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  Felix avait mal au dos. Il s'était endormi assit sur le sol, la tête posée sur le matelas où dormait Changbin et la main dans celle du gladiateur. Il avait lutté contre la fatigue afin de s'assurer que Changbin ne souffrait pas d'une nouvelle montée de fièvre, mais après être passé par de la fatigue, de la peur, de l'inquiétude et surtout après avoir fait de nombreux allés et retours au-dessus de ses braises pour concocter des remèdes, Felix n'avait pas pu se tenir loin du sommeil bien longtemps. De plus, le fait de savoir que le gladiateur était maintenant hors de porté de la souffrance, l'avait détendu. Il avait peut-être dormi une nuit complète la veille,mais les dernières heures avaient été un véritable calvaire et une tension constante dans le guérisseur, l'épuisant sur le coup.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il rencontra directement le visage de Changbin qui le regardait en souriant.

-Tu t'es réveillé avant moi ? Demanda Felix.

-Oui, tu avais l'air de bien dormir, je ne voulais pas te déranger.

-Tu aurais du. Tu as soif ? Besoin d'aller aux sanitaires ? Tu as faim ? Je vais te chercher à manger.

-Felix, pas besoin de te presser, réveille toi tranquillement.

Felix ne connaissait pas ce vocabulaire lorsqu'il s'agissait de ses patients. Il aurait du se réveiller plus tôt, tout préparer pour Changbin afin que le gladiateur ne manque de rien. Maintenant, Felix allait s'activer afin de tout préparer, mais si un problème arrivait pendant que le guérisseur n'était pas là ? Et si il était bloqué quelque part pendant que Changbin l'appelait ?

-Felix, tout va bien.

-Je vais te chercher à manger.

Le guérisseur dégagea doucement, et à contrecœur, sa main de celle du gladiateur avant de lui apporter une timbale d'eau et de quitter la pièce. Il se dirigea vers les cuisine, passant devant les autres salles d'infirmerie de ses collègues, des chambres des gladiateurs, tout en longeant l'intérieur de la Grande Arène, d'où Felix entendait les cris des gladiateurs qui s'entrainaient entre eux. C'était assez perturbant, puisque après ces derniers jours à courir partout pour aller chercher tout ce dont son patient avait besoin, Felix avait l'impression de redécouvrir le monde extérieur. Il avait l'impression que toute la pression qu'il avait ressenti durant les premiers jours de soins de Changbin, s'était évaporée, que désormais il pouvait pleinement respirer l'air pur de Rome. Il lui tardait de faire découvrir cette sensation au gladiateur qui n'avait pas d'autre choix que de rester cloîtrer dans la même pièce durant une longue période.

Felix arriva aux cuisines, salua les cuisiniers, leurs demanda deux bols de bouillis et les emporta avec lui. Il savait que Changbin allait rouspéter et réclamer sûrement de la viande solide comme tous les gladiateurs qu'il avait soigné sur une période étendue, mais il n'y avait rien de mieux qu'une bouillis de poissons frais pour soigner un corps. La forme liquide du plat permettrait de purger les restes de maladie de l'estomac de Changbin et même si la cuisine de la Grande Arène n'était pas la meilleure de la cité de Rome, elle avait au moins le mérite d'être nourrissante et d'apporter force et vigueur aux gladiateurs.

Lorsque Felix déposa la bol de bouillis devant Changbin, celui-ci ne broncha pas et commença à le manger.

-Quand est-ce que je pourrais marcher ? Demanda le gladiateur entre deux bouchées.

-Dans quelques jours. On va d'abord réhabituer ton corps à se tenir debout après tous ces jours passés allongés. Mais dès que tu te sentiras à l'aise sur tes deux jambes, marcher ne tardera pas trop à arriver. Tu risque d'avoir la tête qui tourne au départ mais c'est normal.

-Je vais devoir me tenir à toi alors.

Le guérisseur piqua un fard.
Changbin avait ce don de prononcer des phrases avec un double sens, de la manière la plus calme possible, comme si c'était Felix qui voyait les sens cachés partout et qu'en réalité, Changbin n'avait aucune arrières pensées.

-Euh, oui. Fit Felix en détournant son regard du gladiateur.

-Parfait, on peut s'y mettre.

Le guérisseur braqua son regard sur le pot de Changbin et constata que ce dernier l'avait englouti rapidement. Il posa alors le siens sur sa petite table et s'approcha de son patient. Il plaça ses mains sous ses aisselles et le redressa en l'approchant du bord du petit lit. De là, Changbin amena ses pieds à toucher le sol et entoura le cou de Felix de ses bras.
Le guérisseur sentait le souffle de son patient se déposer sur son nez et Felix se concentra sur le corps de Changbin à mettre debout en fuyant le regard du brun. Avec toutes ses forces, Felix souleva Changbin pour le mettre debout. Ce dernier resserra ses bras autour de Felix, ne se sentant sûrement pas très à l'aise sur ses jambes non utilisées depuis un bon moment.

-Felix ? Chuchota Changbin.

Felix ne réussit pas à résister à cette tonalité de voix si attirante. Il remonta son regard vers le visage de Changbin, qui se trouvait bien trop près du siens. Le guérisseur déglutit de nervosité en sentant son cœur s'emballer. Il adorait comme il détestait cette sensation, cette impression de ne rien contrôler, d'être à la merci d'un autre, de se laisser porter par un flot d'émotions les plus complexes les unes que les autres.
Les yeux sombres du gladiateur étaient si captivant, si profonds, si beaux.

-Tu es magnifique.

Felix manqua de s'étouffer avec l'air qui entra dans sa bouche.

-Je pense que tu es encore fiévreux. Répondit le guérisseur.

-Non je me sens très bien. J'avais simplement envie que tu le saches.

-Oh, euh, merci.

La situation était affreusement gênante, mais Felix ne pouvait pas ignorer la sensation de vol de papillons dans son ventre, qui avait explosée lorsque Changbin lui avait murmuré ses trois petits mots. Il fallait que le gladiateur arrête de jouer à ce petit jeu, Felix n'était pas sûr d'être capable de continuer et il ne comprenait pas bien où est-ce que Changbin voulait en venir de cette manière.

-Tu ressens un vertige ? Demanda Felix pour changer de sujet.

-Un petit.

-D'accord. On va rester debout encore une petite minute et après je te repose, ça te va ?

-Oui.

Felix ne pouvait plus fuir, il était obligé de regarder le visage de Changbin au cas où il y décèlerait une moindre douleur. Il sentit le regard de Changbin le détailler et les joues de Felix chauffèrent de plus belle alors qu'il comptait dans sa tête, priant pour que cette minute se passe rapidement.
Tout était silencieux autour d'eux, Felix sentait simplement la sensation de l'air qui passait au travers de l'ouverture creusée à cet effet. À cet instant, le guérisseur avait du mal à détourner ses yeux de ceux de Changbin, pourtant, la minute était terminée depuis un petit moment déjà mais Felix ne voulait pas bouger. Il ne voulait pas briser ce lien qui était en train de se tisser entre eux, ce calme qui régnait et qui apaisait son petit cœur. Il ne voulait pas que leurs corps s'éloignent, que leurs yeux se perdent de vu, il voulait simplement rester comme ça.

Mais ce moment fut brisé par le cris de Calius dans le couloir, qui appelait Felix.

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