Chapitre 3
Malakai venait de subir trois heures d'interminables monologues de la part de ses parents. Il l'accusait d'avoir, une fois encore, assassiné l'une de ses prétendantes afin d'éviter la question du mariage. Et, bien qu'il soit innocent, il ne tentait même plus de se défendre. À quoi bon ? En dédommagement de ses soi-disant désobéissance et mauvaise attitude, son père lui avait trouvé quatre contrats très rapprochés, mais peu payés, en rapport de la rémunération habituelle. Le brun avait accepté sans un mot et se pressa de rejoindre la chambre d'hôtel qu'occupait Wiley dans la ville voisine.
Le long du trajet en taxi, Malakai gardait ses yeux d'obsidienne rivés sur la route, perdu dans ses pensées, bien que conscient de son environnement. Un assassin professionnel ne se laissait jamais totalement à rêver. Officiellement, sa relation avec Wiley n'avait rien d'exclusif. En théorie, l'un comme l'autre pouvait vivre sa vie et fréquenter d'autres personnes. En pratique, la réalité était bien différente. Malakai, en enfant unique et gâté, détestait partager. Quant à Wiley ... Il n'était guère plus prêteur, juste pour des raisons qui lui étaient propres. À ses yeux, personne n'était suffisamment bien pour Kai et certainement pas des femmes lambda sans aucun goût pour le meurtre. Si bien, que même sans jamais en parler, ils étaient devenus un couple monogame tout à fait classique. Ce fut donc dans cette logique que Wil avait assassiné toutes les prétendantes de Kai et que Kai avait empoisonné les deux derniers amants de Wil. Juste au cas où. Malakai soupira. Quand étaient-ils devenus un couple si conventionnel ?
Il quitta le taxi et se hâta de rejoindre la chambre d'hôtel. Il était de mauvaise humeur et ne rêvait que d'un repas et d'un bain chaud. Demain, sa première mission débuterait aux alentours de sept heures dans un quartier malfamé, ce qui l'exaspérait déjà. Malakai détestait par-dessus tout les odeurs putrides et la saleté et là, en punition son père l'envoyait dans l'équivalent, du moins à ses yeux d'aristocrate, d'une décharge. Non, vraiment, il était de très mauvaise humeur.
À peine déverrouilla-t-il la porte, qu'il fut accueilli par l'odeur du Welsh rabbit. Wiley le salua de la kitchenette, une spatule à la main.
—Bonsoir chaton ! Tu as l'air d'humeur à massacrer le premier innocent qui passe. Je te sers à boire ?
Le brun lui jeta un regard noir, mais acquiesça d'un signe de tête. Il posa ses armes sur la table et défit sa natte. Il s'approcha ensuite de Wil et se colla contre son dos, tandis que celui-ci lui servait une bière brune.
—Je nous ai préparés à manger. C'est prêt dans cinq minutes.
Kai grogna un remerciement, mais ne daigna pas bouger.
—Mon chaton a passé une mauvaise journée ?
—Ta faute. Tu as tué la fille que mes parents avaient choisie. Ils m'ont sermonné et puni. Demain, tu vas m'accompagner, puisque le vrai coupable c'est toi.
Wiley se retint de rire et parvint à se retourner vers le brun.
—Désolé, mon chat. Je n'allais tout de même pas laisser mon précieux amour aller à un rendez-vous arrangé. Mais dis-moi ...
Il enlaça Kai.
—N'est-ce pas toi qui as tué la serveuse du dernier restaurant où nous sommes allés, sous prétexte qu'elle flirtait beaucoup trop avec moi ?
—Ferme-la.
Wiley éclata de rire devant l'air boudeur de sa moitié et n'insista pas, le four ayant sonné.
—À table chaton.
Après de longues minutes de silence, chose habituelle entre eux, Wil reposa sa fourchette et observa sa moitié.
—Veux-tu que je fasse tes quatre contrats de demain ?
—Non. Juste deux.
—Ils sont dans des quartiers indignes de toi, je suppose.
Malakai ne répondit pas et Wil leva les yeux au ciel, toujours amusé par la délicatesse aristocratique du brun.
—Très bien. Tu n'auras qu'à me transmettre les informations.
—Parfait. Que veux-tu me dire ?
—Pardon ?
—Le repas . Que veux-tu me dire ?
—Oh, ça. Je vais devoir rentrer quelques jours par chez moi pour régler une affaire. Celle dont je t'avais déjà parlé. J'ai enfin une piste, je vais en finir.
Malakai se crispa, mais ne commenta pas. Il n'avait aucun droit de se mêler des affaires privées, surtout une en rapport avec le passé de son partenaire.
—Je vois. C'était inutile de prendre des gants pour m'annoncer ça, tu es bien libre d'agir comme tu le souhaites, je ne suis pas ta mère.
Il termina rapidement sa bière et débarrassa son assiette sans un mot. Wil le captura dans ses bras avant qu'il n'atteigne la salle de bain.
—Cela ne devrait pas me prendre plus d'une semaine. Je n'ai que trois cibles à abattre et je dispose de leur localisation précise.
—Cela ne me regarde pas.
—Je te laisserai les informations avant de partir si tu veux.
—Je m'en moque.
Wiley l'embrassa dans le cou et Malakai grogna. Il n'était pas inquiet ... Ou du moins, c'était ce dont il tentait de se persuader. Il aurait aimé l'accompagner, mais il n'en avait pas le droit et surtout il n'avait aucune excuse valable à offrir à ses parents pour quitter Édimbourg et ses alentours.
—Laisse-moi tranquille. Je vais te transférer les données pour les missions de demain puis prendre une douche.
—Puis-je t'accompagner ou suis-je puni ?
Malakai se dégagea de l'étreinte en silence, envoya le mail promis via son smartphone puis pénétra dans la salle d'eau sans verrouiller la porte. Wiley sourit et ne mit pas longtemps à le suivre.
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