Chapitre 2


Malakai fut réveillé par la sonnerie de son téléphone portable, un message de son père lui signifiant qui lui avait de nouveau trouvé une jeune femme parfaite pour lui. Comme lors des dix précédentes tentatives de ses parents, il ne prendrait pas la peine de répondre et se contenterait de travailler le jour du rendez-vous. Le business de la famille avant tout...

— Trop tôt.

Malakai tourna la tête et vit Wiley se blottir sous la couette, d'où seules quelques mèches courtes d'un violet très foncé dépassaient. Le téléphone sonna à nouveau avec, cette fois, une photographie et des informations sur la femme. Kai ne s'en préoccupa même pas et se décida à se lever. Il fut toutefois retenu par le poignet.

— Froid. Reviens, chaton.

Malakai aurait pu se dégager violemment, se rhabiller et partir. Encore un an avant, cela aurait probablement été l'option qu'il aurait choisie. Mais à présent, le brun était lassé. Lassé de fuir, lassé de vivre dans le déni. Et même si à vingt-six ans, il n'avait officiellement pas le droit de faire ses propres choix, officieusement il savait exactement comment il imaginait son futur. Et dans ce dernier, pas de gentille épouse ni d'héritier.

— J'arrive.

Kai se glissa à nouveau sous les draps et fut immédiatement attiré contre le torse de Wil. Ce dernier était aussi tactile et affectueux lorsqu'il était assoupi, que violent et barbare lorsqu'il assassinait ses victimes. Une sorte de koala meurtrier. Le brun ferma les yeux.

Deux ans plus tôt...

Malakai en avait plus qu'assez. Depuis deux années, deux longues années, Wiley Tylmenor, un tueur à gages sans aucune élégance ne cessait de l'importuner. Il le suivait, volait ses proies et le provoquait sans cesse, soi-disant dans le seul et unique but de le courtiser. Kai était patient. Très patient. Il était capable d'attendre des heures voire des jours entiers pour assassiner sa victime au moment le plus opportun. Pourtant, il n'en pouvait plus. Cet homme, qui n'était pas tellement plus âgé que lui, commençait sérieusement à l'irriter et à le gêner dans son travail. Alors ce soir, il s'en débarrasserait.

— Tu veux me tuer ? Si j'avais su, je t'aurais apporté des fleurs.

Malakai soupira face à cette nouvelle phrase dénuée de sens. Exaspéré et souhaitant rapidement en finir, il se jeta sur Wiley. Ce dernier ne l'esquiva pas, mais se contenta de le désarmer dans un sourire.

— Impatient ?

Kai lui donna un coup de coude et se dégagea. Son adversaire poussa un soupir et s'appuya contre le mur. Il ne cilla même pas lorsque Malakai se décida à sortir son revolver, arme qu'il n'utilisait presque jamais, car elle ne correspondait en rien à son style. Il la possédait juste au cas où, en dernier recours.

— Vas-y, tire. Je ne t'en empêcherai pas.

— N'as-tu donc aucune fierté ? Aucune combattivité ?

Wiley tourna ses yeux bleus vers la fenêtre de la chambre d'hôtel.

— De la fierté ? Que veux-tu que j'en fasse ? Pour combattre, avec toi, toujours. Mais apparemment, tu en as assez. Je ne peux pas te forcer à continuer de jouer. J'ai échoué à te séduire. Je t'avoue, je suis déçu.

Malakai s'approcha de l'homme et appuya le canon sur son cœur.

— J'en ai assez, car je ne comprends pas tes agissements. Tu es illogique. Tu perturbes mon travail. Ce n'est pas correct. Et puis pourquoi tiens-tu tant à me courtiser ?

Wiley laissa échapper un petit rire et posa sa main droite sur l'arme.

— Des assassins et des meurtriers, depuis mon enfance, j'en ai vu, crois-moi. Mais toi, tu as immédiatement capté mon attention. Tu dégages une telle élégance lorsque tu traques et tues tes victimes, c'est magnifique. Et ta technique, si unique, si délicate et pourtant tellement précise et mortelle. Je suis fasciné que ta beauté parfaite se reflète à la perfection dans l'art de ton travail.

Malakai n'avait probablement jamais rougi de sa vie jusqu'à ce jour. Mais jusqu'à ce jour, personne ne lui avait offert de compliment si magnifique et sincère.

— Tu es si précieux Malakai. Si précieux et fascinant, que je suis tombé sous ton charme. Ta froideur m'a donné l'envie irrépressible de te connaître. Tes ténèbres m'attirent. Mais tu peux me tuer, ça ne me dérange pas. Cela ne te causera aucun tort.

Malakai appuya fortement le canon de l'arme contre le corps de Wiley, mais n'osait pas affronter son regard. Il avait déjà compris que l'autre n'en voulait pas à son argent, mais il ne s'attendait certainement pas à recevoir une telle déclaration d'amour.

— Et puis avoue, tu as apprécié collaborer avec moi, n'est-ce pas ?

Kai se renfrogna. Parce que oui, ces deux dernières années, il avait plus ou moins profité de l'intérêt que Wiley lui portait pour se servir de lui comme coéquipier ponctuel.

— Cela aurait pu être pire.

Wiley rit et, de sa main libre, attrapa une longue mèche brune. Kai ne bougea pas. Ce n'était pas la première fois. Mais, habituellement, il repoussait son aîné.

— Tu es insupportable. Tu ne sais pas tuer proprement. Tu es bruyant. Tu...

— Oui ?

— Tu m'énerves.

Malakai jeta l'arme sur le sol. Il ne le tuerait pas. Il... La curiosité l'avait emporté. Quelqu'un était tombé amoureux de lui. Quelqu'un qui, s'il était tout à fait honnête avec lui-même, était loin de le laisser indifférent, surtout après ces deux années à danser l'un autour de l'autre.

— Tu m'énerves... Mais je t'accorde cette victoire.

Wiley sourit et attrapa doucement son menton pour le forcer à lever les yeux.

— Ai-je droit à un baiser avant que tu t'en ailles ?

Kai pesa le pour et le contre puis posa rapidement ses lèvres sur celles de son partenaire, avant de s'enfuir.

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