Fuite

Chapitre 1 –Fuite-

POV Aryane :

-       Ordure !

-       Monstre !

-       Démon !

-       Suppôt de Satan !

J'évitais les manuels scolaires et les coups de sacs à dos que les élèves les plus téméraires m'envoyaient, puis quittais l'école sous les injures variées, les œillades effrayées et les quelques attaques, bien que rares. Je m'éloignais, accélérant de plus en plus le pas, pour finalement courir comme une forcenée dans les rues de Londres, tentant d'échapper à de probables poursuivants, et aux yeux bien trop curieux des passants. Vous devez sûrement vous demander qu'est-ce qu'il s'était passé... Vous avez sans doute entendu parler du problème mutant que le monde connaît aujourd'hui, pas vrai ? Et bien, je suis une d'entre eux, une mutante. Et pour ça, je suis considérée comme un monstre par tout le monde, un déchet dont il faut se débarrasser. Certains mutants peuvent dissimuler leurs capacités, d'autres non. Moi, je suis partagée entre les deux.

J'ai quatre éléments qu'on pourrait qualifier de mutation sur moi. Les deux que je peux cacher sont tout d'abord mes ailes. Oui, des ailes. De magnifiques ailes aux longues et soyeuses plumes noires, grandes et légères malgré tout, aux pointes dorées. Elles sont magnifiques et, malgré les quelques ennuies qu'elles m'apportent, je les adore. Il y a aussi mes mains. Celles-ci peuvent en fait se transformer en ergots tranchants et meurtriers si je le désire, mais je ne m'en suis jamais servi contre quelqu'un, pour l'instant du moins. Pour mes deux autres mutations, si on peut appeler ça comme ça, il s'agit de mes cheveux et mes yeux. Mes cheveux m'atteignent le bas du dos, sont ondulés, noirs et avec plusieurs mèches rouges sang. Pas de problèmes pour l'instant, tout le monde pense que c'est des mèches faites par un coiffeur. Non, en fait, ce qui fait douter tout le monde quand à ma mutation, ce sont mes yeux. Pour mes yeux, c'est en réalité ce qui donne un indice à tout le monde quand à ma condition de « mutante ». Ils sont entièrement noirs, mais un cercle doré et tacheté d'ombre entoure chacune de mes pupilles, ce qui fait que jamais personne ne peut soutenir mon regard et le fuit. Alors, on récapitule : « Mes cheveux, mes yeux, mes ergots et mes ailes ». Ça fait beaucoup, faut quand même l'avouer. Alors, pour revenir à ma situation de départ, c'est qu'en réalité, un élève a découvert ce que j'étais réellement et a passé le mot, ce qui donne au final ceci :

Arrivée en ville, nouvelle école, un mois environ de tranquillité, puis un élève découvre la vérité et suivent les insultes, les attaques parfois physiques, ma fuite du collège et le déménagement. C'était devenu une sorte de routine, pour moi. Je n'ai aucun ami, aucune famille à part ma tante, et elle est bien la seule à m'accepter comme je suis et qui m'a toujours soutenu. Mais je sais aussi que la situation devient difficile à vivre pour elle, et j'ai pris ma décision, depuis un bon moment d'ailleurs. J'entrais dans ma maison et claquais la porte derrière moi. Ma tante arriva en trombe, légèrement paniquée.

-       Aryane, ils ont déjà découvert ?

-       Oui, les nouvelles vont vite et une fille de ma classe avait un cousin dans ma dernière école, alors elle a vite été au courant et a averti tout le monde, dis-je.

-       Bon, très bien, soupira-t-elle. Va préparer tes affaires, je vais aller nous prendre des billets d'avions et nous louer une nouvelle maison dans une ville beaucoup plus éloignée cette fois. Aussi, je...

-       Non, Mira, la coupais-je doucement et en la regardant dans les yeux. Cette fois, je pars. Seule. Et toi, tu restes ici. Je ne t'ais apporté que des ennuies, et je pense que ce serais mieux pour nous deux si... si je m'éloignais quelques temps. Je suis désolée, mais j'ais pris a décision. Je partirais dès ce soir.

-       Ce... ce soir ? Non, s'il te plait, passe au moins une dernière nuit ici, et... implora-t-elle.

-       C'est hors de question, je m'en vais dès que j'ai fais mon sac, ripostais-je.

-       Tu n'as pas le droit de partir, tu n'as pas le droit de m'abandonner comme mon frère l'a fait ! s'énerva-t-elle.

-       Ne mêle pas mon père à tout ça ! C'est mon choix, et tu te porteras bien mieux sans moi !

-       Tu es choquée, je le comprends. On va aller discuter calmement dans la cuisine et tu pourras réviser ton jugement...

-       Je ne suis pas stupide ! Je sais ce que je fais, ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà !

S'ensuivirent plusieurs minutes durant lesquelles le ton montait entre elle et moi.

-       TU N'ES PAS EN DROIT DE ME COMMANDER, TU N'ES PAS MA MÈRE ! TU N'AS AUCUNE AUTORITÉ SUR MOI ! explosais-je finalement.

-       ET QU'EST-CE QU'UN MONSTRE COMME TOI Y CONNAIS, EN AUTORITÉ ?

Je me figeais, choquée. Je vis ses yeux briller, signe que les larmes allaient bientôt couler. Mes paroles étaient dures, les siennes encore plus. Comme je ne voulais pas la voir pleurer et que je ne pouvais supporter son regard plus longtemps, je la laissais plantée là et montais quatre à quatre les escaliers jusqu'à ma chambre. Sans attendre, je fermais la porte derrière moi et pris un sac dans mon armoire. J'y fourrais quelques vêtements de rechange, ma brosse à dents, un déodorant, un sachet de mentes, mon Ipod, mes écouteurs, toutes mes économies, une photo de ma mère, mon père et moi dans un restaurant, une couverture, ma brosse à cheveux et quelques élastiques. Je pris aussi mon collier, tout ce qui me restait de ma mère avec la photo, avant de fermer mon sac. Je m'assis quelques secondes sur mon lit et passais une main sur mon visage, prise d'une soudaine fatigue. Je descendis ensuite en bas faire quelques provisions de chips et de pattes d'ours. Je croisais ma mère dans le salon en revenant sur mes pas, et elle leva un regard désolé et implorant à la fois sur moi.

-       Je partirais demain matin, à l'aube, lâchais-je d'une vois froide avant de remonter en haut.

Je mettais mes provisions dans mon sac aussi, et partis ensuite me coucher. Il était tôt, mais je devais prendre des forces car, contrairement à ce que j'avais dis, je ne partirais pas demain, mais cette nuit. Comme ça, les adieux ne s'éterniseraient pas. Je m'en voulais un peu de partir comme ça, après tout, Mira m'avait accueillie chez elle à la mort de mes parents, mais j'avais besoin de m'éloigner. Le temps passa très vite, et tante Mira ne monta pas me voir. À un certain moment, les lumières du couloir s'éteignirent et je sus que le moment de mon départ était venu. Je pris mon sac et sortis de ma chambre sans un bruit. Je descendis en bas puis, après un dernier regard pour ce qui avait été ma maison pour un mois et demi, je sortais à l'extérieur. L'air frais de cette nuit d'été me fit le plus grand bien et je respirais à pleins poumons avant de faire quelques pas jusqu'à la rue. Bien décidée à prendre un peu l'air, je me mis à marcher d'un pas rapide dans la rue faiblement éclairée pas les lampadaires. Ça ne faisait qu'une dizaine de minutes que je marchais et, pourtant, le sentiment d'une liberté nouvelle grandissait en moi à chaque pas. Malgré moi, je souris. Oui, j'étais libre. Bien sûr, tante Mira allait me manquer, mais je reviendrais la voir en temps et en heure, surtout que notre engueulade de la veille m'avait grandement mis en rogne.

-       Ce n'est pas prudent de se promener seule comme ça, la nuit, siffla une voix derrière moi.

Je me retournais vivement, prête à en découdre, et vis qu'il s'agissait de quelqu'un comme moi. Un mutant. Comment je le savais ? Bah, par les temps qui courent, quand vous croisez un homme d'assez grande stature à la peau rouge, avec des griffes, des dents pointues et une queue de diable, vous ne vous dites pas : « Oh, tiens, il s'est trompé de jour pour Halloween » mais bien : « Oh putain, un mutant ! Un bon ou un méchant ? ». Justement, je me posais la question.

-       Qui êtes vous ? Et que me voulez-vous ? demandais-je en essayant de garder un visage impassible.

-       Je t'observe depuis un bon moment, maintenant, dit-il. Je suis comme toi, tu n'es pas seule tu sais. Nous sommes des dizaines comme toi. Et si tu nous rejoins, si tu rejoins Magnéto, plus personne ne te fera de mal, plus personne ne te jugera ! Tu pourras enfin avoir ta vengeance...

Mes pensées revinrent immédiatement à tante Mira.

-       Je n'ai aucune envie de vengeance, car je comprends leur point de vue, affirmais-je. Je ne vois pas l'intérêt de rejoindre ce... Magnéto.

Et c'était vrai, enfin, en partie. Il est vraie que je voudrais faire du mal à certaines personnes, comme elles m'en ont fait, mais je pardonne à la grande majorité car je sais très bien qu'ils agissent comme ça parce qu'ils ont peur.

-       Peut importe, puisque lorsque tu verras ce qu'ils ont fait à ta tante, tu comprendras ce que je m'efforce à te faire entendre, dit-il.

J'eus alors un mauvais pressentiment et, ni une, ni deux, je pensais à mes ailes. Aussitôt, je sentis un poids dans mon dos, et je sus qu'elles étaient apparues. Je les déployais de toute leur grandeur, et pris mon envol en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Habituellement, la sensation du vent sur ma peau et glissant sur mes plumes, et ce sentiment de liberté qui accompagnait mon vol, me rendaient toujours le sourire mais, sur le moment, j'étais angoissée. Je vis une lumière allumée dans le salon, et je me posais sur le pas de la porte. Je me rendis compte que notre porte d'entrée était défoncée, et je fis disparaître mes ailes. Ensuite, j'entrais en vitesse, redoutant le pire. Je me rendis dans le salon, et vis ma tante, assise droite sur le divan, me tournant le dos.

-       Mira ? dis-je d'une petite voix.

Mais elle ne me répondit pas. Je répétais, un peu plus fort, mais toujours rien. Inquiète, je m'approchais d'elle et lui secouais l'épaule. Soudain, sa tête se détacha de son corps et roula par terre, tachant le plancher et le canapé immaculé de sang rouge vif. Je poussais un cri horrifié et reculais de quelques pas. Mes larmes se mirent à couler, et je sentis alors une présence à mes côtés.

-       Je voulais t'avertir avant, mais je ne te trouvais pas, dit le mutant qui m'avait parlé dans la rue.

Je fermais les yeux et, pendant un instant, je souhaitais la mort de celui ou ceux qui avaient fait ça.

« Elle nous rejoindra bientôt, plus que quelques minutes. Elle sera si convaincue que c'est des non-mutants qui auront fait ça qu'elle voudra se venger et rejoindra Magnéto. Elle ne se doute même pas un instant que c'est moi qui ai tué sa chère tante ! »

Wow, c'était quoi, ça ? Je venais d'entendre la voix du mutant  à mes côtés dans ma tête ! Mais, si je comprends bien, ce sont ses pensées ? Mais... Ça veut dire que c'est lui qui a assassiné Mira. Je ne me contrôlais plus, et je transformais mes mains en ergots tranchants. Un gout de meurtre envahit ma bouche, et je sautais sur le mutant/diable rouge à côté de moi. Je lui griffais le torse et le sang tâcha un peu son chandail. Il disparut pourtant, et réapparut à quelques mètres de moi.

-       TU L'AS TUÉ ! Hurlais-je, les larmes coulant de plus bel. Tu l'as tué rien que pour que je rejoigne ton connard de maitre !

Il sembla surprit.

-       Ne le nie pas ! Grondais-je. « Elle nous rejoindra bientôt, plus que quelques minutes. Elle sera si convaincue que c'est des non-mutants qui auront fait ça qu'elle voudra se venger et rejoindra Magnéto. Elle ne se doute même pas un instant que c'est moi qui ai tué sa chère tante ! » Répétais-je ensuite.

Une sorte d'admiration se peignit sur ses traits et une lueur de surprise s'alluma dans son regard.

-       Tu peux lire les pensées ? dit-il.

-       Apparemment, répondis-je. Tu sais, j'ai effectivement une grande envie de vengeance, tout à coup, mais pas contre les non-mutants, mais contre toi ! Je vais te tuer, salaud, je vais te faire souffrir comme je souffre en ce moment par ta faute !

Il tenta de s'enfuir, mais sans trop savoir comment, mon esprit bloqua le sien, et il tomba à genoux. Des flashes de sa vie passèrent à grande vitesse devant mes yeux, mais je compris l'essentiel. Il s'appelait Azazel et était le meilleur assassin de celui qui voulait détruire tous les non-mutants et prendre le contrôle du monde, Magnéto. Justement, Azazel semblait fortement souffrir de mon traitement et se tortillait au sol en hurlant de douleur. Satisfaite de sa souffrance, je souris et poursuivais. Pourtant, je me rendis alors compte à quel point je devenais ce dont tout le monde me traitait, un monstre. Je me stoppais aussitôt et, sans lui laisser le temps de se reprendre, je sortis en trombe de ma maison. Je fis ensuite apparaître mes ailes et, après avoir bien fermé mon sac, je m'envolais loin, loin de tout ce cauchemar. Je volais pendant plusieurs heures, loin de tous les regards, et arrivais finalement au Canada, au Québec pour être plus précise. Je louais un minuscule appartement dans le centre-ville, mais c'était parfait pour moi. Je m'inscrivis aussi dans un nouveau collège. Je ne pourrais peut être pas y rester longtemps, mais je devais finir ma scolarité malgré tout. Et puis, j'avais appris que les Québécois étaient beaucoup plus tolérants envers les mutants. Enfin, passons. J'allais donc à l'école demain. Peu après, je m'installais en vitesse dans ma nouvelle maison, et allais ensuite dormir, non sans m'avoir mis le réveil. J'étais vraiment fatiguée par mon voyage, et je n'avais plus aucune larme à verser. Et puis, je ne m'inquiétais pas pour Azazel, il ne risquait pas de me retrouver de sitôt. C'est donc l'âme meurtrie mais l'esprit tranquille que je laissais le sommeil m'emporter dans les limbes de l'oublie, rien que pour une nuit. 


Fait intéressant (ou pas): Aryane est le personnage que j'utilise le plus souvent dans mes fanfictions et mes histoires. C'est en quelque sorte mon alter ego, celle que j'aimerais être. Je n'ai que trois personnages principaux. Peut importe l'histoire, c'est un de ces trois là: Aryane (que vous connaissez tous) et le super duo Ali et Éli (elles sont toujours ensemble).

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