Retour au bercail
Tornade posa finalement l'astronef devant la dernière maison que j'avais habité avec ma tante, où elle était morte, et après nous avoir recommandé une dernière fois la prudence, elle nous laissa là. J'entrais dans la maison, qui n'avait pas trouvé d'acheteurs malgré tout le temps qui avait passé vu le « monstre » qui y avait habité et le meurtre qui s'y était produit. Plongée dans un état second, je me rendis dans le salon. Aucun des meubles de la maison n'avait été déplacé depuis mon départ, alors qu'en j'y entrais et vis le divan immaculé, je me sentis chanceler. La vision de la tête de Mira tomber sur le sol, tachant de rouge le cuir autrefois blanc, venait de refaire surface. Je m'approchais dudit divan, et fixais d'un regard vide l'accoudoir, où se trouvait une énorme tâche brune.
- Ary ? s'inquiéta Malicia.
- C'est ici que je l'ai trouvé, dis-je simplement d'une voix brisée.
Elle se contenta de me serrer le bras, avant de rejoindre les autres à l'extérieur pour me laisser un peu de temps avec moi-même. Je la remerciais intérieurement, et pris quelques minutes pour reprendre mes esprits. Je retournais ensuite dans l'entrée, entendant ainsi la fin de la conversation.
- Je ne comprends pas pourquoi on est venus ici, soupira John, dos à moi. Je eux dire, si elle a tant souffert en cet endroit, pourquoi y revenir ?
- Parce que si j'ai quitté l'école, c'était pour faire face une bonne fois pour toute à mon passé, déclarais-je sérieusement. Lorsque j'aurais entièrement tourné la page, je pourrais véritablement comment ma nouvelle vie. Ça te va, comme réponse ?
Il haussa les épaules, et recommença à s'amuser avec son briquet. Je leur fis finalement signe de me suivre, et nous nous mîmes à marcher dans la rue, comme une bande d'ados normaux. J'étais la seule à dissimuler mon visage. Bien sûr, j'avais fait disparaître mes ailes, mais comme j'avais vécu ici et que tout le monde me considérait sans aucun doute comme la meurtrière, il valait mieux pour nous que je ne me fasse pas reconnaître. Nous arrivâmes finalement au cimetière, et je cherchais pendant quelques minutes la pierre tombale de ma tante. Lorsque je la trouvais, je m'agenouillais devant.
- Je suis sincèrement désolée, tante Mira, dis-je alors. J'aurais dû me douter que tu serais autant en danger que moi, et par ma faute, tu es morte de la plus horrible des façons. J'aurais dû être là pour toi comme tu as toujours été là pour moi. J'ai échoué, et je m'en voudrais toute ma vie, sauf qu'elle se termine ici. Je pars, Mira, et je ne reviendrais pas. Tout mon passé ne sera plus que passé, il est temps pour moi de vivre dans le présent et de me créer une nouvelle vie, loin de tout ceci. J'espère que tu me pardonneras un jour.
Vidé tout ce que j'avais sur le cœur me soulagea d'un poids immense, et je retournais finalement aux portes du cimetière, où m'attendaient les autres.
- Bien, maintenant que j'ai fini, qu'est-ce qu'on fait ? demandais-je d'un ton joyeux.
Ils me fixèrent avec des yeux étonnés.
- Euh... t'as fini ? s'interloqua John.
- C'est le professeur Xavier qui m'a proposé une semaine, me défendis-je.
- Moi, j'aimerais bien aller un morceau pour qu'on réfléchisse un peu à ce qu'on fera durant notre semaine de congé, proposa Malicia.
- Je suis partant ! s'écria Bobby en sautant sur ses pieds.
Son ventre gargouilla fortement pour approuver ses dires. Je rigolais, puis les invitais à me suivre.
- Je sais où se trouve le meilleur restaurant de toute la ville ! Affirmais-je. Et le gérant est la seule personne qui m'ait accepté malgré ma condition.
- Alors qu'est-ce qu'on attend ? souleva Bobby en se mettant en route.
J'étouffais un rire et, silencieusement, j'invitais les autres à me suivre dans la direction opposée. Ce ne fut que quelques minutes plus tard que nous entendîmes le cri du glaçon, ainsi que des pas de course venant dans notre direction. Lorsqu'il arriva près de nous, tout essoufflé, nous éclatâmes de rire.
- C'est ça, moquez vous, marmonna-t-il.
Ce fut donc dans une excellente ambiance que nous nous rendîmes au Barmuttant, le seul resto-bar qui tolère les mutants. Pourquoi ? Vous allez voir. Nous arrivâmes finalement à destination mais, au lieu de passer par la porte avant, je les conduisis à l'arrière. Je nous stoppais devant la porte, et frappais, en espérant qu'on me laisserait entrer malgré tout ce qui s'était passé depuis mon départ.
- Mot de... ARY !
Une tornade rousse me fonça dessus, et me renversa. Je me mis à rire et repoussais de mon mieux le chien qui me léchait joyeusement le visage. Il se recula un peu, et retrouva forme humaine avec un grand sourire.
- Je le savais ! Je l'avais dit aux autres que tu reviendrais, je le savais ! s'écria-t-il.
- Tout doux, Klaus, rigolais-je. Je suis avec des amis. On peut entrer ?
- Je te fais confiance, Ary, mais tu connais la procédure, s'excusa-t-il avec un sourire contrit.
Je me tournais vers mes amis, qui nous fixaient avec étonnement.
- C'est un mutant ? s'étrangla Bobby en désignant Klaus du menton.
- Non, c'est un extraterrestre, soufflais-je en levant les yeux au ciel. Comment tu crois qu'il s'est...
Je fus coupée par Klaus, qui venait de se transformer en singe et grimpais sur mon ami glaçon. Je me mis à rire, et mon copain roux finit par reprendre son apparence normale.
- Montrez vos pouvoirs, et il vous laissera entrer, déclarais-je. Le Barmuttant est, comme son nom l'indique, un bar pour mutants. Seuls les gens comme nous peuvent y entrer, l'accès est interdit aux gens normaux.
Sans attendre plus longtemps, Bobby forma une plaque de glace sous les pieds de Klaus, qui se transforma en manchot (roux) avant de s'écraser sur le sol. Pyro suivit bien vite, et joua négligemment avec une boule de feu pendant quelques secondes, puis il l'envoya sur Piotr, qui se transforma en métal pour se protéger. Klaus se retransforma en humain, et fixa Malicia avec insistance, sauf qu'elle détourna les yeux.
- Et elle ? Tu sais que je n'ai pas le droit de laisser entrer des non-mutants, qu'elle soit avec vous ou non, se désola-t-il.
- Elle ne peut pas vraiment le montrer, soupirais-je.
- Ma peau est empoisonnée, déclara alors Mali. Un seul contact physique avec moi et j'absorbe toute ton énergie vitale, en plus de ta mutations pour quelques temps. Tu veux essayer ?
Klaus recula en levant les mains en l'air, comme s'il y avait un hold-up.
- Pas la peine, vous pouvez passer. Amusez vous !
Il nous ouvrit grand la porte et nous laissa entrer avec un sourire. Comme j'étais la dernière à entrer, il me retint à la dernière seconde. Il avait dû percevoir ma nervosité.
- Tout le monde sait que tu n'y es pour rien, me rassura-t-il. Par contre, la majorité t'en veux d'être partie sans prévenir.
- Merci, Klaus. Vous m'avez manqué, surtout toi tu sais ? souris-je.
Il me sourit aussi, et je rejoignis finalement les autres, laissant apparaître mes ailes au passage. Je les rejoignis presque en sautillant, heureuse d'être de retour. En fait, j'avais déjà eu des amis, une vraie famille, et c'était tous les mutants du bar. Sauf que je n'avais pas eu de nouvelles d'eux depuis que je suis partie.
- Tu sembles plus détendue que tout à l'heure, me fit remarquer Malicia en souriant doucement.
- Disons que Klaus sait trouver les bons mots pour me rassurer, c'est un peu comme mon grand frère, expliquais-je.
- Et comment tu as découvert cet endroit ? s'étonna Bobby.
- En fait, c'est un très vieil ami qui m'en a parlé, et souvent, le soir, malgré la distance, je venais ici prendre un verre et me détendre un peu, expliquais-je. C'était en quelque sorte le rêve pour moi, lorsque nous avons déménagé ici.
Nous passâmes encore deux couloirs, et une musique forte se fit bien vite entendre. Lorsque j'ouvris finalement la porte donnant sur le bar, une forte odeur d'alcool nous accueillit, ainsi que des rires et des bruits de conversation. La musique sembla baisser d'un cran lorsque nous fîmes notre entrée, et les conversations cessèrent. Toutes les personnes présentes reportèrent leur attention sur nous, et quelques secondes de silence pesant passèrent.
Fait intéressant (ou pas): J'ai eu l'idée du Barmuttant en mangeant un sandwich. Je me suis dit "Hey, ce serait bien qu'il existe des places réservées aux mutants" et ensuite "mais il faudrait s'assurer que les non-mutants ne puissent pas y entrer" puis "ils auront qu'à montrer leur mutation comme mot de passe" et voilà le travail!
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