1. Enquête inconcluante
Clara relu le document en inspectant chaque détail. Elle était véritablement remarquable et impossible à berner. Elle se leva et massa ses tempes en repensant au crime. Au bout de quelques minutes, elle se dirigea vers la salle de témoignage numéro un, où se trouvait une femme de ménage.
Celle-ci avait découvert les corps d'une famille de six, composé d'un adolescent de quinze ans, ses frères ayant respectivement onze et cinq ans, de sa sœur de six ans et de ses deux parents. Clara pénétra dans la salle et s'assit en face de la pauvre femme, qui pleurait en reniflant bruyamment.
-Bonjour, je suis Clara Wilson, inspectrice en chef sur le meurtre de la famille Letendre. Vous devez être Thérèse.
La denomée Thérèse hocha la tête. Elle essaya de calmer sa respiration en vain.
-Oui, c'est bien moi, dit-elle, la voix entrecoupée de soubresauts. Je ne comprends pas pourquoi ils sont... Morts! Ils sont, ou plutôt étaient, une famille adorable et tout le monde les aimait!
Elle continua de parler de sa voix perçante pendant que Clara soupirait. Dans tous les cas de meurtre de famille, "tout le monde les aimait". Une vrai blague. L'un des parents avait probablement fait une connerie et en avait payer le prix. Rien de plus, rien de moins. Mais Clara sentait qu'il y avait quelque chose de différent, cette fois. Surtout que dans la même nuit, deux autres crimes avaient été commis.
La journée passa ainsi, lente et déprimante, à questionner des gens proches des victimes. Quand Clara rentra à la maison, elle n'avait qu'une chose en tête: dormir! Mais en tant que parent célibataire de trois filles, elle se devait de préparer le repas. Clara cuisina un poulet roti et appela ses enfants.
-Alice, Amélie, Maude, venez manger!
En quelques secondes, les trois étaient assises à table, mangeant du poulet. Le sourire innocent de Maude alerta la mère. Maude était généralement quelqu'un de très introverti, et qui ne socialisait pas beaucoup avec les autres, cette catégorie incluant sa famille et ses deux ou trois amies. Elle avait beaucoup de talents pour écrire et inventer des histoires, mais sa timidité l'empêchait de partager ses œuvres.
-Puis, maman, comment s'est passé ta journée?
-Très fatiguante, répondit Clara, toujours sur ses gardes.
Le ton mielleux de sa fille était si inhabituel et si perturbant que cela rendait la mère suspicieuse.
-Sur quoi as-tu enquêté? Poursuivit Amélie.
Clara lui raconta en détail sa journée. Même si c'était contre les règlements, elle avait découvert que ses deux filles avaient souvent raison par rapport aux enquêtes et l'aidait parfois à les résoudre.
Maude était plus curieuse que d'habitude, mais ça n'avait pas duré. À peine Clara avait fini de lui décrire les indices trouvés qu'elle se refermait. Elle n'avait jamais été une enfant problèmatique. Crevée, la mère alla se coucher.
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Le lendemain matin, un mercredi, Clara se réveilla à 5h37. Elle n'avait jamais besoin de cadran, ouvrant toujours les yeux avant 6h15. Elle se prépara dans la salle de bain, se maquillant et se coiffant de manière chic. Elle descendit silencieusement les marches, ayant pris cette habitude pour éviter d'éveiller ses filles. Entrant dans la cuisine, Clara découvrit que Maude et Amélie étaient déjà à la table, parlant à voix basse. Amélie sourit doucement à sa mère.
-Bon matin Maman.
-Bon matin, ma chérie, répondit l'enquêtrice à l'intention de sa fille aînée, puis pour Maude : Bon matin, mon ange. Pourquoi debout si tôt?
Les deux sœurs échangèrent un regard avant que Maude ne réponde à la question.
-Je me suis réveiller d'un cauchemars et je n'arrivais pas à me rendormir. Alors je suis descendue et Amélie était là.
-Je me suis levée plus tôt pour prendre ma douche, répliqua l'aînée à son tour.
Clara hocha la tête. À l'étage, un cri de rage retentit, vite suivit par le bruit d'un objet se fracassant sur le sol. Des pas lourds descendirent les escaliers à toutes vitesses et la cadette de la famille pénétra dans la cuisine, attrapant une pomme rouge dans le bol de fruit sur le comptoir. La mère se leva d'un coup, en colère.
- J'en ai plus qu'assez de ton attitude! Tu bardasses tout le temps sans aucune raison et tu brises sans cesse des choses par exprès dans la maison. J'ai été indulgente, mais, là, ça suffit! Tu es punie pour les trois prochaines semaines.
- Tu ne comprends jamais rien! Hurla Alice, en fermant d'un coup sec la porte d'armoire qu'elle avait ouverte.
Prenant une veste noire accrochée au porte-manteaux et ramassant son sac d'école sur le sol, elle sortie en trombe de la demeure, claquant la porte derrière elle. Clara soupira. Elle n'arrivait jamais à rien avec Alice. La mère avait essayé la manière douce et tendre, de même que la manière dure, mais rien ne semblait avoir d'impacte sur l'adolescente. Elle sentit la main d'Amélie se poser doucement sur son épaule et, tournant légèrement la tête vers la gauche, elle vit le sourire compatissant de ses deux autres filles. Elle prit son sac à main et en sortit deux billets de dix.
-Vous irez vous acheté quelque chose à la cafétéria. Passez une belle journée à l'école, les filles.
- Toi aussi, Maman, répondit Maude.
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Clara arriva au bureau et fut ravie d'y trouver les résultats d'une partie des autopsies. Elle fronça les sourcils en découvrant le moment de leur mort. Pour la famille de six, elle était déduite vers deux heures du matin, mardi, tandis que pour les deux autres cas, c'était plutôt entre trois et cinq heure, le jeudi d'avant. Il avait tous été tués d'un seul coup de couteau, bien placé et mortel. C'était probablement la même arme dans tous les cas ou, à tout le moins, le même modèle, soit le canif Opinel n#12 de carbone. L'assaillant pouvait être de n'importe quel taille, puisque la position de toutes les victimes était soit couchée, soit inconnue.
Quelqu'un cogna à sa porte, la faisant sursauter. C'était Sarah Williams, l'une des collègues de Clara. Les deux ne s'appréciait pas particulièrement depuis leurs années de primaire, mais, comble du malheur, elles s'étaient retrouvées dans le même bureau d'investigation et aucunes d'elles ne voulaient renoncées à leur poste.
-On a quelqu'un dans la salle d'interrogation #3 qui dit avoir été juste à côté de la maison Letendre entre 1h45 et 3h, dit Sarah. Tu viens?
Clara se leva et, alors que sa collègue lui tournait le dos, elle la fusilla du regard. Elle savait que son comportement était un peu enfantin, mais la haine qu'elle portait à Sarah était trop profonde pour qu'elle puisse s'en empêcher.
-Et au cas où tu le demanderais, Léo va bien, ajouta hypocritement Sarah.
Clara se retint de la gifler. Léo était le père de ses deux premières filles et, lorsqu'il avait rencontré Sarah, il avait commencé à la voir en secret, malgré le fait qu'il était déjà marié. Un ans plus tard, il avait amené tout ce qui lui appartenait et avait emménagé avec la rivale de son ex-femme. Sarah avait même eu le culot de l'invité à leur mariage, deux mois après leur divorce.
Clara entra seule dans la salle et, apercevant son interlocuteur, elle su qu'elle aurait de la misère. L'homme à l'air d'adolescent devant elle avait les yeux rouges et empestait la cigarette, l'alcool et la sueur. Son dos voûté et ses cheveux gras en bataille, il replaça ses vêtements troués. Faisant abstraction de tout ça, Clara s'assit devant lui et lui fit un sourire.
-Bonjour, je suis Clara, et vous? Demanda-t-elle en lui tendant la main.
-Raphaël, répondit-il en lui faisant un baise-main. Quand est-ce que l'enquêteur arrive?
Réprimant difficilement un haut le cœur au contact des lèvres sèches et pleines de feu sauvage, Clara parvint tout de même à répliqué, se promettant mentalement de se laver les mains multiple fois dès qu'elle en aurait la chance.
-C'est moi l'enquêtrice de ce cas, dit-elle, insistant bien sur la dernière syllabe du mot "enquêtrice".
-Bien sûr, Clara, bien sûr. Continue de travailler fort et tu pourras peut-être être secrétaire.
Le corps de Clara se crispa et son regard se durcit. S'il y avait bien une qu'elle ne supportait pas, c'était le sexisme.
-Es-tu entrain d'insinuer que, parce que je suis femme, je ne peux pas être enquêtrice? Demanda-t-elle, d'un ton menaçant. Attention, ta réponse déterminera comment cette interrogation se poursuivra.
-Je ne voulais pas t'insulter, ma belle. Mais nous savons tous les deux que les femmes ne sont pas très compétente...
Clara claqua ses mains sur la table, se levant d'un coup. L'homme sursauta et sa respiration s'accéléra. Ses yeux fuyant évitaient ceux furieux de Clara.
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Après près de trois heure de questionnement, Clara était finalement débarrasser de Raphaël. Comme promis, elle avait passer un quart d'heure à la toilette des filles, où elle s'était lavée les mains jusqu'à ce qu'elles soit rouge et irritées.
La semaine passa et rien de nouveau ne fit surface. Les informations apprise par l'homme avait à peine aider l'enquête. La grandeur du meurtrier était entre 155 et 170 cm, soit la moyenne de la population.
Vendredi soir, Clara fut ravie de finalement rentrer chez elle, mais moins heureuse de découvrir le drame qui s'y passait. Une querelle avait démarré entre Amélie et Alice, la cadette ayant volé un chandail à la plus vieille. C'était, chez eux, un problème fréquent, puisque ses trois filles mesuraient environ la même taille. La mère soupira, rendit le chandail à sa propriétaire, et alla se coucher, complètement à plat.
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