qu'il s'était passé, et le professeur renvoya tout le monde, sauf Damon, Jean et Emma. Ils essayèrent, essayèrent, mais rien à faire, rien ne pouvait sortir la jeune fille de son état de presque folie.
- Je ne ressens plus aucun de ses dons, Charles, déclara Emma alors qu'ils sortaient. Ses cellules mutantes ont effectivement été détruites.
- Je le sais, je l'ai ressentis aussi, soupira le professeur.
- Que pouvons nous faire ? se désola Damon.
- Rien pour l'instant, je le crains. Je crois que la première chose à faire serait de lui ramener ses souvenirs. Cela fait, il lui sera sans doute plus facile de... recommencer.
Tous hochèrent la tête.
- Mais on a bien vu ce que ça donnait, fit remarquer Damon. J'ai essayé de lui ôter la balle d'Adamantium, lorsque nous étions à Forks, mais elle en souffre horriblement.
- Alors il faut exécuter des gestes familiers, lui présenter des personnes, forcer ses souvenirs à revenir, proposa Jean. Elle a déjà eu quelques flashs, ça pourrait être un bon départ.
- Probablement. Après tout, c'est la seule piste que nous avons.
Ils se séparèrent ensuite pour aller à leur chambre respective, réfléchissant sérieusement à ce problème.
*****
Pendant deux semaines, ils tentèrent de forcer les souvenirs d'Aryane à revenir. Pourtant, leurs efforts furent vains. Peut importe ce qu'ils faisaient, elle ne semblait pas en prendre conscience. Même que Bobby a finit par perdre patience et la gifler, mais elle n'a pas bronché, les désespérant encore plus. Le professeur, Jean, Emma et Damon avaient tenté d'établir une connection avec elle, mais à chaque fois qu'ils tentaient d'entrer dans son esprit pour lui parler « de l'intérieur », ils ne rencontraient que le vide, comme si son esprit avait entièrement disparut. Ce qui était impossible, on s'entend bien. Plus le temps passait, pourtant, et plus ils doutaient de réussir un jour.
Ils étaient allés à Forks, à Alkali Lake désormais entièrement déserté, dans le salon où sa tante a été assassinée, ainsi qu'au Barmuttant. Malheureusement, même Klaus ne parvint pas à la faire réagir.
Elle était désormais dans la grande cour, assise sur un banc de pierre, face à la fontaine, les yeux dans le vide. Ces yeux là effrayaient beaucoup ses amis, car la vie les avait déserté. Elle fixait la fontaine de marbre sans vraiment la voir, les mains serrées sur son banc, la bouche légèrement entrouverte. De loin, des passants auraient simplement pu croire qu'elle était perdue dans ses pensées, mais ses amis savaient qu'elle ne pensait simplement plus.
Gambit arriva sur la place et prit place à côté d'elle. Elle ne bougea pas pour autant. D'ailleurs, elle ne bougeait jamais par elle-même, il fallait toujours que quelqu'un la tire, la pousse ou la soulève. Sinon, elle pouvait rester sur place pendant des heures. Le pire, c'était de la faire manger. Elle se laissait mourir de faim si personne ne la nourrissait, comme pour un enfant de quelques mois. Parfois, tous se demandaient si elle était encore vivante, et seul le clignement de ses yeux prouvait qu'elle respirait toujours. C'était d'ailleurs le seul « mouvement » qu'elle effectuait sans qu'on ait à l'y forcer.
Mais revenons-en à Gambit. Il prit donc place près d'elle et la fixa. Il n'arrivait pas à croire que l'adolescente qui avait traversé milles et un danger, vaincu des menaces comme Starker ou Magnéto, qui avait reconstitué son ancienne équipe, qui avait restitué les souvenirs à Logan, qui avait encaissé les trahisons et les coups bas, était la même personne qui se trouvait à côté de lui, immobile et presque sans vie, agissant comme un automate dont le générateur principal aurait sauté.
Il n'en pouvait plus. Il n'en pouvait plus de la voir comme ça, détruite à ce point. Il voulait revoir celle qui l'avait aidé à se libérer, celle qui était venu le chercher au casino, celle qui avait tout risqué pour ses amis, y comprit infiltrer Three Mile Island, celle... celle qu'il aimait. À bout, il se leva et lui fit face, l'obligeant à se lever. Il faisait une bonne tête de plus qu'elle, mais il la força à le regarder dans les yeux.
- Aryane, appela-t-il doucement.
Mais rien ne se passa.
- Aryane ! Répéta-t-il avec plus de force. Bon sang, Ary, mais regarde toi ! Regarde dans quel état tu es ! Je t'en supplie, Aryane, je veux retrouver celle qui souriait tout le temps, celle qui était prête à tout pour ses amis ! Il faut que tu te reprennes une bonne fois pour toutes !
Mais ça ne marchait toujours pas. Alors, en dernier recours, il se lança. Gambit se pencha sur le visage d'Aryane et, sans prévenir, déposa ses lèvres sur les siennes. Comme elle ne réagissait toujours pas, il songea que c'était vraiment une cause perdue mais, alors qu'il allait se séparer d'elle, Aryane répondit à son baiser avec passion.
Je me rendis dans le salon, et vis ma tante, assise droite sur le divan, me tournant le dos.
- Mira ? dis-je d'une petite voix.
Mais elle ne me répondit pas. Je répétais, un peu plus fort, mais toujours rien. Inquiète, je m'approchais d'elle et lui secouais l'épaule. Soudain, sa tête se détacha de son corps et roula par terre, tachant le plancher et le canapé immaculé de sang rouge vif.
*****
Je hochais la tête et nous allâmes sur le terrain de football où j'avais faillis me faire capturer quelques temps plus tôt. Il n'y avait rien.
- Vous vous moquez de moi ? m'insurgeais-je.
- Mais non, attends un peu, me calma-t-il.
Et, d'un coup, un énorme avion (on va dire vaisseau) apparut devant nous. Je reculais de deux pas, surprise. Puis, quand je vis Charles-Xavier monter à bord, je me retrouvais confrontée à un dilemme. Devais-je y aller ou poursuivre ma vie en solitaire ? Je devais faire face à mon destin, désormais, je ne pouvais plus y échapper. Je souris. J'avais déjà fait mon choix, bien avant que je ne m'en rende compte. Et je montais à mon tour dans le vaisseau.
*****
Dès que nous fûmes en dedans, la porte du vaisseau se referma et Charles-Xavier se dirigea vers nous, comme pas mal tout le monde, en fait.
- La gamine est blessée, dit alors Logan, qui me tenait fermement par les bras.
- Et toi, le vieux, tu crois que tu es en meilleur état ? fis-je remarquer en désignant les multiples blessures qui le recouvraient.
Soudain, ses blessures se mirent à se refermer d'elles-mêmes une à une, pour finalement complètement disparaître.
- Tu disais ? Se moqua-t-il. Aller, Tornade, tu peux t'occuper d'elle ? Elle est salement amochée.
Je sentis alors une pression dans ma jambe, qui n'était plus douloureuse. Je la regardais et vis alors une griffe sortir peu à peu pour finalement tomber par terre dans un bruit sourd. Ma blessure se referma et, bien vite, il n'y eu plus aucune trace de celle-ci, ni des autres d'ailleurs. J'étais étonnée, mais je n'allais pas m'en plaindre.
- Tu disais ? me moquais-je en fixant l'air surpris de Logan.
Il grogna une réponse inintelligible avant d'aller s'asseoir.
*****
Il voulait que je m'entraine à tirer des jets de glace sur des cibles mouvantes, disant que ça aiderait ma concentration. Ah, il en a des bonnes, lui ! Il se releva, et me fit face. Moi, je n'en pouvais plus. J'avais froid, j'étais épuisée, et je voulais dormir.
- Bobby, je suis crevée ! Soupirais-je. On peut pas reprendre demain ?
- Tu quitteras cette salle lorsque tu auras atteint une cible sans la faire exploser, répliqua-t-il, inflexible.
Il réprima un bâillement de justesse. Sachant qu'il était très sérieux, je me concentrais beaucoup plus sur la glace que je créais et, au bout d'une autre heure de torture et de jurons colorés, de doutes et de désespoir, je parvins enfin à toucher une cible sans la détruire.
*****
- C'est l'infirmerie, ainsi que le laboratoire, dit-elle.
Elle m'invita à m'allonger sur une chaise longue de dentiste, et me pris un bras en saisissant une seringue. OH BORDEL ! L'aiguille est énorme, genre quinze centimètres ! Bon, d'accord, j'exagère peut-être un tout petit peu, mais il reste qu'elle est ÉNORME ! Je dégageais mon bras et la regardais avec des yeux terrifiés.
- Pas d'aiguilles, dis-je simplement.
- Aryane, je suis désolée, mais si nous voulons faire des tests, il nous faut un peu de ton sang. Mais ça sera vite fini, ça... tenta-t-elle de me rassurer.
- PAS D'AIGUILLES ! paniquais-je.
*****
- Aryane, connais-tu les degrés de puissance de mutations ? demanda-t-il.
- J'en ai vaguement entendu parler, répliquais-je, tentant de rassembler le peu d'informations que j'avais.
- Et bien, pour mieux te situer, ton ami Pyro est de puissance trois, Magnéto et moi sommes de puissance quatre, et Jean ici présente est d'une puissance plus forte que quatre, mais moins que cinq, expliqua-t-il.
- Ça veut dire... que je suis comme Jean ? m'étonnais-je.
- Non.
- Mais comme vous, alors ? tentais-je.
- Non plus.
- Sans vouloir me vanter, je suis sans aucun doute la mutante la plus puissante de cette école, m'agaçais-je. Alors il est certain que je suis au minimum une puissance quatre, non ?
- Aryane, ce qu'ils essayent de te dire, c'est que le degré de mutation le plus puissant, le plus incontrôlable et le plus dangereux est le niveau cinq, dit alors McCoy.
- Je suis un danger ambulant ? m'horrifiais-je.
- Non, justement. En fait, il se trouve que tu es la première mutante de l'histoire de ce monde à atteindre un tel niveau de puissance, le niveau six, lâcha Scott. Nous ne savions même pas que c'était possible, mais les preuves sont là : tu es la personne la plus puissante qui ai jamais existé.
*****
- Je suis sincèrement désolée, tante Mira, dis-je alors. J'aurais dû me douter que tu serais autant en danger que moi, et par ma faute, tu es morte de la plus horrible des façons. J'aurais dû être là pour toi comme tu as toujours été là pour moi. J'ai échoué, et je m'en voudrais toute ma vie, sauf qu'elle se termine ici. Je pars, Mira, et je ne reviendrais pas. Tout mon passé ne sera plus que passé, il est temps pour moi de vivre dans le présent et de me créer une nouvelle vie, loin de tout ceci. J'espère que tu me pardonneras un jour.
*****
Je me posais mais, à peine eus-je replié mes ailes qu'un poids énorme s'abattit sur moi, me projetant violemment au sol. Étourdie, je tentais malgré tout de me relever, mais deux solides poignes me retinrent les bras dans le dos en me redressant. Mais c'est quoi ce bordel ? Lorsque ma tête cessa de tourner, je levais les yeux, et vis que, un peu partout sur le toit, se trouvait la bande de Magnéto, sauf qu'il n'y avait aucun signe de celui-ci. C'était les Terreurs Carter qui me retenaient. Je vis alors Dom sortir de l'ombre, le visage fermé à toute expression et les yeux exprimant une grande culpabilité.
- Dom ? m'inquiétais-je. Qu'est-ce que ça signifie ?
- Je suis désolé, Aryane, mais c'est la seule façon pour moi de retrouver ma famille, s'excusa-t-il avec un air désespéré.
- Quoi ? Non ! Ne les laisse pas m'emmener ! Dom, aide moi ! paniquais-je.
*****
Je ne pus me retenir plus longtemps, et me mis à hurler. Bordel, mais ça fait mal ! Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je me tordis dans tous les sens, les larmes coulant de plus belle. Mes cris attirèrent les trois garçons, qui entrèrent dans notre chambre en état d'alerte. Je me mis à me débattre, tentant d'échapper en vain à la douleur omniprésente, et frappais Pyro au passage. Piotr retint mes bras, mais je continuais à me débattre, à pleurer, à hurler. Des points noirs dansèrent devant mes yeux, et une brûlure immense se fit ressentir dans mon cœur. Celui-ci cessa de battre, mon souffle se coupa, et j'écarquillais les yeux. Je tentais de respirer, mais suffoquais. Les autres se mirent à paniquer. Je ne bougeais plus, je n'y arrivais pas. Mes yeux se fermèrent d'eux-mêmes mais mon esprit continua de lutter contre l'inconscience qui me gagnait. Sauf que j'étais trop faible, le combat était perdu d'avance. Finalement, épuisée, j'abandonnais la partie. Et cessais de vivre... pour revenir deux secondes plus tard. Je me redressais en poussant un cri strident, puis portais ma main à mon cœur, qui avait recommencé sa course effrénée. Je tentais de me calmer, mais la douleur était encore présente, quoique moins forte je dois l'admettre. La panique me gagna et je sentis des picotements au bout de mes doigts. J'approchais ma main tremblante de mon visage, et vis que mes ongles étaient devenus argentés, métalliques. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? D'un coup, mes ongles s'allongèrent, pour devenir des griffes acérées en métal. Je reculais vivement ma main, et vis alors mes amis qui me fixaient, étonnés ou soulagés. Malicia se jeta sur moi.
- On a crut que tu étais morte ! pleura-t-elle.
- Je l'étais, avouais-je. Mais je suis revenue. Qu'est-ce qu'il m'est arrivé ?
- Je crois que ta mutation a jugé que tu étais prête à avoir un nouveau pouvoir, déclara Bobby. Celle de Logan.
- Logan ?
- Celui qui a combattu les Terreurs la première fois qu'on s'est vu, précisa John. Tu sais, celui avec la régénération et les griffes d'Adamantium.
- Adamantium ? m'étonnais-je.
Mes ongles redevinrent normaux, mais gardèrent leur apparence métallique.
- C'est le métal le plus solide du monde, encore plus que le diamant, expliqua Piotr. Rien ne peut le briser.
Je fixais à nouveau mes mains, et comme un vieux réflexe, réussis à pousser mes ongles pour les transformer en griffes tranchantes. Je testais mon nouveau pouvoir quelques fois, avant de sourire.
- C'est cool ! souris-je.
*****
C'est là que je me retrouvais piégée. À chaque extrémité du couloir, il y avait des hommes armés qui me menaçaient, et j'étais seule désormais. Ils n'avaient pas eu le temps de voir le passage secret, heureusement, mais je ne pouvais pas l'ouvrir pour fuir. J'avisais les fenêtres, mais comme il y avait des ennemis à l'extérieur aussi, ça ne servirait à rien. Comme aucun d'eux ne faisait mine de me tirer dessus, se contentant de me menacer, je ne fis aucun geste brusque. L'équilibre était précaire, un seul geste de la part d'un côté, et la bataille serait officiellement déclaré. Malheureusement, c'est moi qui déclenchai les hostilités lorsque, la peur s'emparant de moi, mes griffes se mirent à s'allonger toutes seules. Ils se mirent à me tirer dessus, et la dernière chose dont je me souvins fut le visage d'un homme barbu se penchant sur moi avec un regard où se mélangeait peur, curiosité et étonnement.
*****
- De l'Adamantium, comme c'est étrange, murmura une voix derrière moi.
Je me fis soulever dans les airs et me fis retournée. Je vis alors que c'était un vieil homme qui se tenait devant moi, main brandit, et m'examinait sous toutes les coutures. C'était Magnéto.
- Aryane ! s'égaya alors Jean.
- Magnéto, reposez là, ordonna froidement Scott.
Il le fit, apparemment à contrecœur, et je courus rejoindre mes quatre professeurs en lui lançant un regard assassin. Il aida Mystic à se relever, puis se tourna vers nous.
- Ainsi donc, nous nous rencontrons enfin, déclara-t-il avec un sourire.
- Allez vous faire foutre ! grondais-je.
Ma colère et ma haine étaient telles que mes mains s'enflammèrent d'elles-mêmes, et mes griffes se mirent à s'allonger et rétrécir à tout va. En gros, je ne contrôlais plus rien.
*****
- Logan... murmurais-je.
Mais ils poursuivirent leur conversation.
- Logan ! répétais-je en le secouant plus fort.
- Quoi ? s'agaça-t-il.
- Elle est comme nous, déclarais-je.
Il fixa ensuite la femme avec surprise. L'autre homme, Striker si j'ai bien compris, éclata de rire.
- C'est qu'elle est intelligente ! s'exclama-t-il.
- Et c'est là que vous le remarquer ? fis-je mine de m'offusquer.
Il rit de plus bel. Finalement, il se calma.
- Je dois avouer que ton cas m'a grandement surpris, admit-il en hochant la tête. D'où tiens-tu ton squelette d'Adamantium ?
- De lui, dis-je en désignant Logan du menton.
- C'est ta fille ? s'étonna-t-il.
- Non !
Nous nous étions exclamés en même temps, alors il rigola encore un bon coup.
- Tu sembles différente, déclara-t-il, soudain sérieux. Tu as plusieurs mutations, je l'ai vu de mes yeux... Mais je me doute bien que tu ne te joindras pas à moi.
- Ça devient lassant de toujours se faire tirer de tous les côtés pour que je rejoigne le côté obscur de la force, grommelais-je.
*****
Le jet ne pouvait plus voler, aller savoir pourquoi. Et le barrage allait bientôt se faire défoncer ! Jean sortit ensuite à l'extérieur, sans que quiconque ne puisse la stopper, et referma le sas derrière elle. Ensuite, le jet se mit à décoller, sauf qu'elle n'était pas à l'intérieur. Sans attendre, je traversais le mur pour la rejoindre, alors que le barrage cédait et que le jet volait au loin. Je devais la sauver, je pouvais la prendre au passage et l'emmener à l'école. Sauf que, lorsque j'arrivais pour la prendre par les épaules, nous nous fîmes ramasser par l'énorme vague qui menaçait nos amis un peu plus tôt. Et ce fut le noir.
*****
Alors qu'ils passaient devant la grande porte, pourtant, ils se stoppèrent. Un bruit étrange avait retentit à l'extérieur. Soudain, la porte s'ouvrit en grand, claquant contre le mur, laissant place à une Aryane épuisée et meurtrie, portant à moitié une Jean inconsciente. D'abords interloqués, ils se jetèrent ensuite sur elles. Elles furent conduites d'urgence à l'infirmerie, et furent remises sur pieds en un rien de temps. Enfin, Jean était toujours inconsciente, mais Aryane était désormais en état de parler, ses blessures finissant par se refermer d'elles-mêmes.
*****
- Après quoi, il a ordonné à trois de ses acolytes de se débarrasser de moi. Il a dit que s'il existait un télépathe aussi puissant que moi, ils auraient pu me modifier la mémoire pour me faire basculer dans leur camp, mais comme ils n'en avaient pas sous la main, Magnécon a préféré m'écarter définitivement de son chemin, poursuivis-je ensuite. Et là, il y a... Pyro. Il s'est avancé vers moi.
Je pris une inspiration, puis continuais.
- Je l'ai supplié de ne pas le faire, de ne pas lui obéir, mais il a dit que c'était son dernier test. Il s'apprêtait à me tuer lorsque vous avez débarqué, expliquais-je douloureusement.
Kitty me serra l'épaule et Bobby serra les poings. Aucun de nous ne comprenait comment John avait pu changer à ce point, mais une chose est sûre, c'est que quand nos chemins se recroiseront, il n'aura pas de cadeaux.
*****
- Et bien, moi, j'ai des nouvelles pour Magnéto, répliquais-je. Dit lui que, dans très peu de temps, il n'aura plus à se soucier de moi ou de mes pouvoirs.
Une lueur de compréhension traversa son regard.
- Le vaccin, souffla-t-il.
- Vous me traquez sans relâche, toi et tes copains, parce que suis puissante. Si je prend ce vaccin, vous n'aurez plus aucune raison de me poursuivre puisque je n'aurais plus aucun intérêt pour vous, et ne serais plus une menace. J'aurais enfin la paix et vous ne m'aurez plus dans les jambes. Chacun part de son côté, et tout le monde est content ! débitais-je en croisant les bras.
- Et tu crois que ce stupide vaccin est la solution ? s'agaça-t-il.
- Je ne le crois pas, je le sais, et dit toi que c'est de votre faute si je fais ça, crachais-je. Si vous ne me poursuiviez pas sans cesse pour me tuer, je n'y serais pas forcée !
*****
Warren était attaché à une sorte de table pour recevoir en premier le vaccin qui lui enlèverait ses ailes. Son père, à côté de lui, le fixait avec une fierté non-dissimulée. Alors que les médecins allaient lui injecter l'antidote, pourtant, il se rebella. Il ne voulait pas perdre sa mutation, il voulait rester lui-même. Il se débattit, se détacha des sangles qui le retenaient, et déploya en grand ses ailes, avant de courir vers la fenêtre et de la défoncer. Il prévoyait voler loin d'ici, sauf qu'il n'avait pas prévu entrer en collision avec un de ses semblables, surtout à une hauteur pareille. Il parvint à se reprendre avant qu'il ne se fracasse sur le sol, mais la jeune fille qu'il venait de frapper n'eu pas autant de chance, et s'écrasa devant les portes de l'hôpital. Il resta choqué quelques instants. Venait-il de la tuer ? Il ressentit un soulagement immense en la voyant se redresser, et il vit alors un homme, ailé lui aussi, se poser à quelques mètres d'elle. Il ne semblait pas avoir de bonnes intentions envers l'adolescente puisqu'elle semblait terrifiée. Il se posa donc entre les deux et s'approcha de la jeune fille. Elle venait de basculer vers l'arrière. Elle le fixa droit dans les yeux.
- Ne... ne le laissez pas m'emmener ! supplia-t-elle faiblement.
Et elle sombra dans l'inconscience.
*****
- Tu te sens mieux ? demanda-t-il en s'agenouillant.
Je grimaçais en sentant une douleur au niveau du crâne. Je passais ma main à l'arrière de ma tête, et retirais d'un coup le morceau de verre qui s'y était logé. Ma plaie se referma assez vite et je lui montrais le verre coupant.
- Beaucoup mieux, confirmais-je. Merci. Je ne sais pas qui tu es, mais ce que je sais, c'est que tu m'as sauvé la vie !
Il me fit signe de m'approcher du feu.
- Je m'appelle Warren, se présenta-t-il.
- Attend, Warren Worthington ? Le premier mutant qui devait recevoir le vaccin ? m'étranglais-je.
Il se rembrunit un peu, puis me sourit.
- Je sais, je suis célèbre, plaisanta-t-il.
Je souris aussi. Non seulement il m'avait sauvé en plus d'avoir le sens de l'humour, mais il avait une belle gueule, il faut l'avouer. Une gueule d'ange ! Ah ah, j'adore mes blagues à deux balles.
*****
- Laisse l'argent, Damon, ordonnais-je.
Étonnamment, il m'obéit, et me renvoya le sac. Je l'ouvris, méfiante, et vis que c'était des billets de Monopoly.
- Mais qu'est-ce que... commençais-je.
Je sentis alors quelque chose s'enfoncer dans mon dos, entre mes deux omoplates. La seconde d'après, le poids familier de mes ailes dans mon dos disparut. Je m'effondrais par terre, n'étant plus habituée à tenir debout sans elles.
- Qu'est-ce... qu'est-ce que tu m'as fait ? m'horrifiais-je.
Damon s'approcha, et je vis Mystic le rejoindre. C'était sans doute elle qui m'avait injecté le drôle de sérum.
- C'est simple, c'est une version modifiée du vaccin, déclara-t-elle. Au lieu d'annihiler tes mutations, elle les bloque pour un moment indéterminé.
Je tentais d'utiliser mes pouvoirs, mais aucun ne fonctionna. Mêmes mes griffes ne semblaient pas décidées à sortir ! Je me relevais en m'aidant du mur. Je devais avoir l'air vraiment pathétique. Je me maudis intérieurement. Je m'étais faite avoir comme ne débutante. Damon avait utilisé un appât pour m'éloigner des autres, et j'étais tombée dans le panneau.
*****
- Tu es ? demandais-je en croisant les bras.
- Rémy Lebeau, pour te servir, répondit-il.
Il retira son chapeau, fit une légère révérence, puis retourna à son jeu.
Mais mes amis m'appellent Gambit, précisa-t-il sans même me regarder.
*****
- Il va te forcer aussi ? m'étonnais-je.
- Ne sois pas si surprise, je suis un mutant de puissance quatre, tout de même, déclara-t-il avec un air légèrement hautain.
- Arrête de te vanter, Gambit, c'est une puissance six, répliqua une voix un peu trop familière.
- Toi ! crachais-je. Je te jure que lorsque je serais hors d'ici, je vais te tuer de mes propres mains !
- J'en doute ! rigola Damon en s'approchant des barreaux.
- Puissance six ? embarqua Gambit, qui venait juste de comprendre ce que Damon avait dit.
- Allons, tu tuerais vraiment ton propre frère ? rigola-t-il.
*****
- Tu vas m'aider ? me réjouis-je.
- Mieux que ça. On va former une équipe. Ou plutôt, reformer mon ancienne équipe. En fait, je ne me suis pas évadé seul. Ils sont venus me libérer. Ce sont les seules personnes à jamais avoir réussi l'exploit d'entrer et sortir vivant de cette ile maudite, expliqua-t-il.
- C'est encourageant, lâchais-je. Je suis partante.
- Le problème, c'est qu'on s'est tous séparés après le départ de l'un de nos membres, alors je ne sais pas où les trouver, avoua-t-il.
- Ça, j'en fait mon affaire. Alors, c'est parti ?
- On y va.
*****
- Johnny Wraith ? demandais-je.
- C'est moi. Tu as besoin de quelque chose ? répondit-il en se sortant un cigare.
- J'ai besoin de votre aide, déclarais-je.
*****
- Bon, pour faire court, j'ai besoin de votre aide pour infiltrer Three Mile Island, afin de sauver ma famille. Je sais qui vous êtes, puisque c'est Krestel qui m'envoi, débitais-je d'un coup.
Il écarquilla les yeux, puis secoua la tête.
- Non. Je suis désolé, mais je ne peux pas. J'ai fait une croix sur mon passé et...
- Mais vous ne pouvez pas changer qui vous êtes ! m'agaçais-je. Vous êtes un mutant, comme moi et le reste de ma famille et mes amis ! Magnéto les a enlevés et les détient sur cette foutue ile, et votre équipe est à la seule à être parvenue à l'infiltrer, je suis donc en train de la reformer.
Il soupira.
- Qui t'a rejoint jusqu'à présent ? demanda-t-il.
- Johnny, Dukes et Gambit, l'informais-je. Je n'ai pas encore rencontré les autres.
Il soupira à nouveau, puis souris.
- Je suis partant.
*****
- Euh... l'agent David North ? demandais-je au policier devant moi.
- Troisième porte à droite, me répondit-il sans même me regarder.
- Merci.
Je me rendis à l'endroit désigné, et frappais. On m'invita à entrer, ce que je fis. L'homme devant moi sembla surpris de me voir, sans doute parce que je lui paraissais très jeune, mais retrouva vite un air neutre.
- Je peux vous aider à quelque chose ? demanda-t-il.
Je fermais la porte derrière moi, puis me tournais vers lui.
- C'est votre ancienne équipe qui m'envoie, Agent Zéro, lui déclarais-je.
Il se braqua, et je vis sa main se porter à sa ceinture, où pendant un gun.
- Ne vous inquiétez pas, je viens seulement ici pour vous informez que je suis en train de reconstituer votre équipe, lui dis-je en croisant les bras. J'ai besoin de votre aide pour infiltrer Three Mile Island.
- C'est hors de question ! refusa-t-il net. J'ai ma vie, ici, je...
- C'est pour sauver ma famille ! le coupais-je. Ils sont en danger, et seul vous et votre équipe pouvez m'aider ! Déjà Gambit, Bolt, Krestel et Dukes ont accepté et se trouvent en ce moment même à l'Institut Xavier, à quelques minutes de la ville. Si jamais vous changez d'avis, vous n'aurez qu'à vous y rendre.
*****
- Excuse moi, tu sais où je pourrais trouver un certain Wade Wilson ? demandais-je.
Il cessa ses mouvements et se tourna vers moi.
- Pourquoi le cherches-tu ? répliqua-t-il.
- Dis moi seulement si je peux le trouver ici où si je perds mon temps, m'agaçais-je.
- C'est moi, Wade Wilson. Maintenant, qu'est-ce que tu me veux ? demanda-t-il.
*****
- J'espère qu'il vous plait, plaisantais-je, parce que c'est ce petit bijou qui nous mènera à l'ile en toute discrétion.
Nous montâmes à l'intérieur et tous prirent place. Je dû, bien sûr, obliger Wade à me laisser la place du « conducteur ». Pff, comme si j'allais le laisser piloter ! Cependant, je dû admettre mon incompétence quand à la manière de piloter l'engin, et ce fut Bolt qui prit finalement les commandes, grâce à ses pouvoirs bien sûr. Le plafond s'ouvrit, et le vaisseau fut remonté à la surface. Alors que nous allions décoller, pourtant, une silhouette au sol attira mon attention. Je fis signe à Bolt d'attendre, et ouvris le sas. Zéro se trouvait en bas.
- Tu t'es décidé, finalement ? demandais-je en hurlant un peu afin de couvrir le moteur.
- Je peux monter ou c'est trop tard ? répliqua-t-il.
- Aller, grimpe !
*****
J'arrivais à la cellule de Warren. Dès que je l'ouvris, il sortit en coup de vent et, sans que je n'ai pu le prévoir, m'embrassa. Trop choquée pour faire quoi que ce soit, je le laissais faire, jusqu'à ce que je retrouve mes esprits et le repoussa. Je me reculais un peu, n'osant pas le regarder, et décidais de reporter tout ça à plus tard.
*****
- Je sais comment te ramener tes souvenirs, lui dis-je.
- Tu peux faire ça ?
Il y avait un certain espoir dans sa voix, même s'il n'osait pas trop y croire.
- Mais... Aryane, j'ai déjà essayé, ça n'a jamais marché, me rappela Jean.
- Peut-être que ce qui bloque ses souvenirs n'est pas un problème psychologique, mais bien un éclat d'Adamantium, fis-je remarquer. Si ça se trouve, la balle est toujours coincée dans ta tête, ce qui fait que tu ne te rappelles de rien.
- Et... tu serais capable de l'enlever ? demanda-t-il.
- Absolument, sauf que ça sera douloureux, l'informais-je sérieusement.
- Je suis prêt !
*****
Nous vîmes alors deux adolescents se diriger vers nous, en compagnie de Kurt.
- Les amis, je vous présente deux nouveaux mutants qui ont décidés de rester à l'école, les présenta-t-il avec son habituel accent. Je vous laisse faire connaissance.
Et il disparut dans un nuage de fumée bleue et une légère odeur de souffre. Je me tournais vers les nouveaux, qui se tordaient les mains.
- Enchantée, je m'appelle Aryane, me présentais-je. Voici Bobby, Piotr, Kitty Warren et Malicia.
- Je suis Philippa, et lui c'est James, répondit la fille.
*****
Je réfléchis quelques secondes, et le visage de Gambit se dessina dans mon esprit. Non, se pourrait-il que... mais oui, ça serait logique... Ce sentiment de vide, pourquoi je ne voulais pas qu'il parte... tout se tenait. J'enfouis ma tête dans mon oreiller, désespérée. J'étais amoureuse de Gambit. Manquait plus que ça !
*****
Tout au fond se trouvait une cellule. Pendant que nous montions la garde, James et Philippa partirent l'ouvrir. J'entendis le bruit d'une porte qui coulissait, ainsi que des cris de joie et des embrassades. Et une voix. Sa voix. Je ne pu m'en empêcher, je me retournais. Et je me figeais. La personne que nous étions venus sauver, le père de nos nouveaux amis... c'était Dom.
*****
- Ary ? s'étonna-t-il, une lueur de peur dans les yeux.
Je retrouvais mes esprits, et une colère sourde prit place en moi.
- Toi ! crachais-je.
Je m'avançais à grands pas vers lui, et lui envoyais une gifle qui résonna dans toute la pièce, attirant l'attention des autres.
- Tu m'as trahi ! Tu m'as vendu aux hommes de Magnéto, j'ai failli y passer à cause de toi ! Je me suis torturé l'esprit pendant des jours pour savoir si je devais te pardonner, j'ai eu envie de te tuer de mes propres mains ! Tu n'es qu'un salaud, un parfait idiot, un débile décérébré, un sale con auquel je ne peux pas en vouloir longtemps parce qu'il reste mon ami malgré tout et que je lui ai pardonné ! hurlais-je.
Je soufflais un bon coup.
- Tu m'as manqué, triple idiot.
J'achevais ma tirade en le serrant contre moi parce que, oui, il m'avait manqué.
*****
Ensuite, nous retournâmes au jet. Pourtant, à peine arrivés, je me raidis. Je ne contrôlais plus mes membres. Pourtant, je forçais mon nouveau pouvoir à se réveiller et, avec force de volonté, parvint à me défaire de l'emprise de Magnéto. Je me tournais vers celui-ci d'un air tranquille. J'avais éliminé ma faiblesse première, il ne pourrait plus jamais me contrôler. Pourtant, il ne semblait pas en colère, ou effrayé. En fait, il souriait. Tout le monde monta dans le Black Bird pendant que je toisais Magnéto. Finalement, je lui tournais le dos, et m'apprêtais à monter à mon tour lorsque le cri de Kitty fendit l'air. C'était un cri terrifié. Avant que je n'ais pu faire quoi que ce soit, l'air siffla. Une douleur immense prit place dans mon crâne. Et ce fut le noir.
*****
Plus les souvenirs revenaient et plus la douleur dans sa tête s'amplifiait. Et pourtant, rien n'aurait pu faire stopper ce baiser. Enfin, rien sauf peut-être un balle d'Adamantium qui éclate en morceau et disparaît enfin du cerveau de la jeune adolescente.
Fait intéressant (ou pas): Ça a été très long de faire ce chapitre car il fallait faire au moins un copier-coller d'un extrait de chaque chapitre, ce qui était très très très long, mais j'ai finalement réussi!
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