Luc sortait rapidement de la classe sachant très bien qu'il y avait des betteraves au self quand, en passant la porte il remarqua le regard franchement paniqué de Clémentine. Et accessoirement qu'il devait l'aider à se retrouver dans le bâtiment.

Alors il pressa le pas en faisant demi-tour. Il voulait bien entendu aider Clémentine à s'échapper de ses camarades qui la pressaient de répondre, mais aussi ne pas rater les betteraves. Vitesse et efficacité étaient donc primordiales. Ce qui justifiait tout à fait le plan foireux que Luc avait concocté.

Ça va être gênant, parfait !

Il arriva donc devant le bureau de la nouvelle élève et déclara :

-Les gars, va falloir la laisser respirer, elle vient manger avec moi.

-C'est bon Luc, on peut discuter un peu avant, non ? répondit un camarade.

-Non.

Parce qu'aujourd'hui c'est betteraves !!! Les gens aujourd'hui ne saisissent plus les vraies valeurs...

Clémentine leva ses yeux orangés sur lui, l'air vague. En réalité, elle était soulagée que quelqu'un soit venu la sortir de cet enfer qui consister à parler à plusieurs personnes... sans avoir préparer de texte au préalable. Mais vu que cette personne n'était pas son frère, elle n'était pas si soulagée.

De son côté, le camarade de classe de Luc et de Clémentine dorénavant, un certain Francis semblait-il, s'agaçait un peu de voir le garçon aux cheveux bruns tenter de s'en aller avec Clémentine. Après tout, il voulait simplement sympathiser avec la nouvelle, et de toute façon Luc préparait sans doute encore une de ses mauvaises blagues.  Et Francis en avait marre de toujours se faire avoir.

-Et pourquoi tu tiens tant que ça à partir avec elle ? Va y devant, on peut lui montrer le chemin vers la cantine nous mêmes tu sais.

Clémentine aurait bien aimé pouvoir en placer une puisqu'on parlait de ce qu'elle allait faire elle, mais ce fichu noeud dans sa gorge l'en empêchait. Trop... trop de monde. Je veux juste rentrer chez moi. En pleine dépression interne, elle eut à peine le temps de remarquer le sourit mauvais que Luc esquissa. Il s'apprêtait à abattre son calembour, satisfait par avance des réactions qu'il susciterai.

-Et bien c'est ma petite amie après tout, alors je l'embarque ! lança t-il avec aplomb.

Les amis de Francis furent interloqués.

Et Clémentine aussi, parce qu'elle n'était pas au courant du tout.

-Toi, avoir une petite amie ? Ça n'a pas de sens !

Quel tact.

Luc senti son ego cracher du sang, mais puisqu'il n'avait pas autant d'estime personnelle que ça, il avait déjà anticipé cette réaction.

Huhuhu...

Quant à Francis, il s'esclaffait, visiblement Luc avait dit la chose la plus tordante du monde. C'est en se tenant les côtés, des larmes de rires aux yeux qu'il contra :

-J'y crois pas une seconde ! J'en peux plus, c'te énormité. Tu pensais vraiment être crédible ? Ahahah... mes abdos, j'en peux plus.

Luc sourcilla. Tu n'es pas obligé d'en faire autant quand même...

Il avait beau savoir que sa crédibilité était proche du zéro absolu, être enfoncé à ce point ce n'était pas le plus agréable tout de même.

Au bout d'un moment, même moi je vais mal le prendre, se dit-il en regardant Francis se rouler au sol.

-Je vois que vous avez vachement confiance en ma capacité à avoir une petite  amie, soupira-t-Luc dramatiquement. Hé hé, mais je vais vous montrer que c'est vrai ! Clémentine, tu peux te lever s'il te plaît ?

Elle hésita un instant sur l'attitude à adopter. Devait-elle rentrer dans le jeu puisque Luc avait l'air de vouloir l'aider ou bien appeler la police comme lui dirait son frère ? Luc lui fit alors un clin d'œil conspirateur. Et Clémentine avait mal pour lui en voyant que tout le monde doutait autant de l'avenir sentimentale de ce pauvre garçon. Je rentre dans son jeu et après j'appelle la police. Ça me semble un bon compromis.

Elle se leva sans rien dire et suivit les instructions de Luc qu'il lui demanda de se mettre à côté de lui.

-Vous voyez, c'est mon amie et elle est -un peu- plus petite que moi ! C'est donc ma petite-amie, démontra Luc avec une logique imparable.

Il pointa soudain le doigt vers les fenêtres, ne laissant pas le temps à ses camarades de réagir :

-Oh ! Regardez ! Amy recommence à escalader le collège !

Puis il attrapa la main de Clémentine et parti en courant laissant ses camarades fixer les fenêtres.

-Où ça ? fit l'un en se retournant. Oh le..! il s'est cassé !

Le rire moqueur de Luc retentit dans les couloirs tandis que Clémentine pianotait sur son téléphone.

-Tu fais quoi ? interrogea Luc, l'air curieux.

-...J'appelle... la police. Pour qu'ils... t'embarquent... j'imagine ? C'est ce que mon frère m'a dit de faire... quand je croises des gens avec... de « mauvaises intentions »...

-Pitié, ne le fait pas, supplia directement Luc.

-C'est... (Clémentine soupira, lasse d'avoir autant parlé et courut.) C'est... je... ah...

Elle s'assit contre un mur et enfonça la tête contre ses genoux pour réfléchir. Ses pensées tourbillonnaient dans sa tête. Entre le groupe d'élèves qui avait soudain entouré sa place et la boutade de mauvais goût de Luc, trop d'action et d'interaction sociale étaient intervenues dans un si court laps de temps. Même avec son frère elle n'était guère bavarde alors avec des inconnus... La réalité c'est que tout ces regards qui pesaient sur elle, et tout ces gens qui lui parlaient l'effrayer quelque peu. Alors ses cordes vocales ne voulaient plus dire un mot de plus !

Luc s'adossa contre le mur à côté d'elle, ne pensant même plus aux betteraves.

-En fait, on peut pas dire que je me sois présenter correctement. Moi c'est Luc, celui dont on ne peut pas mettre le prénom à l'envers. Je sais que je suis chargé de te faire visiter l'école en guise de punitions mais je suis content de te faire visiter quand même ! J'ai l'habitude de jouer les guides touristiques, j'ai une amie qui se perd tout le temps entre les salles ah ah.

Les paroles légères de Luc apaisèrent Clémentine qui l'écoutait calmement.

-Bref, continua t-il en voyant qu'elle commencer à se détendre. Désolé pour tout à l'heure, comme t'avais pas l'air de vouloir rester dans la classe, j'ai dû chercher un plan pour qu'on s'éclipse vite fait bien fait. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour que tu te lèves sans que tu te retrouves encerclée pour ensuite créer une diversion et nous échapper. Et puis ça me fait bien rire de voir Francis toujours se faire avoir. Même si cette fois mon estime personnelle a beaucoup souffert. Mais c'était un sacrifice nécessaire pour viser la victoire ! Alors, tu vois j'avais pas de mauvaises intentions donc tu n'as pas à appeler la police.
Ce serait gentil, il fait froid en garde à vue. Ou alors laisse moi au moins aller chercher un plaid !

-Non, c'est bon... merci, murmura la jeune fille aux cheveux orangés. Enchantée Luc dont le nom ne se met pas à l'envers... moi c'est Clémentine mais pas le nom du fruit.

Un sourit fugace illumina son visage pour la premiere fois de la journée tandis qu'elle se relevait.

-Enchanté, ça fait longtemps depuis la première fois qu'on s'est vu ! s'exclama Luc en souriant aussi.

-Oui...

Ils avaient respectivement six ans pour Luc et sept pour Clémentine lorsqu'ils s'étaient rencontrés, par hasard, lors d'une soirée mondaine.

Luc s'ennuyait dans la grande salle alors il était parti gambader dans le jardin quand son regard fut attiré par une silhouette assise au bord de la terrasse. Ravi d'avoir la compagnie d'un enfant de son âge, il s'était approché de la petite fille.

-Pourquoi t'es triste ? Avait-il demandé.

-Je suis pas triste, elle avait répondu, d'un air étonnamment blasé pour une enfant si jeune.

-Bah si, t'es triste, contredit Luc.

Clémentine ne comprit pas et afficha une moue perplexe.

-Regarde... je pleur pas, alors je suis pas triste... tu vois ?

Luc s'installa à côté d'elle et déclara :

-Quand tu pleures pas, tu peux être triste quand même... T'es yeux ils disent qu'ils sont tristes !

-Les yeux ça parle pas... Tu racontes n'importe quoi !

-J'ai raison même quand j'ai tort d'abord ! s'exclama Luc.

-T'es bizarre...

L'expression boudeuse qu'afficha Luc la fit rire alors finalement il joignit son rire au sien.

-Tu me passes un biscuit ? lui demanda t-il.

Clémentine qui tenait une assiette de biscuits apéritifs lui répondit négativement ce qui déclencha les protestations de Luc.

-J'aime... pas venir ici. Alors... je garde la seule chose que j'aime... pour moi toute seule, expliqua t-elle

Finalement ils discutèrent un bon moment sous la voûte étoilée.

-Luc c'est un joli prénom, déclara soudainement Clémentine. Moi j'aurai bien aimé... avoir un autre nom... que celui d'un fruit... que je déteste.

-Tu trouves ? demanda le dénommé Luc avec surprise. A l'école les autres ils se moquent de moi en mettant mon prénom à l'envers.

Alors là, Clémentine ne comprenait vraiment pas.

-C'est bizarre de mettre un prénom à l'envers, s'énerva t-elle. « Luc » c'est « Luc » et pas  « Luc à l'envers ». Mettre un nom à l'envers, c'est comme mettre gens à l'envers. On met pas les gens a l'envers enfin.

-Dans ce cas Clémentine c'est Clémentine et pas le nom d'un fruit ! rétorqua Luc. Comme ça t'as plus de raison d'être triste d'avoir ton prénom !

-Ça m'a fait... plaisir qu'on me dise que Clémentine n'était pas le nom d'un fruit.

Ça m'a donné l'impression d'être quelque chose d'autre que le fruit des recherches de mes parents...

-Et moi je te remercie d'avoir fait voir l'éclatante vérité au monde chère compatriote de prénom qui n'a pas de double sens ! Luc a l'envers c'est comme diviser par zéro, c'est impossible et Clémentine n'est pas un fruit ! Puisqu'on s'est revu depuis la dernière fois, on pourrait être amis tu ne crois pas ? s'enflamma Luc en lui tendant une main amicale.

Clémentine se figea. Hésita longuement et puis finalement...

-Non...

***

Meh, j'suis pas convaincue de la qualitey de ce chapitre. Mais l'idée est là alors je réglerai les soucis lors de la réécriture ! ^_^

Je voulais le publier pour noël mais finalement j'ai échoué.

Considérez quand même ce chapitre comme mon cadeau de noël en retard d'une heure et 7 minutes x)

Désolée d'avoir prit autant de temps, je vais essayer de retrouver un rythme plus régulier ! :)

Promis, l'action avancera bientôt... peut-être.

Bye bye !