Dith Leafly

Je suis assise sur une sorte de canapé en cuir dans le bureau de mon psychologue. Je ne sais même pas qui il est ni même pourquoi je suis là à attendre une personne à qui je suis sensée raconter ma vie. C'est stressant. Pire, je me sens vraiment stupide d'avoir cru à une quelconque rencontre avec un médecin. Stewart, mon grand frère, m'a appelé hier en me disant qu'un certain docteur devait m'examiner et avec sa voix de grand homme d'affaire, il m'assurait que ce n'était qu'une simple visite médicale habituelle. Je l'ai bêtement crue alors que je me suis promise de ne plus jamais faire confiance à qui que ce soit.

Je me suis rendue à l'adresse donnée et je suis entrée dans l'énorme bâtiment. C'est là que la secrétaire m'a demandé si j'étais le rendez vous de Monsieur Styles, un grand psychologue réputé pour avoir guéri beaucoup personnes au bord du gouffre. J'ai d'abord été vraiment confuse puis j'ai compris. Mon frère me prend pour quelqu'un qui se scarifie donc il voulait encore se donner l'image du PDG d'entreprise au grand coeur. Stewart a toujours pensé que je n'étais qu'une pauvre fille suicidaire donc il a pitié de moi.

C'est vraiment bon devant la presse d'avoir de la peine pour sa petite soeur, ça lui donne la belle image du grand frère au coeur énorme. Vraiment, je trouve ça tellement faux et superficiel, il donne un million de dollars à une association pour aider les personnes dépressives et suicidaires en clamant haut et fort qu'il le fait pour sa petite soeur chérie atteinte de schizophrénie. Premièrement, lui et moi n'avons jamais été proches. Deuxièmement, le seul schizophrène fut mon père. Troisièmement Stewart n'est qu'un égoïste riche homme d'affaires.

"T'es vraiment tombée bien bas, ma pauvre. Stewart a eu vraiment une bonne idée en t'envoyant ici, je suis quasi' sûre qu'il voulait te rendre encore plus minable que tu ne l'es déjà." résonne cette voix qui m'énerve plus que tout. "Je te signale que c'est ta voix." dit DITH d'un ton moqueur. Merde j'avais oublié qu'elle entend mes pensées. Je roule des yeux.

"Oh, quelqu'un arrive, bonne chance." Elle rit et semble disparaître dans mon subconscient. La porte grince et je ne prends pas la peine de me retourner. Si mon frère lui a déjà tout raconté, je suppose que cet inconnu est venu ici pour me "guérir". Je soupire en entendant l'inconnu se rapprocher. Mes yeux sont rivés sur le sol et de brillantes grises et bleues apparaissent dans mon champs de vision. J'entends une respiration calme rythmer ce silence pesant. Les chaussures aux couleurs étranges disparaissent et j'entends le cuir d'une chaise s'affaisser.

- "Bonjour Dith, je suis Monsieur Styles mais appelez moi Harry." Sa voix grave et douce me prouve qu'il s'agit d'un homme plutôt jeune. Son accent anglais roule sur sa langue et entendre mon prénom être prononcé de cette façon m'a asséchée la gorge. Je ne peux plus tenir et relève les yeux pour découvrir cet anglais à la voix sensuelle. J'halète en rencontrant deux orbes vertes semblable à la couleur des caraïbes.

J'étudie le visage impeccable de l'homme à la beauté surnaturelle devant moi. Sa peau légèrement bronzée brille à la lumière des rayons du soleil et je me surprends à fixer ses lèvres roses et charnues en forme de coeur. Il se racle la gorge et je remonte mon regard jusqu'à ses pupilles qui semblent me fixer avec malaise.

- "Je préfère m'en tenir à Monsieur Styles." Je murmure doucement et il hoche la tête sans détourner le regard.

- "Faîtes comme cela vous plait." Il dit en s'humectant les lèvres d'une façon attirante. Je secoue la tête. "Putain de merde, je veux le manger." entendis-je la voix s'extasier. Mes yeux se posent sur une silhouette appuyée les bras croisés contre le mur. C'est moi. Enfin, la représentation de ma conscience ; c'est quelque chose que j'ai déduis, il y a longtemps. Elle regarde monsieur Styles avec désir et je m'empêche de lever les yeux au ciel pour ne pas paraître stupide devant le psychologue. Le psychologue. Je retourne mes yeux vers lui et l'aperçois en train de se mordre la lèvre inférieure.

- "Vous êtes vraiment sexy." Les mots s'échappent de ma bouche sans que je ne m'en rende compte et j'écarquille les yeux en portant ma main à ma bouche. "Mon Dieu, t'as osé lui dire ça." DITH glousse et je suis heureuse d'être la seule à entendre son rire de phoque. Je vois Monsieur Styles hausser un sourcil en se penchant sur son bureau.

- "Pardon ?" Il dit en espérant que je répète. Je baisse les yeux et mon visage prend feu, j'ai chaud. Il doit penser que je suis une obsédée maintenant. Et s'il le raconte à Stewart ? Dit quelque chose pour te sortir de là !

- "E-Euh, c'est une blague." Je ris nerveusement. "T'es vraiment pas crédible." DITH roule des yeux. "S'il y croit, c'est que mes cours d'art dramatique ont vraiment servis."

Monsieur Styles me regarde sérieusement pendant quelques secondes puis se met à rire fortement en balançant sa tête en arrière et à cet instant je pense vraiment qu'il se moque de moi. Ses rires se dissipent petit à petit et il reprend son sérieux tout en gardant un petit sourire enfantin scotché sur son visage.

- "Parlez-moi de ce que vous aimez Dith." Je le regarde avec indifférence même si ce qu'il vient de me dire me prend au dépourvu. Il a changé de sujet avec une facilité déconcertante pour me demander ce que j'aime qui plus est en roulant mon prénom sur sa langue avec un mignon accent anglais. Stewart ne lui a donc rien raconté ? Je fixe un point inexistant derrière lui et soupire.

- "Rien ne me vient à l'esprit." Monsieur Styles m'étudie pendant plusieurs secondes avant de secouer la tête. Il pose ses coudes sur son bureau, croise ses doigts ensemble et pose sa tête dessus.

- "Dith si vous n'aimeriez rien, vous ne seriez pas en vie." Je fronce mes sourcils.

- "C'est faux. Monsieur Styles, je sais vous faîtes allusion au suicide mais sachez que le suicide est un moyen de perdre tout ce que l'on aime et non pas un remède lorsque l'on n'aime plus rien." Il secoue la tête.

- "Le suicide est un moyen d'oublier ce que l'on aime d'une façon horrible. Il est souvent commis par des personnes qui n'aiment plus la vie ou qui ne sont plus aimées par les personnes autour d'elles mais on s'éloigne du sujet. Qu'aimez-vous en particulier ? et ne me mentez pas." Il déballe tout ça avec le plus grand sérieux de monde. Je soupire avec frustration.

- "Répondez à cette question, monsieur Styles et j'y répondrai à mon tour." Je propose et il sourit puérilement, heureux d'avoir gagné.

- "J'aime beaucoup les journées d'été." Il lâche, ses yeux plantés dans les miens comme une épine dans la peau.

- "Pourquoi ?" Il me fait un clin d'oeil.

- "Qu'aimez-vous en particulier ?" Il me demande avec un sourire narquois. Je soupire.

- "J'aime bien dessiner." Je murmure.

- "Pourriez-vous me montrer un de vos dessins ?" J'hoche timidement la tête. "Vous êtes vraiment une jeune femme spéciale." Femme ? Il me considère comme une femme alors. Je ne devrais pas me sentir aussi flattée mais pourtant mon coeur ne peut s'empêcher de battre rapidement.

- "Vous n'avez pas répondu à ma question, pourquoi aimez vous les journées d'été ? C'est vraiment sans intérêt." Je dis ennuyée et il me regarde avec de grands yeux.

- "L'été est la saison du soleil, la saison de l'amour. C'est aussi lors de cette saison que j'ai rencontré Roselyn." Il murmure avec de la clarté pure dans son regard. L'amour était presque écrit sur son front, il semble éperdument amoureux de cette femme.

- "Est-elle ta femme ?" Je demande en oubliant de le vouvoyer. L'interrogation pouvait se lire sur mon visage. "Tu devais te douter qu'un bel homme comme ça avait forcément une femme. En plus, elle doit être magnifique." DITH soupire. Je l'avais presque oubliée celle-là. Franchement, elle est toujours là pour me plomber le moral. Peut-être que finalement c'est moi la schizophrène parce que ma conscience me parle..

- "Oui." Monsieur Styles murmure sèchement en fronçant les sourcils. Était-ce trop soudain ? J'ai dû le brusquer. Il finit par soupirer et détourne le regard. "Nous parlions de vous, dites-moi ce que vous voulez faire plus tard." Vraiment ? Il va me traiter comme il doit sûrement le faire avec ses autres patients ? Je ne veux pas de ça. Je ne réponds pas et il enfonce son dos contre le dossier de son fauteuil. "Oh, alors nous allons rester comme ça pendant une heure et demi ? Très bien."

Je le regarde, il me regarde avec insistance et je me mords la lèvre. Ses yeux fixent pendant plusieurs secondes ma bouche avant de remonter jusqu'à mes yeux. Il soupire bruyamment et se lève. Il se rapproche de moi et je me tends en sentant sa respiration tomber contre mon cou. Mon corps frissonne et monsieur Styles pose ses mains sur mes épaules. "Détends-toi Dith." Sa voix fait vibrer l'intérieur de mon corps et je retiens mon souffle. Ses paumes sont sur mes deux épaules et ses pouces s'appuient contre mon thorax en formant des gestes circulaires. Je pousse un soupir de bien-être à ses massages. Lorsqu'il appuie sur un de mes endroits, je ne pus empêcher de laisser sortir un petit gémissement.

"Un dieu grec te fait un massage chérie, si je contrôlais tes gestes, je l'aurai mangé là tout de suite, maintenant." chuchote DITH. J'entends monsieur Styles pousser un petit grognement qui me fait haleter. Il finit par retirer ses mains et je me plains mentalement du manque de contact. Je suis essoufflée et j'ai terriblement chaud. "Vous êtes une de mes patientes les plus compliquées et intenses Dith."

Intense. Il vient de dire que j'étais une de ses patientes les plus intenses avec sa voix rauque et sensuelle. Je sens que mes rendez-vous chez le psychologues seront plus intenses que jamais. Une feuille morte ne peut être rattachée à une branche, j'espère seulement qu'il me libérera du fardeau dont j'ai été la victime il y a longtemps. Peut-être que si j'écris "SAUVEZ-MOI" sur mon front, il réussira à comprendre qu'il a mon âme entre ses mains.

~ La feuille morte est craquelée, ne marchez pas dessus sinon elle se réduira en cendres.

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FIRST CHAPTER *O*

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- Eli xx