Lorsque les ennuis débarquent

Le lendemain, je me réveillais au son d'un cri strident. Je bondis hors de mon lit et dévalais les escaliers, me mangeant le mur au passage à cause de mon nouveau pouvoir, et débarquais dans la cuisine comme une furie. Ce que j'y trouvais me laissa sur le cul.


Les six nouveaux-pas-si-nouveaux-que-ça-finalement étaient en train d'essayer de préparer le déjeuner. Jusque là, rien de bien grave. Sauf que pour ça, ils utilisaient leurs mutations respectives. Là, c'est sûr que ça se corse. J'avisais Wanda, debout près de l'évier, couverte de farine de la tête au pied. J'étouffais un rire.

-       PIETRO ! hurla-t-elle en trépignant sur place.

-       Tu m'as appelé, soeurette ? demanda le concerné en arrivant de nul part avec un air innocent qui ne trompe personne.

-       Je vais te tuer ! s'écria-t-elle.

Elle fit apparaître une sphère électrique rouge dans sa main et, voyant le danger, son frère prit la fuite avec sa super-vitesse. Bizarrement, contrairement aux autres fois, je pouvais le voir bouger. Ne pouvant m'en empêcher, je lui fis une jambette lorsqu'il passa près de moi, et il se mangea le tapis.

-       Alors, il est bon mon parquet ? me moquais-je en faisant enfin mon apparition.

Tous les autres éclatèrent de rire alors que qu'il se relevait en grommelant. Puis, sans prévenir, il me sauta dessus. J'évitais de justesse, et me mis à courir pour lui échapper, riant à moitié. On devait avoir l'air de deux enfants avec une mentalité de six ans. Sauf que je riais, sans doute pour la première fois depuis ma perte de mémoire. Et ça faisait un bien fou.


Il finit néanmoins par m'attraper, et il me jeta sur son épaule en sac de patates. C'est qu'il est fort, quand même ! Je ne pesais peut-être pas grand chose comme ça, mais avec mes ailes... sans attendre, je les fis apparaître. N'ayant pas prévu ça, grimaça en fléchissant les genoux sous l'effort

-       Plus si facile, pas vrai ? me moquais-je.

Bien décidée à le mettre chaos, je me transformais en métal, ce qui l'acheva. Il s'effondra par terre, et je me relevais avec un grand sourire aux lèvres.

-       Et vlan ! m'exclamais-je avec fierté.

-       Bien joué, Ary, tu viens de nous donner aux moins dix minutes de tranquillité ! me remercia (beurk) Janos.

-       Dis, t'aurais pas un surnom ? soupirais-je finalement en retournant à la cuisine, lui à mes côtés. Non parce que, sincèrement, ton nom...

-       Il craint, je sais, rigola-t-il. Bah, les autres m'appellent Riptide.

J'hochais la têt en souriant et je me rendis alors compte que, contrairement à mon habitude, j'agissais comme une adolescente normale. Je n'étais pas bête, ni antisociale, ni rien de tout ça ! J'étais juste... moi. Et j'adorais cette sensation. Nous retrouvâmes finalement les autres à la cuisine, et Wanda s'approcha de moi, encore couverte de farine.

-       Alors ? demanda-t-elle avidement.

-       Tu es vengée, assurais-je d'un ton solennel.

Elle éclata de rire, suivie des autres, et étonnamment, je me joignis à eux.

-       On a tenté de préparer le déjeuner, annonça Dominic. Mais disons que ça a mal tourné...

-       Je m'en occupe ! assurais-je.

Grâce à ma télékinésie, je ramassais tout en quelques secondes, avant de me tourner vers eux, les sourcils froncés.

-       On n'est pas supposés être à l'école ? demandais-je.

-       Non, ça a été annulé à cause de l'orage, répondit Alexander en haussant les épaules.

Je regardais dehors et vis qu'il pleuvait et ventait toujours aussi fort que la veille. Pietro apparut alors à ma droite.

-       Tu veux une revanche peut-être ? demandais-je en haussant un sourcil moqueur.

-       Nan, j'ai eu ma dose, répliqua-t-il.

-       Il a enfin trouvé quelqu'un à sa taille ! se réjouit Angel.

-       Pff, à ma taille, c'est vite dit... grommela-t-il. C'est carrément un nain !

-       Hey, t'a seulement une tête de plus que moi, je te signale, m'offusquais-je.

Pour lui faire part de mon mécontentement, je lui donnais un bon coup dans les côtes.

-       Ouch !

-       Ne jamais sous-estimer la puissance des nains, car ils sont plus près de l'enfer, déclara sagement Riptide.

-       Je.ne.suis.pas.un.nain, martelais-je.

Ils rirent à nouveau, et le reste de la journée se passa à peu près dans cette ambiance. J'avais vite maitrisé ma super-vitesse, et avais désormais l'impression que tout le monde était d'une lenteur exaspérante.

-       Aller, grouiller vous ! grognais-je en tapant légèrement du pied, impatiente.

Pietro était à côté de moi, et semblait agacé, lui aussi.

-       Tu vois ce que ça fait, maintenant, soupira-t-il. J'ai toujours l'impression que le reste du monde se déplace avec la lenteur d'un escargot, c'est exaspérant !

Ils finirent enfin par nous rejoindre, et nous sortîmes dehors. L'orage étant terminé depuis peu, nous nous rendions à l'énorme clairière pour nous défouler, après avoir passé la journée à l'intérieur.

-       Enlèves tes gants, ordonna alors Wanda.

-       Pourquoi ? m'étonnais-je.

-       Fais moi confiance.

Je m'exécutais, tout de même un peu méfiante. Sans prévenir, elle me prit la main. Aussitôt, je me retirais et reculais.

-       Pourquoi ? répétais-je. Pourquoi t'as fait ça ?

-       Tu as beau être puissante, tu ne l'es pas assez pour vaincre les X-men à toi toute seule, répondit-elle. Tu auras besoin du plus de moyens possibles pour te défendre, lorsque nous serons partis...

-       Vous partez ? l'interrompis-je. Comment ça ?

-       On voit bien que ton amnésie te dérange et que tu n'es pas nécessairement à l'aise avec nous, répliqua Angel en posant une main sur mon épaule. Alors on se contentera de te surveiller à distance.

Je réfléchis à toutes vitesse, et en vint très vite à la conclusion.

-       Non, refusais-je. Vous êtes mes seuls appuis, vous ne pouvez pas partir comme ça ! Je suis certaine que tout redeviendra comme avant et que nous trouverons un moyen pour ramener ma mémoire, mais ensemble.

Elles sourirent, et les garçons finirent par nous rejoindre. En effet, nous avions prit les devants.

-       Bon, fait encore quelques tours de piste, question de savoir que tu maitrise entièrement ta vitesse, ordonna Pietro avec un sourire mauvais.

Il va se venger, c'est sûr et certain. Malgré tout, je m'exécutais et, comme prévu, au dernier tour, il se vengea en me faisant une jambette, me projetant contre un arbre. Je me relevais, légèrement sonné, et lui envoyais un regard noir. Il riait, mais cessa d'un coup en fixant mes mains avec de grands yeux. Je regardais moi aussi, et vis que des sphères rouges et électriques s'y trouvaient. Le pouvoir de Wanda faisait son apparition. Celle-ci tapa des mains.

-       Super, on s'y met tout de suite !

Je passais le reste de l'après-midi à m'entrainer à tirer sur des cibles, Pietro y comprit, et je leur proposais finalement de rester vivre à la villa. Je souris alors que nous rentrions en parlant assez fort. Ils étaient vraiment mes amis, et j'étais contente de les avoir retrouvés.

*****

Un autre mois était passé, et, à mon grand étonnement, personne n'avait encore découvert notre nature. En même temps, ça m'arrangeait. Enfin, j'avais passé ce mois ainsi qu'une autre semaine à apprendre à contrôler les pouvoirs de Wanda, celui de Riptide, celui de Dominic et celui d'Angel. En fait, pour la dernière, c'était les crachas d'acide. Après tout, j'avais déjà mes ailes. Aujourd'hui, comme je les maitrisais tous parfaitement, j'allais apprendre le dernier et le plus dangereux : celui d'Alexander. Ou du moins, j'allais le copier ce soir. On verrait si ma « puissance six » me jugerais apte à les avoir sur le champ ou si je devrais attendre.


Les rumeurs et les murmures à propos des nouveaux et moi avaient peu à peu disparus mais, ce matin là, ils avaient repris avec une énergie nouvelle. Et je savais ce que ça voulait dire. La rumeur comme quoi on était des mutants étaient lancée. Nous devrions partir bientôt. De retour à la villa, à la fin de la journée, j'en fis part aux autres.

-       Moi aussi, j'ai eu cette impression, affirma Angel. Ça ne va pas tarder à exploser.

-       Attendons un peu tout de même, proposa Riptide. Après tout, on est sûrs de rien.

Nous acceptâmes, et fîmes comme prévu. J'absorbais le pouvoir d'Alexander mais il ne fit pas son apparition. Ce n'est pas grave, je l'aurais lorsque ma puissance me jugera prête. Le lendemain, par contre, nul n'aurait pu prévoir ce qui allait arriver.


À peine fûmes nous arrivés que l'armée débarqua, encerclant le bâtiment dans lequel nous venions d'entrer. Les élèves avaient été évacués en vitesse, mais on nous bloquait la sortie. Apparemment, certains s'étaient amusés à dire que nous les avions menacés de mort. Ah la la, je déteste quand les non-mutants font preuve d'imagination.

-       Qu'est-ce qu'on fait ? demandais-je, paniquant à moitié.

-       Il faut rester calme, déclara Pietro avec un sérieux à faire peur. Nous devons sortir, c'est un fait, mais pour ça...

Ils me lancèrent des regards inquiets, et je compris immédiatement. Ils m'avaient parlé un peu de leurs agissements et, même si je désapprouvais certains, je ne pouvais que comprendre leur point de vue. Nous devrions combattre ces gens normaux pour pouvoir fuir et ce, même si nous devrions prendre des vies innocentes. Je soupirais un bon coup, et levais sur eux un regard déterminé.

-       Quel est le plan ?

Ils esquissèrent de légers sourires.

-       Il faut se séparer, affirma Alexander. Si l'un de nous se fait prendre, ce sera plus facile pour les autres de le secourir s'ils ne sont pas prisonniers aussi.

-       Mais il faut trouver un moyen de rester en contact, fit remarquer Dominic. Ou on se perdra de vue et on n'arrivera plus à se retrouver.

-       Je m'occupe de ce point là, affirmais-je. Mais il nous faut tout de même un point de rencontre.

-       La clairière ? proposa Riptide.

-       Trop découvert, contra Angel. La villa ?

-       Ils l'ont sans doute déjà prise d'assaut, rétorqua Wanda. On n'a nul part, la forêt doit être bourrée de pièges et de soldats.

-       Alors on a pas le choix, il faudra se battre jusqu'à ce qu'ils battent en retraite, soupirais-je.

Ils me lancèrent des regards surpris, mais ne firent aucun commentaire. Ils ne s'attendaient sans doute pas à ce que j'opte pour cette option, mais nous n'avions pas le choix, c'était la seule qui pourrait fonctionner.

-       Plus la peine de se séparer, dans ce cas, dit Pietro. Vous êtes prêts ?

Nous hochâmes tous la tête, décidés, et alors que nous nous dirigions vers la sortie, je leur proposais une ruse de dernière minutes. Ils acceptèrent, et nous sortîmes à l'extérieur. Il y avait deux  hélicoptères, plusieurs voitures blindés, je ne sais combien de soldats armés jusqu'aux dents, et même un char d'assaut. Plus loin, dans la ville, je pouvais voir des visages curieux et effrayés collés aux fenêtres. C'est sûr que ça devait sortir de la routine des habitants de Forks !


Dès que nous fûmes dehors, toutes les armes se braquèrent sur nous. Nous posâmes nos mains derrière nos têtes, signe que nous nous rendions, mais alors qu'ils baissaient leur garde, nous passâmes à l'attaque. Alexander fit sauter le char d'assaut pendant qu'Angel et Riptide s'occupaient des hélicoptères, et que Pietro et Wanda s'occupaient des hommes au sol. Ceux-ci étant trop nombreux pour eux deux, je décidais de leur venir en aide. Du coin de l'œil, je vis Angel et Riptide rattraper les hommes qui tombaient des hélicos, avant de les poser doucement sur le sol. Je souris. Ils ne voulaient pas les tuer, et je les comprenais parfaitement.


Je commençais à combattre, jet de glace et jet de feu emmêlés. Je tranchais les armes grâce à mes griffes, les rendant inutiles, et usais de mon contrôle sur le métal pour écraser et détruire les voitures blindés. Ça ne faisait que quelques minutes que nous nous affairions à nous battre en tuant le moins possible, lorsqu'un étrange vaisseau se posa un peu plus loin.


Je hochais la tête et nous allâmes sur le terrain de football où j'avais faillis me faire capturer quelques temps plus tôt. Il n'y avait rien.

-       Vous vous moquez de moi ? m'insurgeais-je.

-       Mais non, attends un peu, me calma-t-il.

Et, d'un coup, un énorme avion (on va dire vaisseau) apparut devant nous. Je reculais de deux pas, surprise. Puis, quand je vis Charles-Xavier monter à bord, je me retrouvais confrontée à un dilemme. Devais-je y aller ou poursuivre ma vie en solitaire ? Je devais faire face à mon destin, désormais, je ne pouvais plus y échapper. Je souris. J'avais déjà fait mon choix, bien avant que je ne m'en rende compte. Et je montais à mon tour dans le vaisseau.


Je chancelais un peu et revins brusquement à la réalité lorsqu'une forte douleur me prit dans le ventre et l'épaule. Je grimaçais et deux balles tombèrent au sol dans un bruit métallique. Je levais des yeux rageurs sur l'homme qui venait de me tirer dessus. Je pouvais sentir sa peur à des kilomètres lorsque mon regard croisa le sien malgré son casque. Mon instinct animal prit le dessus, et je lui sautais dessus. J'allais lui déchiqueter le visage avec mes griffes lorsque je me fis repousser par une force invisible et me fis projeter à une trentaine de mètres plus loin. Je fracassais l'une des vitres de la cafétéria étrangement vide, et des dizaines de morceaux de verre me lacérèrent les bras et le visage. Je glissais quelques secondes sur le plancher parfaitement lisse, avant de finalement me stopper lorsque ma tête rencontra violemment une table.


Je grognais de douleur en tentant de me lever, mais une main m'en empêcha.

-       Ary, tu vas bien ?

C'était Angel. Mes blessures se refermèrent, et je parvins finalement à me relever, quoiqu'avec son aide.

-       Oui oui, soupirais-je. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandais-je.

-       Les X-men se sont joints à la fête, grommela-t-elle entre ses dents. Surtout, peu importe ce qu'il se passe ou ce qu'ils disent, n'oublie pas qui sont tes véritables amis.

Le temps que je prenne conscience de ses paroles, elle était déjà partie. Je sortie à mon tour, et vis que tous ceux qui disaient être mes amis lorsque je me suis réveillée étaient là, sauf le professeur machin-truc. Je sens qu'on va bien rigoler.


Fait intéressant (ou pas): Une de mes amies est petite, alors on la surnomme "le nain". Qu'une petite allusion, Edgar.

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